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Afghanistan : Fahim, celui qui aurait dû empêcher la mort de Massoud

L'histoire revient parfois comme un boomerang. On apprend hier la disparition du vice-président Afghan, appellé Mohammad Qasim Fahim, un nom qui ne dit rien à des tas de gens. Et pourtant, c'était un des éléments clé de l'accession au pouvoir d'un Amid Karzaï, propulsé à la tête du pays par les américains, alors que le commandant Massoud pouvait prétendre à la place suprême. Mais un commandant Massoud éliminé comme on le sait par un attentat venu de... Belgique, par deux fanatiques visiblement manipulés et ayant bénéficié en haut lieu de complicités pour s'approcher d'aussi près d'un Massoud pourtant réputé méfiant. Or, le jour de l'attentat kamikaze à la caméra piégée qui en rappelait fortement un autre (*), qui était le responsable de la sécurité du commandant de l'Alliance du Nord ? Vous l'avez deviné : c'était Mohammad Qasim Fahim, dont le décès à été annoncé hier de manière appuyé comme étant de "mort naturelle", ce qu'on veut bien comprendre vu ses problèmes de santé. Ce qu'on désire davantage comprendre, c'est ce qu'il a pu faire pour devenir le second homme du pays derrière Karzaï. Et là, invariablement, le fantôme de Massoud réapparait... 

Mohammad Qasim Fahim (ici sur son lit de mort) était-il la clé fondamentale d'une énigme à tiroirs ? C'est fort probable, étant donné son cursus, dans lequel les trahisons ou les retournements de veste ont été nombreux. Le pays est marqué, on le sait, par la division Tadjik-Pachtounes, et cette fracture explique énormément de choses dans sa vie politique. Lors de l'invasion soviétique, Fahim s'est réfugié A Peshawar, en 1978, alors que la famille Karzaï avait fui vers Quetta. C'est de là qu'ils ont tenté la reconquête du pays. Avec un gros "hic", celui de la division ethnique des forces en présence : l'alliance du Nord de Massoud est essentiellement fait de Tadjiks, d'Ouzbeks et d'Hazaras, qui prédominent logiquement dans la Shura-e Nazar, qui fédère tous les commandants du Nord, dont fait partie Mohammad Qasim Fahim, avec Abdul Rashid Dostum l'ouzbek aux méthodes de brute sanguinaire, dans son fief de Mazar e Sharif, Ismail Khan, l'empereur intransigeant de la région d'Hérat, qui sera capturé en 1995 par les Talibans, et qui deviendra flous tard ort critique de l'attitude de Karzaï (face à la drogue notamment) et enfin le tadjik Atta Muhammad Noor, diigeant sa province de Balkh. Massoud entre ainsi à Kaboul en 1992, et Mohammad Qasim Fahim, qui sait se rendre indispensable est alors chargé de défendre la capitale des attaques d'un chef de guerre local pachtoune extrêmement puissant, Gulbuddin Hekmatyar, qui deviendra aussi un allié des américans avant de les trahir pour se retourner contre eux, puis de celles des talibans, qui finiront par l'emporter, obligeant Massoud à reculer en septembre 1996 vers le cœur du pays tadjik, dans la vallée du Panshir. Des combats sanglants marqueront ce retrait, comme à Mazar-e-Sharif en 1997. De retour sur le terrain en 2001, le groupe de Massoud progresse vite (trop vite !) vers la capitale, pensant ainsi imposer à la tête du pays les chefs de la Shura-e Nazar sans avoir parmi eux de pachtounes, ce que les Etats-Unis ne supportent pas, désirant "que la diversité ethnique soit représenté dans le futur gouvernement", une fois les Talibans tombés. En fait de disparité ethnique ils ont surtout un candidat, sélectionné par la Rand Corp, dont une grande partie de la famille est américaine (quatre de ses frères y ont fait carrière et fortune). Karzai est surtout le chouchou de la CIA, qui va le financer pendant des années en lui portant des sacs de billets verts en échange de bons et loyaux services, ce qu'on découvrira seulement en 2013.

