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Chronique d’un éveil citoyen – Episode 8 : Comprendre le système monétaire, bancaire et financier

Résumé de l’épisode précédent : Précédemment, je suis revenu sur les origines de la monnaie et ses trois caractéristiques fondamentales : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges. Dans cet article, j’expose les raisons qui me conduisent à penser que la monnaie ne doit ni disparaître ni devenir « fondante », c’est-à-dire abolir l’une de ses trois caractéristiques essentielles : la réserve de valeur. Enfin, l’article précédent rétablissait certaines déformations relevées dans l’ouvrage de David Graeber « Dette, 5000 ans d’histoire ».

 

La monnaie dette.

L’apparition des premières pièces de monnaie, mais surtout des premières papiers-monnaies, engendrent l’apparition de ce que l’on nomme « monnaie fiduciaire »[1].

Extrait Wikipédia[2] : « La monnaie fiduciaire est un instrument financier dont la valeur nominale est supérieure à la valeur intrinsèque  : la confiance (fiducia en latin) que lui accorde l'utilisateur comme valeur d'échange, moyen de paiement, et donc comme monnaie, repose sur un principe de garantie défendu par une institution centralisatrice.

[…]

On distingue plusieurs niveaux [de monnaie fiduciaire] :

  1. une monnaie sans valeur en elle-même, mais parfaitement convertible en un bien actuel dont la valeur ne fait aucun doute ; par exemple un billet de papier convertible en or, pourvu que le nombre de billets en circulation corresponde exactement au stock d'or. N'importe quel autre bien de valeur peut convenir aussi bien que l'or (par exemple le Rentenmark, qui permit de vaincre l'hyperinflation de la République de Weimar, avait été adossé à l'ensemble de l'économie allemande,à hauteur de 6 % de la valeur estimée en mark-or des entreprises). Le terme anglais correspondant est "representative money".
  2. une monnaie représentative d'une reconnaissance de dette par un agent économique en qui on a confiance, garantie ou non par une convertibilité, confiance soutenue par le fait que l'agent économique en question détient, ou détiendra prochainement (parce qu'il est engagé dans une opération rentable), suffisamment d'avoirs réels. Le terme anglais correspondant est "credit money".
  3. une monnaie absolument dépourvue d'un lien avec des actifs. Le terme anglais correspondant est "fiat money".

À noter que, selon la doctrine des effets réels, toute monnaie est de la credit money et n'a de valeur que grâce au capital dont elle représente une part.

Selon cette perspective, la fiat money n'existe donc pas : les monnaies modernes telles que l'euro ou le dollar sont soutenues par un capital réel, qui est le pouvoir de taxation (représentatif d'une dette des contribuables à l'égard des banques émettrices). »

Comme l’illustre très clairement le documentaire de Paul Grignon, nos monnaies modernes sont donc des « credit money » pouvant se traduire comme « monnaies-dettes ». Ces monnaies reposent d’une part sur la confiance qu’en ont ses utilisateurs (nationaux et internationaux), et d’autre part sur le pouvoir de taxation (incarné par l’État).

Après une explication pédagogique du système monétaire et bancaire, le documentaire pose diverses questions :

  1. Pourquoi est-ce-que les gouvernements choisissent d’emprunter de l’argent aux banques, avec intérêts, quand ils pourraient créer tout l’argent qu’il leur faut, sans intérêts ?
  2. Pourquoi créer de l’argent à partir du processus de dette ?
  3. Comment un système monétaire fondé sur l’augmentation perpétuelle (et exponentielle) de la croissance (économique) peut-il être compatible avec une économie durable ?

Un débat récent sur la monnaie met en scène Étienne Chouard, Stéphane Laborde qui soutient la TRM et Jean-Baptiste Bersac, un néochartaliste[3].

La TRM revient à une forme sophistiquée de monnaie fondante. Dans l’épisode précédent, j’ai indiqué les raisons qui me conduisent à écarter la solution d’une « monnaie fondante ».

