Débat Le Pen - Moscovici sur France 2, la haine a changé de camp !
Un débat télévisé ayant pour sujet la monnaie unique a opposé Marine Le Pen à Pierre Moscovici le 3 février dernier sur France 2.
Ce débat musclé opposa 2 politiques économiques réellement très différentes, contrairement aux traditionnels débats UMP-PS où les divergences restent à la marge.
La vidéo est ici.
S'il restait encore un doute, Moscovici a une fois de plus démontré son incompétence totale en matière d'économie ainsi que sa soumission également totale à l'oligarchie financière.
Marine Le Pen par contre connaissait parfaitement son sujet et a fourni systématiquement les bonnes réponses à son contradicteur. Cette dernière est par ailleurs restée courtoise comme à son habitude, ce qui fut loin d'être le cas en face.
Pour illustrer mon propos, j'ai relevé les meilleures perles de notre brillant ministre avec un commentaire explicitant la réalité des choses.
(00:09:20) "Nous avons réformé le système bancaire"
La promesse électorale de Hollande était de séparer les activités bancaires utiles des activités risquées. En fait de réforme, cette dernière [1] fut une mascarade avec moins de 1% des activités même pas séparées mais simplement filialisées.
L'intéressant reportage "Jeux de pouvoir" diffusé l'an dernier sur Arte [2] a montré le déroulement des négociations entre le ministre, les députés et les banquiers sur le contenu de la proposition de loi de régulation bancaire française.
On constate au cours de ce reportage que Moscovici a tout fait pour torpiller toute avancée significative qui aurait pu aller dans le bon sens à l'exception d'un seul amendement (*) qu'il n'a pas réussi à stopper, ce dernier obligeant les banques à déclarer leur CA et effectif dans tous les pays et donc dans les paradis fiscaux. C'est un premier pas vers la résolution du problème de l'évasion fiscale des multinationales.
(*) Proposé et défendu par le député vert Eric Alauzet. Ce dernier a d'ailleurs écrit à ses collègues américains pour les exhorter à réussir là où nous avons échoué par lâcheté à séparer les activités bancaires.
(00:14:40) "L'Euro a apporté aux Français la possibilité de retirer de l'argent sans frais de change."
Si c'est le principal avantage que le ministre est capable de mettre en avant, alors que dire de celui des taux d'intérêts qui restent bas grâce à l'Allemagne ? Il évoque le sujet pour expliquer que c'est positif pour les entreprises qui par ailleurs n'investissent pas. En réalité les taux bas sont surtout favorables à la limitation du montant du service de la dette de l'état, car ce dernier est obligé d'emprunter en permanence sur les marchés.
Listons à contrario les points négatifs induits par la création de l'Euro qui a surtout profité à l'Allemagne au détriment des autres pays de la zone :
1. La part de marché de la France dans les exportations hors zone Euro a baissé de 20% (+5% pour l’Allemagne)
2. Le déficit commercial de la France est passé d'un excédent de 43 Milliards d'€ à un déficit de 43 Milliards d'€
3. L'emploi industriel a baissé 3 fois plus en France et en Italie qu'en Allemagne
4. Le taux de chômage est resté voisin des 11% en France alors que celui de l'Allemagne est passé de 9 à 5%
5. L'Euro trop fort pénalise nos exportations dans le reste du monde. Le veto allemand à une dévaluation monétaire de la BCE qui améliorerait immédiatement notre compétitivité ne nous laisse pas d'alternatives.
Il n'y a pas d'autre choix que d'ajuster nos prix par une baisse des salaires ou des charges des entreprises. Puis si les revenus diminuent, alors il faut diminuer les dépenses pour ne pas accroitre les déficits. Et en général, ce sont les dépenses sociales qui sont touchées en premier.
(00:23:00 et 01:05:57) "Si on sort de l'Euro, la dette restera libellée en Euro".
Là c'est du lourd !
Soit il ment sur ce point technique pour faire peur aux Français, soit il est ignorant. Dans les 2 cas, c'est inacceptable pour un ministre des finances.
En effet, comme l'explique Jacques Sapir, la législation internationale dit que la dette est libellée en monnaie nationale locale, donc si on repasse au Franc, alors la dette sera transformé en Francs (y compris si on le dévalue ultérieurement).
