La stratégie du choc
La théorie du choc, Milton Friedman et autres…, et la situation actuelle en France.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser le néo libéralisme n’est pas un système économique dont la modernité aurait supplanté un système de type Keynésien par exemple. Finalement, il est vieux comme le monde dans ses fondements.
Le pouvoir d’exploitation de la monnaie et la puissance des marchands, qui tirent leurs profits et leur force d’échanges libres, a déjà été analysé par Aristote il y a plus de 2.000 ans.
Son incapacité à assurer une exploitation des richesses d’une manière raisonnée et raisonnable, ainsi que leur juste répartition, a déjà été plusieurs fois démontrée et stigmatisée. Ce système économique qui, aujourd’hui, d’une manière directe ou indirecte dirige le monde, a déjà fait des ravages dans tout l’appareil de production.
Et en refusant les médicaments génétiques à l’Afrique, c'est-à-dire plus généralement de soigner les africains, pour des questions d’application intégriste du système ultralibéral [et d’autres raisons…], l’OMC soumise à ce qui n’est même pas une idéologie mais plutôt une doctrine totalitaire, met en péril la santé de l’humanité même.
Dans un contexte, dont l’aspect dramatique est occulté par tous les médias et éventuellement par beaucoup de philosophes et penseurs, où les richesses naturelles se raréfient rapidement tandis qu’une démographie incontrôlée et insensée se développe, le véritable besoin de l’humanité pour sa survie se situe dans le développement des sciences et des techniques.
Ce système anarchique, parce qu’il exclue toute planification notamment, promeut l’exploitation sauvage et injuste des ressources naturelles. Il nuit gravement aux développements libres des recherches scientifiques et philosophiques.
Le néo libéralisme met ainsi gravement en cause l’avenir de l’Humanité. Pour exister, il ne peut qu’être imposé soit à la suite de chocs tels que des crises profondes ou des coups d’Etat. Au besoin, ces chocs peuvent être créés par une aggravation délibérée d’un état économique de récession.
Le choc et l’on peut ajouter le chaos qui fait également l’objet de théories de la part des gérants du néo libéralisme, font donc partie intégrante du système ultralibéral et de sa stratégie de domination.
La doctrine du choc
Parmi les analyses les plus pertinentes sur le sujet on retiendra celles de la jeune et remarquable Naomi Klein, canadienne. En 2007 notamment, avant la crise des « subprimes », partant de l’expérience néo libérale menée au Chili, elle décrit très bien une des caractéristiques principales du système néo libéral, c'est-à-dire cette succession de périodes de pseudo croissance avec la formation de bulles, qui sont suivies de crise après l’éclatement fatal de ces « bulles ». Cette phase de collapse crée évidemment un choc dont la bonne utilisation par le système et ses exécutants permet de faire passer auprès des peuples concernés les mesures qui permettent de payer les dommages.
« The shock doctrine » est donc plus qu’une stratégie, c’est un élément qui s’intègre totalement dans le développement du néo libéralisme. C’est pourquoi elle est apparue très tôt, notamment dans les réflexions théoriques de Milton Friedman sur ce nouveau système capitaliste.
Le choc est donc inhérent au système ultralibéral et peut même être utilisé dans un cadre stratégique par les gérants de ce système dominant.
Cette doctrine du choc qui vise, nous le verrons, à annihiler les capacités de défense des peuples et même des organisations qui se posent en adversaires de l’ultralibéralisme, a pu être justement associée aux recherches qui ont été menées dès les années 50 aux USA (et sans doute ailleurs), dans le cadre militaire et de la CIA, sur les méthodes chimiques, drogues agissant sur le cerveau, et mécaniques, telles que les électrochocs par exemple, dans le but de dépersonnaliser les individus. Voir encore Naomi Klein.
[Cela a fini par être bien connu, au point que l’on retrouve cela dans la trame de livres comme cet excellent thriller qu’est « Masquerade » de Gayle Lynds, février 1996 aux éditions doubleday, puis Berkley New York 1997. Livre largement apprécié aux USA].
Alors que dans la phase industrielle du capitalisme analysée par Marx, il y avait principalement l’exploitation de l’homme par l’Homme, de la force de travail, avec il est vrai déjà le poids de l’idéologie dominante, on peut dire qu’aujourd’hui le système néo libéral a un projet concerté de domination totale sur les gens et les peuples. La stratégie du choc en fait pleinement partie.
Système ultralibéral et chocs
Le premier exemple de mise en œuvre d’un programme économique néo libéral, d’ailleurs directement dicté par l’école de Chicago de Milton Friedman, s’est situé au Chili après le coup d’Etat militaire fomenté par la CIA, dans un contexte d’arrestation arbitraires, de tortures et de morts.
Il a, d’entrée, mis en évidence la caractéristique de l’évolution du contexte économique sous ce régime ultralibéral. C’est çà dire d’abord une croissance, à vrai dire malsaine, suivie d’une grave crise qui constitue en elle-même un choc.
La deuxième guerre d’Irak a permis de mettre en place de manière autoritaire, sous l’égide du représentant américain, Paul Bremer, un programme néo libéral, notamment sous couvert de reconstruction du pays. Cela a conduit à un tel chaos que les américains durent quitter l’Irak. Avant cette terrible nouvelle phase actuelle qui correspond sans doute à l’exécution par des mercenaires [dont on a remarqué qu’ils étaient équipés d’armes et matériels US] de plans américains de partition de ce pays, il y avait de l’ordre de 1000 morts par mois.
La Russie quant à elle a expérimentée à la fois le collapse économique, avec l’implosion du système soviétique, miné par de multiples déviances, et le coup de force militaire avec Eltsine.
Celui-ci a donc mis en place de manière autoritaire un programme néo libéral, - privatisations avec la naissance des oligarques, démantèlement du système social, ouverture aux capitaux étrangers…, qui a plongé la Russie dans un marasme économique où des millions de personnes ont été jetés dans la misère. Le fond a été touché lorsqu’Eltsine est apparu comme la marionnette, imbibée d’alcool, des américains [une réception de B Clinton à Moscou avec Eltsine ivre, en a constitué le point d’orgue largement utilisé ensuite].
La Russie sait donc exactement ce que signifie pour l’Ukraine, un accord commercial avec l’UE. Là aussi il a fallu un coup de force pour imposer cette voie ultralibérale que rejette la partie russophone de l’Ukraine [le temps est révolu où les peuples de l’ex URSS se jetaient dans les bras de ce capitalisme dont ils voient les effets à l’ouest].
L’arrivée coordonnée de Reagan aux USA et Margaret Thatcher, intégristes du néo libéralisme s’est faite également sur fond de crise. Il est à noter que les USA ne pratiquent pas un néo libéralisme sans contraintes. Il y a par exemple un formidable marché d’état pour l’armement et le financement de conflits et d’associations classées dans les ONG mais qui servent leurs intérêts. Il y a aussi un protectionnisme vis-à-vis de marchés commerciaux et des entreprises. Le rôle majeur de leur monnaie dans les échanges internationaux leur donne également un degré de liberté fondamental.
En Angleterre les problèmes classiques engendrés par la phase néo libérale ont d’abord conduit au débarquement sans ménagement de M Thatcher par son propre parti. Puis est venu le temps de Blair, exécutant zélé de l’ultralibéralisme et traitre vis-à-vis des idéaux de son parti et de son pays.
Ce n’est pas un hasard si avant qu’il ne devienne un personnage un peu encombrant lorsque son jeu a été ensuite mis à jour par des analyses qui ont pu atteindre le niveau de l’information publique, Blair a été un modèle pour les socialistes français. Aujourd’hui l’Angleterre pour survivre se démarque à la fois des USA et de l’UE [il est aussi à noter qu’en sous main l’Allemagne joue aussi son jeu personnel, d’où la défiance des USA et leur espionnage]
Il n’est plus à démontre que le système néo libéral met en jeu l’existence de l’Humanité même.
La situation en France
La France a présenté, avec d’autres pays européens, la particularité d’avoir vu le néo libéralisme s’y installer doucement, sans heurts apparents. Cela est du à la trahison des socialistes et de la gauche en général. Mitterrand a commencé à libérer les transferts de capitaux, à privatiser, à remettre en cause les acquis du CNR. La phase Jospin a été un sommet dans le genre [d’où la méfiance et parfois le rejet de la gauche plurielle par la population]
Nous sommes aujourd’hui dans la phase où ce système crée une grave crise économique. En France, du fait notamment de l’inféodation totale des médias au système, la population est totalement inconsciente de cet état de situation économique grave.
Ce qui nous amène naturellement à parler du choc qui va survenir.
Le choc économique en France
Nous sommes déjà quasi officiellement dans la phase de chaos politique. Le pouvoir en place n’a plus de base politique et encore moins de soutien populaire, ce qui ne l’empêche pas de continuer sa politique de destruction des acquis sociaux, d’augmentation des impôts… Il est vraisemblable que cette phase de chaos politique précède de peu la phase de faillite économique. On voit d’ailleurs des soutiens tels que Chevènement, le Front de Gauche et même EELV dont la chasse aux sièges d’élus dépend pourtant largement du PS,… se démarquer du pouvoir en place.
Nous allons donc vers un choc économique, comprenant des faillites, du type de celui vécu en Grèce, à Chypre…
Paradoxalement, compte tenu de la médiocrité et de la compromission de notre monde politique et médiatique, cela offre au système une occasion de renforcer son emprise. D’ailleurs nous sommes bercés depuis longtemps par le leitmotiv : « il faut faire plus de réformes » « il faut plus d’intégration européenne »…
La stratégie du choc consisterait donc pour le pouvoir, d’accentuer la crise.
Et c’est sûrement de cette manière qu’il faut interpréter les sanctions contre la Russie qui frappent surtout notre économie. D’autant que le bouc émissaire de notre déconfiture sera vite trouvé avec le dictateur russe qui envahit l’Ukraine.
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