Mémos internes de Microsoft publiés en exclusivité
Il y a quelques jours, Microsoft lançait sa nouvelle plate-forme MS-Live pour répondre à Google, Yahoo, etc. qui sont les maîtres incontestés du web 2.0.
Cette plate-forme est la face émergée de l’iceberg : Dave Winer (qui dans sa récente initiative pousse Microsoft et Yahoo à la concurrence frontale contre Google) vient de publier
il y a quelques instants en temps réel les 2 mémos internes (il a
utilisé son réseau de contact pour "extirper" ces réflexions
stratégiques Microsoft) qui ont décrit aux collaborateurs de Microsoft
2 jours avant le lancement de Live la révolution du marché que préfigure cette nouvelle plate-forme :
- celui de Bill Gates
- celui de Ray Ozzie, créateur de Lotus Notes puis de Groove Networks et récemment devenu Architecte en Chef (CTO) chez Microsoft.
Les points importants du mémo de Bill Gates :
- Le
modèle exposé retenu par B. Gates ci-dessous est une rupture
("disruption" dans le texte original en anglais) et pas une évolution
douce et sans risque. B. Gates la compare à celle qu’il avait prédite en décembre 1995 (par un autre mémo très célèbre utilisé comme pièce juridique)
où il parlait du tsunami de l’Internet. Comme à chaque rupture dans le
domaine technologique, il y a des cadavres ! B. Gates exhorte ses
troupes à faire que Microsoft à travers une innovation effrénée n’en
fasse pas partie !
- Le point fondamental et stratégique :
le business du logiciel va évoluer du mode des programmes sous licence
installés sur une machine vers celui des services. L’utilisateur en
permanence connecté (ou presque... via PC, téléphone mobile) recevra le
travail ou l’information qu’il attend par l’interaction de multiples
briques logicielles dispersées sur tout l’Internet mais interconnectées
par des interfaces de communication en temps réel. L’inventaire de ces services Web2.0 déjà actifs croît à vue d’oeil chaque jour !
- Il reconnaît la validité du modèle de fonctionnement de Google (sans le nommer) : le financement par la publicité peut offrir l’essentiel, voire la totalité des revenus nécessaires au financement de ces services logiciels. C’est la raison pour laquelle Microsoft vient aussi de lancer son propre service à la AdSense/Adwords. De toute façon, au vu des derniers chiffres de Google, pourrait-on penser autrement ?
- Microsoft peut s’appuyer sur ses 5 années précédentes de travaux préparatoires autour du format XML et de la plate-forme maison de services logiciels .Net (y.c. MS-Atlas à venir) pour émerger favorablement dans cette rupture. B. Gates annonce que 92 des 100 premières compagnies au monde (classement Fortune) utilisent cette technologie Net de source MS, et que donc un levier commun avec ces partenaires d’autres industries est possible.
- Le modèle
des services est essentiel pour accélérer l’innovation dans le
logiciel : on met à jour le serveur qui héberge le service, et
instantanément, les améliorations profitent à tous les clients du
service (un exemple chez Google et un chez Microsoft).
On évite ainsi le processus de marketing-vente-déploiement-retour
d’expérience qui dure plusieurs années et que vit Microsoft à chaque
nouvelle version de Windows ou de Office, et qui n’est plus compatible
avec la vitesse d’évolution des concurrents comme celle de Google ou celle de Yahoo : ils gardent un maximum de leurs fonctions sur des myriades (100 000 chez Google) de serveurs centraux et qui, de toute façon, ne distribuent que par Internet la partie PC de leurs services. De plus, Google est virtuose dans l’art de faire contribuer la communauté de l’Open Source à ses propres innovations.
- Microsoft a déjà des atouts dans le Web 2.0 avec MSN Messenger (interconnecté avec Yahoo), Hotmail, la cartographie digitale avec VirtualEarth et les photos-satellites, etc.
Il était attaché à celui de Bill Gates et fait 7 pages. Dans de prochains billets, je reprendrai ses points essentiels qui apportent de la matière à la synthèse de Bill Gates.
Ma conclusion :
Je partage plutôt l’avis de Bill Gates : la nouvelle effervescence technologique n’est pas fondamentalement une nouvelle bulle spéculative comme celle de 2000. Elle correspond à une nouvelle étape technologique majeure qui fait suite à celle la première génération de l’Internet.
Cette première génération a été celle de la mise en place d’une infrastructure "physique" de télécommunications et d’échanges.
Cette infrastructure est maintenant solide car largement éprouvée par une décennie de communication et de navigation par des êtres humains parfois prêts "dans les temps ancestraux" à accepter une qualité de service approximative. En effet, cette tolérance était la contrepartie inévitable, dans une époque pionnière, à une valeur ajoutée forte (accès à une information planétaire) et à une productivité réellement améliorée (courrier électronique) .
Maintenant que cette infrastructure est "en béton" (ou presque...) les prestations informatiques peuvent donc être déstructurées en une multitude de composants distribués (= localisés à l’endroit le plus approprié) pour donner un système nerveux planétaire global dont la vitesse d’évolution va dorénavant pouvoir encore accélérer.
Le seul point ouvert, à mon avis : l’être humain pourra-t-il ingérer cette révolution technologique effrénée permanente ? Même en étant payé pour y passer ses journées (et parfois un peu de ses nuits...), c’est difficile !
A quand, l’indigestion ?
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