Pour aller plus loin, j’ajouterai qu’une monnaie fondante ne peut être considérée comme une monnaie (économiquement parlant) puisqu’elle serait incapable de remplir sa fonction de « réserve de valeur », fonction qui sert précisément à définir une monnaie en économie.

Le chartalisme (et le néochartalisme) est un mouvement conceptuel auquel je n’adhère pas non plus. En effet, ce mouvement continue de concevoir la monnaie comme une « monnaie dette », c’est-à-dire une monnaie qui ne repose que sur la confiance et le pouvoir de taxation.

Extrait de Wikipédia[4] :« Dans le Chartalisme, la monnaie est principalement considérée comme un bon, un avoir, un coupon pour des taxes à payer. L'argent ainsi créé est appelé monnaie fiduciaire, sa valeur découle des taxes dont il permet de s'acquitter, puis du désir qu'ont les individus d'en épargner pour se les échanger avant même de payer ces taxes. L'État crée la monnaie en dépensant, et détruit cette monnaie en la taxant  : la fiscalité sert alors à revendiquer la monnaie et à contrôler la masse totale de monnaie en circulation. »

Le chartalisme me semble être l’essence même de la « monnaie dette » puisqu’il considère la monnaie comme une dette due à l’Etat, une monnaie dette.

De mon point de vue, la monnaie devrait se définir comme un outil économique soumis à l’intérêt général, garant d’une stabilité nécessairement assise sur des éléments physiques.

Une monnaie dette ne repose que sur la confiance des usagers et le pouvoir de taxation de l’État, c’est-à-dire d’un côté un « aléa psychologique » et de l’autre les mesures coercitives des institutions. Dans la théorie chartaliste, l’émission ou la destruction de la monnaie s’incarne directement dans l’état par l’intermédiaire des impôts (= destruction de monnaie) et des dépenses publiques (= création de monnaie). Néanmoins, le chartalisme diffère de notre système actuel puisque les banques centrales gèrent la quantité de monnaie de manière indépendante.

Toutefois, le fait que la monnaie soit soumise à une oligarchie politique (comme elle le serait dans un système dit « chartaliste ») ou à une oligarchie bancaire (comme c’est le cas aujourd’hui) m’apparaît d’un intérêt marginal puisque, en dernier ressort, l’intérêt de ces deux oligarchies convergent vers la domination du peuple.

Ici, on pourrait m’objecter qu’un chartalisme dans un système politique réellement démocratique (Cf.Étienne Chouard) serait nettement plus enviable qu’une monnaie soumise à une oligarchie bancaire.

C’est vrai.

C’est vrai que cela serait plus enviable… mais serait-ce idéal ?

Au même titre que nous devrions sortir d’un système politique oligarchique pour construire une vraie démocratie (Cf.Étienne Chouard), il m’apparaît que nous devrions sortir de la monnaie dette pour construire une monnaie vraiment représentative, une monnaie affranchie de sa tutelle politique, une monnaie qui ne pourrait pas être manipulée pour influencer l’économie, une monnaie qui appartiendrait directement au peuple [et non à ses représentants ou aux seuls citoyens intéressés par la politique], une monnaie qui se cantonnerait à son rôle économique et ses seules caractéristiques fondamentales (unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges) et serait libérée du joug de la politique et des oligarchies économiques.

A ce stade de ma réflexion une monnaie représentative, dont le fonctionnement serait quasiment autonome, est la solution qui me paraît correspondre le mieux à l’intérêt général, au bien commun. Si votre opinion diverge sur ce point, je vous encourage vivement à me porter la contradiction en commentaire.

 

Le système bancaire et financier.

Comme cela est illustré dans le documentaire de Paul Grignon, l’argent que prêtent les banques n’implique pas nécessairement un dépôt en contrepartie.

