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Rachat d’Alcatel, fin d’histoire pour l’ex CGE, ancien fleuron industriel des Trente Glorieuses Françaises

Cette belle semaine d'avril, par un beau soleil d'été, sans tambour ni trompette l'ancienne CGE d'Ambroise Roux a rendu l'âme après une très longue agonie commencée il y a près de vingt ans, déjà.

Au printemps 2014, on avait appris le rachat de SFR par le câblo-opérateur Numéricâble, société du franco-israélien Patrick Drahi très « optimisée » fiscalement via Luxembourg, Guernesey, la Suisse et autres Antilles bien choisies, puis on avait découvert l’OPA de l’Américain General Electric sur Alstom, fleuron français emblématique des centrales et réseaux électriques, du TGV et autres tramways, mais aussi des éoliennes et hydroliennes.

Déjà, à l’automne 2013, les annonces de la liquidation de l’Entreprise de composants microélectroniques LFoundry ainsi que les projets de fermeture de nombreux sites français d’Alcatel-Lucent avaient sérieusement noirci le paysage économique français.

Si l’on s’intéresse d’un peu plus près à l’histoire de ces entreprises on découvre qu’elles sont toutes plus ou moins liées à deux anciennes gloires des Trente Glorieuses Françaises, les deux CGE :

On peut lire un historique plus complet sur ces deux fleurons de l’industrie française dans le site : http://environnement.geopolitique.over-blog.fr/article-qui-sont-les-veritables-extremistes-partie-iii-triomphe-de-l-argent-roi-118283286.html et http://environnement.geopolitique.over-blog.fr/article-ou-sont-les-veritables-extremistes-partie-ii-comment-le-systeme-oligarchique-a-t-il-pu-s-installe-117727220.html.

Ces articles s’intéressent plus précisément à la manière dont les deux groupes géants ont pu traverser la période d’avènement de la finance reine des années 80-90, transition de l’économie colbertienne à une économie financiarisée sacrifiant à la fièvre boursière que découvrent alors les élites hexagonales.

L'article suivant de mai 2014 rappelle comment les deux groupes CGE, compagnie générale d'électricité et Compagnie générale des eaux ont été démantelés sous l'égide de leurs PDG respectifs, Serge Tchuruk et Jean-Marie Messier lors des années 1990-2000.

http://environnement.geopolitique.over-blog.fr/2014/05/des-cge-a-alcatel-lucent-alstom-sfr-lfoundry-naufrage-de-l-industrie-francaise.html

 

 

Le rachat du groupe Alcatel-Lucent par le Groupe Nokia, finalisé ce jour, 15 avril 2015,

voit donc la disparition de fait du dernier vestige souverain de la CGE. Quand on connait la proximité de Nokia avec le géant Microsoft-qui a déjà racheté la branche téléphone mobile-on peut penser que l'optimisme du ministre Macron et de son protecteur Hollande sur l'emploi et l'émergence d'un champion européen relève plus du cynisme que de la naïveté.

Le billet de Mélenchon dénonce une braderie d'Alcatel et de ses 27000 brevets initiée par les américains de Lucent et terminée par ce rachat de Nokia.

L' américain General Electric avait dès l'an passé acquis la branche énergie d'Alstom, autre reliquat de la glorieuse CGE. L'indépendance de la filière nucléaire civile française se trouve ainsi largement contestée d'autant plus que l'autre maillon de la chaine, Areva, connait de graves difficultés.

Pour être encore plus complet dans cette description de la chute de la CGE, on se souviendra que la branche Alstom Marine-les chantiers de l'Atlantique, à Saint Nazaire- a été cédée en 2006 aux chantiers navals norvégiens Aker Yards, puis racheté entièrement par le coréen STX en 2010. Depuis 2013, le coréen STX veut se séparer de sa branche STX-France ; il semblerait que depuis décembre 2014, le gouvernement français envisage un partenariat avec le chantier public italien Fincantieri et l'entreprise DCNS pour cette reprise.

DCNS est l'actuelle structure industrielle des anciens arsenaux maritimes ; c'est une société anonyme détenue à 64% par l'état français et à 35% par le groupe Thalés. Quand au groupe Thalès, c'est "un des leaders mondiaux des équipements à destination de l'aéronautique et de l'espace, de la défense, de la sécurité et des systèmes de transport" détenu à 27% par l'état et 26% par Dassault.Thalès renferme encore en son sein une petite partie de la branche militaire d'Alcatel.

Il semblerait bien, qu'au nom d'une hypothétique et fantasmatique Europe de la Défense,

le Gouvernement français se prépare à abandonner de nouveaux pans de notre industrie. Le projet KANT voudrait rapprocher les deux industriels français et allemands de l'armement, Nexter (les anciens arsenaux nationaux français) et KMW.

On notera au passage la subtile finesse toute militaire de l'acronyme KANT : Kmw And Nexter Together. La difficulté tient aux deux structures quasi opposées des deux groupes, capital détenu par l'état français à 100% pour l'une et entreprise familiale allemande pour l'autre.

