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Accueil du site > Tribune Libre > Argentine : démons et vautours

Argentine : démons et vautours

 La dette, encore la dette....
        Un cas d'école
               Mémoire d'un saccage
     Sous la menace d'une nouvelle faillite, l'Argentine revient au premier plan (1)
 Après la chute de la terrible et ruineuse dictature de Videla, le FMI appliqua au pays un remède de cheval libéral, avec privatisations tous azimuts, désengagement de l'Etat et alignement de la monnaie nationale sur le dollar. Punition collective au fouet libéral.

    Les dirigeants font appel à des économistes de l’École de Chicago connus pour leur monétarisme pur et dur tandis que l'Argentine applique à la lettre les recettes du Fonds monétaire international (FMI), formalisées dans le « consensus de Washington ». Le cœur du dispositif est de mettre fin à la création monétaire contrôlée par les politiques c'est-à-dire totalement « laxiste ». Ils imposent de redresser les comptes publics et d'éviter les déficits structuraux. Ils prônent la privatisation de nombreux secteurs économiques, d'Aerolineas Argentinas à l'eau, l'électricité ou les retraites. Carlos Saúl Menem (Parti justicialiste), président de 1989 à 1999, affirma : « l'État fédéral ne devra plus s'occuper que de la justice, de l'éducation, de la santé, de la sécurité et des relations internationales. »

 Ce qui devait arriver arriva dans ce pays autrefois prospère, ne manquant pas de ressources.
 " « Tout économiste digne de ce nom aurait pu prédire que les politiques d’austérité allaient provoquer un ralentissement de l’activité et que les objectifs budgétaires ne seraient pas atteints. » disait le prix Nobel Stiglitz, exigeant une réforme de la finance internationale pour résoudre avec équité les problèmes de dettes, critiquant le capitalisme de casino.
 L'austérité,menace pour les démocraties, a conduit le pays au bord de la ruine, après l'appauvrissement et les gaspillages de la dictature et du système Menem.
  Durant cette période, la dette extérieure argentine est multipliée par cinq (passant de 8 à 43 milliards de dollars), alors que la part des salaires dans le PNB (produit national brut) passe de 43 à 22%. La dictature mènera à la crise de la dette puis à l'entrée officielle du FMI aux commandes financières du pays.
  Le FMI n'a fait qu'aggraver le situation, déstabilisant le pays, même si aujourd'hui il prétend tempérer la voracité des fonds vautours. La fermeté a payé à une époque.

 Pourtant ;  Après sa gigantesque faillite de 2001 et son défaut de paiement, l'Argentine a réussi à refinancer en 2005 et 2010 environ 93% de sa dette portant sur près de 100 milliards de dollars, au prix d'une décote de près de 70%.
 Mais les fonds spéculatifs NML Capital et Aurelius, qui réclament le remboursement de 1,3 milliard de dollars en capital et intérêts, ont refusé à l'Argentine tout accord.
Le 21 novembre, un juge new-yorkais a ordonné à l'Argentine de verser 1,33 milliard de dollars aux deux fonds spéculatifs en remboursement de sa dette. Buenos Aires a fait appel de cette décision devant un tribunal de New York, et a aussi déposé un recours à la mi-juin devant la Cour suprême des Etats-Unis.
 Dans un communiqué, l'organisation représentant les fonds "vautours", American Task Force Argentina (ATFA) a elle aussi affirmé que le FMI allait "tenter de s'immiscer dans une procédure judiciaire entre l'Argentine et ses créanciers".
 Que le FMI, dont les mauvaises relations avec l'Argentine sont notoires, envisage de soutenir le pays sud-américain dans cette affaire "représente une tentative sans précédent de prise de pouvoir par le Fonds, une tentative de contourner le gouvernement des Etats-Unis dans une affaire judiciaire intérieure", affirme l'ATFA, appelant l'administration américaine à s'opposer à la volonté de Mme Lagarde.
(Le Figaro)