Extrait de Wikipédia sur les réserves fractionnaires[5] : « Le système de réserves fractionnaires (on parle aussi de « couverture partielle ») désigne le droit pour une banque commerciale de prêter, par des jeux d'écritures, de l'argent qu'elle n'a pas et sur lequel, outre le remboursement par le débiteur, elle touchera des intérêts, sachant toutefois qu'elle devra se refinancer en collectant des dépôts pour maintenir son équilibre de bilan. »

Par ailleurs, les banques qui ont besoin de liquidités à court terme (malgré le système des réserves fractionnaires) peuvent également se refinancer auprès de leur banque centrale.

Extrait de Wikipédia sur le taux directeur[6] : « Les banques qui veulent se refinancer à court terme peuvent le faire en payant un intérêt sur la somme qu'elles empruntent auprès des banques centrales de leurs pays respectifs. Cet intérêt est calculé d'après le taux en cours à la BCE. Si ce taux d'intérêt est fort les banques vont limiter leurs crédits sachant que le refinancement leur sera coûteux ; elles auront le comportement inverse si ce taux d'intérêt est faible. »

Il est impératif, ici, de comprendre le système bancaire et financier en quelques mots :

 

  • Interconnectivité.

Les banques (nationales et internationales) se prêtent les unes aux autres directement (prêt/emprunt divers) ou par l’intermédiaire de divers mécanismes (tels que la titrisation).

Le système bancaire international est donc interconnecté et, puisque les banques maitrisent l’intégrité du système des paiements, elles ont un moyen de pression sur les oligarchies politiques qui leurs sont soumises pour beaucoup d’autres raisons.

De manière imagée, on pourrait comparer le système bancaire et politique à des grimpeurs encordés sur une paroi d’escalade : si l’un d’eux tombe, les autres sont obligés de supporter son poids ou de tomber avec lui. C’est exactement ce qu’il s’est passé avec la « crise des subprimes », lorsque le grimpeur des banques américaines est tombé, les autres grimpeurs (que sont les diverses banques internationale et leurs états) ont du encaisser le choc de cette chute (avec de la dette publique) sous peine d’être entrainés avec lui (le grimpeur des banques américaines).

 

  • Précarité

Cette précarité s’incarne notamment dans les produits dérivés[7].

« Selon une étude de décembre 2013 du cabinet AlphaValue, la valeur notionnelle des dérivés s’élevait à 693 tera dollars au premier semestre 2013 […] soit 10 fois le PIB mondial. »[8]

Cette précarité s'incarne également dans la distorsion entre l'économie réelle (En 2007 : 44 800 Md€, soit 2%) et l'économie financière (En 2007 : 2 024 800 Md€, soit 98%).

Il est nécessaire de se figurer la spéculation boursière et les produits dérivés comme un vaste casino.

Un casino dans lequel les joueurs (= les banques) auraient mis en jeu une quantité de jetons correspondant à 10 fois (ou 49 fois) la valeur de l’argent réel qui circule à l’extérieur du casino (l’économie réelle).

Tant que les joueurs restent dans le Casino pour jouer avec leurs jetons, cela ne pose aucun problème. Étrangement, à l’intérieur de ce Casino (= les marchés financiers), les paris se prennent sur des éléments extérieurs au Casino (= l’économie réelle).

Ainsi, lorsque l’économie réelle connait une croissance, cela peut permettre à tous les joueurs de gagner beaucoup de jetons. Malheureusement, lorsque l’économie entre en récession les joueurs commencent à perdre leurs jetons. Les problèmes surviennent lorsque les perdants doivent régler leur ardoise avec « l’argent réel » qui circule à l’extérieur du casino (= l’économie réelle).

