Les illettrés enfin chiffrés !
Pour la première fois une enquête a été réalisée en métropole sur l’illettrisme. Cette enquête fait tomber quelques préjugés couramment admis et donne des indications utiles qui permettront de lutter de manière plus efficace contre ce fléau.
Rappelons en avant-propos ce qu’il faut entendre par illettrisme et analphabétisme. Nous devons le mot "illettrisme" au père Wresinski fondateur d’ATD Quart Monde. Etre illettré, c’est ne pas disposer, après avoir été scolarisé, des compétences de base pour faire face de manière autonome à des situations courantes de la vie (lire un panneau, des consignes de sécurité, le bulletin scolaire de son enfant, faire un chèque...). Pour les personnes n’ayant jamais été scolarisées, on ne parle pas d’illettrisme mais d’analphabétisme.
L’enquête a été menée en 2004 et 2005 auprès d’un échantillon de plus de 10 000 personnes âgées de 18 à 65 ans et résidant en France métropolitaine. Elle révèle un chiffre global impressionnant de 3,1 millions de personnes en situation d’illettrisme, soit 9 % de la population âgées de 18 à 65 ans. Mais surtout, les résultats de l’étude bousculent plusieurs idées reçues.
L’illettrisme et la langue parlée : Il en est ainsi du lien avec la langue : les trois quarts des illettrés utilisaient exclusivement le français à la maison à l’âge de cinq ans. "Illettrisme et immigration ne doivent donc pas être confondus abusivement. La lutte contre l’illettrisme ne doit pas être confondue avec la politique linguistique en faveur des migrants", déclare le rapport.
L’illettrisme et le territoire d’habitation : De même, la moitié (49 %) des personnes en situation d’illettrisme vivent dans des territoires faiblement peuplés, dont 28 % dans les zones rurales. Si 34 % des illettrés habitent dans des villes de plus de 100.000 habitants ou en région parisienne, seuls 10 % sont domiciliés dans des zones urbaines sensibles (ZUS). Contrairement aux idées reçues, les personnes confrontées à l’illettrisme ne vivent donc pas majoritairement dans les grandes villes, encore moins dans les quartiers sensibles. La politique de lutte contre l’illettrisme ne peut donc se confondre et se résumer à la seule politique de la ville.
Tous les illettrés ne sont pas des exclus : La proportion de personnes illettrées atteint certes 25 % parmi les allocataires du RMI, qui sont souvent des personnes cumulant de nombreux handicaps, mais pour autant le fait de ne pas maîtriser la lecture n’interdit pas d’accéder à un emploi. Seuls 11 % des illettrés sont au chômage alors que 57 % ont un emploi. Le solde se répartissant entre les personnes en formation ou en inactivité (10 %), au foyer (8 %) ou retraitées (14 %).
Le site de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme :
Lien vers l’enquête (format pdf ) avec les chiffres détaillés et les détails sur la méthode :
http://www.anlci.fr/fileadmin/Medias/PDF/ACCUEIL/Les_chiffres_de_l_illettrisme.pdf
Bibliographie sur Agoravox :
- "L’illettrisme, fléau de notre société" (sur l’illettrisme en Suisse romande) par Jean-Marc Leresche, écrivain public et enseignant indépendant en langues.
- "Eloge de la lecture", par « L’Enfoiré ».
- "Illettrisme : un arbre qui cache la forêt ?" par Franck Bulinge, maître de conférences à l’université de Toulon.
34 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON