• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Economie > Bear Stearns, ou le risque sans risque

Bear Stearns, ou le risque sans risque

Le sauvetage de la banque américaine Bear Stearns par les autorités publiques fait comprendre aux autres banques d’affaires que quels que soient les risques qu’elles prennent, elles seront sauves en cas de problème : un présage inquiétant pour l’avenir.

Comme la banque Bear Stearns, de nombreuses banques américaines, et européennes, sont au plus mal, incapables de rétablir l’équilibre de leurs comptes. Trop de risques pris et maintenant l’éclatement de la bulle immobilière et l’effondrement des produits financiers associés les mènent à leur perte. Mais, heureusement, les gouvernements envisagent de les sauver toutes en cas de gros problème. Comme toujours, les banques font des erreurs que les contribuables paient.

Ce faisant, les gouvernements donnent un signe fort aux banques : « vous pouvez faire n’importe quoi, de toutes façons, nous vous sauverons ». Ce phénomène d’aléa moral est inquiétant : il signifie aux banques qu’elles tirent les bénéfices des risques pris, mais jamais les pertes. Alors qu’il n’a jamais été aussi facile de spéculer et de prendre des risques, un tel message est inquiétant pour l’avenir et explique en partie, que les autorités publiques répugnent à intervenir trop rapidement, sauf en cas de gros problème. Mais, aujourd’hui, toutes les mesures de la Fed, baisse brutale des taux et politique d’open market (la Fed rachète les dettes des banques), n’ont pas réussi à enrayer la crise, en partie parce que le système financier est aujourd’hui suffisamment "désintermédié" et autonome pour ne plus dépendre de la politique monétaire des banques centrales. La mission de sauvetage ressemble de plus en plus à celle du soldat Ryan.

http://endirectdelacrise.blog.lemonde.fr/

Une économie a besoin d’un système financier pour fonctionner : pour faire circuler l’argent. Faute de quoi plus personne ne peut emprunter et investir. Une faillite du système financier entraîne celle de l’économie réelle. Déjà qu’une contraction du crédit entraîne une récession, imaginez ce qu’une vraie faillite amènerait. Les gouvernements sont donc obligés de faire quelque chose pour éviter ça. Une solution, la plus hollywoodienne, est d’envoyer les services publics au secours des banques en perdition. Car n’oublions pas que la Fed peut imprimer autant de billets qu’elle veut : donner 3 000 milliards de dollars ne lui coûte que quelques clics de souris : ce n’est pas l’argent du contribuable. Par contre, en injectant autant d’argent, elle prend le risque de provoquer des bulles et de réduire la valeur de la monnaie : c’est donc l’économie réelle qui doit supporter cette injection et, au final, les contribuables qui trinquent. Ils ne devront payer « que » 500 milliards des 3 000 milliards injectés.


Moyenne des avis sur cet article :  4.58/5   (19 votes)




Réagissez à l'article

18 réactions à cet article    


  • Alberjack Alberjack 26 mars 2008 12:10

    Bon article.

    AMHA il faudrait les laisser couler au nom de leur Liberté si chérie ou les racheter pour ce qu’elles valent : plus grand chose.

    Le système financier se trouve dans cette situation car il ne respecte pas les équilibres nécessaires à une saine économie.
    On crée des produits financiers opaques, on prend des risques de plus en plus grands sur les marchés boursiers (voir l’affaire de la SG), les actionnaires veulent des rendements si élévés qu’on ferme des usines non pas parce qu’elles ne sont pas rentables mais par ce qu’elles ne le sont pas assez et on délocalise à tout va pour accroître les bénéfices de quelques rentiers, pendant que les états versent des allocations aux employés licenciés.

    Vous avez bien raison de dire :
    « vous pouvez faire n’importe quoi, de toutes façons, nous vous sauverons »

    Sans régulation du système financier, le renflouement des banques seraient à mon sens un chèque en blanc donné aux banques.

     

     


    • Ceri Ceri 26 mars 2008 12:14

      ouais mais ce n’est pas nouveau, on avait déjà "sauvé" le crédit lyonnais pour 15 milliards à cause de malversations !


      • Ceri Ceri 26 mars 2008 12:15

        et après le krach de 29, ben la banque de France a demandé à l’Etat de combler quelques trous...


      • Forest Ent Forest Ent 26 mars 2008 12:23

        Cet article est vrai, mais n’apporte pas d’information nouvelle par rapport aux nombreux qui ont déjà prévenu de la "nationalisation des pertes".

        Ce serait plus rigolo de voir un vrai libertarien, opposé à la régulation, nous expliquer le truc. JDCh, où es-tu ?

        Pour se distraire en attendant : comment créer un risque systèmique à partir de rien. On dispose de 1024€. On joue à pile ou face 1€. Si l’on perd, on double la mise (jusqu’à 512€ au 10ème coup). On a finalement 99,9% de chances de gagner 1€ et 0,1% de perdre 1024. Le gain moyen est 0, mais la plupart des fois, on gagne. Voilà un procédé génial pour gagner des sous à partir de rien ... la plupart du temps. Vive l’ingénierie financière.