Or, les joueurs (= les banques) devront emprunter cet argent à un ami (= l’État) en aggravant mécaniquement la pénurie de liquidités et la récession à l’extérieur du casino (= l’économique réelle) ce qui continuera d’aggraver les pertes des joueurs de casino (= marchés financiers) qui continuent malgré tout à parier sur l’économie réelle…

 

  • Dominance

Depuis les accords de Bretton Woods, le dollar n’est pas seulement la monnaie d’un pays, il est également la monnaie du monde.

Cela conduit les Etats-Unis à être le point névralgique du système monétaire international (lorsque le dollar tousse, c’est le monde qui s’enrhume). Cette position dominante a certainement favorisé l’impérialisme qui structure la géopolitique américaine (—> comment dire non à son banquier ?).

Elle conduit les États-Unis à être sujet à un aléa moral[9], c’est-à-dire la perspective qu'un agent (les États-Unis), isolé d'un risque, se comporte différemment que s'il était totalement lui-même exposé au risque.

Pour le dire simplement, si la monnaie des États-Unis n’était pas devenue le système monétaires lui-même, leur politique économique (désindustrialisation/tertiarisation de l’économie, déficits commerciaux), leur politique financière (dérégulation financière, abrogation du Glass-Steagall Act), leur politique budgétaire (déficit budgétaire et rachat massif des dettes publiques par la banque centrale) et leur politique internationale (interventionnisme et impérialisme) seraient nettement moins déviantes et nocives.

Les États-Unis seraient (beaucoup plus) redevables de leur dette publique vis-à-vis de leurs créanciers, de leur déficit commercial vis-à-vis de leurs partenaires commerciaux et de leurs interventions militaires vis-à-vis de la communauté internationale.

 

Cet article aurait certainement pu être plus précis, aborder la problématique du QE[10] (Quantitative Easing = Planche à billets), donner des perspectives politiques et historiques[11], etc.

Néanmoins, je m’arrête ici et attends avec impatience vos commentaires.

 

 

[1] Ce processus est parfaitement illustré par :

Le documentaire de Paul Grignon « l’argent dette » : https://www.youtube.com/watch?v=OoEhKTPZgCA

Le dessin animé « Le rêve américain - L'histoire de la plus grande arnaque de tous les temps » (moins précis mais plus ludique) https://www.youtube.com/watch?v=QNbCAzzXw14

[3] Vidéo disponible à l’adresse : https://www.youtube.com/watch?v=kvjstlFaxUw

[7] Explication de ce qu’est un produit dérivé dans une vidéo de 2min : https://www.youtube.com/watch?v=zxK22V3cj0M

[9] Définition Wikipédia de l’aléa moral : http://fr.Wikipedia.org/Wiki/Al%C3%A9a_moral


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17 réactions à cet article    


  • Job Morro Job Morro 26 janvier 2015 16:58

    Bonjour, 

    je ne suis pas à la hauteur pour contredire quoique ce soit de ce que vous expliquez. 
    Je voudrais cependant poser une question : 
    Le schéma économie financière/économie réelle pourrait-il se comprendre comme si je définissais l’économie financière comme du sang soutiré de l’économie réelle à qui aboutirait à l’assèchement de celle-ci au profit de la finance soit à imposer l’austérité à l’économie réelle, i.e. aux citoyens de base ? 
    L’accumulation jusqu’à plus soif du sang dans les paradis financiers ou fiscaux serait le gros pb de la circulation de la monnaie bien avant les autres considération ?
    Merci de votre attention ;

    Job Morro

    • Alban Dousset Alban Dousset 26 janvier 2015 19:48

      Bonjour Job Morro,

      La métaphore du sang/corps pour se figurer la monnaie/économie réelle peut avoir son intérêt. Néanmoins, si l’on s’efforce de comprendre l’économie financière et le système bancaire, je ne suis pas certain que cela simplifie beaucoup les choses.

      Selon moi, dans la réalité, le problème n’est pas « véritablement » que l’économie financière a absorbé les flux de liquidité ( = l’argent, le sang) dont a besoin l’économie réelle.

