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Accueil du site > Tribune Libre > Pétain - De Gaulle : curieux effets de miroir

Pétain - De Gaulle : curieux effets de miroir

Le 13 mai 1941, le Comité d’Études préparatoires aux travaux de la 2ème Commission du Conseil National de Vichy - Commission de la Constitution - se met au travail. Deux mois plus tard, le 8 juillet 1941, c’est au tour de la Commission elle-même.

Bondissons dix-sept ans plus tard, jour pour jour…

Le 13 mai 1958 à 21 heures, le président du Conseil, Félix Gaillard, remet, par téléphone, depuis Paris et pour l’Algérie, les pleins pouvoirs civils et militaires au général Salan qui se trouve ainsi, sur place, à la tête d’une insurrection mi-civile, mi-militaire, que certains veulent faire déboucher sur un appel à De Gaulle.

Revenons à Vichy, 1941… Très vite, la Commission de la Constitution acquiesce à tous les articles rédigés par le garde des Sceaux, Joseph-Barthélemy… Il a été, dans les années précédentes, le professeur d’un certain Michel Debré qui occupera exactement le même rôle que lui en 1958 : garde des Sceaux et rédacteur initial des différentes versions de chacun des articles de la nouvelle Constitution.

Jetons un œil rapide sur quelques-unes des convergences qui apparaissent entre la Constitution élaborée sous l’égide du maréchal Philippe Pétain (je m’inspirerai, pour celle-ci, de la thèse de doctorat de Michèle Cointet, Le Conseil National de Vichy, 1984), et celle qui serait finalement adoptée en 1958 sous l’autorité du général Charles de Gaulle.

Dans le projet de 1941-1942, le Chef de l’État est désigné, pour une durée de dix ans, par le Congrès National (réunion des deux Assemblées et de 800 délégués des conseils provinciaux).
Pour sa part, la Constitution de 1958 stipule (article 6, 1er alinéa) :
« Le Président de la République est élu pour sept ans par un collège électoral comprenant les membres du Parlement [Assemblée nationale et Sénat], des conseils généraux et des assemblées des Territoires d’Outre-Mer, ainsi que les représentants des conseils municipaux. »

Pétain 1941-1942 : « Le Chef de l’État jouit du droit de grâce et du droit d’amnistie individuelle (article 91). » (Michèle Cointet, page 457)
De Gaulle 1958  : « Le Président de la République a le droit de grâce. » (article 17)

Pétain 1941-1942 : « Le Chef de l’État peut consulter directement les Français et les Françaises sur un grand problème d’intérêt national (article 96) » (Michèle Cointet, page 457)
De Gaulle 1958  : « Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, comportant approbation d’un accord de Communauté ou tendant à autoriser la ratification d’un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions. » (article 11)

Pétain 1941-1942  : « Le Chef de l’État dispose du pouvoir gouvernemental. Il gouverne la France et l’Empire. Il détient le pouvoir exécutif dans sa plénitude (article 78). » (page 457)
Sur ce point, il y a une nette divergence… Dans la Cinquième République, la direction de l’exécutif paraît avoir deux têtes : le Président et son Premier ministre…
De Gaulle 1958  : « Le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. » (article 8, 1er alinéa)
Cependant le vrai chef de l’exécutif est bien le Président qui est le personnage véritablement important du Gouvernement lui-même puisque…
De Gaulle 1958 : « Le Président de la République préside le Conseil des Ministres. » (article 9)

De même, dans le contexte de ce qui, chez Pétain, est intitulé "Empire"…
De Gaulle 1958 : « Le Président de la République préside et représente la Communauté. » (article 80, 1er alinéa)

Quant aux ministres…

Pétain 1941-1942 : « Le Chef de l’État nomme et révoque les Ministres et Secrétaires d’État. Ils ne sont responsables que devant lui (article 84) » (Michèle Cointet, page 460)
Ici encore, il y a une très nette divergence - au moins apparente. Si, en 1958, la nomination s’opère dans des conditions comparables…
De Gaulle 1958 : « Sur la proposition du Premier Ministre, il [le Président de la République] nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à ses fonctions. » (article 8, alinéa 2)

…le Gouvernement dépend néanmoins de l’Assemblée nationale, phénomène qui est relégué tout à la fin du Titre V de la Constitution de 1958 consacré plus généralement aux rapports entre le Parlement et le Gouvernement comme s’il n’était vraiment qu’accessoire…
De Gaulle 1958 : « L’Assemblée Nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure. » (article 49, première phrase du deuxième alinéa)
« Lorsque l’Assemblée Nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier Ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement. » (article 50)

En fait, comme en droit, sur ce point comme sur quelques autres, il n’y a que des différences d’apparence entre les deux Constitutions, dont il faut rappeler, avec insistance, qu’elles consacrent des décennies de réflexion des suppôts de la grande bourgeoisie pour bafouer l’Assemblée élue au suffrage universel direct, et, ainsi, faire taire les volontés du peuple.

