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L’herméneutique du destin de l’Allemagne sur l’avenir du monde (Les 144 années qui ont changé la face du monde ? Partie VIII)

 Des événements historiques se passent aujourd’hui en Ukraine. Pourquoi l’histoire est en train se s’accélérer aujourd’hui ? D’abord la crise financière en 2008, le Printemps arabe avec ses multiples conflits, depuis 2011, aujourd’hui l’Ukraine, en 2014. Dans une moindre mesure, les litiges frontaliers en mer de Chine. Il est évident que l’Europe, la Russie et le monde arabe sont à la croisée des chemins. Et quand on dit à la croisée des chemins, cela ne veut pas dire que la situation géopolitique et géostratégique mondiale va changer du jour au lendemain. Cependant, des événements considérables sont en puissance dans les trois régions précitées surtout à la périphérie immédiate de l’Europe. Le monde arabe et l’Ukraine sont deux régions-frontières entre l’Occident et l’Asie, l’Asie où se trouve la plus grande masse de nations émergentes. Il y a une « peur de domino », pour la Russie. Si l’Ukraine tombe, le tour de la Biélorussie et possible puis viendra une menace qui peut être potentielle pour la Russie poutinienne. Est-ce que c’est négatif ? La question reste posée.

 Le monde aujourd’hui est-il en lente… ou en rapide mutation ? La question se pose ? Qu’est-ce que le temps dans le développement du monde ? Il est évident que le temps joue pour les peuples, une « flèche du temps » qui travaille pour les peuples, sans qu’ils ne sachent que le progrès est intentionnel dans le Temps. Non sans le Temps « chronologique »mais le Temps « physique » par lequel l’homme est. L’histoire du Temps est l’histoire des peuples. Qu’il avance rapidement ou lentement, il avance au gré de l’évolution des peuples. Le temps physique (de l’horloge) n’est pas le temps des peuples. Et c’est la raison pour laquelle on parle de la fin du temps ou la fin des temps, la fin de l’histoire ou la fin des histoires, parce que le temps n’est pas le Temps. L’être (l’homme) dans le Temps, ou le temps (des hommes) dans l’Être est cette « totalité » qui pense et se pense et que Heidegger appelle le « Dasein ». Chaque temps est une histoire. Et les temps sont un « éternel retour » ? Comme dit Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra,  « Le convalescent » (3e partie) : « Mais le nœud de causes dans lequel je suis emmêlé revient, – il me créera de nouveau ! Moi-même je fais partie des causes de l’éternel retour. 

 Je reviens avec ce soleil, avec cette terre, avec cet argile, avec ce serpent, non pas à une vie nouvelle, à une vie meilleure ou à une vie semblable :

– je reviens éternellement à cette même vie identique, dans ce qui a de plus grand et dans ce qu’il y a de plus petit, pour que j’enseigne de nouveau l’éternel retour de toutes choses…  »

 L’histoire du monde est le temps du monde qui s’inscrit dans un processus sans fin. L’Esprit, à l’insu des hommes, est toujours présent dans le mouvement des peuples. Comme il a joué par le passé, comme il joue aujourd’hui en Ukraine, comme il jouera demain en Biélorussie, en Russie, à l’Asie et à l’humanité entière. Le temps est libérateur. Ceci étant, qu’en est-il du temps passé qui a donné l’Ukraine et la Biélorussie soviétique en 1922 ? Pour cela, il faut remonter l’horloge humaine à l’histoire de l’Allemagne dont le destin va être prépondérant non seulement pour l’Ukraine, la Biélorussie mais pour l’avenir du monde. Une Allemagne qu’on pourrait dire au « destin planétaire ». Mais comment ce prodige d’une nation a joué dans l’histoire du monde ?