      Plus exactement, c’est même l’inverse :

      Avec les QE massifs ( = planche à billet) de toutes les grande banques centrales, l’économie (réelle et financière) est inondée de liquidité, c’est à dire que l’argent ne coute pas cher à emprunter (3% d’intérêt pour des prêts immo, c’est du jamais vu.)

      >> De ce point de vue, l’image du sang que l’économie financière prendrait à l’économie réelle n’est pas vraiment approprié : l’argent ( = le sang) est bon marché et abondant (?surabondant ?)

      Néanmoins, cela ne veut pas dire que l’économie financière n’est pas un poids pour l’économie réelle :

      Si l’économie financière n’est pas un poids sur l’économie réelle d’un point de vue monétaire, elle l’est d’un point de vue économique (notamment avec la spéculation sur les matières premières) et elle l’est d’un point budgétaire (notamment avec l’endettement public pour sauver l’économie financière [20% du PIB] -> endettement public (soumis à intérêt) qui est supporté fiscalement par l’économie réelle ; l’exonération fiscale des gros patrimoines par l’intermédiaire des paradis fiscaux...)

      Voilà, j’espère avoir été clair.

      Alban DOUSSET


    • lsga lsga 26 janvier 2015 17:13

      comprendre le déficit de la balance commerciale : c’est important aussi. 


      • Hervé Hum Hervé Hum 26 janvier 2015 23:24

        Je vous invite à réfléchir à l’idée que la monnaie soit la mesure de la valeur du temps de vie dédié à autrui ou détenu par lui.

         


        • Alban Dousset Alban Dousset 26 janvier 2015 23:46

          Désolé mais je pense que ce que l’on nomme « politique monétaire » est une escroquerie.
          Politique économique ou fiscal, je peux comprendre - je peux même comprendre politique budgétaire.
          ==> Ces politiques sont des choix de société.
          Mais la monnaie, c’est quelque chose que l’on doit rendre au bien commun.


        • Hervé Hum Hervé Hum 27 janvier 2015 10:01

          J’ai fait une erreur dans la définition, il faut lire

          la monnaie est la mesure de la valeur du temps de vie dédié à autrui ou détenu sur lui.

          Sinon,vous n’avez pas compris, il y a deux manière de considérer la monnaie, soit comme moyen d’échange, soit comme moyen de calcul de travail fourni.

          Les économiste Ricardo puis Marx, ont démontré que toute la valeur d’un produit, y compris les services, est contenu dans le temps de vie dédié à sa réalisation, partant du fait que la nature offre tout ce qu’elle produit. En d’autres termes, la seule chose qui coûte, c’est le l’exploitation et cette exploitation est le seul fait du travail humain, qu’il soit intellectuel ou manuel. Le pétrole, l’or, le diamant sont des matières qui en elles mêmes n’ont aucune valeur particulière, ce qui coûte est leur extraction, transformation et transport. Payer le baril de pétrole en tant que matière est une escroquerie qui fonctionne uniquement parce que le monde et fondé sur l’appropriation, la détention arbitraire de la terre et de ce qu’elle contient. La violence systémique du monde est dû à la lutte pour la propriété et seulement de la propriété dans le but de se donner les moyens d’exploiter à son profit le temps de vie d’autrui, de celui qui ne possède pas son propre outil de production pour assurer sa subsistance. Comprendre que la propriété seule n’a aucun intérêt, ne permet aucun profit, elle est source de profit uniquement à la condition d’exploiter le temps de vie d’autrui.

          La lutte finale tourne tourne autour de la possession du temps de vie de chacun, dans le système actuel, né et perpétué depuis au moins 5 000 ans, l’enjeu est la maîtrise du temps de vie des humains à son profit personnel.

          Ce n’est pas la monnaie qui est un bien commun, puisqu’elle traite du travail de chacun, mais la propriété de la terre qui est commune et donc tout ce qu’elle contient de ressources. mais aussi ses outils de productions, qui sont le fait d’une réalisation commune et non particulière.


