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Accueil du site > Tribune Libre > La culture est-elle utile ?

La culture est-elle utile ?

Aucun d’entre vous n’ignore le célèbre adage qui dit que la culture, moins on en a plus on l’étale, ce à quoi mon frère répond : mais quand le pot est plein, il déborde. Vous avez aussi sans doute remarqué que l’accumulation de connaissance est vue de façon qualitative et que, justement, le qualificatif que l’on colle à tel homme plutôt que tel autre (homme ou femme s’entend bien sûr) varie non en fonction de la quantité mémorisée et connue, mais du contenu de la mémoire. Ainsi un scientifique qui en connaît en quantité autant qu’un lettré sera catalogué comme savant (parfois appelé aussi fou ou nimbus) alors que le second d’érudit (parfois moine, parfois fin). Ainsi les sciences dures font de vous un savant, les moles un érudit. La culture est réservée à cette seconde catégorie alors que techniquement parlant cela devrait être du même niveau. Ne parlons même pas d’un fana des sixties qui en connaîtrait plus sur les Beatles et autres Adamo qu’un professeur du collège de France sur les poètes médiévaux que ce dernier serait honoré partout sur son passage et le fan n’aurait rien car, à part de le décréter de fan, il n’a pas sa place au Panthéon de la culture.

Mon titre suggère une utilité à la culture. L’utilité peut se nicher dans le mercantilisme, la gloriole publique ou l’assouvissent personnel. Certains parlent de réalisation ou d’accomplissement. Ainsi, pour certains, la culture est une tribune, pour d’autres une fin en soi. Quelques raseurs s’en servent pour briller et se faire applaudir. La culture a-t-elle besoin d’une fin en soi ? D’une utilité ? Et qu’est donc la culture ? Est-ce ce que l’on a retenu lorsque l’on a tout oublié ? Excusez-moi si je ne demande conseil ni à Jack Lang ni à Christine Albanel pour patauger quant à donner une définition de la culture. Pardonnez-moi aussi si je n’arrive pas à aller chercher des Girard, Levi-Strauss ou Platon, des Hugo et autres poètes et philosophes car je ne suis qu’un papillon qui butine et, comme lui, une fois repu de nectar, je m’envole ailleurs et oublie tout. C’est dommage, je suis un éphémère qui meurt après vingt-quatre d’heures d’orgie au-dessus d’un pont. Je ne serai ni universel ni absolu ni exhaustif. Vous devrez vous contenter de suivre le chemin que j’emprunte. Libre à vous de vous égaillez ici ou là.

Comme l’on dit qu’un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, je vais vous faire faire un détour par Gervex, plus exactement, par un de ses tableaux pour tenter d’expliquer ce qui me paraît être un des volets de la culture. Si vous avez la chance d’être à Bordeaux, cette ville de savants et philosophes, en particulier d’un maire - non l’actuel - mais celui-ci du XVIIe, ce Montaigne qui a beaucoup essayé et fini par s’aimer lui-même, là, au musée des Beaux-Arts, vous trouverez un tableau au titre étonnant de Rolla. C’est la reproduction que vous avez en vignette (cliquez dessus pour en avoir une idée plus précise).

Au premier coup d’œil, ce tableau m’a - ce pour quoi est censé être peint un tableau - ému assez profondément. Pas besoin d’une culture quelconque, de la moindre érudition, un regard suffit à tout béotien qui se respecte à être tout chose. Par l’atmosphère, le trait du pinceau, les couleurs (à dominantes bleu), par la composition, par la technique, par le sujet. Un jeune homme debout dos à une fenêtre vêtu de son pantalon et de sa chemise ouverte regarde une jeune fille étendue dans un lit, endormie, un repli du drap recouvre son sexe, sa poitrine est découverte. Sans faire strictement aucune étude, on peut observer que le jeune homme (en fait, vu de 2008, on dirait plutôt un homme jeune qu’un jeune homme, différence qui a son intérêt) qui a l’air plutôt mélancolique, le sommeil de la jeune femme est, lui, assez serein. Si nous suivons le regard de ce jeune homme, on s’aperçoit qu’il ne fixe pas la jeune femme dans sa nudité amoureuse, mais elle, ce qui se traduit par le regard porté vers son visage endormi. On suppose tout de suite qu’il va peut-être partir après avoir passé une nuit avec sa maîtresse. Que c’est de la mélancolie de la quitter ou que c’est de la tendresse. Il se dégage en tout cas de ce regard une certaine émotion, une émotion que l’on peut soi-même ressentir. Si on veut aller un peu plus loin, c’est-à-dire si on veut être plus savant - ce que je ne suis pas, mais je peux faire comme si - on peut alors parler de la technique de composition. On repère grossièrement les lignes droites verticales (les montants du lit, les montants des vantaux de fenêtre, la jambe de la jeune fille et le jeune homme), horizontales (les traverses des vantaux, le longeron du lit et la jeune femme) et diagonales (le bras du jeune homme, la traverse du lit et les rideaux). Vous remarquerez que ces lignes sont parallèles. Si le regard du jeune homme se dirige vers la jeune femme, vers ce qu’elle est, son bras si on le prolongeait irait jusqu’au sexe de la jeune fille qui est le centre du tableau. S’agit-il d’une histoire d’amour ? Ou d’une histoire de sens ? Il y a quelques autres détails qu’il ne faut pas négliger, comme la cane qui dépasse de dessous le corsage rouge, le collier sur le chevet et, alors que la scène est plutôt bien ordonnée, les vêtements de cette jeune fille sont entassés à la va-vite au pied et sur la bergère, recouverts par le Gibus renversé. Cette étude peut nous apporter un éclairage différent de la première vue que l’on en a. Il y aurait des messages cachés, mais non à tous. Un langage d’initié serait-il une porte à laquelle n’ont accès que ceux qui savent, les érudits ?

