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Accueil du site > Actualités > Société > Le règne de l’homme tournera-t-il au cauchemar ?

Le règne de l’homme tournera-t-il au cauchemar ?

JPEG Disons-le d’emblée, « Le règne de l’homme », publié en 2015 par Rémi Brague chez Gallimard, est d’abord un livre de philosophie et ensuite un important livre de philosophie qui raconte une longue histoire, celle de l’homme, de son rapport au cosmos et au divin, puis son rapport à lui-même. Le moment autoréférentiel étant alors le signe éclatant du projet moderne dont la naissance se situe entre la Renaissance et Descartes, dont l’essor couvre les Lumières puis la révolution industrielle de 1830, laquelle se poursuit jusqu’à notre ère de la révolution numérique pour aller où ? Eh bien c’est ce que cherche Brague mais avant de savoir où l’on va il faut comprendre d’où l’on vient et c’est tout l’intérêt de ce livre qui dessine une fresque historique montrant comment l’Homme se met en scène, se scénarise pour créer un théâtre lui permettant d’écrire sa propre partition afin de jouer une pièce sans se préoccuper des deux instances dont il faut tributaire et qu’il a oubliées, le cosmos et le divin. On peut comparer ce livre avec « Les mots et les choses » de Foucault, avec lequel il ne partage pas l’intention mais au moins l’envergure et la méthode savante, avec l’emploi d’innombrables références. Si je fais référence à Foucault, c’est à dessein, afin de placer ce grand livre dans un rôle qui ne lui est pas dévolu, celui de servir de miroir à une époque. Car la réception de cet ouvrage savant a été assez discrète, comparée avec celle de quelques livres savants il y a cinquante ans, ceux de Foucault par exemple. Brague n’est pas sous les feux d’une rampe médiatique qui préfère s’encanailler avec le cosmos de Onfray ou s’écorcher sur la déconstruction du 11 janvier par Emmanuel Todd, pour une polémique évoquant une bonne ou mauvaise république, sans oublier les best-sellers consacrés à la santé personnelle ou à l’accession au bonheur qui souvent, permet aux bonnes consciences de suggérer un chemin de traverse à ceux qui ont loupé les vertiges de l’ascenseur social.

Le livre de Brague est « dangereux » dans la mesure où il permet l’accès à une vérité profonde sur la modernité et de ce fait, offre aux citoyens éclairés des outils pour déjouer la ruse des dominants. Mais comme plus personne ne lit, ce livre n’aura pas de grande incidence. Notre époque pratique la censure de l’indifférence et de l’ignorance. L’homme hypermoderne est borgne. Lorsque Galilée énonça ses thèses, les théologiens en face se méfièrent parce justement ils comprenaient les écrits de Galilée, non seulement dans le champ cosmologique mais aussi pour ce qui relevait de la conception de la matière. Cela dit, je ferai quand même l’hypothèse qu’il se trouve un certain nombre de lecteurs attentifs pour présenter cette roborative étude sur le règne de l’homme.

Au vu de la crise actuelle, qui est de civilisation, on ne peut que recommander l’examen des conjonctures savamment tracées par Brague qui présente son récit de l’Homme en trois temps, avant la modernité, pendant le développement des âges modernes, pour finir par un regard lucide mais pessimiste sur l’échec inéluctable selon l’auteur, non pas de la Modernité, mais du modernisme, autrement dit, du projet moderne idéologiquement construit. Le substantif « projet » étant déterminant dans l’exposé de cette thèse qui au projet des modernes, oppose la tâche des anciens. Depuis l’Antiquité axiale jusqu’à la Renaissance, l’activité humaine se comprenait comme une tâche, une sorte de mission dont il faut chercher le donneur d’ordre à l’extérieur de l’Homme tout en subordonnant le succès à une autre instance hétérogène à l’Homme. A partir de la modernité, le sens de l’existence change, comme l’avait vu Koyré en décrivant le passage de la vie contemplative à la vie active. C’est d’ailleurs l’un des traits que dessine Brague lorsqu’il décrit les prémisses de la Modernité en développant le trait vers des aspects complémentaires, autrement dit l’anthropologie et l’idéologie avec l’homme qui devient une référence et le seul auteur d’un monde qu’il crée et qu’il se prend à vénérer. Car le modernisme veut transformer la nature pour marquer la place éminente de l’homme parmi les occupants de notre terre. De plus, ce modernisme veut aller plus loin et transformer avec les techniques éprouvées dans la nature l’homme lui-même. Ce fantasme de l’homme nouveau fait d’ailleurs l’objet du chapitre 18 concernant l’homme refait ; un chapitre qui figure dans la dernière partie de cet ouvrage conçu comme un triptyque historique.

