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Accueil du site > Actualités > Société > Le psychisme et la crise

Le psychisme et la crise

L’économie gouverne tout, nous dit-on. Le nerf de la guerre d’autrefois est devenu la cause et la conséquence, l’unique terrain sur lequel se battent experts et dirigeants. Or l’économie est, comme les autres aspects de nos sociétés, chose humaine, donc difficilement réductible à des lois intangibles, sinon à celles qui intégreraient des variables affectives difficilement mesurables.

Le moral des Français est au plus bas, nous annonce-t-on après avoir donné les chiffres du sondage sans lequel aucune affirmation n’a plus de légitimité. Quant à moi, de ma fenêtre, je n’avais pas besoin de lire l’information dans la presse pour m’en douter, de la désespérance générale. Ces Français qui ne partent pas en vacances, ils m’entourent. Ceux qui sont déprimés pour des raisons professionnelles, je les rencontre. Ceux qui ne sortent plus de chez eux pour cause d’augmentation du prix du carburant, ils zonent dans ma ville, ou sur les aires de baignades nouvellement créées pour leur donner l’impression qu’ils sont quand même en vacances.

Il est vrai que je ne connais pas beaucoup de ces heureuses personnes qui ont vu leurs revenus doubler ou tripler en quelques années. Ceux-là vont bien, je pense. Mais ils ne sont pas très nombreux, apparemment.

Comment remonter le moral des ménages pour qu’ils consomment à nouveau ? La bonne question que voilà !

Une chose est fondamentale, chez l’être humain, c’est sa formidable capacité d’apprentissage. On peut miser sur sa bêtise. On peut analyser les fonctionnements des groupes, s’en servir pour manipuler les foules, et les amener à consommer ou à voter comme on le souhaite.

On peut le faire, et, en plus, ça peut marcher. Un temps.

On peut, par exemple, mettre le salarié en situation d’instabilité professionnelle, dans un climat de compétition avec ses collègues, et le spectre du chômage à la clé. De façon prévisible et vérifiée, il va se donner à fond pour ne pas faire partie de la mauvaise charrette. Il va taire, et même ne pas voir, l’injustice du manager, il va avaler force couleuvres avec le sourire. Certes, il aura un peu mal au dos le soir, mais avec une bonne rééducation remboursée (pour un temps) par la Sécurité sociale, ça ira mieux. Oui, mais la variable que j’appellerais A , la variable « Apprentissage », dans quel sens va-t-elle jouer, après des années vécues sur ce mode ? La variable A, en fait, elle va faire dire au salarié intelligent que ses efforts ne servent rigoureusement à rien. Que, quoi qu’il fasse, en approchant de l’âge canonique de cinquante ans, il sera vidé parce que trop cher pour l’entreprise. Que son couple part à la dérive, qu’il ne voit plus ses enfants, que son travail n’a plus aucun sens pour cause de redéfinition permanente des objectifs et des moyens pour les obtenir, sans jamais de pérennisation des solutions efficaces. Alors, le salarié intelligent se démotive. Les autres aussi, d’ailleurs ; à part que pour eux, le cheminement est moins élaboré, mais tout aussi déterminé dans sa conclusion, et délétère pour la compétitivité de leur boîte.

L’économie, notre Sainte Économie Moderne, joue sur le court terme. C’est son erreur. La manipulation des individus n’est jamais valable à long terme. Du moins, dans une démocratie. Certes nous avons derrière nous des siècles d’exploitation des petites gens, mais là, toute la société concourait à ce résultat : la monarchie absolue, la religion, la culture, les transmissions familiales. On était stable dans sa classe sociale, et cela avait un aspect rassurant, même si aliénant.

Mais depuis le siècle des Lumières, la liberté nous est tombée dessus. Cette question est désormais incontournable. On peut la perdre, la liberté, mais on ne peut plus revenir aux temps où elle n’avait jamais existé. Nous possédons désormais une culture de la liberté qui fait que, quelle que soit la façon dont l’avenir tentera de l’écraser, ce qui se voit tous les jours d’ailleurs (Fichier Edvige, vote d’une loi aux USA permettant les écoutes téléphoniques), il y aura toujours quelqu’un qui sortira de son silence pour rappeler que c’est le bien le plus inaliénable de l’homme.

Ne pouvant donc user des armes de l’absolutisme, les pouvoirs économiques, et néanmoins politiques, qui nous dirigent, jouent sur la manipulation. Pour obtenir partout le plus d’énergie mise au travail, avec le moins de dépenses possible. Et contraindre les citoyens à consommer toujours plus, avec de l’argent qu’ils n’ont pas. A cet égard, la stratégie des fonds de pension est assez parlante : chercher une rentabilité maximale à très court terme, se servant de l’acquis de l’entreprise, mais détruisant définitivement sa réelle compétence et son efficacité, est l’exemple ultime de ce qui se fait partout dans notre beau pays. S’appuyer sur l’existant pour en tirer son suc, et le modifier en le rendant inefficace mais rentable à court terme, me semble un sport national.

Mais il y a cette variable A.

Comment disait-on, autrefois, avant les grands groupes de distribution de l’eau ? Tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin, elle se casse ?

A force de cracher au bassinet, l’homme va, un jour, réfléchir. Est-il vraiment nécessaire d’avoir une voiture puissante, si c’est pour s’en servir si peu, et un jour ne plus s’en servir du tout pour cause de disparition du pétrole ?

Est-il souhaitable d’acheter une maison et de s’endêter pour trente ans, alors que la protection de l’emploi devient de plus en plus aléatoire et que l’on risque de se retrouver du jour au lendemain sans revenus ni, bientôt, chômage ?

Cela vaut-il le coup de se défoncer au travail au risque de tomber malade, sans contre-partie pour les efforts accomplis ?

Est-ce que, réellement, on prend plus de plaisir en regardant un film sur un écran plat plutôt que sur un téléviseur classique ? Et n’est-ce pas, finalement, plus agréable de passer une soirée entre amis, ou, même, à jouer aux cartes ?

La variable A, c’est celle qui nous permet de faire des bilans. C’est celle qui nous permet d’avoir accès à une autre chose fort précieuse : notre libre-arbitre.

A force de faire comme s’il n’existait pas, nos sociétés sont sur la pente descendante.

Une entreprise, c’est sa main-d’oeuvre, un pays, ce sont ses citoyens. Une économie, ce sont les consommateurs.

Le fait que nous soyons si nombreux, dans ces catégories, fait que les dirigeants nous voient comme des pions à manipuler. Ils ont raison, si l’on pense en terme de marché sur quatre ans. Et encore...

Mais la variable homme est, dans le fond, incontrôlable. Un groupe qui souffre devient carrément dangereux. Les tyrans sont pratiquement toujours renversés.

Car une chose est certaine : si l’homme peut trouver rassurant d’être soumis à une autorité, il est porteur d’un instinct de survie qui lui fait, in fine, refuser la souffrance.


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51 réactions à cet article    


  • mariner valley mariner valley 6 août 2008 13:16

    Des ecrans pour tous avec TF1 evidamment, pfffffff. La nature tu peux la regarder a travers france 5 ou arte.


    • vincent p 6 août 2008 14:00

      Si seulement la liberté, pouvait toujours éclairer automatiquement les hommes, quand bien même un très grand nombre serait dans l’erreur des vaines valeurs en cours, nous aurions alors sans aucun doute plus besoin du soleil ou de la pluie pour nous repentir, mais quelle grande illusion que la vanité moderne, pour nous attachez et nous aliéner davantage à faire valoir l’existant, et le plus bête encore sur les ondes.


      • cathy30 cathy30 6 août 2008 14:12

        merci liliane pour vos articles sur la société je suis une fan.
        j’ai 50 ans et je suis vidée, je n’ai plus rien à donner dans mon boulot. et pourtant je me suis toujours considéré comme battante.

        j’entends aussi des jeunes de 30 ans dire vivement la retraite ! mais ça parle vacances, téléphone, écran plat, achat de la piscine. mais derrière tout cela beaucoup de découragement.

        Aujourd’hui c’est mon instinct de survie qui se déclenche avec les moyens du bord.

        Nous sommes sur le fil du rasoir un peu plus chaque jour, les traites de la maison à payer, les impots etc (ça c’est pour les mieux lotis)

        C’est certain le fil va casser à un moment ou l’autre, mais nos gouvernants se plaisent bien dans le cours terme comme vous le dîtes. Ils sont complètements déconnectés et pervertis par l’argent. ils se sentent très protégés derrière leurs murs , pourquoi s’inquiéter. Une histoire vieille comme le monde.

        le découragement un peu plus chaque jour


        • Forest Ent Forest Ent 6 août 2008 14:32

          Pour ce que j’ai vu des grandes entreprises privées depuis 15 ans, ce qui m’a frappé est la désertion des cadres. Il y a 20 ans, ils se sentaient faire partie de l’ascenseur social, être du côté du manche. C’est bien fini. Les financiers ont pris le pouvoir. Les cadres-maison savent qu’ils sont maintenant du mauvais côté. Leur adhésion a volé en éclats. L’ambiance humaine dans les grandes entreprises est un champ de ruines. Il y a 30 ans, les DRH disaient que l’entreprise était un capital humain. Aujourd’hui, ça ferait hurler de rire.

          Pour les PME, c’est différent : les relarions humaines sont entièrement individualisées ; il n’y a pas de norme.


          • Hakim I. 6 août 2008 15:20

            8 ans que je travaille en PME (5 en tout) et je peux vous dire que ce sentiment s’y est propagé.


          • Alpo47 Alpo47 6 août 2008 15:09

            Encore une pertinente analyse à l’actif de l’auteur.
            Il est heureux que certains de ceux qui ont vos compétences, s’en servent pour décrypter ces processus et informer le grand public.  Parce qu’il faut bien dire que ces "manipulations" sont le fait d’autres spécialistes en comportement humain, qui, eux, servent "le système" en place.

            A vrai dire, je suis vraiment inquiet pour l’avenir. On l’a dit, nos dirigeants jouent sur la peur, ici du chomage, de l’exclusion, mais se servent également du matraquage des informations en tout genre pour occuper nos esprits. (Quel bonheur lorsqu’on peut couper télé et radio, pour se mettre à penser seul). Car, c’est précisement ce qu’ils veulent éviter : Inutile, nous pensons pour vous.
            Tout cela est vraiment très au point, nos réactions sont prévisibles, anticipées (cybernétique) ...

            Ne peut on dire qu’aujourd’hui, gouverner, c’est manipuler ?  Comment en sortir, trop de nos concitoyens sont dépendants des médias ?

            Regardons l’évolution des 10 dernières années et demandons nous vers quelle société nous allons ?
            En voilà un sujet de reflexion ...


            • Alain-Goethe 6 août 2008 15:38

              Bon article !

              - dans la revue " Psychologies", le Dr Servan-Schreiber avait dit :
              " Une certitude qui existe c’est le changement ".

