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Accueil du site > Actualités > Technologies > « Game Over », changeons l’Internet !

« Game Over », changeons l’Internet !

La France et l’Europe ont perdu dans le monde dessiné par l’Internet actuel. La seule porte de sortie (industrielle, culturelle et politique) est la construction d’un réseau "symétrique" qui soit réellement un "espace public".

Une contribution aux "Assises du numérique" et à la Semaine de l’Internet mondial de Paris (22 au 28 juin 2008), par Olivier Auber et Olivier Zablocki (Ψ.observers).

Si pour nous, utilisateurs de base de l’Internet, la gouvernance du réseau ressemble à une collusion entre organismes techniques, commerciaux et politiques, c’est que contrairement à l’opinion couramment admise selon laquelle l’Internet serait un organisme acentré fonctionnant de manière répartie, il est au contraire parfaitement centralisé. Le réseau est organisé de manière hiérarchique au niveau de ses normes et de son infrastructure. Au sommet de la pyramide, il y a les treize grands registres d’adresses dites "racines DNS" qui ne forment en fait qu’une seule et même entité au coeur de laquelle se situe le fichier IANA des racines d’adressage qui verrouille la topologie du réseau.

Carte de la Gouvernance de l’Internet
Carte de la gouvernance de l’Internet
Carte de la gouvernance de l’Internet établie par l’AFNIC (Association française pour le nommage Internet en coopération)

L’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) assure l’intégrité de l’édifice au nom de l’intérêt général et des utilisateurs censés être au centre de tout. Dans les faits, ces utilisateurs ne sont jamais réellement partie prenante des discussions. Les grands groupes industriels et les Etats (autres que les Etats-Unis) font comme s’ils avaient voix au chapitre, mais c’est une illusion ! En simplifiant à peine, à l’échelle mondiale, c’est le Département de la Défense américain et celui du Commerce qui ont le doigt sur le bouton ON/OFF du réseau, via des instances qu’ils contrôlent plus ou moins directement et divers avatars commerciaux, tel Google qui n’en finit pas de rafler toutes les données mondiales en même temps qu’une part toujours plus grande des cerveaux, des capitaux et des recettes publicitaires.

S’il en est ainsi, ce n’est pas le fait d’un quelconque complot. C’est la conséquence de l’architecture historique de l’Internet qui dès sa création a dessiné un monde où l’Europe et le reste du monde avaient déjà perdu. Les organes centraux américains ont toujours pris logiquement les décisions qu’il fallait pour renforcer leur position dominante et toutes les structures intermédiaires n’ont jamais rien fait d’autre que de se disputer les miettes (marchés locaux).

Trente ans après sa création, le "réseau des réseaux" a produit des concentrations capitalistiques sans précédent, cristallisées dans des infrastructures (backbones et serveurs DNS), des normes (protocoles d’échange, etc.), des codes (logiciels) et pour finir dans une langue dominante (l’anglais). La situation de monopole est le rêve du capitalisme, jusqu’à un certain point. Aujourd’hui, le grand méchant loup commence à s’apercevoir qu’il a dévoré tous les agneaux. Surtout les petits prédateurs locaux voient qu’ils n’auront bientôt plus rien à se mettre sous la dent. Si rien ne change, le capitalisme se sera tiré une balle dans le pied : GAME OVER.

Dans ce contexte de domination absolue, quelles chances a encore une quelconque pluralité linguistique et culturelle de s’imposer ? A notre avis aucune, si on se contente de jouer suivant les règles du jeu actuelles. Les organismes internationaux qui portent ce type de revendications (UNESCO, SMSI, ISOC, etc.) sont intrinsèquement divisés, en proie à des conflits de légitimité sans fin. Ils ont recours en dernier ressort aux Etats dont les modalités démocratiques sont disparates, sujettes à caution, et archaïques en regard des usages de l’Internet.