J’ai choisi ce tableau non seulement car il me plaît profondément, mais aussi pour illustrer mon propos. Je ne sais si c’est une réponse à la question posée en titre d’article, mais c’est une réponse à ceux qui comme moi pensent que la culture n’est pas une fin en soi, mais une possibilité d’enrichir et de diversifier ses émotions, et d’avoir différents nouveaux de lecture. Voir ce tableau sans aucune étude, sans référence est en soi une espèce d’émotion diffuse et profonde. Du reste pas besoin d’explication pour en avoir des sentiments. Mais on peut aller plus loin. Voici deux informations qui en fait sont différentes, mais qui toutes deux peuvent avoir un lien avec la notion d’utilité de la culture.

La première a trait à ce que ce tableau a eu droit à un petit scandale somme toute modéré, car le tableau fut simplement décroché. Ce n’est absolument pas le nu, mais c’est le corsage et la jupe blanche qui en sont la cause. Du reste, la disposition des vêtements de la jeune femme serait dû au conseil de Manet. En 1878, ce qui a fait un petit scandale, c’est en regardant l’ordre des vêtements : jarretière, jupe, corsage et par-dessus le haut de forme que l’on devine que la jeune femme fut nue devant le jeune homme encore vêtu. On accusa Gervex de lubricité notamment à cause de la pointe de sa cane qui dépassait du tas de vêtements, un éperon suggestif. Cette première information fait de celui qui la connaît à propos de ce tableau sinon un érudit du moins un meilleur connaisseur que le péquin moyen qui s’extasie sans en connaître ni les origines ni les à-côtés et qui n’a pour lui que ses yeux et son cœur, autrement dit son émotion pure sans pour autant qu’elle fût brute. Cependant cela n’ôte en rien au plaisir de le regarder ni n’ajoute rien. Cela peut procurer un certain plaisir, celui de savoir et, pour ceux qui aiment le soufre du scandale, les étincelles des histoires salaces, cela flatte son côté ragots et vieilles dentelles. Il s’agit donc d’une culture inopérante pour la beauté du tableau. Elle permet sans doute de briller dans un salon, mais n’apporte que ce petit plaisir-là.

La seconde est fort différente. Vous vous souvenez du titre de ce tableau : Rolla. Pour tout un chacun, ce nom sonne comme le prénom d’une femme. Comme nous voyons en plein centre de la peinture une jeune femme et ses attributs les plus suggestifs, on imagine aisément qu’il s’agit d’une représentation à sa gloire. Si, en revanche, vous connaissez l’origine de cette peinture, votre vue et vos sentiments en seront changés. Ou plutôt vous aurez une vue seconde de ce tableau. Rolla n’est pas le nom de la jeune fille, mais c’est le nom du jeune homme Jacque (sans "s" la plupart du temps) Rolla. Cette seule information modifie votre regard et vous intrigue. En fait, Rolla est le titre d’un poème d’Alfred de Musset. Il ne s’agit pas ici de vous conter sa vie ni de parler de ses œuvres. Je vais juste effleurer son poème car cela a sa petite importance quand même. Ainsi, Rolla n’est-il pas un prénom féminin, mais le nom d’un jeune homme. Il faut se rappeler que ce poème est écrit en 1833 et qu’à cette époque la physionomie était différente, d’où la raison de faire la distinction entre jeune homme et homme jeune. Jaque Rolla, à l’instant du poème qui correspond au tableau, n’a pas 20 ans. On aurait imaginé cet homme jeune plus âgé. A l’inverse Marie (ou Marion ou Maria selon les rimes) n’a pas 16 ans, elle paraît un peu plus. Venons-en à l’histoire. Jacque Rolla hérite de son père d’une somme rondelette qu’il utilise à l’apprentissage de la vie et de ses délices. Il décide que, lorsqu’il aura utilisé son dernier denier, il mourra. C’est une décision péremptoire et qui paraît incertaine. Sa vie dissolue ne lui permet pas de découvrir l’amour. Lorsqu’il lui reste juste de quoi payer une jeune prostituée, il décide de mourir car il n’a plus rien. La tragédie de cette histoire est à son paroxysme à la fin du poème car c’est à cet instant qu’il découvre l’amour avec Marie. Marie est une jeune fille que sa mère prostitue. Dans le poème, ce qu’évidemment ne montre pas le tableau, cette mère maquerelle est derrière la porte. Ce qu’il y a de poignant c’est lorsque Marie découvre qu’il est ruiné, elle décide de lui donner tout ce qu’elle a, en fait ce qui lui reste car sa douce maman lui ponctionne tous ses revenus. Mais il est trop tard, il a bu le poison qui le fera mourir juste après un dernier baiser. Marie aurait pu être sa rédemption, mais il l’a su trop tard. Elle s’appelle Marie, comme la Vierge. Du reste, si on regarde bien le tableau, les draps qui ne recouvrent rien ont leur ombre délicatement bleutée, couleur de la pureté. La chemise du jeune homme a des reflets gris. Ainsi, il y a le contraste des reflets entre Marie, prostituée, mais au cœur pur, et Jacque rongé par le vice et proche de la mort. Vous imaginez aisément que le tableau vu au travers de l’histoire de Jacque Rolla et de Marie n’a plus du tout le même sens et la même charge émotionnelle. Ce jeune homme-là va mourir. Il regarde tristement celle qui aurait pu lui apporter l’amour, mais sa décision est prise et il est trop tard. Le jour se lève, mais lui va mourir. On imagine la tristesse de la situation, le destin auquel il ne peut échapper. Dans ce poème, la vie n’est pas plus forte que le malheur programmé. Dans le tableau, si on ignore le poème, on ne voit qu’une scène d’amour, où l’on s’interroge, mais où on n’imagine nullement le drame sous-jacent. Cette deuxième information, à la différence de la première, si elle peut aussi se situer dans le champ de la culture n’a pas du tout la même incidence. Il y a une interaction entre un poème, tragique et beau, et un tableau. L’un peut nous émouvoir sans connaître l’autre. Les deux pour certains peuvent se polluer l’un l’autre peut-être, mais ils peuvent au contraire, comme une mise en abîme, décupler les émotions.

