• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Le CPE ou l’abandon de la sécurité du travail

Le CPE ou l’abandon de la sécurité du travail

La mesure de M. Dominique Galouzeau de Villepin signe clairement l’abandon par le Gouvernement UMP de la sécurité du travail, c’est à dire de l’assurance en l’avenir.

Certes, la situation d’un chômeur est particulièrement précaire. Mais celle d’un employé pouvant se faire licencier du jour au lendemain sans aucun motif, ne l’est guère moins. Surtout, le Contrat Première Embauche (CPE) présenté mi-janvier 2006 par le Premier ministre dans son plan pour l’emploi des jeunes, risque d’avoir pour seul effet (mais pas des moindres) la précarisation généralisée des jeunes sans même baisser substantiellement le chômage.

Ce contrat, en se définissant comme « un moyen de donner plus de flexibilité pour inciter les entreprises à embaucher », semble être en réalité un cadeau aux entreprises réalisé sur le dos des salariés : licencier sans motif pendant une durée de deux années. Du jamais vu.

Car les contres parties (indemnité due pour chaque licenciement, préavis qui augmente avec l’ancienneté, droits nouveaux à l’assurance chômage et à la formation) sont incroyablement faibles et de toute façon obligatoires (pour le moment).

En créant le CNE puis le CPE, l’exécutif croit donc que c’est en supprimant les règles les plus élémentaires du droit du travail que notre pays renouera avec les emplois. Ainsi, l’un des schémas actuellement étudiés par Matignon est, semble-t-il, celui de la généralisation de la période d’essai de deux ans introduite par le CNE et le CPE à tous les CDI.

Précisons d’ailleurs que cette idée d’un contrat de travail unique à terme, remplaçant le CDI, le CDD et les nouveaux contrats créés, figure dans le projet de Nicolas Sarkozy pour 2007. Les deux outsiders de la droite ont finalement, mis à parts leurs tailles et coupes de cheveux, beaucoup de points communs.

Dans un premier temps, l’on constate aisément que les jeunes sont utilisés comme cobayes de cette politique de flexibilité totale qui consiste d’abord en l’entrée dans la vie active sur la base d’un contrat journalier. Celui qui embauchera un jeune pourra le licencier tous les jours sans motif.

Concrètement, cela reviendra à faire tourner de la main-d’œuvre diplômée et pas trop regardante. L’influence anglo-saxonne est flagrante sur notre Premier ministre qui s’affirme pourtant gaulliste à travers de longs et beaux discours d’une triste hypocrisie.

Pourtant qui croit encore que les Etats anglo-saxons (Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique) connaissent un taux de chômage réellement faible et un niveau de vie moyen supérieur ? Seule notre majorité gouvernementale passe sous silence, la croissance ridicule du Royaume-Uni (1,8 %) due à une baisse massive des dépenses publiques ; le surendettement et la très grande fragilité et dépendance de ces puissances.

Qui croit encore que le chômage baisse grâce à la seule flexibilité ? L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) elle-même admet l’absence de « lien direct évident » entre protection de l’emploi et niveau de chômage : « Si l’on examine rétrospectivement la situation du Danemark, de l’Irlande et du Royaume-Uni, par exemple, trois pays où la protection de l’emploi est faible ou modérée, on voit que leur taux de chômage, aujourd’hui bas, était en fait élevé dans les années 1980 (...). A l’inverse, dans d’autres pays où l’emploi est relativement protégé, le chômage est resté longtemps à un faible niveau  » (1).

Les explications de la « performance » britannique sont donc tout à fait autre : ce sont le rôle du temps partiel (24,1 % de l’emploi total au Royaume-Uni, contre 13,4 % en France) (2) ; la création de postes dans l’administration et les services publics (1 million) ; l’absence de contraintes monétaires (trop strictes) imposées par la Banque Centrale Européenne (BCE) ; enfin le quadruplement (statistique) du nombre de « handicapés » depuis vingt ans. Ce dernier résultat étant corrélatif au durcissement des conditions d’indemnisation des chômeurs (allocation uniforme de 80 euros par semaine limitée à six mois ; sanctions en cas de refus des propositions faites, même pour un salaire très inférieur à celui de l’emploi précédent). Le Royaume-Uni compte environ 2 700 000 handicapés, contre 570 000 en 1981, le recours au régime d’invalidité ayant servi à dégonfler les statistiques des demandeurs d’emploi. Notamment pour les plus âgés.