              - donc chacun d’entre nous doit apprendre à se connaitre, à développer son libre arbitre

              "Qui suis je ; où vais je ; dans quelle étagère !! "

              - comme le monde change, il faut s’informer le mieux possible. Il faut aussi réfléchir [réfléchir est + facile et + fructueux si on prend des notes].
              - se fixer des lignes d’action. ( Eviter de "se laisser ballotter ou manipuler"
              afin de pouvoir s’y référer lorque le "brouhaha de communication environnant " tend à nous destabiliser

              - un bon stress ( qu’on arrive à maîtriser) nous pousse à agir. Bien sûr, il ne faut pas qu’il dépasse nos limites , car il a alors des effets insidieux.
              Il y avait un bon film : " Mon oncle d’Amérique, je crois , avec 3 personnages principaux. le 1er réussissant à la fois vie privée et vie professionnelle ; le 2ème seulement l’un des 2 ; et le 3ème ( rôle joué par Depardieu) échouant dans les 2, si je crois me souvenir


              • Alpo47 Alpo47 6 août 2008 15:48

                Ok, simplement, pour ne pas se laisser manipuler, il faut  connaitre les dites techniques de manipulation, être conscient(e) de ce qui se passe, et là seuls les spécialistes sont à même de décrypter le processus en cours et pouvoir faire preuve de libre arbitre. "Monsieur tout le monde" en est très loin.
                La communication d’aujourd’hui est très loin de la "réclame" d’il y a 50 ans. Elle fait appel à nos affects, à nos pulsions les plus primitives, nos interdits, nos automatismes, fabrique des "rideaux de fumée", utilise nos contradictions ...
                Tout cela est connu, identifié par les "psy" , ne reste plus qu’à tirer la bonne ficelle.


              • Dora 6 août 2008 17:39

                "Mon Oncle d’Amérique" est un film qui m’a marquée à l’époque de sa sortie.
                Mais je me souviens plutôt des thèses de Laborit (et c’est peut-être une excellente chose que de les revoir aujourd’hui)
                Ce dont je me souviens, ce sont les rats dans la cage, soumis à un stress, et à l’impact de la réaction à ce stress sur leur santé.
                S’ils pouvaient agir, combattre, alors le stress avait un impact faible sur eux. S’ils pouvaient fuir, ils s’en sortaient sans dommage. Mais s’il ne pouvaient ni fuir, ni combatttre, ils s’étiolaient et dépérissaient.
                Ces séquences illustraient les réactions des personnages, l’un prenant la fuite, un autre se battant contre l’adversité, alors que le troisième qui prenait tout sur lui s’autodétruit.

                Je confonds peut-être avec le "Fight, Flee or Freeze" des chats, que j’ai retrouvé mentionné dans l’"Elégance du Hérisson".

                Très belle analyse de Liliane


              • LilianeBourdin 6 août 2008 18:13

                @dora
                Oui, comme je le dis plus bas, ce qui se passe, c’est que les salariés sont mis dans une situation d’impasse. On leur demande de faire mieux, alors qu’ils font déjà au mieux. Ils ne peuvent se battre parce qu’il n’y a plus de syndicats qui soutiennent vraiment leurs luttes, surtout sur des attaques subtiles comme ça. Et ils ne peuvent fuir, parce que le chômage est à leur porte. Donc, ils souffrent, psychiquement ou physiquement.
                Mais il y a de la désinformation dans cette histoire. Le pouvoir est bel et bien aux mains des "animateurs d’équipe" (manipulés aussi, d’ailleurs). Mais il y a beaucoup plus de marges de maneuvre qu’on ne croit, si les salariés se parlent. Là ils deviennent actifs, et sortent de la dépression.


              • GRL GRL 6 août 2008 16:07

                Affirmatif , j’ai moi même vu les choses changer en ce sens à l’interieur de l’entreprise dans laquelle je travaille depuis dix ans. Il y a de fait dans le travail , le métier et le travail. Des travailleurs sans le métiers sont plus agités que productifs , des professionnels sans le travail sont une lente machine sans dynamisme.

                n’y a t il pas un équilibre souhaité à cette balance ? Car effectivement , depuis la dénonciation des 35 h par la plupart de nos politiques , il apparaitrait que l’on souffre de peu de competitivité et de manque de dynamisme. Ainsi , les tendances se modifient et l’on voit des cadres compétants quitter l’endroit où ils ont bâti des équipesde métier , pour voir arriver à leur place , des .... managers.

                Ceux cis ont les dents longues , ne sont là que pour quelques années , et promettent résultat à des patrons qui les embauchent pour remuer un peu tout çà , pour dynamiser le travail . Et que voit on ? Des gens qui n’ont pas d’autres métiers que la finance et le coaching , et qui viennent boulverser les structures qui marchent , les équipes , remettent tout en question , et appliquent des méthodes menaçantes envers le personnel. La mise en concurrence des salariés entre eux est vécue telle que vous le dites. Embaucher quelques jeunes et malléables au milieu d’équipes d’anciens , refondues , et commencer par fouetter un peu la jeunesse , puis montrer exemple sur la jeunesse pour entrainer le reste vers de nouvelles méthodes de travail.

                Combien de fois depuis ai je entendu : " On fait n’importe quoi , si on continue on va dans le mur " de la part d’employés experimentés qui connaissent leur métier. Oui , c’est difficile à vivre dès lors qu’on a passé la période ou tout le monde , bon gré malgré , essaie de prendre ce même train là. Plus , "plus de travail " est le mot , plus de quoi en réalité , çà on ne sait pas. Car les erreurs de précipitation , d’empressement , les perpétuelles refontes structurelles de équipes donnent un flou artistique tres pernicieux en regard du métier. Les gens craignent le chef , et ne bossent plus de maniere constructive mais par instinct de survie sociale. Plus que jamais le message aura été : Vous etes tous remplaçables " alors courez , vite , pour ne pas etre remplacés.

                Mais les entreprises se cassent un peu la figure. Et lorsque l’on veut compenser la perte , on augmente .... les managers , on leur file des bagnoles , des avantages , on leur donne tout ce qu’ils veulent en promesse d’un résultat . Le résultat est souvent là d’ailleurs. Les employés travaillent plus , mais ils travaillent mal et ce qu’on a gagné d’un coté est largement perdu de l’autre.

                Conséquence : De mauvais résultats pour l’entreprise et ...

                Désespoir de l’employé devant la démolition de la chose construite, devant la coupure des liens avec un chef pour qui l’on travaille des fois depuis plusieurs années , avec qui çà fonctionne .

                Individualisation excessive des attentes . Oui , nous sommes en compétition les uns avec les autres , et l’équipe en pâtit gravement. Les fautes ne sont plus partagées , elles sont rejetées sur l’autre , les responsabilités ne sont plus clairement définies. Les esprits individualisés le vivent aussi en termes de communication.

                Une équipe dont on remplce le chef, le cadre , par un manager, doit se réunir et se réunir encore pour décider des choses. Au niveau humain , la hierarchie est devenue tres nette. Au niveau métier , pas question de se referer à un manager qui ne connait pas le métier , on biaise et on continue à demi mot à travailler avec les dernieres personnes qui connaissent bien les dossiers.

                Il semble que ce soit un phénomene général. Ce n’est pas un bon présage économique, ça non .

                GRL.


                • herbe herbe 6 août 2008 16:52

                  Encore un article remarquable de lucidité.
                  Dans un de vos précédent articles (a quoi bon) vous disiez :

                  > A quoi bon ?
                  par LilianeBourdin (IP:xxx.x33.84.128) le 22 avril 2008 à 14H05
                  Que le constat ne soit pas optimiste, certes... Quant à trouver des solutions et les exposer en quelques lignes, c’est un défi que je ne saurais, hélas, relever...

                  Cependant, il existe des ouvertures. Si l’on se réfère aux études sur les groupes, on a compris depuis longtemps comment fonctionnaient les systèmes à médiation perverse, c’est-à-dire, déshumanisants. Les relations dans un groupe sont normalement le résultat d’équilibres entre liaison et déliaison. Individualité et sens du collectif. Pacification et agressivité. Relation hiérarchiques, et relations transversales. Etc... Dans un groupe toxique, il existe une diminution des éléments de liaison (diminution des éléments d’échange entre les membres) compensée par une augmentation de l’importance du leader, et de l’adhésion à la loi commune. Ce qui fait d’ailleurs qu’un dirigeant a intérêt à utiliser ces stratégies de déliaison pour assurer son pouvoir.

                  C’est facile à comprendre : si l’on se parle entre nous de l’abus d’un chef, son pouvoir de nuire diminue. Il peut même être renversé. Si des victimes d’un pervers commencent à parler, il va en prison. Etc...

                  Donc, de même que notre société et les stratégies politiques et commerciales, nous poussent de plus en plus à un consumérisme sans pensée, et individualiste, de même notre humanité nous amène à en souffrir et à tenter de trouver des solutions. L’une des plus nettes et efficaces, étant la communication par internet, qui me permet aujourd’hui d’écrire ceci et d’être lue.

                  Donc, des solutions ? Faire passer le message, privilégier l’humain et les relations personnelles dont l’engagement n’est pas exclu, nommer les abus, désigner les abuseurs, ne pas avoir honte d’avoir été dupé, garder l’esprit libre pour savoir voir les tentatives d’emprise. Ne pas adhérer à la pensée dominante.

                  Sortir du "aquoibonisme" justement..."

                  Bon ok faire passer le message très bien j’y souscris et participe mais que faire quand en fait on prêche pour des convaincus qui souvent n’ont aucun levier (ou tellement minime) et pour les autres souvent décideurs il s’agit en fait d’un dialogue de sourds(ne peuvent pas ou ne veulent pas entendre). sans compter qu’au niveau idéologique ils ont de précieux alliés dans tout les milieux (y compris dans votre corps professionnel) pour argumenter dans le sens de leur intérêts (voir la petite phrase récente de "gagner la bataille idéologique")



                  • LilianeBourdin 6 août 2008 18:05

                    D’abord, merci de me lire si attentivement. Et, sur le fond, vous posez la bonne question : quoi faire ? Est-ce qu’il suffit de se parler, d’échanger, bien sûr que non. Mais c’est le préalable indispensable pour contrer ses systèmes qui se développent à grande vitesse depuis une quinzaine d’années, et dans tous les domaines. Comme il est dit plus haut, ces stratégies ont leurs gourous, et le nouveau management s’inspire de techniques de manipulations bien décrites depuis... quatre-vingts ans...
                    Ce qui désespère l’homme, c’est justement d’être ravalé au rang d’objet à manipuler. Comme dans le cas extrême du harcèlement professionnel, l’habitude du manager, pour asseoir son pouvoir, de mettre l’autre, volontairement, en situation d’instabilité, avec la carotte d’un rattrapage possible d’estime si le salarié fait exactement ce qu’on attend de lui et se défonce à fond, ne perdure que parce que la satisfaction n’est qu’éphémère, et la nouvelle infériorisation, inéluctable. Sinon, le salarié qui a eu peur et qui est rassuré, se dit qu’il a eu peur pour rien, et relâche son effort. Il ne peut y avoir que retour de la pression, et, même, aggravation de celle-ci (sinon, le salarié, susceptible d’apprentissage se dit "On ne me la fait plus à moi : même pas peur").
                    Comme dans tous les systèmes pervers, il y a aggravation des conduites.
                    Et sentiments dépressifs croissants des salariés.
                    Alors, quoi faire ?
                    Je ne peux pas répondre à cette question, mais donner des pistes :
                    J’en avais donné une, sur le texte très intéressant d’Anna à propos d’Adidas qui ne va plus fabriquer en Chine : je ne sais pas très bien comment on met le lien, alors je le recopie. Cela concerne nos comportements de consommateurs. Mais aussi le fait que, quand on est infériorisé par ceux qui ont le pouvoir, et volontairement divisés, on oublie que notre force, c’est notre union. Pas la peine de faire un dessin sur le plan politique, vous avez compris.

