Des perceuses électriques et des manches à balais : les USA renforcent la sécurité pour devancer un rapport sur la torture dans la CIA
Avec la sortie très attendue d’un rapport sur les techniques de torture de la CIA tout au long des années de l’administration Bush durant la « guerre contre le terrorisme », les installations gouvernementales américaines, y compris les ambassades et les bases militaires, sont en état d’alerte.
La Commission du Sénat sur le renseignement publiera mardi (09 décembre) son résumé de 480 pages sur l'utilisation controversée de la torture par la CIA contre les membres présumés d'Al-Qaïda détenus en « sites noirs » dans des endroits secrets en Europe et en Asie.
Bien que peu de détails sur le rapport ont été libérés, des sources proches du dossier disent qu'il révèle l'utilisation par la CIA de traitements horribles pour obtenir des informations auprès des détenus.
Au cours d'une séance particulière de « technique renforcée d'interrogatoire » - un euphémisme employé par l'administration Bush pour désigner ce qui est plus communément appelé la torture - l'agent d'Al-Qaïda Abdel Rahman al Nashiri, soupçonné d'avoir orchestré l'attentat de l'USS Cole en 2000, a été menacé avec une perceuse électrique, ont déclaré des sources anonymes à l'agence de presse Reuters. Le dispositif cependant, n'a jamais été réellement utilisé sur le suspect.
Le rapport décrit également comment Abu Zubaydah, un Palestinien accusé d'avoir servi en tant qu'organisateur pour Al-Qaïda, a été maintenu éveillé et interrogé pendant cinq jours d'affilée sans pause.
Dans un autre cas, la source a révélé que le rapport décrit comment au moins un détenu a été sexuellement menacé avec un manche à balai. Cependant, à en juger par ce qui est déjà connu des anciennes techniques de torture américaines, employées dans des endroits comme Abu Ghraib et le centre de détention de Guantanamo, le rapport pourrait contenir de bien plus sombres informations.
Cette possibilité a été évoquée auprès de plusieurs hauts fonctionnaires de Washington.
"Il y a quelques indications qui laissent à penser que la publication du rapport pourrait conduire à un plus grand risque sur les installations et sur les individus des États-Unis partout dans le monde", a déclaré lundi le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest.
"L'administration a fait les démarches de prudence nécessaires pour s'assurer que les mesures de sécurité appropriées soient mises en place dans les installations américaines à travers le monde."
Le colonel d'armée Steve Warren, porte-parole du Pentagone, a déclaré : "il y a certainement une possibilité pour que la publication de ce rapport puisse provoquer des troubles". En prévision des retombées possible du rapport, la Maison Blanche a fait des efforts pour accroître la sécurité dans les installations américaines dans le monde entier.
Les agences de renseignement américaines ont publié un bulletin d'avertissement contre des « réactions violentes » possibles à l'étranger, a déclaré un haut responsable du renseignement à Reuters. Le Pentagone a également mis en garde la haute hiérarchie militaire qu'ils devraient prendre des mesures appropriées pour protéger les biens des États-Unis à l'étranger.
La publication du rapport sur la torture a même mis l'ancien président George W. Bush, commandant en chef alors que ces pratiques controversées avaient lieu, sur la défensive.
"Nous sommes chanceux d'avoir des hommes et des femmes qui travaillent dur à la CIA au service de la Nation", a déclaré Bush dans une interview à CNN qui a été diffusée dimanche. "Ce sont des patriotes et quoi que dise le rapport, s'il minimise leurs contributions à notre pays, il est alors tout à fait farfelu".
Mis à part les techniques de torture brutales et dégradantes apparentes que le rapport devrait révéler, le document soutient que les techniques de torture n'ont pas réussi à obtenir un seul renseignement précieux. Les responsables du renseignement américain cependant soutiennent le contraire, disant que leurs travaux secrets ont aidé à prévenir des attaques terroristes.
Dans le même temps, il est dit que la CIA a menti sur le programme secret des fonctionnaires "à la Maison Blanche, au Ministère de la Justice et aux comités de surveillance du Congrès".
Earnest, qui avait dit lors d'une conférence de presse qu'il serait "difficile d'imaginer" un moment idéal pour publier le rapport, a déclaré que le président américain Barack Obama "estime que l'utilisation de ces tactiques n'étaient pas justifiée, qu'elle était incompatible avec nos valeurs et ne nous a pas rendu plus sécurisés".
"L'utilisation de ces techniques n'en valait pas la peine à cause du préjudice qui a été fait à nos valeurs nationales et au sens de ce en quoi nous croyons en tant qu'Américains."
Ray McGovern, un ancien analyste de la CIA devenu militant pacifiste, a dit qu'il était ironique que Bush ait qualifié les terroristes de "malfaisants" compte tenu de son propre record en matière de Droits de l'Homme.
La torture contre Al-Qaïda ne visait pas à obtenir "des informations précises", a dit McGovern dans une interview à Russia Today, mais plutôt le genre d'information qui permettrait à "George W. Bush et Dick Cheney de prouver que Al-Qaïda a été formé par Saddam Hussein".
À la suite de cet effort, 69% des Américains pensaient que Saddam Hussein et l'Irak étaient "impliqués dans le 9/11 lorsque nous avons attaqué l'Irak", a-t-il dit.
"C'est aussi cynique, aussi dommageable, et aussi malfaisante que fût toute cette affaire".
source : RT
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