Des regroupements avec Thalés avaient été envisagés un instant, mais les Allemands avaient eu bien trop peur de se trouver en position de faiblesse-ce qu'ils n'aiment pas du tout, mais alors pas du tout !

Cela doit moins gêner nos différents gouvernements qui ont finalement laissé la gouvernance d'EADS-création française-aux bonnes mains allemandes. Il est vrai que confier une grosse part de l'actionnariat français dans le portefeuilles de Lagardère fils n'a pas été une brillante idée ! (voir l'affaire EADS dans le lien précédent).

Pour clore ce chapitre sur les industries de l'armement,

on ne peut pas ne pas citer le groupe Safran détenu à 22,4% par l'état. "Ses métiers sont la conception et la production de moteurs d’avions, d’hélicoptères et de fusées, d’équipements aéronautiques, de défense et de sécurité "

Le groupe est issu en 2004 de la fusion -privatisation de la société publique SNECMA (moteurs de fusée en rapport avec le programme spatial et militaire français) avec la société Sagem d'électronique et télécommunication.

La fusion a connu quelques tirages car la branche Télécom de Sagem a largement péréclité par la suite, ce qui a pu apparaitre comme un manque à gagner pour SNECMA dans l'opération de fusion. Le groupe est rentré dans le CAC 40 en 2011.

Ne voila-t-il pas maintenant que Safran et Airbus lorgnent sur Arianespace et le CNES !

Cela permettrait aux deux derniers vestiges des ambitions spatiales de la France Colbertienne-Gaullienne ?-de passer sous le giron Allemand-heu, non, je veux dire Européen !

Affaire à suivre, tout de même !


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7 réactions à cet article    


  • titi titi 17 avril 2015 16:18

    Ce que je retiens :

    « La difficulté tient aux deux structures quasi opposées des deux groupes, capital détenu par l’état français à 100% pour l’une et entreprise familiale allemande pour l’autre »

    D’un coté les entreprises françaises ex-nationalisées modèles le l’intelligentsia française
    de l’autre le capitalisme paternaliste rhénan et bavarois honnis par cette même intelligentsia.

    Mais au final ? Quel est le modèle qui fonctionne ?


    • redrock redrock 17 avril 2015 19:59

      @titi
      Le modèle colbertien fonctionnait pas trop mal, mieux que celui des allemands qui n’ont inventé ni Airbus, ni Ariane et qui se trouvait assez mal en 2004.
      Le modèle ultralibéral ne réussit pas à la France, trop individualiste et bordélique ; il convient bien aux allemands plus disciplinés et communautaires.

      Les français n’aiment pas trop les inégalités, ne l’oubliez pas ! La culture, l’historicité, cela existe, bien au delà des modèles anglais, allemands ou serbo-croates !


    • titi titi 17 avril 2015 23:50

      @redrock

      La France contemporaine n’a connu qu’une période de prospérité qui ne correspondait pas à une « reconstruction ».

      C’était sous Napoléon III. Et le modèle choisit c’était le libéralisme.

      « allemands qui n’ont inventé ni Airbus, ni Ariane et qui se trouvait »
      C’est assez cocasse comme remarque... étant donné que la France a récupéré des savants nazis en particulier dans ces domaines...


    • redrock redrock 18 avril 2015 00:45

      @titi
      si prospère qu’on a eu droit ensuite à la guerre de 1870 puis à la Commune de Paris !

      Cocasse peut être, mais l’ESA et EADS ont été crées par la France et non par l’Allemagne.


    • titi titi 21 avril 2015 23:09

      @redrock

      Bah ca vous fait peut être mal ou je pense mais c’est un fait : le règne de Napoléon III a été prospère et ce n’est pas grâce à la « redistribution » par l’Etat.

      Le second Empire a fini par une guerre... comme la III ème république (celle du front pop), et la IV ème (celle du CNR)... donc...


    • hunter hunter 17 avril 2015 17:52

      Ce n’est qu’une multinationale qui se fait bouffer par une autre !

      Personnellement, rien à foutre !

      Que ces multinationales se fassent leurs guéguerres boursières, vraiment rien à foutre !!!!!

      Les emplois me direz-vous ? Quand leur centaines de milliers de salariés larbinisés auront compris que leur valeur au yeux de leurs « big chiefs », c’est rien, nada niente, nothing, eh bien qu’ils les buttent et se libèrent de leur salariat esclavagiste !

      La Vie, ce n’est pas d’appartenir à une société et de se crever la santé pour qu’elle vous jette comme une merde quand elle n’a plus besoin de vous !

      Tant que les gens n’auront pas compris ça...........

      Adishatz

      H/


      • redrock redrock 17 avril 2015 19:51

        @hunter
        Si le pays ne produit plus rien qui payera l’ardoise pour nos importations ?
        L’économie est une réalité complexe, trop pour la laisser entre les mains de quelques spéculateurs !

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