Au milieu de triptyque, on voit se dessiner ce qu’on peut désigner comme étant la construction idéologique de l’homme moderne européen qui se détache des anciens fonds ontologiques lui ayant conféré un triple statut, ontologique et naturel avec le corps, moral avec le péché, perfectible avec la grâce. L’homme moderne n’est pas souillé par le péché, il a un bon fond ce qui justifie sa domination morale (chapitre 10). De plus, il modifie la nature en l’améliorant pour aller dans le sens qui convient à cette humanité affublée d’une nouvelle dignité grâce à son travail qui lui assigne un devoir, celui de régner sur la nature et de se perfectionner en son essence. Ce n’est pas par la grâce divine que l’homme perfectible devient mais par l’activité qui transforme la nature mais aussi finit par s’associer à un impératif de se transformer, de s’autocréer. L’Homme crée l’homme. Un sens nouveau émerge après l’inflexion contemporaine qui amènera les thèses justificatrices de l’idéalisme allemand et de la sociologie positiviste française, suivi par Marx, Spencer et une longue liste de penseurs pour qui le progrès est la seule issue pour le salut de cet Homme appelé à régner car il l’a prouvé par ses succès matériels, industriels et même moraux. Drôle de situation. L’homme pécheur des temps anciens est devenu l’homme valeureux des temps modernes et c’est la nature qui en devient dévalorisée car l’homme devient la source des valeurs et du sens moral. Dieu s’estompe. La société n’attend plus rien des saints mais vénère ses grands hommes dans des temples qui leurs sont dédiés.

On prend conscience, à travers la multiplication des citations et références, d’un cours assez logique de l’histoire occidentale mais qui n’était pas prévisible en totalité. Dès le Moyen-Age puis surtout la Renaissance, dans le prolongement des connaissances antiques, les prémisses de la Modernité sont présentes mais pas assez prégnantes pour créer les conditions du grand départ qui se fera au 17ème siècle. Si le Moyen Age contient les prémisses des transformations modernes, alors on peut penser que la Modernité recèle les promesses d’un perfectionnement indéfini du monde matériel mais aussi dévoile en son sein les signaux d’un échec retentissant qui n’est pas encore décidé mais devient préoccupant à notre époque devenue non pas « post » mais « hyper » moderne. Que pourrait-il se passer ? Dans l’introduction du chapitre 5 dédié au nouveau seigneur de la création qu’est l’Homme, on peut lire que l’homme européen s’est conçu de deux manières, statique et pré-moderne (dans l’ordre de l’être) en référence au cosmos (paganisme) ou à Dieu (christianisme) ou alors dynamique et moderne, comme un processus par lequel l’homme prend le contrôle de ce qui n’est pas lui et devient ce qui n’était pas par « décision naturelle ou divine ». Peut-être qu’une clé décisive du livre de Brague réside dans cette thèse axiale émergeant de son propos ; la possibilité d’un échec dû à la perte de ce contrôle par l’homme à la fin de l’ère moderne qui semble nous être promise… à moins que.

Cette perte de contrôle est déjà appréhendée par nombre d’écrivains et penseurs du 19ème siècle. Se dessine alors toute l’ambiguïté du projet moderne qui par un certain côté, ne tient pas ses promesses et par un autre côté, devient une sorte de mouvement moderniste incontrôlable comme si les outils et techniques construits pour maîtriser la nature s’échappaient des « mains » de l’homme pour accomplir leur propre dessein artificiel. L’analyse n’est pas très éloignée de celle d’Ellul que Brague ne mentionne pas, sans doute parce que le sujet fondamental du livre n’est pas la technique mais l’Homme, sa place, son sens, la manière dont il veut maîtriser les choses et aussi se façonner. Il fut un temps où l’apprentissage était un moyen pour que l’homme développe certaines capacités sans qu’il change sa nature mais peu à peu, c’est l’homme dans son être que le modernisme a voulu transformer, autrement dit, faire accéder l’homme à une nouvelle nature, une essence produite par son travail d’autocréation (la thèse de la figure métaphysique du travailleur par Jünger est significative en ce sens). L’homme crée l’homme, cette formule livre le sens du modernisme comme mouvement de puissance et de domination lié à un projet que l’homme se donne à l’intérieur de son être devenu une autre nature pour ne pas dire une surnature qui se construit en forçant les limites naturelles tout en abandonnant les dispositifs du divin et de la transcendance devenus obsolètes car dépourvus des critères mesurables et efficients dans l’ordre expérimental. Non seulement la nature est devenue objet d’expérience mais l’existence humaine est interprétée comme une expérience à réaliser, un projet, un essai, une tentative.

Mais cette tentative se retourne contre elle ce qui permet à Brague de tracer une édifiante conclusion mentionnant deux choses essentielles pour nous situer dans notre fin de modernisme. D’abord la question de l’humanisme et d’une existence conduite avec des règles disons d’équilibre pour faire simple. Chacune des trois étapes de l’histoire occidentale contenait les possibilités d’un humanisme ainsi que les potentialités sans supposer le développement ultérieur lié au modernisme qui selon l’auteur, est le fruit d’un choix délibéré d’aller plus loin. Autrement dit, accélérer la puissance, la maîtrise et la domination. Et quand on accélère, il se produit deux effets. Certains, voyant que le train va trop vite, tentent de freiner. D’où les critiques réactionnaires. Mais quand le train va trop vite, il risque aussi de dérailler, d’où cette dialectique (inversion) autodestructrice que décèle Brague en pointant le fait que le projet moderne réalise le contraire de ce qu’il escomptait.

Le mot de conclusion sur l’autodestruction possible du projet moderne offre un prétexte pour méditer sur cette possibilité de contrer ce processus comme le suggère Brague, ajoutant aussitôt qu’il n’y a pas de devoir à le faire et que la Modernité est à même de produire des biens matériels et moraux mais que l’homme ne sait pas l’expliquer. Que de lucidité dans le constat d’une adhésion aux Lumières plus par défaut que par conviction et que de résonances avec l’actualité politique où la précédente présidentielle, comme la prochaine, est maintenant un choix par défaut. Autre constat lucide que l’utilisation des fâcheux et des méchants se relayant dans les médias et servant de repoussoir pour justifier des Lumières qui, abandonnées, signeraient des pertes auxquelles on n’oserait même pas penser. Comme si la seule issue pour défendre le projet moderne était le manichéisme. La modernité c’est le bien, les contestataires de la modernité représentent l’axe du mal.

Ce livre sur le « règne de l’homme » se présente ainsi comme une enquête extrêmement documentée avec une somme importante de citation comme s’il s’agissait de recueillir des témoignages d’époque pour instruire un procès, celui du sens de l’histoire mue par les ressorts complexes et multiples du « projet moderne ». Comment et pourquoi ce mouvement de civilisation né en Europe ? Et en vue de quoi, pour mener où ? L’auteur ne l’affirme pas mais en filigrane, je crois deviner que le projet moderne heurte la sensibilité intellectuelle de nombre d’interprètes dont les propos fluctuants et parfois hésitants autant qu’ambigus semblent alimenter une idée, celle du projet bâti sur un mensonge, à l’instar d’un couple qui continue à vivre ensemble dans le désamour parce que la boutique fonctionne bien à deux. La Modernité a marié en quelque sorte le projet moderniste et l’humanité pour le meilleur et pour le pire mais surtout, avec un mensonge que l’on peut deviner en lisant le règne de l’homme.


Quelques propos pour continuer la réflexion. Ce qu’il y a de bien dans les livres à perspective, c’est qu’ils ne s’achèvent pas une fois la lecture achevée mais qu’ils ouvrent des questionnements si on prolonge le propos. Et après ? Pourrait-on se demander. Non sans un regard critique sur l’histoire récente. Avec le projet moderne qui a toujours été critiqué mais aussi pris comme levier pour y greffer des idéologies et interprétations porteuses d’espérance, comme le grand Récit, de la Révolution et du socialisme d’après-guerre en passant par Renan et Michelet pour ce qui nous concerne, nous Français. Des Récits qui ont la plupart mal finis ou se sont dissous dans l’ère consumériste après 1970. Lyotard nous a légué un livre sur la post-modernité comme époque ayant abandonné les grands Récits. C’est une erreur que d’avoir désigné une modernité « post » dépassée car nous sommes passés dans une hyper-modernité. Les hommes ne se sont plus remis au collectif pour gracier séculièrement le progrès mais ont viré à l’individualisme et à un autre projet-récit, personnel cette fois, l’existence graciée par les efforts individuels mais hélas, beaucoup d’illusions pour un bon nombre, avec le cortège de dépressions, burn-out et autres malaises professionnels et affectifs. L’économie vous jette, votre partenaire vous large. C’est cela le projet hypermoderne, pris comme un ensemble d’essais. Je ne m’engage pas, je te prends à l’essai, en CDD, compagnons ou compagnes à durée déterminée. Il n’y a rien de mal mais la frénésie et le souci de rationaliser le parcours temporel font que ces essais finissent rapidement, peinant à se transformer pour se transfigurer par la grâce éternelle et le mystère du Temps. En mesurant le temps, les modernes se sont coupés du Temps.

Et après ? Je m’interroge sur une perspective permettant de considérer comme levier la trilogie de Brague pour imaginer une quatrième étape de notre histoire. Est-elle contenue en germe dans les soubassements cachés de notre hyper-modernité ? Peut-elle s’accomplir ? Cette nouvelle époque, je la conçois avec un nouvel âge scientifique, avec le cosmos et le divin retrouvés, le Logos, et un terme qui fait suite à la tâche des anciens et au projet des modernes. J’ose le définir comme « dessein » post-moderne. Il ne reste plus qu’à le dessiner, voire le composer. Dieu est bien plus un génial compositeur qu’un grand architecte. A suivre…


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26 réactions à cet article    


  • soi même 12 mai 2015 09:26

    Sans aucun doutes, le Paradis sur Terre ne pourra jamais existé , donc si par aventure l’on colonise le Cosmos le Paradis n’existe pas dans le champ Humain de son incarnation !

    https://mundabor.files.wordpress.com/2014/10/hieronymus-bosch.jpg

    Philosophiquement c’est dur de l’accepté, j’en convient !

     


    • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 15:11

      @soi même. Et ça t’arracherait les yeux, de rattraper tes retards en grammaire française ? En sixième, je ne faisais plus les fautes que tu accumules.


    • soi même 12 mai 2015 15:15

      @JC_Lavau,, c’est pour tes larmes que tu dis cela ?

       smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  :-

    • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 15:37

      @soi même : « tes larmes » ? Raconte !

      En CM2 on nous avais appris à remplacer le verbe du 1er groupe par un verbe du 3e groupe. Coudre ou moudre ou mordre, par exemple.

      « Le paradis pourra mordu » ?
      « Dur de le mordu » ?

      Il serait temps que tu apprennes à distinguer les propositions infinitives du passé composé, ne serait-ce que par égard pour tes lecteurs, à qui tu arraches les yeux. Pour ta réputation personnelle, aussi.


    • soi même 12 mai 2015 15:52

      @JC_Lavau et toi où es ta tare, c’est le bâton qui te retient les mâchoires ?
      En ce qui concerne ma coquetterie, elle m’emmerde ......


    • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 16:09

      @soi même.

      Alors ? Tu le rattrapes, ton retard de demeuré ? Te corriges ?


    • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 16:14

      @soi-même.

      Alors ? Tu le rattrapes, ton retard de demeuré ? Tu te corriges ?


    • soi même 12 mai 2015 16:17

       « La plus vraie perte du temps qu’il sut était de compter les heures - quel bien en vient-il ? - et la plus grande rêverie du monde était de se gouverner au nom d’une cloche, et non au dicté de bon sens et entendement. »
      Gargantua (1542)


    • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 16:23

      @soi même. Imposer à tes lecteurs ta confusion entre propositions infinitives et passé composé, c’est « bon sens et entendement » ?
      Tu démontres ça comment ?


    • soi même 12 mai 2015 17:04

      @JC_Lavau, c’est , que tu ne connais pas les grands humanistes de la Renaissance ....,


    • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 20:14

      @soi même : @JC_Lavau, c’est , que tu ne connais pas les grands humanistes de la Renaissance ....,

      Et tu démontres ça comment ?


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 12 mai 2015 10:27

      Merci pour cet article, qui donne envie de lire le livre.J’avais émis l’hypothèse (en 1992 environ) que nous étions en contre modernité. Le projet moderne de domestication de la nature implique la séparation de l’homme et de ladite nature (Bruno Latour « nous n’avons jamais été modernes »). Le terme « règne » (de l’homme) évoque cela.Evoque cela aussi : « Non seulement la nature est devenue objet d’expérience mais l’existence humaine est interprétée comme une expérience à réaliser, un projet, un essai, une tentative. Mais cette tentative se retourne contre elle. »C’est ce retournement qu’évoque le mot contremodernité (et non hypermodernité, post étant insuffisant pour dire au mieux de quoi est fait le changement de paradigme qui nous arrive).Je poursuis cette recherche : la technique n’est pas contrôle de la nature, domination... la technique est tissée de nature. Certains distinguent le robot et le jardin, comme deux catégories de créations techniques. En fait, le robot est plein de micro-jardins :

      http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2010/04/20/nous-avions-des-avions_1340362_3232.html

      A force d’accumulations de techniques tissées de nature, la nature s’épuise et devient indisponible à la poursuite de l’accumulation. (il y avait un texte de Péguy sur la modernité comme une caisse d’épargne : on reçoit toujours plus que ce qu’on y met, et cela sans fin. Il faudrait que je recherche les références). La nature se sature aussi des déchets que produisent cette attitude moderne et nous oblige à vivre de plus en plus dans notre poubelle (la poubelle ne peut plus être vidée dans un espace autre, écartée pour que la nature prenne le temps de recycler ce qu’elle contient).

      D’où l’inversion contremoderne. Dans les sciences, il y a un concept d’inversion du modèle aux limites (cela joue un rôle nno négligeable dans « la condition postmoderne » de Lyotard). C’est un peu cela.

      La solution serait dans l’intégration mentale de cette contremodernité : recherche d’une sobriété, de la jouissance de ce qui est plutôt que de la recherche de plus, plus perçu comme mieux.

      A mon avis, cela ne se fera pas. On compte sur la croissance pour réduire le chômage et la réduction du chômage est le critère de réussite des hommes politiques qui permet leur réélection ou non ; tandis que la croissance épuise un peu plus la planète et rend un peu plus difficile chaque jour le maintien d’une humanité aussi nombreuse.

      Le seul groupe que je connais (un peu) qui serait dans cette ligne là est Négawatt.

      http://www.negawatt.org/association.html

      En tout cas merci pour cet article.


      • soi même 12 mai 2015 10:48

        @Orélien Péréol, Pour comprendre la genèse de tous cela , il est intéressant de se remémoré la citation de Francis Bacon . «  ’nature had to be hounded and made a slave to the new mechanicized devices ; science had to torture nature’s secrets out of her’.  »


      • Orélien Péréol Orélien Péréol 12 mai 2015 12:00

        @soi même
        Merci de ce lien. Je lis trop mal l’anglais, je vais prendre mon temps pour le lire...


      • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 16:16

        @soi même. « il est intéressant de se recousu la citation »...

        Ça ne s’arrange pas.


      • howahkan Hotah 12 mai 2015 10:43

        Salut Bernard..merci du propos sur ce livre

        tu dis : Au vu de la crise actuelle, qui est de civilisation...

        h : de ce que je vois comme dans « vision », il ne s’agirait pas de cela, il n’y aurait pas de crise mais un état constant qui dure depuis des millénaires et ne peut plus continuer ainsi,,

         h : de plus je ne vois pas de crise de civilisation mais un problème dans le cerveau humain, le tout multiplié par X milliards de problèmes tous en conflits..., crées par l’humain , et par la partie du cerveau qui par son absence d’intelligence universelle a pris le dessus sur tout le reste, or cette partie qui nous contrôle est un programme d’analyse a conclusion binaire qui a comme références....elle meme, qui n’a aucune vision réelle globale, qui est divisée en moi je et ma souffrance par exemple,alors que moi je et souffrance sont un seul et meme objet et qui donc la plupart du temps a tout faux....sauf si il s’agit de machines et de techniques bien sur...car ce programme qui crée la guerre a une utilité vitale dans les domaines pratiques...et nulle part ailleurs...mais comme il sait imaginer, alors Mr l’intellect s’imagine en roi de l’univers...le mot n’est jamais la chose ,alors tous les mensonges sont bons a prendre...ça ne coûte pas cher..

        tu dis : le modernisme veut transformer la nature pour marquer la place éminente de l’homme parmi les occupants de notre terre. De plus, ce modernisme veut aller plus loin et transformer avec les techniques éprouvées dans la nature l’homme lui-même. Ce fantasme de l’homme nouveau fait d’ailleurs l’objet du chapitre 18 concernant l’homme refait ; un chapitre qui figure dans la dernière partie de cet ouvrage conçu comme un triptyque historique.

