Budget 2015, explosion en vol ?
Les prévisions budgétaires pour l’année prochaine s’avèrent des plus délicates, la faible croissance espérée ne sera pas au rendez-vous et le déficit, malgré les efforts de contraction budgétaire va sûrement être plus proche des 4,3 % du PIB que des 3 % que nous sommes censé respecter. Risquons-nous la censure de la Commission Européenne ?
Le risque pour l’instant semble s’éloigner provisoirement, car la Commission Juncker, plus « politique » (au bon sens du terme) que les précédentes, semble vouloir faire preuve d’indulgence vis-à-vis de l’Italie et de la France. Mais cela pourrait ne pas durer car l’Allemagne souhaite une plus forte pression sur les Etats dérogeant aux règles de bonne conduite de l’Euro.
Un rapport économique franco-allemand doit d’ailleurs être rendu prochainement aux deux gouvernements pour relancer le débat. Il préconise des investissements en Allemagne (un peu) pour relancer la croissance, et inversement une vraie cure de rigueur chez nous (augmentation du temps de travail et arrêt des hausses de salaires).
Les allemands qui n’ont toujours pas compris que les autres pays européens n’étaient pas eux-mêmes, veulent à tout prix que chacun s’aligne sur leur modèle : décroissance démographique, faible croissance, faible consommation et donc fort excédent extérieur.
Mais l’idée de mourir guéri semble de moins en moins partagé en Europe. La Commission Juncker veut une relance par l’investissement au niveau européen. Quant à Mario Draghi gouverneur de la BCE, ses annonces et sa politique qui reste accommodante, ont permis à l’Euro de passer de 1,4 $ à 1,26 $ soit une baisse de 10 %. Baisse qui rendra bien service à notre économie en augmentant notre compétitivité.
Mais, ces mesures ne seront sûrement pas suffisantes, il faudra faire face à un moment ou à un autre à une hausse des taux d’intérêt qui mettront encore plus à mal notre équilibre budgétaire. Nous ne pourrons faire face avec une dette égale à 100 % du PIB !
Un taux d’intérêt à 2 % reste jouable, mais un taux qui monterait à 4 % ou pire encore à 6 %, rendrait la dette ingérable : les intérêts représenteraient 1/3 du budget annuel de l’état avec 6 % d’intérêts. Dans ce cas, ou nous serions expulsé de l’Euro, ne pouvant payer (à moins d’accepter une cure d’austérité à la grecque nous garantissant une baisse de PIB de 10-15 %).
Ou, il faudrait « monétiser » une partie de la dette : soit directement par le biais de la BCE, soit indirectement par le biais d’une banque Ad Hoc créée pour la circonstance et permettant de refinancer l’état à 0 % !
Les allemands étant fondamentalement hostiles à ce que la BCE fasse tourner la planche à billet, ne reste guère plus que la deuxième solution. Il faut espérer que la raison l’emportera avant que les événements ne choisissent pour nous !
Car nous sommes rentrés dans un cycle récessif de long terme et une cure d’austérité en Europe ne pourrait que l’aggraver avec des conséquences importantes sur le plan politique.
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