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En guise de vœu pour la décennie, un Adieu (sans regrets) au vieux monde

L'Adieu (sans regrets) au vieux monde
 
 
Qui aurait dit que le téléphone marié à l'ordinateur nous permettrait un jour d'accéder à tout le savoir humain et nous offrirait en plus la possibilité de communiquer avec tous les individus vivant sur cette terre ? Ni les livres ou les films de Science-fiction les plus pointus ne l'avaient envisagé.
Le langage (qui définit l'être humain, le parlêtre), puis l'écriture (du langage mémorisable et transportable), puis l'imprimerie (qui exporte la langue encore plus loin et plus massivement) ont été des étapes fondamentales du développement de l'homme et des sociétés. La pédagogie qui fut inventée par les Grecs au moment de la propagation de l'écriture s'est transformée quand a émergé l'imprimerie à la Renaissance. Nous assistons aujourd'hui à un phénomène semblable.
Pour la première fois, l'humanité entière peut communiquer avec elle-même, en direct. De nouvelles relations, des regroupements impensables auparavant, se construisent, qui vont changer le monde. Une communauté humaine transcendant toutes les cultures et les langues, tout en les respectant, est déjà là. Encore balbutiante (même pas dix ans), cette nouvelle société d'individus connectés entre eux a déjà montré quelques effets : révoltes arabes, transparence obligée par l'explosion des diffuseurs d'informations, des lanceurs d'alerte, etc., mais l'essentiel est à venir. 
 
Peu de penseurs travaillent sur ce changement de paradigme. Heureusement, un des plus grands, Michel Serre, nous montre la voie de l'avenir dans son livre "Petite Poucette".
Écoutons-le.
Les outils qui ont toujours qui ont toujours externalisé nos forces (du levier aux machines outils puis à l'ordinateur portable, aux tablettes), se sont multipliés. Comme tout est numérisable, unifiable par le numérique, toutes les disciplines s'en trouvent transformées. Des assistants multiples pour toutes nos activités nous permettent déjà d'être plus rapides et d'en faire plus, toujours en interconnexion avec nos amis et relations.
 
Ce qui va changer ou s'améliorer considérablement :
- plus de claviers (reconnaissance vocale et enregistrement automatique de nos paroles), 
- presque plus de boîte à transporter (Google glass, montres, tissus vestimentaires intégrés bourrés d'informatique, etc.)
- plus de barrières de langue (traducteurs automatiques performants), 
- plus besoin de mémoriser les connaissances, il suffit d'apprendre à chercher. 
- La notion de propriété va changer aussi puisque ce qui est partagé ne nous appauvrit pas, l'objet restant au créateur, 
- Le savoir diffusé à l'origine en rouleaux, puis en livres est maintenant devenu virtuel, on quitte le geste du laboureur. On n'a plus affaire à des pages, mais à des formes hybrides de textes avec hyper liens.
- Tout le savoir du monde sera offert à tous, expliqué, documenté, sans plus d'erreurs que les encyclopédies ou les livres.
- Plus de corps contraints, alignés tournés vers l'estrade, l'autel, le trône,
- Plus d'idéologies, de savoir pré-digéré, plus de maîtres à penser, fin du bavardage des experts,
- Pus de puissants, de décideurs, mais des hommes décidés à ne plus se laisser faire, à accepter de vouloir changer, de prendre leur vie en mains dans la reconnaissance et le respect des autres.
- plus de savoir découpé, classé, organisé, mais de la sérendipité, du disparate qui favorise le mouvement, le jeu qui provoque l'invention, 
- plus de généralités, mais du particulier, du singulier, de l'original,
- plus de manipulations, chacun auto-contrôlant son activité et les informations reçues,
- obsolètes l'armée, la nation, les institutions religieuses, la famille, les classes, etc., toutes abstractions meurtrières, massacreuses d'humains. Il n'y a rien à regretter de cet abominable XXe siècle de racisme, de tueries de dizaines de millions d'individus, de régimes autoritaires, d'industrialisation destructrice de la nature, d'écrasement de cultures millénaires, de langues, etc.
- plus d'institutions solennelles, mais une démocratie généralisée de petites unités s'organisant entre elles, échangeant instantanément, trouvant des solutions, s'auto-régulant en permanence, renversant progressivement l'iceberg,
- plus de société du spectacle, mais des acteurs créateurs, le seul acte intellectuel authentique étant l'invention.
 
Grâce au savoir décentré, horizontalisé, mobile, l'intelligence collective connectée donnera naissance à un nouveau monde où tout le monde pourra s'exprimer, où on pourra entendre la voix de tous et de chacun. Nous pourrons voter en permanence, créer des mouvements d'idées, fédérer en quelques heures des millions d'individus.
Comme tous les métiers de l’avenir sont fondés sur ce que l’on n’apprend pas à l’école, il ne sert à rien d’enseigner le monde d’aujourd’hui vu qu’il n’existera plus demain.
Il faut maintenant penser autrement, avec de nouvelles idées.
Internet qui abolit les distances est aussi utile pour la communication proche (la communauté linguistique, la ville, le quartier, voire l'immeuble, peuvent s'organiser différemment). Des milliers d'initiatives associatives vont répondre à toutes nos identités différentes (d'une ville, d'une région, d'intérêts particuliers : “je suis niçois, du quartier Garibaldi, je m'intéresse à ma ville, à ma région, mais aussi à mes origines judéo-marocaines, j'aime le foot, les émissions culturelles, les voyages, les sciences, la psychanalyse, etc., tous thèmes pour lesquels je peux échanger simultanément avec ceux qui ont les mêmes pôles d'intérêt)”.
On ne peut plus rien cacher, la transparence s'impose. Même les institutions hyper puissantes comme la CIA ou la NSA ne tiennent plus leurs troupes. Snowden a dit avec raison que ce qu'il a fait était pour le bien de tous les hommes.
Des nouvelles agences de presse se créent à toute allure, débordant les vieilles institutions. La communication est horizontale, en réseaux, débordant toutes les organisations sociales. Les lanceurs d'alerte existent dans tous les domaines, en économie, comme dans tous les secteurs de production.
 
Grâce à Internet, l'approche des autres de manière virtuelle est non agressive, respectueuse, réflexive. Elle ouvre aux rencontres réelles, au partage, à la générosité.
Tous les humains connectés pourront décider de leur avenir commun.
Les puissants commencent à se poser des questions (1), ils sentent que la terre tremble sous leurs pas, ils sont désemparés par ce qui se passe et à la vitesse où ça va. Tous ces regroupements informels effraient les puissants d'aujourd'hui par leur potentiel d'action...
Bien sûr, cela va prendre encore un peu de temps et ne se fera pas sans mal et sans nouvelles perversions. il va être nécessaire de se désintoxiquer progressivement de cette société marchande cupide, de ses produits à l'obsolescence programmée. Il faudra apprendre à différer le profit immédiat, choisir le durable, le long terme, l'anticipation, l'amour, la Vie.
 
1. Récemment, un article récent dans Le Monde évoque le désemparement des élites : "Les citoyens réinventent la sociétéà leur échelle"
 

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1 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 12 janvier 2014 08:59

    L’homme qui devient machine...en effet une grande avancée.. ?

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