         : le modernisme est juste une xieme forme de « moi je », rien de plus et rien de moins, meme fond que nous ignorons, le superficiel change de forme. Tout reste pareil en profondeur, l’homme souffre et il pense que il y a deux éléments comme « moi je » d’un coté et ma souffrance de l’autre : FAUX !!!!!, le peu qui nous reste de cerveau ,partie vitale certes mais insuffisante pour VIVRE, qui est l’analyse a conclusion binaire, pour pouvoir analyser sépare toujours en deux, divise en moi contre l’univers...l’analyseur ne sait rien de cela, il se croit le tout qui sait...l’imaginaire ,imagine ,ment, s’illusionne etc etc mais on change la tapisserie, l’illusion de la nouveauté est là,

        or dans nouveauté il y a veau !! c’est pas de ma faute smiley

        transformer l’homme...pour celui qui a un peu de connaissance non analytique de lui meme, ce qui n’arrive que par flash, et visions involontaires à jamais non personnelles, crées par un cheminement correct avec soi meme , pour celui là donc l’idée de transformer l’homme indique la tentative de fuir le malheur .....la quête du bonheur participe exactement de la meme démarche, en générale jamais perçue car non consciente..

        h : parenthèse : chez l’humain le non conscient, inconscience ou le subconscient etc parle de cette zone à laquelle nous n’avons plus accès,justement à cause de l’analyse,de intellectuelle, qui de par sa tendance dictatoriale empêche le cerveau entier de fonctionner ; cela crée alors des zones inconscientes pour le penseur ,qui n’y a plus accès...comme génie on fait mieux smiley..mais le génie lui aussi est un autre leurre, une autre illusion, crée par cet intellect qui n’a pas les moyens de vivre.....mais seulement de survivre physiquement,c’est son seul role...

        h:des visions ont montré et montrent que cet inconscient est en fait beaucoup plus puissant que notre pauvre conscient, et qui de facto est en fait celui qui dirige nos vies d’une maniere ignorée de nous car passé du coté obscur , d’une manière aléatoire, avec comme base des motifs, des incitations programmées mais ignorées de intellect, pour se bouger le cul, pour vouloir et agir donc une série de sous programme genre désirs, récompense, auto félicitation etc etc

        h:Paumés totalement nous sommes !! mon ami Ioda suggéré me l’a !!

        tu dis : L’homme pécheur des temps anciens est devenu l’homme valeureux des temps modernes et c’est la nature qui en devient dévalorisée car l’homme devient la source des valeurs et du sens moral. Dieu s’estompe. La société n’attend plus rien des saints mais vénère ses grands hommes dans des temples qui leurs sont dédiés.

        h:Je préfère le mot Origine à dieux ou Dieu ,mais ça n’est pas vital comme choix.
        La société n’a aucune existence indépendante de par elle meme, elle est la résultante de toutes les interactions humaines , rien de plus et rien de moins..

        h:et nos interactions humaines quels en sont les vrais motifs profonds ???

        Arrivé là, on a une idée du vide d’ignorance quasi totale qui règne dans nos cerveau..je « perroquete » ce que l’on a mis dans mon programme comme galaxies,trous noirs, mur de Planck, génome,atome,etc etc mais je ne sais pas pourquoi je délègue ma vie à un leader, pourquoi je tue pour le leader, pourquoi je me hais moi meme, pourquoi je hais le voisin, pourquoi je souffre, etc etc etc ..la liste prendrait des milliers d’années pour etre complète...car en général je ne sais rien du tout de cela, ,de moi meme....car je fonctionne mécaniquement de manière aléatoire sur un programme dont je ne sais quasiment rien sauf un tout petit peu pour manipuler les autres

        h:et devenir cet etre hors du commun,, dément , mauvais...............qui le sait qu’il est dément et mauvais, sinon pourquoi passer son temps a parler de sa grandeur si ce n ’est que parce que au fond nous sommes misérables ,en souffrances, frustrés, et vivons un non sens total....

        h:Alors oui, par expérience réelle comme d’autres l’ont vécu, je vois que notre lien avec L’Origine dont nous sommes une partie est ce qui va amener par des biais complexes a faire que enfin notre cerveau ne bug plus, ceci est la seule voie...
        sur ce chemin se produit la découverte passive et totalement involontaire de soi meme, des connections universelles se font, cette frustration et cette souffrance sont vues ,comprises, solutionnées d’elle meme, car « je » ne dois surtout pas intervenir,sinon c’est foutu....

        h:l’intellect ignorant de lui meme, de ce qu’il est, il se croit une personne et est un programme ,qui s’ auto glorifie, est à la fois vital pour survivre physiquement, et aussi vital pour faire le premier pas pour s’ arrêter lui meme,dans certaines circonstances liées à la souffrance(long sujet,très long sujet) , pour arrêter lui meme sous la pression enfin vécue de sa souffrance auto infligée, son jeu de « Mr je sais tout, » et se mettre en mode :ici je n’interviens plus ....et là le miracle d’être vivant va alors comme il l’entends, car « je » ne peux rien controler du tout, comme il l’entend se rependre dans nos cellules....la vie va pouvoir commencer à nous envahir.....

        ce qui n’est plus le cas...

        Par contre si ceci n’est jamais fait et vécu , ceci comporte une autre facette que nous connaissons bien et qui est conflit,violence et guerre..mais aussi et si la vision que j’ai eu est juste, contient un compte à rebours....fin prématurée..........

        devinez pourquoi ??

        notre intellect qui divise par nature pour pouvoir analyser sinon ceci n’est pas possible, est ce qui va nous achever prématurément si............

        De ce que je vois, il est non seulement necessaire de passer par la case souffrance mais L’Origine a prévu cela ainsi pour des raisons étranges que je n’ai pas comprises mais qui furent un peu dévoilées, or nous refusons d’y passer..

        ces raisons étranges sont en gros ceci : L’Origine qui est nécessairement au delà du temps donc au delà du début et de la fin, de nature différente de la matière bien qu’en en étant L’Origine, ne pouvait directement créer un humain avec un cerveau intégral ouvert...

        notre cerveau analytique de l’enfance doit à un moment donné, sous le poids de ce qu’il appelle la souffrance, qui est un phénomène bien plus complexe et profond que le mot laisse entrevoir , notre cerveau analytique doit en gros arrêter de fuir ce qu’il a rejeté ..pendant l’enfance on a privilégié le choix personnel , oui je veux, non je jette...ça l’a fait...+ ou -

        Il doit accepter de se paralyser lui meme,dans certaines circonstances sous le poids de sa douleur qu’il ne sait pas encore etre une douleur auto infligée......or il ne peut faire cela sans une aide...l’aide c’est cette souffrance, mot si faux et réducteur mais bon !! ..qui est un symptôme d’erreur, et aussi LE catalyseur mis en place par L’Origine pour mettre en route l’autre partie du cerveau qui elle n’est pas analytique et donc ne crée pas de "moi je qui sait tout sur tout..

        cette autre partie du cerveau ne divise pas en deux , moi contre l’univers...etc , ne donne pas de valeurs, ne hiérarchise pas, ne cherche pas, connaît l’inconscient qui donc disparaît petit à petit, etc etc et entre autre est aussi un émetteur récepteur avec le TOUT et aussi entre humains et tout ce qui est ..., voila pourquoi l’énergie qui est derriere ce que l’on appelle la souffrance doit etre laissé libre de ses mouvements impérativement car elle est en fait une fonction très précise, c’est elle qui va amener l’éveil du cerveau , que L’Origine ne pouvait pas faire directement elle meme,car alors cela aurait été juste une autre fonction mécanique comme l’analyse ....or l’analyse à ses propres limites, le cerveau qui ne marche plus lui est une connection avec ce qui n’a ni début, ni fin......
        ps : non sens et fautes seront présent car je ne relis pas...
        mais la substantifique moelle de ce que je tenais à dire doit s’y trouver je pense..

        Merci Bernard...

        Amen smiley........


        • howahkan Hotah 12 mai 2015 11:39

          @howahkan Hotah

          Aussi longtemps que le programme analytique a conclusion binaire qui par nature a besoin de diviser pour fonctionner entre l’observateur qui pense savoir,qui donc dit :« je sais » et ce qu’il observe,ce qui permets tout simplement de survivre physiquement et est donc vital, car sans lui nous ne sommes pas, n’aurions jamais été..aussi longtemps que ce programme domine le cerveau l’humain n’a pas d’issue............
          car ce programme nous isole de TOUT ce qui est..........est plutôt aveugle au global donc et hélas aussi à lui meme, à c qu’il est, ce programme ne sait pas qu’il est un programme..il se croit un etre humain !!! , plutôt limité donc...

          mais la source du malheur est l’aspect division de ce programme ,je le redis il est necessaaire pour l’ analyse de diviser car sinon ce programme ne marche pas..., car dans l’analyse il y a toujours au moins deux parties, un qui analyse et qui sait ,l’autre qui est analysé..ça marche pour la survie, les outils, les techniques etc

          appliquer ce programme à tous les champs de la vie, c’est une catastrophe, notre catastrophe....car je ne rencontre pas les autres , je ne fais que les analyser binairement comme : toi tu vas me servir je te garde, toi tu ne me sers pas, je te détruis....

          ce programme est juste un outil vital de survie..il ne sait pas, ne peut pas vivre...

