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Accueil du site > Actualités > Société > Des chiffres officiels de la délinquance bidonnés ?

Des chiffres officiels de la délinquance bidonnés ?

Le dernier rapport annuel de l’Observatoire national de la délinquance le révèle : le nombre d’agressions physiques est très largement sous-estimé en France.

Fondée sur une vaste étude réalisée pendant deux ans auprès de 22 000 personnes, l’enquête de l’Observatoire évoque plus de 1 400 000 faits de délinquance en 2007, pour seulement 273 000 plaintes auprès des services de police et de gendarmerie.

Pire, elle indique que les violences physiques ont augmenté ces deux dernières années, contrairement à ce qui apparaît dans les statistiques officielles du ministère de l’Intérieur, toujours très médiatisées (-11% depuis 2002).

Certes, nous sentions bien que les chiffres officiels ne reflétaient pas la réalité. La délinquance était déjà censée diminuer depuis 3 ans en 2005 quand se produisirent les émeutes généralisées d’octobre et novembre.
Des faits divers de plus en plus violents sont sans cesse répertoriés. Encore tout récemment, dans le Vaucluse, on brûlait le drapeau français sous les yeux des policiers. Les bagarres entre bandes se multiplient, et atteignent désormais le centre de nos grandes villes.

Mais cette fois-ci, avec le rapport de l’Observatoire national de la délinquance, le doute n’est plus permis : l’insécurité ne recule pas. Au contraire, elle prospère.


Alors d’où vient ce décalage entre réalité alarmante et chiffres rassurants ?

1. En premier lieu, d’une culture de la manipulation des chiffres, très forte en France depuis plusieurs années. Les statistiques du ministère de l’Intérieur sont à l’évidence bidonnées. Et elles le sont tout particulièrement depuis 2002 et l’arrivée place Beauvau de Nicolas Sarkozy, qui avait fait de la lutte contre la délinquance son fonds de commerce.
2002, miracle, correspond justement à l’amorce de la baisse dans les statistiques, alors que dans le même temps les effectifs de la police et de la gendarmerie commençaient leur lente mais sûre décrue...

La manipulation des chiffres ne se limite d’ailleurs pas à l’insécurité. On vient encore d’en avoir une preuve flagrante concernant le taux de croissance de l’économie au dernier trimestre. Comment expliquer que les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie soient en récession, alors que la France, seule, ne l’est pas, à 0,14% près selon Madame Lagarde ?...
Peut-être tout simplement parce que ces pays n’ont pas la chance d’avoir l’INSEE...Ce même INSEE qui il y a quelques années nous assurait, sur commande évidente du pouvoir politique, que l’inflation n’existait pas en France et que l’euro n’avait pas entraîné de hausses des prix.

==> Pour des raisons électorales et politiques, on a donc sciemment construit une fausse réalité de la délinquance, qui craque aujourd’hui de toutes parts.


2. Deuxième explication de ce décalage, plus technique mais soulignée par de nombreuses études, la mise en place depuis quelques années d’"indicateurs de performance" et "d’objectifs et valeurs-cibles" dans les services de police et de gendarmerie.
Dépend de l’atteinte ou pas de ces objectifs le niveau des primes de performance que touchent désormais les différents directeurs d’administration du ministère de l’Intérieur. En résumé, bons chiffres = du beurre dans les épinards.

Ces objectifs et indicateurs figurent noir sur blanc dans un document présenté chaque année au mois de juin au Parlement, les "Projets annuels de performance". Il est nécessaire de s’y plonger pour comprendre les mécanismes de manipulation des chiffres.

L’un de ces indicateurs s’intitule : "Nombre de crimes et de délits constatés". Le document précise qu’"il doit évoluer à la baisse".
Tout cela n’est que bon sens. Aucune politique ne vise l’augmentation du nombre de crimes et de délits constatés...

Sauf que ce mécanisme est extrêmement pervers dans la mesure où il se focalise sur les "crimes et délits constatés", et qu’une dégradation des statistiques se traduit très prosaïquement par l’absence de prime de performance pour les chefs de service.
L’objectif, on le comprend aisément, est dans ce contexte d’inciter les victimes à ne pas porter plainte.

==> Ce mécanisme n’est pas la résultante d’une trop grande naïveté du pouvoir politique qui l’a mis en place. Ses conséquences avaient été pesées, et voulues. A la clé, ce qui était recherché était la baisse de la délinquance, dans les statistiques.


Le sentiment de progression de l’insécurité n’est donc pas un fantasme.
Quand on y réfléchit, rien d’ailleurs ne pourrait expliquer une baisse de la délinquance. Le nombre de policiers et de gendarmes a déjà été fortement réduit. La tendance s’accélérera encore avec la "Révision générale des politiques publiques".
Les problèmes liées à l’immigration et aux banlieues n’ont pas été traités à la racine.
Dans ce contexte, une diminution de l’insécurité aurait relevé du miracle.
Et les miracles sont malheureusement très rares.

