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Accueil du site > Tribune Libre > Petite introduction à l’imposture freudienne

Petite introduction à l’imposture freudienne

Il suffit d'écouter ou de lire les media mainstream pour se rendre compte que le niveau intellectuel des journalistes est très bas. Leur rhétorique esthétique suffit pourtant à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. L'acte de résistance authentique commence par la formation. Nous proposons ici une petite introduction aux fondamentaux du freudisme.

La psychanalyse freudienne a de nos jours envahit tous les domaines du savoir. Les concepts analytiques de censure, de complexe, de refoulement, etc sont devenus une grille de lecture du réel. L’analyse freudienne a atteint la dimension de dogme. Mais à quoi tient cette séduction du freudisme ? En quoi le freudisme s’oppose-t-il à l’anthropologie commune ? La nature humaine se définit-elle par l’inconscient ?

I. Aperçu du freudisme

Qu’est-ce que la psychanalyse ? Freud propose-t-il une analyse scientifique du sujet ? Sa pensée est-elle complètement nouvelle ?

Dans sa Lettre du 1er février 1900, Freud définit lui-même la psychanalyse :

1° une méthode d’investigation de processus mentaux,

2° une technique de traitement des désordres névrotiques qui suit cette méthode,

3° une théorisation de la vie psychologique : une définition de la nature humaine.

La méthode est l’association libre : le patient, couché sur un divan, dit à haute voix tout ce qui lui vient à l’esprit, même si c’est absurde, grossier, apparemment sans intérêt…

La thérapie qui suit est basée sur l’interprétation de ces dires par l’analyste.

La systématisation freudienne expliquera l’homme par l’inconscient.

A. La méthode d’investigation :

La règle des associations libres est le point de départ du freudisme. Le patient est invité à dire, sans volonté de discernement, tout ce qu’il pense… L’analyste doit alors interpréter ce que le sujet a refoulé par un processus inconscient de censure.

Ce qui suppose que le sujet est habité par une part d’inconscient, de non-lucidité. On doit donc distinguer le conscient de l’inconscient.

L’analyste opère donc la transformation des idées latentes en manifestations symptomatiques. Le signifié n’est que la manifestation déguisée d’un signifiant inconscient. Ce signifié n’est ainsi que l’émergence des désirs ultimes et inconscients du sujet. Cette traduction extérieure ne peut être que tronquée et trompeuse. La thérapie psychanalytique doit donc lever la censure.

B. L’interprétation :

Le patient résiste à exprimer ses troubles inconscients. Freud, par la suite, va mettre en place une analyse systématique basée sur le soupçon : toute opposition à sa pensée sera dénoncée comme conséquence de refoulement.

Le transfert sera de même le déplacement sur le médecin d’un désir éprouvé d’abord pour une autre personne, surtout des parents. Mais il désigne aussi la relation affective intense qui se noue dans une psychothérapie.

C. La théorisation ou systématisation :

Les malades ne sont pour Freud que les expressions exacerbées de toutes les personnes jugées « saines ». On verra ainsi Freud suspecter toutes les activités humaines en y voyant des signes de refoulement. Il explorera ainsi divers domaines : 1° la vie quotidienne, 2° les rêves, 3° la sexualité, 4° les activités psychiques supérieures.

1° La vie quotidienne :

Dans Psychopathologie de la vie quotidienne, Freud distingue trois types d’actes humains : acte symptomatique, acte perturbé, et acte inhibé.

Acte symptomatique : actions automatiques et inconscientes, tics, fredonner un air, jouer avec ses cheveux, etc. Freud affirme que ce sont là des manifestations extérieures de troubles intérieurs profonds qui échappent à la lucidité du sujet.

Ici, pas de refoulement, mais motivation inconsciente :

« Lorsque je m’imposais la tâche de ramener au jour ce que les hommes cachent, non par la contrainte de l’hypnose, mais par ce qu’ils disent et laissent voir, je croyais cette tâche plus difficile qu’elle ne l’était en réalité. Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre se convainc que les mortels ne peuvent cacher aucun secret. Celui dont les lèvres se taisent bavarde avec le bout des doigts ; il se trahit par tous les pores. C’est pourquoi la tâche de rendre conscientes les parties les plus cachées de l’âme est parfaitement réalisable ».

Freud, Dora, fragment d’une analyse d’hystérie.

Acte perturbé : refoulement incomplet : erreur de lecture, erreur d’audition, erreur de mémoire, lapsus, méprise, maladresse, etc. Ces actes révèlent l’idée freudienne de conflit psychique et de refoulement.

Acte inhibé : refoulement complet : oubli. Certains oublis seraient ainsi des inhibitions inconscientes. Chez les gens « normaux », l’oubli est seulement cognitif. Chez les gens malades, on rencontre des inhibitions motrices inconscientes : symptômes hystériques.

Hystérie = dysfonctionnement psychique manifeste

Topique 2 : ça, Moi, Surmoi

2° Les rêves 

La théorie des rêves est centrale en psychanalyse freudienne. Il considère L’interprétation des rêves (1899) comme son ouvrage majeur :

« L’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique ».

Le rêve est en effet pour lui un symptôme psychique : le sens authentique du rêve échappe à la conscience du sujet. Et ce sens est à chercher dans des désirs inconscients. Le processus d’élaboration des rêves suit des lois : condensation, déplacement, dramatisation, symbolisation, élaboration secondaire.

La thèse principale de Freud : l’essence du rêve est la satisfaction hallucinatoire d’un désir refoulé.

3° La sexualité :

La théorie de la sexualité est la partie du freudisme qui a connu le plus de retentissement. Freud propose une analyse des stades de la sexualité jusqu’à l’âge adulte. Pour Freud, la personnalité du sujet s’élabore autour de la libido en présence de trois instances contradictoires : le ça – ensemble des pulsions et des instincts qui poussent le sujet à satisfaire ses besoins primaires ; le surmoi – ensemble des habitudes acquises formatées par les normes de la culture dont les effets inconscients pressent le Moi pour contenir le ça. Le surmoi sera donc cette instance de censure qui force le moi à s’adapter à la réalité de la vie.

Freud affirme que le sujet ne éviter une régression au cours des l’évolution (psychogénèse) des stades qui engendrera une névrose (manifeste ou latente).

La maturation de l’enfant passe aussi par le fameux complexe d’Œdipe : association du désir sexuel pour le parent du sexe opposé et du désir de la mort du parent du même sexe.

Freud fait de ce complexe un processus universel qui s’applique à tout homme toujours et partout. On peut nommer le système freudien un pansexualisme.

a. La femme chez Freud :

Freud croit à l’infériorité naturelle de la femme : selon lui, sa moindre curiosité intellectuelle provient d’un refoulement sexuel plus intense. Obsédée par le complexe de castration, elle serait aussi naturellement masochiste…

Ce complexe de castration est également selon Freud universel. Il influence les rapports entre les hommes et les femmes.

b. La pulsion de mort :

Eros est lié à l’instinct de vie. Thanatos, son contraire, est son antagoniste : l’instinct de mort qui nous habite.

La pulsion d’agression est la manifestation extérieure de la pulsion de mort.

« La doctrine des pulsions est, pour ainsi dire, notre mythologie. Les pulsions sont des êtres mythiques, grandioses dans leur indétermination. Au cours, de notre travail, nous ne pouvons à aucun moment cesser d’en tenir compte et cependant nous ne sommes jamais certains de bien les saisir ». (GesammelteWerke, tome 15, p. 101).

4° Les activités psychiques supérieures :

La libido est à la racine de tous les comportements humains, mêmes les plus spirituels…

Ce que Freud nomme la sublimation est l’aptitude du sujet à substituer au but sexuel exclusif d’autre buts non-sexuels : religion, art, morale, culture ne sont que des buts sexuels déguisés pour Freud.

« Une grande partie de notre trésor de civilisation, si hautement prisé, s’est constitué au détriment de la sexualité et par l’effet d’une limitation des pulsions sexuelles » (Abrégé de Psychanalyse).

Il faut savoir que l’attitude agressive de Freud face à toutes les formes de croyances religieuses ira en s’accentuant.

Ce que l’on nommait depuis des siècles conscience morale n’est qu’un avatar du surmoi.

 

DISCUSSION :

1° Quel bouleversement Freud opère-t-il dans sa définition de la nature humaine ?

- L’être humain se définit par ses appétits pulsionnels exclusivement.

- La partie inconsciente est primordiale.

2° Quelles sont les conséquences concernant l’agir humain ?

- L’être humain perd sa liberté.

- Et L’être humain perd sa responsabilité.

« L’homme n’est plus maître dans sa propre maison » Freud

3° Freud était-il vraiment un scientifique objectif ?

4° La psychanalyse n’est-elle pas réductrice ?

5° La psychanalyse donne-t-elle des résultats probants ?

II. Freud scientifique ?

1° Freud reconnaît qu’on ne peut séparer son œuvre de lui-même…

« Je ne suis ni un véritable homme de science, ni un observateur, ni un penseur. Par tempérament, je ne suis qu’un conquistador… » (Lettre du 1er février 1900).

Son parcours intellectuel :

« La doctrine de Darwin, qui était alors d’actualité, exerçait sur moi un attrait puissant, parce qu’elle promettait une extraordinaire avancée dans la compréhension du monde, et je sais que c’est l’exposé du bel essai de Goethe La nature (….) qui décida de mon inscription en médecine… » (Selbstdarstellung, 1925).

Plus tard, il reconnaît ne pas avoir de dons naturels pour les analyses rationnelles (Lettre, citée par E. Jones dans La vie et l’œuvre de S. Freud, Tome 1, p. 43).

Mais Freud veut obtenir un poste à l’université de Vienne pour faire carrière. Deux chimistes allemands venaient de découvrir la cocaïne. Après l’avoir goûtée, Freud note qu’il s’agit d’une substance « magique »… Il en procure d’ailleurs à sa fiancée et à ses amis. Son article Uber Coca (1884) lui vaut une grande notoriété dans le monde médical : était-ce là le remède miracle ?

Cependant, la presse européenne dénonce les ravages d’intoxications graves et d’addictions. Freud contractera lui-même cette dépendance jusqu’à sa mort.

En 1885, il séjourne à Paris (Salpêtrière). Sa rencontre avec le célèbre neurologue Charcot sera décisive. Par la suite, Freud aimait se dire l’élève de Charcot. Pourtant, il ne le fréquenta pas plus de trois mois. C’est Charcot en effet qui initia Freud à l’hypnose comme moyen de traitement de l’hystérie. Certains (J. Van Rillaer, Les illusions de la psychanalyse, 1980) dénonceront « ces sables mouvants qui permettent quasi n’importe quelle construction théorique ».

La renommée se fait attendre et il mettra dix ans à systématiser sa nouvelle psychologie humaine. Il peine dans son travail : « C’est contre mon gré que je suis devenu thérapeute » (Lettre du 2 avril 1896 à W. Fliess).

Freud souffrait de neurasthénie. Ses troubles affectifs et relationnels vont aller en s’aggravant jusqu’à souffrir d’une forte dépression.

Par ailleurs, il se rend compte des limites de sa théorisation (Sigmund Freud présenté par lui-même, p. 57-58) mais continue néanmoins à utiliser la libre association d’idées mais à partir de son expérience intime et en généralisant à partir de celle-ci (Percival Bailey, Sigmund le tourmenté, 1976, p. 72).

Il reconnaît en même temps que s’appuyer sur les récits invérifiés et de toute façon invérifiables des malades pose problème, surtout quand il s’agit d’enfants. Il continua alors à fonder sa théorisation sur sa propre analyse. Il conclut que sa généralisation est « plausible » (S. Freud, Œuvres Complètes, t. 13, PUF, 1988, p. 274).

Cette auto-observation pose la question de l’objectivité. On sait qu’il usait de cocaïne de façon régulière. Certains (Gabriel Nahas, La pensée blanche du XXème siècle, 1992) parle plutôt d'un roman psychologique.

2° Une théorisation réductrice ?

