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Accueil du site > Tribune Libre > FabLab : l’âge de faire

FabLab : l’âge de faire

Vivons-nous un tournant de mode vie avec ces Fablabs ?

Est-ce l'avant-garde d'une nouvelle industrialisation ? 

Est-ce une réponse à la crise ?

Est-ce l'annonce d'une nouvelle société ?

Un fablab (contraction de l'anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où l'on met à sa disposition toutes sortes d'outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d'objets. 

Le concept de FabLab est né à la fin des années 90 au MIT (Massachusetts Institute of Technology), sous la forme d’un cours intitulé « How to make (almost) everything », sous l’impulsion du professeur Neil Gershenfeld. Pour ce cours, ce dernier s’était doté d’un ensemble de machines industrielles dernier-cri afin que les étudiants viennent créer leurs propres objets, de l’élaboration jusqu’à la réalisation physique. 

Le concept s'est répandu et c'est devenu un lieu de partage des possibles, un prétexte pour se rencontrer, un héritage des cafés où l'on venait plus poussés par une soif de relations sociales que par l'envie d'ingurgiter un quart de rouge ou un demi de bière. 

C'est l'alchimie qui résulte de l'amalgame de la réunion de jeunes et de vieux, d'individus étiquetés ailleurs les uns intellectuels et les autres manuels, chacun étant différent de l'autre par ses spécialités et ses techniques. 

C'est la transposition dans le monde concret (je n'aime pas dire le monde réel) des univers créés dans le monde numérique avec les logiciels opensource et avec leurs réseaux sociaux. Aux clics « veux-tu être mon ami » et « j'aime » répondent la claque dans le dos et la bise sur la joue. Aux codes ouverts voilà les méthodes et les tours de mains révélés.

Il faut être une dizaine pour atteindre la taille critique et avoir des compétences différentes et complémentaires pour que le FabLab puisse vivre. 

On lui donne un local, puis un canapé et une machine à café. L'essentiel est fait. Viennent ensuite les outils et les machines : une perceuse, une imprimante 3D, un machine à découpe laser, une machine à coudre … ce ne sont que des exemples, pas des obligations. 

On ne vient pas consommer. Pour utiliser l'espace et ce qui s'y trouve, il faut donner. Donner de son temps. Donner de ses compétences. Alors seulement on a droit à profiter de tout : des conseils et des machines. 

On y vient pour réaliser un objet qui tient à cœur, pour le réparer ou pour le détourner de sa fonction d'origine. C'est un changement de mentalité, une rupture avec la société de consommation qui impose des marchandises à l'obsolescence programmée (ah ! S'il y avait des écologistes dans les partis politiques, ou mieux, un parti écologiste ! …) et une rupture avec les industriels qui interdisent la curiosité intellectuelle (on a tous lu la mention : si vous ouvrez le produit, la garantie cessera). 

Ce n'est pas un atelier. C'est une révolution. La philosophie des gadgets à la pomme croquée y est étrangère. On n'y demande pas de s'extasier devant un bidule au fonctionnement obscur et caché, mais au contraire on cherche à comprendre, à démonter et à reconstruire. On est loin de la boite noire avec sa magie blanche : ça marche, on ne sait pas pourquoi, mais c'est beau et c'est magique. C'est cet esprit magique, anti-rationnel, qui impose à nos dirigeants parmi les plus incultes numériquement d'Europe, à croire que les échecs de l'éducation nationale pourront disparaitre grâce à une lampe magique de la forme d'une tablette. Magiciens américains et constructeurs asiatiques s'extasient devant une telle naïveté avant d'encaisser de gros chèques. Mais fermons la parenthèse de cet "establishment bashing" et revenons à des comportements plus intelligents : le fablab.

L'enseignement n'est pas déversé verticalement par un maître omniscient envers des élèves qui écoutent sagement, passivement éperdus d'admiration devant le savoir mandarin. La connaissance y est transmise à celui qui la demande par celui qui sait la posséder partiellement. 

