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Accueil du site > Tribune Libre > La guerre comme idiotie (11) : l’innovation selon Boeing, des (...)

La guerre comme idiotie (11) : l’innovation selon Boeing, des recyclages ou des ratages complets !

De tous les contractants du Pentagone, Boeing est peut-être bien celui qui se moque le plus du monde. Se présentant partout comme "innovant", il ne l'est que rarement (comme ici avec le "Phantom Eye", fruit de BR&T, son bureau de recherches), et quand il l'est vraiment, comme dans le civil avec son Dreamliner tout carbone en train de devenir son "Nightmareliner", il est confronté à de sacrés déboires, révélant un manque de sérieux patent. La firme aurait-elle raté totalement le coche ces dernières années en ratant aussi de gros contrats militaires faute de compétence ?Les militaires sont plus faciles à leurrer, pourtant semble-t-il ! Boeing, avec la prétention d'innover, leur refourgue en effet sans remords de vieux bidules simplement remis au goût du jour, mais qu'il leur présente comme étant des engins révolutionnaires (appelons-ça le syndrome de Pentagon's War, que je vous invite une nouvelle fois à déguster !). Des engins à peine remaniés et vendus beaucoup plus chers que les originaux, bien entendu, l'inflation aidant. Je vous en propose quelques uns, dont un présenté fort récemment et qui entre directement dans notre catégorie préférée ici, celle des bidules résolument pensés à l'envers....vous comprendrez pourquoi un peu plus loin dans la lecture.

On commence par un coup de gueule du président de la branche militaire de la firme, qui a vu ses dernières années plusieurs gros contrats lui échapper, au profit de son grand rival (ainsi le F-22 ou le F-35, projet dans lequel Boeing avait proposé un étrange oiseau resté la bouche bée (le XF-32) : presqu'aussi laid qu'un Fairey Gannet, il n'avait pas beaucoup pour séduire... Un coup de gueule ainsi expliqué par la presse : "Lockheed Martin Corp reste plus grand concurrent de Boeing. La société basée à Bethesda au Maryland, est la plus grande entreprise de défense du Pentagone, fournissant la plupart des avions, des véhicules terrestres et des systèmes de défense antimissile utilisés par l'armée américaine. Dans le dernier exemple de la concurrence deux rivaux en tête-à-tête, Boeing et Lockheed Martin se battent maintenant pour gagner ce que l'on attend, à savoir des contrats de drones importants du Pentagone. Pour maintenir un avantage concurrentiel dans l'environnement actuel, le groupe de défense de Boeing investit davantage dans l'innovation , avec un accent sur ​​le développement des systèmes sans pilote. L'année dernière, l'opérateur de la Défense a consacré 1,2 milliards de dollars en recherche et développement, 40 pour cent des dépenses totales de recherche de Boeing. C'est un pas en avant majeur débuté à partir de 2009 lorsque le groupe d'avions commerciaux de Boeing a développé le 787 " Dreamliner ", high-tech qui est maintenant en service ; cette année, la R & D a représenté 17 pour cent du total de la société mère. Les produits visés par les efforts d'innovation du groupe commencent à se détacher de la planche à dessin. Le premier prototype de Boeing d'un véhicule aérien sans pilote ou drones alimenté en combustible à l' hydrogène liquide, le Phantom Eye, (qui n'est pas un petit drone, comme le montre la photo ci-contre ou celle-ci) conçu pour être un « oeil dans le ciel " pour effectuer la reconnaissance et pour recueillir des renseignements, a déclaré Garrett Kasper du secteur des aéronefs militaires avancées de Boeing"... Après une telle introduction d'auto-satisfaction, autour d'un appareil devenu cauchemar industriel, il convient de vérifier ses assertions sur les investissements sur "l'innovation" de la firme. Car à part le drone à hydrogène, au bizarre lancement (sur un chariot, ce qui ne va pas aider à son déploiement futur !) il n'y a pas grand chose à glaner... même chez les "Phantom Works", pâle copie des "Skunkworks".