Notre homme à l'époque n'a pourtant pas bonne réputation, comme le rappelle ici Foreign Policy : "certains décomptes de la carrière de Fahim disent qu'il s'est affilié avec les forces de Massoud dans les tous premiers jours du djihad afghan et a lutté contre l'Armée rouge dans les années 1980. D'autres disent que Fahim a effectivement travaillé dans les services de renseignement du régime fantoche soviétique à Kaboul, avant de se ranger du côté de Massoud alors qu'il était clair que les forces soviétiques allaient se retirer. La poursuite des liens étroits de Fahim avec la Russie suggèrent, tout au moins, qu'il est capable de jouer sur nombreuses cases de l'échiquier politique complexe de l'Afghanistan". Ce résistant de 1946 en quelque sorte, avait un tel pouvoir (on pense qu'il pouvait lever derrière lui jusqu'à 40 000 soldats) qu'il s'était rendu indispensable, et Massoud l'avait bien compris en en faisant un allié, même si cet allié était pour lui plus qu'encombrant. L'Afghanistan, resté à majorité tribal, est un vrai sac de nœuds politique. En 1993, à Islamabad un semblant d'accord est signé entre chefs afghans aux intérêts souvent divergents, il réunit Ahmed Shah Ahmadzai (de l'Ittehad-e-Islami), le Sheikh Asif Mohseni (de l'Harkat-e-Islamic), Gulbbudin Hikmatyar (learder du Hizb-e-Islami), Burhanuddin Rabbani alors président exilé (Jamiat-e-Islami), Sibghatullah Mujjadidi (Jabha-e-Nijat-e-Milli), Muhammad Nabi Muhammadi (Harkat-e-Inqilab-e-Islami), Syed Ahmad Gaillani (Mahaz-e-Milli), et Ayatullah Fazil (Hizb-e-Wahdat-e-Islami) 

Massoud s'appuiera donc sur Fahim, même s'il n'appréciait guère ses méthodes, en le nommant responsable de la sécurité, où il va vite se révéler... assez vite incontrôlable, voire incompétent. "Les aghans ont des techniques de collecte de renseignements qui sont directes et médiévales , et les hommes qui travaillent ce domaine sont colorées par la stigmatisation de la torture et l'assassinat. Les Afghans ont un dicton qui dit que "ce que vous faites à vos ennemis aujourd'hui, vous le ferez à vos amis demain". Les commandants charismatiques ont échappé au blâme pour les actes cruels de leurs hommes, mais les hommes antipathiques comme Fahim attirent le blâme pour des histoires d'horreur qui pourraient aussi laisser le doute s'installer. Fahim aurait ainsi arrêté, battu, et presque assassiné Hamid Karzaï dans les années 1990, jusqu'à ce que l'une des roquettes d'Hekmatyar a frappé la villa où il était détenu ; permettant à à Karzaï de s'échapper ainski lors de la confusion". Et le fait raconté n'est pas en effet une légende : en 1994, c'est bien Fahim qui avait arrêté Karzaï, sous l'excuse qu'il n'était que l'espion de Gulbuddin Hekmatyar, dont Fahim craignait qu'il puisse discuter avec le gouvernement provisoire de Burhanuddin Rabbani, l'homme ramené par les américains dans leurs valises. Un avis partagé par Massoud. Rabbani était alors le leader du Jamiat-e Islami Afghanistan (ou "Islamic Society of Afghanistan"), fort proche du Jamaat-e-Islami pakistanais, ce qui ne semblait absolument pas embarrasser les américains. Alors qu'il prônait un gouvernement islamique au Pakistan, selon la loi islamique (charia) !!! Il s'opposera lui aussi plus tard à Karzaï, lui aussi pour finir -quel hasard n'est ce pas-dans un attentat kamikaze le 20 septembre 2011, effectué par un homme venu du Pakistan et entré chez lui impunément dans sa maison de Kaboul. Le responsable de la sécurité d'alors du président s'appelant... Mohammad Qasim Fahim ! Mais il y a plus intéressant encore. En 1994, la voiture de Karzaï interceptée par Fahim était conduite par Gul Rahman. Le cas de ce dernier ne cesse d'intriguer depuis sa disparition : arrêté par la C.I.A au prétexte qu'il aurait été un espion des talibans, il meurt dans des circonstances troubles le 22 nombre 2002 à la prison secrète de “Salt Pit,” sous les coups de ses tortionnaires de la CIA. Or Gul Rahman, que ses géoliers ont laissé mourir de froid en avait à raconter, justement sur ce qui s'était réellement passé avec Fahim !
 
