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Accueil du site > Tribune Libre > Les dettes allemandes et la dette grecque : Deux poids, mille (...)

Les dettes allemandes et la dette grecque : Deux poids, mille mesures

« L'âne vint à son tour et dit :

J'ai souvenance Qu'en un pré de Moines passant.

La faim, l'occasion, l'herbe tendre.(..).

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.

A ces mots on cria haro sur le baudet. (...)

Selon que vous serez puissant ou misérable,

les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »

 

Jean de la Fontaine : Les animaux malades de la peste

 

Ça y est, c'est dit-on, la reddition en rase campagne - sans contrepartie d'AlexisTsipras en face de la machine de guerre allemande, celle de l'Eurogroupe et celle du FMI. Le Premier ministre grec a donné l'illusion au peuple grec qu'il avait le droit à la parole et en définitive renié une à une toutes les promesses, Les propositions soumises par Alexis Tsipras reprennent largement, les propositions formulées par l'Eurogroupe le 26 juin. Toute cette tragédie pour rien ! On a caressé l'espoir de voir enfin la parole du peuple dans le cadre de la démocratie qui prit naissance d'ailleurs chez eux, écoutée. Il n'en fut rien. Tsipras aurait organisé un référendum en Grèce pour ensuite ne pas revenir devant le peuple et se suffire du vote des députés pour accepter globalement les injonctions de Mme Merkel.

Pourtant, la demande de la Grèce était on ne peut plus réaliste. Celle d'arrêter les dégâts de la politique d'austérité qui lui a été imposée à cause de sa dette et repartir d'un bon pied. Curieusement, les Etats-Unis qui surveillent du coin de l'oeil les Européens, ont tenté d'intervenir. Le FMI - c'est-à-dire de fait les Etats-Unis - reconnaît aujourd'hui que la voie à suivre est celle d'une restructuration de la dette pour qu'elle soit supportable. En effet, la directrice générale du FMI et le secrétaire au Trésor américain, appellent à la résolution de la crise financière grecque et à l'allègement de sa dette colossale.

 

La dette grecque expliquée simplement

La situation grecque est inhumaine. On connaît la situation sociale de la Grèce : hausse de 45% de la mortalité infantile, hausse de 42% du taux de suicides, baisse de trois ans de l'espérance de vie, 44,6% de retraités vivant en dessous du seuil de pauvreté. Comment les banques allemandes et françaises ont financé la banqueroute de la Grèce ? « La Grèce, lit-on dans cette contribution, doit maintenant aux créanciers 323 milliards d’euros, ce qui représente environ 175 pour cent du PIB. Comment est-on arrivés à une dette si élevée ? « Nous devrions clairement le reconnaître : presque rien des sommes énormes qui ont été prêtées à la Grèce, n'ont, en réalité, pas fini en Grèce, » a rappelé le prix Nobel d’économie et ancien économiste en chef de la Banque mondiale, Joseph Stiglitz, dans un entretien au quotidien The Guardian. « elles ont été dirigées vers le paiement des créanciers du secteur privé, y compris les banques allemandes et françaises. » » (1)

Parlant de la tentation des banques grecques : « Un récent rapport de l'organisation CorpWatch appelée les profiteurs de la zone euro peut éclairer quelque peu cette réalité. Il est certes vrai que de ces banques, les politiciens grecs corrompus ont emprunté des milliards pour leurs projets gouvernementaux douteux, mais en même temps il y avait une très bonne raison pour laquelle ces financiers n'ont pas évité ces prêts téméraires : ils étaient sous la pression des bureaucrates de l'Union européenne pour concurrencer sur le marché mondial les banques britanniques et américaines. (...) Mais, les banques françaises savaient, qu'elles n'allaient pas se faire des milliards en allant à la bataille concurrentielle en Allemagne, de même que l'Allemagne n'attendait pas le triomphe en France ».(1)