Seule 15% de la dette est libellée en droit international, ce qui correspond à environ 285 Milliards sur un total de 1900 Milliards d'€.
Dans le cas d'une dévaluation de 20%, alors l'augmentation totale de la dette sera de 60 Milliards environ, soit 3% du PIB.
On note d'ailleurs à ce moment que le journaliste Yves Calvi tente de "sauver" Moscovici en laissant entendre qu'il s'agit d'un point trop technique pour être tranché ici "On n'arrivera pas à vous mettre d'accord ..."
(00:45:11) "Le système bancaire Français est très solide.
A ce niveau on peut évoquer la faillite de Dexia (Coût total cumulé : 5.5 Milliards pour le contribuable français).
Rappelons pour mémoire l'affaire Kerviel qui a coûté 5 Milliards à la Société Générale.
Egalement au sujet de cette banque, citons un fait moins connu. En 2008, le contribuable américain, en sauvant l'assureur AIG, a renfloué indirectement la SG à hauteur de 12 Milliards de $ à travers les engagements de cette dernière vis à vis d'AIG.
Par ailleurs, si le système bancaire français était réellement si robuste, alors les 3 plus grandes banques "universelles" nationales (BNP, SG, CA) seraient classées dans le top 50 des banques les plus sures du monde.
Or, il n'y en a plus une seule !
(00:46:00) "Nous avons créé une directive pour la garantie des dépôts"
Le fonds de garantie des dépôts n’a à ce jour que 2 Md€ en caisse pour 1 500 Md€ de dépôts garantis (Voir l'analyse d'Olivier Berruyer ici).
Alors en cas de faillite de l'une des 3 grandes banques systémiques françaises (pardon "universelles"), l'état n'aura tout simplement pas les moyens de garantir les dépôts de ses clients, le "bank run" sera alors en vue...
(00:49:04) "Nous avons fait preuve de solidarité avec la Grèce"
Parler de solidarité avec la Grèce touche carrément à l'ignominie.
En effet, les résultats de la politique d'austérité imposée en Grèce par la terrifiante Troïka (BCE, FMI, UE) sont les suivants :
- 6 années consécutive de récession
- baisse de La production nationale de 25 %
- taux de chômage de 27 % (60% chez les moins de 25 ans)
- multiplication des suicides
- détérioration de la santé générale de la population avec une baisse de 2 ans de l'espérance de vie
(01:04:18) "Jacques Sapir est d’extrême droite"
Ça continue avec un amalgame stupéfiant digne d'un Goebbels de sinistre mémoire.
Un économiste n'est pas de droite ou de gauche, il adhère à l'une ou l'autre des écoles de pensée du domaine économique.
Moscovici tente ainsi de faire l'amalgame entre les travaux de Sapir sur la sortie de l'Euro et le fait que Marine Le Pen a repris cette idée dans son programme.
Jacques Sapir s'est donc fendu d'une réponse ici à cette attaque "nauséabonde" pour antiphraser nos bien-pensants représentants de la police de la pensée.
Conclusion
Après le bilan catastrophique du régime précédent, nous avions fait l'hypothèse que l'élection de Hollande ne pouvait pas conduire à une situation pire.
Même si cette hypothèse s'est en partie vérifiée, on constate cependant des similitudes troublantes : politique inverse des promesses électorales, poursuite de la politique ultralibérale, incompétence à tous les étages, manque ostensible de créativité, pensée unique, etc.
De plus, les repères s'effondrent, c'est en effet le front national qui défend de véritables idées alternatives crédibles en s'appuyant sur les travaux d'économistes reconnus. Marine Le Pen s'inspire des prix Nobel Maurice Allais et Joseph Stiglitz ainsi que d'économistes compétents tels que Jacques Sapir, Emanuel Todd, etc.
C'est la gauche qui utilise aujourd'hui les anciennes armes du FN, à savoir l'amalgame, la désinformation, le mensonge et la vindicte.
Quant au FN et plus précisément à sa représentante, il assène des vérités, du moins sur le terrain économique.
C'est le monde à l'envers !
Liens
[1] La guerre contre la finance, il faut scinder les banques !
[2] "Jeux de pouvoir" Arte – 24 septembre 2013 (extrait ici).
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