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Accueil du site > Tribune Libre > Dis, papet. C’est quoi la GUERRE ?

Dis, papet. C’est quoi la GUERRE ?

 

La guerre, ce n’est pas une mission humanitaire.

Ce n’est pas le défilé pimpant, presque gai derrière les musiques martiales de ces beaux jeunes gens solides, virils et disciplinés.

La guerre, ça pue le sang, la merde, la peur, la mort...

La guerre, c'est l'ombre omniprésente de la mort. De celle qu'on donne comme de celle qu'on redoute.

La guerre, ça sent la poudre qui excite, mais ça sent surtout la sueur aigre de la trouille, la merde du camarade qui se chie dessus, l'odeur doucereuse et écœurante du cadavre qui gonfle au soleil puis dont le ventre éclate, libérant la tripaille putride où grouillent les vers.

La guerre, c'est le fracas des explosions, le cliquetis rageur des tirs, le sifflement menaçant des balles qui vous cherchent, qui ricochent autour de vous, ou qui vous hachent en morceaux de viande palpitante.

La guerre, l'embuscade, c'est le corps qui s'efforce de se rétrécir au delà du possible, qui voudrait s'infiltrer dans le plus petit interstice, qui voudrait se fondre dans la boue de la tranchée, la caillasse du djebel ou la vase de la rizière.

La guerre, ce sont les ongles qui se crispent sur la terre à chaque rafale qui vous cherche, qui va vous trouver.

La guerre, c'est la haine de l'autre, de celui qui a tué votre camarade, qui veut votre peau comme vous voulez la sienne. C'est le doigt qui ne relâche plus la détente de votre fusil dérisoire.

La guerre, ce sont les cris de douleur du camarade touché, les hurlements et les sanglots, les aboiements somme toute rassurants de la vieille bête d'adjudant qui hurle ses ordres.

La guerre, c'est le désespoir du camarade touché et qui attend des secours qui ne peuvent venir.

La guerre, c'est l'égoïsme salvateur, primordial qui vous fait penser - lorsque votre voisin d'attaque tombe à côté de vous, haché par une rafale ou la tête explosée par une roquette – qui vous fait crier dans votre pauvre tronche : « ouf, c'est lui, c'est pas moi ! »

La guerre, c'est de la merde.

 

Pendant la grande boucherie 14-18, les profiteurs et fauteurs de guerre se la faisaient belle. Les grands boulevards de Paris affichaient une vie trépidante ; les théâtres, les brasseries, les cafés concerts, les boites de nuits regorgeaient de fêtards…

Pendant que les Français Schneider, De Wendel et autres faisaient discrètement la bringue avec leurs homologues, rivaux et…amis allemands Krupp, Thyssen et autres fabricants de choses en aciers bien pointues, bien aiguisées, qui entrent dans les viandes, qui labourent les chairs, qui brisent les os, qui éclatent les cranes, qui arrachent les yeux, qui explosent en beaux feux d’artifices de mort, la France d’en-bas s’étripait avec l’Allemagne d’en-bas. Pour le plus grand profit des précédents.

La droite la plus bornée, la plus avide, la plus lâche se lâchait, se goinfrait, s’engraissait, se tapissait la tripe de sauces chaudes et onctueuses pendant que les « pauv’cons » se faisaient trouer la viande. C’est cette même droite que l’on retrouvera parmi les vichystes, les patrons et les collabos en 40 pendant que les cocos, au coude à coude avec la droite républicaine gaulliste, se battaient. C’est cette même droite sans vergogne, cupide, inculte, avide, pleine de morgue, la droite - du Fouquet’s comme celle des « copains et des coquins » de la promotion Voltaire - qui gouverne et tient le haut du pavé derrière ses marionnette Ubu-Sarko hier, Ubu-François aujourd’hui.

 La guerre est « l’art » de faire s’entretuer des gens pauvres, qui ne se connaissent pas, au profit de gens riches qui, eux, se connaissent… Cette maxime à la véracité sans cesse renouvelée à travers les époques a été superbement illustrée par cette chanson qui marque le désespoir, la résignation mais aussi la révolte de ceux qu’on envoyait à l’abattoir pour rien, sinon transcender la connerie humaine, seule approche que l’on puisse avoir de l’infini…

 

La chanson de Craonne

 

Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé

On va reprendre les tranchées,

Notre place est si utile

Que sans nous on prend la pile

Mais c'est bien fini, on en a assez

Personne ne veut plus marcher

Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot

On dit adieu aux civ'lots

Même sans tambours, même sans trompettes

On s'en va là-haut en baissant la tête

 

- Refrain :

Adieu la vie, adieu l'amour,

Adieu toutes les femmes

C'est bien fini, c'est pour toujours

De cette guerre infâme

C'est à Craonne sur le plateau

Qu'on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous condamnés

C'est nous les sacrifiés

 

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance

Pourtant on a l'espérance

Que ce soir viendra la r'lève

Que nous attendons sans trêve

Soudain dans la nuit et le silence

On voit quelqu'un qui s'avance

C'est un officier de chasseurs à pied

Qui vient pour nous remplacer

Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe

Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

 