                    "L’article est intéressant, les questions qu’il pose aussi. Cela se voit à la discussion qui démontre la difficulté à trouver des solutions. J’aime bien l’idée de la mise en place d’une mondialisation altermondialiste, présentée par logan.
                    Mais en attendant, on fait quoi ?
                    Comme le dit Serge Dassault dans la vidéo, penser en terme "lutte des classes" est peut-être dépassé. En tout cas, inefficace, si l’on pense aux résultats des "révolutions prolétariennes".
                    Le problème, c’est toujours qui a le pouvoir, pourquoi, ce qu’il en fait, et quels sont les contre-pouvoirs.
                    Actuellement, les pouvoirs sont aux mains des grands groupes industriels et de distribution, et de leurs patrons. Ce n’est pas récent, mais cela s’accélère.
                    Quel est le contre-pouvoir ? En fait, il est détenu par ceux qui font leur richesse : c’est-à-dire nous, les consommateurs.
                    Il me semble qu’il nous faut être lucides sur les stratégies déterminées de ces groupes, et nous responsabiliser COLLECTIVEMENT sur les stratégies à adopter pour qu’il ne s’agisse pas d’un pouvoir absolu. Le bulletin de vote ne suffit pas. Je pense plutôt à une organisation fluide des consommateurs, via internet, qui permettrait de concentrer les informations sur les stratégies des groupes, les conditions de travail des employés, donc l’emploi d’enfants, les économies locales mises à mal, les produits alternatifs, la formation des jeunes à une consommation raisonnée, au sens du collectif, à la responsabilité de ses choix, y compris de consommation, à l’entraide, etc... La désinformation et les fausses rumeurs pourraient être travaillées dans l’organisation. Et l’infiltration par des agents du pouvoir (représentant les grands groupes) y serait détectée par les membres. Des questions de stratégie globale y seraient discutées. Des boycotts de produits pourraient être décidés, (même imparfaitement suivis, cela marche sur de grands nombres).
                    Utopie ?
                    Je ne crois pas. Je pense que c’est l’avenir, et qu’il faut le mettre en place avant que la liberté d’internet ne soit amputée. Après, ce sera plus dur."

                    Sur le plan des entreprises, j’aurais une pensée pour les chefs d’entreprises, qui se laissent aller à embaucher des "managers". S’ils veulent rentabiliser leur entreprise à court terme pour la vendre au prix fort dans les deux ou trois ans à venir, au mépris de la santé des salariés et de la pérennité de leur boîte, ils ont entièrement raison.
                    Pour ceux qui veulent simplement que leur entreprise se développe raisonnablement, en respectant leurs employés, et en espérant rester patron de leur boîte jusqu’à leur retraite, il me semble qu’ils doivent se méfier de tous ces coachs et stratégies managériales.
                    La démobilisation dans l’entreprise, même publique, induite par ces méthodes est telle, que je me suis demandée, dans la mesure où elles sont souvent importées, ces techniques, s’il ne s’agissait pas d’une arme de destruction massive de notre économie, masquée sous l’apparence d’une aide venue de chez l’Oncle Sam. Pure spéculation de ma part. Mais en tout cas, le résultat est là.

                    Je ne réponds toujours pas à la question quoi faire, mais reconnaissez que c’est difficile.

                    Je sais juste que, face à ces techniques, il faut garder à l’esprit que C’EST de la manipulation. Ne pas, une seule seconde, se dire que c’est peut-être par inconscience, ou pour des raisons qui nous dépasse, que le manager nous demande de refaire la même chose pour la troisième fois, en demandant cette fois de refaire comme au début, c’est-à-dire reprendre les principes qu’il avait rejeté la première fois avec mépris.
                    Comme dans la manipulation affective, la question de savoir si le manipulateur le fait délibérément ou pas, n’est pas pertinente. Elle est même dangereuse car elle amène à se mettre "à la place" du manipulateur, et quitter la sienne.
                    Non, il faut avoir conscience de la manipulation, de l’absurdité des consignes, ne pas se laisser influencer par le discours (plusieurs techniques : parfois je conseille de visualiser Kaa dans le Livre de la Jungle, hypnotisant Mowgli "Aie confiance.... Crois en moi....". Ça aide à prendre du recul. On peut aussi contrer dans sa tête avec toutes les formules ou les noms d’oiseaux qu’on veut...) et choisir ce que l’on veut appliquer dans le fatras de consignes incohérentes.
                    Il faut lutter contre les stratégies de rupture des liens, et parfois, c’est dur, on en veut au petit jeune qui grimpe sans compétence, aux collègues dont on sait qu’ils vont peut-être prendre la place dont on va être vidé sans raison.
                    Lutter contre cela veut dire favoriser la convivialité, les discussions, les échanges, même si l’on sent une réticence. Même si l’on n’est pas d’accord. Il faut accepter les conflits dans le sens transversal, ne pas accepter ces positions "narcissiques" où tout le monde devrait être d’accord, et qui favorisent la manipulation douce.
                    Bon, voila des pistes. ma réponse est longue, mais le sujet me semble important.
                    Je rajoute que réfléchir à une stratégie, c’est déjà sortir de la désespérance. L’action guérit du désespoir.


                  • herbe herbe 6 août 2008 18:29

                    Merci pour votre réponse que j’apprécie. Ne vous inquiétez surtout pas d’être trop longue.
                    Je préfère un message long mais essentiel surtout en comparaison de tous les autres messages leurre ou illusion du moment.

                    Donc il s’agit d’une course contre la montre puisque je souligne une de vos phrases :

                    "Je ne crois pas. Je pense que c’est l’avenir, et qu’il faut le mettre en place avant que la liberté d’internet ne soit amputée. Après, ce sera plus dur."

                    Oui internet est clairement menacé, le combat sur ce plan là aussi est mené pour des systèmes alternatifs, voir par exemple freenet (dont certains disent comme pour internet que c’est "diabolique", pour noyer le chien une bonne rage …) :

                    http://fr.wikipedia.org/wiki/Freenet

                    Merci encore et bonne continuation, nous internautes et agoranautes (c’est mon voeu que j’espère partagé) allons contribuer à l’élaboration de (des) stratégies et prolonger l’action...


                  • Philou017 Philou017 6 août 2008 23:44

                    Liliane Bourdin :" Je ne réponds toujours pas à la question quoi faire, mais reconnaissez que c’est difficile."

                    Je vous donne ma réponse : sortir de la consommation.
                    Virer le lave-vaisselle, l’ecran plat, changer de voiture pour une plus petite ou un vélo, changer d’appart, etc

                    Quitter son travail si on se fait bouffer. Rien ne vaut de sacrifier sa santé, son équilibre pour un boulot. Un bien-être moral est plus important qur toutes les gratifications matérielles.

                    Trouver un boulot acceptable, à mi-temps pourquoi pas, et vivre. Il n’y a pas tellement besoin de tant d’argent pour vivre.

                    Je crains que le systeme actuel ne soit pas réformable. Il faut attendre qu’il s’écroule.
                    En attendant , protégeons nous, et sortons de ce bourrage de crane de la compétion et de la consommation.

                    Privilegions la solidarité, la fraternité et l’amour, plutôt que l’individualisme, la servilité et l’appat du gain.

                    Un jour, il sera temps de reconstruire...

                    Mais si, on peut le faire...
                    www.onpeutlefaire.com/38


                  • Alain-Goethe 7 août 2008 11:23

                    Commentaires très intéressants.
                    Assez récemment, j’ai acquis une meilleure maitrise pour "copier-coller des liens "

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=42823 ( c’est l’article d’Anna)

                    - En toute modestie, je vous explique comment je viens de faire :


                    - en haut à droite, j’ai tapé "adidas" et "Rechercher" = l’article d’anna est apparu

                    - dans la barre " Adresses" vers le haut l’adresse complète apparait

                    - Clic droit "avec la souris " puis " Copier"

                    - là ensuite j’ai cliqué sur "Répondre au commentaire

                    -  et dans cet espace blanc où l’on écrit , " Clic droit " puis "coller "

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=42823

                    Tous ces sujets de sociétés sont intéressants !


                    - Hautmont dans le Nord , la tornade = cette solidarité entre les gens permet de croire encore en l’espèce humaine


                  • Alain-Goethe 7 août 2008 11:42

                    BJR à vous. Je m’aperçois ensuite que je n’ai pas inséré mon message ci-dessous au bon endroit. Il devait figurer 2-3 messages plus haut, là où Liliane BOURDIN cite le texte d’Anna de Paris. Excuses !

                    "" Commentaires très intéressants.
                    Assez récemment, j’ai acquis une meilleure maitrise pour "copier-coller des liens "

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=42823 ( c’est l’article d’Anna)

                    - En toute modestie, je vous explique comment je viens de faire :


                    - en haut à droite, j’ai tapé "adidas" et "Rechercher" = l’article d’anna est apparu

                    - dans la barre " Adresses" vers le haut l’adresse complète apparait

                    - Clic droit "avec la souris " puis " Copier"

                    - là ensuite j’ai cliqué sur "Répondre au commentaire

                    -  et dans cet espace blanc où l’on écrit , " Clic droit " puis "coller "

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=42823

                    Tous ces sujets de sociétés sont intéressants !


                    - Hautmont dans le Nord , la tornade = cette solidarité entre les gens permet de croire encore en l’espèce humaine ""


                  • ZORBA 7 août 2008 14:57

                    MA CHERE LILIANE ,J’AI LU TON TEXTE AVEC ATTENTION ,MAIS JE REGRETTE DE TE DIRE ,QUE MALGRE TA RECHERCHE DE SOLUTION TU ES TOMBEE DANS LE PANEAU TENDU PAR LES POUVOIRS POLITICAUX ECONOMIQUES .
                    TU RAVALES LES LUTTES SOCIALES A UN BIEN BAS NIVEAU.COMME SI 36 N’ETAIT QU’UNE BANALE REVOLTE PROLETARIENNE ET QUE CE CHER DASSAULT DECLARE QUE LA LUTTE DES CLASSES EST DEPASSEE (IL PREND SES DESIRS POUR DES REALITES).
                    ET L’UNION DE TOUS SANS UN CONTENU POLITIQUE RADICAL NE FERAIT QUE FAIRE PLONGER LES DERNIERS OPTIMISTES DANS UN ABYME DUQUEL ILS NE POURRAIENT PAS SORTIR.
                    EN FAIT TU CONTRIBUS A TON INSUE AU REVE DES PUISSANTS ,A SAVOIR QU’IL NE PUISSE PLUS ETRE TROUVEE DE SOLUTIONS ET ACCELERER LA DESESPERENCE DES CONSOMATEURS QUI ONT OUBLIES QU’ILS SONT SURTOUT DES PRODUCTEUR.
                    AMICALEMENT.


                  • Mescalina Mescalina 6 août 2008 17:20

                    Très bel article qui frappe juste, par quelqu’un maîtrisant la réflexion et la pensée systémique.
                    Merci.


                    • ACTARIUS 6 août 2008 19:32

                      Les institutions économiques et statistiques, généralement proches du pouvoir politique, ne semblent pas communiquer sur de graves inquiétudes, alors que les économistes indépendants sont plus qu’alarmistes.

                      Et ce n’est pas qu’en France, c’est toute l’Europe qui est touchée plus ou moins au même niveau. Ralentissement en Allemagne, signes inquiétants en Belgique, en Italie, et même en Angleterre.

                      Verrons-nous bientôt les églises se transformer en dortoirs pour pauvres, transférés depuis les trottoirs, ruinés ou mal logés, les supermarchés et les commerçants dévalisés par des gens qui ne peuvent plus faire autrement que se servir sans payer et qui ne trouveront pas vraiment de résistance ?