Le problème de la psychanalyse à sa naissance est la fiabilité des cas présentés comme points de départ. Car Freud ne distingue pas clairement les faits et ses déductions interprétatives. Sa lecture de la nature humaine est exclusivement biologique et mécanique (Descartes).

Rudolf Allers a ainsi dénoncé trois sophismes freudiens :

a. Le sophisme de la résistance : l’arrêt des associations d’idées d’induit pas forcément un phénomène de résistance inconscient.

b. Le sophisme de l’interprétation : il manque la vérification expérimentale qui serait admise par tous. Au lieu de cela, il est question de schémas explicatifs invérifiables.

c. Le sophisme de la connexion causale : pour rendre compte du lien causal entre symbole et symbolisé, la psychanalyse introduit gratuitement la pensée déréistique ou expression psychique. Nous sommes là dans la pétition de principe. Il ne faut pas oublier que Freud détestait les discussions rationnelles.

Ces difficultés internes n’empêchent pas Freud d’affirmer la validité universelle de sa théorie. Toute pensée humaine n’est finalement pas objective : elle traduit des causes psychiques inconscientes comme : maladie, résistance homosexuelle, ambivalence obsessionnelle, inconscient pervers, moi paranoïaque, délire de grandeur, folie, régression, etc.

Sa lecture de l’humanité à travers le complexe d’Œdipe, dénoncée par Van Rillaer comme un concept chewing-gum sujet à discussion.

L’absence de critères réellement scientifiques manifeste que la psychanalyse repose surtout sur l’argument d’autorité de son auteur et l’opinion des disciples. D’où peut-être cet esprit de secte qui cultive le culte de la personnalité, le sentiment de supériorité vis-à-vis des non-initiés, l’utilisation d’un langage hermétique, dimension quasi-religieuse, etc.

3° Les résultats de la psychanalyse :

Les freudiens admettent qu’il ne sert plus à rien d’entamer une analyse après 40 ans. Le meilleur patient est le jeune à la personnalité riche et normal psychiquement (E. Zarifian, Les jardiniers de la folie, 1988). L’écoute compatissante peut en effet provoquée des changements spectaculaires : la déculpabilisation peut entraîner un mieux-être. Par ailleurs, relativiser les difficultés de la vie peut rassurer certains jeunes.

Mais comme la psychanalyse cache soigneusement ses échecs, il est difficile d’établir des statistiques. Ne peut-on pas dire qu’elle favorise les conflits familiaux et conjugaux en mettant en avant des a priori interprétatifs agressifs ? La plupart des premiers disciples de Freud présentent des parcours torturés : Tausk : suicidé ; Stekel : suicidé ; Otto Gros : suicidé ; Rauk : psychotique ; Ferenczi : psychotique ; W. Reich : délirant ; Frink : folie, etc.

Freud a toujours tenté d’expliquer les échecs de la thérapie par les résistances des patients et non des carences de méthode. Ces échecs sont tellement patents que la freudiens convaincus (J. Lacan) laissent tomber les aspects thérapeutiques pour se focaliser sur la définition de la nature humaine.

III. Historique des sources de la psychanalyse

1° L’inconscient avant Freud :

· Médecine primitive : Chez de nombreux peuples dits primitifs, l’idée que certaines maladies étaient l’effet d’une faute grave : d’où la pratique de la confession : affirmation de la vérité objective. La psychiatrie moderne entérine cette perspective en reconnaissant la dimension pathogène de la culpabilité et l’effet thérapeutique de la confession. Certains missionnaires jésuites ont ainsi remarqué que les rites initiatiques des tribus indiennes d’Amérique du Nord engendraient des guérisons psychiques naturelles.

· Extrême-Orient : En Asie, les prêtres guérisseurs proposaient des techniques d’entraînement mental. La plus connue est le yoga.

· Médecine gréco-latine : Pythagore, Platon, Aristote, les stoïciens et les épicuriens proposaient des disciplines de vie. Certains ont pu déceler des similitudes avec les auteurs modernes : le stoïcisme avec Adler et l’existentialisme, Platon et Jung, certains traits d’Epicure et Freud. Epicure a connu une très grande renommée dans l’Antiquité tardive. Les philosophes grecs ont eu des approches empiriques de certains mécanismes psychologiques et de leurs liens avec les troubles mentaux.

2° La confession : un facteur de connaissance de l’univers psychique

La pratique de la confession à un prêtre (un des sept sacrements), strictement tenu au secret, a non seulement un effet surnaturel mais aussi un retentissement psychologique naturel. La confession oblige ainsi à une introspection en développant la prise de conscience des conséquences de ses actes.

Les théologiens spécialisés en morale ont ainsi rédigé des traités de grande finesse psychologique, même en psychopathologie sexuelle. La Réforme protestante va combattre cette pratique en y substituant la cure d’âme qui ébauche les thérapies modernes.

La littérature va s’emparer de la psychologie humaine au XIX ème siècle. Les neurologues (Benedikt) vont aussi étudier les blessures humaines enfouies, les secrets pathogènes. Les premiers disciples de Freud sont à l’origine d’obédience protestante et verront volontiers dans la psychanalyse une cure d’âme modernisée et sécularisée.

3° Les moralistes français du XVIIème siècle :

a. Pascal (1623-1662)

« L’homme n’est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l’égard des autres. Il ne veut donc pas qu’on lui dise la vérité. Il évite de la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son cœur ».

Fragment tiré du manuscrit Périer.

Pascal est janséniste : mouvement protestant qui s’appuie sur la théologie augustinienne. La théologiemédiévale, dominée par la pensée augustinienne, laissait peu de place à la liberté humaine jusqu’aux travaux deThomas d'Aquin (1225-1274) qui va préciser que la grâce ne détruit pas la nature mais agit en suivant le mode de la nature. La Providence divine n’annule donc pas le libre-arbitre : elle invite l’homme à suivre sa nature profonde. Les scolastiques vont défigurer saint Thomas. En réaction, la place du libre-arbitre de l'homme sera réduite à néant au XVe siècle par les réformateurs protestants. Luther (1483-1546) et Calvin (1509-1564) partent tous les deux de saint Augustin (354-430) en radicalisant ses traités. Là où, pour Augustin, il ne s'agit que d'affirmer la toute-puissance de Dieu face à la liberté humaine exaltée par le pélagianisme, Martin Lutheret Calvin vont accentuer les blessures du Péché Originel en affirmant la destruction de la nature et donc en brouillant le mode d’action de la grâce. Le protestantisme propose une vision pessimiste de la nature humaine.

b. La Rochefoucauld (1613-1680)

« Il est aussi facile de se tromper soi-même sans s‘en apercevoir qu’il est difficile de tromper les autres sans qu’ils s’en aperçoivent ».

Œuvres Complètes, II.

La Rochefoucauld se fera le champion de la dénonciation inlassable de toutes les apparences de vertu. Ses Maximes préparent la fin du héros cornélien. Les mouvements de l’âme humaine ne sont que des manifestations d’amour-propre. Nietzsche en sera le continuateur.

La finesse des analyses psychologiques des Montaigne (1533-1592), La Bruyère (1645-1696), La Fontaine (1621-1695), etc, préparent d’une certaine manière les explorations futures.

4° La science du XVIIIème et l’inconscient :

L’analyse psychiatrique, avec ses premières mesures quantifiées, chiffrées, prend son essor avec Bernheim (1840-1919) et Charcot (1825-1893). Leurs études doivent beaucoup aux précédentes expérimentations des hypnotiseurs et des magnétiseurs.

Cette psychiatrie scientifique au sens moderne (cartésien) prépare le terrain de la nouvelle psychanalyse : l’hypnotisme (qui peut être relié à l’activité médiumnique, à l’écriture automatique, à la cristallomancie : cf surréalisme) et le dualisme du sujet (conscient/inconscient).

De nombreux auteurs s’inscriront dans cette ornière psychanalytique : Alphonse Daudet et son fils Léon, Zola, Maupassant, Bourget, Huysmans, Pirandello, Proust, Balzac, Flaubert et Dumas.

5° L’ambiance intellectuelle au XIXème :

a. L’esprit des Lumières

Le mouvement philosophique des Lumières (marqué par le positivisme) va influencer la médecine. On veut affirmer la suprématie de la raison quantifiante. Les maladies mentales sont définies comme des troubles de la raison ou des démesures passionnelles : d’où cette hypertrophie de la volonté dans l’éducation.

Kant (1724-1804) écrira ainsi un ouvrage intitulé : Sur la Puissance qu'a l'esprit de se rendre mettre de ses sentiments maladifs par sa seule volonté (1798).

Mais cette prétention rationnelle se mêlait facilement de spéculations irrationnelles que l’on retrouvera en psychiatrie.

b. Le romantisme 

En réaction aux Lumières va naître en Allemagne le romantisme européen. Ce romantisme va orienter tous les domaines de la culture humaine. Les romantiques vont s’intéresser aux manifestations de cet inconscient que le docteur Freud vient de découvrir. Ils vont ainsi explorer le domaine des rêves, analyser la notion de génie, étudier les maladies mentales.

· Schelling (1775-1854) :

Il va vouloir refonder une philosophie de la nature fondée sur l’unité entre l’homme et la nature. Il développera ainsi l’idée d’une métamorphose à partir d’un phénomène primordial, comme Goethe.

La bisexualité de l’être humain, repris d’un mythe platonicien (Banquet), va nourrir les réflexions romantiques. L’inconscient sera également le lien fondamental entre l’homme et la vie cosmique. Les principales théories psychanalytiques se retrouveront chez les Romantiques.

· Schubert (1780-1860)

Il développe une vision poétique de la nature et on peut trouver chez lui des parallèles frappants avec la psychanalyse : la nature triple de l’homme, le narcissisme, l’instinct de mort, les symboles universels, etc.

· Schopenhauer (1788-1860)

La volonté s’identifie à l’inconscient. L’homme est donc un être irrationnel. Quarante ans avant Freud, il définit l’homme comme un animal guidé par sa seule pulsion sexuelle. Avec Freud, il partage un pessimisme anthropologique radical. Schopenhauer deviendra le maître à penser de Wagner et de Nietzsche.

c. Le positivisme du XIX ème siècle :

Les idées romantiques vont peu à peu s’effacer et laisser triompher le positivisme des Lumières. La nouvelle raison est mesurante : elle développe une technique qui permet à l’homme d’instaurer un paradis sur terre. Les romans de Jules Verne expriment cet optimisme conquérant. Freud lira Darwin avec enthousiasme et partagera avec l’anglais une vision biologique de la vie humaine.

Le pendant du positivisme est le nominalisme (Occam[1]) : les inclinations dites naturelles ne sont plus volontaires et donc plus libres : on assiste à la césure entre le naturel finalisé et la naturel spontané. Le corporel sera ainsi assimilé au sexuel et ensuite le sexuel en lui-même au péché : ce qu’il n’est pas en théologie catholique normalement constituée. Luther (1483-1546) affirmera que la sexualité est peccamineuse et destituera logiquement le mariage humain. La relation conjugale devient ainsi un « péché permis »… A partir de ces positions, le puritanisme de type protestant exerça une telle pression idéologique et sociale qu’il contribua en Europe à faciliter des refoulements affectifs et sexuels déséquilibrants[2].

d. Le cas Nietzsche (1844-1900)

Nietzsche s’inscrit dans un courant de pensée qui souhaite renverser les valeurs reçues : « rien n’est vrai, tout est permis ».

Comme Freud, il réduit l’homme à un ensemble de pulsions animales dont les plus importantes sont les pulsions de mort et d’agressivité. La volonté de puissance est finalement ce qui définit l’homme. « Les bonnes actions ne sont que des mauvaises actons sublimées » (Humains, trop humains).

Nietzsche vit en pleine ère victorienne. Lui-même reçoit une éducation calviniste. Subissant le système moralisant et pudibond, il en est venu à exalter le libertinage jusqu’à l’impudence.

Le terme de ça (das Es) vient de Nietzsche. Freud d’ailleurs voyait en lui un philosophe dont les intuitions rejoignent ses théories.