« Au lieu de cela, elles se sont cherché un marché plus simple et plus facile, auquel elles allaient prêter ces masses d'argent qu'elles avaient, et ce marché devait être celui formé par les Etats plus pauvres, la plupart des Etats de l'Europe du Sud, qui en 1999 avaient accepté l'adhésion à la monnaie commune appelée l'euro. La logique était claire : au milieu des années quatre-vingt-dix, les taux d'intérêt, par exemple, en Grèce ou en Espagne étaient autour de 14 pour cent, et idem en Irlande durant la crise monétaire de 1992 et 1993.. Les candidats aux prêts ont donc accueilli avec enthousiasme les banquiers du Nord avec des ressources apparemment illimitées de disponibilités à bon marché à un taux d'intérêt compris entre un et quatre. (..) » (1)

La tentation était forte et le piège s'est refermé sur le peuple qui s'endette en payant les banques. On sait que depuis plusieurs années, l'ampleur de la dette publique européenne ne cesse d'augmenter.

 

La dette publique des Etats de l'Union européenne

« Au dernier trimestre de 2014, la dette des 28 Etats membres se porte à 86,6% du PIB. Celle de la zone euro équivaut quant à elle à 92,1% du PIB. Individuellement, six pays affichent un niveau de dette publique supérieur à 100% du PIB. Il s'agit de la Grèce (176%), de l'Italie (131,8%), du Portugal (131,4%), de l'Irlande (114,8%), de la Belgique (108,2%) et de Chypre (104,7%). En France, la dette publique est supérieure à celle de l'Union européenne et de la zone euro, et s'élève à 95,3% du PIB en 2014. Le pays ne cesse de s'approcher de la barre des 100%. » (2) « La dette publique grecque est de loin la moins élevée d'Europe. En valeur absolue, la Grèce n'est pas la lanterne rouge de l'Europe. Athènes se fait largement devancer par les grandes économies du continent : Espagne, France, Grande-Bretagne, Allemagne et l'Italie qui cumulent parfois plusieurs milliers de milliards de dette. La Belgique qui peut compter sur le même nombre d'habitants que la Grèce, traîne 387 milliards d'euros de dette, soit 101,5% de son PIB. la Belgique fait peser à ses habitants une dette de 34.875 euros contre 28.217 euros pour les Grecs. (...) »(3)

‘ Alors que l'Espagne et le Portugal sont régulièrement épinglés par Bruxelles pour laisser filer leurs comptes publics, ces pays imposent à leurs citoyens une dette moins élevée que l'Allemagne, pourtant érigée en vertu en matière de contrôle des dépenses publiques. Le poids de la dette qui repose sur les épaules des Portugais atteint 15.780 euros contre 24.896 euros pour les Allemands Par habitant la dette de la Grèce est inférieure à celle de La France, de l'Italie, du Royaume-Uni, de la Belgique, des Etats-Unis et du Japon. Les Français sont à 29 300 euros par personne, les Anglais (31.712 euros). Les Etats-Unis dont le plafond de la dette est régulièrement relevé pour éviter le « shutdown », a cumulé 12.600 milliards d'euros de dette, soit 39.850 euros par citoyen américain. Quant au Japon, le ratio est le plus élevé au monde avec 245% du PIB soit (71 015 euros) par habitant » (3).

 

L'intransigeance et le mépris allemand pour la Grèce

Pour le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, les négociations avec Athènes sont ´´extrêmement difficiles´´. Il dénonce ´´une confiance détruite de manière incroyable et il met en doute clairement la fiabilité du gouvernement grec. Non sans ironie, il rappelle à Washington que dans les Caraïbes, Porto Rico avec une dette de 73 milliards de $ est en train de sombrer. Obama refusant de l'aider : « Ces jours-ci, j'ai proposé à mon ami Jack Lew de prendre Porto Rico dans la zone euro si les Etats-Unis étaient prêts à accepter la Grèce dans le système du dollar. »

« Enfin, selon une source citée par l'AFP, les Allemands pensent qu'« au cas où la soutenabilité de la dette et les propositions de réformes ne seraient pas réalistes, il faudrait proposer à la Grèce une sortie temporaire de cinq ans de la zone euro, avec une possible restructuration de sa dette, si nécessaire dans un club de Paris ». C’était il y a trois jours !