                      Est-ce un passage obligé ? Probablement. C’est la “rupture”, dans tout ce qu’elle a de plus cynique.
                      On ne peut pas sortir de l’Europe qui nous étrangle, on ne peut pas enrayer l’immigration illégale qui nous pèse malgré le consensus de tous sur la question, on ne peut pas baisser les charges des entreprises d’au moins 30%, on ne peut pas augmenter les bas salaires de 25%, on ne peut pas baisser la TVA sur tout ce qui est consommé pour en alléger fortement le prix, on ne peut pas offrir plus de travail aux gens car il n’y en a pas plus à offrir et souvent les actifs travaillent déjà autant qu’ils peuvent, on ne peut pas transformer les banlieues des grandes villes en quartiers résidentiels agréables, on ne peut pas limiter ou interdire l’importation des produits asiatiques ou issus des zones à concurrence déséquilibrée qui pourraient être manufacturés ou fabriqués en France en dynamisant l’emploi et la création d’entreprises de taille moyenne, on ne peut pas lutter contre les politiques commerciales internationales mondialisées qui écrasent toujours plus les prix, soi-disant pour donner plus de pouvoir d’achat aux travailleurs par la concurrence ouverte, alors qu’en réalité elles compressent les marges bénéficiaires et donc rendent impossible le partage de richesses qui d’ailleurs ne se constituent plus au même niveau, sans compter que la qualité des produits proposés est de plus en plus contestée.



                      • clostra 6 août 2008 19:37

                        Personnellement je ne ferais pas de procès d’intention, une manipulation organisée, destructrice. Ce n’est pas l’expérience que j’ai de l’entreprise mais seulement de cas plutôt isolés, très dangereux et manipulateurs. Ceux-là font un mal souvent irréparable mais ce sont des cas aussi pathologiques que le tragique exemple de ces derniers jours. Dans ma carrière, j’en ai rencontré 1, 1 seul. Ce sont des malades qui s’intègrent sans problèmes dans les "hautes sphères" où ils se comportent comme des agneaux.

                        L’expérience que j’ai est que le résultat d’un contexte donné peut aboutir au même résultat qu’une manipulation voulue.

                        Et que nous en sommes là.

                        Tout à commencé avec les placements de retraite des américains, venus investir dans des société françaises, prometteuses. Déjà, au moins 1 an de fichu, le temps de la tractation, chacun ignorant ce qu’il allait advenir de son poste, était démotivé et entrainait toute l’équipe dans de vraies dépressions. Des "managers" newlook, jeunes - et inexpérimentés - prenaient les rênes de ces structures déjà moitié dévorées. Et fouette cocher !

                        Ce que j’ignore vraiment c’est si ces fameuses proies ont exprimé autant de jus qu’on en attendait...Exsangues, elles seront jetées en pâtures à des fonds moins gourmands, disparaîtront dans des holdings tout aussi indigestes.

                        C’est là où l’économie joue à plein et n’a plus rien à voir avec la "force de travail". Elle veut le beurre et l’argent du beurre.

                        Puis sont venus l’émergence des pays en voie de développement, les délocalisations. Objectivement, on pourrait dire - et ça semble se confirmer : une entreprise veut délocaliser de Chine, les salaires deviennent trop élevés - que "le monde" est en bonne voie. Il faut simplement attendre que la mer soit étale.

                        Subjectivement : c’est évidemment l’horreur !



                        • clostra 6 août 2008 20:27

                          Et puis il y a le gouvernement et les députés, Maires et autres "professionnels" de la politique.

                          Sans les offenser, généralement issus de professions libérales, enseignants ou simplement "sans" qui n’ont qu’une vague idée de ce qu’est l’entreprise, l’emploi, avoir ou ne pas avoir de job, baisser son salaire etc Ceux-là forcément "théorisent". 

                          Elus pour peu de temps, accrochés cependant à leur communauté - les sphères du pouvoir - ils voient forcément "à court terme" et raisonnent en terme d’efficacité des mesures, même si "après moi le déluge". Ce sont par exemple la gestion des jeunes des banlieues. RV dans 10, 20 ou 30 ans.

                          L’éducation c’est ce qu’il ne faut pas louper. Elle en fait parfois des moutons puis des révoltés.

                          Je me souviens de ce contemporain, qui n’a revu sa mère que sur son lit de mort, pour avoir été "mis en pension" un ou deux ans.

                          Une personne très proche disant de son père sur le point d’entrer en maison de retraite : "il va voir ce qu’il nous a fait subir" (la pension)

                          etc
                          chaque mesure coercitive à examiner à la loupe.


                        • vincent p 6 août 2008 20:03

                          J’étais si bien conditionné à vendre de l’eau, à produire tant et tant de choses, que je n’arrivais plus à voir l’eau de la rivière, à ne plus bien voir ou entendre celui qui avait soif ou faim c’est la modernité, travailler plus pour gagner vainement plus, quelle grande vanité de l’homme moderne, le bonheur est devenu si conditionnel ou conditionné à tant de choses de nos jours.

                          Un jour viendra ou ceux qui auront très mal payés, seront pareillement très mal payés en retour, se disant même eux-mêmes qu’ils pourront toujours payer ou manipuler les hommes ainsi.



                          • ZEN ZEN 6 août 2008 21:23

                            @ L’auteur

                            Merci pour cet éclairage qui rejoint bien d’autres constats, expériences et analyses.

                            Je pense notamment à l’excellent et terrible livre de Christian Dejours : La souffrance en France , qui a attiré mon attention voilà déjà quelques années et qui reste toujours d’actualité

                            Et pour le fond , les analyses du sociologue Luc Boltanski qui, dans le "Nouvel esprit du capitalisme" ,montre clairement comment le rapport au travail s’est transformé dans les années 80



                            • ZEN ZEN 6 août 2008 21:24

                              Un lien vers C.Dejours


                            • LilianeBourdin 6 août 2008 22:25

                              @zen
                              Merci pour les références, en particulier le lien sur le travail de Christophe Dejours, un des rares psychiatres et psychanalystes à ne pas mettre en avant systématiquement des raisons internes à la personne qui seraient cause de sa souffrance, mais l’interaction avec un milieu professionnel délétère.


                            • ZEN ZEN 6 août 2008 22:34

                              Une fiche de lecture concernant l’ouvrage de Boltanski et Chiapello , sur les nouvelles méthodes de management . Un livre à mes yeux important, même si son aspect volumineux peut parfois décourager


                              • Iren-Nao 7 août 2008 03:22

                                @ auteur

                                Madame

                                Merci d’essayer d’ouvrir un peu les yeux des gens, il est malheureusement sans doute deja un peu tard.

                                Je pense que toute une intelligentsia dont votre profession fait fortement partie, eblouie par les "Lumieres" et nourrie de l’ideologie gratifiante des droits de l’homme s’est ainsi laissee entrainer par son verbiage aussi intelligent que posssible dans ce que en d’autres temps on a appele a juste titre "Collaboration".

                                C’est ce que j’appelle le totalitarisme mou. (Totalitarisme au sens de A. Arendt , a ne pas confondre avec tyrannie).

                                A tel point que nous en sommes arrives a stigmatiser la moindre violence physique, meme en reponse aux incroyables violences psychologiques qui nous sont faites en permanence et dont vous temoignez a juste titre.

                                Ces violences la tuent. Et tuent d’abord l’Espoir. (Et comme nous n’avons plus l’Esperance...)

                                Et pourtant si vous saviez comme les petits suppots de l’ordre mou, nourris de la meme gamelle et souvent conscient de leur infamie ont la trouille d’une bonne raclee qui pourrait parfois les remettre a penser par eux meme.

                                Quand je dis raclee, j’euphemise.

                                Citoyens je vous invite a la violence physique, vous verrez alors comme ca peut faire du bien..

                                (on peut regretter le temps ou nos syndicats, certes a la botte de l’ "etranger", pouvaient parfois faire trembler les petits chefs.

                                Aux Armes Citoyens !!!

                                Iren-Nao


                                • Iren-Nao 7 août 2008 03:54

                                  @ auteur


                                  Par exemple, vous ecrivez :

                                  "Mais depuis le siècle des Lumières, la liberté nous est tombée dessus. Cette question est désormais incontournable. On peut la perdre, la liberté, mais on ne peut plus revenir aux temps où elle n’avait jamais existé. Nous possédons désormais une culture de la liberté qui fait que, quelle que soit la façon dont l’avenir tentera de l’écraser, ce qui se voit tous les jours d’ailleurs (Fichier Edvige, vote d’une loi aux USA permettant les écoutes téléphoniques), il y aura toujours quelqu’un qui sortira de son silence pour rappeler que c’est le bien le plus inaliénable de l’homme."

                                  Permettez moi qq remarques.

                                  Liberte depuis le siecle des Lumieres : La liberte fut toujours l’idee qu’on s’en faisait, selon les temps, selon les lieux, et elle a toujours existe sous une forme ou uine autre, le siecle des lumieres a invente une certaine forme de liberte....pas plus et avec notre incroyable pretention nous avons decrete que c’etait La Liberte Universelle.
                                  Bref les droits de l’Homme. 
                                  C’est n’importe quoi, et c’est forcement un abus, il y a des tas de peuples qui ont une idee fort differente de leur liberte, et ceux la nous les stigmatisons quand on ne leur fout pas sur la gueule.


                                  Quant a la Liberte comme bien inalienable, c’est surement une blague, rassurez moi Liliane...

                                  La Liberte de tout temps s’est meritee par le combat, la lutte, parce que justement ce n’est en rien un bien inalienable.

                                  Et la lutte qui consiste a signer des petitions ne sert qu’a cautionner l’infamie en y participant.

                                  Je vous souhaite le Bonjour

                                  Qu’un sang impur abreuve nos sillons

                                  Iren-Nao


                                  • Gilles Louïse Gilles Louïse 7 août 2008 08:44

                                    Nous savons tout cela depuis l’antiquité, la seule différence relève simplement du lexique des objets et des métiers de notre temps, relire par exemple (et ce ne sont pas les exemples qui manquent tant en grec qu’en latin) Sénèque, par exemple (ça ne manque pas non plus chez ce seul penseur) ses Lettres à Lucilius.

                                    Au plus l’individu est pauvre mentalement, au plus il se raccroche à des valeurs sociales qui n’en sont que dans sa tête préformatée, notamment les trois suprêmes pour le commun : argent, pouvoir, honneur.

                                    Si, par exemple, les librairies regorgent de textes inutiles rédigés par la volaille écrivassière, c’est parce que l’édition leur apporte ces valeurs. Si faire les pieds au mur donnait ce prestige, cette même canaille ferait les pieds au mur et cesserait d’écrire.

                                    Vides illum Scythiæ Sarmatiæve regem, tu vois ce roi des Scythes ou des Sarmates, insigni capiti decorum, la tête couverte d’ornements ? Si vis illum æstimare, si tu veux savoir ce qu’il vaut, totumque scire qualis sit, et savoir quel il est dans son ensemble, fasciam solve, enlève-lui sa couronne, multum mali sub illa latet, beaucoup de misère se cache sous elle ! (Ad Lucilium, LXXX)

                                    La misère mentale fait tourner le commerce, il y a une richesse énorme à tirer de la misère, c’est pourquoi la misère a toujours été une pièce maîtresse du Capitalisme.

                                    Cela n’enlève rien à la valeur de votre écrit qui a été apprécié.

                                    Bien à vous


                                    • ZEN ZEN 7 août 2008 09:41

                                      @ Gilles Louise, bonjour

                                      Intéressant, mais le référence aux Stoïciens, pour utile qu’elle soit, ne nous est que de peu de secours pour comprendre la complexité des formes d’aliénation dans le monde contemporain et surtout dans les nouvelles formes d’aliénation dans le travail, produit de formes inédites d’organisation du travail, reposant essentiellement sur la logique capitalisme hyperfinancier , où les actionnaires dictent leur loi (voir Boltanski)

                                      Un livre sur lequel je reviens souvent , englobant problématiques philosophiques, économiques et sociales sur ce sujet , celui de J.P. Legoff : tonique , jusque dans ses excès...