En conclusion, la culture ou, autrement dit, la connaissance étendue est ce que l’on en fait. Elle ne peut être une finalité en soi, un outil de propagande ou une tribune. Peut-être que parfois elle ouvre l’esprit.

Dans ce chaste baiser son âme était partie,

Et, pendant un moment, tous deux avaient aimé.

Rolla, Alfred de Musset


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29 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 6 février 2008 10:55

    La notion d’utilité pour parler de la culture est extrêmement équivoque, étant donné ses sens habituels. La culture, qui ne résume pas à l’ouverture artistique et qui n’exclut pas le savoir désintéressé, est plutôt à classer dans la catégorie de la "gratuité", du plaisir, de l’ouverture de l’esprit à l’universel. Kant en a parlé mieux que moi...

    Il est à craindre que l’on ne s’achemine vers une conception rentable et mercantile dans ce domaine, si on lit la lettre de cadrage de MrSarkozy à Mme Aubanel :

    www.agoravox.fr/article.php3

     


    • Imhotep Imhotep 6 février 2008 11:21

      C’est la raison pour laquelle j’ai posé la question. On connaît le courant de pensée économique « utilitariste ». Il y a aussi cfette expression : joindre l’utile à l’agréable...


    • Alake Alake 6 février 2008 11:14

      Merci pour cet article.

       

      Je dirais que la culture (peu importe laquelle que ce soit une passion pour les Beatles, Voltaire ou la peinture du Moyen-Age) est ce qui permet aux gens de se sentir mieux, ça permet, quand la vie n’est pas toujours rose, de s’évader dans un autre monde, de ne pas penser aux choses terre à terre de temps en temps.

      Certains disent qu’il y a des choses plus importantes à financer que la culture ou soffusquent quand un chômeur ou un rmiste achète des livres, des cd ou va au cinéma. Je pense au contraire qu’ils y ont droit, que ce n’est pas un luxe car ça permet de s’évader de temps en temps, sinon la vie serait bien triste.


      • Imhotep Imhotep 6 février 2008 11:24

        D’acord tant que ce n’est pas de la part des politiques le fameux : Panem et circences, du pain et des jeux pour éviter de ragrder de plus près, de trop près, ce qui se passe. En quelque sorte une arme à double tranchant.


      • Alake Alake 6 février 2008 11:41

        Je suis tout à fait d’accord avec vous

        Je parlais d’une culture personnelle que chacun se constitue pas de la culture voulue par l’état qui conviendrait "au public" ou "au plus grand nombre".

         

        Pour moi la culture c’est d’abord une émotion : un livre emprunté dans une bibliothèque qui nous donne envie de lire tous les ouvrages de cet auteur, un tableau aperçu dans une exposition, un morceau entendu à la radio, des vêtements d’un créateur qui donne envie de travailler dans la mode... c’est tout ce qui stimule l’esprit et bien évidemment ça ne peut qu’être personnel comme démarche. L’école peut inciter les enfants à découvrir tout ça, à être curieux, à découvrir d’autres choses...

        Vous comprendrez que je ne suis pas d’accord avec le côté consumériste de la culture prôné par le président avec "obligation de résultat".
        Cette phrase m’horripile particulièrement "Veiller à ce que les aides publiques à la création favorise une offre répondant aux attentes du public"... : c’est ne donner aucune chance au "public" de découvrir autre chose. Cela crée une sorte d’uniformisation de la culture.


      • Imhotep Imhotep 6 février 2008 11:53

        nous sommes donc deux ...


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 6 février 2008 11:28

        Bonjour,

        L’art est émotion, connaissance mais aussi, ouverture et même voie vers la transcendance, aller au-delà de soi, pour preuve, ce billet bien rédigé, intéressant. Bien plus que quand tu causes de politique.

        Ce tableau, je le connais bien, j’ai dû m’y arrêter une dizaine de fois, dans l’aile nord du musée des Arts à Bordeaux. L’effet le plus saisissant dans cette galerie, c’est la disposition chronologique qui ouvre vers l’esprit de plusieurs époques, Restauration, Second Empire (avec un Delacroix) puis le décadentisme, le symbolisme (à voir une fresque qui met en scène le sar Péladan) et pour finir, les différents modernismes à partir de la Belle Epoque, avec des regards nouveaux des jeux de formes, des couleurs spéciales.