 

La dette de guerre allemande : des effacements successifs

La volonté de puissance est affirmée. Justement, la chancelière allemande qui gouverne l'Europe dirige un pays qui lui-même à trois dettes majeures qu'il n'a jamais totalement honorées. Nous allons les citer en honnête courtier. Il est curieux de constater qu'au sortir de la guerre, l'Allemagne a demandé et obtenu des Alliés l'effacement en partie de sa dette.

Laurent Martinet de Reuters écrit à ce sujet : « « L'Allemagne est Le pays qui n'a jamais remboursé ses dettes. Elle n'est pas légitime pour faire la leçon aux autres nations. » La phrase est de Thomas Piketty. D'autres voix se font un plaisir de rappeler que Berlin n'a jamais payé entièrement les réparations que les vainqueurs ont exigé en 1919. Et pour cause : à la fin des années 20, malgré un bon redémarrage économique, les caisses sont vides. Les réparations sont réduites d'un tiers et rééchelonnées, explique La Tribune. En 1932, l'économie ayant replongé, les Alliés renoncent même à exiger leur paiement. Trop tard pour éviter l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Et la question de la dette contractée dans les années vingt et trente sur les marchés poursuit l'Allemagne jusqu'en 1953. Cette année-là, à Londres, le chancelier Konrad Adenauer obtient des Alliés un nouveau rééchelonnement, et surtout, un remboursement en dollars au taux actuel, qui permet d'économiser 40% par rapport au mark-or des années vingt. La dette allemande est réduite de moitié par rapport à son poids d'avant-guerre, estime un chercheur de l'université de Yale cité par La Tribune. La dette allemande sera officiellement complètement payée en 2010, après la réunification. « L'Allemagne a été le plus mauvais payeur de dette du XXe siècle », dénonçait en 2011, au début de la crise grecque », l'économiste allemand Albert Ritschl. » (4)

On remarquera que l'Allemagne aura mis plus de cinquante ans pour purger sa dette. » sans qu’elle n’ait sur le dos la pression des Etats créanciers et encore moins les banques spéculatrices, les fonds de pension vautour. Tout une faune prédatrice qui sont , dans le cas de la Grèce prêts à la dépecer..

 

La dette allemande de l'occupation de la Grèce pendant la guerre

Qu'en est-il de la dette envers l'occupation inhumaine de la Grèce ? Alexis Tsipras en fait un argument de négociation : « La Grèce dit ils, a « l'obligation morale et historique » de réclamer à l'Allemagne des indemnités de guerre, auxquelles elle a échappé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est la première fois qu'Athènes évoque une évaluation précise des réparations de guerre qu'elle réclame à Berlin. Ce travail d'expertise grec ne devrait toutefois rien changer à la réponse allemande. Pour la première fois, Athènes a évoqué un chiffre : 278,7 milliards d’euros. Devant le Parlement grec à l'occasion de la mise en place d'une commission parlementaire sur l'origine de la dette du pays, le secrétaire d’État au budget Dimitris Mardas a mentionné une évaluation précise des réparations de guerre réclamées par la Grèce à l’Allemagne. Pour le gouvernement grec, l'emprunt forcé qu'Athènes a dû accorder en 1942 au régime nazi et qui n'a jamais été remboursé s'élève aujourd'hui à 10,3 milliards d'euros. Le reste de la somme citée par Mardas correspond aux dédommagements dus aux victimes et au coût des infrastructures détruites par l'occupant, entre 1942 et 1944. Selon le gouvernement grec, 50.000 documents ont été examinés par une équipe de six personnalités. La Grèce « pourrait aller jusqu'à un procès. Le travail d'expertise grec ne changera rien à la réponse de Berlin, pour qui le dossier des réparations de guerre est « juridiquement et politiquement clos », comme l'a redit la chancelière Angela Merkel au Premier ministre Alexis Tsipras le 23 mars. Les traités de 1953 puis de 1990, acceptés par la Grèce, ont fermé la porte à tout recours. » (5)