De plus, comme le souligne Serge Halimi dans Le Monde diplomatique d’octobre 2005, «  si la croissance de l’emploi global au Royaume-Uni est restée en définitive comparable ou inférieure à celle de la France, dans le dernier cas la population en âge de travailler a cependant crû deux fois plus vite (12 %) qu’au Royaume-Uni (6 %) (3). En d’autres circonstances, on aurait célébré non pas la baisse du nombre de chômeurs britanniques, mais le dynamisme démographique de la France... »

Enfin, qui peut honnêtement comparer la mentalité du patronat français avec celle du patronat anglo-saxon ? En France, quel patronat saura profiter de ces contrats « faciles » et précaires pour au moins prendre des risques (le seul intérêt - bien faible malgré tout, face aux inconvénients - de tels contrats) ? Sans doute aucun, à l’inverse de son homologue anglo-saxon qui a au moins cette qualité (mais qui ne suffit évidemment pas).

La France n’est donc pas le Royaume-Uni ni les Etats-Unis d’Amérique. Les mentalités ne sont pas les mêmes, les aspirations professionnelles et sociales non plus. Les Français ne veulent pas d’une flexibilité sans contre partie et ne considèrent pas la précarité comme la clef de l’emploi.

Ils aspirent avant tout à la sécurité, bien entendu pas celle de M. Sarkozy, celle de l’emploi et de la vie sociale.
Egalement, les Français souhaitent renouer avec le dialogue et reconstruire la cohésion sociale. M. de Villepin ne l’entend pas ainsi et préfère, comme M. Sarkozy, l’affrontement et la division afin de mieux régner.

C’est pourquoi le Premier ministre a décidé de passer en force pour imposer le CPE et le démantèlement du Code du travail. Il n’y a donc eu aucune concertation avec les partenaires sociaux avant l’annonce le 16 janvier 2006 du CPE, qui devra être adopté en urgence par le Parlement. En accélérant le processus d’examen du texte, le gouvernement peut profiter de la conjonction d’un certain nombre de facteurs susceptibles d’handicaper une éventuelle mobilisation de grande ampleur des jeunes. Les vacances d’hiver qui s’étalent sur tout le mois de février et le début du mois de mars ont, en effet, toutes les chances de calmer les ardeurs manifestantes des lycéens. Quant aux étudiants, ils ont fort à faire à la même période avec la première vague des examens.

La mobilisation ne sera donc pas aisée et devra prouver que la méthode choisie par l’exécutif, tant dans la forme que dans le fond, est finalement loin d’être la bonne...

1. OCDE, Perspectives de l’emploi de l’OCDE (2005), Paris, 2005, p. 216.
2. Ibid., p. 284.
3. The Wall Street Journal Europe, 19 août 2005.


Moyenne des avis sur cet article :  4.6/5   (40 votes)




Réagissez à l'article

15 réactions à cet article    


  • machinchose (---.---.129.40) 30 janvier 2006 17:41

    très juste analyse qui a surtout le mérite de tordre le cou à certaines idées reçues.

    On pourrait ajouter la politique d’emprisonnement massif des population pauvre ou/et marginales tel qu’il se pratique aux USA et qui fait gagner quelques precieux points aux statistiques du chomage. AInsi Western et Beckett en 1999 ont ils pu costater dans la revue American journal of sociology repris par L. Waquant dans son ouvrage « les prisons de la misère » qu’ « une fois pris en compte les differentiels de taux d’incarceration entre les deux continent, (...) contrairement à l’idée communément admise et et activement propagé par les chantres du neoliberalisme, les etats-unis ont affiché un taux de chomage SUPERIEUR à celui de l’UE pendant 18 des 20 dernières années (1974 - 1994) » le reste de l’analyse est encore plus terrifiant en ce qu’il repose sur des faits difficilement contestables (donc souvent masqués) et qui devraient amener nos amoureux des systeme ultra securitaires et neo liberaux à reflechir à leur sens des responsabilité publiques et leurs opposant à cesser de les suivre dans ces voies là.


