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Accueil du site > Tribune Libre > La lutte contre le réchauffement climatique : Un combat douteux

La lutte contre le réchauffement climatique : Un combat douteux

« Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, la lumière, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme. »

Jean-Jacques Rousseau (Les confessions)

Plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement étaient attendus à New York depuis le 23 septembre pour un sommet sur le climat organisé par l'ONU. On le sait, les forêts constituent un élément majeur de la lutte contre le réchauffement climatique. Qu'en dire aujourd'hui ? Quel état des lieux peut-on établir ? La manifestation de dimanche 20 septembre 2014 pour le climat à New York, a réuni plus de 300.000 personnes. A l'échelle mondiale, avec plus de 2000 événements dans plus de 150 pays, dimanche dernier a été la plus grande manifestation pour le climat de toute l'Histoire. La manifestation a réuni une variété exceptionnelle de personnes et d'organisations des associations d'enseignants aux « grand-mères contre le changement climatique », des adeptes de la méditation aux jeunes étudiants vêtus de tenues bariolées du conseil sikh aux nonnes venues du Vatican, des tribus indiennes aux opposants aux gaz de schiste. Cet immense succès a électrisé les réunions et les militants dans New York qui, depuis lundi dernier, vit au rythme de la Climate Week. Les citoyens, la société civile, le mouvement « grassroot » comme on l'appelle dans le monde anglo-saxon, ont montré leur force !(1)

Quelques données sur l'hécatombe : le cas des forêts

Augmentation de 2,5% de la quantité de CO2 qui va stationner 120 ans dans l'atmosphère. Nous avons pollué pour environ 12,5 milliards de tonnes d'énergie fossile (pétrole, charbon, gaz naturel) 37 milliards de tonnes de CO2 en 2013, soit environ 5,3 tonnes par habitant/an. En Algérie, nous en sommes à 4 tonnes /habitant/an. La température a été marquée par des épisodes record et les catastrophes naturelles dues aux inondations et aux ouragans n'ont jamais été aussi dévastatrices (2).

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a appelé mardi dernier le monde à « changer de cap » devant la menace du réchauffement climatique.« Nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement », a-t-il affirmé. A la fin du siècle, a-t-il ajouté, « nous ne devons pas émettre plus de carbone que notre planète ne peut en absorber ». Soulignant que « personne n'échappe au changement climatique », il a également appelé les gouvernements à abonder de 100 milliards de dollars par an le Fonds vert pour le climat, décidé à Copenhague en 2009, mais qui manque cruellement de moyens. « Je demande à tous les gouvernements de s'engager à conclure un accord universel et significatif sur le climat et de faire tout ce qu'ils peuvent pour limiter la hausse de la température mondiale à moins de 2 degrés Celsius. Nous ne sommes pas là pour parler, nous sommes là pour écrire l'Histoire », l'objectif fixé à Copenhague, a dit M. Ban.(2)

La responsabilité des grands pays

Le président Barack Obama, dont la marge de manoeuvre est toutefois limitée en raison d'un Congrès réticent, des dizaines de chefs d'Etat ou de gouvernement représentant plus de 120 pays, doivent s'exprimer à la barre de l'ONU. « Il y a des endroits dans le monde où on s'entre-tue pour de l'eau à cause de la sécheresse », accentuée par le réchauffement, a souligné John Kerry lors d'une conférence à New York. L'objectif des négociations est de limiter à deux degrés Celsius le réchauffement par rapport à l'ère pré-industrielle. Or, selon les scientifiques, si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent à leur niveau actuel, la planète gagnera quatre à cinq degrés à la fin du siècle. L'accord scellé à Paris entrerait en vigueur en 2020.
L'attention se tournera vers les grands pays émergents, en premier lieu la Chine et l'Inde. Parmi les principaux pollueurs avec les Etats-Unis, Pékin et New Delhi rechignent à réduire leurs émissions pour ne pas ralentir leur croissance et insistent pour que les nations industrialisées paient la majeure partie de la facture. Selon une étude publiée lundi dernier, supprimer d'ici à 2050 le charbon comme source d'énergie électrique contribuerait largement à limiter le réchauffement climatique.(3)

