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Nouvelle Constitution sénégalaise ?

 L’ébauche d’une nouvelle Constitution au Sénégal. Un débat piloté par Rfi (radio française internationale), répercuté sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter). Toujours le nez dans le papier, comme l’on dirait « le nez dans la mmisère ». Non pas que le papier soit mauvais en soi. Entendons nous bien.

Le papier a rendu d’immenses services à l’humanité et continuera d’en rendre. Il est encore des choses que nous ne pouvons réaliser sans le recours au papier. Il n’est donc pas question d’exclure le papier de nos moyens d’action. 

C’est par défiance contre la fausseté de l’homme et la légèreté de la parole instable comme le vent, que le papier s’est imposé comme le moyen le plus efficace de fixation et d’organisation sociale. Le papier a été d’une grande utilité pour le développement et l’accélération du processus de productivité à grande échelle.

Malheureusement aussi, depuis la fin du 18ème siècle, le pouvoir du papier, bien mérité au départ, s’est subrepticement transformé en pouvoir absolu, imposant sa suprématie aux peuples et aux hommes. Il est devenu un étouffoir humain et social. Plus de deux siècles de dictature du papier sur les hommes, cela ne suffit-il pas ?

L’ébauche d’une nouvelle Constitution au Sénégal. RFI.

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Le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall.
REUTERS/Joe Penney

Jeudi dernier, la Commission nationale de réforme des institutions chargée de piloter la réflexion sur les changements devant, à terme, refonder la République sénégalaise, a déposé ses conclusions sur la table de Macky Sall. Il s’agit d’un avant-projet de Constitution qui n’a pas été rendu public. Mais le journal sénégalais Le Quotidien a publié ce vendredi le document en exclusivité.
 

Avec notre correspondante à Dakar, Carine Frenk

La commission nationale de reforme des institutions chargée de piloter la réflexion sur les changements ne semble pas capable de voir plus loin que le bout de son nez.

La durée du mandat, l’âge du candidat à la présidence, des détails insignifiants assortis d’une interdiction à la descendance, ascendance ou conjoint de se porter candidat, voilà ce que nos illustres intellectuels du Sénégal qualifient de « Constitution mieux équilibrée ». Equilibrée pour qui ? Pour le peuple à plus de 50% analphabète que la Constitution écrite est incapable d’intégrer ?

Décidément ces intellectuels sont les mêmes partout, en Afrique comme en Occident, dépourvus du sens de la justice et d’imagination créatrice. Bien maigre la réflexion sur les changements. Nulle raison de se plaindre quand la montagne accouche d’une souri. Cela ne fait pas de mal à une mouche. Mais là où le bât blesse, c’est que ces « savants ignorants » en se substituant au peuple, constituent le barrage même à tout changement.

Or, de nos jours, le besoin le plus ardent des peuples, c’est le changement. Cela, les intellectuels le savent très bien mais du changement, ils ne nous en donnent que l’illusion, pas le vrai. Les réalités sont toujours plus complexes que sur le papier. Ils se précipitent à résoudre un problème auquel ils ne comprennent strictement rien. Pour ne pas les accuser de mauvaise foi, je dirai qu’ils en sont incapables. Aidons-les un peu.

 

Objectifs de la Commission nationale de réforme des institutions

Quelles étaient les bonnes intentions de départ de la Commission nationale de réforme des institutions ? Que voulaient-ils réussir ?

Acharnés qu’ils sont (les membres de la commission) à chercher à limiter dans le temps le pouvoir présidentiel, le morceler et l’affaiblir, nous pouvons deviner qu’ils sont habités par cette idée communément admise dans le monde, que le pouvoir est dangereux et qu’il corrompt.

L’intention est donc louable de vouloir éviter qu’un dictateur s’éternise au pouvoir et en fasse une monarchie transmissible à sa descendance.

La question du pouvoir se réduit-elle seulement au pouvoir individuel du président de la république, ici en l’occurrence, Macky Sall dont la photo trône au milieu de l’article de Rfi ?

La Côte d’Ivoire a commis l’erreur d’avoir adopté un texte constitutionnel modelé contre un seul individu. Cela a conduit le pays dans un chaos dont il n’est pas encore complètement sorti. 

Si nous acceptons de tripatouiller une Constitution nationale pour de si petits détails, nous devrons aussi admettre que dans l’avenir chaque président en fasse de même.

C’est faire fausse route que de se focaliser sur le Président de la République, car le vrai problème à résoudre est celui du Pouvoir. Le pouvoir est une affaire de contenant et non de contenu. Bref.

Au préalable, nous devons examiner et bien comprendre deux notions : la démocratie qui est une référence universelle, et le pouvoir, comment s’inscrit-il dans la sphère de la démocratie. Ce n’est pas facile car en toute chose, il y a des aspects visibles et des aspects invisibles. Par exemple, ce texte visuel que vous lisez sur Internet est rendu possible grâce à un autre texte souterrain, invisible mais plus puissant qui impose au visible, ses règles et ses lois : Le langage HTLM. Cela peut paraître anodin, mais c’est très important quand il s’agit d’intervenir sur des réalités sociologiques à transformer.

 

Sortons des confusions.

