• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’inutile « Longue Marche » de la Turquie : Interdite de Graal (...)

L’inutile « Longue Marche » de la Turquie : Interdite de Graal européen

« Inutile d'ajouter quelque peur que ce soit, le peuple français sera de toute façon consulté par référendum »

François Hollande (président de la République française,à propos de l'adhésion de la Turquie à l'Europe 

C'est par ces mots sans appel que le chef de l'Etat français a tenu à « rassurer » les Français, à savoir que c'est à eux de décider de l'adhésion de la Turquie à l'Europe. Sachant que lors d'un dernier sondage, convoqué pour l'occasion, ils sont hostiles à 83% voilà qui est net, le battage médiatique visant à diaboliser la Turquie qui a la tare d'être musulmane et surtout d'être dirigée par un parti islamique ne date pas d'aujourd'hui, il a été accéléré durant le mandat de Nicolas Sarkozy. Il est vrai et il faut le regretter, l'AKP de par l'usure du pouvoir a dévié radicalement des espérances du début de l'an 2000. Nous nageons donc en pleine hypocrisie, la France de droite ou de gauche ne veut pas de la Turquie dans l'Union européenne qui, d'une façon incompréhensible, continue à fasciner la Turquie, alors que cette même Europe et plus généralement l’Occident est sur un déclin pluridimensionnel au profit du nouveau monde asiatique

La Turquie et l'inutile longue marche vers une Europe qui lui ferme la porte

Sur l'Encyclopédie Wikipédia nous lisons : « La Turquie a déposé sa demande d'adhésion à l'Union européenne le 14 avril 1987 (alors Communauté européenne). La Turquie est un membre associé de l'Union européenne (UE) et des communautés qui l'ont précédé depuis 1963. La Turquie a signé un accord d'Union douanière avec l'Union en 1995 et a officiellement été reconnue candidate le 12 décembre 1999 lors du sommet européen d'Helsinki. Les négociations commencèrent le 3 octobre 2005. La demande d'adhésion est devenue un sujet de controverse majeur parmi les élargissements en cours de l'Union européenne. Selon plusieurs sondages réalisés ces dernières années, la grande majorité des Européens et plus particulièrement des Français restent contre l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Malgré les réticences des populations des États européens, la procédure d'adhésion de la Turquie à l'Union est toujours en cours. » (1)

En fait, tout a démarré en 1959 quand l'Europe balbutiait avec la CEE (Communauté economique européenne). Le 11 novembre 1957, le Premier ministre turc présente son programme : il annonce que la Turquie entend participer aux initiatives telles que la Communauté économique européenne, et qu'elle souhaite que ces initiatives conduisent à une « Union politique européenne ». Le 31 juillet 1959, dix-huit mois seulement après l'entrée en vigueur des traités de Rome, la Turquie a présenté sa demande d'association à la CEE. (1)

Depuis 1960, 20 pays ont rejoint l'Union dont le dernier pays, la Croatie, l'a fait en un temps record de moins de trois ans, grâce à l'Allemagne. Les défenseurs de l'adhésion turque avancent comme argument qu'il s'agit d'une puissance régionale importante de par son économie et son appartenance à l'Otan. Selon eux, celle-ci augmenterait la position de l'Union en tant qu'acteur géostratégique global ; étant donné sa position géographique, et les liens économiques, politiques, culturels et historiques de la Turquie dans des régions riches en ressources naturelles aux alentours de la sphère d'influence politique de l'Union ; tel que l'Est méditerranéen et les côtes de la mer Noire, le Moyen-Orient, le bassin de la mer Caspienne et l'Asie centrale. Si les tendances démographiques actuelles (2012) se poursuivent, la Turquie pourrait dépasser la population de l'Allemagne en 2019 avec 81 millions d'habitants. La Turquie deviendrait ainsi le pays le plus peuplé de l'Union européenne. » (1)


Les « reproches » impardonnables faits à la Turquie

Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, farouchement hostile à l'intégration de la Turquie, un pays de 75 millions d'habitants à très forte majorité musulmane, M. Hollande s'est montré très prudent sur cette perspective. Rappelant qu'il avait approuvé en 2004 la décision de l'un de ses prédécesseurs, Jacques Chirac, d'engager ces négociations, il a toutefois souligné que « aucune date » n'était encore prévue pour la fin de ce processus.
En dehors du rejet viscéral de l'extrême droite et de la droite de Giscard, de Sarkozy, il fut une époque où le Parti socialiste français était favorable comme d'ailleurs l'a été le président Chirac. Deux écueils techniques, le problème des Kurdes et la condition de la femme.
La langue kurde a récemment été reconnue par les autorités turques. Depuis le 1er janvier 2009, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a inauguré une nouvelle chaîne publique TRT6 consacrée à la langue kurde. De plus, la peine de mort de Ocalan le leader kurde a été commuée en prison à vie, mais le problème kurde reste entier.