                                      • Michèle 7 août 2008 10:31

                                        Quand j’ai débuté dans la vie active, en 1970, on ne se posait pas toutes ces questions. Le travail, on allait le chercher où il était : le plus souvent, on quittait sa province pour entrer dans la fonction publique. Le bac en poche, on était content d’avoir décroché un emploi garanti à vie. Mais la désillusion était grande quand malgré son diplôme et son grade, la hiérarchie nous confiait des tâches telles que des photocopie à gogo ou la préparation du café. Pourtant, tout le monde trouvait cela normal et on acceptait en souriant jaune. En ce temps-là, il n’y avait pas de chômeurs, tout simplement parce que le chômage n’était pas indemnisé. Ceux qui n’avaient pas trouvé dans les bureaux, acceptaient des emplois manuels, ceux qui aujourd’hui justifient l’immigration : restuaration, hotellerie, ménage, travaux agricoles, bâtiments. La société de consommation en était à ses balbutiements mais avait quelque chose de merveilleux pour les gens modestes issus pour la plupart des campagnes et encore imprégnés de sa mentalité d’économie de subsistance.
                                        Tout cela pour dire qu’il n’y a pas si longtemps encore, les gens étaient bien plus pauvres qu’aujourd’hui et se plaignaient moins. Ils voyaient le verre à demi plein au lieu de le voir à demi vide.
                                        Aujourd’hui, les gens sont plus gâtés : ils ont plus de temps libre, plus de loisirs de toutes sortes, ce qui réduit le poids de la souffrance en entreprise. Mais il est bien connu que l’oisiveté est la mère de tous les vices : Pascal remarquait déjà à son époque que tout le mal de l’être humain vient de son incapacité à ne pas pouvoir rester tranquille sans divertissement. Il est bien là : dans le divertissement de notre société, l’être humain se sent perdu dans la foule comme une aiguille dans une meule de foin. Il sent ainsi sa "moderne solitude".
                                        Certes, il y a des choses à améliorer dans la gestion de l’économie et des entreprises. Mais gardons-nous des solutions radicales qui jetteraient le bébé (notre liberté chérie) avec l’eau du bain. La démocratie est fragile, il ne faut jamais perdre cela de vue avant d’émettre des critiques négatives pour ne pas préparer le lit à diverses catégories de totalitarismes tout prêts à prendre la relève.


                                        • LilianeBourdin 7 août 2008 11:22

                                          Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites : quand le travail que l’on obtient, ou les biens de consommation auxquels on a accès, sont d’un niveau bien supérieur à ce que l’on avait avant ou à ce dont on pensait qu’on allait avoir à se contenter, on les apprécie davantage que si l’on a toujours vécu avec.
                                          Cependant, deux choses.
                                          D’abord, il y a depuis longtemps un tel matraquage consumériste, que l’on est spontanément poussé à être insatisfait de ce que l’on a et à vouloir toujours plus. Il y a des esprits forts, des indifférents, ou des gens qui réfléchissent, mais, à part pour eux, le spectacle quotidien de ce mieux-à-avoir pourrait rendre aigri.
                                          Mais ce n’est pas ça qui se passe. Les gens espèrent être propriétaires même s’ils n’en ont pas les moyens, avoir une voiture puissante pour ne pas partir en week-end, et ils font ce qu’il faut pour. Cela les rend dépendant, les empêche de faire la grève ou la révolution, mais cela ne les rend pas aigris : au contraire, cela leur donne des buts. Et avoir des buts, dans la vie, ça apaise. On peut, comme je le fais, regretter le conditionnement délibéré qui conduit à choisir ces valeurs, mais ce n’est pas de ce malheur-là dont je parle.
                                          C’est mon deuxième point : la souffrance dont je parle, et qui, de mon point de vue, contribue à diminuer l’efficacité de nos entreprises, est une souffrance morale, induite par des techniques de management mises en place, prétendument, pour augmenter justement notre productivité. Mais ces techniques jouent sur le court terme, et sont en fait idiotes parce qu’elle méprisent l’homme. Pour faire simple, elles s’établissent sur des observations de groupes, les effets immédiats de tel type d’intervention, les ressorts de la "communication d’influence", etc. Mais aucune étude ne vient relayer, en après-coup, les effets psychologiques, sur les populations de salariés, de cette manipulation. Effets qui envahissent en revanche les cabinets médicaux et psychiatriques. Pour un "nouveau" manager, un salarié efficace qui tombe malade, c’est une branche qui s’avère être plus faible que ce que l’on pensait, et son départ est donc souhaitable . La responsabilité du management dans la maladie n’est jamais prise en compte par la manager lui-même.
                                          Pour deux raisons : on sait que l’observateur fait partie de l’observation, même en science. Mais dans les sciences humaines, il faut une certaine humilité pour accepter de s’attribuer la responsabilité d’un échec qui n’est pas la conséquence d’une mauvais utilisation des principes mais, peut-être, des principes eux-mêmes.
                                          Ensuite, pour un manager, le reconnaître, ce serait admettre sa possible inutilité, voire sa nocivité. Autant signer sa propre feuille de licenciement...
                                          Je fais un parallèle avec les contrôleurs de gestion : un contrôleur qui fait un bilan et qui dit " Tout va bien, votre entreprise va très bien, ne changez rien". S’il s’agit d’un audit, à la limite, ça peut passer, et encore, est-ce que cela va justifier ses émoluments élevés aux yeux du commanditaire, pas sûr. Mais s’il est salarié, là, ça craint pour pour lui. Donc il va trouver des choses qui ne vont pas, et c’est le salarié qui va devoir supporter les conséquences de ses trouvailles.
                                          Je caricature, mais pas tant que ça : il y a plus haut, dans les témoignages, des exemples de cette souffrance induite, qui nuit au bonheur global de la population (et je ne parle pas du fait que travailler c’est dur. On peut s’accomplir dans un travail très pénible, ou très difficile, ou très prenant, si cela a un sens.) mais aussi à la productivité de nos entreprises, ce qui est quand même un comble !



                                        • Michèle 7 août 2008 12:01

                                          Ce que vous dites correspond en effet à l’évolution du management en entreprise depuis que grosso modo les fonds de pension dictent leurs lois pour obtenir de hauts rendements financiers. Les hauts managers ont su négocier les avantages pour faire appliquer ces politiques de management et aiment se la jouer "grands carnassiers" ou "loups solitaires". J’ai connu cette époque qui s’est mise en place sans que le PS qui était aux commandes ne se soit interposé. Je me souviens des glorieuses années Tapie ! J’ai également lu Christophe Dejours (souffrance en France) et Marie-France Irigoyen (le harcèlement moral), je sais de quoi vous parler, et je ne le nie pas, en ayant fait l’expérience personnelle.
                                          Mais pourquoi quand la gauche était au pouvoir n’a-t-elle rien fait pour proposer autre chose que la domination de ce capitalisme financier ? Ils sont bien trop occupés à se faire la guerre entre eux pour leur ambition perso. Dans l’entreprise, c’est la même chose. Et c’est partout pareil, dans la famille, c’est encore les femmes qui triment pour deux. A droite comme à gauche, on est tous pareils : on veut tous dominer.
                                          Pourquoi n’est-on pas capable de se contenter d’être soi-même, de s’accepter tel que l’on est, de s’occuper avant tout de ce que l’on est avant de s’occuper des autres ? là me parait être le véritable noeud gordien. Une société est souvent à l’image de ses membres, même s’il y a interaction.
                                          Nous autres occidentaux avons trop tendance à accuser la société au lieu de nous prendre par la main. Même si je reconnais que pour cela, il faut une éducation et des valeurs promues au niveau social. Mais le laxisme qui prévaut depuis la "révolution 68" nous a amené à accuser la société avant nous-même. Alors qu’avant , c’était le contraire.


                                        • Philou017 Philou017 7 août 2008 12:23

                                          Michele : "Quand j’ai débuté dans la vie active, en 1970, on ne se posait pas toutes ces questions. Le travail, on allait le chercher où il était : le plus souvent, on quittait sa province pour entrer dans la fonction publique. Le bac en poche, on était content d’avoir décroché un emploi garanti à vie. Mais la désillusion était grande quand malgré son diplôme et son grade, la hiérarchie nous confiait des tâches telles que des photocopie à gogo ou la préparation du café. Pourtant, tout le monde trouvait cela normal et on acceptait en souriant jaune. En ce temps-là, il n’y avait pas de chômeurs, tout simplement parce que le chômage n’était pas indemnisé. Ceux qui n’avaient pas trouvé dans les bureaux, acceptaient des emplois manuels, ceux qui aujourd’hui justifient l’immigration : restuaration, hotellerie, ménage, travaux agricoles, bâtiments."

                                          Ce que vous dites est un tissu de contre-vérités.
                                          J’ai commencé à travailler à la fin des années 70. Si vous n’etiez pas content de votre boulot, vous pouviez le quitter pour un autre. Il est vrai que l’ambiance n’était pas terrible dans les entreprises, à cause d’une opposition patrons-ouvriers assez idéologique des deux cotés.
                                          Aujourd’hui c’est encore pire. Il n’y a plus d’opposition : vous fermez votre gueule et terminé.
                                          Le chomage était rémunéré en 70, comme aujourd’hui.
                                          Les gens n’acceptaient pas n’importe quoi, s’ils avaient une formation. Le probleme était pour les gens sans formation, qui étaient plus coincés. Aujourd’hui, certaines personnes acceptent n’importe quoi, bien plus qu’à cette époque, à cause du chomage et de la peur du lendemain.

                                          Votre discours est un discours idéologique, qui n’a rien à voir avec la réalité. Vous essayez d’évacuer les problemes avec des préjugés et à-priori faciles. Votre verbiage sur les gens gatés d’aujourd’hui est stupide.

                                          Ouvrez les yeux. La vie est bien plus difficile aujourd’hui qu’à cette époque.


                                        • ZORBA 7 août 2008 15:17

                                          DIRE QUE DANS LES ANNEES 70 ,IL N’Y AVAIT PAS DE CHOMAGE PARCEQUE LE CHOMAGE N’ETAIT PAS INDEMNISE EST COMPLETEMENT FAUX !!!!
                                          PAR EXEMPLE EN 1958 LA FRANCE COMTAIT 100 000 CHOMEURS ,ET IL ETAIT INDEMNISES A 100%DE LEUR DERNIER SALAIRE JUSQU’A LEUR PROCHAIN EMPLOIS .DANS MON QUARTIER ON LES APPELAIT :
                                          LES CHOMEURS PROFESSIONNELS AVEC UN SOURIRE EN COIN. AUX YEUX DES GENS ILS PASSAIENT POUR DES FAINEANTS ,MAIS PERSONNE NE LEURS EN VOULAIT.
                                          NOUS ETIONS ENCORE PRES DES CONQUETES SOCIALES APRES LA FIN DE LA GUERRE ET DU PROGRAMME DU CONSEIL DE LA RESISTANCE.
                                          NOUS FERIONS BIEN DE NOUS EN SOUVENIR ET DE L’APPRENDRE SI NOUS NE LE SAVONS PAS
                                          ET DE NOUS EN INSPIRER AU LIEU DE PERORER SANS FIN ET D’ELUCUBRER COMME DES FAUX SAGES.


                                        • barbouse, KECK Mickaël barbouse 7 août 2008 12:02

                                          bonjour,

                                          trés bon regard que le votre sur le "facteur A", appoline, et je me permet d’effectuer quelque suggestions sur le "que faire",

                                          étant donnée le nombre de discours orientée avec intention d’obtenir quelque chose du citoyen, de l’argumentaire de vente en passant par le prosélytisme de secte, de la manipulation des médias en passant par le discours politiques, l’usage d’internet pour se situer, le complotisme délirant, etc...

