100 profils d’AgoraVox à la loupe
Dans le cadre d'un mémoire sur AgoraVox, j'ai décidé de me pencher d'un peu plus près sur ceux qui font vivre le site, ceux qui contribuent, plus ou moins intensément, plus ou moins régulièrement, à l'entreprise citoyenne qu'est AgoraVox. Pour cela, j'ai choisi de commencer par l'étude de leurs (de vos) profils. Comment les rédacteurs d'AgoraVox se présentent-ils ?
Mon étude n'est pas la première. Deux autres peuvent être trouvées ici-même, sur AgoraVox :
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http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/resultats-de-l-enquete-sur-les-61718
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http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/enquete-sur-les-redacteurs-d-57388
Mais comme vous le pouvez le voir, elles datent toutes deux de 2009. 2009, c'est loin, et en cinq ans et demie, les choses changent... Certaines en tout cas. Il est intéressant de noter que d'autres en revanche, n'ont pas vraiment évolué.
AgoraVox, c'est aujourd'hui plus de 83 000 inscrits. Difficile de parcourir un par un autant de profils... Pour mon étude, j'ai donc adopté la méthode d'Aurélie Aubert, qui dans son article « Le paradoxe du journalisme citoyen », a étudié AgoraVox, et ce en 2009 (elle aussi). La méthode est simple : recenser 100 profils, au hasard, en gardant les rédacteurs qui renseignent leur profession, actuelle ou passée. 100 profils sur 83 000, c'est peu : le résultat n'est sans doute pas strictement représentatif, mais il peut toujours donner des informations dignes d'intérêt. (D'autant que certains résultats ne sont pas si éloignés de ceux obtenus par les enquêtes précédentes, qui portaient sur plus de profils.)
Certains ne manqueront pas de souligner qu'un tel recensement se base sur ce que disent les rédacteurs d'eux-mêmes, sans pouvoir distinguer le vrai du faux. Toutefois, certaines informations sont vérifiables : un rédacteur qui se dit écrivain devrait logiquement apparaître quelque part sur Internet. De plus, je pars du principe que finalement le mensonge importe peu s'il est plausible, en tant qu'il participe de la construction d'une identité numérique, qui n'est pas sans intérêt.
Que révèle le recensement ?
Pour obtenir 100 profils intéressants pour moi, il m'a fallu parcourir 260 descriptions (dont un nombre important d'absences de description) : autrement dit, 38 % des 260 rédacteurs en question indiquent leur activité professionnelle.
Une chose n'a pas changé, c'est la faible présence des femmes sur AgoraVox. Déjà observée en 2009, cette sous-représentation s'est même accentuée : aujourd'hui, on peut trouver seulement 12 femmes contre 88 hommes, qui sont de fait 7 fois plus nombreux (et pas seulement 4 fois plus nombreux comme l'observait Aurélie Aubert il y a 6 ans.)
Les retraités sont quant à eux toujours aussi nombreux : 13 % en 2009 d'après Iannis Pledel, 14 % aujourd'hui. (A noter qu'ils sont très certainement bien plus, ces 14 % n'étant constitués que de ceux qui se présentent explicitement comme tels dans leur description.)
En ce qui concerne les catégories socio-professionnelles, peu de choses semblent avoir changé depuis les précédentes enquêtes. Les catégories socio-professionnelles dites « élevées » sont toujours les plus nombreuses. La majorité des rédacteurs étudiés est faite de professeurs (instituteurs, professeurs de collège, de lycée, universitaires...) : 19 %. Cette catégorie, qui représentait 13 % des profils étudiés par Aurélie Aubert, semble donc en hausse. Les cadres sont eux aussi nombreux (13 rédacteurs sur 100), de même que les professions « artistiques » (chanteurs, dessinateurs, écrivains) : 16 rédacteurs sur 100. Aux écrivains présents ici s'ajoutent tous ceux qui se présentent comme écrivains en parallèle d'une autre activité (contrairement aux premiers, qui se présentent uniquement comme auteurs). Au total, c'est un quart des rédacteurs étudiés qui se présente comme écrivains.
Autre fait notable, les ouvriers ne sont pas plus nombreux qu'ils ne l'étaient en 2009 : seulement 3%.
Le nombre d'étudiants, lui, a considérablement baissé : on en compte 2 sur 100 aujourd'hui, là où ils étaient 13 % au moment de l'enquête de Iannis Pledel, et 18 % au moment de celle d'Aurélie Aubert. Hasard dû à un échantillon aléatoire ou désertion ?
Un dernier point qui mérite d'être souligné est le nombre de journalistes professionnels sur AgoraVox. Aurélie Aubert en trouvait 11 sur 100 en 2009, ils sont 15 sur 100 aujourd'hui. Une présence relativement considérable, qui pourra en surprendre certains sur un site de journalisme citoyen.
(N'hésitez pas à réagir, et à me contacter. Je suis à la recherche de rédacteurs à rencontrer pour mon mémoire, tout témoignage sera le bienvenu : [email protected])
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