Quand Ségolène Royal admire Tony Blair
Donc Ségolène a parlé. Et elle a parlé sinon fort, au moins bruyamment. L’opération a été menée en deux phases . Une interview au Financial Times, dans laquelle Madame Royal nous balance tout net son admiration à peine voilée pour Tony Blair "qui n’a pas fait que des erreurs", notamment en matière d’emploi des jeunes, en combinant flexibilité et sécurité . Elle poursuit en déclarant s’affranchir de tous les tabous, y compris sur les 35h. La deuxième phase, c’est une apparition très médiatisée au salon de la chaussure, afin d’assurer aux charentaises une promotion en petits carreaux. Et là, elle n’esquive plus les questions concernant sa position dans les sondages et les décisions à venir, mais la joue modeste en fidèle épouse. " Nous déciderons en couple"...
Au PS, les mines s’allongent. Non seulement un sondage la met pour la première fois devant Sarkozy, avec 51% des voix, mais en plus elle affiche sereinement une ligne politique pour le moins décalée, qui n’a recueilli au dernier congrès du PS que 1% des voix, sur la motion du maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. La ligne blairiste. Effet de surprise garanti. Le plus atteint, c’est bien entendu DSK qui louvoyait péniblement contre les vents dominants en tirant des bords de droite à gauche, affichant une ligne moderniste qu’il tentait d’accrocher aux archaïsmes bien ancrés au PS. Empêtré dans ses propres contradictions, oscillant entre les conclusions d’une analyse responsable et le militantisme racoleur, la valse de Strauss est désormais reléguée par Ségolène au rayon des vieux 78 tours.
Car Madame Royal a décidé de parler vrai, et donc de prendre des risques. Les barons ricanent et parlent d’une première erreur. Est-ce si sûr ? Les Français attendent-ils vraiment du PS qu’il les fige pour l’éternité dans un immobilisme social dont ils ont bien compris, eux, les méfaits ? Certes, Ségolène Royal prend soin d’égratigner le CPE, ce que d’aucuns pourraient d’ailleurs trouver contradictoire avec ses propres déclarations sur la politique d’ emploi des jeunes conduite par Tony Blair. Normal, à la veille d’une journée de manifestation qui pourrait d’ailleurs, en fonction de son succès ou de son échec, constituer un point d’inflexion important dans l’évolution des stratégies des présidentiables.
Il se dit que Ségolène Royal est désormais conseillée par le président de Publicis Conseil, Christophe Lambert. Auteur de La société de la peur, ce gourou à la mode, que l’on disait déjà conseil de Sarkozy, aurait-il changé de camp ? A moins que son précepte : "On ne peut réussir si on a peur de s’exposer" n’ait été bien entendu par Ségolène, qui visiblement ne craint plus personne.
À suivre.
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