La possible sortie de la Grèce de l’euro provoque une sorte de court-circuit chez les eurobéats : l’euro ne devait-il pas apporter prospérité et être irréversible ? Certains, notamment parmi les ex-UMP, se tournent vers l’austéritarisme allemand en s’en prenant de manière dérisoire et contradictoire à la Grèce. D’autres, comme Piketty, se raccrochent encore au serpent de mer d’une Europe plus sociale.
Des causes, des conséquences et des rêves
Ensuite, il a dénoncé «
les conservateurs, en particulier en Allemagne, (qui) sont sur le point de détruire l’Europe » et juge «
ceux qui veulent chasser la Grèce de l’eurozone aujourd’hui finiront dans les poubelles de l’histoire ». Un jugement un peu lapidaire
pour qui connaît les positions de Krugman ou Stiglitz. En fait, pour Piketty, si l’euro ne marche pas, ce serait la faute de la droite allemande et il suffirait de la mettre en minorité
dans un parlement commun qui déciderait des déficits. Mais ceci est totalement illusoire. D’abord, il faut noter que la gauche allemande (
par la voix de Sigmar Gabriel), n’est pas moins dure que la droite, et
qu’Angela Merkel avait bien précisé que les euro-obligations ne se feraient pas de son vivant. Bref, on est dans de la pensée magique, une solution qui n’en est pas une.
Mais qui sont les apprentis sorciers ?
Piketty dénonce les apprentis sorciers qui appellent à la sortie de la zone euro, mais, outre le fait que ce féru d’histoire économique semble avoir séché
le chapitre sur les fins d’unions monétaires, aujourd’hui, on se rend compte que les apprentis sorciers, ce sont ceux qui ont construit le traité de Maastricht. Car tout ce qui se passe aujourd’hui ou presque avait été pronostiqué par de nombreux économistes,
dont un grand nombre de « Prix Nobel d’économie », de gauche comme de droite, ou même de simples citoyens. Et après cinq longues années qui ont coûté bien plus cher que la dette grecque à la zone euro,
comme le souligne même Thomas Piketty, n’est-il pas un peu cavalier, voir digne d’un apprenti-sorcier, de vouloir poursuivre
cette aventure monétaire artificielle et profondément dysfonctionnelle ?
Devant le produit monstrueux de cette œuvre, qu’ils persistent à défendre, les euro béats en sont réduit à rejeter la faute, soit sur des Grecs feignants ou des Allemands égoïstes. Mais
comme le dit bien Frédéric Lordon, tôt ou tard, les poubelles de l’histoire ne seront pas pour ceux qui souhaitent le démontage de l’euro, mais pour tous ceux qui ont soutenu ce Titanic économique jusqu’au bout.