Tibet-Taiwan- Birmanie-Libye-Algérie : la démocratie est une et indivisible
Récemment, Nicolas Sarkozy, citoyen français se présentant dans le monde comme Président de la République, a été en Chine, officiellement pour y faire office de Représentant en commerce international. C’est bien sûr son droit le plus strict de confondre représentant de commerce et représentant de la France. Mais est-ce que trahir ouvertement les principes et valeurs de la démocratie relève de ce droit, telle est la question que pose avec force la politique étrangère du régime français, jugée sévèrement ces derniers jours par les citoyens...
Vision à court terme contre la démocratie et les droits des peuples
Depuis quelques semaines, la politique internationale de Nicolas Sarkozy, qui se fait sans son Ministre des Affaires Etrangères, ignoré à un niveau qui sent le mépris, soulève indignation, critiques et réprobation, tant en France, mais aussi dans le monde entier.
Deux évènements sont à signaler dans ce processus qui voit la France être transformée en ce que certains ont pu qualifer de « promoteur des dictatures » : le premier a été la visite en Chine de Nicolas Sarkozy et la seconde sa réception fastueuse, dans un climat délétère, du dictateur libyen Khadafi.
En ce qui concerne la Chine, d’aucuns auraient pu penser que celui qui se targue de représenter la France aurait pu et dû profiter de l’occasion pour évoquer la situation réelle de l’écrsante majorité du peuple chinois qui subit la férule impitoyable d’une dictature corrompue, pour y promouvoir les valeurs démocratiques, pour y valoriser les notions de droits imprescriptibles des êtres humains et des peuples.
Loin de là, et en contradiction directe avec les principes qui sont pourtant inscrits dans la Constitution dont il se dit être le garant en France du fait de sa fonction, Nicolas Sarkozy a abandonné le peuple chinois à son sort malheureux. Il a ignoré les émeutes populaires quotidiennes, les écarts vertigineux de revenus qui menacent la paix civile ainsi que les conflits sociaux, tant dans les villes que dans les campagnes. La réalité vivante de la Chine ne l’a pas intéressé.
Il n’a rien dit sur les graves problèmes de pollution massive, de destruction accélérée de l’environnement et les conséquences de plus en plus manifestes et sensibles sur le plan économique de la corruption générale du régime. Il n’a pas usé de ce voyage pour demander que les autorités chinoises cessent de soutenir la dictature sanglante et corrompue de Birmanie et contribuent à rendre la liberté et la démocratie à son peuple, en cessant son appui au régime isolé de Yangon.
Dans tous les discours et déclarations de Nicolas Sarkozy en Chine, il n’a pas dit un mot sur la démocratie en Asie, en Chine et sur les droits inaliénables des peuples, conformément à la Charte de l’ONU dont la France est signataire, à disposer librement de leurs destins.
Absence totale de vision à long terme et destruction de l’image internationale de la France
Pire que cela, il a « profité » de son voyage pour abonder dans le sens des dictateurs de Pékin, sur le Tibet et sur Taiwan, en déclarant dans les deux cas que les deux peuples, qui ne se reconnaissent pas comme Chinois, appartiennent à la Chine.
Dans les deux cas, il a fait oeuvre de soutien ouvert et direct à la répression, à la dictature et à la corruption des régimes de Pékin et de Yangon. Son argumentation publique, qui lui sert ici de justificatif à l’inexcusable, est que tout cela serait, de facto, le prix moral à payer pour améliorer le commerce de la France, donc pour maintenir des emplois que tous savent être délocalisés massivement vers la Chine ou les pays dictatoriaux de même nature à bas coût de main d’oeuvre.
L’avenir montrera vite les limites de cette pitoyable argumentation sur le terrain de la réalité économique, mais le débat essentiel n’est pas dans l’importance relative du plat de lentilles que les dictateurs chinois, ou libyen plus récemment, ont laissé croire avoir promis à leur interlocuteur français.
Ce qui provoque l’indignation, justifiée du point de vue des valeurs démocratiques, est que Nicolas Sarkozy veuille faire partager son esprit de soumission personnel à deux peuples qui sont loin de posséder cette mentalité particulière.
Car, à Pékin, Nicolas Sarkozy a de facto dénié aux Tibétains et aux Taiwanais le droit élémentaire à l’auto-détermination souveraine, à la maîtrise de leur destin collectif, à la liberté, loin des dictateurs de Pékin.
Ces deux peuples n’ont pas mandaté celui qui se prétend Président de la République française pour parler en leur nom. Il est donc évident que les propos de Nicolas Sarkozy sont une immixtion infondée dans les affaires internes de deux peuples qui ont les mêmes droits que tous les peuples du monde à décider de leur avenir, ni plus, ni moins que tous les autres peuples de la planète.
La réaction du Président taiwanais a été de ce point de vue très explicite, lorsqu’il a accusé publiquement Nicoals Sarkozy de détruire les piliers démocratiques de la République française. Le Dalaï Lama n’en pense probablement pas moins de son côté.
Il résulte de cela que, avec la Birmanie oubliée et abandonnée à ses bourreaux, en Asie, dans l’opinion publique, la France a subi une grave perte de prestige et d’image publics, mais aussi que celui qui la préside est rejeté par les citoyens, un peu à la façon de G W Bush.
Les 81% de citoyens qui refusent que la France soit le « paillasson des dictateurs »
Selon le quotidien « Le Figaro » du 14 décembre 2007, 81% des Français interrogés approuvent les premiers propos de Mme Rama Yadé sur la visite de Khadafi en France.
Venant d’un journal proche du pouvoir, et étant donné la marque ultra-majoritaire que ce sondage laisse entrevoir dans l’opinion française, il semble évident que la réception, dans les conditions que Paris a connues, du dictateur libyen est un échec éclatant, et inquiétant pour son camp, de la politique extérieure sarkozyste.
C’est aussi un échec commercial, malgré les pathétiques effets d’annonce (similaires à ceux lancés en Chine). C’est par ailleurs un échec politique car cette visite du dictateur libyen a scellé une rupture nette et franche entre l’immense majorité des citoyens et Nicolas Sarkozy.
Enfin, il convient de ne pas oublier les attentats en Algérie qui ont suivi le voyage de Sarkozy l’Américain....et le dossier iranien où Nicolas Sarkozy joue avec le feu diplomatique et politique en s’alignant derrière les positions de l’administration Bush.
Ce qui apparaît donc en bilan des dernières semaines de cette politique étrangère sans principes démocratiques défendus, sans respect des droits inaliénables des peuples souverains rappelés, sans attention aux sentiments profonds des citoyens français face aux dictateurs en tous genres, c’est un immense gâchis politique alors que la récession économique mondiale arrive, récession qui va montrer les limites des « contrats » annoncés.
Nicolas Sarkozy a commis plusieurs fautes gravissimes dont il n’a pas encore mesuré les conséquences sur tous les plans sur les divers termes, mais qui vont marquer son avenir politique et celui de ses partisans.
Le résultat le plus éloquent sur le plan international est que la France semble être devenu un pays dont le chef de l’Etat est incapable de prévision et de prise en compte des réalités internationales, un chef d’Etat qui vient d’aggraver les tensions militaires en Asie, de raviver le terrorisme en Algérie et de se solidariser avec les pires dictateurs de la planète.
Ce jugement est concentré dans cette boutade d’un humoriste taiwanais disant : « Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’avec lui, tout serait possible. Il a raison, mais c’est le pire du possible qui advient ».
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