Quand Ségolène Royal éternue, la Sarkozye s’enrhume !
C’est le branle-bas de combat du côté de chez Swann alias UMP, "l’Union des menteurs patentés". La « pintade infatuée », « l’hystérique », « l’imbécile », la « cruche » et tutti quanti, on n’a entendu que ça. C’est vrai que quand Ségolène Royal éternue, la sarkozye est prise d’une toux catarrhale et attrape à la clé, un rhume des foins ou rhinites allergiques. Les pharmacies sont encombrées, les urgences sont embouteillées, le président lui-même se défile. Ah, ira-t-il aux Antilles ? Nous sommes en avril. Le collectif LKP a déjà déclaré qu’il jouera à la politique de la chaise vide. Passons. Avez-vous déjà oublié cette déclaration irrespectueuse : « cette dame-là qui s’agite en Guadeloupe » ? Et Ségolène Royal n’aurait pas le droit, elle, de parler de « quelqu’un » ? Fichtre.
Pauvre Rama Yade obligée avec un « courage abyssal »et une témérité ignoble de cautionner une dérive fasciste. C’est vrai qu’elle n’est pas en odeur de sainteté et fait des pieds et des mains pour se faire voir et entendre, multipliant des tonnes de salamalecs ridicules et ubuesques. Oui, pour reprendre Bernard-Henri Levy, ce discours était proprement raciste. Et pour reprendre Ségolène Royal, humiliant. Mais, Sarkozy quant à lui, ne saurait être raciste. Il est fan du rocker Lenny Kravitz. Passons à la sortie la plus burlesque, celle de Nadine Morano la secrétaire d’Etat à la Famille, qui a déclaré : « Mme Royal, comme par son habitude, a un objectif, celui d’exister, elle a une recette, la polémique permanente, la démagogie systématique et surtout un antisarkozysme primaire qui ne fait pas une politique (...) et on arrive à de l’antisarkozysme souvent hystérique. » Elle fait son propre portrait. On pourrait changer antisarkozysme par antiroyalisme primaire hystérico-morbide.
Les déclarations au ras des pâquerettes qui s’en sont suivies laissent perplexe. Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat à la coopération dit : « Les déclarations de Madame Royal tenues à l’étranger sont choquantes, irresponsables et antidémocratiques. Elles sont tournées vers le passé » Amusant. Son rôle d’amuseur public de la françafrique n’est pas usurpé. Que dire du saltimbanque en chef Frédéric Lefebvre, le porte parole de l’UMP, qui, dans un humour pince-sans-rire, déclare : « De la Chine à Dakar, en passant par Washington, Mme Royal ridiculise notre pays, par son attitude et ses sorties iconoclastes ». Ah bon ? Voilà un autre qui se reconnaît dans sa diatribe puérile. . Laissons les autres déclarations de l’UMP, de peur de créer une dilatation anormale du sphincter des uns et des autres provoquant une diarrhée assortie d’une crise de rire sarcastique surtout s’ils sont à leur lieu de travail.
Adroite comme un singe passant de branche en branche, aussi habile qu’une fourmi et manœuvrant avec foi et conviction, la femme doubout, Ségolène Royal, donne le tournis aux bien-pensants, réveillant leur rhumatisme. Le cerveau tourneboulé, la mémoire qui flanche, la haine enfouit qui resurgit, les vieux réflexes aussi, tels des taureaux, ils foncent tête baissées, ne sachant par quel bout commencer. Alors, l’association des petits blancs supérieurs, racistes pas seulement à leurs heures perdues, refait surface. De L’UMP en passant par le FN, certains sortent des bois. En toute simplicité, un élu UMP parisien, Alain Destrem, a déclaré (vidéo) en souriant, visionnant la photo qui illustre cet article, que le boubou bleu en Wax hollandais que porte Ségolène Royal lui rappelait…..sa femme de ménage. Sans commentaire.
Cherchez donc où se trouve la vraie hystérie collective. Ainsi, toute honte bue, oubliant leur fonction, certains journalistes pris d’une émotion toute particulière et guidés sans doute par le rêve d’un strapontin à la Philippe Val à Inter, font du zèle en fustigeant l’élue socialiste. La salve du directeur général de LCI, le journaliste Eric Ravel, en dit long sur le métier en France. Tel un tribun opportuniste et ridicule à souhait, ce chroniqueur économique s’est lancé le temps d’une matinée, en politique. Il a enfreint consciemment les règles de la déontologie journalistique avec une saillie dans son blog. Sorte de pétard mouillé à l’intention du 55, rue du faubourg Saint-honoré. Sentant qu’il faisait une erreur monumentale, il a finalement retiré son billet à la prose mensongère et mortifère.
Le bouquet final vient de ceux qui estiment que Ségolène Royal, la Jeanne d’Arc du Poitou comme la surnomme dorénavant la presse africaine, n’a pas le droit de parler au nom de la France. Ils sont devenus fous, ce qui prouve bien que Ségolène Royal touche là où ça fait mal. Hélas si, elle a ce droit-là, même le quidam d’un petit patelin perdu au tréfonds d’une montagne des Pyrénées, et élu par le peuple peut le faire. Pourquoi pas un citoyen lambda, pour redorer le blason de sa patrie ? Petit rappel enrichissant pour tous les amnésiques et associés. Faisons notre Bruel en chantant qui a le droit….de faire ça.
En septembre 2006, le peuple français avait-il mandaté Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et candidat de l’UMP à la présidence de la République en voyage aux Etats-Unis, à mettre en cause la politique menée par Chirac et De Villepin sur le conflit avec l’Irak ? Avec un zèle qui pouvait être interprété comme une haute trahison, il avait déclaré : « La menace de l’utilisation de notre droit de veto était inutile. » Poursuivant son propos en dénonçant le discours à l’ONU de Dominique de Villepin : « ‘‘l’arrogance française", les "mises en scène" et la "grandiloquence stérile. » Ce n’est pas tout. Pire, devant un auditoire médusé, composé d’américains of course, il enfonça le clou en ces termes : « la France n’est pas exempte de reproches, car il n’est pas convenable de chercher à mettre ses alliés dans l’embarras, ou de donner l’impression de se réjouir de leurs difficultés. »
Quel est donc le crime commis par Ségolène Royal ? Celui d’avoir rectifié le tir d’une déclaration hypocrite, maladroite et malsaine concernant un homme, fut-il président de la République ? Et lui, ses déclarations, citées plus haut mettant toute une Nation en cause, où étaient les aboyeurs d’aujourd’hui ? Avec cette mise au point magistrale, la dame du Poitou fait honneur à la France, lave l’affront, redonne ses lettres de noblesse au pays des droits de l’homme. Il est grand temps de laisser Ségolène Royal tranquille.
>>> Allain Jules
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