 

  1. Le casus belli secrété dans l’« esprit » de l’Allemagne

Tout est parti d’Europe, le reste du monde « engourdi » par la colonisation ou la mise sous tutelle indirecte. Ce reste du monde qui n’a pour lucarne que la vision dominatrice d’une « Europe qui parade » sur son destin. Un temps qui n’avance plus pour l’Afrique et l’Asie. Mais comment va s’opérer la marche du monde ? La « libération du temps africain et asiatique » ? Nous avons vu dans le cycle Kondratieff reformulé 1750-1870 (1) comment la France a forcé le destin de l’Europe et de l’Amérique après la guerre des Sept ans. Comment de « revancharde », elle a joué un rôle central dans la révolution américaine qui s’est conclue par l’indépendance des 13 colonies américaines en 1776. La révolution américaine entraînera, treize ans après, la révolution de 1789.

 Durant 120 ans, la France sera la nation des révolutions, la nation rebelle à l’hégémonie absolutiste des rois. La Révolution de Cromwell au XVIIe siècle ne sera qu’un accident de l’Histoire puisque l’existence de Cromwell a été exorcisée par son exhumation après sa mort et pendu haut et court. Mais peut-on pendre l’Histoire ? Puisque cet accident tient désormais dans la Mémoire universelle. La France sera, à partir de la dernière décennie du XVIIIe siècle, la plus surveillée d’Europe. Des guerres napoléoniennes aux révolutions de 1830, de 1848 et qui se termineront par l’insurrection parisienne, la « Commune de Paris » qui fit 25 000 morts dans les rangs des Parisiens. Des Parisiens qui refusèrent le diktat de l’Allemagne et réclamèrent une guerre à outrance contre l’occupant (siège de Paris par l’armée allemande, en mars 1871) et un gouvernement de la France par le peuple. L’insurrection qui se terminera dans le sang (semaine « sanglante » du 21 au 28 mai 1871) inspirera les grandes révolutions du XXe siècle, et sera appréhendée en véritable mythe pour les peuples du reste du monde. D’elle suivront les révolutions russes, chinoises, africaines, asiatiques et sud-américaines (révolution castriste, révolution du Che mondiale...).

 La défaite en 1871 face à l’Allemagne marquera la « fin du rôle central » de la France qu’elle joua dans les affaires européennes. En même temps la fin du cycle Kondratieff reformulé 1750-1870 (1 et 2). Le flambeau de la libération des peuples sera désormais mené par l’Allemagne. A l’insu d’elle-même. Paradoxalement, ce ne sont plus les idées révolutionnaires qui vont peser sur le climat politique depuis l’écrasement des communards parisiens mais les ambitions du nouvel acteur, l’Empire allemand. L’Empire allemand était né de la guerre (Versailles, 1871), et devait périr par la guerre.

 Comment comprendre cette naissance de l’Allemagne dans la guerre et le formidable essor industriel, scientifique, culturel, démographique qui suivit, rayonna non seulement en Europe mais sur le monde entier ? L’essor induisit le « pangermanisme », qui a été largement répandu par la littérature, par la presse et par l’enseignement scolaire. Il est allé jusqu’à vulgariser la doctrine de supériorité de race et de culture du peuple allemand sur les autres peuples. Investi par sa vocation providentielle à rajeunir la civilisation mondiale par la « germanisation », cet essor est devenu une véritable aliénation. Un mouvement incroyable de la pensée allemande, à l’époque.

 La théorie du « surhomme germanique » se réclamant du philosophe allemand Nietzsche ne vient-elle pas simplement s’inspirer de doctrines colonialistes déjà existantes ? Des théories de Darwin expansionnistes au « fardeau de l’homme blanc  » de Rudyard Kipling. La domestication de peuples peu évolués par des peuples avancés peut se comprendre quand on sait que la colonisation de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Asie était le fait de l’état d’infériorité des peuples face à la puissance de l’Europe. Mais elle surprend quand il s’agit de puissances face à d’autres puissances.

 « Que je remercie mon rêve matinal, d’avoir ce matin, de bonne heure, pu peser le monde ! Il est venu à moi comme une bonne chose humaine, ce rêve est consolateur des cœurs !Et pour faire comme lui en plein jour et pour imiter et appendrede lui ce qu’il y a en lui de meilleur : je veux maintenant mettre les trois choses les plus mauvaises sur le plateau de la balance et bien les peser de façon humaine.

 Celui qui a appris à bénir, celui-là aussi a appris à maudire : quelles sont au monde les choses les plus maudites ? Ce sont elles que je veux mettre sur la balance.

 Volupté, appétit de domination, appétit de soi-même. […] Sur quel pont le maintenant va-t-il vers le jadis ? Selon quelle contrainte ce qui est haut s’efforce-t-il à s’abaisser vers ce qui est bas ? Et qu’est-ce qui ordonne à ce qui est haut de s’élever encore ?

 Voici la balance égale et immobile : j’ai jeté trois lourdes questions, l’autre plateau porte trois lourdes réponses », de Nietzsche dans ses aphorismes, Ainsi parlait Zarathoustra,  « Des trois maux » (3e partie).

 Il y avait comme si une horloge était remontée, que l’heure de la déflagration n’était qu’accessoire. Les dès désormais jetés depuis la naissance même de l’Allemagne en 1870. Le rêve prémonitoire de Nietzsche est annonciateur. Le casus belli déjà secrété dans l’esprit de l’Allemagne par la victoire sur la France en deux mois de guerre, qui ont vu le Paris de la puissance impériale « assiégé » par les Allemands, entrait dans cette « totalité  » qui ne regardait pas seulement l’Allemagne et l’Europe, mais l’humanité entière. L’Esprit du Temps, devons-nous dire, était en préparation de cette Allemagne.
 

  1. L’humanité, logée à l’enseigne « irrationnelle-rationnelle »

 La guerre qui allait être engagée au début du XXe siècle aura à changer le cours de l’Histoire. L’humanité, à cette époque, n’avait pas pris suffisamment compte du temps et du Temps, et donc du mouvement de l’histoire. Les grands philosophes avertissaient des cataclysmes à venir. Comme le dit Nietzsche dans la « balance égale et immobile », l’Esprit aux questions allaient apporter les réponses, et des réponses « nécessaires ». Comme Hegel, avant lui, dans la « Raison dans l’Histoire ». Et Marx dans le « dépérissement de l’Etat ».

 Si la guerre était voulue par les hommes, elle l’était avant tout par l’Esprit. « La Raison gouverne et a gouverné le monde, peut donc s’énoncer sous une forme religieuse et signifier que la Providence divine domine le monde. » (Page 60, la Raison dans l’Histoire, Hegel). Précisément, le militarisme allemand prenait un caractère mystique. Ce n’était plus de la témérité, ni de l’aveuglement de l’Allemagne, d’autant plus quel’Empire austro-hongrois et Ottomanne pesaient pas lourd dans un conflit à l’échelle européenne. L’Allemagne, face auxtrois puissances alliées, croyait à son étoile, à sa destinée, ne sachant pas qu’elle servait d’instrument de l’Histoire.

 Il faut rappeler que, dans l’article précédent « Les 144 années qui ont changé la face du monde, partie VII », on avait évoquée la situation d’un homme qui, connaissant les données d’un problème ainsi que les méthodes de résolution sont connues, pouvait réfléchir et apporter la solution. On a ensuite évoqué le cas du savant qui connaît les données du problème mais ne connaît pas la solution. Celui-ci reste encore au stade de la recherche théorique et expérimentale pour résoudre, par exemple, un phénomène nucléaire non encore élucidé, ou encore cherche à apporter un remède à une maladie incurable, etc. Que se passe-t-il dans sa recherche ? S’il ne trouve pas, il peut continuer à chercher, et faire des expériences, sa pensée étant toujours en activité.On avait posé une question : « Est-il maître de sa pensée ? » Tout concorde à dire oui, et l’entourage qui le côtoie peut le confirmer.Cependant, on n’a pu s’empêcher de dire que c’est « avec sa pensée dont il ne connaît rien » qu’il cherche. Il cherche avec une pensée qui est bien à lui, qu’il guide pour aboutir à sa recherche, mais, dans l’absolu, dès lors qu’il ne connaît pas l’essence même de sa pensée, puisqu’« elle lui est donnée, elle est son essence », peut-on penser que réellement il guide sa pensée pour sa recherche ?Et on s’est interrogé, et « si c’est sa pensée qui le meut dans sa recherche et répond non seulement à son vœu pour la recherche mais le guide dans sa recherche ».Ce qui est une possibilité, puisque le savant cherche avec une pensée qui est certes bien à lui, mais en qui « il n’a aucune prise sinon qu’il pense par elle et l’utilise pour chercher  ». Donc, la pensée s’avère être non seulement le seul lien qu’il a avec la réalité, qu’il lui permet d’assurer son existence et donne surtout sens à son existence. Et ce sens ou le but du savant est la recherche scientifique. Et comme on avait énoncé que le savant croit chercher et l’entourage ou le public l’atteste puisque, en cas de découverte, affirme que c’en est bien lui l’auteur, sur le plan de la réalité métaphysique, cela se passe autrement. En effet, sans l’absolu de la réalité qui est « dépassement de la rationalité » même si on ne l’accepte pas, ce n’est pas le savant qui est l’auteur de la découverte mais sa pensée dont il ne sait rien de son essence. Le savant n’est pas maître de sa pensée, c’est la pensée qui est maîtresse de lui. Sans la pensée, il n’est pas existence. La pensée crée l’existence. On avait cité la phrase de Benda : « La puissance de création appartient indéniablement à l'irrationnel ». Par ce raisonnement, on avait conclu que l’Europe doit son essor scientifique, et donc son affirmation sur le reste du monde, à la « Pensée ». Et on ne peut en disconvenir, le mouvement de son expansion sur le monde appartient à l’« Essence », et le mouvement historique à l’« herméneutique de l’Essence ». L’homme est la « pensée de la Pensée ». C’est ainsi la nature de l’humain.

 Si c’est ainsi, tous les hommes sont la « pensée » de la « Pensée ». Ils ne savent qui ils sont, sinon qu’ils sont, qu’ils existent par la pensée. Même en sommeil, ils sont investis par la pensée (rêves, cauchemars…). Combien même on peut être italien, français, arabe, chinois, vietnamien, guinéen, sud-africain, algérien, juif, ou somalien…, nous existons tous par la pensée, nous avons tous un même fond commun, un socle commun, la « Pensée ». C’est cette « pensée de la Pensée » qui nous donne le statut d’humain et constitue tous les humains dans leur diversité les humains, l’humanité.

 S’il en est ainsi, je « pense » moi-même en humain au moment même où j’écris que j’écris par la pensée dont j’ignore l’essence. J’énonce cela simplement pour dire qu’il n’y a pas d’explication au phénomène de la pensée sinon d’affirmer que c’est ainsi et pas autrement. Aucun humain ne peut l’infirmer pour la simple raison que tous les humains sont logés à la même enseigne, une enseigne « irrationnelle-rationnelle » qui dépasse la rationalité et qui constitue notre « être de et dans ». Et si nous ne pouvons pas nous interroger de notre essence, il reste que nous devons nous interroger sur notre existence en tant qu’humanité, en tant que « devenir du Temps », en tant qu’être dans le Temps, ce qui est absolument humain puisque « Nous Pensons ».
 

  1. La « puissance » devait périr par la « puissance »

 Cela étant, revenons à l’Allemagne et à sa destinée. Précisément, en pensant sa destinée mystique, on peut même dire que la « théorie du surhomme » dont se réclamait Nietzsche et qui n’avait rien à voir avec le « surhomme germanique » dont les impératifs idéologiques allemands ont tout fait pour falsifier la lettre, s’inscrivait dans la culture de l’époque du peuple allemand qui se voyait par ses élites investi d’une mission sacrée pour « germaniser » le monde.

 Toute la classe politique, l’Etat-major allemand et le Kaiser Guillaume IIs y croyaient réellement. L’esprit du temps ou le Dasein heideggérien ? Ils avaient cette pensée qu’ils étaient comme l’instrument indispensable et fort d’une mission sacrée. Peut-on penser que l’ensemble des décideurs étaient aliénés y compris le peuple allemand qui suivit ? Il est évident que non, c’était un phénomène d’époque. Le monde changeait, et la « Volonté de puissance » qui servait l’Europe faisait un retour remarqué sur elle-même. Le cycle Kondratieff 1870-1945 étant désormais marqué par l’Allemagne.

 Peut-on penser que le processus « irrationnel-irrationnel » qui a joué pour le savant dans ses activités de recherches scientifiques, et l’essor scientifique auquel est parvenu l’Europe, pouvait aussi jouer pour les élites allemandes dans leur « volonté de puissance » ? Le socle de la puissance de la pensée allemande ne provenait-elle pas du socle commun à tous les hommes, la « Pensée ». Et si « Celle-ci », en tant que « totalité », en tant que « Dasein ou Esprit du monde » qui n’excluait aucune humanité, tout constituant l’humanité, n’est-elle pas l’essor à l’Allemagne, ce que l’« essor » doit aussi à l’humanité. D’autant plus qu’il n’y a de libre-arbitre de l’homme que de « libre-arbitre » de l’Être qui se fond avec l’arbitre de l’homme selon une herméneutique de l’existence de l’Être.

 Et ce lien entre l’être et l’Être est un dépassement de tout lien, il est le « lien absolu ». Sans la pensée, l’homme n’est pas. L’homme peut se dire : « Qui suis-je ? » Il n’obtiendra aucune réponse, sinon toutes les réponses qu’il aura voulues, sans pour autant qu’elles soient confirmées parce qu’il n’est que dans et d’Essence dont il ne sait rien.

 Précisément, dans la Pensée qui n’est pas propre à l’esprit allemand, mais à l’esprit de toute l’humanité (Européens, Africains, Asiatiques, Américains) et quel que soit leur statut (dominant ou dominé), il y a une intentionnalité herméneutique dans la marche du monde. L’être-jeté dans l’étant ne signifie pas qu’il s’est posé lui-même dans l’étant. Les colonisés ne signifient pas qu’ils ont à « être colonisés », mais qu’ils étaient « colonisés pour ». Ce qui est différent pour l’ordre de l’Essence. De même, les élites allemandes qui exaltaient l’« esprit germanique », ne signifiaient pas qu’ils étaient à « être pangermaniques », ils étaient « pour pangermaniques » selon une herméneutique existential (terme emprunté à Heidegger). « La Raison gouverne les hommes et le monde » s’assimile au Dasein heideggérien. Un événement négatif est une conjoncture qui répond à une situation. La colonisation a été nécessaire parce qu’elle répondait à une situation. La puissance de l’Europe et ensuite de l’Allemagne ont été une nécessité pour répondre à une situation. Et toute réponse s’inscrit dans un devenir. De là, se comprend la mission germanisante de l’Allemagne du monde, comme un moyen détourné de l’« Essence », pour transformer le monde. Et la Guerre 1914-1918, qui a suivi faisant de la « puissance » invoqué par ce « être là pour germanique » sa « propre destruction » et la puissance de l’Europe. Si les idées humanistes, combien prometteuses, ni les révolutions des peuples ne pouvaient par elles-mêmes changer le monde, la présence de l’Essence dans l’existence a suppléé à ce qui entrait dans la « Nécessité ».
 

  1. L’entrée de l'humanité au XXe siècle

 Et c’est ainsi que se produisit le changement de la structure du monde. L’Allemagne qui a mis en selle la future Puissance mondiale, l’URSS. Pour relâcher la pression sur le front russe, l’Allemagne n’a pas hésité à expédier Lénine dans un train blindé à Saint Petersburg, en 1917, et à signer un plan de paix avec la Russie, qui allait devenir cinq ans plus tard (décembre 1922)l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), groupant la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et la République fédérative socialiste soviétique de Transcaucasie (RFSS). Les événements de février 2014 en Ukraine sont en train de remettre en cause un siècle d’histoire de vie commune.

  Le plus paradoxal, après avoir contribué à l’avènement du communisme en Russie, l’Allemagne deviendra, après la guerre 1914-1918, un rempart contre le communisme pour l’Occident. Un communisme qui s’étendra à toute l’Asie. Une autre mutation du monde, le début de la fin des empires européens. Des républiques s’instaurèrent en Autriche (1918), en Allemagne (Weimar, 1919), en Turquie (1923, fin du califat). De nouveaux Etats issus des empires démembrés se sont constitués. Enfin, l’affaiblissement de l’Europe par la guerre ouvre voie aux aspirations d’indépendances des peuples colonisés.

 Sans la guerre 1914-1918, le monde aurait-il changé ? L’Allemagne, à son insu, a joué un rôle central dans l’avenir du monde. Une guerre mondiale provoquée par l’Allemagne – un cours historique inévitable – et des millions de morts pour régénérer un monde. La première grande phase du cycle Kondratieff 1870-1945 était terminée.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
www.sens-du-monde.com

Notes :

1. Les approches menées par Kondratieff dans l’explication de la crise financière mondiale ? par Medjdoub Hamed. www.agoravox.fr
2. Les 144 années qui ont changé la face du monde ? (Partie I, II, III, IV, V, VI, VII), par Medjdoub Hamed. www.agoravox.fr

 


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11 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 25 février 2014 12:42

    Les USA cherchent le « CLASH » pour engager une guerre mondiale et ainsi relancer l’économie...mais à jouer avec le feu ils vont se bruler les ailes...Nous pouvons voir comment l’Amérique à jouer au poker menteur en 39 (après avoir réarmer Hitler avec ses dollars)..et fait le blocus du Japon les obligeant à entrer en guerre...A la tête des USA se trouve une bande de mafieux capable du pire pour gagner encore plus d’argent...DANGER


    • FYI FYI 25 février 2014 13:33

      … Plus vous souffrez, plus vous produisez d’énergie pour eux. Alors, dansons, chantons !!!

      …Lorsqu’ils reconnaîtront qu’on ne croit plus leurs mensonges, alors, et alors seulement, ils accepteront leur défaite.

      …Vous êtes à présent en train de prendre le contrôle de vos propres vies et de refuser d’être conduits comme des moutons à l’abattoir.

      On parlera beaucoup de l’histoire de cette période dans les nombreuses années à venir.


      • vesjem vesjem 25 février 2014 21:14

        « combien même on peut être italien, français, arabe, chinois, vietnamien, guinéen, sud-africain, algérien, juif, ou somalien… » (dans le texte)

        1) je pense qu’il y a une petite erreur dans la phrase ci-dessus  ;
        2) je crois que le « libre-arbitre » humain est , comme celui de l’animal ou celui de la plante , ou de celui d’un groupe d’humains ou d’une nation , il est égal à 0


        • Shawford43 25 février 2014 21:15

          N’est ce pas, de même on ne laisse pas les sorts et filtres d’amur dans les mains de mages de pacotille.


        • Hamed 25 février 2014 21:32

          @Vesgem

          Bien raisonné. Cependant si le libre-arbitre de l’homme contrairement aux animaux et encore moins aux plantes était égale à zéro, vous ne seriez pas là à m’écrire. Combien même votre libre-arbitre émane de votre pensée qui est elle-même reliée à sa « Pensée », vous pouvez dire ce que vous voulez même égaler votre libre-arbitre à zéro. Sans que vous sachiez que vous avez usé déjà de votre-libre-arbitre.


        • vesjem vesjem 25 février 2014 22:26

          @hamed
          Très bonne réaction ; mais la pensée n’est pas le libre-arbitre ;
          La pensée est un ensemble de connexions , mais la source de celles-ci sont des « réactions à » (y compris , si pour démontrer le contraire de ce concept , je prends une option opposée )
          J’ai tenté de le démontrer dans un commentaire plus étoffé il y a 2-3 mois ;

          je peux te faire un copier/coller


        • Hamed 26 février 2014 07:14

          @vesjem

          Intéressant. Envoie le copier-coller. je te répondrais. Merci


        • vesjem vesjem 26 février 2014 09:59

          LIBRE-ARBITRE # CONSCIENCE

          A la question , « la conscience existe-t-elle », voici une esquisse de réponse qu’il ne faut surtout pas interpréter comme du déterminisme , mais la prévision utopique d’un chaos infiniment complexe ; une tentative de démonstration de la « déresponsabilité individuelle généralisée » ;