Pour ceux que ça titille, voici des conseils pratiques. Vous pouvez créer votre fablab sans le logo officiel ni aucune obligation. Mais vous pouvez aussi utiliser le "logo" des Fab Labs du MIT. Pour cela il est nécessaire de suivre la "charte des Fab Labs". Vous pouvez la retrouver ici en anglais : http://fab.cba.mit.edu/about/charter/  Et ci dessous en français (cf http://fablab.fr/projects/project/charte-des-fab-labs/) 

- Mission  : les fab labs sont un réseau mondial de laboratoires locaux, qui rendent possible l'invention en ouvrant aux individus l'accès à des outils de fabrication numérique. 

- Accès  : vous pouvez utiliser le fab lab pour fabriquer à peu près n'importe quoi (dès lors que cela ne nuit à personne) ; vous devez apprendre à le fabriquer vous-même, et vous devez partager l'usage du lab avec d'autres usages et utilisateurs. 

- Education  : la formation dans le fab lab s'appuie sur des projets et l'apprentissage par les pairs ; vous devez prendre part à la capitalisation des connaissances à et à l'instruction des autres utilisateurs. 

- Responsabilité  : vous êtes responsable de :

- La sécurité  : savoir travailler sans abimer les machines et sans mettre en danger les autres utilisateurs ;

- La propreté : laisser le lab plus propre que vous ne l'avez trouvé ;

- La continuité : assurer la maintenance, les réparations, la quantité de stock des matériaux, et reporter les incidents ; 

- Secret  : les concepts et les processus développés dans les fab labs doivent demeurer utilisables à titre individuel. En revanche, vous pouvez les protéger de la manière qui vous choisirez. 

- Business  : des activités commerciales peuvent être incubées dans les fab labs, mais elles ne doivent pas faire obstacle à l'accès ouvert. Elles doivent se développer au-delà du lab plutôt qu'en son sein et de bénéficier à leur tour aux inventeurs, aux labs et aux réseaux qui ont contribué à leur succès. 

Etes-vous convaincus ?

Allez-vous en rejoindre un ? voire à un créer un ?

 

Voici quelques références

Webographie :

http://wiki.fablab.is/lablocations/lablocations.html carte mondiale des fablabs

http://www.faclab.org/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fab_lab

http://wiki.fablab.is/wiki/Portal:Labs avec un liste de fablabs dans le monde, y compris en France 

Livre : FabLabs, etc. Les nouveaux lieux de fabrication numérique

- Auteurs : Camille Bosqué, Ophelia Noor, Laurent Ricard

- Editeur(s) : Eyrolles Collection : Serial makers

- Nombre de pages : 208 pages

- Date de parution : 31/12/2014 

- EAN13 : 9782212139389 

- thème : les FabLabs sont des espaces dédiés à la fabrication, ouverts à tous et "pour tout faire". Ces lieux collaboratifs équipés de machines de toutes sortes mettent en jeu des valeurs de partage, de débrouillardise et d'émancipation. Nous croisons ici les éléments de nos observations de terrain avec de nombreux témoignages de faiseurs ou penseurs, agents discrets ou gourous incontournables de cet élan international. Par une plongée au coeur de scènes quotidiennes de ces espaces alternatifs, nous apportons ici les premières briques d'une analyse des grands enjeux contemporains liés au développement du mouvement maker. Ce livre est un instantané de la situation du réseau des FabLabs et autres tiers-lieux de fabrication numérique en France et dans le monde. Face à un sujet devenu extrêmement médiatique et politique, cet ouvrage offre une vision concrète et détaillée d'un phénomène en pleine expansion.


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10 réactions à cet article    


  • lsga lsga 16 mars 2015 15:01

    c’est sympa, ça va se développer, mais ça ne remplacera pas la grande industrie.

     
    C’est un peu comme les imprimantes 3D : c’est bien pour faire des maquettes et des concepts, mais après : direction l’usine en Chine. 
     
    Quand les industries hautement automatisées auront été socialisées, les fabslabs seront avant tout un lieu de débats démocratiques pour réfléchir à ce qu’on pourrait faire avec ces usines.

    • colere48 colere48 16 mars 2015 16:21

      @gros macho

      encore des aspirateurs à subventions....


    • Nicolas_M bibou1324 16 mars 2015 15:19

      Autant, pour une entreprise, je vois l’intérêt de mettre en commun avec un partenaire des machines-outil onéreuses, autant pour des particuliers, je reste sceptique.


      Regardez à quoi servent ces labs, quels sont les produits finis qui en sortent, quels sont les sujets exposés par et pour les particuliers :

      Apprenez à créer une table, Apprenez à coudre avec du fil fluorescent, Faire une lampe, Faire de la poterie, Quelques montages électroniques ...

      Déjà, aucune de ces réalisations ne requière de matos coûteux. Aucun intérêt de se cotiser à 40 pour acheter une perceuse visseuse qui coûte 35€ ou une machine à coudre à 50€.

      Ensuite, bricoler, c’est le plaisir de réaliser un objet par soi même. Je préfère 1000 fois une table un peu bancale, mais faite par moi même aidé de mon gosse, dans mon garage sans lumière, qu’une table parfaite au micron, faite loin de chez moi, avec des machines dont l’apprentissage m’aura pris des jours, dans un grand lab avec un chi*ur qui m’aura expliqué comment visser une vis.

      Le bricolage, c’est bien plus agréable en famille ou avec des voisins du village, qu’avec des inconnus entourés de machines bruyantes.

      Enfin, pour certains montages électroniques un peu complexes, c’est évident que de l’aide est souvent utile. Mais dans ce cas, il existe depuis longtemps ce qu’on appelle des clubs d’électronique. Bien plus spécialisés, et donc bien plus compétent qu’un lab généraliste.

      Pour finir, si j’ai envie d’enseigner comment utiliser une défonceuse pour faire un peu d’ébénisterie, je me met dans mon jardin pour créer mes meubles, il y a toujours un gosse ou 2 du quartier qui s’arrêteront pour regarder. Et leurs parents viendront me voir s’ils ont besoin d’un coup de main. 

      On dirait que vous essayez de recréer ce qui existe déjà, à savoir la communication entre voisins à la campagne, mais avec des inconnus, dans des grandes villes.

      • Philippe Stephan Slipenfer 16 mars 2015 23:12


        une défonceuse pour faire un peu d’ébénisterie
        et une tronçonneuse pour faire un peu de sculpture
        avec quelques clous de 110 sa va être super

         smiley  smiley

        ami poète bonsoir 


      • xantrius 16 mars 2015 15:58

        Excellent !


        • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 16 mars 2015 18:39

          @xantrius

          Je désespérais après ces atterrantes interventions complêtement décalées, merci !
          Que tout change, mais que rien ne bouge...


        • kalachnikov lermontov 16 mars 2015 22:37

          Perso, quand je me sers de la circulaire, je n’ai pas de casque, lunettes, gant, treillis mais j’évite les châteaux de carte en parpaings. Comme ça, je garde mes bras.


          • ddacoudre ddacoudre 17 mars 2015 08:40

            bonjour salt

            dans les années 69 Gell-Man (prix nobel de physique et inventeur qu quartz) à créé le « Santa fé institut » qui recevait les chercheur de toutes les discipline pour qu’ils puissent venir y croiser leur Savoir. il fut un pionné en la matière en une époque où encore certains considéraient que seule leur discipline pouvaient expliquer le monde. il fut donc l’initiateur de la transdisciplinarité qui nous semble aujourd’hui une banalité.
            toutes ces organisations qui regroupent les savoirs faire, son du au développement des savoirs et à la création de temps libre en ayant conquis la réduction du temps de travail.

            le Savoir, et les Savoirs sont la pierre angulaire qui ont permis l’essor de notre présent, avec toutes les erreurs qu’il comporte quand on le confis seulement à des marchands.
            http://ddacoudre.over-blog.com/2015/03/essai-de-1999-remunerer-les-hommes-pour-apprendre-7.html
            cordialement.


            • Aldous Aldous 17 mars 2015 12:13

              Je ne sais pas pourquoi mais la photo le fait irrésistiblement penser à Abou Graib.


              • Saltz Saltz 15 mai 2015 10:53


                http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/02167411389-la-folle-expansion-des-fab-lab-1119454.php

                A partir du 15 août et pendant cinq semaines, dans le château de Millemont près de Versailles la manifestation POC 21 (Preuve de concept) réunira une centaine d’ingénieurs, de makers et de scientifiques.
                Leur objectif : créer un village écolo 100 % open source et créer 12 prototypes dans les domaines de l’énergie, de l’habitat et de l’économie collaborative. Ils ont déjà fait un premier test en Allemagne en décembre et travaillé sur un panneau solaire transportable et que l’on puisse replier.

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