Stress tests bancaires : rassurants ?
Epreuve de vérité ou jeu truqué ?
Les crash tests pratiqués sur les voitures permettent en principe d'analyser la non déformation relative de l'habitacle des véhicules en cas de choc simulé, jusqu'à une certaine limite. Pour la sécurité théorique des passagers éventuels.
Les analystes bancaires ont repris ce concept, par métaphore, pour mesurer la capacité de résistance des banques aux coups durs éventuels :
Les « stress tests » doivent mesurer la capacité de résistance des banques lors de différents scénarios économiques (récession, montée du chômage, chute des prix immobiliers, ralentissement de l’inflation). Ils doivent permettre de déterminer si les fonds propres et donc la solvabilité des banques sont suffisants. Ils sont conjugués à une revue de la qualité des actifs (AQR) des établissements. Si elles échouent aux tests, les banques auront quinze jours pour présenter un plan de recapitalisation, qu’elles devront mettre en place durant les mois suivants...
Ce projet est parfaitement théorique et peut paraïtre surréaliste, car les grands groupes, habitués à la tricherie et au maquillage depuis longtemps, ont le plus souvent une comptabilité hautement opaque, une face cachée peu détectable ( shadow banking notamment) et les actifs réputés sains peuvent être en réalité tout à fait pourris. On assiste même à un retour des junk bonds dans la finance européenne. Voir les analyses de Naulot, ancien banquier, notamment.
On a eu bien des surprises depuis sept ans venant de banques très respectables....que de vertueux arbitres jugeaient tout à fait fiables..Les pratiques de Dexia, de Spiritu Santo, entre autres, ont révélé récemment leurs pratiques criminogènes.
Les bons résultats claironnés des banques US font sourire, quand on sait que la Fed, qui s'érige en juge, est parfaitement en osmose avec Wall Street et avec Goldman Sachs en particulier...
De plus, sur la valeur de ces procédures, l'unanimité ne règne pas, loin de là..
Il y aurait, selon certains organismes, des tensions (euphénisme !) sur 11 banques européennes.
D'autres se veulent sereins. Certains s'alarment, comme Davide Serra, qui pressent des victimes futures :
Le directeur du fonds alternatif Algebris, par ailleurs conseiller de l'État britannique sur les questions bancaires... estime qu'il manque 50 milliards d'euros de capital à l'ensemble des banques européennes. Selon lui, l'Allemagne, à la tête du « pire secteur bancaire au monde », ne devrait pas sortir indemne de l'évaluation. Le financier table sur le recalage de trois ou quatre de ses banques régionales, les Landesbanken.
« Le pays d'où j'attends le plus de mauvaises nouvelles est celui qui est réputé le plus fort, et qui n'a pas été scruté de près », affirme en effet Davide Serra. Il accuse le régulateur allemand, la BaFin, de s'être laissé influencer au fil des années par les pressions politiques. Au-delà du cas allemand, le financier pointe du doigt la faible capitalisation des établissements portugais et grecs.
Le problème des fonds propres est en effet un problème fondamental pour juger de la fiabilité des grandes banques. L'ivresse bancaire n'est pas terminée, même si elle a perdu en intensité.
Sur ce point, rien n'est réglé
Un certain Contrarien qui se veut sans concession sur l'actualité économique, dénonce, non sans humour grinçant, le caractère vain et truqué de ces opérations dite de contrôle :
"...Les banques ne peuvent pas échouer aux stress tests vu que si elles échouaient, il y aurait une immense panique bancaire généralisée qui nous plongerait tous dans la misère la plus totale. Si l’on pose le problème de cette façon-là, il est évident que « l’examinateur » va y réfléchir à deux fois avant de recaler l’élève. Il va, tout au plus, différer quelque peu la réussite de certains, comme Dexia par exemple qui va encore nous coûter du pognon mes chers amis.
Préparez-donc votre chéquier pour 2015 afin de bien vouloir verser votre écot au sauvetage de la finance. De la bonne finance, bien entendu, comme nous l’explique maintenant notre président..
...Le coup de la qualité des actifs c’est complètement bidon. Il s’agit de vérifier que les banques ont bien investi tous leurs fonds propres ou presque dans de bonnes obligations d’États surendettés dont un paquet se dirige tout droit vers la faillite alors posons la question « et que se passe-t-il en cas de faillite d’États si les fonds propres des banques sont investis en dettes d’États et que ces États font défaut ? ». Eh bien là encore, c’est simple… Il se passe que vous l’avez dans le baba. Ha… zut alors ! Mais les stress tests ont-ils étudié une faillite éventuelle d’État ? Eh bien la réponse est dans l’énoncé, lisez bon sang, c’est comme à l’école (c’était ce que me disait mon papa quand je ne pigeais pas un exercice de math et c’est vrai qu’en général, la réponse est dans l’énoncé…). Le scénario stressé, c’est une récession, une baisse de l’immobilier et une inflation qui baisse… super ! Mais point de faillite d’État. Logique. En fait, aucune banque aujourd’hui ne peut survivre à une faillite d’État, d’où d’ailleurs leur fuite en avant dans les obligations d’États en plus des contraintes réglementaires qui les obligent à investir leurs fonds propres là-dedans.
Si les États tombent, les banques tombent et inversement, vu qu’ils jouent tous depuis des années à « je te tiens tu me tiens par la barbichette »....
Bon, je pense que vous avez compris l’esprit et l’ampleur du problème. Je ne vous en remets pas une couche supplémentaire sur le fait qu’il faille lier cela au fonds de garanties de dépôts et au fait que la BCE, pour le moment, est paralysée par les refus allemands d’utilisation de la planche à billets..."
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