Je vous avais moi-même raconté l'histoire, en n'attribuant pas l'arrestation à Fahim, à l'époque "Or Rahman n’avait pas été arrêté seul, mais en compagnie de quatre autres individus, nous dit aujourd’hui Kboi2. Dont Dr. Ghairat Baheer, un physicien, le leader du mouvement Hezb-e-Islami, le beau-fils d’Hekmatyar Gulbuddin (ici à gauche), le chef de guerre, et pour lequel Rahman avait servi de chauffeur à une époque. Les deux hommes se connaissaient donc bien. Baheer, resté 6 ans à Bagram et 6 mois à Salt Pit, avait vu Rahman emprisonné, laissé nu sur le béton, toutes ouvertures laissées ouvertes dans une cellule, en plein hiver. L’homme, on le sait, avait été retrouvé mort gelé, et l’on avait fait disparaître discrètement son corps après. Il n’avait jamais été retrouvé. Selon plusieurs témoignages recoupés, un médecin militaire appelé aurait conclu à une mort par "hypothermie" : le premier témoignage enregistré d’une exaction ayant entraîné la mort de prisonnier. Dès que l’affaire avait fait quelques articles dans la presse, les américains avaient pris la décision... de raser Salt Pit, supprimant toute possibilité d’investigation ultérieure. Une semaine plus tard, Baheer avait été libéré sans aucune charge contre lui. Une enquête menée par l’inspecteur principal de la CIA diligenté sera transmise à deux procureurs fédéraux, Paul J. McNulty and Chuck Rosenberg, qui n’arriveront pas à savoir quel individu exactement avait eu Gul Rahman comme chargé d’interrogatoire, à la CIA. Mieux encore : l’inspecteur général avait cité deux noms d’officiers ayant "interrogé" Gul Rahman (ici à droite). Questionné quelque temps après sur le sujet, le responsable de la CIA avait refusé d’en donner les noms lui aussi. Or ce responsable, à l’époque le troisième plus haut gradé de la CIA, s’appelait Kyle D. Foggo, encore lui, qui purge toujours actuellement une peine d’emprisonnement de 37 mois pour diverses malversations et divers détournements de fonds au sein de l’organisme. On est en droit aujourd’hui de se poser quelques questions sur le sort de son prisonnier, à voir avec quel état d’esprit il il avait "dirigé" ses services en les détournant à son profit ! Pourquoi donc avait-on libéré Baheer ? Car il avait une autre chose à raconter encore. Gul Rahman, en 1994, aurait été celui qui aurait sauvé la vie d’Hamid Karzaï, lors d’un épisode rocambolesque où les services Afghans talibans avaient arrêté le futur président, qui n’avait dû son salut qu’à un obus providentiel qui lui avait permis de s’échapper, avec Rahman, confirme le frère de ce dernier. Une histoire aussi attribuée parfois au chef de Rahman, Gulbuddin Hekmatyar. A-t-on à partir de là tenté d’étouffer l’affaire d’une bavure évidente ? Sans nul doute !". Et qui donc avait tout intérêt à ne pas rappeler qui avait arrêté Karzaï pour l'interroger de façon muslée ? Les deux personnages, Fahim et lui ! La CIA aurait ainsi donné un sérieux coup de pouce à la carrière future des deux personnages !
 
Reste un autre personnage qui aurait pu changer les choses : le pachtoune Abdul Haq ici à droite sur la photo, qui a tenté une révolte afghane contre les talibans, mais un sursaut qui est arrivé trop tôt, de sa propre initiative, trop isolée, en octobre 2001, juste après les attentants sur le sol américain. Haq le pachtoune a été laissé sans assistance, selon Jean Paul Mari (lire sa désolante histoire ici). Clairement abandonné par les américains, à l'évidence : aurait-il nuit à ce point à la carrière de Karzaï ? Sans nul doute.. Comme Massoud, qui se retrouve assassiné la veille du 11 septembre (le 9 exactement).
 