    • Nicolas Cadène Marion 30 janvier 2006 17:51

      Excellent article ! Bravo, cela rend compte d’une réalité désastreuse et déprimante, qui incite à se regrouper et à se mobiliser contre l’adversité matérialisée par le gouvernement actuel !


      • Nicolas Cadène Nicolas Cadène 30 janvier 2006 18:17

        merci à Marion, amie qui réside chez moi en ce moment !


        • Nicolas le vrai (---.---.139.130) 23 mars 2006 00:22

          les auto-félicitations sont franchement de mauvais gouts...

          Ceci dis, j’approuve pour une part ce que tu dis.. (pour une fois) .

          Je suis ni pour ni contre le CPE, je suis pour un CE, un contrat d’embauche qu’il soit pour la premiere fois ou la seconde etc etc. Le CPE a des points positifs, ils ne sont pas tous négatifs et a des points négatifs à corriger. Je ne vais pas dire le négatif et le positif, je n’ecris pas ce post pour ca, mais pour dire surtout qu’il serait temps que les politiques ensemble se mettent d’accord pour un contrat unique égalitaire, pour les jeunes et les moins jeunes, pour les salariés privés comme pour les fonctionnaires.

          Profitons de ce débat sur le CPE pour enfin trouver les idées afin de réaliser un contrat où tout le monde y gagne. Ca existe. Un contrat avec des droits et des devoirs pour les salariés et des limitations et des possibilités de flexibilité pour l’entrepreneur (car un contrat à vie sans possibilité de licenciement à la façon des fonctionnaire c’est trop dangereux pour des entreprises privées qui affrontent la concurrence en permanence)

          Ne faisons pas la guerre au gouvernement mais contre un CPE pas tolérable en l’état. Le PS doit se garder de toutes remarques en attaquant systématiquement le gouvernement en demandant sa démission.


        • wil (---.---.176.42) 30 janvier 2006 18:37

          Juste un grand merci à vous pour cet aticle qui remet quelques pendules à l’heure.


          • Rage (---.---.56.42) 30 janvier 2006 19:02

            Je partage entièrement ce point de vue.

            Le CPE est un contrat à contre-emploi.

            Il s’attaque au contenant et pas au contenu.

            Par ailleurs il fait le pari de la flexibilité en oubliant la contre-partie clé de cette flexibilité : Si aux US les gens sont prêts à se faire virer du jour au lendemain c’est avant tout pour 2 choses que l’on a pas en France : 1. La possibilité de gagner beaucoup d’argent très rapidement, avec des prélèvements moindre et des salaires qui peuvent vous faire vivre 2 à 6 mois parfois. 2. La possibilité de retrouver en moins de 2 jours du boulot.

            En France, une démarche pour l’emploi, c’est au bas mot 1 mois de délai. En France, gagner de l’argent avec une entreprise lumineuse, ce n’est pas possible. Là où un Américain crée son statut sur 1 papier (10 secondes), en France il faut 45 démarches, 1 mois de délai, 3 mois d’études préalables etc...

            La flexibilité pourquoi alors ? Pour avoir des DESS Bac+5 mis à disposition 2 ans au SMIC ? Pour perdre l’essence même des avancées sociales des contrats de travail (sécurité vs salaires moindres) ?

            Les clones Sarkozy et De Villepin sont à s’y méprendre exactement du même bord et totalement sur la même longueur d’onde. Les 2 avancent « travailler plus pour gagner plus », mais est-ce que les Français veulent cela ?

            Est-ce que travailler 39h au prix de 35h (Bosch) c’est un avantage ? Travailler plus pour gagner aussi peu devrait-on dire.

            Les Français veulent tout simplement avoir un salaire qui leur permettent de vivre, de se loger (dur non ?), de se nourrir, de se déplacer (no comment), de vivre en somme.

            On leur propose de rester terrer dans leurs entreprises, de se soumettre aux directions sans pouvoir dire mot (donc consentir) sous peine de se faire virer. Pire encore, on vise les jeunes.

            Quelle marque de confiance, quelle projection dans l’avenir, quel envie de construire lorsque rien n’est garanti, lorsque le risque n’est pas rémunéré, lorsque tout est contre vous ? La réponse est simple : on ne construit rien, on se rétracte, on a peur et on génère la haine du système, le ressentiment et la rancoeur.