Après le 11 septembre 2001, les Etats sont devenus les principaux artisans du "tout sécuritaire" qui entraîne lui-même la défiance et le terrorisme que leur sécurité prétend combattre... La maigre souveraineté qu’ils tentent d’obtenir sur des zones linguistiques, géographiques et culturelles du réseau n’apparaît pas aux simples utilisateurs que nous sommes comme une planche de salut. Bien au contraire, nous la vivons comme un niveau de verrouillage supplémentaire reproduisant à une échelle plus réduite celui qui est à l’oeuvre à l’échelle mondiale. Le cas de la Chine est l’emblème de cette dérive, mais les pays européens ne sont pas en reste (pénalisation du P2P, généralisation de la surveillance du réseau via les serveurs DNS locaux, etc.). Ils n’apparaissent en rien comme des barrières au contrôle et à l’uniformisation des esprits. Pire, ils agissent en défenseurs des lobbies et en représentants de commerce de "l’Internet haut débit". Mais nous ne voulons pas de cet Internet-là, qui livre les citoyens pieds et poings liés aux multinationales ! Bref, sur le plan linguistique et culturel aussi, nous sommes au bord de la déréliction complète. GAME OVER.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de faire ici le procès des personnes impliquées dans les organismes cités plus haut, ni même de mettre en doute leur engagement et leur sincérité. Nous constatons simplement qu’ils fabriquent collectivement et à grands frais un monde dans lequel chacun d’entre eux, à titre individuel, ne désirerait même pas vivre. Tous sont finalement des victimes d’un phénomène systémique, à la racine duquel se trouve selon nous l’architecture actuelle de l’Internet héritée d’une conception ancienne et dépassée de la cybernétique [1].

Alors où est la sortie ? Eh bien peut-être dans l’exploration d’une nouvelle architecture du réseau.

Il est dit partout que la version actuelle du protocole sur lequel fonctionne l’Internet depuis 25 ans arrivera à saturation vers 2011 et qu’en conséquence le passage à sa version 6 (IPv6) devra avoir lieu avant, c’est-à-dire tout de suite [2]. Beaucoup n’ y voient qu’un saut quantitatif, à savoir que les nouvelles adresses disponibles à profusion (2 puissance 128, soit environ 2,56 × 10 puissance 38) pourront être utilisées pour identifier, relier et contrôler n’importe quoi (qui), ce qui peut être la source de nouveaux profits ; jusque-là, rien de nouveau. Mais il y a dans IPv6 l’amorce d’un changement qualitatif qui, selon nous, a une importance décisive : c’est la notion d’adressage de groupe connue sous le nom de "IP Multicast" définie par Steve Deering [3] dès 1985.

Dans l’Internet tel que nous le connaissons, il est impossible de réunir un « groupe » - ce terme désignant une assemblée en conversation synchrone ou asynchrone comprenant plus de deux personnes, ce qui peut vouloir dire des millions - sans avoir recourt à une machine particulière effectuant la commutation entre les individus. Cette machine dépend le plus souvent d’un tiers extérieur au groupe (Facebook par exemple), c’est-à-dire que l’on est toujours "chez quelqu’un" lorsque l’on croit être dans une simple conversation avec autrui dans l’espace public. Il faut donc le dire et le répéter : à ce jour, il n’existe pas de véritable espace public sur l’Internet !

Dans le contexte de verrouillage commercial et sécuritaire du réseau auquel nous assistons, cela équivaut à une "interdiction de réunion sur la voie publique" puisque cette voie publique n’existe pas, et de plus en plus à une surveillance automatique des réunions privées.

Les "adresses de groupe" prévues dans la prochaine version de l’Internet font potentiellement sauter ce verrou. Elles ne sont pas attachées à une machine particulière. A ce jour, elles ne sont pas la propriété de qui que ce soit [4], et peuvent être choisies et utilisées par n’importe qui. Tel que défini par Steve Deering, le protocole Multicast est symétrique, c’est-à-dire qu’il est théoriquement possible pour tous de recevoir ET d’émettre un flux de quelque nature que ce soit sous couvert d’un numéro de groupe. Bien entendu, il faut pour cela des logiciels particuliers [5] capables de formater et d’interpréter ces données. Dès lors, il est possible avec le Multicast de faire de manière économique et sans dépendre de tiers, beaucoup de choses que l’ont fait déjà avec l’Internet actuel (dit Unicast), mais il est surtout envisageable de concevoir une toute nouvelle classe d’applications collaboratives distribuées qui pourraient rendre désuètes très rapidement celles du Web 2.0.