Et si l'on cherche à qui profite le crime, on est bien embarrassé de constater que l'homme qui discutait si facilement avec les russes, est bien vite devenu l'allié des américains, qui ne supportaient visiblement pas d'avoir Massoud à la tête du pays. Massoud à peine refroidi, c'est Mohammad Qasim Fahim en personne qui prend la tête de la fameuse Shura-e Nazar, et bénéficie aussitôt du renfort armé des USA qui l'avaient refusé à Massoud, des américains qui bombardent intensivement les plaines de Shomali (avec des bombes cluster  !), laissant ainsi à Fahim le droit d'entrer en vainqueur dans Kaboul, avec ses milices fortes de 10 000 hommes, les talibans subissant alors une énorme défaite. Les bombardements de Shomali ont été massifs, et à l'aveuglette : "il s'avère, que le jour où M. Arkin a écrit son article, les bombes américaines ont tué 160 civils dans quatre provinces afghanes. Un F-18 a largué une cluster-bomb de 1000 livres sur un hôpital militaire de 200 lits à Herat, des bombes ont tué 26 civils dans deux quartiers résidentiels de Kaboul et 11 dans la ville de Tarin Kot dans les montagnes d'Uruzgan, et 23 dans le village agricole de Thori situé à 6 heures de route de Kandahar. Le 21 Octobre, les États-Unis ont également commencé à bombarder les positions de première ligne autour de Bagram dans la vallée de Shomali au nord de Kaboul, dont je n'ai pas encore de données sur les victimes" note en décembre 20001 le professeur Marc W. Herold du Departments of Economics and Women's Studies de McConnell Hall (University of New Hampshire). L'un des rares aux USA, tous embarqués dans une croisade anti Ben-Laden, à parler de massacres caractérisés. Les USA se méfiaient semble-t-il beaucoup plus qu'on ne le pense des liens tissés par le pouvoir afghan en exil et ... les russes. On retrouvera plus tard une photo montrant le président exilé Rabbani avec ses amis russes, comme le général Varennikov, son collégue, et le ministre de la défense Ivanov... et le propre frère de Massoud. Le faucon cosaque Varennikov fera parti des putschistes de Moscou en 1991... contre Mikhail Gorbachev !
 
Fahim, devenu maître du pays en second, appelé à partager le pouvoir par son vieil ennemi Karzaï, avait derrière lui pourtant de belle casseroles, dont celle d'Afshar, en 1992, selon Derrick Crow du Huffington Post : "en tant que commandant de la milice Jamiat-e-Islami, il a été nommé par Human Rights Watch dans son rapport de 2005 "Les mains tachées de sang", en tant que commandant clé dans la massacre d'Afshar. Environ 800 membres de la minorité chiite hazara ont été tués dans un combat où l'assassiner, le viol et le pillage ont été utilisés dans une zone civile de Kaboul en septembre 1992. Comme le montre le rapport, dans le cadre des préparatifs de l'attaque, des centaines de personnes ont été tuées dans attaques indiscriminées ou délibérées contre des habitations civiles, et des milliers d'autres ont été déplacées. Comme indiqué ici, les milices ont assassiné des dizaines de civils devant de leurs maisons lors de l'attaque. Des centaines d'autres ont été enlevés et ne les reverra jamais". Massoud avait dû tenir une conférence à l'Hotel Intercontinental pour mettre fin aux exactions, dues pour plusieurs observateurs en priorité aux troupes de d'Abdul Rasul Sayyaf qui aurait lui aussi été mouillé dans l'assassinat de Massoud. Il aurait aussi, encore un autre "hasard" été mêlé aux camps d'entraînement d'Al-Qaida à Jalalabad, en Afghanistan, et aux consctructions des bunkers de Ben Laden. C'était au camp de Derunta, plus connu sous le nom de Tora-Bora. Le monde est bien petit en Afghanistan....
 
Tuer Massoud aurait donc été un geste pour aider les talibans ? C'est ce qu'on peut penser à première vue, mais ce n'était pas le but premier. Le but était d'avoir un renversement de pouvoir qui plaise aux intentions américaines, avant tout, et pour cela Massoud ne devait pas devenir le vainqueur des Talibans à Kaboul. "Mais cette logique stratégique pourrait également prendre en compte si personnellement des ambitieux de l'Alliance du Nord auraient été prêts à coopérer avec Al-Qaïda pour faire avancer leurs propres objectifs. Nous savons que le chef de guerre Abdul Rasul Alliance du Nord Sayyaf a facilité l'entrée dans le nord de l'Afghanistan des assassins. Mais qu'en est-il de Fahim ? C'était son travail de vérifier les visiteurs étrangers. Alors, comment pourrait-il expliquer le fait que deux faux journalistes de Tunisie, se présentant comme des Marocains, avec des passeports belges - avec leur équipement, y compris la caméra qui ils ont proposé d'utiliser pour enregistrer leur entrevue avec Massoud - n'ont jamais été examinés physiquement ?" Tout le problème est là en effet : l'assassin véritable de Massoud était près de lui, mais ce n'est pas obligatoirement celui qui tenait la caméra. La cellule de Malika El Aroud d'où provenait les deux caméramen, dont son premier mari, étant considérée comme étant manipulée par la CIA, ce que j'ai pu vous démontrer à plusieurs reprises ici, déjà. 
 
