• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > 2017 vraiment ?

2017 vraiment ?

En cette fin d’année 2014 nous sommes brutalement entrés dans une campagne électorale, accompagnée d’un déferlement médiatique frénétique, qui a déjà eu plusieurs phases. Et quand on entend Domenach, relais médiatique de l’usurpation de gauche, dire qu’Hollande n’est plus crédible, cela sonne comme la déclaration d’une situation d’urgence pour le système dominant.

Dans le même temps ce système, par l’intermédiaire de ses subordonnés de la mairie de Paris, installe dans un lieu symbolique de Paris, à la fois de ce luxe réservé aux élites financières et quartier général du Qatar et de l’Arabie saoudite en France, une véritable insulte au peuple français afin de lui rappeler à quel point il est dominé. Il fut un temps où l’art extérieur c’était des sculptures de Mayol ou de Moore à Florence, des mobiles de Calder… ou la tour Eiffel et le pont Alexandre III pour l’art de l’ingénieur. L’Art qui parle à l’imagination est une élévation pas un avilissement. Un tableau qui vise à faire ressentir les horreurs de la guerre, Guernica, n’est ni laid ni sanglant.

Pour décrire plus profondément le contexte, on rappellera d’abord que la France ne dispose que d’un mois de réserve de pétrole et trois mois pour le gaz, alors que les américains bombardent en Syrie les sites pétroliers et que les tensions avec l’important fournisseur gazier qu’est la Russie ne sont pas retombées pour ce qui nous concerne. Et puis au moment où des pays, UK, Italie,… commence à remettre la commission de Bruxelles à sa place, Hollande tente de cacher la lettre qu’il a reçue de Bruxelles parce que les critères budgétaires de 60% et 3% sont intenables pour la France dans le contexte économique actuel.

On sent bien que nous sommes à un tournant.

 

La campagne électorale

JPEG

Alors que la carte Sarkozy était maintenue opérationnelle, malgré les affaires judiciaires, d’une manière marginale, en sommeil, elle a été soudain abattue dans une atmosphère de campagne électorale déferlante à l’unisson d’un personnage identique à lui-même en plus frénétique. Elle a été perdue d’entrée. Parce que les gens n’étaient pas psychologiquement préparés à une campagne électorale dans l’urgence alors qu’ils ignorent tout de la situation réelle de la France sans doute très grave. Et que le personnage est un peu usé politiquement. Ce qui en dit long sur le problème du système de trouver un homme politique crédible pour défendre ses intérêts.

Partant de là il y a eu un basculement non moins soudain, qui prêterait à rire si la situation à venir n’était pas dramatique pour l’ensemble des couches de notre société. Juppé, l’homme qui a coulé le RPR en 95, celui de la guerre contre la Lybie dont on voit les terribles résultats, l’instigateur du conseil national syrien immédiatement noyauté en Turquie par les islamistes radicaux et depuis naufragé, est soudain devenu l’homme politique préféré des français !

Et Valls qui a la charge de premier ministre, sans base politique il est vrai, est lui-même entré en campagne en dévoilant son programme. Qui dessine un rapprochement dans une nouvelle coalition avec Juppé et d’autres…

Cela précipite l’explosion du PS qui était déjà le siège de mouvements internes avec des gens qui veulent avant tout préserver leur position et privilèges politiques.

Dans cette affaire qui sent tout de même les mesures d’urgence, la fameuse alternance gauche/droite qui depuis l’ère Mitterrand a enfoncé la France dans un déclin qui s’accélère, est ainsi condamnée par une alliance dite républicaine et soi-disant centriste qui va sans doute enfourcher le grand thème de la lutte contre le FN.

L’avenir est si incertain qu’il est inutile d’essayer de trop anticiper. Ce qui est à retenir est qu’il semble que l’on soit à la veille d’évènements majeurs qui sous tendent cette précipitation au niveau politique.