            Alors oui, le CPE est un contrat précarisant. Oui ce contrat est le négatif absolu de ce qu’il faudrait faire (revaloriser le travail). Oui ce contrat est indécent, dangereux, provocateur. Oui, c’est à nous, les jeunes de dire que nous ne sommes pas des « buches » et surtout que nous en avons marre d’en prendre dans la gueule.

            Oui, il faut se battre contre le CPE et tous ces autres dispositifs qui précarisent toujours les plus faibles (salariés privés), toujours ceux qui sont les plus exposés (jeunes, sans formations, bas salaires).

            La justice c’est que le fort aide le faible. La justice c’est de valoriser la loi SRU que l’UMP sous ordre de Chirac a affaibli. La justice, c’est de lutter contre vous, de toute nos forces, de toute notre âme, car oui, vous (UMP and co) êtes néfastes pour la France.


            • machinchose (---.---.129.40) 30 janvier 2006 19:05

              j’aime beaucoup dans ce point de vue, Rage, le point de vue sur d’autres aspects à méditer des modèles anglo saxons. merci/


            • john shetland (---.---.140.250) 31 janvier 2006 16:28

              C’est dingue ce que vous pouvez avoir comme avis dogmatiques ! STOP !!!! Vous savez combien ça coûte à un employeur, un recrutement ? Une formation pour que le nouvel employé soit opérationnel ? Vous croyez vraiment que les méchants patrons vont s’amuser à embaucher quelqu’un pour le plaisir de le virer du jour au lendemain ? CPE ou pas ?

              Le problème de fond, ça n’est pas le CPE, c’est la sur-protection de l’emploi ! Vous oubliez qu’il n’existe pas en France que des grand groupes, qui peuvent licencier à tour de bras (soit sous prétexte de licenciement économique ou en se payant un licensiement brutal) ! Les PME, elles font comment quand elles veulent se séparer d’un employé qui ne fait pas bien son boulot ? Je vais vous raconter une histoire qui vous fera -peut être- réflechir. Cela se passe dans une PME. Commerce de bouche, 23 employés. Un de ces employés, que nous appellerons X, vole dans la caisse. Le PDG de cette PME l’apprend, par des « bruits de couloirs ». Ne voulant pas se fier qu’à ces bruits, il renforce son contrôle de caise et, effectivement, constate que de l’argent disparaît de la caisse quand X en est en charge. Le PDG convoque alors l’employé pour lui signifier ses soupçons et lui demander de renoncer à ce type d’agissements si toutefois ils existent.

              La situation n’évoluant pas, le patron fait poser une micro caméra diriger vers la caisse afin de prendre X « la main dans le sac », ce qui ne manque pas d’arriver. Les bandes sont alors montrées à X, à qui il est demandé de démissionner à l’amiable, faute de quoi X sera licencié et poursuivi pour vol. X refuse l’arrangement, est donc licencié pour faute grave, et plainte est déposée. Le PDG, prévoyant et connaissant les travers de la justice, se dit que ce genre de procédure peut être long et coûteux, provisionne (c’est-à-dire immobilise) une centaine de milliers de francs (15000€) pour couvrir les éventuels frais à avancer.

              X prend un avocat, porte plainte au prud’hommes pour licenciement abusif et attaque la société en justice pour diffamation.

              Là où la situation devient ubuesque, c’est quand la cassette -vue par le juge- est rejetée, car X n’avait pas connaissance de son existence ! N’ayant plus assez de preuve, la société est condamnée, au prud’hommes et au pénal (!) à verser à l’individu la somme de un an de salaire (45000€).

              En gros, un employé est licencié parcequ’il pique dans la caisse (pas loin de 1500€ par mois), et l’employeur est condamné à lui verser un an de salaire.

              Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire ? Pour vous illustrer ce que vivent les entreprises. Il est tellement difficile de licencier « proprement » un employé que cela constitue un frein à l’embauche (c’est un raccourci hatif, mais pas si caricatural que ça !).

              Donc, par pitié, ne tombons pas dans les réflexions trop réductrices ! Personnellement, le CPE, je n’ai pas d’opinion dessus. Est-ce un mal, un bien ? On verra sur pièce.