Mais notre homme retors, on l'a vu, a besoin de jouer sur plusieurs cases d'échiquier. Dès le 22 septembre 2001, en effet, Fahim est au Tadjikistan pour des pourparlers avec le chef de l'armée russe Anatoly Kvashin. Une fois au pouvoir, il traînera les pieds pour désarmer ses hommes, l'armée afghane souhaitée par les USA prenant de sa faute un retard considérable pour se mettre en place. Massoud et Haq disparus, les autres muselés par des hochets (on les nomme comme ministres) Voilà donc Fahim et Karzaï réconciliés... le second contraint et forcé par ce qu'on apelle là-bas la "Panjishiri Mafia", la mafia du Panshir, dont le chef incontestable est Fahim, qui est alors considérée comme le plus grand danger politique pour Karzaï... qui va échapper à plusieurs tentatives d'assassinat, toutes menées à la roquette, histoire de lui rappeler un certain événement.. En 2009, c'est Fahim qui échappera à une tentative "talibane", lors d'une visite à Kunduz. Une attaque à la roquette et à la Kalachnikov. Une de plus. On se demande alors pourquoi ces deux personnes qui ont failli s'entretuer arrivent aussi facilement à s'entendre. C'est simple : à deux, ils ont su s'entendre pour piller le pays, ce qu'ils ont fait avec une constance qui défie l'entendement.
 
Tout d'abord... le pavot, incontournable en Afghanistan. En 2008, Fahim n'est toujours que ministre de la défense, mais Karzaï l'a proposé comme vice-président s'il est réélu. Ce qui pose un problème métaphysique à l'administration américaine, indique le New-York Times : "Ça a déjà été un débat houleux au cours de l'administration Bush : que faire avec la preuve que le puissant ministre de la défense de l'Afghanistan a été impliqué dans le trafic de drogue ? Les fonctionnaires de l'époque disaient qu'ils avaient besoin de lui pour aider à gérer le pays en difficulté. Donc, la réponse, à la fin avait été : regardons ailleurs. Aujourd'hui, ce débat sera encore plus lourd pour une nouvelle administration, car l'ex-ministre de la Défense, le maréchal Mohammed Qasim Fahim, se trouve une forte chance de devenir le prochain vice-président de l'Afghanistan". Les aléricains sous Obama découvrent la Lune en Aghanistan. La culture du pavot au lieu d'être éradiquée n'a jamais été aussi florissante que sous Karzaï et son frère Walid dont les manigances de mafieux dealer vont lui coûter la vie. 
 
Et le journal d'évoquer le fait que Fahim aussi palpait depuis au moins 2001 l'argent de la CIA, en plus du commerce lucratif de l'héroïne : "en 2001 , lorsque les forces des Etats-Unis ont débarqué en Afghanistan pour renverser les Talibans, Fahim, un général, était un allié crucial en tant que commandant militaire de l'Alliance du Nord. Il a travaillé en étroite collaboration avec l'Agence centrale de renseignement et a été récompensé avec des millions de dollars en espèces, selon les responsables actuels et anciens des Etats-Unis . Après que M. Karzaï est devenu chef du gouvernement de transition de l'Afghanistan, le général Fahim a été nommé ministre de la Défense. Au début de 2002 , lors d'une cérémonie Rose Garden avec M. Karzaï , alors le chouchou de la Maison Blanche, le président George W. Bush a annoncé que les États-Unis contribuerait à créer et former une nouvelle armée afghane. Cela signifiait l'envoi de millions de dollars d'aide au général Fahim et son ministère. Mais en 2002 , les rapports de renseignement de la C.I.A. qui affluent dans l'administration Bush incluent les preuves que le maréchal Fahim a été impliqué dans le commerce lucratif de la drogue en Afghanistan, selon des responsables de discussion des rapports et en débat interne pour la première fois. Il avait une histoire de trafic de stupéfiants avant l'invasion, montrent les rapports de la CIA. Mais le plus alarmant dans les rapports étaient allégations selon lesquelles il a été impliqué encore après avoir repris le pouvoir et était devenu ministre de la Défense. Il avait maintenant un avion cargo de fabrication soviétique à sa disposition qui a été pris à faire des vols vers le nord pour transporter de l'héroïne à travers la Russie, revenant chargé de la trésorerie, selon ce que disent les rapports aux responsables américains qui les ont lu Des employés du ministère de la Défense ont également dit être impliqués" . Le cargo étant l'un de ceux de Viktor Bout, ce que s'abstiennent bien de dire les américains. On retrouvera sur des corps de Talibans des armes et des munitions américaines, et celles en provenance d'un dépôt d'armes albanais qu'était censé gérer une société privée US munie d'un contrat du Pentagone. Le dépôt de Gerdec sautera alors qu'on venait de découvrir le trafic aux mains d'un marchand d'armes de 19 ans, héritier d'une famille de marchands de morts US. Difficile de croire que le Pentagone et son représentant David Petraeus qui avait laissé dilapider les dépôts d'armes en Irak n'était pas au courant. On notera au passage que la CIA avait continué à payer Fahim, alors qu'elle savait pertinemment qu'il trafiquait de l'opium. De là à en conclure que la CIA reconnaissait ainsi participer elle-même au trafic semble une évidence.