La démocratie à ses heures de gloire, celle qui a fait des miracles dans la Grèce Antique, qui de par sa seule force a mis fin aux interminables guerres que connaissait la Grèce, n’est en rien comparable à la démocratie moderne que nous pratiquons de nos jours. 

La démocratie athénienne (Grèce antique) était une démocratie directe, non représentative. Elle n’avait pas de Constitution écrite. La constitution d’Athènes que l’on vous présente dans les livres ne représente que des notes d’élèves, prises à partir de l’observation de la pratique de la démocratie à Athènes. Cette démocratie était le fait des hommes sur lesquels le papier n’avait aucun pouvoir. A cette époque lointaine, il était juste de dire : « La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. »

Depuis l’adoption des constitutions écrites issues de la révolution américaine et de la révolution française, fin XVIIIème siècle, le monde a basculé dans une ère nouvelle. La démocratie a perdu son sens réel et une autre hiérarchie du pouvoir s’impose au monde.

L’usage de l’écriture et du papier, a produit l’effet inattendu d’inverser la hiérarchie du pouvoir. Les objets qui n’exerçaient aucun pouvoir dans la démocratie athénienne, sont subitement propulsés au premier plan. Et les hommes eux-mêmes sont transformés en objets mis au bas de l’échelle. L’image de la Révolution française en est une cruelle illustration : 

 

 

D’un coté, on décapite l’Homme (le roi Louis XVI) …

 

… et de l’autre, on brandit le Texte de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Au sommet de la hiérarchie du pouvoir, trône désormais, la Constitution écrite dont le Président de la République n’est que le « cerveau moteur » (Marshall Mc Luhan). 

 

La démocratie moderne est ainsi devenue « la dictature de la constitution écrite sur le peuple » La Constitution écrite (un objet) se substitue au peuple et règne sur les hommes qui en deviennent ses fidèles serviteurs. Une aberration !

Papier sur papier sur papier sur papier sur papier dont le contenu est : Règlements, Actes administratifs, Décrets, Lois, où est passé le Peuple ?

Les Constitutions de tous les états de la planète qui s’en sont suivies, ne sont que des copies de la vieille constitution des Etats-Unis ou de la France. Aucune modification de détails insignifiants ne saurait en faire une nouvelle constitution. Il en va de même pour le Sénégal qui n’est pas dirigé par le Président Macky Sall, mais par la bonne vieille Constitution française dont il n’est que le « valet  ». Le « dictateur » ce ne peut-être Macky Sall mais la Constitution écrite elle-même qui trône sur le monde depuis plus de deux siècles, et qui continue de s’accrocher au pouvoir à une époque où d’autres médiums sont plus aptes à piloter la situation.

Le papier est le médium de corruption par excellence. Toutes les constitutions du monde sont aujourd’hui mauvaises à cause du papier (corrupteur). De surcroit, le papier de nos jours est incapable de gérer les sociétés du « Village planétaire ».  Face à la numérisation galopante des données, nous n’avons que trop accusé de retard. Dépêchons nous de sortir du papier et d’entrer dans l’ère de la numérisation. Ce sera là une véritable Révolution. Le premier pays qui l’osera, représentera « Le Modèle » que copieront tous les pays de la planète pendant des siècles. Les pays occidentaux et développés, trop lourdement mécanisés et rigides, hésiterons peut-être à le faire.

La vérité est que les Occidentaux ont une réelle trouille de la numérisation car ils en connaissent les effets et les conséquences. Vous qui me lisez, il n’est pas certain que vous perceviez tous les effets de la numérisation. La plus grande conséquence de la révolution numérique pour l’Occident, est la perte du pouvoir. La perte du pouvoir en Occident est toujours liée au crime de sang : La Révolution américaine et la Révolution française. Cette peur des Occidentaux n’est pas fondée car le pouvoir d’intégration du numérique fait que la perte du pouvoir n’est pas liée à la perte de la vie. Le danger réel pour tous, viendrait du fait que l’Occident persiste dans son entêtement à s’identifier au pouvoir et à la machine. Là, vraiment, on n’aura plus qu’à s’en remettre à Dieu.

En revanche, dans la numérisation, l’Afrique a tout à gagner et rien à perdre. Ce sera, enfin, l’entrée en scène de l’Afrique. Cette numérisation permettra l’intégration et la participation pleine et entière des peuples de traditions orales considérés comme des « analphabètes  » méprisés et exclus du pouvoir politique. L’intégration de cette frange de la population qui représente parfois jusqu’aux environs de 80%, forcera les Occidentaux à avoir une plus haute considération à l’égard des Présidents et des Institutions africains. Si aucun pays n’ose ? Eh bien, pas de soucis : Le « Tsunami  » déferlant de la numérisation viendra engloutir le village planétaire. Les dégâts seront le prix à payer pour notre inconscience.

La Commission nationale de réforme des institutions chargée de piloter la réflexion sur les changements au Sénégal n’a pas assez d’imagination ni d’audace créatrice pour proposer une véritable nouvelle constitution digne du XXIe siècle. C’est bien dommage. Une diversion… pardon, un divertissement de plus. Merci à Rfi « la radio mondiale  ». 

<morytraore.com>

Abidjan Côte d'Ivoire Afrique

 


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