          L’apparente conscience de soi et de son libre-arbitre :
          A l’instant « t » , à supposer qu’un individu « lambda » ait eu en « héritage » des caractéristiques physiologiques données ( dont il n’est en rien la cause ) , placé dans un environnement donné , « enrichi » de ses évolutions culturelles et émotionnelles dues à son immersion dans le monde jusqu’à cet instant , son libre-arbitre pour l’instant qui va suivre n’existe pas .

          Les prévisions nous informent des évènements à venir , mais nous spolient de l’étonnement de leur déroulement et par conséquences modifient notre perception et nos actions ou pensées en rapport avec eux .
          Des prévisions poussées théoriquement à l’infini , montreraient que le hasard est prévisible ; dans cette hypothèse , nous n’aurions aucun pouvoir conscient de décision , en sorte que le libre-arbitre est illusion , à l’instar de la croissance d’une plante qui évolue selon son patrimoine génétique et son environnement (terrestre et spatial ) , avec une « vocation » constante de survivre .

          L’apparente prise de décision à l’instant ( t + epsilon ) est la résultante de la synthèse de l’ « historique sélective inconsciente » de l’individu , de son patrimoine physiologique , et de l’espace social et environnemental , à l’instant « t » .

          L’égocentrisme humain dans toutes ses variantes et nuances (utile à sa « réalisation ») , son dynamisme ou ses actions , ses réflexions et ses mémorisations mêmes , lui masquent cette dépossession de libre-arbitre .
          Le fonctionnement de cet inextricable chaos intrinsèque à l’individu , à l’instant de la prise apparente de décision , est évidemment commun à toutes les espèces .
          Ceci est difficile à admettre , puis à accepter , enfin peut-être à comprendre , que l’apparente volonté d’agir ou de penser , n’est qu’une « réaction » pour agir et penser  ; cette illusion de soi est donc masquée par l’apparence de libre-arbitre .
          La prise de conscience (apparente) de cette idée peut inquiéter ; mais la dissociation de la théorie et de la vie nous permet de continuer de croire à notre détermination de penser et d’agir ;
          salutations
           


          • Hamed 27 février 2014 09:55

            Bonjour, 

             

             Ce que vous avez écrit est fort intéressant. Une question compliquée qu’aujourd’hui personne n’a pu répondre. Ni philosophes ni simples humains ne peuvent penser la conscience et encore moins la pensée. « La conscience existe-t-elle ? » équivaut aussi à la question « que sommes-nous ? » Il dépasse même le caractère de l’indéterminisme qui lui est relatif au contingent. Le problème est tout simplement insoluble. Vous pouvez écrire beaucoup de mots, mais les mots resteront des mots. Votre concept de déresponsabilité individuelle généralisée peut fonctionner, mais il ne règle pas le problème. Peut-on démontrer l’« essence qui vient de l’Essence ». Ou un jeté-dans-l’Etant que l’homme n’a pas choisi, et dont il n’est pour rien.

             Ce que vous dîtes « A l’instant « t » , à supposer qu’un individu « lambda » ait eu en « héritage » des caractéristiques physiologiques données ( dont il n’est en rien la cause ) , placé dans un environnement donné , « enrichi » de ses évolutions culturelles et émotionnelles dues à son immersion dans le monde jusqu’à cet instant , son libre-arbitre pour l’instant qui va suivre n’existe pas ». On peut répondre, par exemple, qu’à t+epsilon, il s’est passé pour un individu un temps historique où il a évolué dans la « totalité » dont là aussi, il n’était pour rien. Il s’est débattu pour « être là » parce qu’il était ou est «  de, dans et pour » l’existence… Et « L’apparente prise de décision à l’instant ( t + epsilon ) est la résultante de la synthèse de l’ « historique sélective inconsciente » de l’individu , de son patrimoine physiologique , et de l’espace social et environnemental , à l’instant « t » . » doit être plutôt comprise comme une « synthèse de l’historique sélective inconsciente-consciente de l’individu ». L’homme est précisément cette « essence inconsciente-conscient ». Et c’est là le paradoxe, tout en sachant qu’il est, il ne sait pas exactement qui il est et « pourquoi il est là ». Et c’est là l’herméneutique de l’existence, qui commande que, au-delà toute réflexion métaphysique, il est, et c’est cela le plus important. Ce qui nous fait dire, « Qu’est-ce que la non-conscience face à son contraire, la conscience ? », et, l’herméneutique nous fait dépasser le non-être vers le être. Le dépassement venant de lui-même fait que l’illusion face à l’existence n’est plus illusion.