Voyons désormais comment les grands médias réagiront aux révélations de l’Observatoire de la délinquance. Continueront-ils à passer sous silence la plupart des événements dramatiques que connaissent chaque jour les multiples zones de non-droit de notre pays ? Continueront-ils de nous faire croire que le problème de l’insécurité est réglé depuis 2002 ?

http://www.levraidebat.com


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22 réactions à cet article    


  • Gilles Gilles 20 novembre 2008 11:01

    Oui mais l’observatoire nationale de la délinquance est d’abord un établissement public estampillé "Ministère de l’intérieur" et qui travaille avec..... l’INSEE

    L’Observatoire est le partenaire d’une grande enquête de victimation lancée en janvier 2005 et réalisée en collaboration avec l’INSEE. Les résultats seront connus en septembre 2005. Cette enquête sera renouvelée en 2006 et il est envisagé de la développer en 2007.

    Comment arrivent-ils donc à des conclusions si opposées ?

    Mise à part ça, les seules stats qui comptent sont celles claironnées au Jité...le reste


    • LE CHAT LE CHAT 20 novembre 2008 11:15

      il en parlaient hier dans le C dans l’air consacré aux agressions sur les prostituéees .

      Si les vols diminuent , les actes de violence gratuite sont en forte augmentation et c’est plus de 1millions et demi de personnes qui auront à subir la violence cette année .

      Justement , les lois Sarko de 2003 ont amené les prostituées à devoir s’exiler dans les bois et aux périphéries de villes où elles sont beaucoup moins en sécurité et les agressions ont doublé en 5 ans leur concernant .


      • foufouille foufouille 20 novembre 2008 11:20

        pour diminuer ces staistiques, il suffit de refuser les plaintes
        ou que le magistrat les "perdent"


        • LE CHAT LE CHAT 20 novembre 2008 11:31

          @foufouille

           c’est vrai que quand on crèche à l’Elysée , vos plaintes ont statistiquement moins de chances d’être classées sans suite ! ce n’est pas normal ! certains territoires sont privilégiés par rapport à d’autres ,
           le rural est moins avantagé ! smiley


        • foufouille foufouille 20 novembre 2008 16:40

          je parlais surtout du refus des commissariat/gendarmerie
          a la place, tu fais une "main courante". qui est pas compte ds les statistiques
          une plainte aupres du proc va direct poubelle
          en plus les uniformes se deplace uniquement si ils croient qu’il y a du sang


        • Fergus fergus 21 novembre 2008 09:31

          Exact, il est de plus en plus difficile pour les victimes d’actes de délinquance de déposer une plainte en bonne et due forme. Et le plus souvent, lorsque les victimes insistent, leur plainte n’est enregistrée que sur une main courante, procédure qui n’entre pas dans les statistiques !


        • Fergus fergus 21 novembre 2008 09:33

          Désolé, Foufouille, d’être redondant, je n’avais lu le commentaire ci-dessus.


        • FIAT LUX 20 novembre 2008 11:35

          Il serait temps que le gouvernement et que l’ex ministre de l’intérieur devenu président se mettent au travail !
          Nous svons tous que les chiffres sont "bidonnés".
          La sécurité est la premiére des libertés, un droit fondamental !


          • Gazi BORAT 20 novembre 2008 13:40
            • La sécurité est la premiére des libertés !

            Cette formule à l’emporte-pièce qui a fait la fortune du cabinet Bauer relève de l’absurde..

            Une bonne dictature militaire qui suspendra tous les droits et enfermera tous les délinquants et la liberté règnera enfin ?

            gAZi bORAt



          • EricB 20 novembre 2008 14:17

            Il ne s’agit pas de supprimer tous les droits mais bien de cesser l’impunité des délinquants.
            Notamment, par exemple, en faisant rembourser sur leurs bien propres les dégats occasionnés, en rendant responsables les parents des minuers, etc... On peut trouver toute une panoplie de mesures alternatives à la prison (qui, on est bien d’accord, ne résoud pas grand-chose), qui cassent cette impunité.


          • FIAT LUX 20 novembre 2008 14:19

            Une bonne dictature militaire qui suspendra tous les droits et enfermera tous les délinquants et la liberté règnera enfin ?

            Une justice efficace suffira...à suspendre les droits que se donnent les délinquants ...au mépris d’une société de liberté...


          • Gazi BORAT 20 novembre 2008 15:59

            Oh, Mr Lux...

            Ne seriez vous pas Thierry Jacob ?

            gAZi bORAt


          • Lisa SION 2 Lisa SION 2 20 novembre 2008 11:43

            " Alors d’où vient ce décalage entre réalité alarmante et chiffres rassurants ? " avez vous écrit,

            Ce doit être la même différence qui sépare le nombre de manifestants " selon la police " et " selon la cgt "...Cela témoigne du fait que la police s’occupe à photographier et compter les manifestants afin de détecter les leaders pour constituer leurs fichiers. Minimiser la vindicte populaire tout en zoomant sur les agités, il ne manque plus qu’un pas à franchir pour basculer dans les régimes type " pays de l’est ". Eloigner le logement social des beaux quartiers, mettre trois ministres d’origine africaine et, suprème de la stratégie, trois femmes ( excellent pour les quotas...), et mentir inpunément sur la courbe qui se tend...