Le contexte européen 

 Du moins celui des pays qui sont soumis aux institutions européennes parce qu’une Europe véritable intégrerait la Russie. Le contexte est celui d’une récession généralisée particulièrement à laquelle l’Allemagne échappe un peu pour l’instant à cet état avec une légère reprise mais fondamentalement le fait que son commerce extérieur soit maintenant déficitaire vis-à-vis de la Chine et que son marché européen fléchisse n’augure rien de bon pour l’avenir de ce pays qui a bâti son économie sur l’exportation. A l’intérieur l’Allemagne est aussi empêtrée dans son tournant énergétique energiewende qui renchérit fortement le coût de l’électricité et réclamerait des investissements lourds notamment sur le réseau électrique qu’elle peine à réaliser.

Donc il y a une tendance générale à la dégradation de l’économie avec des situations encore assez variées suivant les pays.

Il semble que nous soyons entrés dans une phase de vacillement du cadre institutionnel avec le début de contestations des règles européennes elles-mêmes. La crise aigüe viendra sans doute avec l’éclatement de l’Euro.

Il n’est pas étonnant que le premier vrai signe de contestation soit venu de l’Angleterre. Celle-ci cherche à se relancer sur le plan industriel en réinvestissant dans le nucléaire et en décidant d’exploiter ses gaz de schistes. Au plan extérieur on notera sa prise de recul vis-à-vis des Etats Unis et ses tentatives pour renouer des liens avec l’Iran.

Cela s’est concrétisé avec le refus de David Cameron de payer une rallonge budgétaire de l’Union européenne. Il semble que Luciano Renzi n’ait pas apprécié la lettre de remontrances de la commission européenne sur les déficits budgétaires. La même lettre que Hollande a tenté pitoyablement de cacher aux français.

 Qu’en est-il de ces problèmes de dettes ?

La domination et l’exploitation par la monnaie est la clé de la construction européenne, avec la libre circulation des marchandises et des capitaux.

Et il faut souligner que les règles sur les dettes et déficits, les 60% du PIB et 3% du Budget, sont arbitraires.

En effet, elles ne représentent en aucun cas des seuils de niveaux reliés à des situations économiques dangereuses.

D'ailleurs on sait bien que la Grèce a eu des problèmes de remboursements de prêts [et de défauts partiels de remboursement d’intérêts] alors qu'elle était moins endettée que l'Italie qui avait déjà une dette publique à 100% du PIB, par exemple.

Ces règles sont destinées à donner à la fois un alibi et un motif afin qu'un Etat impose une politique d'austérité à son peuple.

Une manière autrefois largement utilisée de réduire la dette a toujours été la dévaluation. Or c’est impossible avec l'Euro. Ici on voit bien un des points sur lequel l’Euro bloque l’utilisation de la monnaie pour résoudre une crise économique.

Pour mettre en place la domination et le profit par la monnaie, on a donc créé la BCE dont l'unique objectif est de combattre l'inflation

L'inflation est un autre moyen de diminuer la dette. Bloquer l’inflation revient à garantir le rendement de ses prêts au capital privé.

Est ce que respecter ces critères améliorerait notre situation en France ?

Absolument pas : il faudrait virer beaucoup de fonctionnaires, liquider notre sécurité sociale et notre assurance chômage... mesures dont on voit bien que cela ne changerait en rien notre état économique de récession, tendant vers la déflation.

Les règles sur la monnaie des institutions européennes deviennent intenables :

* La BCE est obligée de faire un type de quantitative easing, les LTRO qui au contraire sont inflationnistes, donc à l’encontre de son objectif premier.

* de plus en plus d'Etats sont incapables de tenir les limites des 60% et 3% dont ils sont souvent très loin.

Ce non respect de règles fondamentales accentue des clivages et provoque des antagonismes.

En politique étrangère des pays de l’union et non des moindres agissent en coulisse de manière contraire à la position affichée par l’Union européenne qui a une responsable de la diplomatie, mais pas de politique étrangère commune. On a vu l’attitude de l’Angleterre vis-à-vis de l’Iran, en ce qui concerne la Russie, l’Allemagne entretient avec elle des relations directes très peu dans l’esprit guerrier de l’Union européenne. Le gazoduc Northstream n’a pas les problèmes de son équivalent du sud. Il en est de même pour l’Autriche.

Les institutions européennes sont donc en voie de déstabilisation, pour l’instant de manière feutrée.

Où va la France ?

Ce que l’on connait de la situation économique de la France est déjà très grave.

 * Nous sommes en récession et la tendance nous conduit vers la déflation

 * le prix de l’énergie va augmenter de manière conséquente, une estimation de + 30% dans les deux ans a été prévue et la nouvelle Loi dite transition énergétique va encore aggraver cette tendance avec une forte hausse de l’électricité, ce qui amène à une hausse générale des prix, une perte de compétitivité de nos entreprises…

 * le véritable indicateur de notre santé économique est constitué par la balance de notre commerce extérieur. Le terme balance est-il encore adapté ? nous sommes passé d’un déficit déjà conséquent de 2 milliards d’euros par mois il y a peu à plus de 5 milliards d’euros en juillet 2014 et près de 6 milliards d’euros en août 2014… pratiquement au niveau japonais.

 * D’une manière inéluctable notre dette se creuse et notre déficit budgétaire va devenir intenable

Bien qu’en constante manipulation de chiffres le chômage officiel progresse. Les statistiques ne traduisent pas, ou cachent, le très grave problème du non emploi des jeunes de la tranche 18-25 ans. Qu’ils soient diplômés ou non ils se heurtent à une offre d’emploi famélique.

De multiples mesures gouvernementales sur les impôts, les tarifs EDF, les allocations familiales… le tassement des salaires, convergent vers la liquidation des couches moyennes.

L’absence totale de politique pour l’immobilier social ou même accessible aux personnes ne disposant pas de réserves d’argent, au niveau des villes et des communes, a pour conséquence de placer les loyers à un niveau tel que se loger devient un problème pour les jeunes et les personnes âgées.

Enfin, il y a une dégradation vertigineuse dans le domaine de la santé.

Cela c’est ce que l’on voit. On ne sait rien sur la santé réelle de nos Banques, sur les conséquences de réductions budgétaires sur la recherche, la santé, mais aussi sur l’entretien de nos infrastructures et la sécurité en général. Par exemple au niveau de nos réseaux de gaz que la politique conduit à augmenter alors qu’aussi bien au plan général qu’au niveau des particuliers le manque de moyens nuit aux contrôles et à l’entretien.

Le niveau politique

Il y a un décalage presque incroyable entre la politique menée ou envisagée par les responsables politiques et cette situation de dérive qui s’oriente vers le naufrage.

Ainsi dans le cadre de la dernière Loi dite transition énergétique, sans moyens, le gouvernement a privatisé l’hydroélectrique, un véritable vol du patrimoine communautaire en aucun cas capable de limiter les hausses des tarifs de l’électricité bien au contraire. Cela donne une impression de pillage.

Les politiciens ont depuis longtemps abandonné leur pouvoir aux Banques et aux institutions européennes. Ils sont maintenant incapables de reprendre la responsabilité du pouvoir. D’ailleurs la grande coalition dite centriste Valls/Juppé que le système nous prépare n’a d’autres perspectives que de nous enfoncer un peu plus, avec ce qu’ils nomment les réformes, dans le cadre ultralibéral des institutions européennes et dans leur tutelle.

Ce n’est qu’un ravalement de façade qui ne changera rien, et à côté c’est le vide. Le FN est à la fois un leurre et un repoussoir, qui n’a pas de vrai programme mais juste des effets d’annonce opportunistes afin de capter l’attention populaire dans le vide laissé par les partis traditionnels de la gauche.

Cette belle idée de gauche a été tellement trahie et galvaudée que malheureusement elle véhicule maintenant un manque de crédibilité que ne peuvent redresser des hommes politiques eux-mêmes peu convaincants.

La dissolution

Lorsque les réalités économiques vont faire surface, on ne peut dire exactement quand mais ce sera avant 2017, elles émergeront donc dans un contexte de vide politique. Ce qui générera sans doute un chaos politique qui rendra inévitable une dissolution de l’Assemblée nationale. Puisque Hollande s’accrochera au-delà de toute décence à sa présidence. Tout s’organise pour porter au pouvoir ce conglomérat ultralibéral.

JPEG


Moyenne des avis sur cet article :  3.91/5   (11 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • vesjem vesjem 29 octobre 2014 09:00

    excellent article ; merci

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

JMBerniolles


Voir ses articles







Palmarès


Derniers commentaires