Il y a donc en germe dans IPv6 une toute nouvelle culture du réseau, voire un changement de paradigme qui pourrait remettre le compteur à zéro, à tout le moins rebattre les cartes entre les Etats-Unis et le reste du monde. Ipv6 peut contribuer à créer enfin un véritable espace public sur l’Internet, à condition que cette idée soit défendue.

Map of the Internet Adddress Space
Map of the Internet Adddress Space
Map of the Internet Adddress Space, LANDER Project (Los Angeles Network Data Exchange and Repository)

Ce changement, nous l’analysons comme le passage d’un réseau fonctionnant suivant une forme de "perspective temporelle" admettant comme points de fuite les serveurs assurant la commutation des groupes, à un autre où s’exercerait une "perspective numérique" [6] régulée par des "codes de fuite" que sont les adresses IP de groupe. Cette transformation extrêmement profonde pourraient conduire l’actuelle "économie de l’attention" à muter en une "économie du lien" impliquant de tout autres rapports sociaux. Elle induit au passage un renouveau complet des formes de légitimité des structures présidant aux destinées du réseau. Dans un esprit plus proche de la "seconde cybernétique" [7], ces organismes de régulation devront s’inclure eux-mêmes dans le système auquel elles président, et donc devenir acentrées, comme lui.

Evidemment, il y a nombre de barrières et d’écueils pour en arriver là. Si à première vue, les intérêts des lobbies semblent aller à l’encontre de la mise en place d’un Internet symétrique jusqu’à l’utilisateur même (ce qui conduit théoriquement à l’équivalence complète entre le "tuyau" d"une grande chaîne de télévision et de celui de monsieur Tout-le-monde), nous sommes persuadés qu’après réflexion, les pouvoirs en question sont à même de comprendre que ce lâcher-prise est un gage de survie pour eux-mêmes et pour l’économie mondiale. Mais pour qu’ils le comprennent, et que les opérateurs de télécommunication laissent effectivement passer les paquets Multicast, il va sans doute falloir le dire et le répéter plusieurs fois.

Les Etats-Unis ne bougeront pas tant qu’ils tirent plus de profits du statu quo que du changement. La Chine est en avance dans le passage à l’IPv6, mais c’est uniquement pour disposer des adresses qui lui manquaient et pour affermir son contrôle. C’est sans doute dans les Etats européens, et singulièrement en France qui est dans une situation d’échec politique, économique et industriel absolu dans le monde de l’Internet actuel, que peuvent apparaître la nécessité et la possibilité d’un véritable changement.

Nous avons la conviction que ce changement ne pourra être obtenu par la seule force des acteurs qui se battent à l’intérieur des institutions de l’Internet version Ancien Régime ou en confrontation directe avec celles-ci, quand bien même ils bénéficieraient d’une légitimité politique déléguée par les pouvoirs locaux. La résistance institutionnelle ne peut être fertile qu’à la condition qu’elle puisse s’adosser à la mise en œuvre massive par les utilisateurs eux-mêmes et dans une logique factuellement "bottom-up" de toutes les solutions exploitables aujourd’hui et allant dans la direction que nous avons rappelée, à savoir celle d’un Internet "symétrique", centré sur l’utilisateur, et réalisant un véritable espace public. Elles sont plus nombreuses que l’on pourrait le croire : d’une part, parce que l’ensemble de l’ancien système de gouvernance de l’Internet se fissure naturellement sous le poids du nombre croissant d’utilisateurs du réseau et, d’autre part, parce que, outre ces fissures, une foule de niches locales peuvent dès maintenant être occupées autrement.

Nous en concluons à la nécessité de mettre en place sans plus attendre un dispositif massif permettant tout à la fois l’observation et le repérage des niches accessibles et la défense politique et juridique de tous ceux qui décideraient de les investir. Une organisation radicalement nouvelle, a été baptisée "Ψ.observer" à partir de la lettre grecque "psi" qui représente tout simplement l’acronyme de Personal Sustainable Internet (PSI), Internet Personnel et Durable. Son objet a été posé de telle manière qu’il puisse permettre à toute personne de revendiquer librement, sans autorisation ni déclaration préalable, une position d’observateur actif et de bénéficier du soutien de la communauté qui agira elle-même en tirant le maximum de profit de la puissance des organisations de pair à pair / peer to peer (P2P) qui s’imposent aujourd’hui comme le modèle d’avenir, démontré à travers de multiples exemples largement documentés notamment par la P2P Foundation.