Pourtant, on s'en souvient, le président allemand n'avait pas totalement fermé la porte à cette demande qui par la suite fut définitivement enterrée avec le « nein » allemand.

 

La dette concernant le coût de la pollution chimique allemande à l'Europe

Stephane Fouccart du journal Le Monde, nous informe d'une dette autrement plus importante de l'Allemagne : « Un fait plus discret est que la vertueuse et intransigeante Allemagne traîne elle aussi quelques impayés, dont il n'est pas déraisonnable de penser qu'ils surpassent de très loin l'ardoise grecque. Et on ne parle pas ici de l'Allemagne exsangue de l'après-guerre. On parle bel et bien de l'Allemagne d'aujourd'hui, avec sa puissante industrie, son budget impeccable, etc.(...) il faut se pencher sur un numéro récent du Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism (JCEM). En avril, la revue publiait une série d'études conduites par une vingtaine de chercheurs internationaux et coordonnées par Leonardo Trasande, spécialiste de santé des populations, professeur à l'université de New York. Leur but était d'évaluer le coût économique des dégâts sanitaires dus aux pollutions chimiques dans l'Union européenne. Avec 2010 comme année de référence, leur estimation chiffre la valeur médiane de ces dégâts à 1,3% du produit intérieur brut des Vingt-Huit ».

« Soit 157 milliards d'euros par an, en frais de santé(...)e pays domine de très loin le secteur avec des géants comme Bayer ou Basf, et il est très clair qu'une grande part de ces 157 milliards d'euros lui incombe. L'Allemagne aurait beaucoup à perdre, si les mesures adéquates étaient prises pour éviter ces dégâts collatéraux(...) ». (6)

Cette information a permis au professeur d'économie Jean Gadrey d'analyser finement les données , il écrit : « 157 milliards d'euros par an comme coût supporté par les Européens, 1,3% du PIB. Chiffre qui se limite à un périmètre restreint de coûts sanitaires vraiment évaluables sur des pathologies bien identifiées. Sur les dix dernières années, cela ferait un coût cumulé de 1570 milliards. (...) Pour le compléter, j'ai été regarder le poids de la chimie allemande en Europe et c'est environ 25%. Si on appliquait cette proportion aux 1570 milliards, cela ferait presque 400 milliards d'euros, plus que la totalité de la dette grecque actuelle (320 milliards) ! » (6)

« Estimations à la louche poursuit Jean Gadrey ? Assurément, mais quand « y a pas photo » la louche fait l'affaire, pas besoin de balance de précision. Méthodes critiquables ? Comme je suis assez chatouilleux sur certaines valorisations monétaires douteuses (voir mon billet « Quand la monétarisation de tout - pour la bonne cause - tourne au délire économique », je suis allé à la source de l'article scientifique qui fournit les chiffres cités par Stéphane Foucart. Pour moi, c'est du sérieux, il s'agit bien de coûts réels mesurés et observables, avec comme toujours dans ces estimations des hypothèses et des conventions, mais l'ordre de grandeur obtenu est fiable. (...) Un dernier chiffre pour la route : quel est le coût par Européen des dégâts sanitaires de la chimie sur dix ans ? Réponse:1570 milliards d'euros divisés par 510 millions, soit en gros 3000 euros ».(7)

 

