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Accueil du site > Tribune Libre > « Transition énergétique : quel défi pour le Maroc ? »

« Transition énergétique : quel défi pour le Maroc ? »

A l’heure où les problèmes environnementaux et sociaux posés par le changement climatique ne cessent de croître dans le monde, la transition énergétique s’impose comme la réponse aux défis présents et à venir. C’est un chantier de grande ampleur aux enjeux importants tant au niveau politique et économique, que social et environnemental. Le Maroc s’engage avec succès dans la mise en place de politiques énergétiques ambitieuses et se prévaut d'un positionnement pionnier en matière de développement énergétique durable.

Face au dynamisme de l'économie nationale et la progression démographique couplée à la hausse du niveau de vie de la population, la demande en énergie primaire devrait, selon les prévisions, tripler et celle électrique quadruplée à l'horizon 2030. Dans ces conditions, pour satisfaire ses besoins en énergie en constante augmentation, le Maroc apporte des réponses adaptées et innovantes notamment de part la décision stratégique majeure d’introduire les énergies renouvelables.

Il ne s’agit pas seulement pour le pays d’une simple volonté de réduire sa dépendance énergétique, ou d’assurer un approvisionnement énergétique durable, mais également le désir à la fois de s’approprier de nouvelles technologies de ces formes d'énergie, d'introduire une nouvelle base industrielle au Maroc et de renforcer sa capacité de recherche et de développement dans ce domaine.

Transition énergétique, le Maroc a-t-il les moyens de ses ambitions ?

Depuis 2009 déjà, cette dynamique vertueuse en matière de développement énergétique durable a été amorcée. Le Royaume s'est fixé des objectifs de développement des énergies renouvelables particulièrement ambitieux, soit une capacité installée de 4 GW à l'horizon 2020. Le Maroc entend ainsi couvrir, d'ici à 2020, 42% de ses besoins à l'aide des énergies renouvelables. Le Programme marocain solaire piloté par MASEN (Agence marocaine de l’énergie solaire), le programme intégré de l’énergie éolienne et des projets hydrauliques gérés par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) sont à pied d’œuvre.

Les premiers succès sont déjà au rendez-vous. En effet, aujourd’hui, la capacité hydroélectrique installée au Maroc pèse quelque 1300 mégawatts. Aussi le parc éolien de Tarfaya, sud-ouest du Maroc, a produit ses premiers kilowatts et sera entièrement opérationnel à l'automne. Implanté sur près de 10.000 hectares, à proximité de l'océan, il deviendra alors le plus grand d'Afrique avec plus de 130 turbines et une puissance de 300 mégawatts. Pour ce qui est de l’éolien, sur un objectif de 2000MW à atteindre dans moins de 6 ans, 380 MW sont déjà opérationnels. Qu’en est-il du plan solaire ? À ce jour, seul le chantier du site d’Ouarzazate (complexe Noor) est lancé, avec le développement de la première phase, Noor I, d’une capacité de 160 MW sur une puissance attendue de tout le complexe de 500 MW. Cette première tranche de la centrale d’Ouarzazate, dans sa configuration technique optimale, permettra à Masen d’accélérer la réalisation tout aussi efficace et concrète des autres projets d’exploitation. 

Le modèle de développement dans lequel le Royaume est engagé permet une réduction de la dépendance vis à vis des énergies fossiles, une réduction de la précarité énergétique, une création d'emploi et de richesse, accompagnée d'une maîtrise de l'impact environnemental (à travers notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre). La longue marche vers la transition énergétique est donc source d’évolutions positives pour le Maroc qui fait figure de pays exemplaire dans le domaine des énergies renouvelables, en particulier dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

La nécessité d’assurer l’approvisionnement énergétique se double d’une volonté politique forte, à plus long terme, d'intégration des énergies renouvelables dans les marchés européens de l'électricité. Dans ces conditions, l'accent sur l'amélioration de la compétitivité est essentiel. Il est indispensable effectivement pour le Maroc d’articuler les leviers de la transition énergétique et la politique énergétique européenne pour gagner en compétitivité. De fait, selon le ministère de l’Energie, les projets de développement des énergies renouvelables présentent d’excellentes opportunités pour assurer une intégration industrielle progressive, permettant d’accélérer le développement d’un tissu industriel national en mesure d’accompagner ces projets et d’assurer la compétitivité requise à l’export. A terme cela permettra non seulement d'assurer un développement équilibré à l'ensemble des régions du pays mais aussi une croissance économique forte et durable.

 

Recherche et formation en énergies renouvelables

Pour pouvoir mettre en œuvre la transition, un effort important de créativité et d’innovation est nécessaire. A cet égard, l'investissement dans l'éducation et la formation, ainsi que dans la recherche scientifique et l'innovation est déterminant L’amélioration de l’efficacité énergétique, le développement de nouveaux systèmes de stockage de l’énergie sont autant de défis pour la recherche. Le Maroc s’engage, de manière volontariste, à accélérer le développement de filières nouvelles en aidant la recherche sur le long terme. De fait, afin de donner une impulsion forte à la recherche, au développement et à l’innovation technologique, les structures de recherche nationales ont été enrichies par la création d’un Institut de recherche en énergie solaire et en énergies nouvelles (IRESEN). De la même manière, d’autres instituts de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique sont en préparation et devraient voir le jour très prochainement pour un meilleur accompagnement de la dynamique de développement des énergies renouvelables au Maroc. Le Maroc pourra alors renforcer sa capacité de recherche et de développement dans ce domaine.
 