          Nous devons ouvrir l’intégralité de ce que nous sommes,c’est a dire ni géniaux, ni misérable, juste une partie de ce qui est....

          Comme notre vie analytique est misérable, au lieu de vivre ce fait pour éventuellement en vivre la substantifique moelle, nous imaginons un ailleurs paradisiaque, un destin a accomplir ,etc etc

          Or si vivre est le miracle....y a comme un problème, nos buts n’ont pas d’existence, ils sont faux....illusoires....

          c’est si simple en fait...


        • Le p’tit Charles 12 mai 2015 13:32
          Le règne de l’homme.. ?...il n’est une infime composante de la vie sur terre...même avec 7,2 milliards d’individus..il reste une quantité négligeable et surtout un pollueur invétéré...Vivement sa disparition pour que la terre retrouve un semblant d’équilibre.. ?

          • L'enfoiré L’enfoiré 12 mai 2015 22:57

            @Le p’tit Charles,


            Mais l’homme évolue en continu, imperceptiblement...
            L’équilibre est pour bientôt.

          • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 15:28

            « moderne » n’ayant jamais été défini... Ni par Dugué ni par Brague.

            Goscinny y a fait une allusion, qui non plus n’est pas une définition : Cléopâtre est insatisfaite de son portrait en hiératique, tête de profil, épaules de face et pieds de profil, elle demande un portrait de trois-quarts face. Le sculpteur lui réponds dédaigneusement : « Oh, moi, l’art moderne... »

            Surprise aussi dans mon Lommeparlør norvégien : « une station à la mode » est traduit par « ett moderne stasjon ».

            Nous avions déjà remarqué que bien que Dugué s’adorne du qualificatif de « scientifique », il n’aura jamais la maturité morale et intellectuelle pour accepter de se lexicaliser. Les astuces rhétoriques lui suffisent amplement, et il trouve toujours des gogos pour les gober.


            • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 15:39

              Et sur le règne de la femme, Brague dit quoi ?


              • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 16:12

                « En mesurant le temps, les modernes se sont coupés du Temps ». Ah c’est vraiment tous des niaiseux, les modernes, hein ! Pis en plus ils ne croivent même plus aux dieux ! C’est ce qui prouve à quel point Dugué est supérieur à tous ces Untermenschen...


                • JC_Lavau JC_Lavau 12 mai 2015 22:11

                  Wow ! « un nouvel âge scientifique », dont bien sûr, Dugué est le prophète, le vaticinant erratique...


                  • L'enfoiré L’enfoiré 12 mai 2015 22:55

                    « une rampe médiatique qui préfère s’encanailler avec le cosmos de Onfray »


                    Onfray génère-t-il ce genre de réaction en France parmi les médias ?
                    J’ai lu en diagonale. 
                    « S’encanailler » serait un peu surfait...
                    Mais je n’ai pas tout lu. C’est une brique...
                    Je suis sûr que vous aller en parler bientôt avec plus de détails, Bernard. 

                    • JC_Lavau JC_Lavau 13 mai 2015 07:28

                      L’antonyme non plus n’est pas défini : ça serait quoi, le contraire de la « la modernité » ?
                      Tout ce que l’on sait, c’est que ce contraire serait Miam !, et la modernité c’est Pouah !

                      Mais si si ! C’est philosophique ! C’est donc un exemple de comment il faut raisonner...


                      • JC_Lavau JC_Lavau 14 mai 2015 13:28

                        L’Ancien Empire Egyptien est mort par épuisement de ses ressources minières, et de ses ressources combustibles : le bois.

                        Le Moyen Empire et le Nouvel Empire n’ont pu se dresser qu’à l’âge du fer. Et là encore, le combustible pour les bas-fourneaux fut limitant.

                        Le vrai cauchemar qui attend l’humanité dans son ensemble est lui aussi minier : les ressources minières sont épuisables. L’empire U.S. a organisé l’invasion du Koweit puis celle de l’Iraq puis la destruction de la Lybie pour leurs ressources minières. Il a organisé la décapitation des états de l’Est africain puis les génocides, pour leurs ressources minières, notamment les gisements du Kivu.

                        Les cauchemars sont vécus par des humains, et pas par « la déesse Gaïa contre les humains ».

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