Le clap de fin : La Grèce plus que jamais en coupe réglée

On apprend ce lundi matin que la messe était dite : C’est la reddition en rase compagne. Le gouvernement grec accepte des conditions encore plus drastiques que celles du 25 juin qu’il avait refusées en déclenchant le referendum. Cpt Anderson nous en en parle et ne se dit pas étonné au vue de la connaissance du mécanisme de prédation mis en place par les banksters : « Le bal des vampires peut continuer : Bruxelles a sauvé momentanément tous les spéculateurs de la ploutocratie mondiale. La fanfare des marchés financiers a salué d’un bond de plus de 2% en quelques minutes l’accord largement prévisible sur la dette grecque, Tsipras n’ayant pas la carrure d’un chef d’État. (…) Pourrait-on lui en vouloir quand c’est le lieu commun dans le monde occidental de ne proposer aux urnes qu’un fossoyeur de liberté et de la dignité de son peuple ? »

« Quel chef d’État actuellement n’est pas à la solde de la finance internationale. Poser cette simple question, revient à reconnaître les chefs de « l’axe du mal ». Le drame grec a été commenté et analysé à sens unique par des journalistes aux ordres de ceux qui les paient, ressassant à temps et à contretemps que les grecs ne sont que des feignants, des profiteurs, quand ils ne sont pas des fraudeurs ».

 

La Grèce a tout simplement été victime d’un attentat financier.

L’auteur poursuit en citant les propos d’un trader : « Les confessions de l’ex-assassin financier, John Perkins se retrouvent dans la mise à sac de la Grèce : Pour l’essentiel, mon boulot consistait à identifier les pays détenant des ressources qui intéressent nos multinationales, et qui pouvaient être des choses comme du pétrole, ou des marchés prometteurs, des systèmes de transport. Il y a tant de choses différentes. Une fois que nous avions identifié ces pays, nous organisions des prêts énormes pour eux, mais l’argent n’arriverait jamais réellement à ces pays ; au contraire, il irait à nos propres multinationales pour réaliser des projets d’infrastructures dans ces pays, des choses comme des centrales électriques et des autoroutes qui bénéficiaient à un petit nombre de gens riches ainsi qu’à nos propres entreprises. Mais pas à la majorité des gens qui ne pouvaient se permettre d’acheter ces choses, et pourtant ce sont eux qui ployaient sous le fardeau d’une dette énorme, très semblable à celle de la Grèce actuellement, une dette phénoménale ».(8)

« Et une fois [qu’ils étaient] liés par cette dette, nous revenions, sous la forme du FMI – et dans le cas de la Grèce aujourd’hui, c’est le FMI et l’Union européenne – et posions des exigences énormes au pays : augmenter les impôts, réduire les dépenses, vendre les services publics aux entreprises privées, des choses comme les compagnies d’électricité et les systèmes de distribution de l’eau, les transports, les privatiser, et devenir au fond un esclave pour nous, pour les sociétés, pour le FMI, dans votre cas pour l’Union européenne ».(8) 

« John Perkin l’a très bien décrit dans son ouvrage en prenant exemple sur l’Argentine ainsi que plusieurs pays d’Amérique latine qui ont été victimes du même processus. Ceci explique certainement les changements politiques survenus en Amérique du Sud depuis une vingtaine d’années. (…)La seule différence qu’il y a entre un pays en crise ou un autre se retrouvant sous les fourches caudines de l’austérité, ne dépend que de la souplesse d’échine de ceux qui détiennent un mandat du peuple. Quand la mise à sac d’un pays se fait sans attentat, c’est que l’affaire est menée par une équipe aussi brillante que celle du Fouquet’s. Durant les années Sarkozy, outre l’or de la France, toute son infrastructure a été bradée dans un silence assourdissant pendant que la dette explosait de plus de 600 milliards d’euros ».(8)