La corruption et le népotisme vont de pair en Afhganistan. On va le découvrir avec l'analyse après coup des comptes de la l'Afghanistan Investment Company (AIC) et les versements effectués par quatre banques à trois garants, que sont Mahmoud Karzaï, Haseen Fahim et Mirwais Azizi (de la Banque du même nom). Mahmoud Karzaï étant le frère du président sortant Hamid Karzaï , Abdul Haseen Fahim celui de Mohammad Qasim Fahim, les deux principaux actionnaires de l'AIC sont donc des proches des deux hommes au pouvoir. L'affaire porte essentiellement sur le financement de la Ghori Cement Factory, une importante cimenterie (et la seule du pays !), créée en 1962 autrefois nationalisée et devenu privée, et qui aurait besoin d'être modernisée. Le moteur de la reconstruction afghane est là, et il est en piteux état. Il y en a pour 11 millions de dollars de prêts, qui ont été versés... et qui attendent toujours le reversement des intérêts. Selon les documents découverts, les intérêts (à taux élevé) de 11 millions de dollars prêtés se montaient déjà à 6,863,178 dollars à la fin de 2013. Le 13 juillet 2012, sept membres de l'AIC avaient quitté la direction en signe de protestation contre la mainmise de ce qu'ils avaient appelé un "clan ethnique". Karzaï venait alors de nommer comme responsable Wafiullah Eftekharvia, via la recommandation d'Anwar ul-Haq Ahady, un fervent nationaliste pashtoune. On découvira par la même occasion que l'argent au lieu d'avoir été investi dans la cimenterie l'avait été à Dubaï, dont le marché de la construction venait alors de s'effondrer. C'est ainsi qu'on découvrira ainsi que le propre frère de Massoud s'était fait construire une immense villa dans l'île au palmier. Amid Karzaï mettra tout sur le dos du directeur de la banque afghane, Sher Khan Farnood, visiblement parti lui aussi avec la caisse, laissant un trou béant dans le coffre du pays. Mahmoud Karzaï prétendant n'avoir plus rien à voir depuis avec les remboursements, ayant revendu ses parts à Azizi, le troisième larron de l'affaire.