S'agissant des femmes, la Turquie a accordé le droit de vote aux femmes depuis 1930 (la France ne l'a fait qu'en 1946) Dans le même temps, elles ont obtenu le droit d'être élues députées au Parlement turc, ou d'être nommées ministres, Dans son second rapport du 11 janvier 2007 sur le rôle des femmes dans la vie sociale, économique et politique de Turquie, le Parlement européen rappelle que le « respect des droits de l'homme, et donc aussi de la femme, est une condition sine qua non de l'adhésion de la Turquie à l'UE ». De même, il fait remarquer que « le cadre juridique relatif aux droits de la femme « apparaît globalement satisfaisant », mais sa mise en oeuvre réelle « accuse encore des carences ». (1)

Les États membres de l'Union doivent unanimement donner leur accord pour que l'adhésion de la Turquie puisse avoir lieu. Un certain nombre de pays pourrait s'y opposer tel que l'Autriche, qui servit de rempart à l'Europe chrétienne face à l'Empire ottoman dont l'armée a assiégé deux fois Vienne en 1529 et 1683 ; et la France. Il faut remarquer que l'obligation de vote des Européens n'est requise que dans le cas de la Turquie. Enfin, sur les 35 « chapitres » d'adhésion à l'UE, seuls 14 ont été ouverts depuis 2004 et un seul a été clôturé en dix ans, à cette cadence, il faudrait 350 ans.


La mauvaise querelle du génocide arménien

Entre la France et la Turquie, les désaccords se sont accumulés ces dernières années. En premier lieu, la « question arménienne », depuis la reconnaissance du génocide de 1915 par le Parlement français en 2001. Le président français François Hollande a exhorté lundi la Turquie à faire son « travail de mémoire » sur les massacres de centaines de milliers d'Arméniens par l'Empire ottoman en 1915, lors de la première journée de sa visite d'Etat en Turquie. « Le travail de mémoire est toujours douloureux, mais doit être fait », a estimé M.Hollande lors d'une conférence de presse avec son homologue turc Abdullah Gül, dont le pays refuse de qualifier les événements de 1915 de « génocide ».

Les relations franco-turques ont été émaillées de ce fait, de crises à répétition depuis l'adoption en 2001 par le Parlement français d'une loi reconnaissant le génocide arménien, suivie de tentatives législatives avortées pour en réprimer la négation. La France qui donne des leçons devrait balayer d'abord chez elle comme l'ont dénoncé à l'époque les députés turcs qui ont rappelé aux Français leur amnésie concernant les massacres de masse en Algérie tout au long de la colonisation, qui ont fait perdre 2 millions d'habitants, les trente années suivant l'invasion de l'Algérie, les massacres de Sétif et enfin le million de morts lors de la révolution. Plusieurs historiens et non des moindres comme Bernard Lewis- pourtant que l'on ne peut soupçonner d'affection envers les musulmans- ont nié qu'il s'agisse d'un génocide mais de massacres aussi abject soient-ils, mais tout à fait dans l'air du temps de la boucherie de la Première Guerre mondiale comme par exemple les assauts du général français Nivelle et de sa force noire constituée de noirs qu'il consommait généreusement...


Hollande en voyageur de commerce

Sur le plan économique, les trois décennies d'hyperinflation ont longtemps constitué un frein majeur à la candidature de la Turquie à l'UE. Aujourd'hui, d'une part, l'économie turque connaît une forte croissance et d'autre part, la plupart des problèmes d'inflation se résolvent. L'inflation annuelle a été réduite à 6% ces dernières années.

L'aspect commerce est indéniable. « Notre présence est élevée, mais nous ne sommes pas au niveau qui est souhaité, et par la Turquie, et par la France (...) nous devons atteindre 20 milliards d'euros d'échanges commerciaux », a dit le président français, qui devait rencontrer mardi dernier à Istanbul des patrons français et turcs.

Le commerce franco-turc se porte bien et obéit à ses propres règles. Intégrer la Turquie serait pour les Français accélérer la construction du village global, c'est-à-dire l'anéantissement des différences culturelles entre les Etats. Hollande ne va pas faire la même erreur avec la Turquie. Les Français n'en veulent pas de toute façon, sauf quand il s'agit de commerce...