 _________________________ Après ses démons, l'Argentine a maintenant ses vautours, à l'affût des pays les plus endettés.
                          Vieille affaire que la dette...
 Les analogies avec le cas grec sont assez troublantes. (2)
 Cette affaire illustre spectaculairement les effets du transfert progressif depuis une vingtaine d’années des restructurations souveraines vers les juridictions des places financières d’émission (principalement New York et Londres). Lors de la crise de la dette des années 1980, a contrario, tout le problème avait été mis dans les mains du FMI : les cours de justice ont été entièrement absentes du jeu et les dettes ont été restructurées de manière très ad hoc, sans égard excessif pour le caractère « sacro-saint » des contrats. Il est frappant aujourd’hui que le durcissement des droits des créanciers privés aille de pair avec leur ré-ancrage dans les juridictions nationales. Corollaire, les implications en termes de gouvernance locale et globale sont largement ignorées, comme en témoigne l’indifférence des juges new-yorkais, tant envers la souveraineté (et ses immunités) qu’envers l’action multilatérale...
_________________

__(1) ..." L’Argentine, qui a laissé de très mauvais souvenirs à la communauté financière – le pays a fait plusieurs fois défaut –, a essayé, cependant, de regagner un peu la confiance des créanciers internationaux ces dernières années. Un accord a été trouvé dernièrement au sein du club de Paris (qui regroupe les principaux pays créanciers occidentaux). De même, le groupe espagnol Repsol a été indemnisé, à la suite de la nationalisation de tous les actifs pétroliers argentins du groupe, décidée par Cristina Kirchner.
 Dans une dernière tentative pour éviter un nouveau défaut, le gouvernement argentin dit étudier une opération d’échange de titres (swap) : les nouveaux titres obligataires seraient placés sous la législation argentine et non plus sous la loi américaine, ce qui rendrait caduc le jugement de la Cour suprême. Des spécialistes doutent cependant que le gouvernement argentin ait suffisamment de temps pour réaliser cette opération.
 Les deux fonds vautours vont-ils envoyer l’économie argentine au tapis ? C’est ce que redoutent de nombreux observateurs. À la suite du jugement de la Cour suprême américaine, de nombreuses ONG se sont alarmées de la situation, estimant que cette décision amenait à faire payer les plus pauvres, en saisissant les richesses nationales. Même le Fonds monétaire international s’est inquiété du jugement de la Cour suprême américaine. La décision risque, en effet, de faire jurisprudence : les créanciers privés peuvent refuser toute restructuration future des pays trop endettés, comme cela a été le cas au Mexique par exemple ou en Grèce dernièrement. Les pays submergés par les dettes n’auraient plus alors d’autre recours que de faire faillite de façon plus ou moins organisée. L’Argentine pourrait en être le premier exemple..."

__ (2) Voilà ce que disait à ce sujet (dans le cas de la Grèce) l’ancien banquier Rainer Voss, dans un documentaire diffusé sur Arte : “En Grèce, il fallait empêcher à tout prix, à tout prix, une faillite de l’état, c’était la priorité, les emprunts grecs peuvent être régis selon deux systèmes bien distincts : le droit international, en général en anglais, ou le droit grec. La différence est la suivante : selon la législation grecque, l’état peut décréter que sur les 10 000 euros que vous avez prêté, vous n’en récupérerez que 4 000, c’est déjà arrivé. Selon le droit anglais, les créanciers doivent se réunir en assemblée pour décider si une transaction est autorisée ou pas. Autrement dit, si je suis un fonds d’investissement et que sur un emprunt de 100 millions j’en rachète 75 millions, je dispose d’une majorité qualifiée, je peux dire aux grecs, où vous nous donner l’argent, où on vous laisse couler et automatiquement vous serez en faillite. C’est comme ça qu’ils opèrent, ils essayent vraiment de vous pousser à bout, ils tentent par tous les moyens de vous imposer leur droit, jusqu’à ce que vous disiez, se trimbaler une sangsue à cause de ces 20 millions de merde. Alors vous payez et ils ont gagné. C’est la méthode qui a été employée pour les emprunts grecs, Il y a eu des rachats d’emprunts selon le droit international, il suffit de consulter une liste (…). Maintenant le droit grec vous oubliez, il y a peut être 50-70-100% des contrats conclus en droit anglais, ensuite vous regardez combien d’argent vous avez et comment les autres sont positionnés. Admettons que la proportion soit de 30% et pas de 100, et que sur un emprunt de 100 millions, vous vouliez en racheter 75 millions pour obtenir 75% des droits de vote, vous n’avez qu’à racheter 75% des 30 millions, autrement dit vous payez vos droits de vote 23 millions sur un emprunt de 100 millions, vous êtes gagnant, vous payez 23 millions pour obliger l’état à rembourser 100 millions, ça vaut le coup. (…) Voilà comment on procède, c’était une entreprise tout à fait courante, il n’y a pas qu’une entreprise qui l’a fait..."


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11 réactions à cet article    


  • filo... 23 juin 2014 13:34

    La Grèce et Argentine sont des exemples de ce que les américains réservent au reste du monde.

    Nous serions obliger de bouffer de l’herbe de nos parcs et jardins pour essayer de survivre.

    Le monde est et doit continuer à être dominé par le Dieu Dollar.

    Pourtant , l’état américain na plus le contrôle sur sa monnaie. Ce sont les quatre la plus grandes banques US qui décident de sont impression et distribution. Le rôle de l’état américain est d’être une machine de guerre au service de Complexe militaro industriel.

    Ce constat est terrifiant !

    Je pense que la majorité des gens ne bougerons pas leur petit doigt persuadés que cela n’arrive qu’aux autres. 

    Les américains sont une nation des malades mentaux. Persuadé qu’ils peuvent exister qu’en dominant les autres.

    Amérique c’est le mensonge permanent depuis leur création. Conquête de Far Ouest ; gentils cowboy et méchant indien. Epopée idyllique mise en image par Hollywood. En réalité extermination de 20 millions d’amérindiens en moins d’un siècle. Le plus grand génocide de l’histoire de l’humanité.

    Les mensonges (encore à découvrir) autour de 1er et 2ème guerre mondiales.

    Récente commémoration de débarquement en Normandie montre que les américains falsifient l’histoire de manière éhontée et flagrante.

    Prétendu libérateur européen devenu vrai occupant s’incruste, refuse de partir et pour cette raison ils ont crées la crise ukrainienne.

    Heureusement pour nous que Putine existe et résiste. La Russie est le dernier Rampart contre ce monde que les américains veulent nous imposer.

    Il est urgent que l’Europe se libère de son occupant américain. Avant la déflagration nucléaire qui nous pend au nez en Ukraine.

    Les américains ment de manière éhonté et poussent UE dans la guerre contre la Russie. La Russie est allié naturel de l’UE et ne la menace en aucun cas.

    Il est bien clair que les USA sont prêts à se sacrifier pour Europe mais seulement jusqu’au dernier européenne et c’est tout. 

    Les citoyens européennes doivent prendre leur destin dans les mains. Il ne faut plus laisser les politiciens actuels corrompus et faisant preuve d’un illettrisme politique époustouflant et d’une misère culturelle déconcertante, décider à notre place. 

    La paix mondiale est une affaire beaucoup trop sérieuse pour la laisser à la politique de décider. 


    • colere48 colere48 23 juin 2014 13:51

      Filo je partage votre point de vue et votre colère.
      Oui les USA ne sont pas nos amis, ils ne sont d’ailleurs l’ami de personne sur cette terre smiley smiley


      • Spartacus Lequidam Spartacus 24 juin 2014 10:41

        Il est facile d’insulter ses créanciers, mais les contrats ne comptent pas pour du beurre, et la dette publique crée par des politiciens pour s’acheter des votes n’est pas à traiter avec légèreté.


        Quand au « bétises » de l’article, cela relève de l’ignorance pure et dure.
        L’Argentine est un pays ou la dette a été payée depuis 2005 par la création monétaire. Création de monnaie sur rien. (monnaie de singe). Les propositions du FMI ont étés refusées par l’Argentine....

        L’argentine fera a nouveau faillite car raser gratos sur le compte des emprunteurs a une limite. Facile a comprendre.

        L’argentine fera faillite

        Rappelons aux gauchistes que la restructuration de la dette de l’argentine fut un Français, Mathieu Pigasse, et la Banque Lazard Frs, siège social Bahamas et actuel actionnaire des principaux journaux de gauche. (le Monde, NV Obs).
        Que ces journaux font l’apologie de la dépense publique, de la dette a perpétuité, de Stiggliz et autres zozos Keynésiens et nous dirigent droit vers une faillite. Faillite de la France dont profitera « Lazard Frères », et son implantation parmi les Énarques et l’état Français.....
        Comme quoi la prose de gauche sert des intérêts.

        Comme quoi le Keynésianisme, est source de profit pour quelques uns.

        • lsga lsga 24 juin 2014 14:08

          « Comme quoi le Keynésianisme, est source de profit pour quelques uns. »

           
          Comme vous l’avez très bien expliqué, le keynésianisme est en effet le bras armé de la finance, qui va racheter l’État à travers la dette de la même manière qu’elle a racheté les petites bourgeoisies industrielles nationales :
           
           


        • filo... 24 juin 2014 21:25

          @Spartacus

          Dans votre raisonnement il y a au moins deux points contradictoires. Tout d’abord pour vous « économie » c’est le summum du savoir, et du science, une « religion » infaillible.

          Secundo pour vous tout est « économie » et donc ce qu’il arrive à l’Argentine maintenant et à la Grèce auparavant, pour vous c’est normal car ce sont les chemins impénétrables de l’économie. En quelque sorte notre Univers sera réglé, selon vous, par les lois de « l’économie »

          Ce qu’il revienderais à dire que le capitalisme s’impose comme une raison de vivre inéluctable.

          Or en réalité l’économie n’est pas du tout une science ou du moins pas une science exacte.

          En plus si nos ressources naturelles sur la Terre ne sont pas inépuisables alors une expansion économique à l’infinie n’est pas possible. Ceux qui prétendent le contraire son des stupides.

          Donc notre avenir n’est pas matériel et économique mais plutôt intellectuel, culturel, spirituel etc. Donc tout contraire et à l’opposé du matériel.

          Et ce qu’il arrive à l’Argentine et à la Grèce est bien plus politique que l’économique. C’est voulu ainsi pour asservir et pour dominer.

          Ce qu’il risque d’arriver au reste du monde. Aussi à votre pays Mr. Spartacus. Et vous finirais par brouter l’herbe de votre jardin en essayant de survivre

          Capitalisme est la perversion du cerveau humain. C’est le système le plus primitif et le plus stupide que le cerveau humain à pus engendrer. Son côté Cro-Magnon. Aujourd’hui il est sans alternative et incapable d’évoluer.

          Agissons pour nous débarrasser si nous ne voulons pas mourir avec. 


        • Spartacus Lequidam Spartacus 29 juin 2014 10:41
          Oui ce qui arrive à la Grèce ou l’Argentine est logique
          Dépenser plus que ses recettes amène à la faillite.
          Pas besoin d’être un géant en sciences économiques pour le comprendre.

          Effectivement ce qui arrive à ces pays devrait bientôt nous arriver.

          Il n’y a aucune perversion ni agression du capitalisme envers vous, mais respecter la règle ne pas dépenser l’argent qu’on a pas ou ne pas emprunter plus que ses possibilités de remboursement.

        • ZEN ZEN 29 juin 2014 10:48

          Ah ! que les choses sont simples avec Spartacus !... :


        • ZEN ZEN 24 juin 2014 12:13

          J’adore la notion de « contrat », quand il s’ agit de rapports de force
          Avez-vous entendu parler de l’alignement sur le dollar, de la dette videlienne, de la corruption menemienne ?
          La « bêtise » de ce post n’a d’ égale que son manque d’information et ses invariables postulats néolibéraux.
          Le diable est dans les détail...
          Try again !


          • filo... 26 juin 2014 10:18

            @Zen

            Je suis sidéré de manque d’intérêts et des réactions des lecteurs d’AV concernant votre article.

            Pourtant il s’agit d’un sujet vital, primordial et ce qu’il arrive à l’Argentine est le test grandeur nature de ce qu’il attend désormais le reste du monde, la France notamment.

            J’ai biens pensé donc, que les gens sont persuadé que cela arrive qu’aux autres.

            Ils préfèrent ne pas voir, se cacher la tête dans le sable ; sur le moment c’est bien plus rassurant...


            • ZEN ZEN 30 juin 2014 06:29

              Merci pour ce rappel
              Les liens l’indiquaient
              Non, pas étonnant ici. L’osmose est parfaite...


              • COVADONGA722 COVADONGA722 30 juin 2014 07:53

                 yep souvent on se prend a rêver que les dérégulateurs doctrinaires croisent la route d’un régulateur au sens westernien du terme !



                asinus : ne varietur

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