Encore ne faisons-nous ici que commencer à regarder les choses véritablement sérieuses : le bâillon est beaucoup plus serré que nous ne pourrions le croire au moment où nous en sommes de cette analyse…


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17 réactions à cet article    


  • bakerstreet bakerstreet 20 juin 2015 12:13

    « Bondissons dix-sept ans plus tard, jour pour jour…Revenons à Vichy, 1941… Jetons un œil rapide sur quelques-unes des convergences.... »

    Sans doute avez vous intérêt à court-circuiter l’intelligence et l’analyse, vous attachant à des mouvements réflexes, et à privilégier la forme au fond. Tous ces clins d’œil à toute vitesse dans les rétros, vous font dépasser la ligne jaune sans que vous en rendiez compte ! 

    Déjà oser comparer Pétain et De Gaulle m’est odieux ! Comme à tant d’autres certainement !....Mais par quel sophisme et quelle volonté étrange de tordre l’histoire en êtes vous arrivé là ?...Il se peut que De Gaulle et Pétain prenaient tous deux du café au lait, et mettaient aussi deux sucres dans leur bol ! ...Sinon, l’un était un salaud et l’autre un héros....L’un était fasciste, et l’autre démocrate... L’un était héroïque et l’autre était lâche...L’un avait brûlé ses ponts ses étoiles dorées, et l’autre s’y accrochait....L’un était de plus pathétique, et l’autre de plus en plus flamboyant....L’un avait une vraie personnalité, et l’autre n’était qu’un larbin....L’un avait une vision, et l’autre de la constipation.....

    L’un a condamné l’autre à mort, mais est pourtant descendu au fond du trou du déshonneur, alors que l’autre montait à l’Élysée....Pour y rester !

    Mais il est possible qu’ils aimaient c’est vrai tous les deux la marmelade. 


    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 20 juin 2015 12:16

      @bakerstreet
      Bravo ! Vous avez tout compris.
      Bonne journée.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juin 2015 07:34

      @Michel J. Cuny
      Quand vous aurez un moment, vous pourrez peut-être comparer ce que De Gaulle et Pétain ont réellement fait de leurs pouvoirs...
      Je vous conseille la lecture du livre « C’était De Gaulle » de Peyrefitte.
      Comparer deux Constitutions ne dit rien de ce qu’ils en ont fait...


      En URSS, ils avaient une superbe Constitution. En parfait état, vous pouvez la vendre sur le Bon coin, elle n’a jamais servi ! C’est ballot !

    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 21 juin 2015 09:54

      @Fifi Brind_acier
      Merci pour ce que vous écrivez, ce matin.
      J’ai moi-même utilisé les écrits d’Alain Peyrefitte dans l’ouvrage que j’ai publié en 2005 : Le procès impossible de Charles de Gaulle  (476 pages). Je vous en recopie ici les deux premiers paragraphes de l’Ouverture :

      « Alain Peyrefitte, dont on peut penser qu’il en savait quelque chose, n’a pas hésité à écrire : La vérité de de Gaulle, c’est sa légende.
      Le pire est d’avoir à admettre que cette légende est sans doute peu contestable puisqu’elle est issue de la plume d’un fidèle d’entre les fidèles, qu’on voit ici jouer de son épée d’académicien à deux doigts d’embrocher définitivement le héros auquel il a voué sa vie. Or, cette affirmation en forme de tenaille est aussi, et peut-être surtout, une supplique avancée dans un murmure : Et n’y allez surtout pas voir...  »
      Il suffit alors d’aller voir dans les quelques centaines de pages suivantes...

       


    • Pie 3,14 20 juin 2015 20:12

      Deux obsessions chez l’auteur qui se présente comme un écrivain professionnel mais joue les historiens : Voltaire qu’il déteste, De Gaulle devenu le digne héritier de Pétain.


      Ce qui se conçoit bien s’énonce bien, or après des dizaines d’articles autour de Moulin, De Gaulle, les Jeanneney, Pétain et d’autres on se demande encore de quoi il s’agit !!!

      Il y a sans doute un postulat politique crytoPC et peut-être un peu de pathologie (personne ne vous soutiendra, vous serez seul dans ce combat, vous attaquez des vaches sacrées et on vous le fera payer).

      Une graphomanie intéressante.. 

      • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 20 juin 2015 21:03

        @Pie 3,14
        Merci.
        Qui vivra verra.
        Bien amicalement.


      • renaud18 20 juin 2015 22:19

        Ce que dit Pie3,14 ne me paraît pas faux.Votre obsession à trouver des similitudes entre De Gaulle et Pétain vous conduit à fouiller dans la Constitution de manière à la fois simpliste et tendancieuse. —Deux constitutions qui veulent toutes deux faire de l’exécutif le pivot des institutions se ressemblent forcément.Quant aux ressemblances de rédaction, elles relèvent plus de la technostructure administrative que d’une inspiration politico-idéologique commune.

        —L’effet miroir entre De Gaulle et Pétain existe mais il est celui d’une image inversée : De Gaulle fut, lors de sa première affectation avant la première guerre mondiale, placé dans un régiment à Arras,sous les ordres de Pétain . Il connaissait donc les faiblesses de l’homme et ne put ensuite partager le sentiment d’admiration dévote des français pour le ’’vainqueur de Verdun’’. Ceci facilita d’autant plus la rupture entre les deux hommes que leurs idées en matière de stratégie militaire étaient opposées. Pétain avait construit ’’sa gloire militaire’’ sur les principes stratégiques de défense et d’ancrage alors que de Gaulle, à travers le concept de division blindée, prônait l’offensive et la mobilité.
        —De Gaulle fut un militaire amoureux de littérature, grand lecteur de Saint Simon et de Chateaubriand, et très soucieux de sa propre plume. Il écrivit de la poésie dans sa jeunesse. En cela il était le reflet inverse de Pétain, qui lui avait confié des travaux d’écriture au service de l’armée, dont il voulait en fait s’approprier les mérites. Ce fut là d’ailleurs le début de la dissension entre eux.
        —De Gaulle pensait de Pétain dès les années 20 et 30 ce qu’il pensera plus tard de Giraud : un militaire qui n’a pas du tout la ’’tête politique’’ et qui, en cette matière, ne peut être qu’un grand naïf prêt à se faire berner par le premier venu.
        On voit qu’il y a, entre Pétain et De Gaulle, surtout des dissemblances, et votre obsession à n’y voir que des similitudes est à rapprocher de votre obsession à tout expliquer par la main invisible de la grande bourgeoisie. A vous lire , même De Gaulle n’aurait été que le jouet de ces sombres forces.
        Simpliste et simplificateur, tout cela !

        • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 21 juin 2015 00:14

          @renaud18
          ...parce que vous n’avez pas pris la peine de lire au moins quelques-uns des billets que j’ai précédemment publiés.
          Ensuite, s’agissant d’obsessions ou de je ne sais quelle graphomanie, vous et Pie3,14 m’intéressez beaucoup.
          Ma compagne, Françoise Petitdemange, et moi avons publié en 1986 l’ouvrage « Le feu sous la cendre - Enquête sur les silences obtenus par l’enseignement et la psychiatrie » (660 pages).

          Il est visible ici :
          http://www.cunypetitdemange.sitew.com/#Livres.C
          en déroulant la liste jusqu’au quatrième ouvrage.
          A gauche, vous trouverez de quoi atteindre la table des matières.
          Si vous voulez vous inscrire dans l’une des rubriques, nous verrons à étudier les analyses dont vous êtes capables, puisque vous mettez si facilement en cause la santé mentale de personnes dont vous ne connaissez qu’à peine quelques centaines de mots...


        • renaud18 21 juin 2015 10:52

          @Michel J. Cuny
          Je ne mets en cause la santé mentale de personne, car je n’utilise pas le mot ’obsession’ en lui donnant une signification psychiatrique. Je l’utilise dans son acception usuelle de ’petite manie’ (terme qui lui aussi peut recevoir une signification psychiatrique !!! ).


        • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 21 juin 2015 11:26

          @renaud18
          Mais pourquoi donc vous annulez-vous, vous-même, si facilement ?