              Ce que je sais, c’est que je choisirai toujours un contrat, même « précaire » que le chômage. Pourquoi ? C’est sans doute un peu personnel, mais j’ai toujours préféré créer de la valeur par mon travail qu’alourdir le déficit de mon pays. C’est un choix...


              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 1er février 2006 12:20

                Ce que vous dites de ce cas est peut-être vrai, mais en tant que conseiller bénévole de l’entreprise familiale (80 personnes) dans laquelle mon épouse est sociétaire majoritaire (il est vrai en Allemagne) je peux vous dire deux choses :

                1) Le risque de l’entrepreneur, s’il sait se protéger, est plus théorique que réel. La faillite n’est pas nécessairement la ruine !

                2) Vous ne pouvez généraliser à partir de ce cas qui relève d’un déni de justice et non pas du droit des salariés

                Conclusion : Le cas particulier que vous citez et d’autres semblables ne peuvent en rien justifier une prétendue loi qui vise à transformer un salarié en simple objet de droit (lire par ailleurs mon intervention sur cette page) et donc à mettre en cause l’idée même de droit du travail contractuel !


              • gogo le cousin.. ;; (---.---.150.116) 31 janvier 2006 20:47

                pas trop d’accord avec le cousin(une fois n’et pas coutume !!)....on essaie de trouver une solution pour pousser les entreprises a embaucher,et donc donner une opportunitée,aux sans emplois d’en trouver un,mais evidemment ils y en a qui sont contre ca !!posons les bonnes questions,en quoi est-il une mauvaise chose de dimininuer les risques d’un patron d’employer,d’avoir le temps de se faire une idee de la personne qu’il va embaucher,en deux mois d’essai,on peut tricher,faire le « bosseur »,pas en deux ans..soyons clair,l’employé aujourd’hui n’a aucun risque dans une entrprise,le patron,lui les a.alors,pour une fois que des lois vont dans son sens...et surtout,ci cela peut faire baisser le chomage,je pense que la est l’essentiel,que des gens qui ont perdu toutes motivations la retrouve !!attendons de voir avant de se presser de faire des conclusions !! ps:bise au cousin


                • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 1er février 2006 11:14

                  Que la CPE soit une amorce d’une fléxibilisation du marché du travail est évident, comme l’est la nécessité de cette fléxibilité dans le cadre de l’évolution mondiale du capitalisme, si l’on veut, sinon en profiter aux dépens des autres, au moins en tirer le meilleur parti. Mais cette liberté accrue des entreprises, probablement incontournable si elles veulent survivre, ne peut aller sans une sécurisation accrue des parcours professionnels personnels des salariés selon un modèle de « flextabilité » à construire chez nous, inspiré du modèle danois.

                  Le CPE -et ceux qui le critiquent ont tort de le cacher- pose quand même quelques garanties théoriques, sinon rhétoriques, en faveur des salariés concernés : les indemnités et le préavis de licenciement croissants dans le temps. Tout sera affaire d’application et c’est là le rôle de l’état et surtout du gouvernement qui, inutile de le rappeller, à une obligation politique de résultat.

                  Mais ce qui est insupportable dans le projet actuel du CPE, c’est le mépris profondément anti-libéral des salariés et de leur droit à la dignité que manifeste cyniquement ce nouveau prétendu droit des entreprises de rompre un contrat de travail sans aucune justification écrite. La liberté suppose la réciprocité et l’égalité des droits et de traitement entre les contractants

                  Toute liberté accrue suppose une responsabilité accrue vis-à-vis d’autrui et traiter les salariés comme des objets de droit est proprement sacandaleux , du point de vue même d’une philosophie libérale de l’économie. Or refuser cette justification c’est proprement dénier au salarié le statut de sujet de droit.

                  La conséquence de ce mépris, c’est tout simplement de provoquer, sinon la révolte violente (et le suite le montrera), au moins le démotivation au travail de ceux que l’on prétend mépriser aussi ouvertement dans la loi ; motivation pourtant de plus en plus nécessaire dans une économie dans laquelle le service relationnel devient une détermination dominante du marché moderne.