Développement des énergies renouvelables et économies massives d'énergie sont sans doute parmi les questions les plus importantes que l'humanité doive régler. Dans ces conditions, faire face aux impacts du changement climatique et réduire les coûts énergétiques sont d’une impérieuse nécessité. Dans ce contexte, la vocation du Maroc est de développer cette culture de « la responsabilité énergétique et environnementale » avec cohérence, pragmatisme et innovation. Au Maroc, préparer l'avenir, pour assurer à tous un accès à des services énergétiques de base, faciliter les vocations professionnelles dans les nouveaux métiers et secteurs, investir dans des équipements avec une vision de long terme, décentraliser la production énergétique et l'adapter aux territoires. C’est assurément la clé de la réussite !


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7 réactions à cet article    


  • ObjectifObjectif 18 août 2014 20:58

    Bonjour,

    Merci pour cette article intéressant, mais je suis surpris par une certaine contradiction entre l’idée de production « décentralisée », et le contenu du programme présenté qui ne parle que de centrales hydrauliques, éoliennes ou photovoltaïques ?

    Un véritable moyen de promouvoir une production décentralisée serait que le pouvoir achète en gros des panneaux photovoltaïques avec un micro-onduleur par panneau, ce qui permet une installation beaucoup plus simple (plus besoin de réseau en courant continu et tension élevée).

    Et ensuite que les organismes chargés de l’électricité installent ces panneaux chez chaque habitant, avec un monitoring internet et donc en même temps un accès internet qui facilite l’éducation au Maroc.

    Vu l’ensoleillement, ce serait un complément idéal aux projets présentés, qui permettrait aussi de pallier aux défauts éventuels du réseau.

    Aujourd’hui, un achat un peu important peu donner des panneaux à moins de 0,6us$/Wc, ce qui avec un ensoleillement double de l’europe au minimum, donnerait un kWh entre 2 et 4 centimes de us$ par kWh.


    • caillou40 caillou40 19 août 2014 10:39

      Mais...pour tout ça...d’où vient l’argent.. ?


      • vachefolle vachefolle 19 août 2014 13:53

        A quand la transition écologique et éthique qui ferait que le Maroc ne serait plus le premier producteur de cannabis au monde ?

        Nous avons la suisse qui heberge l’or sale, et le maroc qui produit la dope....


        • JP94 19 août 2014 16:49

          Tout va bien au Maroc ... on y maltraite les responsables d’organisations de défense des droits politiques et syndicaux , on y refuse l’accès à leur ambassade à des citoyens français qui luttent pour les Droits du Peuple Sahraoui privé de son Etat colonisé par le Maroc .

          La police politique s’en prend physiquement à des citoyens français et les kidnappe en violation du Droit international . 
          Les Droits de l’Homme y sont bafoués chaque jour - mais malheur à qui se plaint ! 
          De toute façon , Monsieur Hollande a donné son quitus donc à quoi bon se plaindre ? 

          Les prisons sont remplies de prisonniers politiques affreusement maltraités - enfin la France semble s’en accommoder .

          On y voit disparaître en toute quiétude des opposants politiques .

          Enfin du moment qu’il y a des Eoliennes , réjouissons-nous ? au moins la gégène fonctionne-t-elle de façon écolo ! si seulement ces maudits prisonniers politiques oubliés de l’UE et de nos médias ne polluaient pas le climat de ce pays ! 



          • Lisa SION 2 Lisa SION 2 19 août 2014 17:54

            D’où cette évidente conclusion, : « pas de transition énergétique sans transition pilotique  » n’est ce pas ?


          • Lisa SION 2 Lisa SION 2 19 août 2014 17:50

            Bonjour MB,
            " Le Programme marocain solaire piloté par MASEN (Agence marocaine de l’énergie solaire), le programme intégré de l’énergie éolienne et des projets hydrauliques gérés par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) sont à pied d’œuvre. « Vous trouvez pas ça curieux ? Le programme solaire est donc destiné à servir d’étai aux autres programmes éoliens et hydrauliques...
            justement, » avec une vision de long terme, décentraliser la production énergétique et l’adapter aux territoires. " tous ces projets sont centralisés, comment peuvent ils à terme participer à décentraliser... ? Alors que la véritable transition énergétique passe forcement par la localisation de la source de production solaire à domicile pour générer la responsabilisation du consommateur ! Et justement, le solaire est la seule source d’énergie optimum et décentralisée.
            Autre débat : http://www.dailymotion.com/video/xui519_dangers-schistes-tunisie-maghreb-et-geopolitique_news&nbsp le principal risque du Maroc est la captation de ses hydrocarbures par les grandes compagnies étrangères, lesquelles obtiennent ainsi les moyens de piloter tous les autres projets.

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Mounir Belkouch

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