IV. Freud et la religion :

Dans L’Avenir d’une illusion, Freud expose son analyse du fait religieux.

Freud a grandi dans l’ambiance légaliste de la religion juive. Il ne venait pas d’un milieu juif pratiquant mais on respectait dans sa famille certaines traditions : on célébrait la Pâque, mais sans signification spirituelle. On voulait surtout que les enfants s’assimilent et réussissent dans la société.

Pour ses 35 ans, le père de Freud, Jakob Freud, offre une Bible pour son fils mais elle commence par la page 423 ! Il s’agit plus probablement d’un geste intentionnel. Pour quelle raison ? On ne peut ici qu’avancer des hypothèses. Les pages par lesquelles commence cette Bible singulière relatent l’histoire du roi David et de Bethsabée : une histoire d’adultère et de meurtre, celle d’un couple coupable dont naîtra plus tard un fils, Salomon – Schlomo en hébreu. Or, Schlomo est le prénom juif de Sigmund, et c’est celui-là que Jakob emploie dans sa dédicace. Par ailleurs, certains indices laissent à penser que Jakob Freud a abandonné une deuxième femme pour épouser Amalia Nathansohn, la future mère de Sigmund. Selon certains, Jakob Freud, avec cette Bible, a volontairement laissé une piste à son fils pour qu’il explore sa propre genèse. Piste que celui-ci, tout psychanalyste qu’il était, n’a pas suivie.

Il définit la religion comme ce qui vient aider l’homme dans sa détresse devant la puissance destructrice de la nature, comme ce qui lui permet de gouverner ses passions les plus basses, l’inceste ou le meurtre. Il considère cette croyance, comme Auguste Comte avant lui, comme un état infantile de l’humanité, qui s’est inventé un Dieu-père bienveillant pour s’occuper d’elle. Croyance contre laquelle doit se battre les sciences exactes pour que l’humanité grandisse.

A son disciple Carl Jung (qui ne suivra pas Freud dans le pansexualisme), il écrit en 1910 : « la raison dernière du besoin de religion m’a frappé comme étant l’impuissance de l’enfant (…) il ne peut se représenter le monde sans parents et il s’octroie un Dieu juste et une nature bonne ».

Freud reprend les attaques des Lumières, surtout de Feuerbach. La nouvelle science quantitative, celle de Descartes et de Galilée, remplacera les illusions religieuses, que la vérité scientifique va libérer l’Humanité. La psychanalyse emprunte cette direction positiviste et le psychanalyse sera le nouveau « ministre des âmes », le nouveau prêtre, le nouveau « pasteur d’âme séculier ».

Au départ, c’est une technique. Au fur et à mesure, cela devient une philosophie qui « repose sur la conception scientifique générale du monde, avec laquelle la conception religieuse reste incompatible ». Freud considère donc la foi contraire à la raison, conception qui n’est pas catholique mais protestante.

Freud voit grand et espère beaucoup en son dogme : « C’est notre meilleur espoir pour l’avenir que l’intellect, l’esprit scientifique, la raison, parvienne avec le temps à la dictature dans la vie psychique de l’homme ». (Nouvelles Conférences d’Introduction à la Psychanalyse, 35 ème Conférence).

A. La religion comme négation du corps

« Formation religieuse et névrose de contrainte ont toutes deux pour base le renoncement à certaines motions pulsionnelles. La première invite à sacrifier son plaisir à la Divinité, la seconde au Surmoi, héritier de l’autorité paternelle ».

B. L’invention de Dieu

L’homme se sait vulnérable et se créée un père protecteur… Le croyant est donc encore un enfant.

« L’impuissance des hommes demeurent, et avec elle, le désir d’un père, ainsi que des dieux. Les dieux conservent leur triple tâches : exorciser les effrois de la nature, réconcilier avec la cruauté du destin (la mort) et dédommager des souffrances et privations qui se sont imposées à l’homme par la vie civilisée en commun ».

Et donc les religions sont des illusions : « accomplissements des souhaits les plus anciens, les plus forts et les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force, c’est la force de ces souhaits ». Le croyant relève donc pour Freud de la psychiatrie.

C. Vers une éducation sans foi religieuse

« Accordez-moi (...) que cela vaut la peine de faire la tentative d’une éducation irréligieuse. Si elle s’avère insatisfaisante, je suis prêt à abandonner la réforme et à revenir au jugement antérieur purement descriptif : l’homme est un être à l’intelligence faible, qui est dominé par ses souhaits pulsionnels ».

Conclusion : Un critique de Freud, A. Gehlen :

« Freud nourrissait à la religion monothéiste patriarcale de forts sentiments de haine, ce qui naturellement rend sa polémique partiale et violente ». (Anthropologie et Psychologie Sociale).

CONCLUSION GENRALE :

La majorité des concepts freudiens ne sont pas de lui mais engendra une synthèse scientifique et littéraire immense. Certains ont pu dire qu’il avait laïcisé le Talmud (David Bacan : Freud et la tradition mystique juive, 1964). Il se placerait alors dans la lignée d’un Spinoza et d’un Kafka. Ne peut-on pas en effet discerner dans ses théories des affinités avec la tradition kabbalistique ?

L’inconscient chez Freud :

Freud décompose l’appareil psychique humain comme on démonterait une machine du complexe au simple, selon la méthode cartésienne qui nie les liens nécessaires.

Freud suppose donc trois parties : ça, moi, surmoi.

ça : ensemble des pulsions somatiques. En réaction à son environnement, une fraction du ça devient le moi. Son souci est sa satisfaction narcissique.

moi : organisation du cerveau qui sert d’intermédiaire entre les exigences impérieuses du ça et la réalité du monde extérieur. Arbitre entre le principe de plaisir et le principe de réalité. Son souci est la sécurité.

surmoi : prolongement de l’influence parentale. Effet du complexe d’Œdipe, il représente les exigences éthiques. Ce monde extérieur est purement subjectif.

Comme le ça et le surmoi sont inévitablement en conflit, des refoulements générateurs d’angoisse s’installent. Le moi n’est plus que la façade du ça.

Le ça inconscient motive toutes les actions du moi conscient : l’individu n’est plus l’auteur de ses actes. A l’intérieur de l’homme une bataille continuelle oppose des instances qui se disputent la suprématie. Les aventures de l’enfance sont ici déterminantes. L’homme est donc l’esclave des déterminismes de son animalité et de son histoire personnelle.

La conscience morale est chez Freud la continuation de l’autorité parentale. Nous sommes ici en présence d’une philosophie relativiste, matérialiste et hédoniste. La liberté humaine est détruite. La responsabilité humaine ne peut plus s’exercer. Mais ne doit-on pas dire que la conscience morale implique en amont la conscience psychologique se situant par rapport à une fin ? La conscience morale en effet suppose la connaissance d’un bien objectif : c’est le propre d’un être rationnel. La conscience psychologique me donne l’état de mon âme, la conscience morale me dit l’honnêteté de mes actes.

Questions :

L’inconscient est-il la réalité suprême de la personne ? L’inconscient n’est-il pas chez Freud chosifié dans des réalités fusionnées ? L’inconscient n’est-il que l’ensemble des pulsions instinctives, exclusivement sexuelles ? Le moi conscient n’est-il que cette barque fragile sur l’océan de la vie inconsciente ?

Les actes qui sont manifestes à la conscience sont ceux qui relèvent de la vie sensitive ou rationnelle. La conscience elle-même est un acte et non pas une puissance : elle est ce regard de l’âme sur le monde extérieur, sur son corps, sur elle-même.

La conscience saisit bien l’âme humaine à travers ses actes mais seulement son existence : nous ne saisissons pas directement notre essence.

Autrement dit, l’essence de mon être spirituel particulier relève bien du domaine de l’inconscient : ce n’est pas conscient en nous. Freud utilise le terme comme substantif, alors que son application est très vaste.

En nous, il existe bien un mode intérieur non conscient. Mais il semble bien qu’on puisse distinguer ce qui échappe à notre lucidité par nature et par accident.

Par accident : ce serait le subconscient : marche, timbre de voix, accent linguistique, style personnel, etc. Nous ne sommes pas en effet en perpétuelle introspection.

Par nature : nos habitus spéculatifs et pratiques, mais aussi une partie de notre vie intérieure : nos sens communs, dont l’imagination qui ne peut rien se représenter sans connaissance sensible antérieure.

Pour Freud, nos oublis sont des mécanismes de censure qui permettent de refouler dans l’inconscient nos désirs interdits par la vie sociale. Mais l’oubli n’est-il pas plutôt le résultat des limites naturelles de nos capacités mentales ? Cependant, on peut en effet volontairement, dans une certaine mesure, oublier les motifs immoraux de certains de nos actes.

La pyramide humaine nous rappelle que si les désirs du corps l’inclinent vers la vie, la vie affective vers ce qui est agréable, l’intelligence l’incline vers la vérité objective et la volonté vers un bien objectif. La hiérarchie des opérations humaines est un ordre vers les opérations spirituelles.

La vie humaine connaît des tensions et des conflits intérieurs, des blessures psychologiques plus ou moins profondes : ces points de départ constituent-ils une fatalité ?

L’exploitation du réductionnisme freudien a conforté une idéologie hédoniste qui prit d’abord naissance aux Etats-Unis pour ensuite déferler sur l’Europe dans les années 60 prônant la sexualité polygame et infidèle comme fin en soi. La révolution sexuelle qui a suivi n’est-elle toujours pas assurée par une propagande massive de conditionnements audiovisuels issue des décisionnaires soixante-huitards ?

 

 

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE :

 

Ernest JONES : La vie et l’œuvre de Freud, réédition 2006. Dénoncé récemment par Michel Onfray (Le Crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne, 2010) comme le principal hagiographe de Freud.

Alexandre DE WILLEBOIS : La société sans père, 1985 (épuisé). Neurologue, l’auteur manifeste les lacunes de la société actuelle qui résultent de l’affaiblissement de la figure du père.

Tony ANATRELLA : Non à la société dépressive (1997). Adolescence au fil des jours (2002). La différence interdite : sexualité, éducation, violence (1998). La liberté détruite (2001). Le règne de Narcisse, 2005, etc. L’auteur, spécialisé en psychiatrie sociale, est à l'origine de divers concepts sur l'adolescence (l'adulescence, les bébés couples, la société adolescentrique, etc.). Praticien, Il propose une lecture réaliste de certaines intuitions freudiennes.

Jamis RAUDA : Ce qui me gêne avec les psys. (2003). Biographie : l’auteur propose une galerie de portraits de psychanalystes. La première praticienne, surnommée Drop-psy lui offre « un abonnement souscrit par le vague à l’âme, renouvelable par tacite reconduction »… Elle décrit ainsi un congrès de psychanalystes : « J’avais l’impression d’être entourée d’un chorum de mélancoliques. J’ai vu là des étrangetés. Deux psychanalystes qui bégayaient dont l’un n’arrêtait pas de faire des citations de Freud (…) Statistiquement, cela faisait beaucoup de bizarreries au mètre carré. Les rares jeux de mots chuchotés, déclenchaient des rires extrêmement polis, et l’autosatisfaction me semble de règle… Que d’éloges, que de cirages de pompes les uns et les autres ne se faisaient-ils pas entre eux. Le mot « éminent » faisait fureur… ».

Michel SCHNEIDER : Big Mother. Psychopathologie de la vie politique. Editions Odile Jacob, 2005. Le psychanalyste Michel Schneider recherche les causes de la décomposition du vivre ensemble. Il analyse ainsi le règne de la régression généralisée : primauté de l’image, recul de la paternité, règne de Narcisse, infantilisation, etc. Il illustre son propos d’exemples tirés de la vie politique française. Il voit ainsi, dans les régressions psychologiques contemporaines les sources du trouble de la pensée et de la peine de vivre.

