Est-il utile d’en savoir autant ?
Cela fait des semaines, des mois, si ce n'est des années, que je jette un œil sur les « nouvelles » du monde ; et depuis, rien de nouveau ; quelques nuances, quelques noms qui changent, des lieux aussi, mais sur le fond, c'est la même chose.
Je suis tombée sur ça ce matin :
« Selon le Journal du dimanche du 19 janvier cité par Le Monde*, le directeur financier Pierre Vergnes, le responsable des risques Marc Brugière et le secrétaire général Johan Bohets – nommés à la mi-décembre au comité de direction de la banque – ont vu leur rémunération passer de 340 000 euros à 450 000 euros, soit une hausse de plus de 30 %, au 1er janvier.
Pierre Vergnes et Marc Brugière remplacent Philippe Rucheton, qui était payé 500 000 euros, et Claude Piret, qui était payé 480 000 euros, détaille le JDD. Dexia s'est justifié ainsi :
« Dans le contexte particulier de Dexia, la gestion en extinction est un métier complexe qui demande des compétences pointues et des professionnels expérimentés. Les décisions prises par le conseil d'administration et annoncées le 13 décembre 2013 sont en ligne avec les pratiques de marché et conformes aux législations en vigueur. »
… Allons bon ; après augmentation, ces trois types gagneraient moins que leurs prédécesseurs ? Mais c'est injuste ! On ne dit pas si ces prédécesseurs si grassement payés, sont ceux qui ont coulé la boîte ; ainsi, ces professionnels expérimentés aux compétences pointues, qui, n'en doutons pas, ne sortiront pas cette banque de la mouise, puisqu'ils ne sont pas payés pour ça, gagneraient moins que ceux qui l'ont coulée ? on pleure de rage devant tant d'injustice, non ?
La suite nous enfonce un peu plus dans un superlatif à inventer :
« La France et la Belgique, actionnaires à respectivement 44 % et 50 %, ont néanmoins demandé à la banque de « reconsidérer » ces hausses de salaire.
« Il s'agit là d'une décision inappropriée » et « non concertée », a déclaré mercredi le ministre des finances français, Pierre Moscovici, sur RMC. « Nous demandons ensemble qu'une nouvelle réunion des instances de gouvernance du groupe puisse se tenir rapidement pour revenir sur cette décision incompréhensible ». »
… Bon, je ne comprends plus : on nous chante depuis des lustres que les actionnaires font la loi, qu'ils sont des ogres abominables qu'il faut nourrir chaque jour davantage, et voilà qu'on apprend que deux États, on peut dire majoritaires(!) s'offusquent et souhaitent poliment que l'on veuille bien reconsidérer la décision !
Puis on lit :
« Sauvé de la faillite par les États belge et français à l'automne 2008, le groupe a été durement frappé par la crise de la dette, ce qui a rendu nécessaire un second sauvetage, en octobre 2011. Selon la Cour des comptes, les déboires de la banque ont coûté 6,6 milliards d'euros à la France. »
Allons bon... c'est bien ma veine, me voilà actionnaire au soixante millionième de quarante quatre pour cent du capital d'une putain de banque qui plutôt que m'engraisser au prorata de ma mise, me pompe !
Mais quand même ; vient une « clause de sagesse », et je lis toute rassurée :
« Le groupe socialiste à l'Assemblée a également réagi, se disant « profondément choqué par ce comportement. Il souhaiterait que le conseil d'administration de cette banque redélibère sur cette question », selon Thierry Mandon, un de leurs porte-parole. »
Là, je ne dis plus « allons bon », je suis réellement rassurée : nos politiques sont des gens très ordinaires, un peu plus même, qui souhaitent, qui espèrent, qui sourient et qui ne peuvent rien . Bon, ils essayent, bien sûr, ils ne restent pas la queue basse sans rien dire :
« Le groupe a demandé à Christian Eckert, rapporteur général du budget de l'État à l'Assemblée, « de voir s'il est possible de généraliser une clause de sagesse, en matière de hautes rémunérations, des entreprises aidées par la puissance publique quand elles sont en danger ». »
Je me pose la question de savoir pourquoi ! C'est basique, éculé , là non plus rien de nouveau : n'importe qui, à quel niveau de l'échelle sociale qu'il soit, pense que l'argent public, c'est l'argent de personne ; tout le monde est personne, pourquoi se fâcher ?
Bon, c'est vrai que je me perds dans les ions, dans les liards- entités aussi minimes l'une que l'autre- et que 6,6 liards, c'est queue d'chie !
Alors, cette nouvelle pas très neuve, plutôt une répétition lassante, contient à elle seule tout, absolument tout de notre pauvre monde. La liste sera-t-elle exhaustive si j'évoque, la décence, la responsabilité, le bien commun, le partage, la convenance, la transparence- oui, hein, pourquoi ailleurs les actionnaires sont-ils les rois du monde, et quand c'est « nous », on est les bons à essuyer, écoper, subir, payer...-, l'efficacité,etc.