Les promesses sans lendemain de Hollande

Voulant à la fois donner des gages à son opinion, mais aussi à la Turquie pour des raisons uniquement matérielles, François Hollande a fait de l'acrobatie du grand écart. Il déclare sans conviction : « Ce « processus doit se poursuivre » mais « aucune date n'est prévue », a-t-il souligné à l'adresse d'une opinion française hostile à la perspective d'une entrée de la Turquie dans l'UE. « Nous ne sommes pas pressés », a souligné pour sa part le président turc Abdullah Gül, pour qui la crise politique que traverse actuellement son pays ne saurait influer sur le processus européen « essentiellement technique ». Selon l'article 88-5 introduit en 2005 dans la Constitution française, parallèlement à l'ouverture des négociations avec la Turquie, toute nouvelle adhésion doit en effet être soumise à une consultation populaire à l'issue plus qu'incertaine. Depuis son élection en 2012, François Hollande s'est borné à constater que la question de l'entrée de la Turquie dans l'UE ne se poserait pas pendant son quinquennat, puisque les Européens ont exclu cette perspective avant 2020. (2)

Enfin, à « l'extérieur de l’Union », nous ne pouvons pas ne pas citer la position américaine. Plusieurs fois, les États-Unis ont soutenu l'entrée de la Turquie dans l'UE car ils considèrent cela comme un avantage géostratégique pour le monde occidental. Barack Obama a déclaré, dans un discours prononcé le 6 avril 2009 à Ankara, que la Turquie liait le monde musulman à l'Occident. Plusieurs politiciens ont déclaré qu'il n'était pas question de permettre l'ingérence des États-Unis dans la politique intérieure de l'Union. Ainsi, dans le Spiegel, Bernd Posselt (CSU) déclara que l'« UE n'est pas le jouet d'Obama ». Selon lui, le président américain « essaye de récompenser les Turcs aux dépens des Européens, et en même temps d'affaiblir ou de miner l'intégration européenne ». Il a d'ailleurs suggéré qu'Obama accueille « la Turquie comme 51e État ». (1)

On passe sous silence que la plupart des différends sont en fait des problèmes de fond et les pseudo-discussions ne sont que d'hypocrites agitations. L'erreur est de confondre la Turquie à Erdogan qui ne sera pas forcément là lorsqu'elle rentrera dans l'Europe. La Turquie avec son dynamisme, la jeunesse de son peuple et sa position est une chance pour l'Europe La politique n'est pas que l'art de l'immédiateté. Elle est aussi l'art de l'anticipation, de la préparation du futur. Aujourd'hui, une majorité de Français refuse la Turquie. Demain contre un jerrycan combien seront-ils à avoir changé d'idée ?

Qu'on le veuille ou non, la civilisation européenne est née sur les rives de la Turquie. Qui ne connaît Hérodote l'historien, Strabon le géographe, Thales de Milet, Paul de Tarse qui séjourna à Antioche et, qui ne connaît la Vierge Marie qui termina ses jours à Ephèse et comme l'écrit Voltaire ce sont les Turcs qui ont sauvé le protestantisme... En France, le bonnet phrygien de Marianne vient de Phrygie en Turquie. Il fut une époque où sous les coups de boutoir de la perfide Albion et de son mauvais génie, le coq gaulois, l'empire ottoman était appelé « l'homme malade de l'Europe »..(3)

Le Premier ministre turc Erdogan s'est fait l'écho d'un point de vue prévalant en Turquie, selon lequel l'UE serait un « club chrétien », dénué de fondement légitime. Il considère que c'est la raison principale du refus d'accepter l'adhésion d'un État musulman dans l'Union. Tout est dit. Pourquoi alors quémander en vain un strapontin. La Turquie doit faire sa mue, consacrer définitivement l'alternance et se tourner vers les pays émergents pour pouvoir évoluer en dehors de la « vieille Europe », revancharde qui rejoue les croisades. »

« Peut-on ignorer, écrit Ignacio Ramonet, que la côte égéenne de la Turquie, où se situe l'ancienne Troie, est l'aile orientale de la Grèce antique, berceau de la civilisation européenne ? On se demande quels arguments « techniques » seront avancés demain pour retarder l'adhésion de deux autres Etats à majorité musulmane - la Bosnie et l'Albanie (...) » (4)

 « Un commissaire européen, poursuit Ignacio Ramonet, M. Frits Bolkestein, est allé jusqu'à déclarer que si la Turquie était admise au sein de l'Union « la libération de Vienne [assiégée par les Turcs] en 1683 aurait été vaine. » Au cours de ce siège, les Viennois, réputés pour l'excellence de leur boulangerie, durent rationner la farine et fabriquer de petits pains auxquels ils donnèrent la forme de l'emblème des Ottomans : le croissant... » (4)

On se demande pourquoi, indépendamment du déficit réel de liberté en Turquie et au vue d’une économie qui est de loin plus robuste que celle des pays européens, il y a cet engouement inexplicable pour cette Europe qui a perdu – néo-libéralisme aidant- son magister moral. Cette Europe n’a plus rien à offrir du fait que le barycentre du monde a basculé vers l’Asie, comme l’a si bien noté Kishore Mahbubani dans son ouvrage magistral : Le défi asiatique

Assurément la « marche turque » immortalisée par Wolfgang Amadeus Mozart, n’a rien de divertissant pour le peuple turc qui se demande à quoi cela sert de courir à la conquête d’un Graal hypothétique alors que le vrai Graal celui de la conquête de la science et du savoir, dans un environnement de liberté est le plus sûr moyen de prétendre au respect par les autres et de retrouver le respect de soi .



1. Adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Encyclopédie Wikipédia

2. Elizabeth Pineau : François Hollande rassure la Turquie sur son avenir Reuters 27 01 2014

3 http://www.monde-diplomatique.fr/ 2004/11/RAMONET/11588

4. http://www.planet-turquie-guide.com/ histoire_turquie.htm#Phrygie

 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


Moyenne des avis sur cet article :  3/5   (10 votes)




Réagissez à l'article

7 réactions à cet article    


  • bourne 31 janvier 2014 13:27

    En fait, on ne manque pas d’islamistes en Europe, et je crois la Turquie engagée avec les islamistes en Syrie. Rien que cela suffit à faire reculer devant la perspective de cette entrée dans l’UE.

    UE déjà complètement décrédibilisée pour les peuples européens.

    La Turquie n’est un enjeu que pour les USA qui ont besoin d’une Europe faible.

    « ...alors que le vrai Graal celui de la conquête de la science et du savoir, dans un environnement de liberté est le plus sûr moyen de prétendre au respect par les autres et de retrouver le respect de soi . » Bonne chance, donc .


    • Albar Albar 31 janvier 2014 16:46

      La Turquie aurait mieux fait de s’allier au croissant dit chiite, avec des pays tout aussi musulmans, farouches et fiers, que de s’emmêler les pinceaux avec les sunnites des monarchies du golfe qui eux, font de l’à plat-ventrisme devant leur maitre américain, il est prouvé qu’ils ont une part de responsabilité dans les drames Irakien, Syrien, Egyptien, et du printemps arabe.


      • bourne 31 janvier 2014 20:15

        Non @OMAR, il n’est pas humiliant de demander de faire partie de l’UE. Je crois même que l’alliance entre chiite et sunnite ne résoudrait pas le problème. La Turquie est juste un pays qui implosera sous le poids de ses contradictions comme l’UE.
         
         


      • BA 31 janvier 2014 17:55
        Turquie, Ukraine, Argentine, Brésil, Afrique du Sud, Thaïlande, Inde, Russie, etc, etc : les nuages noirs s’accumulent.

        Pays émergents : cyclone financier à l’horizon.

        Vendredi 31 janvier 2014 :

        Emergents : l’incertitude politique vient aggraver la crise économique.

        Les marchés émergents les plus touchés sont aussi ceux où la situation politique est fragile.

        Les pressions sur les devises contraignent leurs banques centrales à remonter leurs taux et prendre ainsi le risque de freiner la croissance. Cela en retour menace la popularité de leurs dirigeants et pèse sur leur avenir politique, comme dans le cas du turc Recep Tayyip Erdogan et de l’Ukrainien Viktor Ianoukovitch.

        TURQUIE : Touché par un scandale politico-financier, le gouvernement du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et son parti AKP ont vu leur popularité chuter. Il affronte notamment la confrérie du prédicateur musulman, Fethullah Gülen, et va devoir passer l’écueil des élections municipales à la fin mars où plusieurs villes importantes ou symboliques pourraient basculer dans le camp de l’opposition, notamment Ankara et Istanbul. La Banque centrale vient de remonter fortement ses taux pour défendre la Livre turque malgré l’opposition du gouvernement qui craint que cela ne freine la croissance économique et ne creuse les déficits. Les résultats des municipales vont conditionner la décision de M. Erdogan, à la tête du gouvernement depuis 2003, de se présenter ou pas pour la présidentielle d’août 2014. Atteint par la limite des trois mandats, il devra quitter son poste de Premier ministre à l’issue des législatives de 2015.

        UKRAINE : Le pays est la proie d’une forte contestation après la décision du gouvernement du président Viktor Ianoukovitch de renoncer à un accord de libre-échange avec l’Union européenne et de se rapprocher économiquement de la Russie. Elu en 2010, il a maintenu sa majorité parlementaire aux législatives de 2012 mais l’opposition réclame maintenant des élections anticipées. Le Premier ministre, Mykola Azarov, et son cabinet viennent de démissionner. Du fait de ces incertitudes, la demande pour les devises est actuellement deux fois plus forte qu’en temps normal. Si la plupart des économistes estiment que la baisse actuelle de la monnaie locale, la hryvnia, pourrait contribuer à relancer l’économie, ils craignent aussi qu’une escalade des tensions dans le pays entraînent une ruée de la population, ce qui rendrait incontrôlable l’effondrement de la devise nationale.

        ARGENTINE : Victime d’une crise économique sans précédent en 2001 qui l’a obligé à faire défaut sur sa dette, le pays n’a toujours pas accès aux marchés financiers internationaux. La présidente, Cristina Kirchner, au pouvoir depuis 2007 et réélue en 2011, ne peut en principe se représenter en 2015. Elle a confié la politique économique au ministre, Axel Kiciloff, contesté par les milieux d’affaires et qui défend le principe d’une forte intervention de l’Etat dans la vie économique. Mais les réserves monétaires fondent à vue d’oeil et le pays est en proie à une forte inflation.

        AFRIQUE DU SUD : Elu en 2009 pour cinq ans, le président Jacob Zuma s’appuie sur le parti historique ANC au pouvoir depuis 1994 dont la figure historique était Nelson Mandela. Mais Jacob Zuma, qui se représentera lors de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu avant l’été, a été hué en décembre lors de la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela. Il est la cible d’accusations de corruption dans un pays où les inégalités sont encore très fortes malgré la fin de l’apartheid en 1991.

        THAILANDE : Le pays est touché depuis trois mois par une nouvelle vague de contestation visant le gouvernement de la Première ministre, Yingluck Shinawatra. Des élections législatives doivent avoir lieu ce dimanche mais le déroulement en est perturbé, notamment pour les procédures de vote par anticipation. Boycottées par l’opposition, ces élections devraient voir la victoire du parti Puea Thai, au pouvoir, mais le pays a perdu entre 200 et 500 millions de bahts (entre 5 et 12,5 millions d’euros) par jour depuis le début de la crise il y a trois mois, selon la Chambre de Commerce de Thaïlande.

        INDE : L’économie du pays est atone mais la Banque centrale vient de décider de remonter ses taux pour défendre la roupie et lutter contre l’inflation, ce qui risque de freiner encore la croissance. Le parti du Congrès au pouvoir est en position délicate avant les élections prévues cette année et le président, Manmohan Singh, a indiqué qu’il laisserait la place à Rahul Gandhi, un héritier de la dynastie qui a dominé la vie politique indienne depuis l’indépendance, en cas de victoire. Mais le parti d’opposition Bharatiya Janata Party, formation hindoue nationaliste dirigée par Narendra Modi, semble mieux placée pour l’emporter.

        HONGRIE : Le forint, la devise de ce pays de l’Union européenne qui ne fait pas partie de la zone euro, a fortement baissé ces derniers jours alors que la Banque centrale s’est lancée depuis 2012 dans une politique de baisse des taux pour soutenir l’économie. L’OCDE vient de souligner que le potentiel économique du pays est bridé par un faible niveau d’investissement et par l’interventionnisme du gouvernement conservateur du Premier ministre Viktor Orban. Des élections législatives vont avoir lieu le 6 avril. Le parti de Viktor Orban apparait comme le favori mais les principaux partis de l’opposition ont décidé de former une liste électorale commune pour augmenter leurs chances.

        RUSSIE : Le rouble a été attaqué sur les marchés et la Russie traverse une période de stagflation (faible croissance et inflation). La dégringolade de la monnaie nationale est toujours vue avec inquiétude par la population, qui a vécu depuis la chute de l’URSS plusieurs dévaluations traumatisantes mais n’a pas affecté pour l’instant la popularité de Vladimir Poutine, très élevée. Cette chute devrait aussi avoir un effet positif pour le budget, dont la majorité des revenus proviennent des exportations d’hydrocarbures vendus en devises. « Le côté négatif, c’est que la population va immanquablement ressentir les effets de la hausse de l’inflation avec le temps »,relève Nikolaï Petrov, de la Haute école d’Economie de Moscou.



        • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 31 janvier 2014 22:51

          Les faits historiques concernant les Turcs face aux Européens :

          · Les Turcs se sont à partir de la fin du XIe siècle attaqués d’abord aux provinces byzantines d’Asie Mineure,

          · À la fin du XIIIe siècle les Turcs se sont attaqués à la partie européenne de l’Empire byzantin,

          · Il ne faut pas relativiser au point d’égaliser toutes les parties impliqués dans la guerre : il y avait d’un coté des agressé et de l’autre coté des agresseurs,

          · Les défenseurs de Constantinople en 1453 sont des héros déjà par le fait qu’ils étaient dix fois moins nombreux que les agresseurs,

          · La prise de la ville par les Turcs marque l’entrée véritable de l’islam en Europe occidentale (avant cet évènement les Turcs progressaient surtout dans la partie orientale de l’Europe, sur les territoires de la Russie et de l’Ukraine actuelles),

          · À partir de la prise de Constantinople par les Turcs, l’islam à progressé en Europe occidentale jusqu’à la bataille de Vienne en 1683,

          · Après leur défaite devant Vienne, les Turcs on reculé pendant trois siècles, en Europe occidentale et orientale,

          · La création de l’Union européenne a donné aux Turcs une nouvelle occasion d’entrer en Europe et l’invitation faite à la Turquie par les dirigeants politiques européens de rejoindre l’Union européenne facilitera la progression de l’islam en Europe.

          Les Turcs sont originaires des régions centrales d’Asie, précisément de la région des monts Altaï. Lorsque les Turcs ont fait leur apparition en Europe, qui était alors totalement chrétienne et imprégnée de culture gréco-romaine, ils l’ont fait en tant que conquérants. D’autres peuples, quantitativement moins nombreux, ont été tentés par l’aventure européenne, comme les Magyars à la fin du IXe siècle, et comme les Bulgares au VIIIe siècle, qui étaient plus ou moins apparentés aux Turcs. Mais bien vite, ces Bulgares et ces Magyars (Hongrois) se sont intégrés à l’Europe, ont adopté les structures politiques et sociales de l’Europe d’alors et se sont convertis au christianisme. Les Turcs en revanche, eux, n’ont nullement cherché à s’intégrer à l’Europe ; ils ont cherché avant tout à étendre leur domination sur l’Europe. Musulmans, ils ont cherché non pas à islamiser systématiquement les peuples qu’ils ont soumis – certains d’entre eux se sont convertis à l’islam comme les Albanais et une partie des Bosniaques, souvent par intérêt – mais à transformer ces peuples en sujets, plus ou moins durement traités selon les lieux ou selon les époques. 

          Une précision qui complète la phrase ci-dessus : les Turcs n’ont nullement cherché à s’intégrer à l’Europe … jusqu’au XXe siècle, c’est-à-dire pas avant :

          - Dans le premier temps les réformes de Mustafa Kemal Atatürk,

          - Dans le deuxième temps, qui est le temps présent, leur démarche pour entrer dans l’Union européenne.

          Les Turcs ont donc d’abord, au fil des siècles, réussi à conquérir de vastes territoires européens, puis, après leur défaite devant Vienne, les Turcs on reculé pendant trois siècles en Europe mais y ont gardé des possessions territoriales jusqu’aux temps présents.

          Il semble que concernant les Turcs et les Européens nous ne sommes plus à l’époque des invasions armées. D’une part de nombreux citoyens européens d’origine turque sont la preuve que les Turcs ne rencontrent pas d’obstacles - depuis le milieu du XXe siècle - pour progresser sur le territoire de l’Europe. D’autre part c’est un fait que la porte ouverte par les instances de l’Union européenne à la Turquie est une porte ouverte aux populations musulmanes.

          En décidant dans le présent de poursuivre le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, les cercles politiques, qui sont aujourd’hui au pouvoir dans l’Union européenne, influencent ou déterminent la répartition de la population musulmane dans ce que sera l’Union européenne dans un avenir un peu plus lointain.

          À propos de l’adhésion de la Turquie et de la façon de procéder dans l’UE :

          L’élargissement de l’Union européenne à la Turquie est voulu par les politiques européens alors qu’il est refusé par les citoyens européens dans leur majorité. Les politiques européens prétendent qu’ils sont démocrates, qu’ils agissent selon la volonté de la majorité des citoyens concernés, mais dans les faits ils agissent contre la volonté des Européens.

