Pour effacer une injure de « Zouj Bghal » faite aux peuples maghrébins ! Pour que la France soit grandie par l’Histoire !
Dans un article précédent, « Pourquoi la dénomination de « Zouj Bghal » de la frontière Algérie-Maroc, maintenue par le Maroc après l’indépendance, devrait être remplacée ? », on avait posé la problématique que suscitait cette appellation de « Zouj Bghal » donnée à la frontière algéro-marocaine. On a non seulement insisté mais montré qu’elle ne pouvait seoir à ce qu’elle représente, ce qu’elle véhicule comme symboles dans la ligne de démarcation territoriale entre deux pays, entre deux nations souveraines. Combien même il y a des antagonismes politiques entre deux pays, il ne saurait cependant exprimer cette ligne de jonction de deux peuples. Les peuples algérien et marocain, frères par l’Histoire, unis par la langue, par la culture, par l’Islam et par la lutte contre le colonialisme. Le Maroc a été une terre d’asile pour une partie des forces révolutionnaires algériennes. Et il ne peut être autrement, nonobstant les frictions politiques aujourd’hui. Si le Maroc est en désaccord avec l’Algérie, demain ces deux pays répareront les frictions politiques. Et il n’y a pas de véritables blessures entre l’Algérie et le Maroc. Et les blessures sont légion dans le monde. Combien de guerres ont opposé les peuples et se sont réconciliés. L’Allemagne à la France ne sont-ils pas opposés dans des guerres totales ? Et qu’en est-il aujourd’hui ? Ils sont unis et constituent la colonne vertébrale de l’Union européenne. « Les politiques passent, les guerres passent, mais les peuples restent. » Une loi de la Nature de l’évolution du monde. Les antagonismes et les frictions contribuent dans l’élévation de la conscience des peuples, dans l’avancement du monde. Précisément, cette élévation de la conscience des peuples « est encore ternie sur le plan emblématique par une appellation de la frontière algéro-marocaine héritée de la colonisation ». Et les populations marocaines continuent de dénommer la frontière algéro-marocaine de « Zouj Bghal » sans prendre conscience du côté risible, infamant de l’appellation. Elle ternit la mémoire de ceux qui ont lutté pour l’indépendance du Maroc et de l’Algérie, de ceux qui sont en vie soit ne prennent pas conscience de cette malformation qui altère la mémoire de ces deux peuples, soit qu’ils sont impuissants face à un pouvoir politique marocain « inconscient ». Si l’Algérie a rapidement prit fait et cause de cette situation anachronique en renommant dès l’indépendance la frontière qui sépare l’Algérie et le Maroc d’un des chefs historiques de la révolution algérienne, « Akid Lotfi », le Maroc n’a rien fait, n’a pas pensé à restaurer la mémoire historique de deux peuples maghrébins qui étaient en lutte contre le colonialisme français. Et c’est incompréhensible. Que diront les générations d’aujourd’hui et de demain ? D’autant plus que cette appellation interpelle aussi la France et le peuple français. Un des commentateur de mon précédent article écrit ceci : « L’histoire que vous brossez de Zouj Bghal n’a rien à voir avec ce que vous avancez. Beaucoup de légendes circulent sur cette frontière aucune d’elles ne fait allusion aux deux pays. Le Maroc était sous protectorat et l’Algérie un département français. Comment donc les français peuvent -ils donner un nom péjoratif à un de leurs département ? Parmi ces légendes trouvée sur le net. « À l’époque où le royaume était encore un protectorat et son voisin un département français, un différend opposait politiques et militaires de l’ex-métropole concernant le tracé de la frontière entre les deux territoires. Pour le trancher, il fut, dit-on, décidé de faire marcher deux mulets attachés à un joug en direction de l’est et de fixer la frontière à l’endroit où ils s’arrêteraient. Voilà pourquoi le poste marocain a été baptisé « Zouj Bghal ». Je suis tout à fait d’accord avec vous pour que le Maroc change ce nom ridicule à moins qu’il y ait un élément historique qui une signification du coté marocain derrière cette appellation. Aux historiens donc de parler au préalable. » Ce que cet intervenant dit est parfaitement sensé. « En effet, comment les français peuvent -ils donner un nom péjoratif à un de leurs département ? » S’il en est ainsi, qui a nommé cette frontière de cette appellation injurieuse ? Une énigme ! Peut-on croire que la frontière s’est nommée d’elle-même ? Alors que la puissance tutélaire du temps de la colonisation était la France, qui avait droit de vie ou de mort sur les deux peuples maghrébins. Comme l’Allemagne l’avait sur la France au temps de l’occupation. Une situation qui relève de l’Histoire de l’humanité et, bien entendu, du rapport de forces de l’époque. Il est évident que le nom ne vient pas de lui-même au point qu’il se trouve mentionné dans les panneaux de signalisation routière et des frontières. Et dans des documents officiels de la France, à cette époque. Par conséquent « ce que dit cet intervenant ne tient pas la route », il veut ne pas voir, ou plutôt fait semblant de ne pas voir la réalité du sens infamant porté contre les peuples. Quant à la légende, on voit mal comment un différend frontalier entre un Maroc, qui plus était sous protectorat, demander à la France de délimiter les frontières avec l’Algérie colonisée – elle était administrativement un département français –, « se régler en faisant marcher deux mulets attachés à un joug l’un en direction de l’Est, l’autre en direction de l’Ouest, et fixer ensuite la frontière à l’endroit où ils s’arrêteraient ». Que gagnerait le Maroc ? Cent mètres, un kilomètre ? Et si ces mulets ne faisaient que 10 mètres et s’arrêtaient. Cette légende aussi ne tient pas la route. Un mulet ne va pas déambuler au petit bonheur la chance pour régler un problème frontalier. La légende n’a pour but que de faire passer la pilule de l’avilissement auquel sont tombés des peuples, à l’époque, privés de droits humains. Soixante dix ans au moins est passé, et cet intervenant en appelle aux historiens. Et que ces historiens parlent au préalable ! Mais où sont les historiens marocains ? Pourquoi ils ne parlent-t-ils pas ? Et qu’attendent-ils les historiens marocains, et éventuellement français, pour parler ? Les historiens algériens ont parlé, et la frontière allegro-marocaine s’appelle depuis longtemps « Aïd Lotfi ». Malheureusement, les consciences sont engourdies, au point qu’un autre intervenant s’écrie « C’EST DOMMAGE ». Voici son texte, réaction à mon précédent article : « bonjour pour y être souvent allé je peux vous certifier que cette frontière qui va de la mer jusque OUJDA suit tout simplement un oued avec une traversée, très belle , de la montagne en bord de mer ! et elle est un lieu d’échanges verbaux entre marocains et algériens ...ils ne sont séparés que par une dizaine de mètres ! des parkings y ont été aménagés !! et encore plus triste ...cette plage magnifique de 15 km est coupée par cette frontière ! km coté algérien et 11 km coté marocain ! dommage ! » Précisément, c’est regrettable que cette engourdissement dure au Maroc. Un autre intervenant a aussi réagi en jugeant cette appellation « infamante » « Voilà bien un « problème » maroco-marocain qui nous est longuement exposé, pour conclure que finalement la faute en revient au voisin qui aurait dû demander l’abrogation de cette appellation jugée infamante… » D’autres intervenants qui donnent l’exemple de « col de montagnes par où passent des ânes » ou un « théâtre des ânes » à Paris. Peut-on comparer la frontière entre deux pays à un col de montagnes pour ânes ou à un théâtre des ânes ? N’est-ce pas pousser la stupidité humaine à ses derniers retranchements par son côté risible qui refuse de voir la réalité négative que cette appellation véhicule. A la défense de la vérité, les pays colonisateurs européens n’ont-ils pas mené une guerre à la Chine pour exporter l’opium de l’Inde britannique à la Chine ? Le renforcement des lois anti-opium du gouvernement chinois ne s’est-il pas soldé par deux guerres avec l’Occident que la Chine perdit et fut contrainte d’autoriser le commerce de l’opium ? La victoire de la NON-LOI, ou de la BARBARIE IMPERIALISTE. « OPIACER DE FORCE LE PEUPLE CHINOIS ». Aujourd’hui, en ce début du XXIe siècle, il faut le dire, c’est triste, au temps d’Internet, de l’âge nucléaire, de la révolution de l’information qui se fait en temps réel, des voyages spatiaux, et autres avancées de la science, le Maroc continue encore en 2014 d’utiliser cette appellation archaïque. Elle date certes de la colonisation mais, en réalité, remonte loin pour rappeler que les peuples maghrébin voyageaient à dos d’ânes, de mulets. Ce qui n’est que naturel. Ni la voiture, ni l’avion n’est venue ex nihilo. Les peuples d’Europe ont aussi voyagé et commercé à dos d’ânes, de mulets, de chevaux, de charrettes, etc. Et ce n’est en rien dégradant. Au contraire, il faut plaindre les pauvres ânes et mulets qui ont souffert de l’homme. Et l’HOMME A SOUFFERT AUSSI DE L’HOMME. Quoi que l’on dise, cette appellation qui vient de la colonisation doit être abrogée. Par le sens même de « Zouj Bghal », elle exprime l’indécence. « Les Deux Mulets » dans la ligne de frontière visent en réalité les deux pays, l’un à Est, l’autre à l’Ouest. Les Français et les Allemands accepteraient-ils que leurs frontières s’appelassent « Les Deux Mulets » ? Il est évident que ce n’est même pas dire que c’est impossible, ou inacceptable, cette dénomination ne viendrait tout simplement pas à l’idée. Cependant cette ide « a été trouvée » pour l’Algérie et le Maroc. « La stupidité de la colonisation a-t-elle cherché à justifier l'injustifiable ». Il faut craindre que oui. Aujourd’hui, que la page est tournée, il revient à ceux qui l’ont généré de réparer cette injure faite non pas à deux peuples « mais à trois peuples ». Le Peuple algérien et marocain en premier, et ensuite au peuple français. Je ne pense pas que le peuple français accepterait pareille dénomination. Car, s’il l’acceptait, il l’accepterait fatalement pour lui-même. Car quelle différence existerait entre les trois peuples ? Très peu de choses, si ce n’est la couleur des yeux, peut-être des cheveux et de la peau. Et encore faiblement. De la langue ? Elle est parlée par les peuples maghrébins. Il n'y a rien qui sépare les trois peuples car avant d'être blanc, noir, ou jaune, ils sont avant tout humains. Tous des enfants d'Adam. Par conséquent, cette proximité de trois peuples commande à la France qui a crée ce préjudice moral de le réparer. Elle a un poids politique important sur les pays du Maghreb. Elle peut inciter le pouvoir marocain à changer cette appellation honnie par les peuples, et surtout, elle fait injure au peuple marocain. Toutes les élites marocaines sont conscientes de la dérision de l’expression. Qui plus est est la ligne de jonction de deux peuples frères. En menant à terme ce changement, la France serait grandie par l’Histoire.
Medjdoub Hamed Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective. www.sens-du-monde.com
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