        • mariner valley mariner valley 26 mars 2008 12:27

          @ Forest Ent

          C’est ce qu’on appele la Martingale ton truc........


          • mariner valley mariner valley 26 mars 2008 12:27

            Du moins je crois


          • Ackilon 26 mars 2008 12:31

            Une martingale permet de gagner a coup sur. Pour le tirage pile ou face, en moyenne on ne gagne rien et il n’existe d’ailleurs pas de martingale, faute de quoi les casinos n’existeraient plus !

            voir http://endirectdelacrise.blog.lemonde.fr/2008/02/05/la-martingale-de-jk/


            • geko 26 mars 2008 12:53

              Au contraire la martingale existe mais elle est du côté des casinos ! Tu peux y perdre tout le pognon que tu veux mais si tu gagnes trop tu te fais virer c’est légal  !


            • Forest Ent Forest Ent 26 mars 2008 13:02

              @ mariner valley et @ Ackilon

              Oui, c’est bien la martingale la plus sommaire que l’on puisse inventer. Cela consiste en pratique à créer un événement "rare" catastrophique, qui équilibre l’espérance de gain globale. En supposant que la mise soit un emprunt plafonné, cela peut être une stratégie financière. Une régulation qui ne prend pas en compte les événements rares dans les règles prudentielles tourne dans le vide. La difficulté que pose l’ingénierie financière, ce n’est pas d’inventer de nouvelles formes de paris, mais d’inventer les règles prudentielles à y associer.


              • Grasyop 26 mars 2008 14:05

                « Une solution, la plus hollywoodienne, est d’envoyer les services publics au secours des banques en perdition. »

                Quelle(s) alternative(s) ?



                • Forest Ent Forest Ent 27 mars 2008 00:51

                  @ parkway

                  Oui, quelqu’un qui se présente ainsi :

                  j’ai découvert les enjeux d’une nouvelle économie globale à la fin des années 90 dans la silicon valley. Capital-risqueur depuis 2000, je suis frappé par l’immense décalage existant entre une grande partie de l’opinion française et le monde dans lequel nous vivons. Je n’ai aucune confiance dans nos politiques ou nos médias pour réduire cette "fracture". La France va droit dans le mur. Comment le faire comprendre ?

                  devrait pouvoir nous expliquer comment les US vont éviter le mur. 


                • zelectron zelectron 26 mars 2008 15:08

                  .......et virer les principaux responsables sans indemnités ni parachutes dorés........ (ça s’appelle la décapitation-décimation) au moins 1à 2% des effectifs dirigeants veules, lâches, indignes....


                  • Yves Rosenbaum Yves Rosenbaum 26 mars 2008 16:38

                    Les solutions par rapport à la crise n’existent plus, puisqu’elle est déjà bien trop consommée pour que l’on puisse encore faire autre chose que limiter les dégâts. Pour autant, il est indispensable de purifier le système bancaire, pour éviter de nouveaux dérapages identiques dans le futur. C’est d’autant plus indispensable que l’"homo économicus" ne retient jamais les erreurs du passé et les reproduit systématiquement. Je vous renvoie à l’article que j’ai publié hier pour les mesures essentielles qui consisteraient la base d’une économie plus "morale". Cordialement

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=37853

                     

                     

                     


                    • Grasyop 26 mars 2008 19:14

                      Merci.


                    • impots-utiles.com 27 mars 2008 17:34

                      ce phénomène se répand de plus en plus...

                      est ce que l’on va devoir en venir au point ou nous devrons renflouer les banques privées en faillite par des fonds publics ??

                      le contribuable devra t il encore une fois mettre la main à la poche ?

                      http://www.impots-utiles.com/nos-impots-doiventils-sauver-les-banques-privees.php


                      • calypso calypso 28 mars 2008 22:02

                        " Ce faisant, les gouvernements donnent un signe fort aux banques : « vous pouvez faire n’importe quoi, de toutes façons, nous vous sauverons » "

                        Je ne pense pas que la FED cherche a sauver les banques. Ce qu’elle cherche ici c’est que des liquidités restent accessibles sur les marchés pour que des activités économiques puissent se poursuivre. De plus si les gens commencent a s’accrocher a leur argent par peur au lieu de consommer et faire tourner l’économie c’est la que les choses peuvent se gater, d’ou l’interêt de ne pas avoir de faillites trop retentissantes de banques ...

                        La FED fait exactement ce qu’elle aurait du faire après 1929. Elle n’a rien fait en 1929 avec les conséquences que l’on sait.

                        Peut-être que cet interventionnisme marchera ou peut-être qu’il ne marchera pas. Nul ne le sait encore.

                        Certains se réjouissent ici de voir le capitalisme mettre un genou a terre. Peut-être, mais qui peut se réjouir d’être à l’aube d’un nouveau chapitre des "Raisins de la colère" ? 


                        • Hussein971 1er avril 2008 06:15

                          moi qui bosse dans une zep pour un salaire de misère, et qui a les mêmes chaussures depuis au moins trois ans....

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès