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La Valse de l’Euro, ou : les Allemands aussi sont menacés de banqueroute et de dépression économique

L'Allemagne, grande gagnante de la crise européenne ? Voire !

Les excédents commerciaux s'accumulent, pendant que l'Etat réduit très fortement son déficit, sans que la croissance en soit cassée. Cependant, l'Allemagne court des risques aussi grands que les pays du Sud qui s'enfoncent dès aujourd'hui dans le chômage de masse et l'appauvrissement. Risques symétriques à ceux encourus par les pays débiteurs... mais qui outre-Rhin aussi menacent de déboucher sur dépression et banqueroute.

 

Euro et conséquences commerciales

Pour comprendre pourquoi, faisons d'abord un retour sur le système de l'Euro, et ses conséquences. L'existence de l'Euro a pour caractéristique d'empêcher qu'une différence de compétitivité entre deux pays ne débouche sur un ajustement du taux de change tendant à rééquilibrer cette différence de compétitivité.

En effet, si deux pays utilisent des monnaies différentes, lorsque les produits du premier - disons le Japon pour fixer les idées - sont davantage demandés et qu'il présente un excédent commercial important vis-à-vis par exemple des Etats-Unis, sa monnaie sera elle aussi davantage demandée puisqu'il est naturellement nécessaire de posséder des yens pour acheter les produits proposés par le Japon à l'export. Cette demande supplémentaire de monnaie aura tendance à augmenter le cours du yen par rapport à la monnaie du pays déficitaire, dans cet exemple le dollar américain. Or l'augmentation du cours du yen, en faisant augmenter le prix en dollars de ses exportations, va limiter l'avantage compétitif des produits du Japon, ce qui tendra à empêcher que l'excédent commercial japonais n'augmente démesurément :

  • D'une part la demande en produits japonais, devenus plus coûteux, aura tendance à baisser,
  • D'autre part le regain de compétitivité dont bénéficient les produits américains du simple fait de leur prix relatif plus bas donnera une seconde chance aux entreprises américaines pour améliorer leurs produits, plutôt que d'être "sortis" définitivement du marché par leurs concurrents japonais

Ce mécanisme est bien sûr tout à fait classique. Il n'a certes jamais empêché que les uns ne connaissent des excédents, d'autres des déficits, pour certains pays avec régularité. Du moins a-t-il freiné dans une certaine mesure une dérive incontrôlable des balances commerciales des uns ou des autres, avec ses conséquences d'endettement extérieur exponentiel et de destruction des industries pour les pays fortement et durablement déficitaires.

Les pays de l'Eurozone, utilisant la même monnaie, ne bénéficient plus de ce type d' "ajustement automatique". Ils devraient donc être menacés par une dérive de leurs balances commerciales respectives, les uns vers de forts excédents, les autres vers des déficits profonds ?

-----> Oui, c'est bien ce qui se passe

(Source : Banque Mondiale)

Le tableau ci-dessus présente la somme des balances commerciales de six pays significatifs de l'Eurozone -les quatre plus grandes économies plus deux pays plus petits-, en vert dans les douze années précédant l'instauration du système Euro, en marron dans les douze années qui ont suivi. La différence saute aux yeux :

  • Avant l'Euro, les balances commerciales sont relativement proches de l'équilibre : que les pays soient excédentaires ou déficitaires, ils le sont modérément
  • Après l'Euro, les balances commerciales explosent, pour les uns à la baisse, pour les autres à la hausse 

Un système de monnaies distinctes possédant des amortisseurs intrinsèques aux déséquilibres commerciaux entre pays européens a été remplacé par un système de monnaie unique sans aucun amortisseur pour ce qui est des échanges entre pays de l'Eurozone.

Il est à noter en revanche que la balance commerciale de l'Eurozone prise dans son ensemble n'a connu de dérive excessive ni vers l'excédent ni vers le déficit. C'est bien logique : les échanges avec des pays n'utilisant pas l'Euro font bien intervenir deux monnaies : l'Euro, et celle du partenaire commercial extérieur. Ces échanges bénéficient donc toujours de l'amortissement par des monnaies différentes.

 

Des taux d'inflation différents, Euro ou pas...

La dérive des balances commerciales des pays utilisant l'Euro ne serait pas aussi grande, si leurs taux d'inflation respectifs étaient similaires. En effet, pour un pays membre de l'Euro, avoir un taux d'inflation supérieur dans la durée à celui des autres pays de l'Eurozone signifie nécessairement que ses produits deviendront plus chers, donc moins compétitifs. La conséquence : un creusement de sa balance commerciale, creusement qui du fait de la monnaie unique ne peut être amorti par un ajustement de taux de change.