- Refrain -

 

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards

Tous ces gros qui font la foire

Si pour eux la vie est rose

Pour nous c'est pas la même chose

Au lieu d'se cacher tous ces embusqués

Feraient mieux d'monter aux tranchées

Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien

Nous autres les pauv' purotins

Tous les camarades sont enterrés là

Pour défendr' les biens de ces messieurs là

 

- Refrain :

Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront

Car c'est pour eux qu'on crève

Mais c'est fini, car les trouffions

Vont tous se mettre en grève

Ce s'ra votre tour messieurs les gros

De monter sur l'plateau

Car si vous voulez faire la guerre

Payez-la de votre peau

 

 

Photos X - Droits réservés


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17 réactions à cet article    


  • colere48 colere48 11 novembre 2014 10:57

    J’ai souvent entendu dans mon enfance mon grand-père Italien s’exclamer :
    « Fanculo
    Mussolini che ci ha promesso una guerra fresca e gioiosa »


    • bakerstreet bakerstreet 11 novembre 2014 14:36

      Rien que d’entendre l’italien,

       même si ça n’a rien à voir, ou peut être parce que la vie à justement trop à voir avec la mort, comme antidote, je peux pas me passer de vous mettre ce lien, qui est l’anti-guerre, la grâce, la beauté personnalisé. 


      Antonio Caldara : Maddalena ai piedi di Cristo 

      Divine Hana Blazikova, une des plus belles voix sur notre petite terre, bien mise à mal.

    • lsga lsga 11 novembre 2014 14:40

      A la terza !


    • jocelyne 11 novembre 2014 11:05

      Jamais je ne comprendrai pourquoi l’humain se jette ainsi l’un sur l’autre pour l’étriper, c’est incompréhensible , merci de votre article.


      • VICTOR Ayoli Victor 11 novembre 2014 12:05

        Eh ! La konnerie humaine est la seule approche que l’on puisse avoir de l’infini...


        • ZEN ZEN 11 novembre 2014 12:09

          L’anneau de ND de Lorette et les discours de circonstances bla bla... ne feront pas oublier l’horreur


          • titi titi 11 novembre 2014 12:18

            « C’est cette même droite que l’on retrouvera parmi les vichystes, les patrons et les collabos en 40 pendant que les cocos, au coude à coude avec la droite républicaine gaulliste, se battaient. »

            Tout cet article pour au final ressortir les conneries habituelles et réécrire l’histoire.

            C’est quand même dommage que sur un article qui devrait faire consensus vous trouviez le moyen de ressortir votre propagande.
            Surtout quand cette propagande est démentie pas l’histoire :
            1. il combattait avec qui Maurice Thorez en 1939 et sur quel front ?
            2. pour votre info, Francois Hollande est socialiste. Vous devriez vous en souvenir : vous avez voté pour lui.


            • juluch juluch 11 novembre 2014 12:46

              Honneurs aux Anciens quelques soit leur origine, ne les oublions pas.


              • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 11 novembre 2014 13:29


                La guerre est une horreur ! ! !
                Mais, parfois il est bon de la faire pour stopper des horreurs encore plus grandes :
                Hitler, par exemple.
                Puis Staline : il aurait fallu terminer le travail dès le 9 mai 1945 ! ! !...


                • lsga lsga 11 novembre 2014 14:03

                  Mais n’importe quoi, les USA, l’URSS et l’Allemagne Nazi s’entendaient très bien, et se sont mis d’accord ensemble pour faire la guerre. Un des objectifs était d’écraser le socialisme démocratique qui émergeait en France.

                   
                  Pour rappel :
                   
                  1. Les Russes et l’Allemagne Nazi ont d’abord voté le traité germano soviétique, de manière à ce qu’Hitler puisse envahir toute l’Europe, et écraser le Socialisme Européen qui faisait tellement peur à Staline.
                   
                  2. Les USA ont vendu du pétrole à Hitler jusqu’à la fin de la guerre, heureux qu’ils étaient que Hitler mettent fin à la vague de révoltes et de grèves en Europe qui commençait à s’exporter aux USA
                   
                  Les guerres impérialistes ne sont pas des guerres féodales. Elles sont des guerres de courtoisie, qui vise à écraser la conscience de Classe sous les bottes du Patriotisme. 


                • bakerstreet bakerstreet 11 novembre 2014 14:27

                  Qu’on arrête de dire que la guerre c’est de la boucherie. 

                  Je serais boucher, je me fâcherais tout rouge !

                  La boucherie c’est un art. 
                  Connaissez vous le tao du boucher, qui sait séparer fibres et viande, sans presque appuyer sur son couteau ?

                  Les bouchers n’ont pas de canon de 75 pour faire leur boulot au p’tit malheur la chance !

                  Comment voulez vous après cet amalgame, qu’les enfants veulent faire ce métier !