Avec tout cet argent, Fahim a pu s'offrir un quartier complet, à Kaboul, dont il a revendu à bon prix des morceaux à son seul clan. C'est celui de Shepur, où des anciennes habitations ont été rasées sans ménagement et leurs habitants expulsés sans aucune compensation pour laisser la place à d'immondes villas, où le gigantisme s'allie à un délire de couleurs. Comme à l'habitude en Afghanistan, on batît ainsi à la va-vite et on réalise les routes après. Pas de réseau d'égoûts, bien sûr mais l'électricité davantage disponible là que dans les quartiers pauvres. Cela donne des habitations architecturalement surprenantes, car réalisées visiblement selon les seuls désirs du propriétaire (parfois les bulldozers ont simplement repoussé les carcasses de blindés du terrain appartenant à l'amée) sans aucune connaissance d'architecture. Ce qui donne souvent des choses ahurissantes et de fort mauvais goût en effet. Ses "narco-bâtiments" comme les appelent certains, montrent surtout de façon cruelle la différence énorme entre nantis et pauvres en Afghanistan. "Sherpur était la terre de l'armée jusqu'en 2003, lorsque le maréchal Fahim Khan, alors ministre de la Défense l'a morcelée pour ses parents, d'anciens ministres et d'anciens commandants de la milice pour un prix nominal. Une commission gouvernementale chargée d'enquêter sur le scandale n'a jamais rendu ses conclusions publiques. La semaine dernière, Muhammad Ajan était en dehors de ses deux demeures quasi achevées, dans l'espoir de trouver un locataire de l'Ouest riche . Il a acheté le terrain de M. Khan pour 250.000 dollars il ya deux ans, dit-il. Sa fortune est venue de « l'exportation des peaux d'animaux au Pakistan ".  Certains des nouveaux locataires de Sherpur comprennent les organisations internationales d'aides à la reconstruction de l'Afghanistan, mais aussi l'ambassade d'Espagne, al - Jazeera, le Mines Advisory Group et International Relief and Development (IRD) , un entrepreneur financé par le gouvernement des États-Unis" note le fin observateur, qui ajoute : "mais M. Karzaï refuse de se retourner contre les riches, puissants et leur réseau. Bien élu avec un mandat très clair en 2004, sous M. Karzai aucun grand trafiquant de drogue n'a été arrêté en Afghanistan, et aucun ministre du gouvernement a été congédié pour corruption.. Le problème, beaucoup le disent, provient du style politique de M. Karzaï. Dans la culture tribale qui domine en Afghanistan, il s'est fait tout un art de la conciliation et du compromis. Il apprécie également la loyauté familiale. L'une des plaintes les plus persistantes, c'est qu'il n'a pas réussi à agir contre un proche parent largement considéré comme un acteur important dans l'ntreprise de drogue à Kandahar" (c'est son frère Wali qui était visé). " C'est ce qui m'a outrage ", a déclaré M. Nadery . « Il démontre un état d'impunité où il n'y a pas de responsabilité pour personne, pas même envers la communauté internationale. " Une corruption phénoménale, qui ronge toutes les strates de la société aghane.

La corruption afghane est telle au sommet qu'elle se répercute à tous les étages de la société et bloque les investisseurs étrangers, lassés d'avoir à payer un bakchich pour n'importe quoi. Mêle les chinois, pourtant habitués au système, n'en sont pas revenus, d'une teille ampleur. "Outre les enquêtes, la narration et le cas des preuves de l'étude met en évidence l'impact négatif que la corruption a sur le Foreign Direct Investment (FDI) en Afghanistan. Reuters a récemment rapporté que les investisseurs étrangers sont découragés par la corruption, entre autres facteurs. Yu Minghui, un investisseur chinois qui avait espéré établir une petite usine d'acier et employer 80 Afghans, a indiqué que les autorités compétentes sont constamment à la recherche des pots de vin obstructives. Il a déclaré ce qui suit au sujet du processus : « Même les petites choses comme un visa pour les techniciens peut prendre beaucoup de temps, et de l'argent supplémentaire est parfois exigé pour rendre le processus plus rapide. "Les pots de vin seraient nécessaires non seulement pour créer une entreprise , mais aussi pour avoir des permis, des visas ( comme noté ci-dessus), l'accès au réseau d'électricité et ainsi de suite. En tant que tels, même les investisseurs qui bravent les rapports de corruption (en plus de l'insécurité ) et tentent de créer des entreprises en Afghanistan peuvent encore trouver leurs efforts contrariés".

Karzaï a donc perdu hier celui qui était paradoxalement son meilleur allié et son pire ennemi. En ce moment, il négocie beaucoup... avec les taliabans. Histoire de pouvoir quitter tranquillement le pays avec quelques valises lorsqu'ils reviendront au pouvoir, peu de temps après qu'il n'ait rejoint l'île aux palmiers de Dubaï. Ces derniers ont déjà menacé de saboter les prochaines élections, et Barack Obama en a eu assez d'avoir à sécuriser un pays dont les policiers qui devaient être formés ne l'ont pas été car leurs supérieurs ont dilapidé les subsides dans des villas luxueuses hyper-protégées. Je ne donne pas 15 jours, au départ de Karzaï, pour que les talibans reprennent les rênes du pays. Hélas.

