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Accueil du site > Tribune Libre > Pour sortir de la crise, nous n’avons pas besoin de Zorros

Pour sortir de la crise, nous n’avons pas besoin de Zorros

Non ce ne sont pas des Zorros qui vont nous sauver . C’est à cause d’eux que nous en sommes là !!!

J’entends de plus en plus se développer un discours dominant : la sortie de la crise va dépendre de la qualité de nos dirigeants et de la capacité de quelques-uns à reprendre les manettes en main.

Ce discours est présent en politique. Pour preuve, le niveau des attentes liées à l’arrivée de Barack Obama comme nouveau Président des États-Unis. Ou encore l’exacerbation des réactions vis-à-vis de Nicolas Sarkozy : il est tour à tour le démon ou le sauveur suivant le bord politique de l’observateur.

Ce discours est aussi dans les entreprises. L’hyper-crise actuelle provoque le plus souvent une recentralisation des décisions et un renforcement du pouvoir des PDG et de leurs équipes rapprochées. Ceci est encouragé par bon nombre de cabinets de conseil qui prônent ceci comme un levier nécessaire.

Cette raréfaction de la sphère dirigeante s’accompagne d’une diminution du nombre des experts reconnus et patentés. On assiste maintenant à un ballet bien huilé de quelques « spécialistes » – en économie, culture, politique, philosophie, … – Les plus « performants » deviennent même des « multicartes de l’expertise » capables d’apporter le bon éclairage sur à peu près tout thème ou tout sujet. Ils deviennent, en quelque sorte, le conseil d’administration de la holding de l’expertise.

Or je voudrais faire deux observations simples  :

1. Nous avons vu, ces dernières années, monter en puissance la sphère financière, sphère que j’appelais dans mon livre Neuromanagement, la Neurofinance :
« Le système financier, dopé par sa connectivité globale et tous les systèmes experts qui s’y rajoutent, prend une importance chaque jour croissante et capte de plus en plus de revenus à son profit… Ainsi, sans contre-pouvoir face à lui, à force de renforcer sa puissance, à force d’élargir son étendue, à force de complexifier sa structure, le système financier risque de dériver du réel, c’est-à-dire de se décarreler de la production effective de richesse. ».

La crise financière actuelle est largement due à cet excès de pouvoir de quelques personnes.

Comme toujours, le pouvoir absolu corrompt…absolument.
Comment, dès lors, ne pas voir comme le renforcement du pouvoir de quelques personnes – quelles que soient leurs qualités – est dangereux et inquiétant ?

2. L’accroissement de la population mondiale, la gestion des impacts sur les équilibres écologiques, le développement rapide de toutes les connexions entre individus et organisations – connexions physiques par les transports, immatérielles par Internet -, et la sophistication croissante du fonctionnement de nos sociétés – multiplication des associations, spécialisation des entreprises, … – viennent accroître de façon exponentielle la complexité du fonctionnement de nos systèmes.

Il est de moins en moins possible à un petit nombre d’individus d’intégrer cette complexité et de trouver le bon chemin.
Prévoir, anticiper devient de plus en plus une gageure (cliquer pour voir ma série d’articles sur ce thème).

Comment imaginer que la solution va venir d’un renforcement de la centralisation, c’est-à-dire par une diminution de la capacité auto-adaptative ?

Ainsi, je suis convaincu que, plus nous allons confier la sortie de la crise à un club restreint de dirigeants politiques et économiques, s’appuyant sur une poignée de gurus, plus nous allons en amplifier la profondeur. Et ceci n’est pas dû à la compétence de ces « élus ».

Non, ce n’est pas simplement pas la bonne approche : la crise est précisément venue d‘un excès de concentration des pouvoirs.

