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#jesuischarlie : De la question des fins et des moyens ou l’art de la confusion des genres

On ne refera pas ici un historique sur les événements qui se sont déroulés la semaine dernière. Toutefois après la consternation et l'émotion vient le temps des questions et ...celui des malaises.

La République et les musulmans de France sont aujourd'hui au pied du mur. Ce mur, cela fait un certain temps qu'on le voit arriver et là il nous est arrivé dans la figure ce mercredi midi 07 Janvier 2015. 

Car ce qui c'est passé n'est pas simplement un attentat lâche, fourbe, cruel comme nous en avons connu précédemment qui consistait principalement en l'assassinat d'innocents aléatoires qui n'avaient que le tort d'être au mauvais endroit au mauvais moment. L'affaire Merah aurait déjà dû nous alerter sur ces nouveaux modes opératoires qui ne consistent plus en l'attaque massive aléatoire mais dans des attaques d'extermination ciblées. Le terrorisme auquel nous avons à faire face n'est plus un acte de dommage collatéral mais un acte génocidaire et totalitaire dans son essence : l'extermination ici ciblée et là bas massive de toute forme de différences. Le degré zéro de l'humanité.

Les projets d'assassinats ciblés menés par le terrorisme islamiste ne sont pas nouveau. Assez fréquents dans les pays où celui-ci est bien implanté, il est une nouveauté dans les pays européens et constitue de ce fait un précédent. Cette politique d'extermination ciblée qu' a subi Charlie Hebdo est inédite. En effet, on aurait pu envisager (avec beaucoup de difficultés, mais dans une logique mafieuse cela peut avoir son sens) de l'exécution d'un contrat et d'une personalité spécifique. Si Charb était sur la liste de la mouvance Al-Qaeda aucune autre personne qui a été assassinée ne figurait parmi sur cette liste : ni les autres membres du journal, ni les policier, ni les clients juifs ou non de l'épicerie casher. Il s'agissait donc bien plus que l'exécution d'un contrat, façon Reward dead or alive du Far West américain mais bel et bien une extermination totale pour empêcher tout germe de repousser. Là-dessus, il faut bien convenir que l'effet obtenu a été raté... Quand on passe d'un tirage de 30 000 à sept millions d'exemplaires avec une couverture médiatique mondiale, il y a un léger problème entre l'objectif visé par les terroristes et le résultat obtenu... Les événéments de Charlie Hebdo ne doivent pas éclipser cette folie génocidaire à l'oeuvre en Irak et en Afrique. La franchise de la terreur au nom de l'Islam se vendant plutôt bien en ce moment sur le marché de l'ignorance et de la folie humaine.

Ces événements (l'attaque contre Charlie Hebdo) ont suscité la condamnation générale des instances politiques et religieuses toutes confessions confondues et tout pays confondus. Les autorités religieuses d'Al-Azhar au Caire, le Hezbollah, l'Iran ont de suite condamnés ces attentats. Seuls les islamistes somaliens, de Daech ou d'Al-Qaeda on applaudi et encore certains avec un certain retard, jaloux pour certains de s'être fait damer le pion par la franchise concurrente. 

Toutefois, dans ce concert d'union internationale, les petites rivalités sont vite réapparues. Les lignes claires, les positionnements tranchés ont vite fait place aux ambiguités, aux flous plus politques qu'artistiques. Les vecteurs de ce malaise sont multiples.

Tout d'abord des autorités confessionnelles musulmanes. Leur condamnation unanime et exemplaire ne doit pas faire oublier des ambiguités et il faut bien le reconnaître des sentiments d'amateurisme. La précipitation des chaînes d'info créent des situations qui révèlent beaucoup sur les capacaités d'anticipation des acteurs interrogés. L'embarras et le fou artistique de certains invités pourtant représentatifs et incarnant une voix de l'Islam en France n'a pu que créer certains malaises comme les hésitations et lourdeurs qu'ils avaient eu au moment des génocides des chrétiens et yézidis en Irak à la fin de l'été dernier. Des silences, des formes de on ne sait pas trop quoi faire qui apparaissent en ces circonstances gênantes où la réponse dans une telle circonstance doit être franche et sans appel. Maladresse de communication peut-être, sentiment d'amateurisme peut-être mais nécesaire pour la lisibilté des discours et le positionnement des acteurs. Le positionnement sans ambiguités de Dalil Boubakeur a une fois de plus donné le la. On ne peut que s'en féliciter. Mais ces silences de plateaux télé n'ont-ils pas été des silences de trop ? Or la construction d'une cohérence nationale ne se construit pas par des silences mais par des témoignages. Conscients de leur impact et de leurs reponsabilités, on a donc vu un appel au calme, un appel au refus des amalgames, une condamnation et même une prière devant le siège de Charlie Hebdo (y en a qui ont du se marrer là haut...). Toutefois, il ne faudrait pas oublier qu'au moment de la publication de Charia Hebdo (numéro subversif de Charlie Hebdo qui a publié une soi-disant caricature du prohète mais dont d'ailleurs rien ne dit qu'il s'agit du prohète mais pourrait être la représentation d'un imam. Juste une question d'interprétation politiquement instrumentalisée.), sous la pression très forte de la base des fidèles les autorités religieuses musulmanes ont cherché à faire interdire Charlie Hebdo et instaurer de fait un droit du blasphème en France, pays laic. La Justice de la République a été à la hauteur en ne cédant pas à la pression. Toutefois, l'intention de faire taire Charlie Hebdo a bien été exprimé par ces autorités...

Alors la question qui se pose est bien celle de la question et des moyens. L'imam de Drancy s'est d'ailleurs expliqué de façon assez intéressante mais sans en dévoiler une clarté totale. Il n'a contrairement à d'autres pas éludé la question mais n'y a pas répondu totalement...En indiquant que seul le respect du droit et de la vie humaine devaient être guides, cela n'empêchait pas les désaccords. Certes on peut avoir des désaccords. Qui n'a paseu des désaccords avec Charlie Hebdo ? C'est justement le principe de la liberté d'expression d'avoir des désaccords ! Et la question à laquelle il n'a pas répondu est bien celle de la question de la fin et des moyens. Le problème est-il l'interdiction de la publication de Charia Hebdo auquel cas terroristes et autorités religieuses semblent sur la même longueur d'onde, les uns ayant obtenu par le sang ce qu'ils n'ont pu obtenir par le droit ou la question est-elle celle des moyens, légitimité du droit sur celui du sang ? Si les autorités confessionnelles se sont clairement exprimés sur la question des moyens, elles sont beaucou plus floues sur la question des fins. Cette ambiguité ne peut-être que ressentie comme un malaise profond qui ne pourra hélas que nourir les thèses de l'ennemi intérieur. 

La véritable question de fond qu'a posé ces attentats mais que personne n'évoque ou si certains le font ce n 'est pas par le questionnement mais par l'affirmation à sens unique, c'est bien celle de la coexistence et de l'intégration pacifique des musulmans en France. Les autorités politiques du monde arabe l'ont bien compris et les premières réactions de toutes autorités de tous bords appelant au refus des amalgames montre bien que c'est de cette question cruciale qui est aujourd'hui en jeu. En tentant de poser une voie intermédiaire entre islamisation de la République et représsion à la tchétchène, la démocratie française et européenne dans son ensemble cherche une voix intermédiaire complexe, difficile à mettre en place, tâtonnante, créative. Ce chemin ne pourra se construire que dans la clarté, la définition des fins et desmoyens.

Le cahier des charges inscrit implicitement dans l'histoire du pays est pourtant aujorud'hui loin d'être respecté. Contournement de la loi du voile à l'école, discours douteux de certains imams ("la liberté d'expression est le prix à payer pour la liberté de pratiquer notre religion". Non cher imam, la liberté d'expression n'est pas un prix à payer et ne se marchande pas), incidents dans l'Education nationale (dont les chiffres annoncés par le ministère provoque l'hilarité du monde enseignant)... De nombreux problèmes existent. En face s'oppose l'islamophobie qui ne constitue en fait qu'un porte-étendard politico-religieux porté avec brio par le premier ministre turc pour en faire une politique d'expansion politico-culturo-religieuse. L'islamophobie porté par de nombreux musulmans comme un refuge pour refuser les lois de la République risquent désormais d'apparaître comme un acte légitime de résistance pour certains. Chacun est au pied du mur désormais et ne peut jouer des faux-semblants et vrais-fuyants.

Le consternant et affligeant article du Journal Le Monde sur le positionnement des futurs imams de France( http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/17/a-la-grande-mosquee-de-paris-les-futurs-imams-vident-leur-sac_4558443_3224.html) ne peut que soulever les inquiétudes les plus profondes. Inquiétudes tenues sous silence par ceu qui connaissent la question mais qui se dévoilent aujourd'hui au grand public.

Les risques d'exacerbation des conflits sont très grands. La responsabilité des uns et des autres est impérative au risque de voir la poudrière exploser. Il en va de la responsabilité de chacun et surtout des élites pour indiquer le cap et les méthodes. L'apprentissage risque d'être douloureux et le réveil difficile.

#jesuischarlie : pour une coexistence pacifique et une liberté d'expression dans un pays laic

Religions, que de crimes on commet en ton nom.


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7 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 19 janvier 2015 08:40

    La République et les musulmans de France....Tout est résumé dans cette phrase...comme avec les autres confessions..On ne peut appartenir à un groupuscule quelconque et se dire "Je suis Français ou Républicain..Dans la vie il faut faire des choix..mais ne pas vouloir l’argent et le beurre en même temps...
    Pour moi un musulman reste un musulman (qui prie son dieu) comme les juifs ou tout autre race de gens...mais ne s’intègre pas dans la république...et la La¨cité encore moins...Nous le constatons tous les jours...Alors il serait temps de changer notre société et notre système économique et social pour faire une nouvelle France digne de ce nom... ?


    • christophe nicolas christophe nicolas 19 janvier 2015 10:07

      « Je suis Charlie » est une opération suicidaire pour l’image de marque de la France. J’en conclus que certains veulent dissoudre la nation.


      On ne peut pas se reconnaître dans un délire scabreux et potache d’adolescent boutonneux.



      • velosolex velosolex 19 janvier 2015 14:08

        Etre ou ne pas être charlie ?

        That is the question.
        Peut être faudrait il voir au delà des apparences et du motif. 

        Charlie un jour, ça veut pas dire charlie un jour. 
        Les pions se déplacent sur l’échiquier ; 
        A mon avis on tente de sonder nos limites. 
        Que faire ?

        Répondre au coup par coupe où tenter de voir la stratégie de l’adversaire, et adapter la notre sur le long terme, à mon sens une fois de plus ce qui doit importer.


        La une de « metal hurlant » ne leur a pas plu.
        Pas de caricature du prophète, mais une caricature de ce qui nous attend, sans doute.....
        Un français tirant un touriste chinois se prélassant dans un pouce pouce, avec une blonde pour escort girl. 
        Les blondes savent admirablement s’adapter....

        Une fois de plus les humoristes font mouche, et ça ne plait pas. 
        Je suis « Metal hurlant »......

        Hergé doit se retourner de rire dans sa tombe.


      • velosolex velosolex 19 janvier 2015 14:09

        Il faut lire

        Charlie un jour, ça veut pas dire charlie toujours

      • Passante Passante 19 janvier 2015 21:42

        non, il faut donc lire :

        charlie un jour, ça veut pas dire.

        et c’est précisément ce qui fut reproché,
        exactement comme nine eleven, le verbiage, le silence, 
        les mimiques, les marches etc. 
        toute la chorégraphie ok, sublime, 
        l’assaut, les gros plans, le suspense, parfait, 
        très bien, il s’est passé quoi ?

        -des morts.
        -ah. pourquoi ?
        -des caricatures.
        -vous voulez rire ?
        -non.

        -et où ça ?
        -ici à paris.
        -mais qaëda au yemen ils ont dit non ?
        -oui, sauf que la rue Appert finit dans Peshawar si vous voulez.
        -je vois, et on est en quelle année ?
        -christique ou hégire ?
        -ah le calendrier aussi ?
        -ben oui, tout, voilà pourquoi charlie à wall street, patience.
        -que d’optimisme.
        -non, charlie ça veut pas dire, donc c’est bel et bien non pas un énoncé mais un insigne, 
        la première fois peut-être que l’enterrement est mondialisé à un tel degré de concentration.
        -oui mais rien de spectaculaire dans charlie sinon...
        -sinon qu’il révèle mondialement que paris ; voilà, silence, rompez, c’était pour un jour.
        -mais, mais paris alors ?
        -...vous voulez rire ?

      • Ukulele Ukulele 19 janvier 2015 14:17

        #jesuischarlie : pour une coexistence pacifique et une liberté d’expression dans un pays laïc

        Oui… Je ne suis pas très optimiste. La montée en puissance de l’islam remonte la côte des autres mouvances religieuses par effet mécanique. 2 000 ans pour arriver à contenir les appétits des églises chrétiennes. Et comme l’islam est plus jeune de 500 ans, les laïcs n’ont pas fini de bosser pour leur survie…


        • Yohan Yohan 19 janvier 2015 17:24
          Et la liberté d’expression ? Chez Marisol Touraine, ça marche à deux vitesses, visiblement

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