                                          il est devenu vitale que l’on apprenne enfin , aux enfants de tous, notre culture de l’art de la rhétorique, l’art de convaincre, l’art de débattre, l’art du discours, l’arme du choix des bons arguments, afin de leur donner les bases de la self défense intellectuelle à minima. Prendre une affirmation, qu’elle vienne du coeur ou de la raison, comme un argument avec intention, serai déja un bon électrochoc aux "psychisme dans la crise".

                                          du point de vue masculin, il est inutile de croire que l’homme français, toute autre idendité ou origine confondu, va continuer a s’investir et encore moins pleinement et tenant des responsabilités sous une autorité qui le sépare de ses enfants de manière aussi aveugle.

                                          je cite un passage du miroir des hommes brisés, thomas est un personnage "enfant du divorce" qui ne veut pas etre séparer de ses futurs enfants comme son père l’a été.

                                          " Thomas assume, il estime que tel l’enfant qui vient de naître, il n’invente pas sa société, il évolue et s’y adapte pour se projeter dans l’avenir. A vous des trente glorieuses, nés dans le brouet de vos herméneutiques réflexes contre votre free ambition, le tout servi dans son lit de médiocrité aux silences criminogènes, avec en dessert les beaux fruits commerciaux de la nostalgie du temps où vous n’étiez pas responsables, il dit merci. L’addition ne sera ni pour lui ni pour la descendance qu’il n’est même plus en droit de décemment vouloir sans quitter son pays. Solidarité entre les générations, son respect n’est déjà plus un dû. Il comprendra à votre âge ? Il estime qu’une idéologie ne tient jamais à l’épreuve du temps quand elle ne peu entretenir la vaillance des bras pour la défendre. Les siens, il veut pouvoir les utiliser pour élever ses enfants sans être un esclave jetable. Le soldat de la guerre économique d’aujourd’hui part au front avec le risque d’être séparé des siens même en cas de victoire. Persuadé qu’entre l’illusion d’honneur qui consiste à défendre les droits de la femme au détriment de son propre amour paternel et celui de quitter une société qui sépare le père de son enfant au bon vouloir de madame, il a définitivement choisi son camp. L’homme tue pour l’indépendance d’un bout de terrain, il finira par faire de même pour garder ses gamins."

                                          Aussi, dans le "quoi faire", il y a une refonte du droit pour affirmer le repère de l’amour paternel français, lorsque l’ivrogne et le sobre, l’honnète comme le criminel, le responsable et l’irresponsable, ne sont pas moins séparer de leur gosses et exclue du droit a les aimer et les protéger au quotidien, le repère paternel, la réponse fiable a la question "quel homme il faut que je devienne pour etre sur d’elever mes enfants", cette réponse est constamment brisée par la loi française.

                                          Au monopole de la femme de décider seule si elle fait d’un homme un père, l’homme doit avoir le monopole du choix prioritaire de garder pleinement, en garde partagé, où s’il ne peut pas faire autrement en droit de visite, ses enfants. ça éviterai a quantité de décisions d’être "prise a la légère".

                                          du point de vue général, la liberté n’est pas assez l’usage du pouvoir de décider de ce qu’on en fait de sa liberté, la prise de décision précipitée sous la contrainte avec absence d’espoir engendre des catastrophes humaines, au moins avoir les bases de la prise de décision saine malgré la contrainte ne serai pas du luxe dans quantité d’esprit français.

                                          l’attente de décisions lointaine, d’une ouverture d’entreprise, d’une politique, d’une... dépossède le citoyen de sa capacité a créer et entreprendre, de s’investir dans une micro niche économique suffisante pour créer son revenu, ou un revenu complémentaire a la solidarité nationale. légal évidemment. La france est un pays qui n’a pas de pétrole mais des idées, et on ne peut pas les mettre en oeuvre en france de manière rapide et audacieuse, mais déja démolie par la lourdeur du "systeme".

                                          la courbe démographique inclus que la france est en pleine période de conflit transgénérationnel, a tous les niveaux de la société, surtout dans le domaine de la perception de la réalité. la sagesse d’un ancien né sans ordi dans les mains face a l’informatisation de la société, est forcément inapropriée quelque part.

                                          Il en va de même avec la génération 68 et ceux qui veulent leur revanche sur elle, c’est ridicule et dépassé tellement ils ont tous failli quelque part, mais leur mode de pensée et leur grille de subjectivité sur le monde contemporain reste un référend "obligatoire" et bien trop souvent inaproprié. les repère intellectuelles formaté dans des conflits identitaires et des principes imaginée a des époques où la société française n’était que blanche, doivent etre mis a jour et réinventée, pas conserver dans le formol d’un héritage de perdant dont personne ne veut.

                                          et enfin, dans le quoi faire, il y a l’absence dans la culture française contemporaine d’une partie de nos penseurs occidentaux et d’une réflexion poussée sur l’augmentation du champs des possibles d’une vie française moderne, d’une harmonisation et régulation saine dans la liberté d’expression publique des conflits identitaires franco français,

                                          et une politique d’égalisation des moyens d’expressions médiatique de chaque identité sur un espace de débat citoyen avec contradicteur. la france se doit de redevenir une et indivisible en tant que communauté de destin, dans une europe une et indivisible en tant que communauté de destin.

                                          a cette perception tronquée des européens de 1900 lorsqu’ils pensait que l’europe était évoluée grace a leur conflit interne les obligeant a progresser, la démonstration américaine prouve que l’avenir est dans l’interaction unifiée des européens dans un espace pérenne et porteur pour chaque identité qui le compose.

                                          amicalement, barbouse.


                                          • Alain-Goethe 7 août 2008 12:35

                                            @ Michèle :
                                            Vous dites : " Je me souviens des glorieuses années Tapie" .

                                            - En 94, j’avais retrouvé un poste d’Ingénieur commercial dans une société de mécanique.
                                            Un de mes patrons avait travaillé auparavant dans soc française de Machines-outils, qui avait eu des difficultés et située près de Paris. Il nous avait relaté anecdote suivante :
                                            "B Tapie s’intéressait à la reprise (bon marché) de cette société. En fait, lors des négociations, les seules questions qui intéressaient Tapie , c’étaient la surface du terrain, la distance ./ . à Paris. son but c’était de faire un projet immobilier. Comme il a vu qu’il n’arraivait pas à ses fins, il a écourté la réunion en utilisant un "prétexte" et n’a + donné signe de vie".

                                            - La société de mécanique où j’avais commencé à travailler était passée sous contrôle d’actionnaires américains jouant le court terme. On m’avait embauché notamment pour vendre des gros cylindres spéciaux. Mais il fallait que parallèlement la société fasse investissements assez lours. et là grosse hésitation !. . Par hasard, j’ai entendu une phrase de ce patron à mon égard : " Celui là il croit qu’on va savoir fabriquer ces cylindres, il se met le doigt dans l’oeil ; il a signé son arrêt de mort". 

                                            - Comme j’avais eu cette information, je n’étais + pris au dépourvu qd on m’a annoncé par la suite mon licenciement. Information, vigilance, anticipation, avoir une solution de rechange.

                                            - En "business" et en politique, il y a 2 sortes de gens : les dominants et les dominés. Seuls les dominants peuvent respirer à leur aise.


                                            • vincent p 7 août 2008 13:00

                                              Notre vocabulaire moderne, nos paroles, nos discours libèrent-ils vraiment les hommes ?

                                              En ne suivant plus que les vaines valeurs actuelles, l’acheteur est devenu plus aveugle de ce qui se met peu à peu dans le monde et à son insu, oh bien sur il y a encore le journal pour tenter de le rassurer.

                                              La liberté ne devrait pas toujours se mériter à ce que l’homme gagne d’abord en quantité, en attachement de plus, car sinon il en finirait par ne plus guère trouver la liberté de s’exprimer autrement en société, par laisser vivre autre chose.

                                              Lorsqu’on persiste à s’accrocher aux illusions, alors on lutte davantage contre le climat, la nature, la vie,  c’est écrit partout dans les écritures, mais le monde moderne ne veut pas du tout s’en repentir avant.

                                              Je ne crois pas que la radicalisation marchande de tout un monde, puisse toujours bien rendre service
                                              à l’homme, un temps peut-être de grande illusion et servitude, déjà trop de vanité et de désolation.

                                              Qu’un sang même s’il est impur n’abreuve pas toujours les sillons.


                                              • Michèle 7 août 2008 13:33

                                                Philou

                                                "Votre discours est un discours idéologique, qui n’a rien à voir avec la réalité. Vous essayez d’évacuer les problemes avec des préjugés et à-priori faciles. Votre verbiage sur les gens gatés d’aujourd’hui est stupide.

                                                Ouvrez les yeux. La vie est bien plus difficile aujourd’hui qu’à cette époque. "

                                                Et le vôtre n’est pas idéologique peut-être ? !! Si mes propos sont un peu schématiques, je l’admets, il n’y a pas lieu de les qualifier de contre-vérités. Je parlais à partir de mon expérience. La vie était plus facile, dites-vous, c’est tout à fait subjectif comme jugement. Je suppose que vous voulez évoquer l’accès à l’emploi. C’était certes plus facile, mais les études étaient moins banalisées qu’aujourd’hui, voilà une énorme différence avec les nouvelles générations. Dans mon administration, les enfants des "agents", de catégorie B (niveua bac) ou C (niveau brevet) accédaient à des niveaux d’étude que leurs parents, mes collègues n’avaient pu même rêver, appartenant à des familles modestes, rurales ou ouvrières. De même les loisirs proposés aux enfants d’aujourd’hui me faisaient rêver quand j’avais leur âge : piscine, équitation, cours de musique, danse, tous loisirs réservés aux enfants bourgeois.
                                                Je vous accorde que le chômage était indemnisé en 1970, mais il n’y avait pas encore le smic et la durée de l’indmnisation était moins longue et lson montant plus léger.
                                                Je persiste et signe quant au chômage : aujourd’hui, on s’écoute plus, et les petits bouloits saisonniers ruraux tels que le ramassage des melons de Cavaillon ou les vendanges n’attirent plus les chômeurs qui lui préfèrent le smic et les aides diverses. Ce n’est pas pour rien que les 3 principaux candidats à la présidentielle proposaient des solutions pour inciter à la reprise du travail.


                                                • abelard 7 août 2008 17:05

                                                  Merci pour votre article Liliane.

                                                  Les commentaires des agoranautes, pour la plupart, laissent augurer de la venue de temps meilleurs, la fin du massacre des innocents.

                                                  Je crois que personne, au fond, même Michelle, ne conteste le constat. C’est évidemment sur le problème des solutions que le raisonnement achoppe. Permettez moi d’apporter sur ce point mon petit grain de sel au débat, au risque d’être long.

                                                  Lorsque dans la vie d’un être humain contemporain survient la question cruciale : « A quoi bon me tuer au travail ? Est-ce qu’au fond l’obtention d’un écran plat, d’une puissante limousine, d’une résidence secondaire, d’un poste plus élevé dans la hiérachie sont des objectifs suffisants pour justifier la ruine de ma santé, de ma joie d’être au monde, de mes relations avec ceux qui m’entourent et que j’aime ? » alors, parce qu’il faut commencer par le début, se pose en corollaire la question fondamentale : « Qu’est-ce que la Vie ? Qu’est ce qu’être un Humain ».

                                                  Les réponses à ces questions ne sont pas simples, elles se sont toujours posées. Néanmoins on peut distiguer deux pistes majeures de réflexions.