                  Je parle pas de celui de soldat bien sûr

                  Qu’on arrête de dire qu’la guerre c’est de la merde !
                  Puisqu’elle transforme le sang en or !

                  Quand aux « papets » à moustaches, méfiance. 
                  Savoir ce que ces types ont fait, avant de pleurer comme de madeleine, et de lever les drapeaux, le jour de la victoire.

                  Si les hommes n’avaient pas tant de plaisir à faire la guerre, celle ci n’existerait plus depuis longtemps. 
                  Ceci est une vérité qui dérange. 
                  Otto Dix l’a peint sur ses toiles nauséeuses. 
                  Hitler n’aimait pas Otto Dix. 


                  • ZEN ZEN 11 novembre 2014 14:41

                    Otta Dix : on comprend pourquoi...


                    • Jean 11 novembre 2014 19:57

                      Otto Zen Otto


                    • VICTOR Ayoli Victor 11 novembre 2014 21:04

                      Paru dans l’Humanité :

                      UNE GUERRE, POUR QUOI, POUR QUI  ?
                      Le détonateur éclata à Sarajevo. Mais les charges étaient prêtes, patiemment accumulées depuis des années par les milieux dirigeants européens. Dans la violence des affrontements impérialistes, sur le terrain économique et sur le théâtre colonial, il fallait détruire l’autre. Jaurès ne cessa d’alerter sur la montée des périls, œuvrant jusqu’à la balle de Raoul Villain pour conjurer le désastre, cherchant à unir les socialistes et les classes ouvrières d’Europe contre un carnage où ils avaient tout à perdre. « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », écrira Anatole France lorsque ses yeux se furent décillés sur la réalité du conflit. De 1913 à 1918, le gain net des sociétés allemandes par action passa de 1,6 milliards de marks à 2,2 milliards malgré la chute qui se profilait. Si 400.000 entreprises – surtout petites ou moyennes – disparurent en France, Renault, Citroën, Berliet, Michelin réussirent à dégager des profits spectaculaires et à accumuler des réserves qui leur permirent de dévorer leurs concurrents.

                      La guerre nettoyait le terrain du profit au profit des capitalistes dominants. Ainsi, le chimiste Kulhmann, bien qu’ayant perdu ses installations dans le Nord et en Lorraine, parvint à décupler son capital en quatre ans et à multiplier son profit par six. Le patronat et les Cent familles qui dominèrent l’après-guerre s’opposèrent farouchement et avec beaucoup de succès à la loi du 1 juillet 1916 qui prévoyait l’imposition des bénéfices exceptionnels de la guerre. Pour eux, la guerre était une formidable conjoncture économique et un moyen d’assoir leur puissance à l’échelle mondiale.

                      Mais ce sont les grandes entreprises américaines qui ont le milieu tiré leur épingle de ce jeu sanglant. Avant même l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917, leur bénéfice avait triplé. Banquiers de la France et de l’Angleterre en guerre, les capitalistes américains deviennent alors les premiers exportateurs mondiaux de charbon, d’acier, de machines, d’automobiles, de coton et produits alimentaires. Ils récupérèrent alors à bas prix les investissements français en Amérique, solidement assis sur leur prospérité : le plus gros fournisseur de munitions de la guerre, Du Pont de Nemours, a fait passer son profit en quatre ans de 6 à 266 millions de dollars. 

                      Jaurès l’avait annoncé dès 1905 : « La concurrence économique de peuple à peuple et d’individu, l’appétit du gan, le besoin d’ouvrir à tout prix, même à coup s de canon, des débouchés nouveaux pour dégager la production capitaliste, encombrée et comme étouffée de son propre désordre, tout cela entretient l’humanité d’aujourd’hui à l’état de guerre permanente et latente ; ce qu’on appelle la guerre n’est que l’explosion de ce feu souterrain qui circule dans toutes les veines de la planète et qui est la fièvre chronique et profonde de toute vie »… Est-ce vraiment si daté ?

                      http://www.humanite.fr/11-novembre-1918-cette-guerre-quil-ne-fallait-pas-faire-557172

                       Hummm ! Y a bon la guerre pour les capitalistes.


                      • titi titi 12 novembre 2014 10:13

                        «  parvint à décupler son capital en quatre ans et à multiplier son profit par six »

                        Avec une inflation de 89% entre 1914 et 1920, on peut considérer que c’est une très mauvaise opération.


                      • Ruut Ruut 13 novembre 2014 07:34

                        La guerre c’est de résultats de Dirigeants faibles, stupides et incompétents.
                        Un vrais Chef ne fait jamais la guerre, il n’en a pas besoin, sauf en cas d’invasion directe, mais l’envahisseur aura mal (surtout sa population).

                        En tant que peuple, nous devons tout faire pour sortir des instances du pouvoir tous les faiseurs de guerres, les agresseurs de peuple souverains. Pour notre bien et surtout pour le bien de nos enfants.


                        • Ruut Ruut 13 novembre 2014 07:36

                          Rien ne justifie l’agression d’une autre nation.

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