          Rappelons-nous les déclarations d’un candidat à l’élection présidentielle française de 2007 : il déclarait qu’il est opposé à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Ensuite lorsque Monsieur Nicolas Sarkozy a été élu à la fonction présidentielle il a montré dans les faits qu’il n’y est pas opposé : c’est au niveau du Conseil européen qu’il pouvait bloquer et même définitivement arrêter le processus d’adhésion de la Turquie mais il n’en a rien fait – au contraire le processus d’adhésion s’est poursuivi pendant sa présidence : Monsieur Nicolas Sarkozy a permis l’ouverture de 11 chapitres de négociation sous son mandat. On sait que les citoyens européens sont en majorité opposés à l’adhésion de la Turquie et lorsqu’on veut être élu on fait croire que l’on fera ce que demandent les citoyens. Mais ensuite lorsqu’on est au pouvoir, on fait ce que veulent les lobbies mondialistes.

          Cette question de l’ouverture de l’Union européenne à la Turquie est du même ordre que la question de l’orientation mondialiste et libre échangiste de l’Union européenne : les décisions prises au niveau de l’Union européenne découlent des orientations qui sont arrêtées par les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. Quand les politiques disent « Ce n’est pas notre faute, c’est la Commission européenne qui impose les directives que nous devons respecter... » ils oublient de dire que c’est eux, les politiques qui au fil des ans se réunissent aux Sommets du Conseil européen, qui ont d’une part fixé les orientations mondialistes de l’Union européenne et d’autre part donné le pouvoir à la Commission européenne pour mettre en application ces orientations.

          Ainsi par exemple les orientations vers la globalisation ont été confirmées et renforcées lors du Sommet du Conseil européen de Lisbonne, en mars 2000, puis lors de la signature du Traité européen à Lisbonne le 13 décembre 2007. Le Conseil européen réunit quatre fois par an les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. Toutes les orientations importantes de l’Union européenne sont décidées lors de ces sommets périodiques. Y compris l’adhésion proposée à la Turquie et Monsieur François Hollande, président de la République française depuis 2012, pourrait – comme chacun des chefs d’État et de gouvernement des États membres – au niveau du Conseil européen bloquer et même définitivement arrêter le processus d’adhésion de la Turquie. S’ils n’en font rien c’est qu’ils veulent ouvrir l’élargissement de l’Union européenne aux pays qui n’appartiennent pas à la famille européenne. Ils agissent dans un sens, pendant qu’ils font des discours dans l’autre sens, dans le but d’endormir les citoyens européens qui mis devant le fait accompli ne réagiront pas.

          Quant à l’hypothétique référendum mentionné par Monsieur François Hollande, on constate qu’il n’est pas à l’ordre du jour, mais qu’il serait envisagé dans une dizaine d’années, au moment où le processus des 35 chapitres de négociations en vue de l’adhésion aboutirait. Ce qui sera dans une dizaine d’années n’engage pas Monsieur François Hollande puisqu’il ne sera pas au pouvoir à ce moment-là. D’autre part remettre le référendum à dans dix ans, si vraiment il était finalement organisé, c’est augmenter fortement les chances à ce qu’il soit approuvé par la population française, car depuis des années la part des musulmans français augmente rapidement en s’accélérant.

          Concernant l’adhésion de tout pays à l’Union européenne, il faudrait un référendum, mais pas à la fin de la procédure de l’adhésion : le référendum devrait être organisé avant le début du processus des 35 chapitres de négociations.

          Une autre question est de savoir quels pays sont susceptibles de rejoindre l’Union européenne – cela est le sujet du commentaire suivant.


          • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 31 janvier 2014 23:01

            D’après les règlements actuels de l’Union européenne, l’une des conditions d’accessions à l’Union européenne, est que l’État candidat soit un État européen. La définition de ce que signifie « européen » n’est pas donnée dans les textes et il n’est pas clair si cela se réfère à la géographie ou à d’autres aspects. Les formulations ambiguës permettant des interprétations diverses sont fréquentes dans les textes législatifs : les imprécisions est voulues afin que l’application des textes puisse être modulée selon les forces socio-politiquent qui prévalent à un moment donné, en somme selon les lobbies qui influencent les cercles du pouvoir au mépris de la démocratie et de l’impartialité des lois.

            Ceci-dit « un État européen », en dehors du sens géographie pourrait aussi être entendu dans le sens historique, culturel, racial. Ces critères non-géographiques pourraient donner alors aux dirigeants de l’UE la justification à l’adhésion du Chypre.

            La France, la Grande Bretagne, l’Espagne et la Hollande ont une part de leur territoire sur d’autres continents. La France est-elle pour autant un État américain ou asiatique ? La condition qui décide si un État est un État européen, serait donc que la capitale et la majorité de la population au moment de l’adhésion, soient sur le continent européen.

            On pourrait imaginer qu’un État européen vende une part de son territoire européen à un État non européen. Des transactions de ce genre ont déjà eu lieu (exemple d’un gros territoire : Alaska - racheté à la Russie par les États-Unis d’Amérique en 1867), donc ce n’est pas une hypothèse utopique. Avec ce bout de territoire en Europe l’État non européen pourrait-il prétendre qu’il est devenu européen ? Non, donc il ne suffit pas qu’un bout de territoire soit sur le continent européen pour être géographiquement un État européen : il faut que la capitale ainsi que la grande majorité de la population soient sur le continent européen.

            La Fédération de Russie, dont la capitale ainsi que la grande majorité de la population sont sur le continent européen, est donc selon ces critères un État européen et pourrait donc rejoindre l’UE.

            Par contre on pourrait aisément argumenter que la Turquie, selon les critères « capitale, majeure part de la population », n’est pas un État européen.

            Mais comme nous l’avons vu avec le cas du Chypre les critères politico-démographico-géographiques ne sont pas les seuls qui jusqu’à présent ont été retenus. L’exception est le cas du Chypre où ce sont les critères raciaux et culturels qui ont manifestement fourni la définition de ce qu’est «  un État européen ».

            Alors qui et selon quels critères décide à quels pays on peut lancer les invitation et quelles demandes d’adhésion on peut envisager ou accepter ? Une chose est sure : ces décisions ne sont pas prises selon les règles démocratiques de conformité avec la volonté de la majorité des citoyens qui désirent s’exprimer sur la décision. Dans l’Union européenne la volonté de la majorité des citoyens n’est pas respectée sur de nombreux points.

            Alors comment, dans quelle direction devrait s’élargir l’Union européenne ?

            Pendant des siècles et des millénaires, les populations sur le continent européen se sont mélangées de manière permanente. C’était un mélange isolé à l’intérieur d’une branche particulière de l’humanité qui s’est développée sur une aire géographique qui, en passant au nord de la mer Caspienne, réunit le continent européen à la Sibérie et à l’orient russe jusqu’à Vladivostok. Au fil des millénaires une identité est ainsi apparue, associée à une identité culturelle, puis religieuse. Cette aire géographique, de Lisbonne en passant au nord de la mer Noire et de la mer Caspienne jusqu’à Vladivostok, devrait correspondre à la zone limite maximale pour l’expansion potentielle de l’Union européenne.

            Progressivement, lorsque les conditions d’harmonisation juridique et économique seront réunies, l’Ukraine, la Russie et les autres pays de l’est européen pourraient recevoir l’invitation à rejoindre l’Union européenne.

            Mais non, ceux qui ont le pouvoir ont décidé que c’est vers le sud que doit s’élargir l’Union européenne, vers l’islam et vers les Turcs. Les représentants des gouvernements des 27 États membres de l’Union européenne ont décidé, le 28 mars 2007, la poursuite des pourparlers avec la Turquie, en choisissant de continuer le processus de passage en revue des 35 chapitres de mise en conformité qui conditionnent l’adhésion.

            Ce genre de décision doit être pris à l’unanimité des États membres. Il y a actuellement 28 États membres. Donc chacun des 28 gouvernements devrait d’abord être certain de représenter la volonté majoritaire de ses citoyens avant d’inviter la Turquie à rejoindre l’UE.

            Concernant l’adhésion de la Turquie la majorité des citoyens européens est contre mais les politiques et en général les cercles au pouvoir (médias, milieux d’affaires...) ont décidé qu’il faut passer outre, qu’il faut ignorer la volonté de la majorité des citoyens européens et donc ont décidé d’appeler la Turquie à entrer dans l’UE.


            • kristopel kristopel 21 juillet 2014 21:43

              Nos décideurs qui se sont mis au service de la finance internationale, sont des amnésiques de l’ Histoire. Donc pour eux, pas de problème pour que les Turcs, négationnistes d’une partie de leur histoire : le Génocide arménien qu’ils ont perpétré en 1915, deviennent membre de l’Union Européenne. Même si nous ne sommes d’accord.

              Excellent rappel historique de cette partie du monde, par Martin, ci-dessus. Notamment l’invasion progressive de la dynastie des Seldjoukides venus d’Asie Centrale.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès