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Alexis HK en tournée à La Réunion

Enfin un courageux ! Même pas peur du moustique, lui ! En cette période de vaches maigres concernant les artistes nationaux sur notre petit territoire insulaire, lui, sans se poser trop de questions, a bravé les océans, englouti les kilomètres pour venir offrir trois concerts à une île qui, il faut le reconnaître, avait besoin de se sentir aux yeux d’un artiste autre chose qu’un caillou peuplé de moustiques ravageurs dont on peut annuler le rendez-vous d’un simple claquement de doigt. Je ne citerai personne...

Pour Alexis HK, c’est sa première fois avec l’île, et il nous confie que pouvoir faire trois représentations lui a permis de poser un peu les amarres, et de savoir apprécier à sa juste valeur la nature, les paysages, mais aussi les gens. « J’ai vraiment rencontré des personnes fabuleuses pendant cette tournée à La Réunion. Tous les organisateurs des différentes salles de spectacles ont été très sympas (Palaxa, Bato Fou, Kabardock, ndlr).

Quand je disais en Métropole que je partais à La Réunion, les gens me regardaient avec de gros yeux et ne pouvaient s’empêcher de me mettre en garde, mais franchement, je ne regrette pas, bien au contraire, et puis ce n’est qu’un moustique. On se protège un minimum, et tout se passe bien. » Tant mieux, de te l’entendre dire ! Il nous avoue aussi être attristé par cette surmédiatisation en métropole par rapport à ce qu’il a pu constater, concrètement, une fois sur le terrain.

Assez parlé moustique, il n’est pas venu pour cela, mais pour nous gâter les esgourdes et les mirettes de son récital, un mélange très réussi de chansons à texte sur musique variée, pouvant allant d’un pop rock doux et mélodieux, à une musette d’antan entraînante, ou même à un hip-hop fusion explosif. « Je dirais pas que ce que j’écoute est réellement ce qui inspire ma musique, mais j’aime des artistes comme Arthur H, Albin de La Simone, et puis forcément les grosses pointures comme Brel, Gainsbourg, bref, tout ce qui a nourri mon enfance ».

Quand on lui rabâche une nouvelle fois l’influence apparente de Brassens, il ne dément pas. Le grand Monsieur de Sète a été très présent aussi dans son enfance, et lui a donné l’envie, peut-être plus qu’un autre, de s’attacher aux textes d’une chanson et non seulement à sa musique. « Mais bon, jamais je n’oserais me prétendre au niveau de Brassens, c’est tout d’abord impossible, et puis ce serait tout simplement d’une grande arrogance ». Et oui, modeste, l’Alexis !

Mais je dois dire qu’on en est déjà convaincu quand on croise sa dégaine nonchalante, sa mine enthousiaste et sa poignée de main chaleureuse. L’artiste aime prendre son temps, improviser pour un public dont il ne se moque pas, comme lorsqu’il montera un peu plus tard sur scène à la fin du set de Ziksako (groupe de première partie) pour entonner avec le chanteur un petit bœuf de derrière les fagots, sur le superbe air de Brassens : Je m’suis fait tout petit. Cette mise en bouche donne au public un bref aperçu de la sincérité de l’artiste.

Puis, le contrat de Ziksako amplement rempli grâce à leurs trois quarts d’heure d’une prestation acoustique saupoudrée de charmes réunionnais eux-mêmes bigarrés d’une teinte malgache, Alexis commence son concert, tout juste accompagné d’un accordéon vibrant et mélancolique, pour débuter ce qui va finir, et pour finir, terminer ce qu’il finira par débuter... mais je m’emmêle le stylo. Difficile d’expliquer ce voyage intergalactique aux interludes de one man show très raffiné où sont passées en revue les différentes périodes de la vie d’un homme, de son adolescence, à ses trente ans. « En fait, j’ai commencé à écrire des chansons très jeune » nous confie-t-il, « et en concert quand je joue celles-là, j’essaie de me remettre dans la peau de l’ado que j’étais, de retrouver la raison qui me poussait à écrire ces textes ».

Ce petit côté théâtral ajoute encore à la qualité générale de la chose, croyez-moi. Hélas, toutes les meilleures choses ont une fin. Non, je n’ai pas la prétention de parler de mon modeste gribouillage, mais bien du concert d’Alexis HK. Les choses simples sont bien souvent les plus belles, et c’est ainsi qu’il en est pour sa musique mélodieuse fardée sans excès d’accordéon, de xylophone ou encore de flûte, le tout accompagné de textes qui forcent tous les pisse-copies à se rendre compte, une fois pour toutes, de la juste valeur de leur bien triste capacité d’écriture. Oui, cette fois, j’ose faire allusion à mon travail ! Alexis HK en est à son deuxième album, le troisième est en train d’être enfanté par cet histrion qui hisse encore un peu plus la chanson française au niveau qu’on l’aime, c’est-à-dire au degré où on ne s’ennuie pas !

Son voyage intergalactique nous aura permis de passer un moment d’allégresse, nous autres Réunionnais emmoustiqués et même tristement endeuillés récemment par une falaise meurtrière. En passant également par des reprises de MC Solaar, ou de Comme une vierge de Madonna (il fallait oser !), il réussira même, avec un dernier morceau aux accents de musette, à faire danser la salle du karbardock en guise de clôture à son spectacle, et ceci, toujours dans le souci de chouchouter son public, comme lui seul sait si bien le faire.


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