        • pallas 6 février 2008 12:38

          Qu’est ce donc la culture actuel ?. Un produit peut importe, une chanson, une oeuvre, dont seuls les initiés ont le droit et le devoir de donner leurs avis, le citoyen lambda s’il n’aime pas, sera consideré comme stupide car seuls les initiés connaissent la Verité de la beauté de toute chose. La culture actuel, c’est produire une oeuvre qui devra couté tres cher, car c’est l’argent qui fait la definition de l’art, le nom de l’auteur aussi, seul les acheteurs qui ont enormement d’argent savent reconnaitre ce qui est beau. Un citoyen lambda qui ne peut pas débourser une certaine somme d’argent ne peut etre qu’un inculte un veritable ignorant de la beauté de toute chose. N’aimant pas les tableaux qui sont soient tous noirs avec des carreaux blancs ou bien des tableaux qui me font fort l’impression etre du gribouilli digne de l’ecole maternel, n’aimant pas les sculptures dont je me demande ou est le haut et le bas auquel je ne voi pas en quoi un rectangle avec des especes appendices sortant de toute porte ou un conne metallique sont des oeuvres, je suis un ignare, un sale ignorant qui aime les oeuvres ringards de Michel Ange ou bien de Sieur Vinci.


          • claude claude 6 février 2008 18:02

            @ pallas,

            certains "gribouillis colorés", que mes enfants on fait en maternelle, ornent les murs de ma maison, car je les trouve "beaux" et m’invitent à à voyage...

            la culture n’est pas affaire d’argent : chacun peut apprecier la musique, les livres, les tableaux, les films...selon sa sensibilité. la tv, la pub, la radio, internet, sont des médias extraordinaires pour ouvrir une fenêtre sur le monde. il y a aussi les bibliothèques...

            il existe musées, qui ouvrent gratuitement leurs portes : le louvre par exemple, est gratuit chaque premier dimanche du mois et le 14 juillet : www.louvre.fr/llv/pratique/tarifs.jsp

            je suis profondément admirative devant le talent des boulangers et des pâtissiers, qui font des merveilles avec leur mains. ( dans la même catégorie, je mets : bouchers, poissonniers, charpentiers, ébénistes, maçons... tous ces artisans qui embellissent notre vie quotidienne, à leur niveau )

            le monde est empli d’artistes incomparables : il existe un peuple d’afrique du sud, qui se nomme les NDEBELE, dont les femmes décorent leurs maisons avec des motifs géométriques d’une beauté à couper le souffle... et pourtant elles n’ont jamais fait les beaux-arts, ni été les élèves d’un grand maître...

             en tant que citoyenne lamda, j’ai le droit de dire que je n’aime pas les oeuvres de richard wagner, que je ne comprends rien à la musique contemporaine, que l’art pompier m’ennuie, et que je trouve émile zola un peu rasoir et claude sarraute, illisible... c’est mon avis et il n’engage que moi.

            en revanche, j’aime bien être guidée dans le déchiffrage de l’oeuvre d’un artiste, quelque qu’il soit, par une personne compétente... quitte à me faire mon opinion par la suite.


          • La Taverne des Poètes 6 février 2008 13:03

            Quand j’ai du mal avec une question, je la reformule : "La culture est-elle inutile ?" Là, nous répondons "non" en majorité ! Placer la culture sous le seul critère de l’utilité fait passer rapidement à la notion d’efficacité qui dans le domaine culturel est dangereuse à manier.

            On dit que la culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié : je reformule (encore), cela veut dire qu’elle est l’essentiel.


            • patrice69 patrice69 6 février 2008 13:44

              Faux. Et pourtant j’aimerai. Mais faux.

              Comme disais Desproges, "on peut très bien vivre sans la moindre espèce de culture".

              Et des gens comme cela, il y en a partout autour de nous.

              Bien sur, l’on considère que d’avoir gouté à coca et à pepsi c’est de la culture...


            • Cascabel Cascabel 6 février 2008 16:27

              @ patrice

              Je serais curieux de connaître votre niveau de culture. Déjà pour l’orthographe ce n’est pas fameux, donc pour le reste....


            • Mescalina Mescalina 6 février 2008 17:33

              La culture n’est pas essentielle TAVERNE. Si culture = amas de connaissance encore et toujours, la réponse est non. On peut être sage et peu cultivée, l’intelligence, la sensibilité et l’émotion ne s’apprennent pas par la lecture. On peut apprendre de la vie, de sa relation à l’autre, de la nature, et vivre bien, car on ressort l’essentiel de la vie : l’émotion et le ressenti. On peut être boulversé par des peintures sans connaître l’auteur, le titre de l’oeuvre, son origine etc, et s’en foutre TOTALEMENT, car ce qu’elle nous a procuré comme sensations nous suffit.

              Le détachement absolu, l’art, qui permettent d’atteindre la grace, se fouttent de la "culture".

              Je réponds juste au caractère "essentiel" de la culture. Qu’on ne me dise pas qu’elle ne sert "à rien". Elle sert à des buts bien précis (métiers, enseignants, curiosité personnelle d’accumulation de savoir souvent liée à une passion, volonté d’essayer de comprendre ce qui se passe dans le monde etc).

              Tout ceci est louable, mais la valeur de la vie dépasse la culture et de très loin.


            • GRL GRL 6 février 2008 13:45

              Salut Imothep , salut à tous.

               

              Bien , il me semble ici que nous touchons du doigt les raisons d’une impasse , celle de deux dimensions de la culture , et à l’origine de ces deux dimensions , d’un instinct ancestral tout à fait humain.

              1 ° ) Exorciser l’horreur du passé , accepter l’inacceptable , avancer , tourner les pages de l’histoire d’une communauté.

