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Manger toujours plus pour se nourrir moins

Force est de constater que nos sociétés occidentales ont suivi un régime plutôt riche en glucides et en graisses ces dernières décennies. Manger plus n'est pas forcément se nourrir plus et encore moins se nourrir mieux.

Pour étayer cette tendance, un article publié initialement sur le site terraeco puis republié sur rue89 et depuis partagé plus de 18 000 fois sur les réseaux sociaux. Si on se réfère à cet article, si l'on voulait retrouver les qualités nutritionnelles d'un fruit ou légume des années 50, il faudrait en avaler une demi-cagette ! Et cet article prend l'exemple de la pomme, une transparente de Croncel.

La valeur des nutriments aurait diminué

BAD-nutrimentsSelon cet article, qui a fait l'effet d'une bombe en suscitant analyses et débats contradictoires, pour retrouver les vitamines C d'une pomme en 1950, il faudrait près de 100 pommes aujourd'hui.

Il demeure notable que depuis 1997 des dizaines d'études aussi bien universitaires que diététiques et ce, partout sur planète, tendent à confirmer que la chute de la concentration en nutriments dans nos aliments est une réalité. Ces études révèlent ainsi une perte de "densité nutritionnelle", c'est-à-dire une quantité de nutriments (vitamines, minéraux....) qu'un aliment contient rapporté à son nombre de calories.

Les causes de ce phénomène

BAD-MonsantoOn y verra bien sûr en premier lieu, les méthodes agricoles. La recherche du profit a fait naitre de nouvelles techniques avec le recyclage des gazs et autres procédés chimiques utilisés pendant la seconde guerre mondiale. L'utilisation intensive de pesticides et d'herbicides a ainsi profondément modifié la structure et la qualité des sols. Les engrais ont permis d'augmenter significativement la vitesse de croissance des plantes mais dans le même temps les micronutriments disposent de moins de temps pour se fixer.
Au final ces techniques intensives et irraisonnées n'ont fait qu'épuiser les sols, dont la teneur globale en nutriments ne cesse de diminuer. Certains sols sont morts à 95 %, la quasi totalité de la biodiversité a été anéantie par les pesticides.

Les éléments de preuve ne manquent pas pour décrire ce phénomène. Les données recueillies par les gouvernements foisonnent et démontrent toutes que la teneur en éléments nutritifs essentiels des différents aliments analysés a baissé parfois jusqu'à atteindre des baisses de 10 à 50 % de la teneur en fer, zinc, calcium, sélénium, soit des éléments essentiels que l'on trouve dans l'alimentation.

Le prix à payer

Le lien entre rendement et la valeur nutritionnelle des aliments n'est pas anodin. Pour répondre à une croissance très importante de la population au lendemain de la seconde guerre mondiale, il a fallu augmenter les rendements. Bien que souhaitable, cette hausse de la productivité a induit des couts cachés, en l’occurrence une baisse de la valeur nutritive des aliments. A une forte échelle et à long terme, l'agriculture intensive pourrait poser un gros risque en terme de salubrité alimentaire. En bref plus les rendements augmentent, plus la concentration de nutriments diminue.

Des conclusions farfelues

BAD-HOAXSi l'urgence est grande, il ne faut pas tirer des conclusions trop hâtives au sujet de certaines "études". Si nous revenons à l'article sur la pomme de 1950 qui en vaudrait 100 de nos jours, il faut poser un postulat de départ : comparer ce qui est comparable. Une première remarque est que les scientifiques manquent de données concernant les aliments en 1950. Et jusqu'à preuve du contraire, ils n'ont plus ces aliments sous la main pour les analyser. Ensuite les procédés et normes d'analyse entre 1950 et nos jours, ne sont plus les mêmes. Et enfin, et non des moindres, comparons une pomme de Croncels 2015 avec une pomme de Croncels 1950 et non pas une pomme de Croncels 1950 avec une pomme golden 2015 comme fait dans cette pseudo étude.

Alors effectivement, on nous avance dans cette étude qu'une pomme de la variété transparente de Croncels de 1950 contenait 100 fois plus de vitamines C qu'une golden délicious (la pomme phare vendue partout sur les étales) d'aujourd'hui. C'est peut être vrai, mais les apports nutritifs varient intrinsèquement et largement d'une variété de pomme à l'autre. Hier, quand nos grand-parents croquaient dans une transparente de Croncels, ils avalaient 400 mg de vitamine C, indispensable à la fabrication et à la réparation de la peau et des os. Aujourd’hui, les supermarchés nous proposent des bacs de Golden standardisées, qui ne nous apportent que 4 mg de vitamine C chacune. Soit cent fois moins.

Cet article a été ainsi controversé et discuté notamment sur ce blog canadien. Bernard Lavallée est un nutritionniste montréalais, membre de l'Ordre Professionnel des Diététiciens du Québec. Dans son billet, ce diététicien démonte tous les arguments avancés par terra ecro. S'il ne remet pas en cause la baisse générale de la valeur nutritionnelle constatée par des études, il met en relief des erreurs car, selon les études, le contenu en vitamine C des pommes a augmenté de 16%. Donc, selon ce diététicien, l’article était basé sur une fausse donnée.

Par ailleurs, il explique les causes plausibles de la baisse générale de la valeur nutritionnelle des aliments par les exigences de la logistique et de la grande-distribution qui perturbe le cycle de maturité des fruits et accentue la perte d'éléments nutritionnels. Pour mieux résister au transport, les fruits et les légumes sont souvent cueillis avant d’être mûrs. Cela pourrait également affecter la quantité de nutriments qu’ils contiennent. D'autre part, la politique marketing du secteur de la grande distribution est de proposer des fruits et légumes esthétiques dans les rayons, un produit qui brillera plus par ses qualités esthétiques que nutritionnelles. On mesure là tout le rôle des consommateurs, lesquels se montrent frileux pour acheter des produits qui n'entrent pas dans des normes esthétiques.