Le premier acte de cette organisation nouvelle est le présent manifeste GAME OVER qui sera discuté le 28 juin 2008 lors d’une table ronde virtuelle (visioconférence) entre la Vallée de l’Ortolo en Corse du Sud et l’OpenCamp qui se tiendra au sommet de l’Arche de Défense pour clôturer la Semaine de l’Internet mondial de Paris. Une version multilingue de ce manifeste sera solennellement remise aux participants à la 61e Conférence annuelle des ONG organisée par l’UNESCO en septembre 2008 réunis sur le thème de la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (décembre 1948 - décembre 2008).

Notes : [1] Cette conception est celle de la "Première cybernétique" construite à partir de 1942 par Arturo Rosenblueth, John von Neumann et Norbert Wiener, et beaucoup d’autres, s’attachant aux interactions entre "systèmes gouvernants" (ou systèmes de contrôle) et "systèmes gouvernés" (ou systèmes opérationnels), régis par des processus de rétroaction ou feed-back...

[2] En France, Nerim, Free, et OVH proposent depuis peu à leurs abonnés de passer à IPv6, mais il n’est pas certain à l’heure qu’il est que la possibilité du Multicast symétrique évoquée dans cet article soit effectivement possible et que les paquets Multicast soient routés effectivement au-delà du backbone de ces opérateurs. Pour ceux qui connaissent : dans le cas de Free, c’est la transition IPv4&6 de Remi Dépres qui est implémentée. A voir quelles en sont les limites ?

[3] RFC 966 - Host groups : A multicast extension to the Internet Protocol S. E. Deering, D. R. Cheriton, Stanford University, December 1985.

[4] Voir la carte de l’espace des adresses. Le Multicast encore quasi inexploré dans IPv4 constitue le "continent bleu" d’IPv6 : http://www.isi.edu/ant/address/

[5] Il se trouve que ces logiciels existent, au moins au stade de prototypes, et que beaucoup d’entre eux ont été développés à la fin des années 90 à l’INRIA et à l’ENST Paris. En 94, Olivier Auber eu la chance de pouvoir impulser le développement de l’un des tout premiers logiciels Multicast ("gp" en bas de la liste ENST).

[6] Ces attendus théoriques sur le changement de paradigme dont est gros le passage à l’IPv6 figurent dans une étude publiée fin 2007 par l’Observatoire des Territoires Numériques (OTEN) à laquelle l’un d’entre nous a contribué : http://perspective-numerique.net

[7] Seconde cybernétique développée à partir de 1953 par Heinz von Foerster, puis par Ilya Prigogine, Humberto Maturana, Francisco Varela, etc.

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« Game Over », changeons l'Internet !

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8 réactions à cet article    


  • Olga Olga 12 juin 2008 13:16

    @olivier

    J’ai plutôt l’impression que cette nouvelle "économie du lien" ne fera que séparer encore plus les communautés liant les utilisateurs. Et quand bien même cet internet personnel et durable voyait le jour, il pèsera peu, face aux google, aux facebook, aux Yahoo/Microsoft (bientôt ikea ?), qui ne cessent de développer leur propre "espace public" (qui est privé bien sûr).
    Et l’utilisateur sera toujours "chez quelqu’un" : un FAI, un hébergeur, un moteur de recherche qui le rendra visible,...
    A moins de tout gérer "chez soi" (en étant toujours tributaire au minimum d’un FAI et des propriétaires de backbones) : hébergement, DNS, streaming, référencement...
    On verra peut-être se multiplier les réseaux communautaires d’utilisateurs, sur des réseaux P2P "indépendants". Et chacun sera chez soi dans sa propre communauté, sur son propre réseaux. Et après ? On se fait une "guerre virtuelle" entre "nations virtuelles", entre "religions virtuelles", entre "possesseurs de ressources virtuelles" ?
    Ca ressemble beaucoup à un monde qui lui n’est pas virtuel...