« Après l’écrasante victoire du « non » au référendum grec, la démission de Varoufakis paraissait étonnante. (…) Son testament politique se retrouve dans sa dernière intervention et sa mise en garde pour la France : « Ma conviction est que le ministre des finances allemand veut que la Grèce soit évincée de la monnaie unique pour susciter une crainte de tous les diables chez les français et leur faire accepter son modèle d’une zone euro disciplinaire. Les Grecs doivent accepter toutes les conditions au détriment de leur peuple, les prétentions de la finance internationale qui ne leur remettra jamais leur dette. Ce serait remettre en question celle de tous les peuples. Aujourd’hui la Grèce, demain l’Espagne, l’Italie ou la France ? Quel peuple se révoltera ? Contre l’asservissement bancaire, aucun ! »(8)

 

Le pape et sa vision de la place de l’Homme

Il est intéressant dans le cadre de cette prédation à ciel ouvert, de connaitre l’avis d’un prélat , dernier rempart contre l’immoralisme en l’occurrence le pape. Philippe Rodier Docteur en droit écrit à propos du pape et de la crise grecque Le pape François a produit avec sa dernière encyclique dénommée Laudato si’ un texte équilibré et pragmatique sur le rapport que nous entretenons avec notre maison commune – la Terre – et la conception de l’économie et de l’activité productive fondées sur l’immédiateté en vigueur. Rappelant que le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral ni l’inclusion sociale, le pape alerte sur un marché divinisé et des pouvoirs économiques qui font primer la spéculation et la recherche exclusive du revenu financier sans responsabilité sur les effets et la dignité humaine. La sauvegarde de notre environnement « suppose un regard qui aille au-delà de l’immédiat car lorsqu’on recherche un rendement économique rapide et facile, la préservation n’intéresse alors personne ». En cela, François note que le développement économique a engendré un immense progrès technologique qui n’a pas été accompagné d’un développement corrélatif des responsabilités, valeurs et consciences de l’être humain. Il met en garde contre l’utopie de vouloir apporter aux enjeux écologiques des solutions purement techniques et ciblées alors que la vraie réponse réside dans un profond changement culturel individuel et collectif afin de remettre l’humain à sa juste place »(9)

« Le pape François, poursuit Dominique Rodier s’inscrit dans une véritable logique anthropologique, met l’homme au cœur de tout, critique le culte de la liberté individuelle exacerbée qui engendre le matérialisme et le productivisme. Il rappelle, une fois encore, que l’argent n’est qu’un moyen et non une finalité. Nous devrions faire lire le pape François aux bataillons de banquiers, fonctionnaires internationaux et politiciens qui traitent la crise grecque avec les raisonnements financiers qui ont participé à créer cette situation – l’appât du gain et l’intérêt immédiat à prêter inconsidérément à la Grèce – en espérant qu’ils adoptent enfin une analyse de développement humain avant de commencer à négocier de fausses solutions.(9)

 

Que faut-il en conclure ?

Personne ne peut contredire l'Allemagne qui , avec ses alliés du Nord , dicte la norme. Rien de nouveau sous le soleil ! Le peuple grec traité de tous les noms, paresseux, non besogneux, n'en peut plus de souffrir, il a donné mandat à un Premier ministre qui a présumé de ses forces face à une troïka qui a changé de masque en euro-groupe et FMI mais qui est toujours sans pitié pour les faibles. La Grèce mise en coupe réglée, on lui demande de privatiser à tour de bras, même les Îles et les prédateurs sont là pour les bonnes affaires. Est-ce cela la vocation de l'Europe ? Ou est-ce le début de la fin pour cette utopie qui ne peut résister au laminoir néolibéral ? Souvenons-nous ! Il n'y a pas de justice pour les faibles. Jean de la Fontaine a mille fois raison ;Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », Et pourtant, La Grèce est le berceau de la civilisation occidentale, mais le néo-libéralisme prédateur n’en a cure. Ainsi va le monde

 

1. https://citizenactionmonitor.wordpress. com/2015/07/01/how-german-and-french-banks-financed-greeces-bankruptcy/

2. http://www.touteleurope.eu/actualite/la-dette-publique-des-etats-de-l-union-europeenne.html

