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Les Turcs ont-ils piégé le gouvernement tunisien de Habib Essid ?

Maillon faible du gouvernement Essid II comme d’Essid I, Taïeb Baccouche ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique tunisienne y compris parmi les siens, notamment à cause de ses connaissances approximatives en matière diplomatique. Une carence qu’il prouvera dans les règles de l’art quand « il a déclaré, il y a quelques jours, lors d’une interview télévisée, que suite à son rappel à l’ordre, les autorités turques se sont résignées à ôter du visa octroyé aux tunisiens la mention +Motif de la visite : Jihad+ ».

Le résultat final du second tour de la présidentielle tunisienne, qui a eu lieu le 21 décembre dernier entre Béji Caïd Essebsi, chef du parti Nida Tounes (ancien ministre sous Habib Bourguiba et président de la Chambre des députés sous le président déchu en fuite en Arabie saoudite Zine el-Abidine Ben Ali), et Moncef Marzouki, président de la République sortant, a surpris nombre d’observateurs et de pays concernés par ce scrutin décisif. La Turquie, ex puissance coloniale, fait naturellement parti des Etats qui suivaient de très près cette élection présidentielle, la première après la « révolution du Jasmin » du 14 janvier 2011. Les néo-ottomans avec à leur tête Recep Tayyip Erdoğan devraient être déçus de voir Monecf Marzouki ainsi battu. Ce dernier est effectivement réputé proche du parti islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi, laquelle formation politique a pour modèle l’AKP, le parti islamiste au pouvoir à Ankara. « Rached Ghannouchi et ses épigones ont érigé l'AKP turc en +modèle officiel+ » écrira la revue Jeune Afrique , fondée à Paris par le Tunisien Béchir Benyahmed. Les Turcs seront encore plus déçus quand ils apprendront plus tard que le gouvernement Habib Essid 1 comme sa copie modifiée Essid II de février 2015 a marginalisé le parti Ennahda, pourtant deuxième force politique représentée à l'Assemblée. Avec 69 députés, Ennahda devrait décrocher un nombre de portefeuilles ministériels en adéquation avec son rang sur l’échiquier politique. Seulement le parti de Ghannouchi ne se verra octroyé finalement qu’un seul poste ministériel et trois secrétariats d’Etat alors que Afek Tounes (Horizons de Tunisie), avec 8 députés seulement, obtient trois ministères. Dans pareille situation de partage inéquitable et à l’emporte-pièce de postes gouvernementaux, on corrige le déséquilibre en octroyant au parti lésé un ou deux postes clef au moins, généralement les Finances ou les Affaires étrangères. Rien de cela. Ennahda n’aura droit pas même au poste de secrétaire d’Etat auprès du chef de la diplomatie ! Portefeuille qui ira à l’indépendant M'hamed Ezzine Chelaifa ! Le parti islamiste se contentera d’un ministère : l’Emploi (un casse-tête dans un pays rongé par le chômage des jeunes) et de trois secrétariats d’Etat : à la Coopération internationale, à la Santé et aux Finances. Cosmétiques. En somme de quoi froisser le Big Brother turc qui ne cache pas son retour au Maghreb qui était, sauf le Maroc (1), sa chasse gardée du temps du glorieux empire ottoman de la Porte sublime El Bab al Aali). Mais qui connaît les Turcs doit savoir au moins qu’ils demeurent rarement les bras croisés quand ils sont contrariés.

Taïeb Baccouche ne fait pas l’unanimité

au sein de la classe politique tunisienne

Le Palais Carthage étant occupé par un anti islamiste déclaré, en l’occurrence Béji Caïd Essebsi, il ne reste aux Turcs que la porte diplomatique pour essayer de garder le contact avec Tunis. Mais là aussi le ministère des Affaires étrangères est pris par Taïeb Baccouche, affilié au même parti anti islamiste que le président Essebsi, à savoir Nida Tounes (l’Appel de Tunisie). D’où l’intérêt à ce que Baccouche saute. La chirurgie radicale.

Maillon faible du gouvernement Essid II comme d’Essid I, Taïeb Baccouche ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique tunisienne y compris parmi les siens, notamment à cause de ses connaissances approximatives en matière diplomatique. Une carence qu’il prouvera dans les règles de l’art quand « il a déclaré, il y a quelques jours, lors d’une interview télévisée, que suite à son rappel à l’ordre, les autorités turques se sont résignées à ôter du visa octroyé aux tunisiens la mention +Motif de la visite : Jihad+ ». Gonflé par son initiative Baccouche ajoutera que « Pour preuve, ils [les Turcs] ont supprimé du visa le terme +Motif : jihad+ qu’il assimile le tampon d’entrée apposé sur le passeport à un document de visa ! Mais le problème c’est que Baccouche, qui a reproché à la Turquie le fait de faciliter le passage des jeunes Tunisiens en Syrie au nom du jihad, ignorait que depuis 1962 les Tunisiens (pas plus que les Marocains) n’ont besoin d’aucun visa pour se rendre en Turquie ! La tuile. Surtout que du côté turc on a observé le silence total sur cette affaire. L’ambassadeur turc à Tunis dira aux journalistes tunisiens qu’Ankara est tenu par le strict droit de réserve en ce qui concerne cet incident. Silence (2) qui en fait en dit long sur les véritables visées des néo-ottomans. A savoir piéger le maillon faible du gouvernement tunisien ; non pas pour le remplacer (il risque fort d’être remplacé par un autre anti islamiste) mais pour attiser le brasier de controverse qui couve en son sein. En espérant une reconfiguration du champ politique du pays de Bourguiba en sa faveur. In cha'Allah !

(1) Grâce à la puissance du Maroc sous le Sultan Mohamed Cheikh Essaadi, la poussée ottomane vers l’ouest ne dépassera pas la frontière maroco-algérienne.

(2) L'ambassade turque à Tunis pouvait bien rappeler à Taïeb Baccouche l'inexistence du visa entre les deux pays, ce qui lui aurait évité de faire cette gaffe historique et monumentale.

http://chankou.over-blog.com/2015/04/les-turcs-ont-ils-piege-le-gouvernement-tunisien-de-habib-essid.html


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4 réactions à cet article    


  • Abdelkarim Chankou Abdelkarim Chankou 28 avril 2015 06:10

    ,,,,,,,,,,,,,


    • sls0 sls0 28 avril 2015 06:42

      Il ne faut pas trop se plaindre comme ministre des affaires étrangères incapable voir dangereux c’est la France qui a le premier prix, les places suivantes sont réservées pour l’Europe.

      C’est vrai que la Turquie bouge, on ne sait pas trop où elle va, j’espère que les turcs le savent mais j’en suis pas trop sûr.

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