              Les guerres et les films : La culture cinématographique de la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours a completement illustré , notament chez les américains , cet incontournable besoin de romancer l’horreur du vécu pour la rendre acceptable aux yeux de tout un peuple d’une part , mais aussi , aux yeux de la communauté internationale. Ainsi , avons nous vu des tonnes de réalisations autour du massacre des indiens d’Amérique , puis , autour de la guerre de secession , puis de la guerre de 40 et de ses horreurs , autour du débarquement de Normandie , mais aussi autour de la guerre du Viet Nam , de celle contre le communisme , et ainsi de suite jusqu’aux épisodes récents des défaites américaines , qui sans ces innombrables réalisations cinematographiques, témoignages , commémorations , expositions , n’aurait jamais pu accepter sa condition de perdant , et plus tard encore , celle de génocidaire ( indiens ) ou d’agresseur universel ( plus de 40 interventions armées depuis la seconde guerre mondiale ). La culture est ici la version romancée des faits qui permet à la societé de continuer à avancer sans accumuler la culpabilité et le sentiment de défaite. Elle est tres importante , en particulier pour ce pays , qui a aussi fait d’elle un axe de sa politique. Elle est importante pour tous les pays ayant à tourner une page lourde de son histoire , ayant à surmonter un traumatisme social. La spécificité américaine ou encore occidentale tient alors a sa capacité à fabriquer du cinéma avant les autres , c’est son média premier. D’autres pays ont développé ceci avec d’autres moyens. Il y a beaucoup d’autres exemples.

              2°) Développer le courant culturel comme un " drapeau " . Fabriquer le liant qui permet à des hommes et femmes de se réunir pour militer sur un ensemble de valeurs , trnascender le message pour gagner les esprits , développer des courants où certains se reconnaitront et pourront s’associer

              Assembler les gens autours de valeurs ou d’idées , d’une idéologie au sens large est une des missions premieres de la culture , non pas ici pour réparer la blessure d’un passé , mais pour coaguler les difficultés du présent et éviter ainsi la mort d’une societé par lyse celluraire , individualisation de la misère , mort de la solidarité. Nos banlieues "difficiles" en sont un exemple incontournable , dans les années 90 , au travers du mouvement hip hop. Qu’est il , ce mouvement, ces textes déclamés en langage codé , pour qui est il fait ? Avant tout pour les gens issus d’une même conditions , c’est un acte de survie sociale , cela veut dire , " voilà qui nous sommes , vous nous reconnaîtrez à notre culture , et sur le marbre de celle ci , voilà toute l’injustice de notre condition , voilà la raison de ce que nous sommes , et l’écrit de notre souffrance " . La culture Hip Hop a commencé par prendre le rôle de la peau d’un corps social en train d’éclater , et il a fonctionné , fonctionné comme un drapeau identitaire . Fringues , vocabulaire , gouts musicaux , et tant d’autres choses se sont cristallisées autour d’un mouvement artistique de départ , afin de donner une identité à ceux que l’on ne voulait accepter dans le ventre de notre propre culture. Pour ne pas mourir , ils ont créé la leur , ils ont décrié , milité avec celle ci.

              3°) D’autre part , la culture peut servir aussi à l’attaque . Elle permet aussi , selon les périodes historiques , de s’opposer à d’autres cultures dont la bête sociale aura diabolisé les us et coutumes. Elle permet d’affirmer à un Autre " tu n’es pas de ma culture " . Elle permet de faire un tri sur la base d’un " avec nous " et d’ un " contre nous ". C’est la phase dangereuse de l’utilisation de la culture , et elle s’inscrit en argument à peu pres à l’origine de toutes les guerres opposant deux systemes de valeurs , opposant deux cultures. Le temps n’est plus alors aux réalisations artistiques , mais aux discours et aux écrits, à la politique de propagande. Et ceci est un instinct humain que l’on retrouve sous une forme ou une autre à divers moments de l’histoire. Les artistes , les journalistes , les gens de lettre sont d’ailleurs souvent persecutés et parfois tués , preuve que leurs créations sont autant d’armes de propagandes dangereuses pour ... une dictature en place par exemple .

              En bref , la culture n’est pas ici une fin , mais un moyen. Par contre on differenciera les cas où elle sert à affronter la douleur ou l’injustice , des cas où elle sert à différencier les opposants aux régime et à les écarter de la societé . La culture est dans ces dimensions là , engagée , et la révolte a toujours été , de La Fontaine , de Molière à Gainsbourg , son terreau d’inspiration. Même les tableaux que vous citez étaient analysés sur le plan des valeurs et de l’idéologiquement correct , toute la culture est ainsi empreinte de messages politiques et repousse ainsi les limites des conventions , pousse le monde à changer et à oser dans la poursuite de son histoire. 

              Merci de votre lecture , GRL


              • claude claude 6 février 2008 17:32

                merci pour ce bel article, tout en touches délicates...

                zen ,alake et d’autres, ont exprimé avec justesse ce que j’aurais dit.

                je complèterai votre citation, qui dit : "la culture, c’est comme la confiture, moins on en a plus on l’étale..." : dans mon armoire j’ai plein de pots de confitures de toutes sortes de parfums...

                que deviendrait le monde sans la simplicité de la fraise ? l’acidité de l’orange amère ? la surprise de la tomate verte ? l’onctuosité de l’oignon ? ce sont toutes ces saveurs qui font que les hommes peuvent échanger entre eux  : il y a des milliers de façons de faire de la confiture et de marier les arômes... c’est une invitation à exercer notre imagination...

                la culture, c’est aussi bien léonard de vinci, montaigne, beethoven, que les dentelières de calais ou les tisseurs de tapis des villages des andes... pour moi la culture c’est la somme du savoir de chacun... ainsi qu’un moyen d’échange et de communication ...

                le hic, c’est que certaines personnes ont confisqué une certaine idée de la culture au nom d’un concept d’élitisme qu’ils ont eux-même, du mal à définir et à cerner !

                la beauté est universelle ...

                de quel droit doit-on décréter que l’innefable "danse des canards" a moins de valeur culturelle que l’"ode à la joie" de ce bon vieux ludwig ?