            Nos élites, comme du temps de la colonisation, fomentaient des poudrières dont ils profitaient allègrement après guerre civile, telle le célèbre Rwanda. tout comme Ils ont annexé toute la côte thaïlandaise juste après le tsumani.

            Tels des vautours, ils se repaissent sur les cadavres de nos résistances...


            • TSS 20 novembre 2008 13:23

              la multiplication des policiers et de la repression ne resoudront pas les problemes ,bien au contraire !!

              chacun sait que ceux qui nous gouvernent sont autistes et ne tirent aucun enseignement du passé ... !


              • wesson wesson 20 novembre 2008 14:20

                Bonjour l’auteur,

                résumé de l’article : Pour ne pas voir la fièvre, on casse le thermonètre.

                Rien que du très banal , hélas !

                merci de le rappeler, démonstration à l’appui


                • RogerTroutman RogerTroutman 20 novembre 2008 16:57

                   Merci pour ce lien vers l’article traitant des "faits" qui ont eu lieu à Cavaillon. Il est très intéressant de voir qu’après les sifflets contre la Marseillaise, les tags "N***e la France" que l’on trouve un peu partout, c’est maintenant le drapeau tricolore qui est brûlé...comme à Gaza.


                  • Gazi BORAT 21 novembre 2008 07:42

                    @ ROGER TROUTMAN

                    Il est courant, dans les milieux de la droite réactionnaire, d’accuser la jeune génération "issue de l’immigration" d’importer en France les conflits du Proche Orient...

                    Mais qu’êtes vous don en train de faire ici, par votre allusion aux drapeaux israeliens brûlés à Gaza ?

                    Il est aussi courant d’accuser la même catégorie de "double allégeance"... Je vous laisse compléter..

                    gAZi bORAt


                  • RogerTroutman RogerTroutman 21 novembre 2008 09:05

                     Rien à voir avec le droite réactionnaire. Que voulez-vous de plus que des faits pour enfin voir la vérité en face ? On ne voit, dans aucun des autres nombreux conflits qui ont lieu sur notre planète, jamais d’"autodafé" de drapeaux ailleurs qu’au Moyen Orient. D’où pensez-vous que ces "jeunes", de culture musulmane, tirent leurs inspirations ? Brûler un drapeau est un message très fort, très violent, qui n’a lieu qu’en temps de guerre et qui est le fait de personnes se sentant vraiment opprimées. Cette haine, puisqu’excusée et "comprise" par tout ce qui n’est pas à "droite réactionnaire", va continuer à se répandre et va faire de gros dégats collatéraux. La France est un tube à essai...


                  • Gazi BORAT 21 novembre 2008 12:28
                    • D’où pensez-vous que ces "jeunes", de culture musulmane, tirent leurs inspirations ?
                    Le problème est qu’ici, sans vous en rendre compte, vous introduisez tout naturellement un facteur religieux dans une histoire de troubles dans un stade... Imaginez un internaute parler de Kouchner comme d’un politicien "de culture juive" ?

                    Cela provoquerait un légitime scandale !

                    gAZi bORAt


                  • FIAT LUX 20 novembre 2008 17:19

                    Siffler la MARSEILLAISE et bruler le drapeau tricolore a une signification...au dela d’un jeu de mineur en vadrouille il y a des réseaux qui militent au milieu des cités et qui organisent le culte contre notre république...


                    • Liberty 21 novembre 2008 03:43

                      Diminuer les chiffres est très aisé !

                      Allez dans dans un comissariat, voyez deux policiers pour la même affaire, l’un prendra votre plainte en la minimisant, changera vos propos (ils connaissent le codes civil et pénal), l’autre fera son job correctement.

                      Dans le cadre d’une instruction pénale il est quasi impossible d’avoir copie de votre déposition, très difficile d’avoir votre numéro d’instruction.

                      Le résultat de votre démarche dépendra de :
                      1/ La façon de prendre votre déposition par le fonctionnaire de police.
                      2/ De l’envie du procureur de traiter ou non la plainte (classement vertical)

                      Dans ma présipotée de Groland, bizarrement des plaintes ont été ignorées durant deux ans.
                      Au bout de ces deux ans le procureur en place est allé sous d’autres cieux .

                      Après le départ du procureur, deux ans après, la plainte a abouti en ouvrant une instruction judicaire smiley

                      Le plus bizarre de l’histoire c’est que l’instruction n’a pas été ouverte sur la base de la plainte originale mais par le biais de la même plainte ayant été déposée au même moment à la cour d’appel régionale. (quid de la plainte déposée au parquet local, disparue !)  smiley

                      Il y a policier et Policier, procureur et Procureur...  smiley

                      Un petit conseil, si un jour vous devez avoir à déposer une plainte dans une petite ville faites le de partout, 1 fois à la police, 1 fois en recommandé avec AR au procureur, 1 fois à la cour d’appel régionale.
                      Peut être aurez vous la chance d’être entendus  smiley



                      • max14z max14z 3 décembre 2008 15:32

                        pffffffffffff smiley encore un prétexte pour faire peur, et placer des " forces de l’ordre " a chaque coin de rue, tout simplement...

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