    • Olga Olga 12 juin 2008 17:33

      @shawford

      Oui, j’ai décidé de porter des jugements sombres aujourd’hui.

      Non, je ne condamne pas la volonté émancipatrice des utilisateurs de la toile. C’est même une très bonne chose. Par contre j’ai peur que tout soit déjà verrouillé ou en cours de l’être par les multinationales et les états.

      Oui, il vaut mieux des conflits de mots que des conflits armés. Mais, tout commence par des mots ( tu ne tueras point, tu aimeras ton prochain...) et tout finit par les armes (tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens). Décidément je suis très sombre aujourd’hui.


    • Olga Olga 12 juin 2008 19:58

       

      @Shawford

      Je reste sans voix quand tu évoques cette voie que je pourrais tracer.

      C’est si compliqué d’avancer dans la pénombre.
      Et pourtant j’ai tellement à donner...
      Je dois sans cesse freiner, pour ne pas tout gâcher.
      J’arrive à ponctuer la noirceur avec un peu d’humour.
      J’évite les pugilats, je survis au jour le jour.
      C’est très enrichissant intellectuellement
      Ça me détruit émotionnellement.
      Finalement je n’ai pas grand chose à y gagner.
      Si ce n’est des rencontres inattendues
      Quelques conversations improvisées
      Des sentiments partagés.
      J’en oublie de manger, de vivre.
      Ce sont seulement des mots
      que j’offre à qui les veut.
      Mais tout redevient sombre
      Quand on s’accroche aux ombres.


    • Olga Olga 12 juin 2008 21:42

       

      It would be wrong to ask you why
      Because I know what goes inside
      Is only half of what comes out
      Isn’t that what it’s about ?
      To remind us we’re alive
      To remind us we’re not blind
      In that big, black hole
      Comfortable

      just another lost angel...
      City of Night


    • Nina Hagen Nina Hagen 28 août 2008 15:41

      Oui, des mots, Olga... de simples mots... Parfois si forts et si beaux... Méfions nous du pouvoir des mots, de l’illusion qu’il nous donne, d’être, pour quelques instants, et quelques instants seulement, projetés dans la lumière...

      Alors que nous sommes des êtres humains, avides de contacts, de sons, de parfums.....

      Serais-je moi aussi d’humeur morne, aujourd’hui ????
      Je le crains. smiley


    • Marsupilami Marsupilami 12 juin 2008 13:59

       @ Olga

      Je dis pas mieux.

      @ L’auteur

      Merci pour ces infos intéressantes mais je crains que tu n’idéalises un peu trop ce genre de truc...

       


      • PeterPAN 12 juin 2008 23:04

        Sans participer à cette discussion (ni donc la cautionner) je voudrais donner quelques informations concernant IPv6, dont le déploiement est recommandé par la commission Européenne (voir l’annonce de fin mai 2008, et autres documents disponibles sur http://www.g6.asso.fr/tff/index.php/Documents). Il est tout à fait vrai qu’IPv6 apporte un saut qualitatif à Internet. En revanche, je ne souscris pas à la prétendue avancée de la Chine (un vrai buzz pour le moment qui trouve racine dans la peur que nous avons du progrès technologique réalisé par ce grand pays), au contraite de la réelle avancée du Japon (en particulier ses réalisations commerciales, c’est-à-dire sans le concours d’un effort public national) et le rattrapage du retard par les Etats-Unis. La France aurait pu prendre une avance technologique si notre pays pouvait bénéficier de l’appui de nos instances gouvernemantales car nous bénéficions d’un réel savoir faire académique (voir les réalisations répertoriées par le G6 http://www.g6.asso.fr, notamment le premier développement de code mondial IPv6 par l’INRIA, et la première mise en production mondiale au sein du réseau public RENATER). Mais non, faute de réalisme politique, nous nous contenterons au mieux de prendre le train en marche et de peut-être mener le train européen, au lieu d’être un express mondial. Je dis bien au mieux, à condition de se réveiller un peu. Peut-être que les recommandations européennes tomberont à point nommé avec la présidence francaise pour enfin prendre un position officielle sur la question ?