                • maxim maxim 6 février 2008 18:38

                  la culture ...

                  c’est tellement varié ,ça peut être une oeuvre sublime et universellement reconnue que quelque chose d’anodin ,même triste ou vulgaire ,mais qui véhicule une émotion....

                  sa propre émotion ,un paysage triste à mourir ,une sirène ,un tableau éblouissant ,un porte à la peinture écaillée,un garde champêtre qui bat du tambour ou une oeuvre de Bach ,un étal de fruits et légumes ,la vie quotidienne ,tout est culture ...

                  c’est ce qui vous fait vous retourner un instant pour fixer comme dans la pellicule ,ou graver dans la cire quelque chose qui vous a ému ....

                  la question de l’article ...utile ???

                  mais c’est comme l’air que l’on respire ou l’eau que l’on boit ,c’est vital .


                  • socribe 6 février 2008 19:06

                    La culture c’est aussi peut-être apporter un peu de cohérence et d’harmonie dans ce qui à priori semble ne pas en avoir, de trouver un sens ou d’en donner en s’appropriant une réalité, en dégageant des lignes de forces, des signes pour qu’elle soit porteuse de sens pour un plus grand nombre.

                    J’ai beaucoup apprécié cet article, et en effet, il me semble qu’un des buts majeurs de l’art, c’est de se positionner et ressentir, pour mieux se connaître et reconnaître chez l’autre ces liens universels que sont les sentiments.


                    • Kookaburra Kookaburra 6 février 2008 20:42

                      La Culture, die Kultur, mot tellement galvaudé que, par précaution, il faudrait essayer de définir avant de discuter là-dessus. Mais au faite l’essentiel de l’article de parle pas de la culture mais d’un tableau du célèbre pompier Gervex qui, une fois de plus, a réussi a faire un tableau délicieusement érotique en tant qu’illustration d’un poème, prétexte nécessaire à l’époque pour ne pas être accusé de pornographie, ce que le pauvre Manet a du apprendre à ses dépenses avec son « Olympia » qui a créé un véritable scandale. Et pourtant son tableau n’est nullement plus « pornographique » que Rolla. Au contraire. Mais les pompiers ont su respecter les conventions de l’époque. Bien que les pompiers sont généralement méprisés aujourd’hui, ce tableau est un exemple de leur maîtrise du métier, maîtrise que peu de peintres actuels possèdent.


                      • Savinien 6 février 2008 22:17

                        "Une paire de botte vaut bien Shakespeare" disaient les nihilistes russes au temps de leur splendeur ( l’époque de Dostoievski pour ceux qui ont pris le train de la culture en marche - autrement dit la fin du 19 em siècle pour ceux qui n’ont eu que le train de TF1). Moi, je suis plutôt d’accord avec ces joyeux apôtres du Rien, surtout lorsque j’ai les pieds enfonçés dans vingt centimètres de neige... Alors je dis oui à la paire de bottes, moi aussi. Mes pieds n’en deviendront que plus philosophes. Et de découvrir que Socrates aurait eu bien du mal à trouver quelques vertus philosophantes au phalus d’Alcibiade, si le malheureux avait vécu en Sibérie... Car la philosophie et la haute culture sont aussi question de soleil et de sable chaud. Donc, pas étonnant si la Grèce la Perse ou l’Egypte furent de ces trop rares nations qui connurent un Zénith.


                        • ddacoudre ddacoudre 6 février 2008 23:06

                          Bonjour imothep

                          Très agréable à lire ton article.

                           

                          Quand à l’utilité de la culture nous en vivons depuis que nous avons codifier nos comportements pour nous les transmettre par l’apprentissage grâce à notre cerveau qui nous permet de conceptualiser nos perceptions et les projeter vers le futur pour ne pas seulement réagir à un réflexe déterministe et ainsi par des idéaux des mythes et des utopies faire des sociétés et des organisations bien réelles, même si elles demeurent sous le contrôle de l’inné.

                          De tout cela nous avons sérié un certain nombre de champs qui vont de la spécialisation à la pluridisciplinarité, de la perception intuitive à la conceptualisation artistique et chacune d’elle demande un apprentissage de connaissance et de savoir variable, et chacun en fonction de son acquis sera plus ou moins cultivé, également pour être apte par l’effort nécessaire à formuler des analyse et des critiques pour lire son être l’autre le monde dans la complexité de notre production cérébrale.

                          Mais si il faut répondre à la question pourrions nous vivre sans culture la réponse serait oui.

                          La culture ne nous sort pas du monde animalier elle facilite notre adaptation au milieu qu’elle modifie par rétroaction. Mais devant  impossibilité de tout savoir, s’établit sociologiquement des niveaux qui déterminent le savoir être et le savoir faire de chacun. Et comme notre société se complexifie de plus en plus la culture permet de placer le plus harmonieusement possible toutes les pièces du puzzle de la vie que nous comprenons, sinon ce sera nos réflexes (comme dirait villach) qui le ferons.

                          Et eux ils sont conçus pour la perception du monde à la limite de nos sens, et ils ne nous permettent pas de savoir que la terre est ronde, mais ils sont suffisant pour réagir à la beauté d’un tableau tandis que le culturel saura que ce qu’il regarde est également le résultat  d’une histoire qui l’a produite et qu’il ignore.