        • Alban Dousset Alban Dousset 27 janvier 2015 11:46

          "La violence systémique du monde est dû à la lutte pour la propriété et seulement de la propriété dans le but de se donner les moyens d’exploiter à son profit le temps de vie d’autrui"

          >> Je pense qu’il est dangereux et simpliste de réduire « la violence (systémique) du monde » à la "lutte pour la propriété".

          1) Il n’y avait pas de propriété chez les amérindiens (puisque nomade) et pourtant il arrivait que ces tribus se fassent la guerre.
          — > Il me paraît donc inadéquat de réduire la violence au seul phénomène de propriété.

          2) Selon moi, le phénomène de propriété est d’abord lié à notre sédentarisation. Par exemple, prenons un agriculteur qui délimite son champs pour revendiquer l’appartenance de la terre sur laquelle il travaille. Dans le cas précité, la propriété n’a pas pour objet de se "donner les moyens d’exploiter à son profit le temps de vie d’autrui" mais quasiment l’inverse, à savoir se "donner les moyens qu’autrui n’exploite pas à son profit le temps de vie dépenser à travailler"...

          Selon moi, abolir la propriété individuelle (et donc la propriété lucrative) relève d’un raisonnement aussi limité que celui qui conduit à renoncer à la monnaie.

          (Pardon pour le caractère un péremptoire de ma dernière phrase.)


        • Hervé Hum Hervé Hum 27 janvier 2015 13:32

          >> Je pense qu’il est dangereux et simpliste de réduire « la violence (systémique) du monde » à la "lutte pour la propriété« .

          Le simplisme consiste à réduire la pensée à la propriété, mais pas à la lier à l’exploitation d’autrui.

          S’il n’y avait pas de propriété chez les amérindiens, il y avait les terrains de chasses, les vivres, les objets précieux et les femmes. Autant de propriétés convoités par les hommes.

          Quand une personne cultive un terrain, il peut dire que ce qui lui appartient c’est le fruit de son labeur, mais certainement pas la terre elle même.

          Quand vous écrivez »donner les moyens qu’autrui n’exploite pas à son profit le temps de vie dépenser à travailler« ..

          Vous n’avez pas l’impression d’oublier le détail qui change tout ?

          Enfin vous écrivez »Selon moi, abolir la propriété individuelle (et donc la propriété lucrative) relève d’un raisonnement aussi limité que celui qui conduit à renoncer à la monnaie."

          Etes vous seulement capable d’argumenter votre position ? D’autant que vous traitez mon raisonnement de limité sans même le connaître, car je vous ait donnée ici les conclusions et non le raisonnement. 

          Vous voulez un aperçu de mon raisonnement, lisez ce lien

          Je vous laisse y réfléchir...


        • Alban Dousset Alban Dousset 27 janvier 2015 20:33

          Bon, je retire « limité » disons plutôt que ces raisonnements m’apparaissent « inadéquats ».

          Selon moi, vous ostracisez la possibilité que l’argent et la propriété individuelle soient d’abord des moyens de valoriser le travail (individuel) avant d’être un moyen de "donner les moyens d’exploiter à son profit le temps de vie d’autrui".


          • Hervé Hum Hervé Hum 27 janvier 2015 21:54

            Quelle est la différence entre ce que vous dites et moi ?

            Le temps !

            Ce que vous écrivez valait au début de la sédentarisation, mais le rapport s’est inversé avec les effets même de cette sédentarisation et c’est ce qui ressort de la colonisation de la terre.

            Aujourd’hui, celui qui ne possède que sa bicoque ne peut pas se dire propriétaire, car s’il ne possède que sa maison, cela a de grande chance de vouloir dire qu’il ne possède pas son outil de travail et est donc dépendant d’autrui.