             Vous dîtes « … lui masquent la dépossession du libre arbitre ». Une façon peut être de répondre mais en vérité, l’égocentrisme, le dynamisme, les actions… ne masquent pas la dépossession du libre arbitre. L’homme dans l’action n’est pas qu’il n’a pas de libre arbitre, il a un libre arbitré inné, sauf qu’il n’est pas ressenti, il est donné par son essence d’exister.

             Quant à la dépossession dans l’« absolu », elle se fait dans l’action, il n’a aucune affirmation de l’action qui provient du libre-arbitre. L’être humain est en perpétuelle naissance et renaissance, bien entendu dans le temps imparti à son existence. Ce que Hegel a assimilé à la contradiction de l’affirmation avec la négation qui se résout par un dépassement, engendrant un processus t+infini. Le temps t présent de l’homme avec un t-epsilon (qui vient de passer, qui n’existe plus), donne un t +epsilon. Le temps de l’homme est le Temps absolu d’existence.

             « Ceci est difficile à admettre, puis à accepter, enfin peut-être à comprendre , que l’apparente volonté d’agir ou de penser , n’est qu’une « réaction » pour agir et penser  ; cette illusion de soi est donc masquée par l’apparence de libre-arbitre.  » Cette illusion de soi qui, vous voulez dire n’existe pas et masquée par l’apparence de libre arbitre, précisément témoigne de l’existence. Qu’est-ce qu’une illusion et combien même masquée par l’apparence d’un libre-arbitre, ne sert-elle pas l’homme dans sa présence. L’apparence, non moins réelle, permet à l’homme de choisir dans les limites de ses possibilités humaines.

             

            Salutations


          • Hamed 27 février 2014 10:00

            @vesgem

            Possible que je développerais ce thème, intéressant à plus d’un titre, dans un article. Mais il faut du temps.


          • vesjem vesjem 27 février 2014 23:01

            @hamed
            "L’égocentrisme humain dans toutes ses variantes et nuances (utile à sa « réalisation ») , son dynamisme ou ses actions , ses réflexions et ses mémorisations mêmes , lui masquent cette dépossession de libre-arbitre« 

            A savoir , nous sommes entraînés dans le tourbillon de la vie (si tant est qu’elle existe , ce qui reste à démontrer) , et toutes les actions , interactions , préoccupations humaines nous empêchent de considérer cette déresponsabilisation individuelle (donc collective) car elle n’est ni visible ni concevable ;

            Ne nous a-t-on pas toujours appris depuis l’enfance , la responsabilité des paroles et des actes ?

            Le choix (choix apparent , bien sûr , pour rester dans mon explication) des mots et des phrases pour exprimer l’idée générale que  »nous n’avons pas le choix" , est problématique car il fait appel à un autre sens que la dialectique , celui du reniement de cette faculté de libre-arbitre ;

            C’est pourquoi une métaphore comme celle de la pousse d’un bourgeon de plante peut être assimilée à une pensée ; dans le cas de la plante , l’apparition du bourgeon obéit à (au moins) 2 facteurs l’un génétique l’autre solaire ; la spontanéité de l’émergence de la pensée (comme de l’action) répond , elle , à des critères analogues que sont , génétique (donc mémoire , cognition , physiologie etc...) , environnement (social , climatique etc...) ;

            Par analogie , le bourgeon d’une plante est au soleil , ce qu’une réponse est à une question .

            salutations


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