Nous ferions mieux de nous inspirer du mode de fonctionnement des organismes vivants et du moteur de l’évolution : il repose sur un principe d’auto-organisation (voir notamment les travaux d’Henri Atlan ou Francisco Varela). La forme, le sens, la direction ne sont pas « pensés » ou « décidés » a priori, mais sont la résultante des actes et des interactions entre des agents multiples et codépendants : ils « émergent »…

Ainsi que l’écrit Francisco Varela dans L’inscription corporelle : « Le système entier ressemble à un patchwork de sous-réseaux assemblés par un processus complexe de bricolage bien plus qu’un système résultant d’une conception unifiée, claire, nette et précise... Les esprits consistent en un grand nombre « d’agents » dont les aptitudes sont fortement circonscrites : chaque agent pris individuellement n’opère que dans un micromonde de problèmes de petite échelle ou problèmes « jouet »... Ce faisant, l’esprit émerge comme une sorte de « société ». »

Vaste programme à appliquer pour repenser nos modes de management de nos entreprises, nos sociétés, et, par là, notre monde…

En liaison avec cet article, lire mes articles sur :

Comment distinguer les faits et les opinions

Pourquoi prévoir est un art paradoxal et "impossible"


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14 réactions à cet article    


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 3 février 2009 14:01

    Sarkozy, le cow boy sorti de la nuit pour sauver la relance
    son nom, il l’écrit à la plume de son stylo Mont Blanc
    d’un qui veut dire Zéro


    • Yena-Marre Yena-Marre 3 février 2009 15:38

      Bonjour ,
      Un stylo volé en plus !


    • Yena-Marre Yena-Marre 3 février 2009 15:48

      Robert , votre conclusion empruntée à F. varela me fait penser à une fourmilière , j’espère que nos dirigeants ne s’inspireront pas de cet exemple pour nous pondre un nouvel ordre mondial . Mais je craint fort que ce soit déjà en route .


      • Robert Branche Robert Branche 3 février 2009 16:14

         au contraire la vision issue de Varela est exactement l’inverse d’une fourmillère : il s’agit de parti de la liberté de chaqu individu et de dire que le système va s’autoorganiser à partir de interactions élementaires. La structure sera le résultat final, et n’est pas pensée a priori


      • François M. 3 février 2009 17:35

        La vérité première est que la liberté de la démocratie est en danger si les gens tolèrent la croissance du pouvoir du privé jusqu’à un point où il devient plus puissant que l’état démocratique lui-même. Ceci, dans son essence, est le fascisme - le gouvernement qui devient la propriété d’un individu, d’un groupe, ou de n’importe quel autre pouvoir contrôleur privé.” - Franklin D. Roosevelt, le 29 avril 1938, dans un message au Congrès

        Chers lecteurs, ils ne peuvent PAS réparer l’économie. Tout ce qu’ils peuvent faire c’est de piller la population pour s’assurer d’avoir leurs propres parachutes dorés et c’est ce qu’ils font présentement, avec des clins d’oeil et de coups de coude : mais où est donc passé tout cet argent ?

        L’élément à garder en tête est que nos gouvernements vont continuer à distribuer de l’argent gratuit aux banquiers et vous coller la facture ainsi qu’à vos descendants uniquement si vous les laissez faire sans impunités. Il est difficile d’expliquer ceci en de plus simples termes.
         

        C’est toujours l’agenda de l’élite financière qui dirige. Nous avons un problème avec ce casino mondial qu’est la globalisation et la dérégulation du secteur bancaire ? Solution : nous avons besoin d’un nouvel ordre financier mondial, vous répondront vos bienfaiteurs. Les gens deviennent trop rapidement bien informés grâce à l’Internet ; l’Union nord-américain est presque terminé d’être implémenté, mais il va falloir accélérer la machine car les globalistes, les quelques propriétaires de la moitié de la richesse du monde en veulent plus. La prochaine étape est d’unifier la matrice financière de contrôle transcendant nos souverainetés nationales entre le bloc nord-américain avec celle de l’Europe.

        Il serait plus approprié de nommer le fascisme de corporatisme parce qu’il représente l’union de l’État au pouvoir corporatif.” - Benito Mussolini (1883-1945), dictateur fasciste d’Italie.