            Plus il est dépendant, plus il est exploitable, plus il est précaire et moins il est libre.

            Toutefois, il est tout à fait possible et même tout de suite, de valoriser le travail individuel avec une monnaie reflétant la mesure de la valeur du temps de vie, mais sans la propriété, sauf d’usage.


          • Alban Dousset Alban Dousset 27 janvier 2015 22:59

            Nous sommes d’accord sur ce constat : "Aujourd’hui, celui qui ne possède que sa bicoque ne peut pas se dire propriétaire, car s’il ne possède que sa maison, cela a de grande chance de vouloir dire qu’il ne possède pas son outil de travail et est donc dépendant d’autrui.
            Plus il est dépendant, plus il est exploitable, plus il est précaire et moins il est libre.« 

            Nous sommes d’accord sur ce point.
            Mais, en ce qui me concerne, c’est un problème d’économie politique >> pas un problème de monnaie ou de propriété.

            Le renoncement d’une »partie« de la propriété pour ne garder que l’usage (Friot supporte cette idée je crois) mais je n’y crois pas. Je crois que c’est une absurdité.. Si un agriculteur veut détruire un hangar pour le reconstruire, qui irait l’en empêcher en lui spécifiant qu’il n’a que la propriété d’usage et que c’est à la collectivité d’en décider ? Idem avec un particulier qui veut démolir son garage.

            En U.R.S.S, lorsque l’état s’est saisit du bétail des agriculteurs au nom du »bien commun« et du »renoncement à la propriété individuelle", les agriculteurs ont préféré les abattre plutôt que de se faire voler. Par ailleurs, on n’empêchera pas les gens de vouloir posséder des biens, ni avec la force, ni avec le droit et je serai le premier à résister à ce communisme totalitaire.


          • Hervé Hum Hervé Hum 28 janvier 2015 09:50

            L’éveil citoyen passe aussi par revoir la cohérence de son raisonnement.

            La propriété d’usage est posséder un bien, mais dès lors que l’on entre dans l’outil de production, la notion de propriété devient un totalitarisme puisque cette propriété est l’outil d’exploitation des travailleurs par ces propriétaires.

            La cohérence d’esprit consiste à ne pas dire une chose et son contraire dans la même suite d’idée.

            J’ai distingué la propriété d’usage des moyens de productions. Mais j’ai aussi et surtout parlé de la rémunération du travail individuel selon son mérite et non plus selon son capital monétaire et la propriété des moyens de productions.

            Vous admettez dans un premier temps que la propriété est très relative en dessous d’un certain seuil, mais finissez par dire que vous la défendrez coûte que coûte. Bref, vous n’aimez pas les riches mais défendrez leur propriété au nom de la propriété, même si celle ci est la cause de tous vos maux, sur la simple base que si vous possédez un bout de lopin de terre, il vous semble faire partie de la classe des propriétaires, même si vous admettez le contraire. Aux dernières nouvelles, les nouveaux paysans sont des employés de fonds de pensions ou de leur multinationales. Comme en URSS, on a d’abord abattue le cheptel en provocant la faillite du paysan, pour pouvoir en faire un employé ou un nouveau chômeur.

            Bref, vous écrivez n’importe quoi, Je ne vois pas que vous soyez encore éveillé, mais toujours en proie au conditionnement d’esprit, car vos réflexes sont dictés par celui ci et vous interdisent véritablement de vous éveiller.

            C’est que si cet éveil part d’un état d’esprit, il doit suivre un processus de remise en question du système, sans cela, vous serez toujours repris par ce dernier et votre éveil un leurre.


          • Alban Dousset Alban Dousset 28 janvier 2015 12:50

            "Bref, vous n’aimez pas les riches mais défendrez leur propriété au nom de la propriété, même si celle ci est la cause de tous vos maux« 

            Je ne défends pas la propriété des riches, je défends la propriété de tous.
            Je m’efforce de ne pas polluer mes raisonnements avec des sentiments. (Je n’éprouve ni haine, ni amour pour les riches)
            Nous sommes arrivés à des conclusions différentes sur la propriété (>> je ne pense pas que »celle ci est la cause de tous nos maux").
            Peut-être que je me trompe mais admettez que vous êtes peut-être également dans l’erreur (si votre orgueil ne le permet pas, je pense que notre discussion devrait s’arrêter ici).

            Au sujet des inégalités de richesses, je crois que les solutions doivent se rechercher dans l’économie politique et la fiscalité, au contraire je crois que les solutions trop radicales tel que le renoncement à la monnaie ou à la propriété seraient nocives pour notre société et conduirait à des systèmes politiques totalitaires.

            En ce qui me concerne, je ne prétend pas connaître le terme conceptuel de mon propre éveil citoyen et encore moins celui des autres.

            Cordialement,


          • Hervé Hum Hervé Hum 28 janvier 2015 13:57

            J’en terminerai avec ce commentaire

            Vous écrivez

            « je ne défends pas la propriété des riches, je défends la propriété de tous. »

            Ceci est une aporie, c’est impossible, vous ne pouvez à la fois défendre la propriété des riches et défendre la propriété de tous.

            Pour la simple raison que la propriété est par définition exclusive au sens d’exclusion. La propriété est sélective et l’exception, la règle est la non propriété. (des moyens de production et de son financement).

            Bref, défendre la propriété de quelques uns, c’est la défendre à tous les autres et non la défendre pour tous.

            Quand à la fiscalité, elle ne résout rien du tout, mais justifie au contraire la propriété d’une minorité au dépend des autres, car sinon, il n’y aurait pas besoin de fiscalité consistant à reprendre aux uns pour redonner aux autres. D’autant que cette manière de faire stigmatise ceux qui reçoivent l’argent ainsi redistribué comme étant des assistés et les riches comme des généreux donateurs.

            Enfin, je n’ai jamais écrit qu’il fallait renoncer à la monnaie, mais lui redonner son sens propre, soit, être la mesure de la valeur du temps de vie dédié ou détenu sur autrui. Aujourd’hui, toutes les dérives financières sont dû au fait que la monnaie est vue comme une marchandise et non comme un temps de vie dédié. Sachant que ce temps de vie est individuel et interdit la spéculation, entre autres choses.

            L’éveil citoyen consiste à mettre la responsabilité avant la propriété, sinon, c’est rester endormi, car au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, les dirigeants de l’économie font le forcing pour sacraliser la propriété et renforcer leur statut d’irresponsable pour tous les dégâts causés par leur actions pour tout domaine, social, économique, politique ou écologiques, mais en faire supporter le poids à ceux qui ne sont pas propriétaires, soit, les 99% de l’humanité.

            Salut...


          • Xenozoid 28 janvier 2015 14:00

            Pour la simple raison que la propriété est par définition exclusive au sens d’exclusion.

            exactement,toutes autres raisons de nier que l’outil de production est entre les mains du maitre est de facto non avenu


          • Xenozoid 28 janvier 2015 14:30

            car même le cadastre vous dira que le pouvoir est per se garant de votre collaboration


          • Hervé Hum Hervé Hum 27 janvier 2015 22:17

            Alban Dousset

            l’éveil citoyen consiste à réaliser que la responsabilité individuelle et collective passe et détermine le sens de la propriété particulière et d’état. Non l’inverse.

            Citoyen veut dire droit de cité, selon ses devoirs remplis. Dans un système où la représentation politique ne représente plus que les intérêts des propriétaires de l’économie, cela veut dire que la notion de citoyenneté n’existe plus en tant que défense de l’intérêt général, mais de la soumission à l’intérêt des propriétaires de l’économie.

            Sauf que ce dernier cas de figure est censé représenter les citoyens endormis.

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