        • renaud18 22 juin 2015 01:57

          @Michel J. Cuny
          Je n’annule rien .Je livre simplement au passage et entre parenthèses une réflexion sur le langage.

          Pour expliciter un terme on a parfois recours à un autre terme dont on s’aperçoit en l’utilisant qu’il peut avoir dans certains cas les mêmes connotations que le premier. C’est le cas , me semble -t-il, du couple ’’manie/obsession’’.
          Pour neutraliser la connotation ’psychiatrique’, j’ai utilisé l’adjectif ’’petite’’. 

        • renaud18 22 juin 2015 01:58

          @Michel J. Cuny
          Je n’annule rien .Je livre simplement au passage une réflexion sur le langage.Pour expliciter un terme on a parfois recours à un autre terme dont on s’aperçoit en l’utilisant qu’il peut avoir dans certains cas les mêmes connotations que le premier. C’est le cas , me semble -t-il, du couple ’’manie/obsession’’.Pour neutraliser la connotation ’psychiatrique’, j’ai utilisé l’adjectif ’’petite’’


        • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 22 juin 2015 08:37

          @renaud18
          Mais oui !
          C’est pourquoi je m’étonne que vous n’ayez pas considéré avec un peu plus de sérénité les éléments que j’ai apportés ici quant à cette part inconnue des activités « constitutionnelles » de Philippe Pétain. Ce n’est vraiment pas un concours de beauté entre lui et De Gaulle.
          Il y a simplement eu en France, comme je l’ai montré dans les articles précédents, un travail continu, depuis 1900, des spécialistes du droit constitutionnel placés dans la proximité de la grande bourgeoisie, sur les éléments à mettre en place pour étouffer, sans le dire, le suffrage universel.
          Se peut-il que des personnes comme vous, c’est-à-dire soucieuses des nuances du langage, ne prêtent pas un peu plus d’attention aux références que je produis.
          Ne croyez-vous pas qu’il est grand temps de voir la population française se réveiller un peu, et n’en pas rester à ses fantasmes autour d’un De Gaulle ou d’un Pétain, ou de qui que ce soit ? N’est-il pas temps de se mettre à une lecture attentive ?

          Quand je vois ce que l’on écrit à mon propos, ici... Faut-il vraiment avoir affaire à de pareils abrutis ?
          Et faut-il que, vous-même, vous alliez plus ou moins hurler avec les loups ?
          Vraiment, renaud18, en sommes-nous là ?


        • CN46400 CN46400 21 juin 2015 08:31

           Pétain et De Gaulle ont, à deux moment différents, dans des circonstances différentes, représenté les intérêts, « communs » disait Marx, de la classe bourgeoise française « toute entière ». Exactement comme Chamberlain et Churchill incarnent deux politiques différentes, en GB, d’une seule et même classe bourgeoise.


            Les différences politiques entre ces individus ne sont que circonstancielles, nullement idéologiques.La comparaison constitutionnelle n’apporte strictement rien, sinon dans des détails, à la compréhension de ces situations.

          • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 21 juin 2015 10:01

            @CN46400
            Donc, il vaut mieux que j’arrête immédiatement le travail que j’effectue ici sur les origines de la Constitution de 1958...
            Et tant pis pour les détails.


          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juin 2015 21:04

            De Gaulle n’était pas communiste, si c’est ce que vous voulez dire. Ce n’est pas scoop.
            Pas besoin d’écrire des bouquins sur la question, tout le monde le sait.
            Du point de vue économique, il a utilisé l’ Etat dans l’économie avec les plans quinquennaux, ce qui une injure à l’orthodoxie libérale.


            Sur la plan géopolitique, il a constamment combattu la main mise des USA, ce dont nos Mamamouchis d’aujourd’hui feraient bien de s’inspirer.
            Rien que pour cela, il était d’accord avec les analyses du PCF de l’époque, et mérite le respect.

            Dans une note déclassifiée en 2000, Jean Monnet écrivait à son employeur américain, Hopkins, Secrétaire d’ Etat, le 6 mai 1943 :

            « Il faut se résoudre à conclure que l’entente est impossible avec De Gaulle, qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés, qu’il est un ennemi DE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE, et qu’en conséquence, il droit être détruit dans l’intérêt des Français ».


            A l’heure où l’ OTAN nous entraîne dans des guerres illégales, où les pays européens vont passer sous les fourches caudines de TAFTA & TISA, franchement, il y a mieux à faire que de chercher des poux dans la tête à De Gaulle...

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