 (*) celui commis par la CIA avec la même méthode de caméra bourrée d'explosifs. Voici ce que j'ai écrit ici sur cet attentat effectué le 30 mai 1984 au Nicaragua, par la CIA : "Hull, impliqué dans l'attentat dit de la Penca du 30 mai 1984, dont l'histoire devrait davantage retenir le procédé imaginé, car il rappelle une autre élimination que l'on peut tout autant attribuer à la CIA et non à de simples islamistes téléguidés venus de.... Belgique : "la bombe est supposée avoir été cachée dans une caisse d'appareil de caméra en d'aluminium et déposée par un individu portant un passeport danois volé. Selon des témoins, le plastiqueur avait utilisé le nom d'Anker Hansen et avait prétendu qu'il était un photographe danois. Ensuite, un des survivants a fait des remarques comme quoi ils avaient trouvé étrange qu' "Hansen" avait gardé jalousement "l'équipement d'appareil de sa caméra", enveloppant la boîte peu maniable d'aluminium dans du plastique. "Hansen" est supposé avoir déposé lla caisse de caméra contenant la bombe au-dessous de la table. La séquence du déroulement a montré plus tard que le plastiqueur soupçonné avait fait signe pour indiquer une défaillance d'équipement comme prétexte pour quitter la pièce. Le plastiqueur est soupçonné pour avoir faire exploser la bombe d'avoir utilisé à distance un signal radio comme détonateur." Si on regarde de près la tentative d'assassinat, on découvre en effet un schéma très proche de celui de celui du commandant Massoud,17 ans plus tard. La CIA, invariablement, récite les mêmes recettes, parfois empruntées directement â l'histoire (en l'occurrence aussi ici l'attentat contre Hitler !). Massoud, tué le 9 septembre 2001, deux jours avant l'attentat contre les tours du World Trade Center à New York et l'attaque contre le Pentagone"... 

 


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6 réactions à cet article    


  • morice morice 10 mars 2014 17:07

    nouvelle du jour : Gilles-William Goldnadel en très grande forme..

    il vient de déclarer que « que les enregistrements avaient été déclenchés »par le dictaphone, à l’insu de (son) client« . 

    il parle de »dictaphone intelligent". Ce qui laisserait entendre que son porteur était... con. Avec un avocat de ce calibre-là il va jamais s’en sortir, Buisson...

    • Patrice DEUMIE Patrice DEUMIE 10 mars 2014 17:32

      « Je ne donne pas 15 jours, au départ de Karzaï, pour que les talibans reprennent les rênes du pays. »

      Je partage votre avis, sitôt ce dernier parti, tout redeviendra comme avant. Tant de morts, de fric dépensé pour rien... smiley


      • morice morice 10 mars 2014 17:48

        13 années de perdues, des vies supprimées et milliards de dollars dans les poches de quelques uns.. tout ça pour un « Nouveau Pearl Harbor » au départ... et une clique de fachos désireux que d’une seule chose : devenir riches.


        • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 10 mars 2014 21:23

          100% ok avec l’article, bien que les diverses trahisons et autres manigances ne me scandalisent pas plus que la guerre elle-même et ceux qui la causent. Ceci-dit, on le sait, Massoud lui-même n’a pas voulu rentrer dans Kaboul. Ou du moins y rester. La raison m’échappera toujours, on a parlé alors de « comptes à régler » plus haut dans le Panshir où en effet des ratés répétés de la part de sois-disant alliés appelait un rappel à l’ordre de quelques chefs de guerre que Massoud a toujours eû du mal à garder fédérés, ce dont il avait besoin, ayant flairé le danger d’un réveil taliban relancés par on sait qui. L intention de Massoud était probablement de revenir et s’installer à Kaboul plus tard, définitivement j’en doute, mais de toutes façons, il n’en a pas eu le temps comme vous l’avez rappelé.
          Tout-de-même, on ne m’ôtera jamais de l’idée que bien plus qu’à cause du 11/09, l’automne 2001 fut une catastrophe pour la paix du fait de la disparition du Lion. Il avait les clefs de la montagne, celle-là même où l’Otan dépense en vain des milliards avec les glorieux résultats que vous décrivez.


          • morice morice 11 mars 2014 00:32

            Tout-de-même, on ne m’ôtera jamais de l’idée que bien plus qu’à cause du 11/09, l’automne 2001 fut une catastrophe pour la paix du fait de la disparition du Lion. Il avait les clefs de la montagne, celle-là même où l’Otan dépense en vain des milliards avec les glorieux résultats que vous décrivez.


            Massoud était de toute façons, malgré ses contradictions, bien plus intelligent que les dirigeants foireux actuels !

            je reviens encore à Bruxelles : c’est là que s’est joué un pan important avec les préparatifs de la caméra, là que Richard Reid viendra chercher sa pompe piégée... La Malika en sait bien davantage qu’elle n’en a dit !

            • morice morice 12 mars 2014 18:18

              news du jour ; pourquoi la CIA tient-elle tant à faire de la disparition du Boeing un acte terroriste ???


              pour ça :

              se rappeler au bon souvenir des gens ???

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