        SOURCE


        • vincent p 3 février 2009 19:55

          Je comprends l’objet de votre article, mais ne pensez vous pas que le conditionnement du nombre est
          encore bien entretenu par tant d’habitudes courantes, et pas seulement par la concentration ou la captation
          de pouvoir de nos élites, des zorros maniant le fleuret celui de notre VOCABULAIRE AMBIANT, alors comment faire pour que l’esprit émerge réellement en chacun pour la société, ils prennent tellement de place ?



          • Robert Branche Robert Branche 3 février 2009 22:53

            oui cela ne se fera pas en un jour... cela suppose une évolution collective


          • phil2nim phil2nim 4 février 2009 05:14

            Cesse donc de copier coller des trucs auxquels tu n’entends rien !
            Au moins cite tes sources, ça s’appelle l’honneteté intellectuelle.


          • Atlantis Atlantis 4 février 2009 08:19

            Thèse qui est intéressante mais qui serait sans précédent dans l’histoire de l’humanité, ça serait l’émergence d’une structure stable à partir du chaos (anarchie). Je doute que ça soit viable car de toute façon certains réclamment à être dirigés, ne sont pas capables de penser par eux même.

            Il faudrait déjà commencer par soit même : nous sommes des entités multiples, au sens biologique du terme (si on enlève un des symbiotes on y passe) alors qu’on le refuse tout simplement, on se ment (99,9999999% de la population est dans ce cas : pas gagné d’inverser la tendance, n’est-ce pas ?).


            • Robert Branche Robert Branche 4 février 2009 10:42

              effectivement ce n’est pas gagné !
              Mais de la même façon que l’ cerveau humain est le fruit d’une évolution dont nous commençons simplement à percevoir la puissance et à apprendre à quitter son côté "reptilien" (et il y a encore du chemin), il est peut-être temps que nos sociétés évoluent aussi...


            • srobyl srobyl 4 février 2009 12:10

              Ce serait bien, en effet de "quitter" le côté reptilien de notre cerveau, autrement dit de s’en débarrasser, dans bien des cas où il nous joue des tours. Je crains qu’il faille plutôt conjuguer avec, en sachant qu’il existe chez tout le monde, plus ou moins bien maîtrisé par les niveaux encéphaliques plus récemment mis en place par l’évolution, siège de notre pensée consciente..
              Par ailleurs pourrions-nous vivre correctement si ces structures archaïques qui sous-tendent nos comportements les plus basiques n’existaient pas ? 
              je vois difficilement aussi émerger un tout bien organisé et régulé d’un chaos fait de multiples sous-unités interconnectées de façon anarchique. C’est pas un peu l’espérance d’apprentis sorciers ? Ceci dit, je pense comme vous, au regard de la complexité du fonctionnement de nos sociétés, qu’aucun "zorro" ne nous sortira de la crise, et encore moins un zozo ! 


            • Robert Branche Robert Branche 4 février 2009 12:32

              je ne crois pas non plus que l’organisation peut sortir d’un simple effet de chaos,... C’est le danger du caractère lapidaire de mon commentaire.
              Non l’idée est de s’inspirer de ce qui régit le fonctionnement du vivant et de l’évolution : il n’y a pas de plan a priori, mais des règles qui spécifient ce qui est interdit (les règles qui régissent le fonctionnement de notre monde comme par exemple les règles de la physique...). Et tout ce qui n’est pas interdit est possible. La situation, à un instant donné, n’est donc pas le fruit d’un plan, ou même d’une quelconque optimisation. Elle est juste l’émergence d’une combinaison possible...


            • srobyl srobyl 5 février 2009 12:31

              Merci. je comprends un peu mieux. Donc, faire intervenir des règles préétablies que chacun devra respecter, puis permettre le fonctionnement de l’ensemble d’où émergera un jour ou l’autre quelque chose d’acceptable, sachant que d’autres combinaisons de fonctionnement , également acceptables, auraient pu tout aussi bien survenir. Tout engagement vers un chemin non conforme aux règles originelles étant voué à une impasse. (avec de la casse inévitable : analogue aux mutations léthales) 
              Interressant. Merci pour votre article


            • Robert Branche Robert Branche 5 février 2009 18:44

              yep c’est cela !

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