Le pavé de « Merci pour ce moment » de Valérie T.
Quelle sorte de pavé le livre « Merci pour ce moment » est-il ?
Est-ce un pavé dans la mare (Quelque chose qui trouble une situation sans histoire, qui fait scandale, qui dérange) ou tout simplement un pavé (livre très gros) avec ses 320 pages ?
Ce n'est pas un pavé de mai '68, révolutionnaire avec ses slogans « Jouissez sans entraves »,« Sous les pavés, la plage », « La vie est ailleurs ».
Quoique...« La vie est ailleurs ».
C'est la vengeance d'une femme délaissée pour une autre, entend-on ici et là.
C'est le coup financier d'une salarié qui espère plus d'un demi-million d'euros, à ce que l'on chuchote.
Le marketing est très bien fait.
C'est un livre entouré de secrets.
Secrets à l'écriture.
Personne ne savait qu'elle l'écrivait. Ni ses collègues, ni ses proches parents, ni les services de l'Etat. D'ailleurs, elle utilisait un ordinateur sans connexion internet.
Oh là là ! Même pas la NSA ?
Et quelle surprise ! Qui aurait pu imaginer qu'une journaliste passionnée se venge en écrivant et non pas en versant du sucre dans le scooter de son ex ?
Secrets à l'impression.
Pour éviter les fuites, il a été imprimé en Allemagne. De plus les coûts sont moins élevés. Heureusement que l'ancien ministre du redressement productif et de la préférence française avait quitté son poste, il n'aurait pas manqué de monter sur ses grands chevaux.
Secrets à la distribution.
Les libraires savaient qu'un document allait être lancé en grande quantité sous XX (deux X, parce que deux inconnus : l'auteur et le contenu). Même les représentants de la maison étaient dans l'ignorance.
Secrets avant la parution.
Avant sa sortie le jeudi, personne d'autre que l'éditeur ne l'avait lu.
C'est pourquoi dès la veille, le mercredi, tout le monde en a parlé. Toutes les chaines de TV et de radio ont passé des heures en commentaires et en interviews.
Les proches de l'ex (Monsieur H.) ont déclaré qu'ils ne liraient pas le livre. Pourquoi ? Parce qu'il n'est pas convenable ? Mais si personne ne l'a lu, comment peuvent-ils en juger ? Et pourquoi en parlent-ils, puisqu'ils ignorent tout ? Ce n'est plus de la politique ni de l'information, c'est la comédie réalisée par Pierre Richard en 1973 "Je sais rien mais je dirai tout ".
C'est une suite de secrets, et une suite de coups.
Coup de marketing.
Il est devenu la meilleure vente du site Amazon France dès son premier jour de sortie. Il devance les livres scolaires en ces jours de rentrée et le best-seller "Nos étoiles contraires" que les éditions Nathan Jeunesse ont déjà écoulé en 150.000 exemplaires depuis sa sortie en 2013 en France cf http://www.huffingtonpost.fr/2014/08/20/nos-etoiles-contraires-film-cancer-john-green_n_5691738.html
Coup commercial.
Le risque est élevé si le tirage des 200.000 exemplaires à 20 euros reste invendu. On suppose que la prose n'est pas du Malraux et que l'intérêt s'étiolera aussi vite que la rose qui n'a vécu que l'espace d'un scrutin. Il faut vendre vite, avant que les deux amants terribles passent dans l'oubli.
Coup médiatique.
Pour appâter le lecteur, les bonnes feuilles sont diffusées dans un journal dont la couverture passe sur tous les écrans. Les librairies sont servies très rapidement. Et la promotion passe à la télévision, à la radio, à internet...
Coup éditorial. Il concurrence
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Pétronille (Albin Michel) d'Amélie Nothomb avec 200.000 exemplaires,
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Le Royaume (P.O.L) d'Emmanuel Carrère avec 140.000 exemplaires, tiré en deux fois,
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Une envie de vérité (Flammarion) de Cécilia Sarkozy avec 55.000 exemplaires, .
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Jours de pouvoir (Gallimard) de Bruno Le Maire avec 46.000 exemplaires.
Coup financier.
200.0000 exemplaires vendus à 20 euros donneraient un chiffre d'affaires de 4 millions d'euros dont 642.000 euros reviendraient à l'auteur.
Celle-ci aurait choisi peu d'à-valoir et beaucoup de pourcentage. Elle n'est pas dans le besoin et l'éditeur gagne en trésorerie. Tout le monde est content.
Pour mémoire, les pourcentages se négocient en fonction du prix de vente du livre :
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8 % jusqu'à 15 000 exemplaires vendus
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10 % jusqu'à 30 000 exemplaires vendus
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12 % au-delà.
Pour les valeurs sures, les fourchettes passent de 10 % à 14 %, voire de 15 à 20 %.
Pour méditer sur celle qui est sans doute plus une femme d'affaires qu'une femme littéraire et réfléchir sur la plus-value entre l'investissement d'un traitement de texte et la recette engrangée : @valtrier
C'est une somme, 642.000 euros. Heureusement nous avons entendu qu'en quittant l'Elysée elle était devenue marraine du Secours Populaire et qu'elle était pleinement épanouie pour son voyage caritatif en Haïti cf http://www.public.fr/News/Photos/Photos-Valerie-Trierweiler-elle-s-affiche-rayonnante-et-pleinement-epanouie-pour-son-voyage-caritatif-en-Haiti-529233
Le Secours Populaire nous tiendra sans doute au courant des retombées dont il bénéficiera, à moins qu'une trop grande modestie de l'auteur ne le baillonne.
Et c'est vrai que cette dame est une habituée des gros chiffres.
Dans ce gros rapport qu'Europe 1 vous a détaillé ici figure un chapitre sur l'ex-Première dame Valérie Trierweiler. En 2013, cette dernière disposait de cinq collaborateurs directs (...). Le total de la rémunération brute annuelle des cinq agents s'élevait à 396.900 euros.
Un peu plus loin, le rapport indique que les dépenses liées aux déplacements de Valérie Trierweiler s'élevaient à 85.000 euros. Des déplacements effectués dans le "cadre d'activités de représentation et de soutien à des opérations à caractère humanitaire".
Cela représente au total 481.000 euros pour l'année 2013. Après la séparation du couple présidentiel, "les postes ont tous été supprimés : en février 2014, ces personnels ont été affectés sur des postes vacants de la Présidence ou remis à disposition de leur administration d'origine", informe la Cour.
http://www.europe1.fr/politique/valerie-trierweiler-a-coute-481-000-euros-a-l-etat-en-2013-2182757
Voilà une dame qui est salariée dans un journal, et qui, en dehors des horaires imposés par son employeur, se démène en écrivant et sera récompensée en touchant des droits bien mérités.
On comprend que le ministre du travail et du chômage critique ces inscrits à Pole Emploi qui attendent passivement l'arrivée des allocations sur leur comptes en banque. S'ils ont un traitement de texte pour écrire un CV, ils peuvent aussi l'utiliser pour décrire leur divorce lié à leur licenciement. Ca sera beaucoup plus passionnant puisque beaucoup plus de lecteurs s'y reconnaitront.
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