         


        • Olivier Auber Olivier Auber 13 juin 2008 14:13

          Je vous remercie infiniment pour vos commentaires, qui montrent à mon sens qu’il existe une vraie conscience des enjeux sous-jacents aux questions évoquées.

          @ Olga, Schawford & Marsupilami : je n’idéalise pas du tout l’"économie du lien" qui pourrait émerger du passage à un internet réellement acentré et symétrique. Je n’idéalise pas non plus le poids de la technique, ni dans une sens, ni dans un autre. Le caractère "public" d’un tel réseau doit être questionné, et il ne faut surtout pas laisser aux seuls technniciens, aux commerciaux et encore moins aux politiques le soin de faire les questions et les réponses (en tous cas quand ces gens restent dans des attitudes formatées par le poids de leur institution). Je pense que cette économie aura un caractère humain, équitable, durable, et tout simplement vivable, qu’au prix de l’implication du plus grand nombre pour trouver les meilleurs voies. C’est tout le sens de l’initiative "Ψ.observer" qui remet entre les mains de tous cette responsabilité.

          Dans l’ "économie de l’attention" telle qu’elle se trame aujourd’hui, le pire est certain (à en croire de nombreux commentateurs, universitaires ou autres, qui d’ailleurs sont théoriquement placés dans des positions où ils pourraient faire bouger les choses..). Dans l’ "économie du lien" qui pourrait se développer, rien n’est assuré. Beaucoup se contentent du pire (ou en tous des visions effrayantes qu’on leur propose, qui selon moi participent du contrôle social) car ils en ont moins peur que de l’incertitude. C’est pourquoi il n’est d’autre solution pour avancer que de s’appuyer sur ceux qui on le courage de questionner, d’explorer et d’expérimenter...

          Cela peut prendre des voies très simples, accessibles aux non techniciens, par exemple questionner les mots dont l’industrie culturelle nous rebat les oreilles. Tenez au hasard, le mot "réseaux sociaux" est employé sans arrêt pour désigner Facebook et consort (AgoraVox aussi ). Ce terme est tout à fait impropre. L’employer c’est confondre la "carte" et le "territoire" : Face book est un "site" et non pas un "réseaux", et ce site réalise une carte (le "graphe social") à partir du "réseau social" proprement dit qui lui existe en dehors du "site". Bien entendu, le fait qu’il existe une "carte" modifie le "territoire" (on a plus d’ "amis" sur Facebook que l’on en aurait sans Facebook), mais cela ne veut pas dire que l’un et l’autre soient confondus, d’autant qu’il existe d’autres manières de faire des cartes sans passer par quelque site que ce soit... Faites le même exercice sur le mot "communauté" smiley

          @ Peter PAN : oui sans doute l’avance de la Chine est souvent exagérée pour les raisons que vous indiquez. Oui, l’expertise française dans les réseaux est très importante comme je le signale dans la note [5] et notre pays a eu un moment un train d’avance auquel j’ai modestement participé dans le cadre de l’ENST... J’espère que des prises de consciences de la part des institutions vont permettre rapidement, à defaut de prendre la tête du mouvement, au moins d’en être des acteurs majeurs, notamment en aidant les partenaires de G6 Asso. Cependant, j’émets des doutes sur la manière dont les acteurs français prennent traditionnellement les problèmes. D’un côté, on ne parle que de "compétitivité" ou de de pure technique sans même effleurer les questions culturelles, éthiques et politiques fondamentales (sauf à nommer des commissions ad hoc bien circonscrites qui font les questions et les réponses), de l’autre, on nous prévoit les pires choses si les délires transhumanistes prenanient le dessus, etc.

          Rien au milieu ! Rien qui tente de mettre ces questions entre les mains de tous. Rien qui permette d’expérimenter en dehors de la coupe des acteurs industriels et institutionnels et de leur discours normatif qui considère les gens le plus souvent comme des "consommateurs". Rien qui questionne le modèle dominant de l’Internet à la mode américaine, qui ne peut faire qu’un seul vainqueur et beaucoup de vaincus.

          A suivre, s’il ya d’autres commentaires...

           

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