                          Cordialement.

                           


                          • Antoine 7 février 2008 01:05

                             Bien sûr la culture est utile, elle est même indispensable. Pensez vous que si les gens avaient une culture musicale, ils écouteraient les cochonneries qu’on leur distribue sur tf1 et autres ondes poubelles ? L’art, comme le reste, s’apprend...


                            • Imhotep Imhotep 7 février 2008 18:26

                              Un I de trop. Il s’agit bien sûr du XVIé. Mea Culpa. Désolé de ne pas être de votre avis en ce qui concerne le tableau, mais je suis un amateur qui ne cherche en rien la qualité officielle ou savante.


                            • Philippakos Philippakos 7 février 2008 17:43

                              Désolé d’arriver un peu tard. Bravo pour cet article bien écrit, bien documenté et fort agréable à lire. Culture/ utilité pour quelle définition de la culture ? Il y a, je crois, deux tendances : la première c’est culture connaissance (dure ou molle), tendance française du mot, et l’autre culture société (langage, coutumes, religions, etc), tendance allemande du mot. Il se trouve qu’en sociologie on prend davantage le mot au sens allemand et qu’en histoire de l’art au sens français. Et si les deux définitions se rejoignaient, cela nous éviterait de hiérarchiser la connaissance et on pourrait mettre, pourquoi pas, les Beatles au même rang que Purcell. La culture c’est aussi (et surtout) la référence commune qui permet de communiquer, de rire (essayez de faire rire dans une autre langue et vous verrez... le bide absolu), le degré de connivence, enfin bref je crois que la définition française est surtout faite pour affirmer l’appartenance à une catégorie sociale. On se réclame d’une classe en rapport avec les référents communs qui agissent comme signes de reconnaissance. En clair, on vérifie qu’on possède les mêmes valeurs... qui n’ont rien de plus que les autres mais qui offrent l’immense avantage d’être communes. Mais quelque soit la tendance du mot, je ne suis pas sûr qu’il faille se poser la question en terme d’utilité. Qui dit société, dit création, dit culture. Le fait qu’il soit plus rentable de connaître Proust que Guy des Cars est une question de cercle social qui n’accepte les intrus que lorsqu’ils lui ressemble.


                              • Imhotep Imhotep 7 février 2008 18:28

                                Ce qui réunit molle et dure c’est le terme Honnête Homme au XVIIé


                              • Kookaburra Kookaburra 7 février 2008 18:41

                                Bien que le titre de l’article annonce une discussion sur la culture, aulieu de développer cette question l’auteur nous offre une longue et intéressante description du célèbre tableau de Gervex. Donc je lui suivrai sur ce sujet.

                                Si Gervex et ses collègues pompiers ont atteint une maîtrise impressionnante de la technique, leurs œuvres sont souvent d’une mièvrerie assez écoeurante. Dans leurs compositions, appelées aujourd’hui « anecdotiques », ils cherchent le pathos, l’héroïque et la leçon morale. Ils incarnent toute l’hypocrisie de la bourgeoisie de l’époque. N’empêche qu’il y a quand même des œuvres d’une grande puissance d’expression, exécutes dans un naturalisme photographique étonnant. Ceci dit un Gervex ou un Gleyre ou un Couture n’est pas à mettre au même niveau qu’un Manet ou un VanGogh. La différence c’est la différence entre le bon technicien et le génie. Bien entendu, on peut très bien préférer Gervex, c’est une question de goût, comme on peut préférer la BD à Balzac, mais si l’on maintient que la BD vaut Balzac ou que Mickey vaut Michel-Ange on s’inscrit dans l’idéologie relativiste où tout se valent, ou il n’est pas possible de dire qu’un tableau est meilleur qu’un autre. Idéologie, me semble-t-il, absurde et hypocrite dans la mesure ou nous sommes tous constamment en train de faire des jugements esthétiques et éthiques.

                                 


                                • Imhotep Imhotep 7 février 2008 21:10

                                  @Kookabura

                                  En peinture comme en littérature il y a aussi la création de nihilo de génie par les critiques, ces mêmes critiques dévalorisent certains peintres et certains écrivains. Il en est ainsi de Van Gogh et de, par exemple en littérature, Céline. Pour la plupart ce sont des génies. Dire que ce tableau de Gervex serait une véritable œuvre d’art décribilise auprès des bons (dans le sens où ce sont eux qui comptent) critiques et vrais (considérés comme tels) amateurs d’art ceux qui aiment cette peinture. Préférer Un orage immobile de Sagan à Voyage au bout de la nuit procèderait du même classement. Il me semble du reste que de classer Gervex comme un peintre pompier est plutôt exagééré ou mal placé. Quant à comparer une BD à Blazac qui en son temps a été considéré comme un épisodier avec une œuvre assez disparate qui a été préférée à celle de Jules Verne (avec pourtant un personnage fabuleux comme Michel Strogoff) ou Alexandre Dumas (et sa Tulipe noire, selon des critères identiques, n’est pas forcément efficient. Je suis pourtant comme vous, contre tout se vaut. En revanche je suis assez contre la qualité officielle et contre la contre qualité officielle. Celle du pouvoir et celle de son opposition. Un artiste contestataire sera considéré lui-aussi come un génie opar uen frange élue de la population, celle qui s’élit elle-même. Un Licehtenstein par exepmple ou un Andy Warhol qui vont se faire pâmer d’enthousiasme les biens pensants et qui sont consiédérs comme des génies, alors que pour moi ils procèdent du même jugement qu’un Vasaréli.