 

 

 

 



[1]Guillaume d’Occam (1285-1347) a développé une conception arbitraire de la liberté. Voulant rétablir plus de révérence envers Dieu, Guillaume d’Occam, franciscain, insiste sur la Toute-Puissance et la liberté souveraine de Dieu. Sa problématique est donc théologique au départ. Les commandements que Dieu révèle impliquent pour nous une obligation de les suivre, non parce qu’ils sont bons pour nous, mais parce que c’est Dieu qui les ordonne. Occam place donc la source du bien non dans le contenu du commandement, dans sa signification réelle (qui édicte ce qui est bon pour le bonheur de l’homme) mais dans la seule autorité qui le proclame : c’est ainsi que se développe une pensée philosophico-théologique de l’agir humain en terme de commandements, d’interdiction et de permission. C’est sur ces bases que se développeront les morales de la conscience au XVIIème siècle : morales autoritaires et rigoristes qui ne proposent plus de raisons mais qui cherchent à s’imposer par l’argument d’autorité.

 

[2]La théologie du corps de Jean-Paul II a voulu corriger ces démesures au départ étrangères au catholicisme. Cf : Yves Semen, La sexualité selon Jean-Paul II.

 


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61 réactions à cet article    


  • Diogène diogène 9 octobre 2014 10:53

    C’est ça !

    Faisons un retour de deux siècles (minimum) et revenons-en au petit jésus !

    Et pourquoi pas le créationnisme (intelligent design), pendant qu’on y est ?

    • Julien30 Julien30 9 octobre 2014 11:25

      Si ce qu’il y a avait avant été meilleur pourquoi ne pas essayer de s’en rapprocher ? 

      Vu les dégâts causés par Les lumières et ses produits dérivés, freudisme, marxisme et société libertaire entre autres, oui revenir à Jésus et aux valeurs de la Tradition,ce serait le simple bon sens. Quant au créationnisme, la théorie de l’évolution étant de plus en plus battu en brèche (elle l’était déjà par Darwin lui-même dès l’origine signalant que l’on avait aucun exemple d’espèce s’étant transformée en une autre) étant de plus en plus difficile de trouver deux évolutionnistes d’accords l’un avec l’autre, ce n’est pas un « mauvais pari ». 

    • trevize trevize 9 octobre 2014 11:59

      « la théorie de l’évolution étant de plus en plus battu en brèche »
      Je comprends soudainement pourquoi on a du mal à discuter. Soit dit en passant, même si nous n’avons pas encore tout compris, la théorie de l’évolution est loin d’être battue, au contraire, on accumule des preuves et des explications tous les jours, notamment en matière de génétique.
      En fait si on jette l’évolution, il faut jeter la génétique avec. Le jour où vous aurez un cancer, pour rester dans votre droite ligne de croyant, il faudrait donc que vous rejetiez tous les traitements et analyses qui touchent de près ou de loin à la génétique... autant dire qu’il ne reste plus que l’aspirine.

      « revenir à Jésus et aux valeurs de la Tradition,ce serait le simple bon sens. »
      faites-vous une raison : vous ne voulez pas de psychanalyse, d’évolution ni de mariage gay, comprenez que de nombreuses personnes ne veulent pas non plus d’un retour au moyen-âge religieux. Il va falloir qu’on trouve un terrain d’entente.

      A part ça, je vous recommande la lecture des ouvrages de C.G. Jung, qui tout en étant dans la modernité, fustigeait le déficit spirituel dans nos sociétés, et ne crachait pas sur Jésus.


    • Julien30 Julien30 9 octobre 2014 12:41

      « Soit dit en passant, même si nous n’avons pas encore tout compris, la théorie de l’évolution est loin d’être battue, au contraire, on accumule des preuves et des explications tous les jours, notamment en matière de génétique. »


      Tous les jours, ? A ce point-là ?
      Tout dépend des sources, beaucoup de scientifiques encore une fois la remettent en cause (http://www.dissentfromdarwin.org/about.php avec un lien vers une pétition de 700 scientifiques), il faut en tenir compte, après, ni moi, ni vous a priori, n’avons les connaissances pour trancher. Même si il me semble, en tant que profane qui a un peu étudié la question, qu’il y a toujours beaucoup de trous voir d’invraisemblances dans les travaux de Darwin qui en font au mieux une théorie bancale et contestée mais que beaucoup prennent pour argent comptant.
       

      « En fait si on jette l’évolution, il faut jeter la génétique avec.  »

      Je ne vois pas bien en quoi.


      Pour Jung je connais très peu, je compte le lire un jour mais j’ai trop de livres sur le feu pour le moment.

    • foufouille foufouille 9 octobre 2014 13:51

      tu as pas un lien en français ?
       smiley


    • trevize trevize 9 octobre 2014 14:04

      Je ne sais trop quoi dire, à part que science et religion sont les deux versants du savoir, qu’elles tentent chacune de marquer leur territoire pour ne pas se faire envahir, tout en tentant d’envahir ou de phagocyter l’autre.
      De ce point de vue, le créationnisme est une sorte de cheval de Troie que la religion offre à la science. Ce n’est pas ce que j’appelle une tentative de conciliation. C’est pourtant ça qu’il nous faudrait.

      « il y a toujours beaucoup de trous voir d’invraisemblances dans les travaux de Darwin qui en font au mieux une théorie bancale » Certes, mais ça ne signifie pas que tout est à jeter non plus. Entre dire que cette théorie est bancale et incomplète et affirmer que la terre a 6000 ans et que les dinosaures vivaient autrefois pacifiquement avec les hommes, il y a tout un monde.


    • non667 9 octobre 2014 14:23

      à trévize

       En fait si on jette l’évolution, il faut jeter la génétique

       donc la vie serait l’« évolution » de l’inerte ?
      donc les génomes qui la programment seraient le fruit de «  générations spontanées » comme sont obligé de le dire les « savants » a un moment ou un autre de leurs de leur théorie « évolutionniste » ?

      a quoi ça sert que pasteur se soit décarcassé ?  

      monod au lieu de «  générations spontanées » avait utilisé « nécessité »  !!!!!

      évolutionisme = escroquerie intellectuelle = lyssenkisme 


    • Gollum Gollum 9 octobre 2014 14:27

      Entre dire que cette théorie est bancale et incomplète et affirmer que la terre a 6000 ans et que les dinosaures vivaient autrefois pacifiquement avec les hommes, il y a tout un monde.


      Bien d’accord avec ça. Je n’ai jamais été darwinien mais je ne suis pour autant pas prêt d’accorder du crédit à une terre vieille de 6000 ans. Et entre les deux peut s’insérer des nuances. Voir Jean Staune, évolutionniste non darwinien.

    • trevize trevize 9 octobre 2014 15:08

      @non667

      Tous les mots en -isme me débectent. Créationnisme, évolutionnisme, darwinisme...
      « donc la vie serait l’« évolution » de l’inerte ? » On n’en sait rien.

      Le problème avec cette guerre religion vs science, c’est que les deux tentent de s’annihiler alors qu’ils sont reliés l’un à l’autre et qu’ils se définissent mutuellement (du moins c’était prévu comme ça à l’origine).

      Les religieux ne supportent pas l’idée d’évolution, alors qu’elle est visible partout autour de nous. Avant Leonard de Vinci, on croyait même que la Terre avait été créée telle quelle et qu’elle n’avait jamais bougé ! maintenant, on sait que les canyons et gorges sont dues à l’érosion, que les continents se sont rassemblés et dispersés plusieurs fois à la surface de la Terre, que les bassins calcaires sont des accumulations d’animaux morts, et que certaines montagnes étaient auparavant le fond de la mer.

      Avant, on croyait que c’était l’action divine qui transformait le jus de raisin en vin et qui faisait lever le pain. On croyait que les épidémies étaient soit causées par satan, soit une punition divine (faudrait savoir, allez faire la différence, vous !) Maintenant, on sait que tout ça est causé par des micro-organismes. Le bien et le mal se mélangent, ça floute la vision qu’on avait du monde et ça ne plaît pas trop.
      A chaque fois que la science trouve un bout de réponse, ça soulève d’autres questions. Autrement dit, à chaque fois que la science essaie de tuer dieu, il renaît de ses cendres, c’est sans fin. ça ne veut pas dire que la science se trompe et que la religion a tout compris depuis le début, ça veut dire que les deux ont raison et se trompent en même temps, et qu’il est temps que les gens apprennent à vivre avec les paradoxes et l’incertitude.

      Tout ça n’est qu’un dialogue de sourds issus d’un malentendu, et ça dure depuis vraiment trop longtemps. Il en est de même pour cette stupide opposition gauche/droite capitaliste/communiste public/privé. L’individu n’a pas à être soumis au collectif, le collectif n’a pas à être soumis à l’individu, les deux se définissent mutuellement : la société d’aujourd’hui crée les individus de demain et les individus d’aujourd’hui créent la société de demain.
      L’oeuf et la poule n’existent pas, tout ce qui compte c’est le processus créateur qui fait que la poule pond des oeufs et que les oeufs deviennent des poules.
      Mais si on ne regarde que la moitié du problème on n’y comprend rien.


    • Julien30 Julien30 9 octobre 2014 15:17

      « tu as pas un lien en français ? »


      Foufouille, non pas sous la main mais ça doit se trouver, pour les livres en français tu as L’erreur de Darwin de Hans-Joachim Zillmer ou Evolution une théorie en crise de Michael Denton ou il est bien expliqué comment le darwinisme est arrivé pour donner des munitions, contre le christianisme entre autre, au matérialisme issu des Lumières. Et bien sûr pour en fournir également aux théories racistes et eugénistes.
      Il y a bien d’autres titres sur le sujet, à creuser.

    • Julien30 Julien30 9 octobre 2014 15:23

      « Je n’ai jamais été darwinien mais je ne suis pour autant pas prêt d’accorder du crédit à une terre vieille de 6000 ans. Et entre les deux peut s’insérer des nuances. Voir Jean Staune, évolutionniste non darwinien. »


      Des tissus mous et encore élastiques découverts sur des os de Tyrannosaure soit disant vieux de 70 millions d’années, faudra m’expliquer...

      Par ailleurs, Alexandre le Grand ou Hérodote, parmi d’autres, ont décrit des rencontres avec des animaux ressemblant fortement à des dinosaures.

    • foufouille foufouille 9 octobre 2014 16:41


      il est possible que la datation des dinosaures ne soit pas super exacte car daté par des faits « historiques ». mais je ne croit plus à ce genre de délire depuis longtemps. quelques dinosaures auraient pu survivre, aussi


    • trevize trevize 9 octobre 2014 16:48

      Bien sûr que les dinosaures ont survécu ! ils sont devenus des oiseaux.
      Quelques fois, j’essaie d’imaginer à l’époque, les discussion entre ceux qui essayaient de voler, et les autres :
      « ce que tu fais est contre nature » « ça sert à rien t’y arriveras jamais » etc etc
      L’histoire se répète.


    • Gollum Gollum 9 octobre 2014 17:17

      Des tissus mous et encore élastiques découverts sur des os de Tyrannosaure soit disant vieux de 70 millions d’années, faudra m’expliquer...


      Et alors ? On a retrouvé des cadavres de plusieurs siècles qui avaient l’air d’avoir été inhumés la veille... J’vois franchement pas où est le problème. D’autant que votre dinosaure a 6000 ans d’après vous... Ce qui fait déjà un bon bout de temps..

      De toute façon on ne peut pas discuter avec un créationniste, suffit de voir les arguments puérils de Tassot.. c’est à la limite du délire. Non, c’est du délire. smiley

    • Julien30 Julien30 9 octobre 2014 17:58


      Pourquoi faire des généralités sur les créationnistes, c’est vous pour le coup qui faites preuve d’a priori et de fermeture au dialogue avec ce genre de discours, je suis tout à fait ouvert à la discussion ainsi que bien d ’autres.


    • Julien30 Julien30 9 octobre 2014 17:59
      Et entre quelques siècles et 70 millions d’années vous ne voyez pas de problème ? 

    • Daniel Roux Daniel Roux 9 octobre 2014 11:26

      L’article est trop long. C’est dommage, car il est intéressant mais ne sera pas lu, ou rapidement, ou à moitié.

      Je l’ai lu entièrement car le sujet m’intéresse. Le sujet n’est pas Freud mais la critique de Freud, homme de la première moitié du 20ème siècle par un érudit du début du 21ème.

      Quoi qu’il ait pu penser, dire ou écrire, cela date et ne peut être analysé que par rapport aux mœurs, pensées, sciences, croyances, symboles de cette période de l’histoire en Europe de l’Ouest. Période dont le moins que l’on puisse dire, est qu’elle était traumatisante pour les personnes, les communautés, la civilisation occidentale et pour le monde en général.

      Freud n’est pas un prophète, ni un religieux, ni un homme de sciences exactes, c’est un médecin, un praticien qui s’est spécialisé dans les maladies psychiques. Son génie a été d’effectuer une synthèse des connaissances de son temps et de concevoir une théorie psychique.

      Que Freud soit dépassé est tout à fait normal un siècle après. Ce qui est intéressant, c’est la persistance de la fascination qu’exerçait Freud sur les élites de son époque.

      Combien de fois faudra t-il tuer le père pour se libérer de lui ?


      • Christian Labrune Christian Labrune 9 octobre 2014 11:26

        Saorek
        Bravo ! Vous avez bien raison d’enfoncer le clou. Tout a déjà été dit sur la psychanalyse : bien avant la guerre, Karl Popper avait fait apparaître que cette théorie infalsifiable était édifiée sur le sable mouvant des apories. Wittgenstein, Politzer, l’ont sévèrement critiquée. Husserl, dans une oeuvre immense, n’aura jamais daigné y faire la moindre allusion (du moins, à ma connaissance). Ricoeur en avait très bien montré les contradictions et les absurdités dans sa « Philosophie de la volonté ». Enfin, depuis « Les illusions de la psychanalyse » de Van Rillaer, le bouquin de Borch-Jakobsen et Shamdasani, celui de Bénesteau, et pas mal d’autres ouvrages qui rendaient la critique accessible à un plus large public, on aurait pu espérer que les journalistes dont vous parlez auraient fini par comprendre.
        Mais il suffit d’écouter les émissions de philosophie « pour les nuls » le matin sur France culture, pour constater que même parmi ceux qui se prétendent « philosophes », le travail critique n’a toujours pas été réalisé. On prend au sérieux la « pensée » de Freud et on lui assigne à peu près le même statut qu’on accorderait à celles d’un Descartes ou d’un Kant. L’inconscient existe, et il est nécessairement freudien, articulé à un processus de refoulement générateur de toutes les névroses. C’est le credo de tous les simples d’esprit.
        Aborder la théorie freudienne d’un point de vue rigoureusement philosophique, ce serait d’abord étudier la question d’un déterminisme psychique auquel Freud croyait « dur comme » fer, mais qui était malheureusement hérité d’une physique laplacienne des plus simplistes. Il est probablement regrettable que cette question difficile soit toujours esquivée. On montrera que Freud a menti, que sa démarche n’était pas très honnête, mais ce n’est pas cela qui prouve la fausseté d’une théorie : on peut être un méchant homme et parfaitement compétent dans un certain domaine : Werner von Braun avait été un parfait nazi, mais cela ne l’empêchait pas de savoir construire des fusées.
        Il faudra bien encore dix ou quinze ans pour qu’une vieille religion qui ne survit plus guère désormais qu’en France et en Amérique du Sud disparaisse complètement. Je suis extrêmement hostile à toute forme d’euthanasie, mais quand il s’agit d’une théorie aussi fumeuse et criminelle que celle qui nous occupe, il faut à tout prix abréger sa trop longue agonie.

         


        • trevize trevize 9 octobre 2014 11:49

          Hmmm on dirait un appel au djihad

          Comme le dit Daniel Roux plus haut, il faut prendre du recul, replacer le bonhomme et son oeuvre dans leur époque.
          Il s’est un peu aveuglé (voir oedipe), certes mais il ne reste qu’un humain.
          Et la psychanalyse et Freud sont deux entités distinctes.
          Les limites de la psychanalyse freudienne ont été dénoncées très tôt par... son ancien disciple Jung. On ne peut pas juger la psychanalyse si on n’a pas étudié au moins ces deux pensées.

          Que la tradition psychanalytique se soit développée comme un culte, entre savants qui se cirent les pompes entre eux, c’est un fait, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

          « théorie infalsifiable » c’est pour ça qu’il n’a pas appelé ça psychanalysologie. On touche là à l’indicible, on est au carrefour du matériel et du spirituel, et on ne peut pas disséquer un esprit pour l’étudier physiquement au microscope, tout comme on ne peut pas cloner un esprit de multiples fois pour faire des expériences dessus... On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.

          Il n’en reste pas moins qu’au-delà de ses échecs, cette technique a fait ses preuves à l’époque en remettant tant bien que mal d’aplomb certaines personnes, qu’on ne savait alors traiter qu’à la camisole et qui étaient condamnées à passer leur vie à l’asile (ce qui était déjà un peu mieux que les siècles passés, où c’était le bûcher pour sorcellerie). Une des premières patientes que Jung ait traitée avec cette méthode est arrivée à l’hôpital avec des hallucinations, elle est repartie avec un doctorat en psychiatrie.


        • Christian Labrune Christian Labrune 9 octobre 2014 15:11

          @trevize
          Si on replace la psychanalyse dans son époque, on est à peu près obligé, comme le fait Rillaer, dans sont bouquin sur les illusions de la psychanalyse, de considérer qu’elle est au XXe siècle ce qu’avait été la phrénologie de Lavater et Gall dans le siècle précédent. On voit encore dans les musées des têtes phrénologiques avec les « bosses » entourées par des pointillés, mais des phrénologues, il n’y en a plus. Balzac croyait à ces sornettes mais Madame Bovary offre à son charlatan de mari, pour son anniversaire, une de ces têtes. C’est dire que Flaubert, déjà, en rigolait, et dès le milieu du siècle.
          Freud avait parlé d’abord de « psychoanalyse ». On lui avait fait remarquer que cette forme de dérivation était incorrecte et il a fini par corriger. Le mot psychanalyse existait déjà, tout comme la notion d’inconscient, et il n’en est même pas l’inventeur.

          "cette technique a fait ses preuves à l’époque en remettant tant bien que mal d’aplomb certaines personnes, qu’on ne savait alors traiter qu’à la camisole et qui étaient condamnées à passer leur vie à l’asile"

          C’est tout à fait faux : la plupart des patients de Freud ont vu leurs symptômes s’aggraver. L’homme aux loups a été psychanalysé toute sa vie et, de son propre aveu, après soixante ans de cure, il était toujours aussi névrosé. Il a vécu de subsides que les instances psychanalytiques internationales lui accordaient.
          Par ailleurs, beaucoup de névrosés se sont pris un jour de passion pour la pêche à la ligne, la collection des timbres, sont tombés amoureux ou se sont convertis à une religion. Leur état s’en est tout de suite trouvé amélioré. La pêche à la ligne n’est cependant pas une thérapie. C’est un dérivatif, tout comme la psychanalyse, et rien d’autre.


        • trevize trevize 9 octobre 2014 16:06

          Ecoutez, c’est votre point de vue, je ne sais trop quoi dire.
          Je ne dis pas qu’il faut prendre sa théorie comme parole d’évangile, je trouve juste qu’il a soulevé un fameux lièvre.
          Pour ma part, je n’ai pris chez lui que ce que j’avais besoin pour comprendre Jung, qui met beaucoup d’eau dans la coupe de vin de Freud.
          Quand on ne comprend pas un truc, on a toujours tendance à jeter le bébé avec l’eau du bain.
          Que la pratique psychanalytique soit décadente c’est un fait, de là à dire que tous ces écrits n’ont aucune valeur...
          Je ne cherche pas à vous convaincre de quoi que ce soit, je ne peux pas vous demander de me croire sur parole, je ne peux que donner mon avis et mon expérience personnelle ; je n’ai pas suivi de psychanalyse, mais lire et comprendre les travaux de Jung m’a apporté énormément au niveau personnel.


        • Christian Labrune Christian Labrune 9 octobre 2014 22:35

          "je trouve juste qu’il a soulevé un fameux lièvre. Pour ma part, je n’ai pris chez lui que ce que j’avais besoin pour comprendre Jung, qui met beaucoup d’eau dans la coupe de vin de Freud.« 

          @trevise
          Freud n’a soulevé aucun lièvre : l’importance accordée à la sexualité, la notion d’inconscient, tout cela était très à la mode à l’époque des premiers travaux de Freud et y voir quelque chose comme une nouvelle révolution copernicienne, ce serait ignorer à peu près tout de ce qu’était l’état de la recherche et des idées à la fin du XIXe siècle. Simplement, ses confrères avançaient avec prudence, en s’efforçant à une certaine scientificité (je pense aux travaux de Janet). Freud, lui, n’a pas les mêmes scrupules et se comporte très tôt comme le gourou d’une secte, et ça marche.

          Dans l’ordre du charlatanisme, Jung est tout à fait égal à l’autre. Freud sera resté, et jusqu’entre les deux guerres, un scientiste tout à fait naïf inspiré par des conceptions scientifiques du XIXe siècle devenues obsolètes après les avancées de la physique relativiste et quantique. Jung, lui, est une espèce de rêveur occultiste et si terriblement fumeux que ses théories ont pu immédiatement exercer une grande séduction sur la »science« psychologique des nazis que l’institut Göring entendait promouvoir. Je ne dis évidemment pas que Jung était nazi, mais le fait que les nazis aient fait tant d’efforts pour le récupérer et qu’il y ait, du moins au début, quelque peu consenti me paraît être un signe des plus préoccupants.
          Cela me fait penser à ces philosophes que Nietzsche continue à fasciner (je me demande bien pourquoi) et qui tiennent absolument à poser que sa pensée aurait été aux antipodes de l’hitlérisme. Il reste que lorsque je le relis, ce qui m’arrive de plus en plus rarement, et même dans les textes qui n’ont pas été trafiqués après sa mort, j’y trouve une violence conceptuelle et un radicalisme qui me dégoûtent de plus en plus. La philosophie »au marteau", très peu pour moi !


        • alinea alinea 9 octobre 2014 22:47

          Roudinesco, du haut de sa posture, déclare Jung nazi, ou quasi.
          Le fait est que « ce genre de gens », ne parle pas « au même niveau » ! Son monde, n’est pas fumeux vue la complexité de ce qu’il exprime, et il fait souvent référence aux symboles et plonge dans toutes les connaissances ante Lumières, car ce qu’il perçoit avec son esprit génial, ne peut tout simplement pas se dire autrement. Alors que les nazis veuillent en récupérer un bout, prouve seulement que les nazis aussi pouvaient imaginer un accès à ce monde ! Il n’y a pas de raison d’ailleurs qu’ils y soient hermétiques !!
          Jung n’est pas politique, pas comme Reich ; Reich a délibérément apporter la politique dans la psychanalyse, et ça n’a pas plu à tout le monde, on voit comme il a fini !!


        • trevize trevize 10 octobre 2014 21:09

          @ Christian Labrune

          J’arrive un peu tard, dommage. Je suis consterné par ce que vous avez écrit. Je ne prend pas le temps de détailler point par point, mais pour faire simple, vous n’avez absolument rien compris aux travaux de Freud, et encore moins à ceux de Jung si c’est possible, et vous ne faites que colporter les racontars et les lieux communs habituels qu’on entend sur eux.


        • Ruut Ruut 9 octobre 2014 12:25

          Un névrosé qui prétend soigner les névrosés.
          Merci pour ce texte.


          • cevennevive cevennevive 9 octobre 2014 16:22

            Bravo Ruut ! Merci.


            Quand je pense que la plupart des agissements des humains depuis l’avènement de ce sinistre individu sont analysés selon ses théories... 

            Une sorte de religion. Toute aussi nocive que les autres.

            Bien à vous.

            NB : ce syndrome de « castration » me fait beaucoup rire. Et vous ?


          • Ruut Ruut 10 octobre 2014 07:35

            Il est ridicule, il ne peut expliquer les vagues émotionnelles féminines parfaitement normales.
            Les hormones ont plus d’influence sur notre comportement que notre psyché.

            Après chacun les gères comme il le peut.


          • Francis, agnotologue JL 9 octobre 2014 12:30

            Il faudrait lire attentivement cet article pour en donner un avis personnel. Je n’ai fait que survoler.

            Je pense que l’auteur se fait ici juge et partie. Plus exactement, il se propose d’enseigner le freudisme en même temps qu’en faire la critique.

            Je déplore ce mélange des genres.

            Je commenterai sur sa conclusion :

            ’’L’exploitation du réductionnisme freudien a conforté une idéologie hédoniste qui prit d’abord naissance aux États-Unis pour ensuite déferler sur l’Europe dans les années 60 prônant la sexualité polygame et infidèle comme fin en soi. La révolution sexuelle qui a suivi n’est-elle toujours pas assurée par une propagande massive de conditionnements audiovisuels issue des décisionnaires soixante-huitards ?’’

            Tout d’abord je réfute le terme réductionnisme freudien : le réductionnisme ici, c’est celui auquel l’auteur a réduit le freudisme.

            Freud n’a à ma connaissance, jamais conforté une idéologie hédoniste : il a été dit tant de choses sur Freud et la psychanalyse, qu’il est très difficile de dire d’où provient cette idéologie.

            Pour ma part, je dirai ceci : beaucoup d’individus parlant haut et fort ou ayant rencontré de mauvais psys, soit sont des devenus détracteurs de la psychanalyse, soit ont cru y trouver la justification de comportements condamnables, tout comme leurs ancêtres avec la casuistique.


            • trevize trevize 9 octobre 2014 12:50

              Jung a pas mal utilisé le terme « réductionnisme » pour qualifier les théories de Freud.
              Freud détricote les rêves pour n’en garder que le squelette, qu’il interprète toujours selon sa théorie de la sexualité. Tout « l’habillage » du rêve, les symboles, ne sont pour lui qu’un déguisement pour que le rêve franchisse la barrière de l’inconscient. C’est en cela tout d’abord que Jung le qualifie de réductionniste. Jung ne contestait pas que cette approche ait son utilité, mais il considérait au contraire qu’on pouvait aussi trouver beaucoup de sens dans « l’habillage ».
              D’autre part, Jung considérait qu’un patient correctement traité par l’analyse Freudienne se trouvait vidé de la substance qui fait son humanité.
              La cure freudienne détricote l’inconscient de l’analysé, révèle dénoue et réduit ses complexes, rétablit le cours « normal » de la libido, mais il n’offre rien pour « tricoter » quelque chose de nouveau, laissant les patients confrontés au vide de leur existence. C’est notamment pour ça que la cure Freudienne est inefficace après 40 ans ; passé un certain âge, d’abord l’esprit est trop rigide, donc réticent à se regarder lui-même, de plus détricoter pour montrer au patient les erreurs qu’il a commises dans sa vie, sans qu’il n’ait le temps de s’en remettre et de construire quelque chose de neuf est une aberration. Jung a guéri de nombreux patients âgés de 40 ou 50 ans, car il n’avait pas besoin de tout détruire pour rétablir un cours normal dans la vie psychique.

              Il est fort dommage que le débat sur cette pratique soit quasi-exclusivement tourné vers Freud.


            • Francis, agnotologue JL 9 octobre 2014 13:11

              ’’Il est fort dommage que le débat sur cette pratique soit quasi-exclusivement tourné vers Freud’’

              Je suis d’accord. Je pense que les attaques contre Freud sont motivées par la volonté de jeter le bébé avec l’eau du bain.

              En effet, beaucoup d’acteurs-comédiens notamment, mais aussi des artites peintres ou autre, ceux précisément qui ont sublimé leurs libido, évitent soigneusement la psychanalyse. Et ils ont bien raison. Mais il ne faut pas en faire une loi : perdre sa névrose est un sort autrement plus enviable que perdre son talent.

              Je ne suis pas d’accord que la cure freudienne n’offre rien pour ’’tricoter’’ quelque chose, bien au contraire. Laisser les patients confrontés au vide de leur existence ? Non : ça c’est ce qu’on appelle une psychanalyse ratée.

              Je crois que le principal reproche qu’on puisse faire à la psychanalyse tient à ses trop nombreux échecs : mais je ne crois pas que la théorie soit en cause ; c’est plutôt une (mauvaise) affaire entre les praticiens et leurs patients ; surtout pour les patients

               smiley.


            • trevize trevize 9 octobre 2014 15:14

              Je n’ai fait que rapporter le point de vue de Jung (je n’ai pas ses propos exacts en tête).

              Je pense que les artistes à la créativité débordante n’ont tout simplement pas besoin de psychanalyse, puisqu’ils sont déjà heureux.

              « c’est plutôt une (mauvaise) affaire entre les praticiens et leurs patients ; surtout pour les patients »

              Une petite citation de Jung :

              La psychanalyse s’arrête quand le patient est ruiné. smiley


            • bakerstreet bakerstreet 9 octobre 2014 21:38

              Assez d’accord avec JL

              On ne sait pas où trop l’auteur veut en venir, entre fascination et critique. 
              Freud n’est pas dieu, et ne l’a pas prétendu. 
              Pour ou contre ça n’a pas de sens. 
              Freud n’était pas l’avant centre de l’équipe d’autriche

              Comme Marx, il a analysé les processus, mis de la graisse dans les roulements, affirmé la mécanique des fluides.
               Pas de l’exploitation historique, mais de l’inconscient. 

              Longtemps il a cherché le détroit de Béring, le fameux passage du nord ouest, où l’âme, en débouchant sur le pacifique, voisinerait avec l’envol des dieux, se délestant du surmoi, comme des sacs de sable jetés du haut d’une Montgolfier.

              Las, l’affreux Adolph l’attendait avec sa canonnière, planqué derrière un iceberg !
              Le « ça », infect, le caca, comme un cancer qui lui a bouffé la mâchoire, et l’a laissé muet. 

              Ca fait rien, Freud, on t’aime quand même, même si tu exonère un peu trop les pères incestueux, même si tu ne livres qu’un moitié du mythe d’œdipe, celle qui t’arrange. 

              Au fond, pourquoi pas, c’est l’art du roman et du mensonge, qui vous fait perdre la tête et vous jette dans les bras de Morphée, Eurydice...
              Oh, les dieux grecs, les héros flambeurs, et les vénus callipyges qu’il n’aurait pas fallu abandonner. 

              Saint Freud !
              Rien à voir avec ce salaud Heidegger, et ces carnets infâmes, qui dévoilent que ce soi disant grand esprit n’était construit que sur des sables mouvants et putrides assez, 
              isn’t it ?


            • Passante Passante 9 octobre 2014 12:58

              quand on veut résumer avant de faire la critique, il faut bien prendre garde à être d’une grande précision, or dès les 20 premières lignes y’a déjà au moins 5 ou 6 erreurs, et grossières.

              mauvaise foi ? peu importe, après on ne suit plus, c’est fini, c’est mort dans l’oeuf, la lecture s’arrête là quoi, les bases de l’édifice et de l’argumentation étant viciées ; or si l’on a besoin de caricaturer freud avant même de chercher à lui répondre, c’est joué.

              • Francis, agnotologue JL 9 octobre 2014 13:11

                J’ai failli faire le même commentaire.


              • Taverne Taverne 9 octobre 2014 14:15

                A l’auteur.

                Les medias, ça ne pense pas. C’est même l’anti-pensée. Par conséquent, je comprends votre remarque : « Il suffit d’écouter ou de lire les media pour se rendre compte que le niveau intellectuel des journalistes est très bas. »

                Vous dites « Mais à quoi tient cette séduction du freudisme ? ». Peut-être à l’idée qu’enfin une technique permet de comprendre l’esprit de l’extérieur, chose à laquelle Descartes avait renoncé définitivement.

                Pour Freud la psychanalyse est la troisième grande révolution intervenant dans la conception de l’homme après la découverte de l’héliocentrisme et le darwinisme. Selon vous, il serait à l’origine d’un freudocentrisme ?

                Je pense que l’on peut critiquer sans s’énerver l’inventeur de la psychanalyse et dresser, en quelque sorte, un héritage sous bénéfice d’inventaire. Il a découvert des notions intéressantes et utiles. Mais il pêche par la généralisation abusive. Par exemple, tous les enfants souhaitent la mort de leur parent, tous les garçons désirent leur mère sexuellement, etc. Je ne peux pas le suivre sur ces points-là. Freud reste néanmoins incontournable.


                • trevize trevize 9 octobre 2014 15:15

                  On ne peut pas dire qu’on connaît la psychanalyse si on s’en borne à Freud. Ce n’est pas parce que ce dernier a inventé le mot psychanalyse qu’il en est le seul inventeur.


                • Gollum Gollum 9 octobre 2014 14:20

                  Bon j’ai pas tout lu… j’ai parcouru en diagonale. Assez content qu’on s’attaque à Freud, étant comme trévize du côté de Jung ;


                  J’ai tiqué là-dessus : Ne peut-on pas en effet discerner dans ses théories des affinités avec la tradition kabbalistique ?

                  Franchement non ! Freud en bon rationaliste aurait rejeté la Kabbale, alors qu’à l’inverse un Jung aurait sauté dessus… Non mais sérieusement vous voyez Freud attribuer des significations mystiques aux lettres hébraïques et pratiquer la Guématrie ?..

                  Par contre je suis assez d’accord avec la conclusion finale : L’exploitation du réductionnisme freudien a conforté une idéologie hédoniste qui prit d’abord naissance aux Etats-Unis pour ensuite déferler sur l’Europe dans les années 60 prônant la sexualité polygame et infidèle comme fin en soi. La révolution sexuelle qui a suivi n’est-elle toujours pas assurée par une propagande massive de conditionnements audiovisuels issue des décisionnaires soixante-huitards ?

                  Le freudisme s’accorde aussi particulièrement bien avec l’esprit du capitalisme américain consistant à s’appuyer sur l’inconscient afin de le manipuler par la publicité, les médias, afin de vendre toujours plus et d’exacerber les désirs insatisfaits..

                  Pas un hasard si Freud a fini ses jours là-bas.

                  Autant Freud est un produit du matérialisme et du rationalisme des Lumières, autant Jung fut l’antidote salvateur, naturellement boycotté, cela va de soi…

                  Je rajoute aussi que le génie de Jung est infiniment plus haut que celui de Freud. Mais notre époque préfère les nains.




                  • alinea alinea 9 octobre 2014 21:58

                    Mais non ! c’est en Angleterre que Freud s’est terré :
                    .Jung est particulièrement génial et a l’esprit synthétique, une curiosité sans borne ; Freud est un analytique qui voit tout par le petit bout de la lorgnette, parfaitement illisible !! Freud veut maîtriser, Jung, ouvre !! enfin y’ a pas photo comme on dit !!


                  • Gollum Gollum 11 octobre 2014 10:12

                    c’est en Angleterre que Freud s’est terré 


                    Oui exact au temps pour moi.. Au fait merci de votre soutien Alinéa.. Quand je pense que le clown se plaint ailleurs d’être moinssé systématiquement alors qu’il fait pareil pour moi et me suit à la trace… smiley

                  • alinea alinea 11 octobre 2014 16:11

                    pas de quoi !!  smiley 


                  • trevize trevize 9 octobre 2014 15:29
                    "Autant Freud est un produit du matérialisme et du rationalisme des Lumières, autant Jung fut l’antidote salvateur, naturellement boycotté, cela va de soi…

                    Je rajoute aussi que le génie de Jung est infiniment plus haut que celui de Freud. Mais notre époque préfère les nains."

                    Si je pouvais mettre +1000 sur votre commentaire, je le ferais !


                    • Francis, agnotologue JL 9 octobre 2014 15:54

                      Jung boycotté ?

                      Par qui, donc ?

                      Jung serait plutôt du genre à êtes encensé par les encensoirs, là où Freud fait figure de démon !

                       smiley


                    • Francis, agnotologue JL 9 octobre 2014 15:54

                      Jung boycotté ?

                      Par qui, donc ?

                      Jung serait plutôt du genre à être encensé par les encensoirs, là où Freud fait figure de démon !

                       smiley


                    • trevize trevize 9 octobre 2014 16:04

                      Arg arrêtez c’est précisément ça le problème.
                      Jung c’est le type qui se met au milieu du champ de bataille, il lève le pouce et le drapeau blanc et il essaie de réconcilier les belligérants (spiritualité contre matérialisme scientifique)

                      Résultat :
                      -les scientifiques lui reprochent de vouloir faire rentrer dieu dans la science par la petite porte
                      -les religieux (en tous cas les chrétiens, il a peu écrit sur le judaïsme et l’islam) lui reprochent de réduire leur foi à un simple humanisme.

                      Crucifié par les deux côtés, parce qu’aucun des deux ne souhaite la paix, ils veulent juste que ce soit leur camp qui remporte la guerre ; alors que le fond de la pensée de Jung c’est justement qu’aucun des deux ne peut gagner !


                    • Gollum Gollum 9 octobre 2014 17:22

                      Jung boycotté ?

                      Par qui, donc ?


                      Vous rigolez ou quoi ? Souvenez-vous de votre terminale. Psychanalyse : Freud uniquement. Jung vaguement cité juste à propos de l’inconscient collectif et en laissant croire que cela était en prolongement de Freud et que Jung ne remettait pas en cause Freud..


                      Aucun mot sur la théorie de Jung en dehors de l’inconscient collectif...


                      La situation changea quelque peu au début des années 80 quand Albin Michel se décida à publia nombre d’ouvrages de Jung, notamment les plus subversifs...


                      Bon je vais pas pouvoir rester je reviendrai demain.


                    • Francis, agnotologue JL 9 octobre 2014 19:06

                      ’’Souvenez-vous de votre terminale. Psychanalyse : Freud uniquement’’

                      Hé non, de mon temps on ne parlait ni de Freud, ni de Jung au lycée.

                      Et heureusement, j’ai pu aborder l’étude de Freud sans idées préconçues.


                    • alinea alinea 9 octobre 2014 21:59

                      Et Reich !! ce fou, si génial qu’il a tout dit !!!


                    • alinea alinea 9 octobre 2014 23:08

                      C’est curieux gnostic que vous ne sachiez apprendre de ceux qui ont à vous apprendre, et que vous les jugiez prétentieux !
                      Le sage ne s’encombre pas de politesse, et le fou doit en tirer nourriture ! C’est ça les échanges gnostic : vous avez été vexé sur votre article, cela ne peut que vous aider à grandir !! on n’est blessé, vous le savez bien puisque c’est de la sagesse populaire, que là où l’on a besoin de creuser !!


                    • Neymare Neymare 9 octobre 2014 16:11

                      « Je rajoute aussi que le génie de Jung est infiniment plus haut que celui de Freud. Mais notre époque préfère les nains. »
                      Tout a fait d’accord. Jung est allé lui meme dans son propre subconscient (par la force des choses), ce que n’a vraisemblablement pas fait Freud
                      Qu’il y ait des névrosés dont les troubles sont basés sur leur développement sexuel, c’est évident, mais généraliser ça a l’espèce humaine c’est abusé. La plupart des humains n’ont aucun probleme avec la sexualité, mais bien plutot avec leur façon de se définir par rapport aux autres humains et surtout aux normes imposées par la société
                      C’est bien souvent le décalage entre ce que l’on est réellement et la norme imposée qui pose probleme. Qu’il base toute sa théorie sur la sexualité marque une absence de profondeur dans son analyse : la sexualité, et en particulier l’énergie sexuelle n’est sexuelle que par destination. Vous pouvez très bien détourner cette énergie (qui est la plus puissante du corps humain) à d’autres fins, et en faire une énergie psychique/mystique. Comme c’est le cas dans certains aspects du yoga tantrique ou cette énergie est détournée pour activer la kundalini. Voir dans cette énergie, qui est l’énergie de base de l’univers physique (je ne parle pas d’énergie comme le pétrole, mais d’une énergie d’un plan plus subtil), une cause sexuelle de troubles psychologiques est une erreur. Elle peut causer des troubles, certes, mais pas forcément d’origine sexuelle.
                      Enfin, quand il y en a qui parlent de revenir a Jésus, je suis tout a fait d’accord, mais au vrai, pas a celui fantasmé par les catho : celui qui mettait du cannabis dans l’huile sainte, qui buvait du vin, faisait des gueuletons avec ses potes, qui ne méprisait pas les prostitués, ou les pauvres et se tapait Marie Madeleine. Il était surtout caractérisé par sa tolérance, contrairement a ses fanatiques.


                      • trevize trevize 9 octobre 2014 16:39

                        Voilà, c’est ça, Freud s’est égaré, il a fait d’un cas particulier (sexualité), un cas général !
                        Freud voit la libido comme énergie fondamentalement sexuelle, qui se déguise ensuite, se camoufle pour prendre d’autres teintes. D’après lui, toute nos activités sont du sexe déguisé (sauf la sexualité, qui ne se déguise pas bien sûr)

                        Jung dit que l’énergie primaire n’est pas sexuelle, mais autre. Par défaut, le vivant envoie tout le surplus d’énergie vers des voies qui lui donnent une teinte sexuelle, mais nous pouvons la faire refluer, la renvoyer vers son origine, d’où elle reviendra en nous donnant une chance de la détourner pour lui donner une autre teinte avant qu’elle ne redevienne sexuelle.

                        On dirait une nuance, et c’en est une, mais elle est fondamentale.

                        « je ne parle pas d’énergie comme le pétrole, mais d’une énergie d’un plan plus subtil » Le pétrole n’est pas de l’énergie, c’est bien de la matière, mais il contient, il concentre de l’énergie. Pour ma part, énergie psychique et matérielle sont une seule et même énergie ; ce que Jung savait pertinemment, mais qu’il s’est bien défendu de dire car il savait comment on l’accueillerait.

                        Tout ça n’est qu’une vaste farce. Parfois je me demande si l’embrouille entre Freud et Jung n’était pas qu’une mise en scène...


                      • Neymare Neymare 9 octobre 2014 16:50

                         smiley
                        « Pour ma part, énergie psychique et matérielle sont une seule et même énergie »

                        Oui, probable. Mais essayez donc de faire marcher votre voiture a l’énergie sexuelle !!
                        Tout l’univers physique est cette énergie, peut etre un jour arriveront nous a la domestiquer (c’est probable, mais sans doute pas avant d’avoir atteint une certaine sagesse)


                      • alinea alinea 9 octobre 2014 22:30

                        La libido, pour Jung, était l’énergie vitale ; ça nous emmène plus loin tout de même ;Jung a sérieusement élargi le concept d’inconscient !!
                        mais, peut-être, sans Freud, pas de Jung !! Celui-ci est parti sur des données qu’il n’avait qu’ à élargir ! Donc il n’y a pas de mise en concurrence, juste chacun à sa place.
                        J’ai remarqué que selon qu’elle type d’intelligence ( ou d’esprit) que l’on a, on est jungien, ou freudien !! Freud est plus sécurisant, qui boucle tout ! mais le lecteur, ou l’étudiant, a plus de place chez Jung, pour devenir lui-même, c’est quand même plus fort ; du reste je ne crois pas que l’on puisse dire que Jung a fait « école » comme Freud ou Lacan ! À ce propos, je vous conseille le Lacan de Roustang !! Un délice !


                      • Ariane54 Ariane54 9 octobre 2014 16:16

                        « article un peu long... »
                        Je partage totalement votre avis, surtout pur parler de ce sujet.
                        « La psychanalyse est cette maladie mentale qui se prend pour sa propre thérapie »
                        Citation de : Karl Kraus


                        • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2014 15:32

                          « Mais ses origines juives ne sont sans doute pas étrangères à sa volonté de détruire la raison humaine. »

                          Saorek

                          Il ne manquait plus ici que l’antisémitisme ! Pendant que vous y êtes, vous allez sûrement nous expliquer que Roudinesco est un agent du Mossad et que le fric prélevé par les charlatans freudiens ou lacaniens va directement grossir le budget de Tsahal.
                          Sur AgoraVox comme à Sainte-Anne, hélas, on doit désormais s’attendre à tout et à n’importe quoi.


                          • Gollum Gollum 10 octobre 2014 15:54

                            Là dessus je suis d’accord avec vous. Je comprends mieux la remarque imbécile sur la Kabbale…


                            On retrouve ici chez un prétendu enseignant en philosophie les clichés et amalgames habituels d’une certaine clique que je nommerai pas mais que l’on aura reconnu...

                          • Gollum Gollum 10 octobre 2014 16:14

                            La transposition kabbalistique est une hypothèse invérifiable. 


                            Je me permets d’ajouter ceci suite à cette remarque qui montre une méconnaissance totale du sujet. C’est au contraire parfaitement vérifiable puisque la Kabbale est une mystique, qu’elle n’est pas athée et que Freud était allergique à la mystique et totalement athée et rationaliste. On ne voit vraiment pas comment des univers aussi différents pourraient communiquer..

                            J’avais été titillé par cette remarque sur la Kabbale et dans mon subconscient je m’étais dit « ça ressemble à ce qu’on trouve chez certains milieux d’ultra-droite fortement antisémite » mais bon j’ai laissé courir…

                            La remarque finale, fortement nauséabonde, montre que mon intuition fut bonne.

                            D’autre part si c’est invérifiable pourquoi en parler ? Un peu de sérieux serait le bienvenu de la part d’un philosophe.. 

                          • SAOREK SAOREK 10 octobre 2014 20:36

                            Bonsoir,


                            Dans la littérature juive, à ce qu’il me semble, hormis peut-être dans le cas de Maïmonide (voir ce qu’en pense Israël Shahak dans son livre : Histoire Juive. Religion Juive) qui tente une synthèse entre la révélation vétéro-testamentaire et Aristote (et que Thomas d’Aquin cite dans ses travaux), vous ne trouverez pas une tradition de développement sur les processus de la pensée abstraite qui vise l’universel : « Dans le Talmud, comme dans la plupart des domaines de la pensée juive à son origine, il y a refus délibéré d’une pensée abstraite fondée sur des concepts abstraits ». Adin Steinsaltz : Introduction au Talmud (Albin Michel, 2002). C’est d’ailleurs pourquoi la pensée juive est une alliée de poids pour la pensée libérale-libertaire. .Dans le cadre d’un article, vous pensez bien qu’on ne peut donner toutes les nuances de sa pensée. Ne dégainez pas trop vite l’arsenal classique « antisémitique » : je n’ai bien entendu rien contre les juifs du quotidien qui essaient de vivre ici-bas comme tout le monde. Le but de ce site n’est pas d’empêcher les changes et la réflexion avec des formules paralysantes. Je vous demande de vérifier tout ce que je dis sur la pensée de l’universel dans la monde juif. Si vous croyez me faire peur avec vos phrases venimeuses, vous vous méprenez. On ne peut se faire une idée de quelqu’un à travers ces quelques phrases proposées sur un site internet. 

                            La « question sémite » est une question linguistique du XIXème siècle qui opposait les langues sémitiques aux langues orientales. Selon l’étymologie, le terme vient du grec anti, contre, opposé et de Sem, l’un des fils de Noé dans la Genèse. L’antisémitisme, selon l’acception commune, désigne l’aversion habituelle envers les Juifs en tant que peuple ou « race ». L’origine du mot « antisémite » est attribuée au journaliste Wilhelm Marr, en 1879 dans un article contre le président de la municipalité de Hambourg. Ainsi, au départ, le terme ne désigne pas une hostilité confessionnelle (contre la religion judaïque), mais socio-politique et économique. La construction étymologique du mot « antisémite », qui n’a été utilisé que vis-à-vis des Juifs - qui ne sont pourtant pas le seul peuple sémite à proprement parler - est impropre car l’adjectif sémite désigne en réalité les peuples parlant les langues sémitiques originaires du Moyen-Orient et du nord-est de l’Afrique, et non une ethnie particulière. Le terme antisémite est donc une invention impropre pour désigner une aversion envers une hypothétique « race juive » (Shlomo Sand). L’antisémitisme, défini selon des théories raciales, darwiniennes, matérialistes et athées, est impossible pour un honnête homme comme pour un chrétien et n’a strictement rien à voir avec la critique théologique auquel se rattache la tradition humaniste ou la Tradition catholique.

                            On ne peut avec bon sens charger les Juifs contemporains ni tous ceux ayant vécu à l’époque de la responsabilité des événements de la Passion du Christ. Car il faut bien distinguer avec justice les élites et le peuple.


                            Enoncer que la tradition idéologique juive n’encourage pas la pensée abstraite et donc universelle,ce n’est pas porter un jugement négatif sur la communauté juive : c’est un fait historique confirmé par l’histoire des idées et de nombreux juifs de nos jours. Un ami juif sépharade m’apporte beaucoup dans ce domaine. 

                          • Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2014 22:50

                            "Enoncer que la tradition idéologique juive n’encourage pas la pensée abstraite et donc universelle,ce n’est pas porter un jugement négatif sur la communauté juive« 

                            @Saorek
                            Freud était juif. Etaient juifs aussi, pour me limiter à seulement quelques noms, des penseurs tels que Spinoza, Einstein, Husserl.
                            Il n’y avait sans doute rien de très »abstrait" dans les démonstrations more geometrico de Spinoza : un simple gros bon sens très bien ancré dans l’empirie.
                            Einstein bricolait comme il pouvait les concepts qui passaient à sa portée : rien de plus conforme au sens commun, par exemple, que les équations de la relativité générale. Une simple vulgarisation très simplifiée de ce que la physique avait pu produire avant lui.
                            On pourrait dire la même chose de Niels Bohr, juif lui aussi, dont l’apport à la théorie quantique fut si déterminant, mais il faut dire qu’il n’y a rien de vraiment abstrait dans la théorie quantique et c’est ce qui la rend pour vous et pour moi d’un abord si aisé et si évident.
                            Husserl, dont l’oeuvre domine tout le XXe siècle, était un simple doxographe qui, à force d’emprunter d’un côté ou de l’autre, a pu construire une petite philosophie tout à fait rassurante et à la portée du premier imbécile : rien de plus simple ni de plus terre-à-terre que les grands thèmes qu’il ressasse et destine au vulgaire. Je n’ai encore jamais pu boire quelque chose au zinc du café du Commerce sans y entendre parler immédiatement d’épochè transcendentale ou de réduction éidétique. De telles trivialités sont fatigantes : on aimerait un peu plus d’abstraction, ça stimulerait un peu l’intelligence !


                          • Gollum Gollum 11 octobre 2014 10:06

                            Effectivement c’est de la vaste blague cette histoire d’incapacité à l’abstraction et à l’universel de la pensée juive..


                            Labrune a bien fait de citer Husserl, Spinoza, etc… On aurait pu rajouter Marx qui n’avait aucune prétention à l’universalité n’est-ce pas, et bien d’autres

                            Sinon il n’y a pas plus abstrait que la Kabbale. Plongez vous dans le Sepher Yetzirah qui est d’une abstraction totale comme l’avait bien noté Raymond Abellio.

                            Si vous prenez appui sur la mythologie biblique pour dénier cette universalité et cette incapacité à l’abstraction c’est comme si je me basais sur la mythologie grecque antique pour faire de même avec les grecs

                            Alors vous allez me dire : « oui mais la Bible était faite uniquement pour les juifs elle ne visait pas l’universel ».. D’accord sauf qu’il en était de même de la mythologie grecque.. Et ce n’est pas parce que quelque chose a été écrit pour un peuple qu’il n’y a pas d’universalité dedans. Sous une première forme allégorique peut se cacher de l’abstraction et de l’universel..

                            M’enfin c’est surtout le bout de phrase : sa volonté de détruire la raison humaine. qui m’a choqué. Car, je ne crois pas à cette volonté là. Et d’autre part c’est l’inverse : Freud voulait s’appuyer sur la raison et la magnifier. Pour moi il s’inscrit dans le courant des Lumières et son matérialisme qui va avec. 

                            En ce sens pour moi c’est un destructeur. Et il est bien dans le paradigme du monde moderne, raison pour laquelle il a été porté aux nues. Sur ce plan là je suppose que nous sommes d’accord..

                            Enfin, d’après vous, c’est en tant que juif qu’il voulait détruire. On en déduit facilement que tous les juifs veulent détruire la raison humaine et sont donc quasi des ennemis de l’humanité. C’est du lourd quand même !

                            Autant je suis prêt, pour des raisons transcendantales, à accorder du crédit à un aspect sombre de la problématique juive, qui pour moi ne se sépare pas d’un aspect lumineux de cette même problématique juive, autant je ne supporte pas cette tendance moderne à faire du juif le support d’une projection de l’ombre de l’âme humaine au sens de Jung. Cela me semble dangereux, on tombe dans un manichéisme malsain.


                          • Christian Labrune Christian Labrune 11 octobre 2014 11:08

                            @Gollum

                            Vous avez parfaitement raison. Ces sortes de jugements à l’emporte-pièce ont à peu près autant de pertinence que les représentations populaires qui stigmatisent plus ou moins méchamment les peuples voisins. Les petites histoires sur les Belges les font apparaître systématiquement comme de parfaits abrutis. Un dicton limousin pose que quatre-vingt-dix-neuf moutons et un Berrichon, ça fait cent bêtes. Or, je suis berrichon ! Tout cela reste très frivole et plutôt amusant parce qu’aucun Hitler, aucun Khomeini, aucun Hamas, aucun Hezbollah n’a encore entrepris ou préconisé d’exterminer jusqu’au dernier les Belges ou les Berrichons. Il serait évidemment grotesque de faire du pauvre bougre qui raconte une histoire belge un émule d’Alfred Rosenberbg, théoricien du racisme nazi. Quand il est question des Juifs, c’est évidemment un peu différent.

                            L’année dernière, sur l’Internet, il était beaucoup question d’une publication antisémite particulièrement stupide, qui dénonçait le fait que depuis la création du prix Nobel, un cinquième à peu près des lauréats aient été d’origine juive. Il s’en faut bien pourtant qu’un cinquième de la population mondiale soit imprégnée de culture hébraïque ! Le lien suivant renvoie à un article qui fait le point très ironiquement sur cette pitoyable affaire : 
                            http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/07/un-nouveau-revisionisme-le-prix-nobel-et-les-juifs_1503985_3232.html

                            J’emprunte à cet autre article :
                            http://www.tribunejuive.info/societe/les-laureats-juifs-du-prix-nobel
                            une statistique très précise relative à l’attribution des prix Nobel :

                            • Physiologie et Médecine : 55 sur 204, soit 26,5 % des lauréats sont juifs.
                            • Science Economique : 29 sur 69 , soit 41% des prix attribués.
                            • Physique : 52 sur 193, soit 26% des prix attribués dans cette catégorie.
                            • Chimie : 36 sur 160 soit 22% des prix de cette catégorie (dont trois en 2013)
                            • Littérature : 12 sur 108, soit 11% du total.
                            • Paix : 9 sur 101, soit 9% des lauréats de cette catégorie.
                            Cette statistique prouve quoi ? Eh bien, s’il faut prendre au sérieux l’observation de M. Saorek, c’est que le prix Nobel, contrairement aux apparences, ne récompense pas des intellectuels de haute volée ni des théoriciens frottés aux grandes ABSTRACTIONS de la recherche fondamentale, mais des vulgarisateurs un peu lourds, ceux qui se chargent de servir au bon peuple le fourrage intellectuel qu’on trouve aux tables les plus extérieures des libraires : livres concernant le bricolage (Einstein) le tourisme (prix Nobel de la paix) ou la cuisine (Marie Curie). Au reste, ce n’est pas pour rien que Marie Curie est la seule à avoir reçu deux fois un prix Nobel. Ce qu’on apprécie le plus dans ce jury, c’est évidemment le côté pot-au-feu des bonnes femmes dans son genre.

                            (Que Marie Curie, pour qui j’ai une admiration sans borne, me pardonne cette répugnante caricature, et le sexisme ignoble qui l’accompagne, mais dans l’ironie - souvent mal comprise sur ce site - on dit le contraire de ce qu’on veut faire entendre.)


                          • Christian Labrune Christian Labrune 11 octobre 2014 14:26

                            "c’est surtout le bout de phrase : sa volonté de détruire la raison humaine. qui m’a choqué. Car, je ne crois pas à cette volonté là. Et d’autre part c’est l’inverse : Freud voulait s’appuyer sur la raison et la magnifier. Pour moi il s’inscrit dans le courant des Lumières et son matérialisme qui va avec. « 

                            Gollum,

                            Les penseurs que j’évoquais, comme destructeurs de la raison humaine, c’est en effet particulièrement rigolo. Et Freud, vous avez raison de le souligner, était un pur produit du positivisme scientiste et finalement très naïf du XIXe siècle. On pourrait dire évidemment la même chose d’un matérialisme dialectique hérité de Karl Marx. Tout ça, à une époque où les sciences et l’épistémologie sont encore balbutiantes, vise prématurément l’édification d’une théorie universelle et qui serait définitive.
                             
                            Je ne pensais pas qu’on pût critiquer Freud par antisémitisme. Roudinesco n’avait pas hésité à faire ce procès à Bénesteau (Mensonges freudiens), classé à droite, mais ça ne résiste pas à l’analyse des textes. Elle avait recommencé quand avait paru le bouquin d’Onfray. On peut reprocher bien des choses à Onfray, et d’abord de croire que le fait de pouvoir discréditer un auteur à cause de son amoralité implique nécessairement la nullité de ses théories, mais il est à cent lieues de considérer, comme les nazis, que la psychanalyse serait une »science juive« ipso facto récusable. Roudinesco s’est définitivement ridiculisée aux yeux de tous ceux qui disposent d’un minimum de sens critique.

                            C’est donc la première fois que je vois une tentative pour invalider la psychanalyse au prétexte que son auteur s’inscrirait dans une très ancienne tradition intellectuelle dont l’apport à la civilisation, par ailleurs, est des plus considérables : nous ne sommes pas moins les héritiers de Jérusalem que les héritiers d’Athènes.
                            Mais Freud n’est pas Einstein ! Il se pensait pourtant capable de voler à la même altitude, et dans sa correspondance avec le physicien, il n’hésite pas à se hausser du col. On sait qu’il a toute sa vie ambitionné d’obtenir le Nobel, mais il y avait eu quand même dès le début pas mal de penseurs rigoureux pour relativiser l’importance de la théorie freudienne, dont Karl Popper et même Wittgenstein, un autre Juif, un autre ennemi acharné de tout recours à l’ABSTRACTION comme l’auront évidemment remarqué tous ceux qui se seront plongés, pour passer un bon moment de pur divertissement, dans les pages de son  Tractatus logico-philosophicus.

                            Beaucoup de grands philosophes, beaucoup de grands scientifiques, étaient juifs. Leur contribution à la culture universelle est immense. C’est comme ça, on n’y peut rien. Mais on peut aussi être juif et pas très malin, c’est une évidence qui ne devrait étonner personne. Freud était de ceux-là. M. Saorek fait appel, pour soutenir sa proposition, à Shlomo Sand. Un aussi »bon juif« , probablement, que son »ami séfarade" qui l’entretient dans ses illusions calamiteuses puisqu’aussi bien ce Juif-là (Sand) aura poussé l’antisémitisme et la haine de soi jusqu’à vouloir cesser d’être juif, si tant est que cela puisse être possible. Les Juifs, donc, à l’imitation de Shlomo Sand, devraient cesser d’exister. C’est la belle leçon qu’on tirera d’une page internet dont l’examen du cas Freud n’était probablement qu’un prétexte.

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