Franchir le cap : la permaculture, une alternative pour mieux se nourrir

BAD-permacultureSi l'agriculture BIO fournit globalement des rendements inférieurs et ne répond pas à une logique de rentabilité, il n'en demeure pas moins que la qualité des produits est bien souvent supérieure à l'agriculture intensive. La teneur en nutriments y est aussi plus élevée.

Mais qu'en est-il des jardins nourriciers d'antan ? une nouvelle technique, ou plutôt une redécouverte des techniques ancestrales, un système conceptuel inspiré du fonctionnement de la nature.

La permaculture cherche à concevoir des installations humaines harmonieuses, durables, résilientes, économes en travail comme en énergie, à l’instar des écosystèmes naturels. Ses concepts de design reposent sur un principe essentiel : positionner au mieux chaque élément de manière à ce qu’il puisse interagir positivement avec les autres. Créer des interactions bénéfiques, comme dans la nature où tout est relié et mieux se nourrir.

La permaculture représente ainsi l’avancée contemporaine la plus pertinente pour réconcilier l’Homme et la Nature.

Que la nourriture soit votre médecine et votre médecine la nourriture. Hippocrate

Sources :Terraeco.net

journalmetro.com

le nutritionniste urbain de Bernard Vallée


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6 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 28 février 2015 10:49

    « Certains sols sont morts à 95 %, la quasi totalité de la biodiversité a été anéantie par les pesticides. »
    il n’y a plus de rotations des sols et l’engrais est trop chimique.
    -
    fin hyper nul car la permaculture est bidon pour l’instant.


    • alberto alberto 28 février 2015 14:49

      Sols épuisés, et lessivés, compactés...

      Les petites bêtes qui aèrent la terre chimiquement éradiqués...

      Pour la suite, une petite visite ici !


      • Alren Alren 28 février 2015 19:34

        Qui est responsable de cette situation ?


        En premier lieu les consommateurs qui, bien avant la crise, pendant les trente glorieuses, ont voulu faire baisser le poste de dépense « nourriture » pour augmenter les dépenses « plaisirs ».

        En grande majorité, ils se sont rués sur le produit "le moins cher".


        Pour les satisfaire mais aussi satisfaire les actionnaires avec des marges importantes, en deuxième lieu, les grandes surfaces ont exigé des producteurs agricoles une baisse des prix en monnaie constante et ont importé de l’étranger des produits de basse qualité pour faire plier les agriculteurs français. Lesquels, beaucoup trop individualistes, n’étaient pas de force à lutter.


        En troisième lieu, les moins coupables ont été les agriculteurs.

        Dominants dans la France traditionnelle, cajolés par le régime de Vichy pendant l’Occupation (« La terre ne ment pas ») et privilégiés du fait de la pénurie alimentaire organisée alors dans les villes, ils ont vu leur statut chuter progressivement mais sans interruption des années 60 à nos jours.

        Les jeunes générations d’alors ont réagi en suivant les conseils intéressés qui les poussaient à investir dans le machinisme de manière à ne plus payer de salaires d’ouvriers agricoles, à utiliser les produits chimiques pour lutter contre les maladies des plantes et animaux qui pouvaient les ruiner d’un coup (cela a été le cas pour certains avec l’encéphalite spongiforme bovine, dite maladie de la vache folle), à sélectionner des plantes qui assuraient le plus gros volume de récolte et sans pertes.

        Ce qui fait qu’on a assisté à des crises de surproduction de produits médiocres qui ont permis à leurs adversaires acheteurs de faire baisser les prix à ceux qui réussissaient à vendre.


        Heureusement une réaction se dessine parmi les consommateurs éclairés en faveur du bio et de la production locale ce qui incite les agriculteurs les plus lucides et les plus amoureux de leur métier à se lancer dans la production de qualité.


        Mais les sols dégradés par l’agriculture « chimique », je devrais dire pollués, mettrons beaucoup de temps à retrouver leur qualité originelle.

        Cependant la faible progression démographique d’un pays comme la France, privilégiée en matière de climat, devrait permettre à nos descendants de bien manger !


        • Enabomber Enabomber 28 février 2015 21:59

          Les consommateurs ont aussi privilégié le produit le « moins fatigant », au détriment de la diversité forcément. Qu’on pense au topinambour ou au pâtisson, qui ont failli disparaître ; et je suis toujours étonné par les copains du fiston qui découvrent à la maison le goût d’une vraie purée qui demande 30 mn, alors que paraît-il le français passe plus de 3h30 devant sa téloche !


        • foufouille foufouille 1er mars 2015 09:59

          @Alren
          "Heureusement une réaction se dessine parmi les consommateurs éclairés en faveur du bio"
          ha ?
          faut pas avoir les revenus suffisants ?
          c’est pareil pour la vente de lait à la fermen inexistant de nombreuses années.


        • Frolof 7 mai 2015 16:38

          Je suis tombée sur cet article qui explique les différents labels et certifications alimentaires : http://chefsimon.lemonde.fr/pratique/label.html

          Pensez-vous que les produits labélisés type AOC ou IGP garantissent une alimentation plus saine, plus de qualités nutritives, valeurs nutritionnelles, pratiques éthiques et respect du sol ?

          Il semblerait que de nombreuses démarches de certification sont en cours pour éviter de dégrader notre santé et d’épuiser la terre, mais cela marche-t-il vraiment ?

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