                                  Enfin cet article répondait à un des volets du débat sur la culture (par une comparaison entre deux informations qui présupposent une certaine culture. Le tableau était le mpoyen de l’expliquer et non la fin en soi.

                                  Cependant vos remarques sont fort intéressantes.


                                • Kookaburra Kookaburra 8 février 2008 20:29

                                  Certains pensent qu’il est impossible d’évaluer objectivement un oeuvre d’art, soit il un tableau, un roman, un poème, une sonate, ou une architecture. Ils affirment que tout jugement n’est que subjectif, l’équivalent de « je ne comprends rien à la peinture mais je sais ce que j’aime ! ». S’ils ont raison, la sélection que fait le temps en incluant certains œuvres dans le patrimoine culturel aux dépenses d’autres qui sont écartés et oubliés, serait une injustice inacceptable. Aussi les prix littéraires, les sélections faites pour des édifices publiques, les honneurs des grands prix de peinture, l’estimation sans borne d’un peintre comme Manet pendant que tous ses collègues de l’atelier où il a appris la peinture sont oubliés, ne sont que des partis pris, des préjugés et des injustices. Aussi les musées, en exposant tout le temps les Impressionnistes et très rarement les pompiers (Académiciens) font un jugement esthétique purement subjectif qui devrait en toute urgence être corrigé.

                                  Si certains relèguent tout jugement esthétique à un subjectivisme sans aucune portée objective, ils se placent dans un relativisme où tout se vaut, où la seule chose qui compte est ce qui me plaît. Si je préfère Warhol à Bonnard c’est mon choix et personne ne peut me dire que j’ai tort.

                                  Je suis d’autre avis. Je vous accord volontiers votre choix. Vous êtes bien entendu libre de aimer ce que vous plaît, mais cela n’a rien à faire avec la valeur esthétique (ou éthique en l’occurrence) de la chose. Bien sûr tout le monde n’a pas la compétence pour pouvoir juger d’un œuvre d’art, mais cela ne veut pas dire qu’un jugement n’est pas possible. Je ne me sens pas compétent de juger d’une musique ou d’une architecture. Je me contente de dire ce que je l’aime, comme tout le monde, en sachant que c’est une opinion subjective, mais comme la peinture est mon métier (enseignement et pratique), je me flatte de pouvoir juger d’un tableau, objectivement, en dehors de la question si l’œuvre me plaît ou pas. Je n’aime pas Picasso, mais je suis conscient de la valeur de son œuvre.

                                  Gervex est un pompier, c’est-à-dire un académicien. Ce n’est pas moi qui le dit mais l’histoire de l’art. Pour moi, d’ailleurs, « pompier » n’est pas péjoratif. Les pompes des pompiers ne me gêne pas trop. J’apprécie trop, malgré moi, leur technique éblouissante !

                                   


                                  • Imhotep Imhotep 8 février 2008 20:48

                                    Il me semblait que les pompiers n’étaient pas du fait de leur académisme mais du fait de la pompe de leurs tableaux, or Gervex n’est pas pompeux, du moins pas à ce que j’en vois. Vous parlez de Bonnard (et de sa femme ?), il y a un autre peintre décrié parce qu’il a peint en abondance et un peu en dilettante, en série, il s’agit de Ziem. On peut aussi comparer des peintres comme Tiépolo et Canaletto par exemple. L’un a un trait léger et l’autre un beau lissé. D’instinct je préfèrerais Tiépolo.

                                    Par ailleurs penser que le temps est un bon filtre ce serait nier que ce sont les puissants qui permettent qu’une œuvre perdure. En ce qui concerne la technique, son évaluation, cela me rappelle une parole de Salvatore Dali. Un jour on lui demanait ce qu’il était en train de faire lors d’une émission télévisée en direct alors qu’il donnait un coup de pinceau sur une toile. Il répondit : x milliers de dollars (je ne me souviens plus de la somme). Cela paraissait très mercantile. En fait cela avait deux significations : d’abord il était au fait de sa gloire et effecrtivement tout ce qu’il faisait avait une valeur marchande et il en connaissait le prix, sa valeur. Ensuite c’est que ce simple trait értait l’acculmulation de tout son travail et de toute son expérience. C’était un trait de quelques secondes, mais une vie derrière.


                                  • jack mandon jack mandon 24 avril 2008 07:52

                                     

                                    @ Imhotep, merci pour votre article et les interrogation qu’il soulève.

                                     

                                    Issus de la nature, immense, surprenante, belle et inquiétante, mère de toutes les interrogations, nous avons conçu la culture, une espèce de nature à notre image, fruit de notre imaginaire, de notre intelligence et de notre action.

                                    Elle est maintenant assimilée, incorporée, proche, rassurante, domestiquée.

                                    Comme l’enfant qui doit couper le cordon ombilical et rompre avec l’adualisme, pour exister dans son autonomie et sa différence, il nous faut trouver un substitut à tant de félicitée et d’extase. Dans l’immédiat, nous trouvons le pouce.

                                    Brutalement et instinctivement nous entrons dans le culturel...réducteur.

                                    Plus tard, on ne fait pas beaucoup mieux quelquefois, en remplaçant le pouce par la cigarette, l’alcool et toutes formes de drogues.

                                    La nature, la nature mère, retentit en nous pendant toute notre vie, nous obligeant, dans le meilleur des cas, à poursuivre l’élan de vie en procréant, modèle naturel, en « créant », modèle culturel.

                                    Il n’est pas surprenant que, de ce schéma, naissent et se développent tous les excès, tous les débordements humains, artistiques et psychiatriques.

                                    .


                                     


                                     


                                     

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