                                                  - La vie nous a été donnée par une puissance supérieure. C’est ce que nous nommons la vision idéaliste. C’est la voie utilisée par toutes les religions. Les passer en revue n’est ni de mon intention, ni de ma compétence. Mais en se concentrant sur les monothéismes dominants on peut dégager des points communs qui se déclinent en termes d’avantages et de désavantages. Le soulagement d’un croyant est immédiat : il n’a qu’à obéir, suivre les préceptes d’’écritures révélées, chaque conflit trouvant sa solution dans l’interprétation de quelques lignes de la Bible, du Coran ou de la Torah. Mais cette « sécurité » se paye au prix fort, celui du renoncement à la vie. En effet, les trois monothéïsmes font une promesse que nul ne pourra jamais vérifier, celle d’un Paradis après la mort. Par un retournement paradoxal seule l’éternité de la mort intéresse ces religions. La vie ici-bas n’étant au choix qu’une « vallée de larmes », une ère de souffrance à laquelle l’homme a été condamné en châtiment de ses péchés, une période courte et probatoire pendant laquelle il convient de se soumettre pour mériter le Paradis. Adopter une telle croyance revient à souhaiter mourir. Il n’est pas question ici de laisser entendre qu’il est plus facile d’être croyant qu’athée. Après tout, les choix que l’on dit individuels dépendent aussi en grande partie d’une histoire, d’un milieu et des émotions de chacun, d’autant que les religions proposent un « prêt à penser » pafois bien utile en cas de crise grave. Je ne voudrais faire injure à qui que ce soit. Mais le trait du renoncement à la vie est le soubassement des trois grandes religions il faut en avoir conscience. Cette manière de voir le monde imprègne profondément nos sociétés occidentales et nous empêche souvent de connaitre les véritables causes de nos actions. Si on adopte ces idées, alors le sacrifice de sa vie est souhaitable, la souffrance se trouve valorisée comme des points de mérite à négocier après la mort. Cette notion de sacrifice est centrale dans les religions judéo-chrétiennes et se perpétue de façon inconsciente même chez ceux qui ont renoncé à croire au Paradis. Ceux là disent se sacrifier pour leurs enfants ! Ce qui revient exactement au même car la descendance n’est vue que comme la continuation de sa propre existence, une projection dans l’immortalité qu’il convient de préparer matériellement.

                                                  - La vie est une probabilité due à certaines caractéristiques de la matière. C’est la réflexion matérialiste. De même que la vision idéaliste est née dans la Grèce antique avec Platon, la version matérialiste du monde tire ses origine du terreau héllènistique à travers les écoles épicuriennes, cyniques, hédonistes... (ce n’est pas sans trembler que j’écris ces mots là. Epicurien, cynique, hédoniste... Combien d’entre vous risquent d’arrêter là leur lecture, me considérant aussitôt comme un débauché immoral, aviné et jouisseur. C’est que nous sommes en face d’un des plus grand mensonge de l’histoire. Le sens négatif que l’on attribue aujourd’hui à ces mots n’a rien à voir avec les doctrines philosophiques initiales). Dés ses début, cette vision laisse de côté la question de la naissance de l’humanité considérant que l’existence des Dieux est possible mais non pertinente. Pour Epicure, par exemple, les Dieux vivent en dehors du monde et ne s’occupent que d’affaires de Dieux. Il ne convient donc ni de les craindre, ni de s’en préoccuper. L’important pour l’être humain est de prendre conscience de la vie qui est en lui pour tenter de l’accomplir dignement. Pour Epicure encore, et l’on comprend alors pourquoi les écrivains catholiques descendants de Platon se sont acharné sur lui, l’important consiste à éviter le mal absolu : la souffrance. C’est cela l’épicurisme : considérer que le souverain bien n’est pas la jouissance, mais l’absence de souffrance. Pour éviter au maximum la souffrance, Epicure classe les besoins humains en trois catégories :

                                                  Les besoins naturels et nécessaires : boire, manger, dormir.

                                                  Les besoins naturels mais non nécessaires : faire l’amour. (Eh oui, Epicure prône l’abstinence ! Mais il reconnait aussi le sexe comme un besoin naturel. Pour lui toute sexualité n’est pas interdite, loin de là, mais il convient de s’en méfier car les passions sexuelles peuvent amener la souffrance. Comme le résumait Diogène « La question n’est pas de savoir s’il faut entrer ou non dans un bordel... Mais de pouvoir en sortir. »)

                                                  Les besoins ni naturels, ni nécessaires : recherche de l’argent, du pouvoir, des honneurs, de la gloire etc... Ce sont eux les sources de la souffrance qu’il faut bannir absolument si l’on veut vivre libre et digne.

                                                  Pour terminer ce misérable petit exposé sur le matérialisme j’ajouterai que c’est en grande partie à ces philosophies que nous devons le trait caractéristique des sociétés occidentales : l’explication du monde par le raisonnement scientifique.

                                                  Je veux rassurer ceux qui ont survécu jusque là à la lecture de mon pensum. Je n’ai pas perdu de vue l’objectif initial : essayer d’apporter des solutions à ce que nous sommes de plus en plus nombreux à voir comme la folie du monde contemporain. Je pense simplement qu’une véritable révolution ne peut qu’être celle des consciences. C’est en changeant notre façon de voir le monde que nous ferons réellement bouger les choses. La philosophie antique alliée aux réflexions d’origine scientifiques actuelles (Darwinisme, neuro-sciences, psychologie évolutionniste etc...) sont des clefs d’accès privilégiées à la redécouverte du monde tel qu’il est et non pas tel que certains nous le font cauchemarder.

                                                  Pour vous épargner le long cheminement de ma réflexion, j’en viens maintenant aux conclusions, quitte à développer chaque point en fonction du débat.

                                                  - Chaque vie est unique et possède une valeur infinie.
                                                  - Il n’y a rien à craindre de la mort qui n’est que la condition de la vie.
                                                  - L’homme est un animal social au même titre que la plupart de ses cousins, les grands singes.
                                                  - Il n’y a pas de nature humaine fixée une fois pour toute. Il n’y a pas d’opposition non plus entre nature et culture. L’homme ne se définit pas par rapport à la nature, il en est l’une des composantes.
                                                  - Chaque homme est en naissant le produit le plus perfectionné de l’évolution.
                                                  - Les inégalités entre individus ne sont dues qu’à des traitements sociaux qui en viennent, suivant les circonstances, à valoriser certaines « qualités » au détriment de toutes les autres.

                                                  Nantis de ces quelques idées, nous pouvons maintenant avancer vers quelques solutions possibles.

                                                  La première des choses, lors de l’éveil (pour parler comme le Bouddha), de la prise de conscience d’appartenir au monde, est de se débarrasser des faux rêves liés aux besoins ni naturels, ni nécessaires. On s’apercevra alors que la consommation ne repose que sur une idiotie sociale : entre nous, la possession d’un écran plat n’apporte rien en terme de bonheur, on ne l’achète que parce que les voisins en ont un ou parce que les voisins n’en ont pas encore.

                                                  Ne jamais laisser le travail prendre le pas sur le métier. Certains des messages de ce fil opposent avec raison ces deux termes. Le métier est ce que nous avons appris à faire et que nous perfectionnons inlassablement au fil de notre vie. En ce sens le métier est un chemin de l’existence, une voie vers la vie heureuse, une façon, par un geste répété et réfléchi d’aller peu à peu vers l’essentiel. C’est exactement ce que la tradition japonaise honore à travers ses « trésors humains » : des artisans émerites capables, à force d’amour et de labeur d’évoquer l’énergie vitale dans un simple objet ou dans une séquence de vie quotidienne banale (servir le thé). C’est pourquoi la vision « moderniste » du salarié du futur, passant au cours de sa vie d’un métier à un autre, est une de ces horreurs qui visent à faire de nous des esclaves.

                                                  Se dire que l’entreprise n’est qu’une société en miniature. Nous avons, au fil de notre histoire, déterminé le mode de gouvernement que nous jugeons le plus approprié : la démocratie. Or l’entreprise n’est justement pas une société démocratique, c’est une tyrannie dans laquelle le manager a droit de vie et de mort économique et social sur chacun des salariés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les crapules qui nous gouvernent aujourd’hui nous vantent le modèle entrepreneurial comme devant être celui de la nation toute entière. Ils rêvent de se débarrasser de la démocratie. Il nous appartient à tous non seulement de défendre ce bien commun, mais encore de l’étendre. Par l’exercice de la solidarité des salariés, par la prise en main de l’avenir des entreprises par ceux qui y travaillent, nous pouvons parvenir à démocratiser le monde du travail et par là même accéder au bien commun. Echanges entre les salariés, prise de conscience, organisation, action.

                                                  Pour se préserver du chantage à l’emploi, de la peur, seule l’union de tous est efficace afin d’inverser le fameux paradigme. L’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers. Au contraire : les intérêts particuliers proviennent uniquement des acquis de l’intérêt général.

                                                  Au terme de ce petit texte, je sais avoir été parfois brumeux, parfois trop rapide, parfois sans doute ésotérique. J’ai écrit vite et sans doute mal, je m’en excuse, mais j’espère avoir contribué de façon pertinente au débat.


                                                  • LilianeBourdin 7 août 2008 18:12

                                                    @abelard
                                                    Merci beaucoup pour votre très intéressante réflexion, qui ouvre sur une... philosophie post-moderne ? Une définition de l’honnête homme du futur ? En tout cas, oui, il y a de l’espoir. A cause de cette variable A, de notre volonté de penser le monde, et de notre capacité à le faire, en dépit de tout.


                                                  • abelard 7 août 2008 20:26

                                                    Il s’agit plutôt d’une anti philosophie post moderne, dans la mesure où le post modernisme est cette religion de la posture, de l’ironie et du relativisme qui nous condamne à l’impuissance.

                                                    Et justement le problème est de sortir de l’impuissance.

                                                    Regardez les infos à la télé, lisez la presse genre Libémondaro, vous verrez qu’en dehors des infos people, des faits divers monté en épingle, le reste est consacré aux « exigences » de la mondialisation, aux « réformes » nécessaires, aux « ajustements » inéluctables... C’est cela l’ennemi, Liliane, ces mensonges réitérés qui nous détruisent, nous isolent et nous font croire qu’il n’y a aucune issue.

                                                    Pour en sortir il suffit de dire NON, et de s’organiser.

                                                    Merci de participer à ce combat par vos articles Liliane.


                                                  • LilianeBourdin 7 août 2008 21:02

                                                    @abelard
                                                    Je dois dire que cela m’aide beaucoup de ne pas regarder la télévision, de ne pas écouter la radio, sauf, parfois, France-Culture, et encore plus rarement France-Inter, de choisir ce que je lis.
                                                    Regardant peu la télévision, je suis encore plus frappée par ce qui y est montré, par le sensationnalisme, l’absence de vraies informations, les messages qui relaient ceux de la publicité.
                                                    J’ai une sensation très désagréable, celle que l’on nous fait vivre par médias interposés : au lieu de discuter en famille ou entre amis au cours d’une soirée, on regarde des acteurs discutant ensemble. Et ce, tous les soirs !
                                                    Quand aux informations plus "profondes" sur la nécessité de s’adapter à la mondialisation ou à la modernité, je suis d’accord avec vous. La question n’est peut-être pas ce qui est dit, mais ce dont on parle. Tissu de fond qui, à force de répétitions, s’imprime en nous comme des évidences.
                                                    Le terme "mondialisation", par exemple, est intéressant. En soi, il ne veut rien dire. Les échanges internationaux existaient déjà quand on allait "Aux Indes".
                                                    Certes, le volume et le nombre des échanges croit d’une façon exponentielle. Mais ce n’est pas ça qui est sous-entendu dans ce mot : ce qui est sous-entendu c’est "nécessité d’une disparition progressive d’un contrôle des marchés et du protectionnisme".
                                                    Décrétée par qui ? Ce serait une loi naturelle ? L’évolution spontanée du monde ne peut aller que vers le libre-échange ? Étant donné les résultats qui s’annoncent, le moins que l’on puisse dire, c’est que, pour quelqu’un comme moi, qui ne suis pas économiste, la question reste entière...