Commençons par une claque tout d'abord. Celle reçue par le projet A160 Hummingbird pourtant déjà bien avancé. Un gros hélicoptère-drone (il fait 10 mètres de long !), au départ même pas de chez Boeing, mais le projet d'Abraham E.Karem’s Frontier Systems que la firme de Seatlle avait racheté en 2004 (en fait Boeing avait acheté Hughes Aircraft qui lui-même avait acheté Frontier Systems !). Karem est bien connu : c'est un ancien responsable de l'armée israélienne ayant inventé pour elle le tout premier drone, lors de la guerre du Yom Kippour en 1973 (voir ici). L'engin avait conduit à l'Albatross, puis au Amber, et au Gnat 750 pour aboutir au très connu Predator, construit par General Atomics, Karem héritant au passage du titre évident et non contesté de "Dronefather". Inventeur donc du A160 et ses pales à vitesse variable, un gros hélicoptère télécommandé excellent sur le papier et qui va se montrer désastreux au final. L'engin précédemment propulsé par un moteur de voiture Subaru (et rééquipé d'une turbine Pratt & Whitney PW207D) avait joué de malchance en détruisant successivement deux radars coûteux de la DARPA (*) . Un radar voyant au travers des feuillages appelé Forrester et l'Argus, un "pod" photo suspendu sous lui qui prenait des images de 1 800 pixels (impressionnante vue) grâce à ses centaines de caméras de téléphone reliées entre elles (exactement 368 modules Aptina MT9P031 de 5-mégapixels, issus d'un smartphone CCD). Juste au moment où l'armée prévoyait de l'envoyer en Afghanistan... avec cet échec, la lune de miel entre l'armée et le A160 était apparemment finie, la première annonçant la fin de sa participation au projet après le deuxième crash. L'armée lui préférant visiblement le K-Max de Lockheed Martin et Kaman Aerospace, un hélicoptère de travail forestier de Karman à un seul pilote, habituellement, devenu lui aussi un drone guidé... le programme ouvert en 2011 pour le Hummingbird offrant au départ entre 125 millions de dollars pour le prototype et la promesse au bout d'en acheter une centaine pour un contrat d'un milliard de dollars ! 

Cette manie actuelle de tout "dronifier" comme l'a été le K-Max (le Blackhawk aussi vient d'être victime de l'épidémie), Boeing n'y a pas échappé non plus. C'est son adversaire direct Northrop-Grumman qui avait lancé l'offensive avec tout d'abord son MQ-8B Fire Scout (ici à gauche), le pendant direct du Hummingbird de Boeing. Lui aussi un gros drone-hélicoptère... à qui on a essayé de greffer des tas d'armes pour se résoudre en définitive à tout revoir et fabriquer le MQ-8C, d'une toute autre allure, car c'est tout bêtement un chassis de Bell 407 (bien reconnaissable) devenu le Fire-X dans le jargon de la firme, qui l'a été plus facilement, armé, étant beaucoup plus grand au départ (c'est en effet au départ un hélicoptère à 6 places dérivé du Bell 206 L-4 LongRanger, appelé Bell OH-58D Kiowa Warrior en version militaire). Un Fire-X qui n'aura pas fait long feu, puisqu'il a été abandonné en mars dernier après que 28 des anciens MQ-8B Scouts aient été fournis et 14 MQ-8C aient été pourtant commandés, la raison en étant les restrictions demandées par Chuck Hagel en raison des sur-dépenses du programme de bateaux (ratés) LCS... Entre temps, Boeing avait pris la même voie, en faisant de son ancien Hughes MD-500F (à une seule turbine) surnommé "Little Bird" et si cher aux mercenaires de Blackwater, un drone, lui aussi. Devenu l'Unmanned Little Bird (ULB) il avait volé de septembre à octobre 2004 lors de ses premiers essais. L'engin n'a pas cessé depuis d'être amélioré, recevant en juin 2011, un système d'atterrissage automatique provenant de chezThales Magic ATOLS (pour Automatic Take Off and Landing System), une vidéo le montrant le faire sur e plateau d'un camion semi-remorque en circulation (pas si vite que ça, il ne roule qu'à 27 km:h seulement !). Une variante armée A/MH-6X a été fabriquée en 2006. Or ces deux versions reposent sur une cellule qui a volé pour la première fois en 1982 pour l' A/MH-6X, elle même provenant du MD500, évolution du Cayuse apparu au Vietnam en 1966 !!!  L'engin "innovant" accuse bientôt la cinquantaine d'années au compteur et n'ont pas été inventées par Boeing au départ !!! Drôle de façon de présenter les choses comme étant réellement "innovantes" !

Idem lorsqu'il s'agît de présenter un avion de reconnaissance maritime (autre que le calamiteux Poseidon vu ici). Lorsque la firme présente fièrement en mars dernier son démonstrateur Maritime Surveillance Aircraft (MSA) ...sur le terrain du Pearson International Airport de Toronto, tout les habitués reconnaissent... un bon vieux Bombardier Challenger 604 de chez Canadair, devenu division de Bombardier Aerospace. derrière la nouvelle appelation. Seul le dome sous la carlingue fait extérieurement la différence, contenant un radar muiti-mode AESA (Active Electronically Scanned Array). Une fois encore, aucune innovation de visible. Embraer, firme brésilienne fait ça mieux depuis des lustres, ou même Saab. On se demande où passent les dollars en recherche et développement avec cet appareil, copie conforme d'autres dans le monde et encore une fois pas sorti au départ des ateliers de Boeing. Le Poséidon, l'avion maison je n'y reviens pas : j'ai expédié le cas ici-même. On a vu ces dernières semaines son inefficacité... (remarquez, les vieux Orion n'ont rien trouvé non plus...
 
Arrive alors le projet Phantom Swift, qui vient d'hériter d'un budget de 17 millions de dollars d la part de la DARPA, au large portefeuille, pour un truc volant conçu en trois jours et essayé dans un petit garage. Or s'il y a bien un bidule qui n'est en rien innovant, c'est celui-là. C'est l'impression première qui s'en dégage, de cette maquette volante télécommandée qui pourrait rapporter gros à ses concepteurs. Un projet qui, à bien regarder, évoque en effet un très ancien engin volant. La Marine américaine avait fait en effet dans les années 50 un rêve : des avions viendraient se poser sur ces navires sans difficultés, en se posant à la verticale, sur leur queue (on les appelera donc des "Tail-Sitters "). C'était de l'ordre de la science-fiction avec des moteurs thermiques classiques ; mais c'était devenu imaginable avec les tous premiers turbopropulseurs. On avait donc vu apparaître deux propositions d'avionneurs, un trapu chez Convair (XFY-1 Pogo) et un plus fin chez Lockheed, avec le XFV-1. Les deux engins ultiisaient le même turbopropulseur Allison XT-40, le plus puissant du moment, car fait de deux turbines T-38 accollées, reliées à deux hélices contrarotatives. Si le premier arrivera a faire des transitions, dans un boucan infernal, l'autre échouera... et le maniement de ses engins se posant avec leur pilote au dos du minuscule endroit où on leur demandait d'atterrir un véritable cauchemar. C'était tout bêtement invivable, par beau temps et mer calme.... alors que chez les militaires on avait prévu de le faire par temps de tempête. Le 2 novembre 1954, l'adroit James F. "Skeets" Coleman (visible ici) réalisait la première bascule en vol avec le Pogo. Chez Ryan, avec le X-13, un engin a réaction trouvera une parade en allant s'accrocher littéralement, grâce à un crochet sur le nez, à un panneau vertical, comme un papillon de nuit à un volet. Les français tenteront l'aventure avec le Coiéoptère à aile annulaire... qui s'écrasera.
 

L'échec en 1956 de ces solutions ne produira pas pour autant l'abandon des recherches. La puissance exigée était importante car les engins étaient lourds. En faire de beaucoup plus légers était une voie possible : surtout si l'armée souhaitait maintenant un simple avion d'observation. A Culver City, au pays d'Howard Hughes un petit constructeur Edward Doak, jusqu'alors responsable d'un seul avion bien classique, le DRD-1, construit en contreplaqué en 1941, se lance quinze ans plus tard dans la recherche du vol vertical par le biais d'une technique juste décioouverte, celle des hélices carénées, qui sont devenues à la mode. C'est son 16eme prototype et il le baptise donc Doak 16, construit à Torrance. L'idée en est simple : l'engin fait 1 170 kg seulement (au départ du projet) et peut emporter deux personnes. Il est fait de tubes recouverts de fibre de verre pour l'avant et d'aluminium fin pour le reste, son train d'atterrissage est emprunté à un Cessna 182, les sièges viennent d'un F-51 et les moteurs électriques pour orienter les hélices proviennent des ailerons de flaps d'un T-33, et il posséde deux hélices carénées en bout d'aile, entraînées par le même moteur placé dans le fuselage. Une sortie de gaz chauds à l'arrière de la turbine permet à l'engin de s'équilibrer en vol ou d'avancer. On ne peut plus simple ! Et ça marchera ! L'engin décollant et se posant comme une fleur ! Evidemment il n'était pas rapide (370 km/h) mais il allait bien plus vite déjà que les hélicoptères du moment. C'est le 25 février 1958 qu'il effectue sa transition réussie. L'engin marche donc bien, est perfectible, on le teste à Edwards, mais son concepteur voit sa société en difficultés financières et elle est revendue à Douglas Aircraft. Le VZ-4 volera encore un peu, pour la NASA cette fois, mais il sera abandonné, pour se retrouver dans un musée (à l'US Army Transportation Command Museum de fort Eustis). Exit le petit avion d'observation.. et bienvenue à sa resucée intégrale 56 ans plus tard... avec le Phantom Swift, sa copie "dronesque" dont Boeing vante davantage la rapidité de conception que les performances pures. L'engin attendra le résultat du concours avec deux autres concurrents pour savoir s'il sera retenu. 47 mois d'attente pour savoir si c'est lui qui sera produit en série ou un autre, en plus grand (le modèle actuel n'étant qu'à 17% de sa taille réelle.. le plus étonnant des commentaires évoquant de présentation parlant du "géant de l'aviation Boeing" tout en montrant un minuscule garage avec porte roulante débouchant sur un parking bien commun  ! une compétition où l'on retrouve... Karem Aircraft, Inc. et Sikorsky Aircraft Corporation. Pour une fois c'est l'inverse qui s'est produit car Boeing s'est fait piller par Sykorsky qui présente un "tail sitter" à deux moteurs. Car la firme de Seattle en avait inventé un en 1995, qu'il avait appélé Heliwing. Boeing avait même reçu 2,6 millions de dollars de contrat du Department of Defense Joint Project Office for Unmanned Aerial Vehicles pour le réaliser !!! Pourquoi n'y a t-il pas pensé pour la compétition 19 ans plus tard reste un mystère ! N'y a-t-il plus d'archives chez eux ?

Si, puisqu'ils ont déterré les plans du Chinook pour gagner un tout petit lot de consolation du Pentagone : celui d'une petite partie des hélicoptères de recherche et de combat souhaités par la Navy. Soit un contrat de 2014 de 617,7 millions pour remettre à niveau 22 CH-47Fs, construire 6 CH-47F neufs, et retaper 13 CH-47F, avec à la clé 30 machines de prévues en 2015 : Boeing gagne de l'argent à faire du neuf avec du vieux ! En 2011, elle en avait vendu 14 de CH-47F à l'Angleterre pour la somme rondelette de 1 milliard de livres sterling. Même lot de consolation juteux avec la flotte d'Apache : 1,16 milliards accordés en mars dernier durant jusque 2016 pour mettre à niveau 72 hélicoptères AH-64E, en fabriquer 10 neufs et créer 6 équipes nouvelles d'entraînement aux nouveaux engins. Voilà qui s'appelle donner un coup de pouce sérieuxau maintien des chaînes de production, les mises à niveau s'accompagnant de désossages complets des appareils existants. Des lots de consolation, car le programme CSAR-X - en dessin à gauche- lui est passé sous le nez (malgré de la propagande bien menée) : en 2006, l'Air Force attribuait à Boeing un contrat devrait être 15 milliards de dollars pour 141 machines dans le cadre du programme de combat, recherche et de sauvetage de de l'hélicoptère (CSAR-X) gagné et annoncé en grandes pompes par Boeing en 2006.. Mais après une protestation de la part des concurrents Sikorsky et Lockheed Martin, sur la façon dont le contrat a été traitée, le dossier CSAR-X  avait été annulé en 2009. Il a fallu près de trois ans et demi de plus pour le relancer . Après que Boeing, Bell Boeing, EADS North America, Northrop Grumman associé avec AgustaWestland, se soient retirés du nouveau programme de 112 appareils pour 6,95 milliards "seulement", seul Sikorsky,associé à Lockheed Martin est resté seul en lice : encore un contrat perdu et une claque pour Boeing ! Ce sera finalement un HH-92... dont d'aucuns ont crû voir la trace d'un design révisité "stealth" à Abbottabad... question Chinook, Boeing avait aussi subi en 2013 un terrible affront quand l'Afghanistan avait choisi 63 Mi-17 russes de Rosoboronexport à la place de sa proposition. Boeing avait proposé des CH-47D à 12-14 millions pièce, soit de 4 à 6 millions de moins que chaque MI-17 acheté : qu'y avait-il de tordu dans ce contrat mirobolant ??? Car ce sont les USA qui achetaient les Mi—17 russes pour équiper l'armée afghane : Boeing aurait-il été trop pingre sur les commissions ??? Pour éviter tout malentendu, le Pentagone via l'US Army accordait à Boeing en juin 2013 un contrat maousse de 4 milliars pour 177 CH-47F, à commencer en 2015. Encore une fois, des engins... vieillis, même s'ils bénéficient de nouveaux tableaux de bords à LCD. Le premier Chinnok ayant volé en 1961... soit il y a 52 ans maintenant !!! Le Chinook étant parti pour être le B-52 des appareils à voilure tournante.

Mais il y a pire encore, avec une division véhicules terrestres créée par Boeing et qui vient tout juste de présenter un engin montrant que Boeing raisonne à l'envers, parfois, surtout quand ça l'arrange. Retour il y a quelques années lors de la création de la pire danseuse du Pentagone qui soit, j'ai nommé le dispendieux V-22 Osprey qui a englouti des milliards de dollars et à failli disparaître des dizaines de fois si la firme n'avait pas bénéficié de solides appuis au Congrès et au Sénat américain. Ses concepteurs (Boeing !) n'avaient tenu compte de rien en l'imaginant, et surtout pas de la taille moyenne des véhicules de l'armée de terre qu'il devait équiper. Trop étroit pour faire entrer un canon ou même une jeep, pourvu simplement d'une élingue, rarement utilisée, il ne pouvait transporter que des soldats. Ce qui lui a toujours été reproché jusque hier où Boeing à trouvé la parade. Au lieu d'agrandir et surtout d'élargir la soute du V-22, chose désormais irréalisable, tant le dessus de la carlingue est complexe (iĺ contient tout le système de tuyauteries hydrauliques et les câbles électriques permettant le répliage par rotation de toute l'aile, avec ses deux fuseaux moteurs), Boeing a raisonné à l'envers... En créant une jeep plus étroite (elle fait 1,52 de large seulement !) la "Phantom Badger" tout simplement, et qui elle rentre au moins dedans (d'omù son sigle, "Internally Transportable Vehicle" ou "ITV") ! Et comme l'engin est invendable autrement que comme partenaire du V-22, l'a muni de choses assez inutiles mais qui la différencie des autres, comme ses quatre roues directrices qui lui permettent de faire de jolis cercles devant ia presse (il tourne en 7,3 mètres, "3 cm de moins qu'un taxi londonien"). L'engin rentre pile entre les sièges repliés du V-22 et Boeing vante... sa rapidité à monter à bord comme argument publicitaire. De petits malins font remarquer que l'engin existe déjà : c'est la bonne vieille Jeep Willys qui faisait déjà 1,57 de largeur (et rentrait dans un planeur Horsa !). Selon le dépliant elle est censée aller vite étant le "fruit d’une coopération avec MotoSports Innovation (MSI), une entreprise spécialisée dans la préparation des voitures pour les compétitions de Nascar" !!!  Pas un mot, bien entendu, sur sa forme tout en hauteur qui en fait un candidat rêvé pour se renverser facilement (elle arbore un arceau protecteur peu rassurant !), ni sur son prix que des blogueurs ont déjà estimé tournant autour du million de dollars... pièce. Rien non plus sur son fond de plancher... plat, propice à propager les explosions d'IEDs !!  Et pas davantage sur le fait que les Marines possèdent déjà depuis 5 ans la M1161 Growler, ou "Light Strike Vehicle", de chez American Growler, qui fait aussi 1,52 de large... elle a déjà été utilisée depuis 2009 en Aghanistan, et elle aussi destinée à être emportée dans un Osprey, une fois sa suspentsion abaissée !!! Elle ne vaut,elle, "que" 208 000 dollars en version de base (le prix du Phantom Badger n'ayant été indiqué nulle part). 

Créer un tel engin n'est en rien faire preuve d'innovation, c'est plutôt la preuve de la rouerie de la firme prête à tout pour continuer à vendre un engin raté, perclus de problèmes (il perd toujours des boulons en vol, et pisse toujours de l'huile juste dans le fuselage, ce qui lui a été fatal comme prototype) et ne possède aucun armement prévu au départ : on a bien tenté de lui poser une tourelle rétractable sous le dessous mais cela n'a pas été retenu, après avoir dépensé des millions de dollars encore une fois en vain. Que ne ferait pas Boeing pour tenter de le fourguer ailleurs, l'engin étant depuis des années candidat à l'exportation sans trop de succès, seul Israel semblant l'avoir commandé à cette heure. De tous les engins volants de l'armée Us c'est celui qui nécessite le plus d'heures d'entretien entre deux vols, avec le B-2. C'est un gouffre financier à l !'achat et un second à l'entretien (une facture de réparations es revenue à 7 068 028 dollars) ! Ce qui n'empêche pas Boeing d'en présenter le peit frère comme projet, après avoir tenté de fourguer le grand qui aurait mutiplié ses déboires par deux avec ses 4 fuseaux moteurs. Avec sa jeep en paquet-cadeau, peut-être que Boeing arrivera enfin à le fourguer... aux Emirats.

Des émirats qui en achètent, des Boeing, mais des vieux : le 13 février 2014 Boeing a livréau Koweit son C-17 Globemaster III, peint de couleurs voyantes selon le souhait de l'émirat qui souhaite qu'on le reconnaisse de loin lorsqu'il effectuera les opérations humanitaires auxquelles il est destiné. Une lubie d'émir en quelque sorte mais qui s'est révélée vitale pour entretenir une chaîne de production qui avait été arrêtée. la firme en avait produit pas moins de 260 dont 223 rien que pour l'U.S. Air Force, et seulement 37 à l'export pour le Koweit, l'Australie, le Canada, l'Inde, le Quatar, Les Emirats Arables Unis et l'Angleterre plus ceux de l'Otan. Boeing a longemps lutté au Sénat pour préserver ses chaînes de montage de C-117 sans y parvenir vraiment (en 2008 3,8 milliards supplémentaires avaient été injectés dans le programme pour assurer sa survie. L'appareil ne correspond pas vraiment aux besoins de l'armée : il est trop court en rayon d'action et a besoin d'être ravitaillé pour traverser l'Atlantique par exemple. Des criques sont apparues sur ses ailes et sur ses inverseurs de poussée. Les volets de titane sur les ailes confrontés aux flux des réacteurs vieillissent trop vite eux aussi. Donné pour se poser sur plus de 6500 terrains de par le monde, il ne peut en couvrir que 1400 maximum. L'engin contient 730 000 vis et 590 000 rivets pop en titane, apposés et ensuite recouverts d'un enduit hors de prix (10 dollars le minuscule tube, que le Pentagone a fini par abandonner comme pricipe).  Malgré toutes ses insuffisances, une loi non écrite du Pentagone est que c'est pourtant Boeing qui devrait hériter du contrat du bombardier du futur, le remplaçant de l'actuel B-2 dont le vieillissement aussi prématuré que celui du F-117 va très vite poser problème. Pour y arriver et battre Northrop, Boeing a vendu son âme au diable en décidant de s'associer... avec Lockheed Martin... Les deux combinés affichant 5 fois plus de revenus de contrat de l'armée qu le rival Northrop-Grumman, pour beaucoup d'observateurs, les jeux sont déjà faits. Question look, Boeing laissera à nouveau tomber l'innovation pour fabriquer un clone du B-2... à en faire retourner Jack dans sa tombe. Pour l'instant, la seule vraie réussite de Boeing dans le domaine militaire s'appelle le X-37. Les 173 millions de dollars investis en 1999 par la NASA et dont le fruit a été récupéré par l'armée sont sa meilleure carte de visite.

(*) La DARPA : "le 7 février 1958, le président Eisenhower signa la directive 5105.15 donnant naissance à l’ARPA, avec pour objectif de faire en sorte que la technologie de l’armée américaine reste supérieure à celle de ses ennemis. Puis le 23 mars 1972, le D (pour Defense) y fut accolé, avant d’être retiré le 22 février 1993. Finalement, le nom DARPA est repris le 11 novembre 1996".

 


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9 réactions à cet article    


  • Selvagor 5 mai 2014 14:07

    Après « J’en ai rêvé, Sony l’a fait. », « Ils se sont pas foulés, Boeing l’a refait. ». Après avoir foirer avec tous les trucs un peu nouveaux, il faut bien assurer le coup avec des technologies éprouvées, non ?



    • morice morice 5 mai 2014 16:15

       il faut bien assurer le coup avec des technologies éprouvées, non


      ça semble être ça en effet.

      • mortelune mortelune 6 mai 2014 11:50

        « la guerre comme idiotie »

        J’aurais plutôt écrit « l’idiotie de la guerre » en évoquant les chasseurs Douglas, de l’avionneur Boeing (a racheté McDonnell Douglas), de l’armée de l’air d’Israël. Connaitre le nombre de rivets d’un avion c’est bien. Savoir par qui ces avions sont utilisés pour massacrer des gosses ces mieux. Evidemment pour faire cela il est inutile de montrer au monde les avions ’high-tech’ fabriqués en douce. Boeing a besoin de champs de bataille pour tester tout son attirail, le congrès fait ce qu’il faut pour lui en fournir.

        • morice morice 6 mai 2014 15:20

          lu dans le Point :

          Pourtant, à en croire Éric Denécé, la stratégie de maintien d’une tension autour de la crise ukrainienne ne serait pas l’apanage de Moscou. D’après lui, d’autres acteurs à Washington auraient même tout intérêt à jouer le durcissement, sans pour autant entrer dans une confrontation directe avec la Russie. « Si Obama ne veut pas s’engager en Ukraine, le Pentagone estime que cette crise peut remettre en question les nombreuses réductions des budgets alloués à la défense », explique le spécialiste. « Du point de vue des services de renseignements américains, elle permet de reléguer au second plan médiatique les turpitudes de la NSA (scandale des écoutes, NDLR) et les déboires de la CIA (soupçonnée d’avoir espionné le Sénat américain qui enquêtait sur l’agence). Enfin, alors que l’Otan s’apprête à se retirer d’Afghanistan et que se pose la question du rôle de l’organisation, l’affaire ukrainienne permet de resolidariser ses membres derrière les États-Unis ». 

          D’ailleurs, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, n’a-t-il pas exhorté vendredi les 28 membres de l’Otan à investir davantage dans leur défense pour faire face à Moscou « sur le long terme » ? Reste que la priorité occidentale pour asseoir la légitimité du nouvel exécutif ukrainien demeure l’organisation le 25 mai prochain de la présidentielle pour en finir définitivement avec le caractère provisoire des autorités de Kiev. 

          la crise ukrainienne, ou comment VENDRE.... ça marche à tous les coups, cette société militarisée jusqu’au trognon !


          • Nestor 6 mai 2014 21:41

            Salut,

            ben sur ce qui se passe en Ukraine pas beaucoup d’écho sur les journaux télévisées ...  « la crise ukrainienne, ou comment VENDRE. » Ils ne veulent sûrement pas casser le marché ...

            Les Usa, l’Ue avec aux premières lignes la France soutiennent des gens assez suspects en Ukraine ...

            Il y des morts ... Un gouvernement depuis peu aux manettes envoie d’entrée l’armée contre des jusqu’à lors compatriotes qu’il traite maintenant de terroristes ... La place Maïdan devait amenée la démocratie ...

            Plus on va, plus c’est lourd ... Halala tant de merdes en si peu de temps dans ce monde (quinzaine, vingtaines d’années) ... Pfffffffff ... Comment croire que tout ceci soit un hasard  ? 

            Mais ce silence dans les médias ? À contrario s’ils concevaient que c’était une bonne action tout les jours ils en feraient la une de leurs journaux ... À médité !



          • hawksmoore hawksmoore 6 mai 2014 21:08

            71% de pas d’accord !? mais bon d’là il est très bien foutu cet article !


            • Selvagor 7 mai 2014 13:30

              Pour les bombardiers furtifs, la machine est relancée !


              100 avions de prévu, combien à l’arrivée ? 20 ?

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