Bêtises en rafale
Le bureau du Sénat, composé de 26 membres dont douze seulement de l’UMP et de l’UDI a rejeté la demande de la justice concernant la demande de levée de l’immunité parlementaire du sénateur Serge Dassault : cherchez l’erreur !
Quelques hypothèses
En première analyse, celle basée sur les forces politiques en présence dans ce bureau, on constate qu’un membre de gauche a joint ses voix à celles de la droite et qu’un autre membre de gauche également, s’est abstenu. Certes, ce vote pouvait ne pas répondre à des critères purement politiciens, mais on constate qu’à droite le refus a été unanime et qu’à gauche il l’a été également, à deux exceptions près cependant, qui font cependant toute la différence.
Est-ce à dire que nos chers sénateurs sont incapables de se prononcer en dehors d’un esprit partisan ? C’est la première hypothèse et cela voudrait alors dire qu’à droite on joue l’esprit de groupe en dehors de toute considération factuelle et d’esprit de justice et qu’à gauche, alors, on jouerait uniquement la carte de la déstabilisation des opposants.
Une bien piètre image.
Mais il faut considérer également la personnalité de M. Dassault, au-delà de ses prises de positions politiques tranchées, M. Dassault est également patron de presse d’un titre résolument en opposition avec le gouvernement actuel très utile à la droite dans le contexte actuel.
M. Dassault est également le patron d’une entreprise qui fabrique les avions de combat rafale dont seule l’armée française s’est dotée pour l’instant et qui peine à être exporté.
Pour ces deux raisons, il n’est pas exclu que certains conseillers ministériels ou présidentiels aient émis l’idée que la levée de l’immunité parlementaire aurait fait de l’homme politique un martyr en France et détruit son image à l’international ce qui aurait eu un effet déplorable auprès de futurs acquéreurs de l’avion rafale, d’où un léger déplacement de votes de sénateurs de gauche…
Bref, une petite magouille profitable à tous, gauche et droite confondues avec en perspective la balance commerciale du pays.
On n’osera pas, en dernière hypothèse, évoquer la piste de l’achat de votes pour expliquer le résultat du vote du bureau du Sénat, ce qui serait du plus haut comique ou bien un marchandage en vue d’une prochaine affaire impliquant cette fois un sénateur de gauche.
Une image fortement entamée
Au-delà de ces élucubrations, on constatera que cet épisode est déplorable pour le Sénat en ce sens où il donne l’image d’une institution au dessus des lois, qui vote des textes qui concernent l’ensemble des justiciables mais qui en exonère ses propres membres.
Le Sénat qui se présente comme une assemblée modératrice des excès des députés n’avait pas besoin de cet épisode sulfureux pour se discréditer.
A vrai dire, la présence même de cette assemblée dans le paysage institutionnel français est un anachronisme. L’élection de ses membres par les grands électeurs (élus locaux) et non par les citoyens, jette le doute sur ses prises de positions, particulièrement en matière de réforme des collectivités territoriales, systématiquement vidées de leur contenu après leur passage au Sénat.
Ce rôle de « représentant des collectivités territoriales » est donc un frein essentiel à la réforme de nos structures territoriales, d’autant que les règles du cumul des mandats favorisent l’entre-soi et que cela est favorisé par la fameuse « réserve parlementaire » destinée à « fluidifier » les votes des grands électeurs.
Une institution hors-sol en quelque sorte et dont la récente décision de bureau concernant la non levée de l’immunité parlementaire de M. Dassault ne renforce pas l’image.
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