                                                  • Iren-Nao 8 août 2008 02:25

                                                    @ Abelard

                                                    Un peu long mais pas mal.

                                                    Vous opposez, de facon quand meme un peu leste, les habituels cliches simplistes concernant les religions monotheistes a ce bon vieux Epicure qui me parait terriblement bouddhiste dans votre description, ce qui d’ailleurs ne serait pas plus couillon que ca.

                                                    Puis ayant ainsi balise le terrain et pret pour l’attaque vous nous pondez quelques principes peremptoires tels que " toute vie est unique et de valeur infinie" ou, la nature humaine est une consequence de l’environnement social et donc fort prochainement perfectible.

                                                    Quelqu’un qui comme vous se frotte aux auteurs anciens aurait pu remarquer que si il y a qq chose qui change peu ou pas, c’est bien la nature humaine.

                                                    "Toute vie (humaine je suppose) est unique et de valeur infinie" (alors que l’observation nous montre bien que toute vie est si fugitive que sa valeur individuelle 9ou son importance) est plutot proche de zero).

                                                    Cette idee la est, entre autre, mais principalement la raison de tous nos maux modernes.

                                                    Il ne saurait donc y avoir de valeurs supremes quelque peu transcendentales, justifiant de temps a autre qq sacrifices, c’est l’individu qui compte d’abord (meme si vous admettez que l’homme est une bete sociale).

                                                    Alors ceci explique et justifie tous les egoismes et l’absence absolue de perspective de notre miserable temps historique, la seule chose qui compte c’est l’eclate et le pied... moi, moi,moi c’est a dire le niveau le plus bas de la conscience.

                                                    Et le pied c’est la consommation.

                                                    Nous en sommes tres exactement la, et pas ailleurs, et notre civilisation est en train d’en crever, et je crois de plus en plus que c’est une bonne nouvelle.

                                                    Je suis avec vous pour dire que nous avons besoin d’une Revolution des Consciences, il est plus que temps.

                                                    Et les Revolutions mes chers amis, comme vous le savez, c’est pas facile tous les jours.

                                                    Et mefiez vous des psychiatres, ces Diafoirus de l’Esprit...

                                                    Selamat Pagi

                                                    Iren-Nao


                                                  • abelard 8 août 2008 11:25

                                                    Cher Iren-nao,

                                                    Je suis désolé, je n’ai pas très bien compris votre démonstration. J’aimerais que vous développiez un peu si vous en avez le temps. Mais déjà deux choses me paraissent importantes.

                                                    Sur la nature humaine :

                                                    C’est une notion qui n’existe pas. Admettre une nature humaine serait accepter une création. En effet seul un organisme créé peut posséder des qualités spécifiques qui perdurent sans ne jamais changer. Parler donc de nature humaine nous renvoie aux vieux schémas religieux.

                                                    Nous sommes issus, comme tous les êtres vivants, d’une longue évolution qui correspond à une adaptation à notre milieu de vie. Ce milieu est changeant, variable, divers... Nous sommes donc inscrits dans une dynamique où rien n’est jamais figé.

                                                    Vous avez raison de dire que nous avons peu changé depuis 2500 ans, c’est pour cela que la sagesse antique peut nous parler avec autant de force. Mais ce n’est pas à cause d’une « nature » humaine invariante, c’est simplement parce que la vie humaine est courte et l’évolution lente. Sur l’échelle des temps géologiques l’unité de temps est le million d’années, un espace temporel de 2500 ans n’est pas comptabilisable. Lorsque vous parlez de « perfectibilité de la nature humaine » vous posez un point de vue moral, ce que je me garde bien de faire. L’évolution n’est pas morale, elle ne fait que retenir les stratégies les plus efficaces en termes de survie de l’espèce.

                                                    Sur la vie unique et de valeur infinie.

                                                    Là il s’agit en effet de question d’appréciation. Il n’est pas question de transcendance mais d’objectivité. Chaque vie (humaine ou pas) ne se produit qu’une seule fois. Elle est toujours le résultat d’un processus complexe et historique. En gros, nous sommes tous des prototypes. (en effet, même en admettant que deux individus peuvent porter le même patrimoine génétique, leur développement et leurs échanges avec le milieu ne seront jamais identiques.)

                                                    Tout dépend de la valeur que vous accordez à quelque chose d’absolument unique. En économie la valeur d’un tel objet est infinie, c’est à dire qu’il est impossible de lui attribuer une valeur d’échange fixée.

                                                    Quelle serait à votre avis la valeur d’une bactérie vivante retrouvée sur la planète Mars ?


                                                  • abelard 8 août 2008 12:02

                                                    Protectionniste est, dans les média, devenu une insulte. La machine a décérébrer tourne à ce sujet à plein régime.

                                                    L’économie étant une science humaine, elle n’a aucune légitimité à devenir prédictive puisqu’elle ne fait que rendre compte des rapports de force à un moment donné dans une société donnée. Confier notre avenir à la « science économique » revient à laisser à l’ethnologie le soin de choisir pour nous notre pâte dentifrice : ça n’a aucun sens. Il faut se rendre compte que l’économie est toujours une économie politique pour pouvoir se défaire de préceptes fumeux qui ont, comme vous le constatez, des effets pour le moins inefficaces et meurtiers.

                                                    D’autant que le capitalisme que l’on appelle frileusement « économie de marché », est une idéologie scientifiquement mal formée.
                                                    - Elle repose sur l’existence d’une « nature humaine » : l’homme est l’esclave de ses intérêts à très court terme. Ce qui est faux.
                                                    - Elle repose sur l’existence de Dieu : tout se passe comme si une « main invisible » régulait le marché. Cette main invisible est celle de Dieu le père, évidemment.

                                                    La guerre menée contre le protectionnisme n’est que le combat mené par les multinationales pour piller partout tout ce qui peut être source de profits rapides.

                                                    L’idée véhiculée par tous les média que : « L’entreprise privée est plus efficace et moins chère que le service publique » est un paradoxe orwellien.

                                                    En effet, comme on le constate partout (distribution de l’eau, service de santé, éducation, distribution du gaz et du pétrole etc...) à qualité égale, le service publique sera toujours moins cher et plus efficace. L’entreprise privée étant obligée de dégager des profits pour rémunérer ses actionnaires, ce qui se fait au détriment de la qualité du service rendu ou du prix de ces services...


                                                  • Iren-Nao 11 août 2008 02:43

                                                    @ Abelard


                                                    Pardonnez le retard a vous repondre, j’ai ete un peu occupe, mais le sujet est important car il est je crois lam cle de beaucoup de notre malheur.

                                                    Pour revenir sur le concept de nature humaine , je pense comme vous que sur les qq milliers d’annees qui nous precedent, rien n’a change, nous avons comme tous les animaux des besoins fondamentaux invariables qui conditionnent fondamentalement nos comportements.

                                                    Quant a la perfectibilite de la dite nature, vous m’aurez mal lu, a moins que je ne me sois mal exprime ce qui est bien possible, mais en fait je vous accusais plutot de croire en la perfectibilite de cette sacre nature humaine, ce a quoi je ne crois pas, je crois au contraire a la puissance des instincts qui refait surface a la moindre anicroche. Souvent ce qui nous sauve. Elle sert a cela.

                                                    Je vous rejoins donc completement pour dire que l’evolution n’est pas morale, a moins ....qu’elle ne soit la morale elle meme.

                                                    Quant au cree ou pas, c’est un autre debat, et fort vaste et qui serait ici hors de propos.

                                                    Je deteste cette idee de l’individu humain "valeur infini", parce que je crois premierement que ca ne veut rien dire du tout, et ensuite parce que tout nous montre chaque jour que la valeur d’une vie humaine ou autre est extremement mince et surtout je trouve que le raisonnement economique (chose unique/valeur infini) est faux et inique.

                                                    Je ne crois pas du tout a la valeur de l’individu qui n’est rien en dehors du groupe dont il fait partie.
                                                    Et pour rester dans le sujet qui nous preocccupe, cette notion exageree de la valeur unique de l’individu, meme si elle a ete mal comprise est de l’ordre sentimental et a induit des comportement d’un total egoisme qui sont une benediction pour les marchands (il n’est que de lire le sens des pubs) dont nous sommes devenus les esclaves.

                                                    Voila, ce fut un plaisir de dialoguer avec vous.

                                                    Iren-Nao
                                                    dangereux individualiste.


                                                  • Chochotte 10 août 2008 00:53

                                                    Merci Liliane pour votre article.
                                                    A lire les commentaires, je vois que nous sommes nombreux à partager une même expérience des changements qui nous sont proposés (imposés)depuis 30 ans, à faire le même constat de l’impact qu’ils ont sur notre société et à partager les modes d’actions ( de réaction ?) possibles.
                                                    Juste une petite précision concernant votre conclusion, lorsque vous dites : "si l’homme peut trouver rassurant d’être soumis à une autorité, il est porteur d’un instinct de survie qui lui fait, in fine, refuser la souffrance. "
                                                    Certes l’instinct de survie fait que l’homme, quand il sent sa vie en danger, refuse la souffrance. Mais si il a des enfants,surtout en bas âge, son seuil de tolérance augmente considérablement !
                                                    Et je pense que c’est pour cela que nous sommes arrivés au sommet de la manipulation, dans certains discours qui tendent à nous demander de nous sacrifier, pour que les générations futures puissent survivre !

                                                    Attention, je ne remet pas en causes les alarmes écologiques que je prend très au sérieux. Dans certains cas, on ne peut qu’en faire le constat de visu !
                                                    Ce que je mets en cause c’est l’usage qui en est fait, par les puissances économiques médiatiques et politiques, afin de nous faire consentir à ce qu’en d’autres temps nous aurions refusé tout net.
                                                    Pendant ce temps là, ceux la même qui nous demandent des sacrifices engrangent, croissent et profitent...sans pour autant modifier quoi que ce soit à leur mode de vie.

                                                    Le revers de la médaille de ces discours, c’est quils nous amènent à nous demander si la vie, que nous menons actuellement ,nous souhaitons que nos enfants et les générations futures, la vivent...Je ne suis pas certaine que la réponse du plus grand nombre des habitants de la planète soit oui
                                                    Encore merci d’avoir partagé votre réflexion
                                                    Brigitte


                                                    • millesime 10 août 2008 15:52

                                                      J’ai souvenir de séminaires de formation à la CEGOS dans les années 70/75, c’était la période de la DPPO (direction participative par objectif) . A l’époque il était dit que parmi les cadres dirigeants en les cadres
                                                      trop souvent 80% du temps était consacré à défendre leur place dans l’entreprise et 20% donc du temps restant "pour" l’entreprise.
                                                      rien n’a beaucoup changé depuis ( à l’exemple d’un groupe comme Alcatel ) ou il n’y a que les cadres dirigeants et le conseil d’administration qui s’en sortent avantageusement... !


                                                      • LilianeBourdin 25 mars 2009 17:59

                                                        @Sambi
                                                        Merci de votre commentaire, qui me rappelle qu’un article vit sa propre vie, même longtemps après avoir été posté. J’avais écrit celui-ci avant la crise de cet automne, dont on n’a pas fini de voir les effets. Et pourtant, des éléments de ce qui y est dit, comme dans les commentaires, trouvent une illustration aujourd’hui.
                                                        J’espère seulement que notre variable A va pouvoir s’exercer d’une façon raisonnée et partagée.

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LilianeBaie


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