Non la liste n'est pas exhaustive, il y a aussi le vocabulaire qui ne veut plus rien dire : « sagesse », non mais on rêve ! Le foutage de gueule qui n'a ni frein ni honte ; le monde actuel, une pointure en matière de technologie, qui marche comme un canard boiteux, j'irais jusqu'à dire comme un canard sans tête, et l'on sait quand le canard marche sans tête !
500 millions par an ! C'est pouvoir acheter plus de cinq mille maisons comme la mienne, et garder pour « survivre » cent fois plus que ce que j'ai moi !
Pardonnez ces calculs enfantins, je suis restée très enfant avec l'argent ! D'ailleurs, ma calculette doit être celle de mon fils quand il était au collège, et, 500 millions, elle n'a pas la place ! Donc, c'est comme une gamine que je m'échauffe toute seule, car, je reçois ceci dans la foulée :
« " Nous tenons à vous préciser que les informations reprises dans les articles de presse référencés sur votre site sont fausses...... » plus loin :
« Les différents chiffres avancés déforment sensiblement la réalité car les situations individuelles ne sont pas uniformes, ni dans leurs montants, ni dans leur régime", a rétorqué la banque, sans autre précision.
Elle a également indiqué que les ajustements de sa gouvernance décidés en décembre, avec notamment le départ de deux dirigeants, permettaient d'économiser 37,5% du montant global des rémunérations versé pour les fonctions équivalentes en 2013. » répond Dexia , « Chaque personne nommée membre des comités de direction a vu sa rémunération réduite de 20% à 35% par rapport à son prédécesseur", a-t-elle même insisté. Dans cette réponse, les professionnels expérimentés et les compétences pointues sont répétées au moins trois fois ! C'est vrai qu'aujourd'hui, l'expérience et les compétences sont si rares...
Vous voyez bien qu'on démarre sur les chapeaux de roue, comme des imbéciles, parce que, en définitive, en haut lieu, ils font ce qu'il faut ! Nous avons à faire à des hommes de bonne volonté.
Je me demande si je ne vais pas voter PS aux prochaines élections !! Et si je ne vais pas acheter des actions Dexia, à 4 centimes d'euro, je flaire la bonne affaire, et dieu sait si je m'y connais !
Parce que nous avons la preuve que deux gouvernements qui haussent le ton (on fait ce qu'on peut quand est aphone), obtiennent ce qu'ils veulent ! Que veulent-ils, nul ne le sait mais on peut gager que nous dormirons tranquilles quand nous saurons que les dirigeants de cette banque en cours de démantèlement, verront leurs revenus augmentés de seulement 20 ou 15 pour cent. Ces compétents si pointus n'ont pas la sécurité de l'emploi ! Pas la peine d'en faire un plat.
Si vous voulez en savoir plus, il faut lire le bouquin de Nicolas Gori et de Catherine Le Gall ( m'est avis que ça vaut un polar de science fiction gore), dont voici la présentation :
« Les folles dérives de la finance mondiale ont touché nos communes, nos hôpitaux et nos HLM. Dexia, l'ex-Crédit local de France, leur a vendu des milliers d'emprunts dits « toxiques », dont les taux d'intérêt explosent - et depuis 2008, la banque ne doit sa survie qu'au soutien des États belges et français. Qui va payer la facture (10 milliards d'euros au minimum) ? Que ce soit l'État ou les collectivités locales, ce seront bien les contribuables qui, in fine, devront assumer les dégâts de ce scandale financier. Comment Dexia, en qui les acteurs locaux avaient toute confiance, a-t-elle pu les entraîner dans les pires travers de la spéculation financière ?
Pour répondre à cette question, ce livre propose une plongée dans les coulisses d'une banque aux ambitions démesurées, dont les dirigeants, poussés par l'appât du gain, ont sacrifié l'intérêt de leurs clients. L'enquête des auteurs est étayée par des documents inédits et par de nombreux témoignages exclusifs d'anciens de chez Dexia, de hauts fonctionnaires et des concepteurs de ces produits toxiques. Nicolas Gori et Catherine Le Gall racontent ainsi comment est né le premier « emprunt structuré », comment Dexia est devenu dépendante des profits dégagés par ces produits hautement spéculatifs et comment elle a construit une « machine de guerre » pour conquérir les élus et leur vendre ces prêts venimeux. Ils décryptent comment les concurrents de Dexia ont amplifié le mouvement et transformé le marché des emprunts locaux en véritable folie. Enfin, ils révèlent que l'État a bien été alerté du danger représenté par ces emprunts, mais qu'il n'a rien fait pour empêcher leur propagation. »
En tout cas, vous conviendrez que cet article n'apporte rien de neuf, tout comme cette affaire d'ailleurs !
Allons nous occuper du genre, du rire, des juifs ( tiens, au fait, on ne nous dit pas s'ils sont juifs, Monsieur Brugière ou Monsieur Rucheton !!)
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