La déforestation : des proportions jamais atteintes

La déforestation n'est pas un phénomène récent, mais elle a pris récemment des proportions jamais atteintes. Les forêts qui occupent un tiers de la planète fonctionnent comme des puits de carbone, assimilant ce gaz qui, sans elles, partirait dans l'atmosphère. Leur disparition croissante joue un rôle dans le réchauffement climatique. La déforestation massive, c'est aussi une perte assurée en biodiversité. (4)

La déforestation de l'Amazonie brésilienne a augmenté de 29% entre 2012 et 2013, selon une estimation officielle publiée le 10 septembre 2014. Quelque 5 891 km2 de forêt ont disparu pendant cette période. Malgré tout, il s'agit d'une relative bonne nouvelle puisque c'est le second meilleur résultat enregistré depuis 1988, l'année où ont débuté ces mesures. De fait, le Brésil fait des efforts et est parvenu depuis 2004 à réduire de 74% le rythme annuel de la déforestation dans cette vaste région (4)

Au début du mois d'août dernier, Greenpeace a diffusé des photos démontrant une déforestation importante au cours des dernières années en Chine. Par le biais de photos satellite prises entre 2009 et 2013, on constate indéniablement que les forêts disparaissent à grands pas dans le pays. Parmi les régions les plus touchées, on peut citer le Zhejiang, le Hainan, ainsi que le Yunnan. C'est désormais l'Indonésie qui inquiète le plus. L'archipel, plus grand producteur mondial d'huile de palme, a abattu en 2012 près de deux fois plus de forêt vierge que le Brésil. PT Tebo Multi Agro, fournisseur d'Asia Pulp & Paper (APP), géant indonésien de la production de papier, est pointé du doigt. (4)

Le 26 février 2014, l'ONG Greenpeace a accusé la multinationale américaine Procter & Gamble de responsabilité dans la destruction de la forêt tropicale indonésienne et de l'habitat des orangs-outans et des tigres. Un orang-outan mourant de faim a été sauvé d'une forêt après la destruction de son habitat par des buldozers, en avril 2013. Les orangs-outans ont été découverts accrochés aux derniers arbres restants de leur forêt, rasée pour faire place à une plantation d'huile de palme Dans un rapport intitulé Permis de tuer rendu public le 22 octobre 2013, Greenpeace a indiqué que le géant singapourien des matières premières agricoles Wilmar s'approvisionnait en huile dans des terres défrichées illégalement et détruisait de ce fait, l'habitat des tigres de Sumatra. Il ne resterait que 400 tigres de Sumatra vivant à l'état sauvage.

La solution du recours au renouvelable ?

Un principe de base : à des degrés divers chaque pays essaye de lutter contre les changements climatiques. La Chine que l'on accuse d'être le plus gros pollueur - tout en sachant qu'un Chinois consomme 1,5 tonne de pétrole/an et un Américain 8 tonnes- fait des efforts importants pour aller vers les énergies renouvelables. Ainsi, le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) de l'année 2014, dédié aux énergies renouvelables prévoit une croissance de 50% de la production mondiale d'électricité issue des énergies renouvelables à moyen terme. Cette production devrait atteindre près de 26% de la production totale d'électricité d'ici à 2020 ; la capacité globale en énergie renouvelable passerait alors de 1 690 GW en 2013 à 2 555 GW en 2020. La Chine compte 40% de l'expansion globale des énergies renouvelables avec plus de 60% de la croissance dans les pays non membres de l'Ocde. L'environnement politique favorable combiné aux demandes croissantes d'énergie ont participé au déploiement à grande échelle du renouvelable en Chine.

La solution par les quotas de CO2

Depuis plusieurs mois, la Banque mondiale tente de prendre le leadership sur le climat et met en garde contre les ravages économiques que provoquerait une hausse du thermomètre mondial de 4°C au cours du siècle Plus de 1000 entreprises et 73 pays se sont déclarés favorables à un système permettant de faire payer la pollution au CO2 via une taxe carbone ou un système de quotas échangeables, indique la Banque mondiale (BM) lundi dernier. « En soutenant (la fixation d'un prix sur le carbone, les dirigeants à travers le monde et les entreprises s'unissent pour envoyer un message fort », a estimé le président de la BM, Jim Yong Kim. (5)

Cette coalition, qui pèse pour plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, compte notamment la Chine, l'Union européenne et la Russie, et regroupe de grands noms de l'industrie et des services (BP, Statoil, Pfizer, ArcelorMittal, Allianz...), selon le communiqué de la BM. Certaines réserves n'ont toutefois pas pu être surmontées. Les Etats-Unis -plus gros consommateurs de pétrole au monde- ne figurent ainsi pas sur cette liste dont sont également absentes de grandes entreprises pétrolières (Exxonmobil, ConocoPhillips, Chevron, Total...).(5)

M.Kim s'est félicité que certains Etats américains (Californie, Washington...) soient signataires et a assuré que le président américain était personnellement « très favorable » à la démarche. Des « propositions » plus précises seront formulées après la réunion de l'ONU. Pour l'heure, la Banque mondiale se contente d'évoquer plusieurs options, dont une taxe sur les émissions de CO2 ou un système de quotas échangeables dans lequel les entreprises achètent un droit à polluer. Un tel système est en vigueur dans l'Union européenne depuis 2005, mais il a connu de nombreux trous d'air liés à un effondrement du cours de la tonne de CO2 et à des escroqueries de grande ampleur (5)

Qu'en est-il en Algérie ?

Inutile de dire que l'évènement est passé inaperçu en Algérie. Ni manifestation dans les villes et villages, ni conférences ni même émission à la télé, ni débat. Mieux encore, le ministère de l'Agriculture impute la diminution de 30% de la récolte de blé aux changements climatiques. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas d'études de l'impact à court et moyen terne des changements climatiques sur l'économie. Ce qu'il y a de sûr, c'est que 30% de moins de blé c'est au moins 1 milliard de dollars à consacrer en plus aux importations de blé.

Selon les experts, l'Algérie est vulnérable aux changements : « L'Algérie, de par sa situation géographique et ses caractéristiques environnementales est fortement affectée par les changements et perturbations climatiques, comme la sécheresse, l'augmentation des températures, la désertification et les inondations », a indiqué, le directeur au Centre climatologique national, Djamel Boucherf, au forum du quotidien DK-News. Parmi les conséquences des changements climatiques sur l'Algérie, l'intervenant a donné comme exemple l'élévation des températures automnales à 33 degrés Celsius, rappelant que la moyenne est de 26 degrés Celsius en cette saison. Il a aussi cité les fortes pluies et les inondations hivernales ainsi que l'accentuation du phénomène de désertification, comme résultats du changement climatique. Le même spécialiste a insisté sur les dangers des phénomènes extrêmes sur les écosystèmes, la santé des êtres humains, les catastrophes naturelles et le développement économique, soulignant l'importance de trouver des solutions efficaces à ce phénomène. » (6)

Une lueur d'espoir ? L'économiste bien connu Nicholas Stern propose un plan pour engager une transition énergétique mondiale Pour lui, la lutte contre le changement climatique et la croissance économique peut aller de pair. Il faut taxer la pollution en faisant payer chaque tonne de CO2 relâchée dans l'atmosphère. Pour lui, les impacts de la transition énergétique ont jusqu'à présent été surestimés comme ont été minimisés les bénéfices (7)

Dix recommandations ont été faites, les plus importantes sont : intégrer l'impact dans toutes les décisions économiques, éliminer les subventions aux énergies fossiles, taxer les émissions de CO2, donner un avantage financier aux investissements bas carbone, multiplier par trois les dépenses en recherche et développement dans les énergies propres, construire des villes compactes, stopper la déforestation, restaurer 500 millions d'hectares de terres dégradées.
Ces mesures s'appliquent sans grand changement à ce que pourrait être en Algérie une transition énergétique respectueuse de l'environnement qui inscrit dans le marbre le développement durable qui passe, on l'aura compris par un changement de mentalité, un nouveau paradigme qui fait que chaque département ministériel se sent concerné par ce challenge.

A titre d'exemple, verra-t-on le ministère de l'Agriculture qui se plaint du climat, prendre la tête de la bataille de la lutte contre la désertification, il pourrait demander à mobiliser les 10 millions d'élèves et d'étudiants du système éducatif, voire les 15 autres millions de jeunes pour planter des arbres et réhabiliter le Barrage vert dont Boumediene visionnaire, avait posé les fondations. Cette utopie mobilisatrice permettra sans nul doute de donner de l'espoir aux Algériens qui ne demandent qu'à croire si un cap est visible.

Ces messages défaitistes ne font qu'accentuer l'urgence qu'il y a à stopper la destruction de la Planète. Il s'agit tout d'abord de cesser l'achat d'articles totalement inutiles qui inondent les marchés en mettant un terme à l'addiction de l'éphémère.. Nous devons devenir des acheteurs responsables. A force de vouloir plus, l'être humain a créé un monde superficiel qui ne mène nulle part sauf à détruire rapidement la planète qui n'en peut plus et qui nous le fait savoir à travers des épisodes climatiques erratiques et catastrophiques, notamment pour les pays vulnérables à travers le Jour du dépassement « l'Overshoot day » Pauvre de nous ! L'homme s'autodétruit. Le combat contre les changements climatiques est un combat douteux, car chacun demande à l'autre ce que lui refuse de faire.


1. http://www.goodplanet.info/debat/2014/09/23/manifestation-mondiale-climat-societe-civile/?utm

2. http://www.goodplanet.info/actualite/2014/09/23/climat-ban-appelle-le-monde-changer -de-cap/ ?utm_source=feedburner&utm _medium=email&utm_campaign=Feed

3.http://www.goodplanet.info/actualite/2014/09/23/climat-les-dirigeants-du-monde-entier-en-sommet-lonu/?utm_source=feedburner&utm

4. Emmanuelle Hirschauer http://tempsreel.nouvelobs.com/galeries-photos/photo/20140912.OBS9060/grand-format-les-poumons-de-la-planete-en-danger-en-12-images.html ?

5. http://www.goodplanet.info/actualite/2014/09/23/climat-73-pays-1-000-entreprises-veulent-faire-payer-la-pollution-au-c02/?utm_

6. Djamel Boucherf : Les changements climatiques Forum DK news 22 09 2014

7.Laure Caramel : La Lutte contre le réchauffement. Le Monde du 17 septembre 2014


Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz     


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2 réactions à cet article    


  • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 30 septembre 2014 01:03

    Du grand n’importe quoi ....


    • JC_Lavau JC_Lavau 9 février 2015 08:55

      Au delà de ce salmigondis de n’importe quoi, la souffrance de l’auteur sur la situation agricole de l’Algérie est à prendre au sérieux. Toutefois il ne s’interroge en rien sur les principales causes de cette ruine agricole. Et là, il y a du travail.
      http://omaraktouf.over-blog.com/article-omar-aktouf-professeur-de-management-a-l-ecole-des-hautes-etudes-commerciales-de-montreal-a-algerie-news-l-algerie-cumule-les-problemes-de-l-economie-mondiale-en-crise-54120411.html

      Paru en 2010, et que j’avais répercuté en 2012 :
      http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,1807.0.html

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