Ah oui, il vaut la peine de rappeler que l'Euro était censé favoriser la convergence des taux d'inflation dans les différents pays membres... Ça a peut-être marché ?

 

----> Euh, non, pas vraiment

(Source : Banque Mondiale)

La différence entre les taux d'inflation cumulés en Allemagne et en Italie depuis le début de l'existence de l'Euro atteint les quinze points. Entre Allemagne et Espagne, la différence monte jusqu'à vingt-six points. Quinze pour cent de différence de prix sur un produit similaire... c'est déjà le plus souvent largement suffisant pour emporter la décision du consommateur !

  • La différence de taux d'inflation avec l'Allemagne est plus grande pour l'Italie que pour la France, pour l'Espagne ou pour la Grèce que pour l'Italie
  • Le creusement de la balance commerciale est plus grave pour l'Italie que pour la France, pour l'Espagne ou pour la Grèce que pour l'Italie

Si l'ordre est identique, ce n'est naturellement pas par hasard ! La dérive de la compétitivité-prix relative mène à une dérive toujours plus prononcée de la balance commerciale : vers le négatif pour les pays à inflation relativement élevée, vers le positif pour les pays à inflation particulièrement basse, l'Allemagne en premier lieu.

 

La valse de l'Euro se danse à trois temps

-----> Au premier temps, tout le monde est content

  • Les pays à taux d'inflation plus élevé bénéficient de taux d'intérêt très bas par rapport à leur niveau d'inflation. En effet, le taux d'intérêt de base dans toute l'Eurozone est celui défini par la Banque Centrale Européenne, il ne varie pas d'un pays à l'autre (c'est bien d'une monnaie unique qu'il s'agit), il est donc bas du point de vue des pays dont l'inflation est élevée. C'est à partir de ce taux d'intérêt BCE que les taux d'intérêt bancaires sont calculés, ils apparaîtront donc bas par rapport à l'inflation, ce qui soutient la croissance des pays concernés en encourageant l'endettement au-delà du raisonnable. Le prix de cette croissance supérieure est une bulle de l'endettement public (Grèce, Italie) ou privé (Espagne, Irlande),
  • En même temps, un pays comme l'Allemagne voit aussi sa croissance soutenue par l'endettement des autres qui lui achètent davantage de ses produits, d'autant que la monnaie unique en arrive assez rapidement à être sous-évaluée de son point de vue... puisque son inflation est inférieure. Le prix de cette croissance supplémentaire est une bulle des avoirs extérieurs du pays. Que des étrangers vous doivent de l'argent est certes à première vue une situation confortable. Mais la valse continue...

-----> Au second temps de la valse de l'Euro, commencent à arriver les premières conséquences

Elles sont fort désagréables pour les emprunteurs surendettés, obligés pour cause d'Euro de tenter de restaurer l'équilibre de leurs balances commerciales par une dévaluation interne.

Qu'est-ce qu'une "dévaluation interne" ? Avant tout, c'est une baisse drastique de la rémunération du travail, avec pour conséquences une entrée en récession, puis en dépression économique, une explosion à la hausse du taux de chômage, laquelle est le seul moyen pratique de briser les résistances du monde du travail.

Naturellement cet ajustement à la baisse concerne la seule rémunération du travail... non la valeur du capital puisque la valeur des dettes n'est pas diminuée en même temps que le niveau des salaires, ce qui serait l'effet d'une dévaluation. C'est tout l'avantage de la manœuvre du point de vue des créditeurs, par rapport à l'alternative que pourrait être la sortie de la zone Euro des pays concernés.

Il est vrai qu'il est bien confortable d'être créditeur en zone Euro lorsque non content de faire reposer la responsabilité du surendettement sur les seuls débiteurs au lieu des débiteurs et créditeurs conjointement (comme pourtant de tradition en système capitaliste...), les politiques mettent à contribution les contribuables des pays non encore surendettés (Allemagne, France...) pour garantir encore mieux que la créance sera honorée. Jusqu'au dernier Euro d'impôt du dernier Allemand et du dernier Français, s'il le faut !

Mais la valse continue...

-----> Au troisième temps de la valse, les créditeurs feront la grimace

C'est le temps où les conséquences commencent à éclabousser aussi les prêteurs. Ça commence doucement, mais ce n'était pas encore allé bien loin aux dernières élections allemandes en septembre 2013 et peu de citoyens y ont voté contre le système Euro... il est à craindre que les Allemands découvrent bientôt où leur chancelière les a menés.

  • C'est que, comme les pays qui tentent la dévaluation interne ont une fâcheuse tendance à entrer en récession puis en dépression (ce qui n'arriverait pas s'ils dévaluaient), leur dette publique ou privée rapportée à leur économie augmente en réalité malgré tous les sacrifices consentis par le monde du travail. Au lieu de les aider à retrouver un équilibre, la politique de dévaluation interne et de ravage des intérêts des salariés les enfonce encore davantage.
  • Pendant ce temps, de nombreux citoyens aisés de ces pays transfèrent leurs avoirs dans le système financier allemand, de peur que leur pays ne sorte de l'Euro ce qui amènerait une dévaluation de leurs avoirs.

Pour l'Allemagne c'est un double effet qui tue !

 

  • D'une part le défaut des secteurs public et privé grec, espagnol, etc. sera encore plus grave, d'où des pertes encore plus lourdes pour l'Allemagne
  • D'autre part apparaît par le mécanisme Target2 un déséquilibre bancaire supérieur à 700 milliards d'euros qui créera des pertes massives supplémentaires lorsque le système de l'Euro explosera sous la pression.

Le mécanisme Target2 permet les transferts bancaires entre pays de l'Eurozone. Equilibré jusqu'au début de la crise en 2007, il comptait mi-2012 une position créditrice supérieure à 700 milliards d'euros pour l'Allemagne, débitrice de 400 milliards d'euros pour l'Espagne et presque de 300 milliards d'euros pour l'Italie

(Source : Wikimedia)

-----> Les pertes de l'Allemagne seront suffisantes pour la transformer en un tournemain en un autre Etat en banqueroute. Sauf naturellement à laisser son système bancaire faire faillite et à constater honnêtement les pertes, mais jusqu'ici seuls les Islandais ont eu ce courage. Ceci à peu près au même moment où la dépression européenne se communiquera à l'Allemagne, dont le taux de croissance ...ou de récession est particulièrement sensible à la conjoncture européenne et mondiale.

 

Alors, l'euro, dans l'intérêt de l'Allemagne ?

Pour l'Allemagne, le système de l'Euro a abouti à échanger :

  • Des gains petits mais réguliers résultant de sa monnaie nationale traditionnellement forte (le Deutschmark) et de son inflation faible, des gains qui profitaient à toute la population puisque le prix des biens importés diminuait régulièrement, au bénéfice des plus pauvres comme des plus riches,

Contre :

  • Une montée en puissance wagnérienne de l'influence de l'Etat et des banques du pays devenus de gros créditeurs extérieurs
  • Tandis qu'une grande partie du monde du travail souffre de salaires bas qui n'augmentent guère, dans une monnaie qui n'augmente plus
  • Suivie d'un effondrement financier de ces gros créditeurs ayant trop prêté et trop imprudemment... entraînant probablement la banqueroute de l'Etat.

Tout cela au nom de l'Europe, naturellement.

A tout prendre, les Allemands sont tout autant menacés que les autres Espagnols, Grecs, ou Français. Simplement, la majorité d'entre eux ne le sait pas encore...

----> ...tandis qu'un dirigeant insoupçonnable avec ses allures de bonne maman bienveillante continue de mener leur pays vers le gouffre.

Avec un dirigeant comme elle... pas de risque de banqueroute ?

(Source : Wikimedia)

 

L'entre-deux français

Quant à notre pays à nous, il présente à la fois certaines caractéristiques communes avec l'Espagne et l'Italie, mais pas tout à fait au même degré :

  • Dérive de la balance commerciale,
  • Bulle immobilière,
  • Destruction progressive de l'industrie,

Et certains points communs avec l'Allemagne :

  • Créditeur extérieur important du fait de la forte propension à l'épargne des Français, que nos sages banquiers placent en produits sûrs... des obligations d'Etat, mais pas au même degré puisque la France n'a pas d'excédent dangereux de sa balance Target2 comme l'Allemagne 

Nous aurons donc probablement un mélange de banqueroute et dépression économique à l'espagnole et de banqueroute et dépression économique à l'allemande.

 

L'Euro aura uni les peuples européens dans la même expérience !

 


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32 réactions à cet article    


  • mimi45140 17 février 2014 18:59

    Je vous remercie pour la clarté de votre article .


    • ObjectifObjectif 17 février 2014 19:39

      L’article est intéressant, merci beaucoup. Toutefois je pense qu’il y a une autre interprétation possible du déséquilibre des balances des paiements.

      Ce n’est pas l’€ qui est en cause, c’est la création monétaire centralisée, par crédit avec intérêt.

      Ce document http://monneta.org/index.php?id=338... issu du travail de Margrit Kennedy (hélas décédée fin décembre) montre bien comment le « créditisme féodal » fait augmenter la richesse monétaire des plus riches au détriments des moins riches.

      Avant l’Euro, cela se produisait au niveau de chaque pays.

      Mais avec l’Euro, l’aspiration des richesses par la création monétaire se fait vers les banques les plus grandes, et elles sont allemandes.

      Donc le processus montré par Margrit Kennedy est valable aussi bien pour les habitants de l’Allemagne, que pour les pays voisins, ce qui constitue à mon avis l’explication profonde du déséquilibre des paiements que vous avez constaté dans votre article http://www.noeud-gordien.fr/index.p...

      Refaire une monnaie nationale remettra le phénomène au niveau national, mais la vraie solution est de supprimer la cause profonde : supprimer le « créditisme féodal », c’est à dire la soumission du peuple à quelques personnes qui ont le droit de création monétaire privée par le crédit avec intérêt.

      Pour corriger le « bug » fondamental du « créditisme féodal » il faut créer des systèmes monétaires équilibrés, et non plus centralisateurs.


      • Tzecoatl Claude Simon 17 février 2014 20:18

        Disons que revenir aux monnaies nationales permet d’atténuer la concentration par les seuls intérêts, du fait des dévaluations.


        Cependant, merci d’avoir partagé votre lien, j’en étais arrivé à des conclusions un peu semblables dans mon dernier article.


      • ObjectifObjectif 17 février 2014 23:16

        Changer de suzerain, ou bien enfin prendre notre pouvoir souverain en main ?


      • Robert GIL ROBERT GIL 18 février 2014 12:59

        sortir de l’europe, resoudrait-il tous nos problemes ?

        voir : C’EST LA FAUTE A L’EUROPE !


      • Tzecoatl Claude Simon 17 février 2014 20:20

        Avec les 189 sociétés de BNP Paribas dans des paradis fiscaux, laissant s’échapper la monnaie et ne laissant que des dettes en eurozone, la monnaie fiduciaire permettant de les effacer étant si rare (5% en France), l’UE innove et souhaite nous chyprioter :


        • spartacus spartacus 17 février 2014 23:44

          Rassurons les bobos. L’Allemagne ne tombera pas. 

          Le chômage de masse continuera seulement en France parce que géré par des ânes socialistes, mais la courbe devrait s’inverser en Espagne, Italie et autres pays...
          Les principaux pays d’Europe ayants commencés a faire des réformes structurelles. 

          • colere48 colere48 18 février 2014 02:46

            pôôvre homme.....


          • diogene 18 février 2014 11:33

            Hé oui, spartacus, c’est benêt de ne s’éduquer qu’auprès des zélotes « esperts » de c dans l’air, ça donne des raisonnements aussi idiots que le tien.


          • Robert GIL ROBERT GIL 18 février 2014 12:56

            voila pour sparagus, et c’est pas moi qui le dit...

            voir : LA PAUVRETE EN ALLEMAGNE ATTEINT UN NOUVEAU RECORD


          • gegemalaga 18 février 2014 20:26

            j’en ai peur ;

            je voulais repondre à .. ;vos detracteurs , mais je retombe sur votre message ...
            laissons les avec leurs illusions ( ou leurs intox ) ... !

          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 18 février 2014 08:33

            Les explications d’Asselineau dans sa conférence « La tragédie de l’ euro » complètent bien celles-ci.

            1) La compétitivité dans l’euro, comparaison, à partir d’un exemple simple.

            2) En ce qui concerne l’ Allemagne, la monnaie commune a donc supprimé les changes entre pays européens.

            En conséquence, l’argent qui entre dans les banques allemandes, (par les achats des autres pays européens, et par précaution des riches grecs, espagnols, français etc), ne sont plus des marks, mais des euros-francs, des euros-lires, des euros drachmes etc

            Autant dire des monnaies qui risquent bientôt de ne plus valoir un kopeck.
            Les banques Allemandes, et donc la Bundesbank en sont remplies à ras bord.

            Plus on accumule de monnaie sans grande valeur, plus votre propre monnaie perd de sa valeur. C’est la grande angoisse des Allemands, car cette situation leur en rappelle une autre, celle de l’effondrement de leur monnaie en 1923.


            • Alexis Toulet Alexis Toulet 18 février 2014 11:07

              Oui le déséquilibre du système Target2 apparu avec la crise - voir le graphique dans le texte - est très menaçant pour le système financier allemand.


              Si l’euro est démantelé, au lieu de devoir 700 milliards d’euros aux autres banques européennes, les banques allemandes leur devront 700 milliards de nouveaux marks. D’un autre côté, au lieu d’avoir des créances de 400 milliards sur les banques espagnoles et 300 milliards sur les banques italiennes, elles auront des créances de 400 milliards de nouvelles pesetas et 300 milliards de nouvelles lires.
              (en supposant que chaque pays crée sa nouvelle monnaie au taux de 1 pour 1 ancien euro)

              Pour fixer les idées avec des valeurs approximatives donnant un ordre de grandeur, il serait assez vraisemblable que la lire se déprécie de 30% par rapport au mark, et la peseta davantage peut-être de 40%. Dans ce cas, le système bancaire allemand accuserait des pertes de :
              700 - 400 * 0,6 - 300 * 0,7 = 250 milliards de marks

              Soit les banques allemandes seraient par terre, soit l’Etat allemand volerait les contribuables pour compenser les pertes des banques comme cela s’est fait par exemple en Irlande, ou en Belgique et France pour Dexia, etc.

              De toutes façons, un coup très dur pour l’Allemagne.

            • diogene 18 février 2014 11:27

              Bon article à une exception près : Il n’y a pas de monnaie unique dans la zone euro, mais une monnaie commune, comme le remarque de façon précise Asselineau.
              3 exemples pour argumenter cette assertion :

              1- Une monnaie unique c’est une banque centrale unique. Chaque pays de la zone euro à conservé sa banque centrale, pourquoi ?

              2- Sur chaque billet il y a un « stamp » sous forme de lettre correspondant au pays émetteur (M pour le Portugal, U pour la France, V pour l’Espagne, X pour l’Allemagne etc...), pourquoi ?

              3- Une monnaie unique ne peut avoir qu’un seul taux pour les emprunts sur les marchés, pourquoi donc y a t-il des spreads aussi importants entre les différents pays de la zone euro ?

              Chaque fois qu’un grec achète un produit allemand, il paye en euro-grec à parité 1X1 c’est à dire un euro grec = un euro allemand. Cependant l’euro-grec, pour les marchés, n’a pas la même valeur de confiance que l’euro allemand. Il s’agit donc d’une créance de l’allemagne sur la grèce.
              Dans l’hypothèse de plus en plus probable de l’éclatement de la zone euro, ces créances deviendront des drachmes, c’est à dire presque rien. Les allemands seront donc en possession d’une montagne de créances sur les autres pays de la zone... de créances qui n’auront plus du tout la valeur initiale de l’échange.
              Est-ce une des raisons qui pousse les allemands à imposer la rigueur en échange du sauvetage de l’euro ? 


              • BA 18 février 2014 13:47
                Italie, Espagne : cataclysme bancaire à l’horizon.

                Les banques italiennes ont dans leurs livres 149,6 milliards d’euros d’actifs pourris, soit 9 % de l’ensemble des crédits.

                Les banques espagnoles ont dans leurs livres 197,045 milliards d’euros d’actifs pourris, soit 13,6 % de l’ensemble des crédits.

                Dimanche 9 février 2014 :

                Les banques italiennes se trouvent, elles aussi, confrontées à une forte augmentation de leurs créances douteuses. Celles-ci atteignent, selon l’Association de banques italiennes, 149,6 milliards d’euros, soit 9% de l’ensemble des crédits, ce qui les situe à un niveau proche des sommets atteints fin 2008, au plus fort de la crise financière ayant suivi la faillite de la banque Lehman Brothers.


                Mardi 18 février 2014 :

                Espagne : record historique de créances douteuses fin 2013 à 13,6%.

                Le taux de créances douteuses des banques espagnoles a atteint fin 2013 son plus haut niveau en cinquante ans à 13,6%, alors que le pays vient de sortir du programme d’aide européen au secteur, a annoncé mardi la Banque d’Espagne.

                Ces créances, surtout présentes dans l’immobilier (crédits de promoteurs et de particuliers risquant de ne pas être remboursés), s’élevaient à 197,045 milliards d’euros en décembre, soit 4,6 milliards de plus qu’en novembre, lorsque leur taux avait atteint 13,07%.


                • gegemalaga 18 février 2014 20:17

                  l’Espagne ...eh oui ...va participer au sauvetage de Peugeot ... eh oui !


                  et Santander ...pourrait rachetter la deutshbank ...eh oui !

                  maintenant , il est vrai qu’il y a de l’endettement en Espagne , mais ? 
                  vaut il mieux avoir des dettes et ...des immeubles à vendre 
                  ou des dettes car trop de fonctionnaires ?

                  ( les immeubles , c’a fini par se vendre ...).


                • goc goc 18 février 2014 14:44

                  @l’auteur

                  merci pour cette analyse très intéressante sur un plan général, mais que je trouve incomplète sur le plan des individus

                  en effet vous n’intégrez pas deux facteurs essentiels
                  1 - le surendettement des particuliers (et des pme) largement surdimensionné par rapport à la vrais valeur financière de chaque pays.

                  Pour vendre plus on n’a rien trouvé de plus crétin que de vendre de l’argent aux gens pour qu’ils puissent acheter des biens. Il arrive un moment ou ce mécanisme s’auto-alimente et donc part dans une accélération « hyperbolique » de la dette

                  2 - le cout de l’immobilier sur les finances des ménages
                  Et là, c’est peut être la raison pour laquelle l’Allemagne n’a pas encore coulé et reste encore le leader de l’Europe, c’est que si le salaire minimal est plus bas qu’en France, le cout du logement est aussi plus bas qu’en France


                  • Alexis Toulet Alexis Toulet 20 février 2014 17:14

                    1. Je suis bien d’accord que le surendettement ne concerne pas seulement les Etats, mais aussi les particuliers et les entreprises. La dette totale c’est-à-dire la somme (Dette publique + Dette des ménages + Dette des entreprises) a connu une augmentation énorme depuis une génération, ceci dans tous les pays. Par exemple aux Etats-Unis, la dette totale était inférieure à 200% du PIB en 1980, supérieure à 350% du PIB en 2008.


                    C’est un problème grave, c’est probablement l’une des racines principales de la crise financière et économique. Cependant, ce problème n’est pas particulier à l’Europe et il n’a à mon sens pas grand chose à voir avec l’Euro, c’est pourquoi je n’en ai pas parlé dans ce texte.

                    2. L’Allemagne est effectivement l’un des rares pays d’Europe à ne pas connaître de bulle immobilière. C’est bon pour le niveau de vie des Allemands. Cela dit, l’une des raisons doit être le déclin démographique du pays qui lui est tout sauf positif...

                  • Saul 18 février 2014 16:02

                    L’auteur explique bien la problématique de la zone euro. Néanmoins, il faut nuancer son propos concernant l’Allemagne. Quand la zone euro éclatera, ce qui n’est qu’une question de temps, avant que ça n’arrive, l’Allemagne aura conservé l’essentiel, c’est à dire sur son territoire une économie productive et industrielle importante, alors que celle-ci aura largement été détruite dans les pays en crise de la zone euro. Certes les banques allemandes vont se retrouver avec de gros problèmes de recapitalisation, mais ils auront une banque centrale qui pourra faire les Quantatives Easings qu’imposeront la situation (en particulier d’achat de leurs leurs créances pourries aux banques allemandes). Voila comment ils devraient régler le problème strictement financier.


                    • Saul 18 février 2014 17:33

                      372.000 entreprises italiennes ont, parait-il, fermé en 2013 (voir le lien ci-dessous). L’Italie devrait faire partie des pays de la zone euro complètement exsangue quand l’euro éclatera.

                      http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/italie-des-milliers-de-patrons-de-pme-manifestent-contre-les-faillites-18-02-2014-3602443.php


                    • Alexis Toulet Alexis Toulet 20 février 2014 17:21

                      L’Allemagne restera en moins mauvaise posture que l’Espagne, que l’Italie et que la France, surtout compte tenu de l’obstination de François Hollande à défendre l’Euro quel qu’en soit le coût économique et humain pour nous, c’est tout à fait vrai. Ceci grâce à son outil industriel préservé.


                      Cela dit une faillite est une faillite, elle reste très dommageable qu’il s’agisse directement de la faillite d’un certain nombre de grandes banques, ou bien de celle de l’Etat après qu’il a donné quelques centaines de milliards à ces banques pour leur éviter de sombrer et qu’il se retrouve lui-même surendetté. Il reste que l’Allemagne se serait trouvée mieux à ne jamais créer de monnaie unique, et qu’elle limiterait les dégâts en sortant de l’union monétaire le plus tôt possible.

                    • Sylvain62 18 février 2014 17:54

                      Analyse très intéressante, merci.


                      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 18 février 2014 19:42

                         
                        Mario Draghi a expliqué en 2012, que les crédits contenaient déjà une prime de risque « en cas de conversion »,

                        Et donc que les marchés et les banques incluaient déjà ce risque d’éclatement et de retour aux monnaies nationales.

                        En attendant, ils continuent à ponctionner les intérêts d’emprunts.
                        Pourvou qué ça douré...

                        Il est aussi question d’un effondrement du dollar, et d’une monnaie euro-atlantique commune...


                        • BA 19 février 2014 15:00
                          Aujourd’hui, l’Allemagne a voulu emprunter 5 milliards d’euros sur les marchés. Durée de l’emprunt : 10 ans.

                          Résultat : échec.

                          Vous avez bien lu : l’Allemagne a échoué.

                          Les investisseurs internationaux n’ont pas voulu prêter les 5 milliards d’euros que l’Allemagne voulait emprunter.

                          Lisez cet article :

                          L’Allemagne lève 3,80 milliards d’euros, en souhaitait 5.

                          L’Allemagne n’a pas réussi à attirer autant de demande que ce qu’elle offrait pour une émission obligataire à 10 ans (Bund), a annoncé mercredi la Banque centrale allemande chargée de l’opération, soit une première depuis septembre 2012.

                          L’Allemagne proposait un volume de 5 mrd EUR de titres à échéance février 2024 et n’a reçu des offres qu’à hauteur de 4,33 mrd EUR, rendant cette opération « techniquement sous-souscrite ».

                          Le taux de rendement moyen est ressorti à 1,64%, contre 1,77% lors de la dernière émission de même échéance fin janvier.

                          Finalement, le pays a choisi de ne lever que 3,80 mrd EUR, ce qui lui permet d’indiquer que l’opération a été sur-souscrite selon un ratio de 1,1. 

                          Comme à son habitude, l’Allemagne a retenu le reste de la mise, 1,20 mrd EUR, pour la placer progressivement sur le marché secondaire.

                          Il s’agit de la première fois depuis septembre 2012 qu’une émission obligataire allemande à 10 ans attire moins que voulu, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’Agence financière, l’organisme gérant la dette publique du pays.



                          • izarn izarn 19 février 2014 19:03

                            Bof, c’est évident....Mais avant Jacques Sapir, on le savait.


                            • Stof Stof 19 février 2014 19:15

                              Article brillant (la plupart des commentaires aussi d’ailleurs).


                              • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 20 février 2014 05:21

                                C’est quand qu’on bouge comme en 1789, 1830, 1848, 1871, 1936 ? En attendant comptons-nous avec, en fin de commentaire « HOLLANDE DÉMISSION ! »


                                • Ruut Ruut 20 février 2014 07:12

                                  Une chose manque c’est que la valeur de l’euro est différente au sein même de la zone Euro.
                                  Le pouvoir d’achat avec 1000 euro sera différent en Belgique et en Pologne.
                                  Ce qui est anormal.


                                  • mortelune mortelune 20 février 2014 09:34

                                    La dernière fois que l’Allemagne a été en banqueroute il y a eu 50 millions de morts (question : qui a donc financé Hitler ?).

                                    La France n’a jamais été en faillite et le sera jamais parce que quoi qu’en disent ces fumiers de mondialistes les français sont économes et même parfois radins (ceux qui voyagent savent pour qui on passe à l’étranger). Peu travailleur c’est à voir, mais économes c’est tout vu. Ce ne sont pas les français qui créaient la dette mais ceux qui dirigent la France pour le compte des banquiers (je rappelle que Rockefeller et Rothschild sont à la tête du cartel des banques et que leur nom revient toujours dans l’ombre de l’actualité financière). 
                                    Les allemands croient en leur pays est ont tout à gagner à avoir cette idéologie. Je dirais que les gouvernants des pays sont à l’image des pays. Quand on voit la tête à Sarko et celle de Hollande on a vite compris que nous passons pour des imbéciles fort en gueule.
                                    Si l’Allemagne fait banqueroute alors aïe ! Ouille ! aïe ! on va encore ramasser une sacrée correction. Qu’attendons nous pour quitter ce panier de crabes qui nous dévorent la culotte et pour une fois prendre nos responsabilité sans avoir peur de rien sauf que le ciel nous tombe sur la tête ?

                                    • BA 20 février 2014 10:47
                                      Jeudi 20 février 2014 : une déclaration fracassante.

                                      - Les Echos : Est-on sorti de la crise financière ?

                                      - François Pérol, président du directoire de BPCE : Je pense qu’il y aura d’autres chocs financiers. La création monétaire mondiale reste extrêmement importante et se traduit dans l’augmentation du prix de certains actifs. Cela peut créer des « bulles ». 


                                      Depuis 2008, aux Etats-Unis, au Japon, au Royaume-Uni, en zone euro, les banques centrales sont devenues folles.

                                      Depuis 2008, les banques centrales sont devenues des machines à créer des bulles.

                                      Les banques centrales ont injecté des milliers de milliards de liquidités : involontairement, elles ont créé des gigantesques bulles sur les marchés actions, et elles ont créé des gigantesques bulles sur les marchés obligataires.

                                      Par exemple, la Banque Centrale Européenne a prêté 1019 milliards d’euros aux banques de la zone euro. Malheureusement, les banques de la zone euro n’ont pas utilisé cet argent pour le prêter au secteur privé : chaque banque a préféré prêter à son Etat.

                                      Les banques italiennes ont acheté des centaines de milliards d’euros d’obligations de l’Etat italien. Les banques espagnoles ont acheté des centaines de milliards d’euros d’obligations de l’Etat espagnol. Etc.

                                      La question est donc :

                                      « QUAND vont éclater toutes ces bulles des marchés obligataires ? »

                                      « QUAND vont éclater toutes ces bulles des marchés actions ? »

                                      • Big Polar Bear Big Polar Bear 23 février 2014 12:36

                                        Je trouve cet article excellent et c’est bien dommage que les journalistes considérés comme professionnels soient incapables de pondre des analyses de cette qualité. Tout ce que je lis sur l’Euro, c’est qu’il est mal construit. Ce qui me semble normal puisque l’Euro est la première tentative de devise commune à plusieurs états ou je me trompe peut être ? Franc CFA ? Je ne comprends cependant pas pourquoi rien n’est fait pour créer des mécanismes qui permettent d’amortir ces effets négatifs. Soit, le système politique est paralysé, et quand on voit comment fonctionne l’UE, c’est parfaitement possible, soit ce n’est pas dans l’intérêt des créanciers... Enfin, les économistes en charge sont des gros nuls. Dans les trois cas, c’est un problème politique et non économique. J’opterai pour la première des explications. L’UE a besoin d’une complète refonte. Pour l’instant, aucun des dirigeants élus n’a le courage de s’embarquer dans un tel chantier. Alors que c’est ce que la population attend.


                                        • Mowgli 24 février 2014 01:09

                                          Mon excellent collègue et néanmoins ami le citoyen Rocla, boulanger de son état, a du mal à vendre son pain. Il serait, paraît-il, trop cher. Que faire ?

                                          La solution, c’est de dévaluer le tintin (monnaie du pays de Rocla).

                                          On dévalue de moitié (pour faire simple), et pan ! la baguette se vend toujours 10 tintins mais n’en coûte plus que cinq d’avant la dévaluation. De même le filet et l’onglet de la boucherie Sanzot qui n’avait pourtant rien demandé car ils se vendaient déjà très bien aux prix affichés par le citoyen Sanzot.

                                          Tout baigne, plus ou moins, jusqu’à ce que le citoyen Sanzot doive renouveler les pneus de sa camionnette au garage Simoun. En effet les pneus sont fabriqués en Bordurie, qui ne carbure pas au tintin, si bien qu’ils coûtent maintenant deux fois plus qu’en tintins d’avant le détitinage (« dévaluation du tintin » pour messieurs les savants). Et c’est le bordel.

                                          Evidemment, Rocla aurait pu baisser le prix de son pain. Ou faire du meilleur pain. Ou différent. Et ce ne serait pas le bordel.

                                          Mais pourquoi faire évident quand on peut foutre le bordel pour une bouchée de pain ?

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