                  Cette loi, en l’état, est anti-libérale et donc, au sens littéral, révoltante. Une telle erreur stratégique est une faute politique gravissime : elle met en échec le sens même de la loi : assurer la paix civile dans la justice (l’égalité des droits). Cette faute est scandaleuse de la part de responsables politiques qui se réclament des valeurs de la république démocratique


                  • machinchose (---.---.129.40) 1er février 2006 11:45

                    je suis étonné de lire gogo le cousin et john shetland qui semblent ne pas avoir lu la démonstration de l’inefficacité grandissantes des mesures qu’ils défendent. Ils n’ont pas plus, dans l’hypothèse où les dites démonstrations ne les auraient pas convaincus démontrés leur invalidité. Alors je m’interroge : fait on réellement cela pour l’emploi ou comme le souligne très justement Sylvain Reboul pour donner plus de poid encore à l’employeur et en priver encore un peu plus le salarié (ou « être humain non entrepreneur et donc à ce titre insignifiant mais malheureusement encore indispensable »). Je m’adresse par cette ultime question plus précisemment à John Shetland qui nous sort l’eternel argument de « vous ne connaissez pas la réalité » ce qui est une amusante erreur et qui ajoute l’éternel exemple du patron brimé par le droit du travail.

                    (c’est d’ailleurs marrant d’écouter les RH se lamenter sur les patrons qui font n’importe quoi en matière de gestion de RH alors que ce n’est pas si compliqué mais on les bassine tellement avec l’idée que le droit français est monstrueux -je ne dis pas qu’il est idéal ni qu’il n’est pas réformable- qu’ils ont peur ne serait ce que de faire un licenciement correctement -ce qui n’est pas si compliqué- et du coup ils se font légiimement débouté devant les tribunaux pour n’avoir respecté aucune procédure. Ceci est une caricature pour répondre à une caricature, je sais qu’il y a des patrons qui ne s’en sortent pas ou qui galèrent).


                    • Dominique (---.---.73.120) 7 février 2006 18:29

                      Pour pouvoir vraiment juger du texte, ... et de vos commentaires..., encore doit-on pouvoir le consulter. Merci de nous dire où vous l’avez téléchargé.


                      • www.jean-brice.fr (---.---.7.204) 20 février 2006 21:40

                        Cette loi est, à la fois, un déni de justice et une erreur économique : M. VILLEPIN prends le problème à l’envers ; il fait comme M. LAVAL en 1935, et aura certainement des résultats qui se rapprocheront. La priorité est une relance de l’activité qui,seule, peut empêcher un appauvrissement de la France : pour cela, il faut faire une AUTRE POLITIQUE, qui existe et que nos dirigeants refusent de faire depuis trente ans... essentiellement par manque de courage.


                        • superR (---.---.106.239) 30 août 2006 11:56

                          Et oui Jean-brice, mais ta politique de relance de l’ activité n’est pas suffisante. C’est un sensemble de mesures qui fera baisser le chomage, tu rétrécis le problème. Je comprends très bien john shetland, et je pourrais appuyer son exemple avec de nombreux autres témoignages que j’ai entendu dans mon entourage qui comporte des chefs de PME et des cadres banquaires.

                          Une augmentation considérable de la croissance serait la meilleure solution, mais pour cela il faut de la créativité et surtout cela nécessite de la part des dirigeants d’entreprise de prendre de la prise de risque (en embauchant). En effer, une très petite entreprise, qui voit son chiffre d’affaires augmenter et qui aurait besoin d’ embaucher ne le fait pas par peur du futur. Si son carnet de commande baisse et qu’elle a deja embauché quelqu’un, elle sera dans une situation très périlleuse car ses couts salariaux auront augmenté de +-20_50% et son chiffre d’affaires sera le même qu’avant embauche... Si ce salarié embauché était sous CPE, après s’etre assurée qu’il n’y aura pas d’embellie dans son activité économique,elle pourrait décider ou non de licencier ce salarié. Maintenant si cette entreprise n’embauche pas par peur de voir son carnet de commandes chuter plus tard, elle devra certainement refusé des commandes ce qui bien sur nuit à la croissance. Cet exemple simpliste, je l’entends plusieurs fois par mois que ce soit dans les médias ou dans mon entourage...

                          Enfin n’oubliez pas que les patrons sont des hommes comme vous et moi, et que ca ne fait JAMAIS plaisir de licencier, sauf si l’individu est en congé maladie depuis 18 mois pour un mal de dos et qu’on le retrouve dans son club d’équitation.

                          ps : j’adore remonter les posts smiley

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès