La réalité en face
Constat lorsque l’on observe les résultats des élections Européennes
Lorsque l’on compare les résultats des élections Européennes de 2014 avec celles de 2009 : Bien que le taux d’abstention soit inférieur (57,57 en 2014 contre 59,37 en 2009) les abstentionnistes restent de loin le premier ‘’parti’’ très largement majoritaire. Comme il est incontestable que la plus grosse progression enregistrée est celle du FN, passant de 1 091 691 voix en 2009 à 4 712 461 voix en 2014, soit un gain de 3 720 770 voix, alors que la plus importante régression est celle d’EELV associé au MEI d’Antoine WAECHTER qui passe de 2 803 759 voix en 2009 à 1 696 442 voix en 2014, soit une perte de 1 107 317 voix (Les écologistes de l’AEI présents sur 5 Régions subissent également érosion, de 3,7 à 2,1% de même que Corinne LEPAGE qui ne retournera pas à Strasbourg). L’extrême Gauche (LO, NPA) régresse également fortement passant de 1 050 016 à 302 436 voix soit une perte de 745 580 voix qui ne sont pas toute profitable au Front de Gauche même s’il progresse tout de même par rapport à 2009, passant de 1 041 911 à 1 200 713 voix soit plus 158 802 voix. Parmi les autres formations qui enregistrent une progression de l’électorat il y a le Centre UDI - MODEM qui passe de 1 455 841 en 2009 à 1 884565 voix soit plus 428 724 voix, ainsi que les divers Gauche qui passent de 79 968 à 602 294 voix soit plus 522 326 voix, du au résultat de l’organisation ‘’Nouvelle donne’’ constituée à l’occasion de cette élection. Le PS- PRG enregistre une baisse de 187 803 voix par rapport à 2009, passant de 2 838 160 à 2 650 357 voix, mais c’est l’UMP qui les devance de très loin avec une perte de 856 089 voix, 4 799 908 en 2009 pour 3 943 819 voix en 2014, la deuxième plus forte chute derrière EELV.
A propos des abstentionnistes
Comme le font observer Libération et l’Observatoire du changement politique « le niveau de l’abstention, encore une fois très élevé, a été éclipsé dans les premiers commentaires par le score du Front national. L’analyse du scrutin doit cependant partir du constat que les européennes ne mobilisent plus, depuis maintenant quinze ans, qu’un tiers des citoyens Français en âge et en droit de voter. Aux 7% de non-inscrits, il faut, en effet ajouter les 57% d’abstentionnistes qui ne se sont pas rendus aux urnes dimanche. Tout converge d’ailleurs pour produire cette très faible mobilisation : un scrutin illisible, une méconnaissance quasi totale du fonctionnement des institutions européennes, des circonscriptions imaginées dans une logique purement politicienne, des têtes de listes « régionales » et européennes inconnues du grand public, le profond désenchantement politique ambiant et, last but not least, une quasi-absence de campagne, tout particulièrement dans les grands médias de masse. Dans un tel contexte, le noyau dur qui continue à se rendre aux urnes présente des caractéristiques tout à fait singulières : les votants sont nettement plus âgés (c’est à 71 ans que la participation est au plus haut), plus fréquemment des cadres ou des retraités, et sont aussi plus diplômés que les abstentionnistes ».
Toutefois, la nature de l’élection Européenne, ainsi que le corps électoral de cette élection étant socialement quelque peu différent de celui d’une présidentielle, cela impose une extrême prudence à ceux qui seraient tentés d’extrapoler à partir des résultats de dimanche ceux de la présidentielle de 2017.
Le FN premier parti chez les votants
Les élections européennes ont confirmé en les amplifiant les résultats des dernières municipales : le Front national est pour la première fois de son histoire en tête d’un scrutin national (en 2001 il était arrivé second), la droite ne profite pas pour autant du mécontentement de l’électorat, pire pour elle, excepté les centristes UDI - MODEM qui progressent, l’UMP s’effondre. Le Front national obtient autant de voix qu’au soir du 21 avril 2002, alors que l’abstention est en rapport considérable et démontre un désintérêt général pour ce type d’élection. Bref, le Front national a clairement renforcé son socle électoral, cette population qui se déplace quoi qu’il advienne pour voter ‘’Bleu Marine’’ c'est-à-dire FN. Manipuler, interpréter les chiffres pour tenter d’atténuer le succès électoral du FN ou relativiser l’échec en rendant les adversaires Socialistes responsables, comme l’a fait Mr. COPE au soir de l’élection est donc aussi efficace que de cacher la poussière sous le tapis.
Pour expliquer le succès du FN à cette élection Européenne qui s’inscrit dans une progression constante depuis les cantonales de 2011, Il faudrait plutôt rechercher les causes ailleurs, notamment par rapport aux affaires qui ont éclaté ces derniers mois et qui ont éclaboussé l’UMP, dont François COPE a du tirer les conclusions et démissionner de la présidence de son parti. Affaires qui éclaboussent du reste tous les partis politiques dits de gouvernement, y compris chez EELV avec PLACE avec son histoire de non paiement d’amendes et financement du siège du parti, ont bien sûr renforcé l’abstention, avec par vases communicants, le score final du FN. Alors que ce parti et Mme. LE PEN n’est pas irréprochable, bien au contraire, voir par exemple :(http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1152695-affaire-cope-marine-le-pen-est-culottee-de-donner-des-lecons-de-morale.html), sauf que pour l’opinion y a comme une frontière symbolique entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ne l’ont pas, et sont donc présumés irréprochables. Le front républicain, qui justifie par automatisme le soutien à un candidat dit républicain, même s’il a été condamné par la justice ou a développé un système clientéliste local, renforce encore cette frontière. Il en va de même quand années après années des partis ne tenant pas leurs promesses succèdent à d’autres partis qui ne les tiennent pas non plus. La déception ou la rancœur conduit à l’abstention, mais surtout au vote FN.
Des sunlights de 2009 à l’ombre de 2014, Europe Ecologie (EELV) ne fait plus recette
Les électeurs écologistes n’ont pas été convaincu par la sortie du gouvernement survenue après les municipales et les interventions médiatiques de ceux que leurs collègues socialistes au Conseil Régional d’Ile de France avaient surnommé ‘’les TENERDIERS ‘’, à savoir PLACE et DUFLOT, qui sont à l’écologie ce que le vitriol serait aux soins du visage, ont contribué à altérer l’image d’EELV. Bilan, avec une perte de 1 107 317 voix et malgré tous les efforts de communication pour relativiser cet échec, la stratégie d’encrage au PS risque fort de sonner le début de la fin… D’autant que les récentes déclarations des hiérarques telles que celles des Jean DESESSARD, sénateur, Jean -Vincent PLACE président du groupe EELV au Sénat, François de RUGY, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée Nationale vont encore brouiller un peu plus les repères lorsqu’ils affirment : « La majorité doit intensifier son travail pour élaborer des solutions communes aux problèmes des Français. Les écologistes y sont prêts, notamment au Parlement. Au-delà, comme le Premier ministre l’avait dit dans sa déclaration de politique générale, il faut savoir ouvrir le dialogue avec d’autres – du Front de gauche aux centristes – pour envisager des réformes démocratiques » ou encore avec des objectifs qu’ils proposent d’atteindre : « Notre feuille de route est claire : nous concentrer sur un agenda politique et législatif clarifié et partagé par toutes les forces de la majorité, rassembler la majorité présidentielle, organiser son fonctionnement et créer les conditions de son élargissement, construire une écologie ouverte plutôt qu’une chapelle vivant pour et par elle-même .La tâche est lourde. Mais indispensable. Le paysage politique français a besoin d’un pôle de stabilité. Dans cette période où tout vacille, rien ne serait pire pour les écologistes et la gauche que l’immobilisme, le repli sur soi, la fuite en avant ou la politique de l’autruche » …Avec un tel Blablabla, les écologistes vont apprécier… Autrement dit la majorité Présidentielle des Communistes au Modem avec EELV…
Quand sait que pour le PS, mais pas seulement, l’époque est au "rayonnement" des grandes métropoles, sous prétexte de Mondialisation. Ces métropoles qui rayonnent aujourd’hui sur des quartiers en relégation et des périphéries qui se désintègrent. La concentration des moyens financiers sur les cœurs de métropoles qui se fait à moyens constants, voire en baisse, où pour habiller Paul, on déshabille Pierre. Pendant que l’on investit dans la construction d’une LGV, d’une autoroute ou d’un aéroport qui relie deux Métropoles que l’on va doter par exemple, d’un grand stade, on laisse se dégrader un réseau de TER ou de bus qui maille un territoire, déjà insuffisamment. La logique de compétition entre territoires avec, notamment, la réduction du nombre de Régions, bien que nécessaire, dont les découpages sont élaborés par les énarques Ministériels pour « mieux répondre aux besoins des investisseurs Chinois » comme l’a déclaré le Ministre André VALLINI en charge du dossier. Une politique d’aménagement du territoire pensée dans une logique de compétition qui va entraîner une urbanisation intensive des zones métropolitaines avec empiètement sur les terres arables et densification de l’habitat urbain, ayant pour effet un étalement sur les franges rurales périurbaines pour les populations les plus aisées. Une compétition entre territoires qui entraînera inévitablement l’assèchement des parties rurales les plus éloignées des zones Métropolitaines avec pour corollaire la fermeture d’écoles, de bureaux de poste, de maternités, d’hôpitaux, de sous-préfectures etc. un désert médical où le généraliste prendra sa retraite sans être remplacé, l’épicerie du village ne pourra survivre face à la concurrence du nouvel hypermarché de la zone d’activités à quelques dizaines de Km qui sera l’occasion de la balade hebdomadaire et de saliver sur les biens de consommation. Mais peu importe que cette France là soit socialement en friche…Et vote FN… L’important pour les hiérarques Verts, il faut savoir ouvrir le dialogue avec d’autres, du Front de gauche aux centristes, pour envisager des réformes démocratiques !…
Une Droite décomplexée, ou plutôt décomposée pour le plus grand plaisir du FN
Les affaires qui ont éclaté ces derniers mois et qui ont éclaboussé l’UMP, en particulier L'affaire BYGMALION (http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/05/26/affaire-bygmallion-des-denegations-de-cope-aux-accusations-contre-sarkozy_4426465_4355770.html) qui depuis trois mois, empoisonne la vie de ce parti et se concentrait jusque-là sur le président du parti, Jean-François COPE, fait aujourd'hui l'effet d'une bombe à fragmentation et menace de faire imploser l’UMP. Entre ‘’la Droite dure’’ de ce parti avec l’ex Villiériste PELLETIER qui refuse l’ouverture au centre UDI- Modem et les modérés tel JUPPE qui sont pour un rassemblement de la Droite avec les centristes. Après la démission de COPE on ne peut pas dire qu’il y ait de la joie dans l’air, d’autant que SARKOZY est son tour éclaboussé. Le même SARKOZY, dont à l’évidence le message dans la presse à la veille des élections aura eu un résultat inverse au but recherché…
Avec ce dossier qui a déjà pris une tournure judiciaire, La droite donne une image exécrable, au moment où le FN vient de s’imposer et de lui ravir le titre de premier parti d'opposition aux élections européennes. Comme le résume par ailleurs le député UMP Bernard Debré « Toutes ces casseroles font un bruit terrible » Dès lors, comment pourrait-on on s’étonner que face à cette situation, la nature ayant horreur du vide, le FN n’occupe la place…
En rendant le FN en apparence plus présentable, Marine LE PEN a fait oublier en partie son père et ses outrances. Après avoir pris ses distances, du moins en facade, avec les groupes identitaires fascisants, ainsi qu’avec le sulfureux Alain SORAL aux dérives anti- sémites, voire Néo Nazi, et ses différentes prises, de Fabien ENGELMANN (ancien syndicaliste CGT et nouveau maire d’Hayange) à Robert MENARD (ancien président de Reporter Sans Frontières) en passant par Gilbert COLLARD ex Villiériste (avocat et député du Gard), Florian PHILIPPOT (énarque et nouveau député européen) ou encore l’ex Vert Laurent OZON (identitaire environnementaliste, théoricien du localisme) ont donné une image d’ouverture à son parti et lui ont permis de lancer des offensives idéologiques sur des sujets délaissés jusqu’alors par le FN : l’économie, la laïcité, les libertés publiques (et numériques) et même la dignité animale.
Toutefois, sur ces différents thèmes, dont les discours sont loin d’être innovants, on y retrouve d’ailleurs les sempiternelles formules du FN avec ses boucs- émissaires que sont les élites politiques, celles de la techno structure, les étrangers, l’Europe… Un discours parfois simpliste, mais quand, dans certaines zones où le chômage oscille entre 14 et 25 %, où Les services publics se délitent à grande vitesse et les perspectives d’avenir semblent inexistante, où la France périphérique des petits propriétaires, des pavillons de banlieue qui a été trahie et qui décroche, alors que les Trente Glorieuses étaient la promesse d’une croissance illimitée, où la propriété était la finalité de l’existence. Aujourd’hui, ils sont devenus prisonniers de leur maison après s’être saignés pour l’acquérir. Chômeur, avec de surcroît une fiscalité locale écrasante, leur rêve est parfois devenu un cauchemar. Si on y ajoute la présence d’un campement Roms à proximité, des querelles de voisinage qui dégénèrent, etc. sans oublier la télévision avec ses chaînes toxique d’émissions abrutissantes qui entretiennent sans cesse un climat de suspicion et de peur de l’autre… Comment être surpris qu’ils se replient dans l’abstention ou le vote FN ? Comment leur en vouloir ?
Contrer plus efficacement le FN, c’est sortir de la stigmatisation de ses électeurs pour éviter le piège de la bêtise commune
« Faire en sorte que celui qui souffre et qui est malade soit accusé d'être la cause de sa maladie, et de contaminer les autres telle une brebis galeuse : tel est le mécanisme de désignation du bouc émissaire que les électeurs et sympathisants du Front national partagent avec ceux qui les traitent à leur tour comme des boucs émissaires. Et telle est leur commune bêtise ». Bernard STIEGLER
Alors que la plupart des partis offrent une image désunie (Front de gauche, EELV, PS ou UMP), le FN soigne sa communication et essaie au maximum de prévenir les couacs. Il a par ailleurs fortement investi sur la formation de ses militants et de ses cadres. Force est de constater que si le FN est aujourd’hui aussi haut, c’est avant tout parce qu’il s’en est donné les moyens quand d’autres partis se regardaient le nombril.
La première des urgences, c’est de sortir de la stigmatisation des électeurs frontistes, de cesser de les qualifier de fascistes, d’idiots ou de beaufs, même s’il y en a. D’en finir avec les grands discours moralisateurs où l’on se lamente d’en revenir aux "heures les plus sombres de l’Histoire" pour lesquels l’électorat FN restera d’ailleurs insensible. Le FN en France n’est pas ‘’Aube dorée ‘’ en Grèce, ni sa Présidente un HITLER en jupon. De telles assimilations, comme chaque cri d’orfraie est un argument pour le FN. Les "intellectuels", "éditorialistes" et autres donneurs de leçon sont du pain béni pour ce parti, tant ils renforcent la frontière entre les élites et les habitants des territoires en déclassement, entre les "bobos " et les "invisibles" comme aime à le répéter Mme. LE PEN.
Sachant que les électeurs FN ne sont pas tous des abrutis incultes, contrer efficacement le FN passe par la mise en contradiction des déclarations de sa Présidente et de son programme. Un exemple avec l’Europe, quand Mme LE PEN déclare « « Dans le cadre de l’article 50 du Traité de l’Union Européenne, il convient d’initier une renégociation des traités afin de rompre avec la construction européenne dogmatique en total échec. » Comme le souligne d'ailleurs le très Gaulliste François ASSELINEAU partisan de la sortie de l’Europe et de l’euro « Le FN propose donc « d’initier une renégociation des traités », ce qui signifie discuter avec les gouvernements des autres pays membres de l’UE pour savoir s’ils seraient éventuellement d’accord pour accéder, peut-être, un jour, à nos requêtes. La détermination est donc plus qu’incertaine. Et la méthode est très douteuse. Le FN veut renégocier les traités « dans le cadre de l’article 50 ». Mais l’article 50 n’est pas fait pour renégocier quoi que ce soit, l’article 50 est fait pour sortir unilatéralement et complètement de l’Union européenne : « Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union. » et de poursuivre « Ainsi, invoquer l’article 50 pour aboutir à une renégociation des traités relève à la fois de l’erreur (volontaire) et du chantage... » (http://www.upr.fr/actualite/france-europe/front-national-sortie-de-l-ue-sorite-de-l-euro)
Pour conclure et bien que je sois opposé à la sortie de l’Europe et de l’euro contrairement à l’UPR de Mr. ASSELINEAU, car je pense que pour faire face à la crise écologique qui est planétaire et les crise économiques qui en découlent avec leurs conséquences, cela ne peux se faire que dans le cadre de rapports entre Etats -Continents, je partage son affirmation lorsqu’il écrit » Il est profondément malhonnête et irresponsable d’essayer de faire son beurre électoral avec des promesses attrayantes lorsque l’on sait que les conditions pour atteindre l’objectif politique sont impossibles à satisfaire ».
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