3. http://www.challenges.fr/economie/20140509.CHA3601

 /
4. http://www.lexpress.fr/actualite-economique/ crise-en-grece-quand-l-allemagne-faisait-effacer-une-partie-de-sa-dette_1696548.html# 5jTe3V7c7X0I63SW.99

5. Nicolas Barotte : La Grèce réclame 278,7 milliards d'euros à l'Allemagne le figaro.fr 07/04/2015

6. http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/07/06 /une-dette-allemande_4672279_3232.html# iV4XrkZ0BM9oCmxW.99

7. http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey /2015/07/08/dettes-allemagnegrece-merci-a-stephane-foucart-du-monde/

8. http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/grece-les-banksters-ont-gagne-169710

9. 9.http://www.bvoltaire.fr/philipperodier/pape-lecologie-grece-lhomme-coeur-de,185918?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=6ab8f2943a-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-6ab8f2943a-30599789&mc_cid=6ab8f2943a&mc_eid=51be024106

 

Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/220400-deux-poids-deux-mesures.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


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18 réactions à cet article    


  • howahkan Hotah 15 juillet 2015 08:33

    Je serais curieux de savoir la masse monétaire de faux billets verts que ce pays ,tète de pont des us en Europe depuis un moment deja, a reçu...le plus « illégalement » du monde..

    les miracles n’existent pas à ce niveau, seule la force, la violence, la corruption etc font les empires...

    bon alors ami terrien, toujours d’accord pour garder la compétition , le mythe du meilleur, les valeurs à des métiers, la hiérarchie de partage etc..

    si oui,alors de grâce fermez là...c’est votre monde

    merci d’avance...


    • howahkan Hotah 15 juillet 2015 09:07

      @howahkan Hotah

      il est dit : Personne ne peut contredire l’Allemagne

      bel acte de soumission....

      ceci bien sur est faux...

      cela dit si on peut toujours contredire n’importe qui..il faut le vouloir en profondeur..je l’ai fait au prix de ma vie 2 fois.....l’occident qui n’a plus comme neurone que le code de sa carte bleu ne pouvait faire plus...après tout ayant aidé au travail dans un élevage industriel de porcs en Bretagne, je vois beaucoup de ressemblance entre les humains occidentaux et les porcs de cet élevage...

      l’occident européen uni-neuronal eut aimé que un seul grecs fasse le boulot pour sauver les autres pays de la dictature usioniste qui s’abat sur l’Europe, on l’oublie un eu vie mais il s’agit bien de cela de la dictature usioniste qui oh bizarrerie soutiens les pseudo nazi de l’Ukraine...comme il est dit dans un asterix, bis repetita ???


    • jaja jaja 15 juillet 2015 09:16

      Rien n’est fini en Grèce... Aujourd’hui est une journée de grève et de manifestations contre le nouveau mémorendum accepté par Tsipras et qui provoque un tollé jusqu’au sein de Syriza...

      Le comportement de Tsipras est en accord avec le fait qu’il n’a jamais souhaité être en rupture avec l’Eurozone et l’Union Européenne.Venu de l’eurocommunisme la ligne qu’il défend a toujours été réformiste et a toujours affirmé la nécessité d’un accord avec l’UE et non la nécessité de rompre les négociations alors qu’il n’y avait plus rien à négocier....

      Comme le dit Antarsya (gauche révolutionnaire grecque) en parlant de Tsipras :« ...je ne pense pas qu’on puisse dire que Tsipras et son gouvernement aient trahis le peuple grec et la classe ouvrière. Il a opté dès le départ pour une stratégie de collaboration de classe et de gestion du système capitaliste au sein des institutions. Ses choix actuels sont les conséquences des contradictions du réformisme »

      Alors que comme l’écrivait le NPA au lendemain de la victoire écrasante du Non au Référendum il aurait fallu rompre les négociations avec la Troïka comme l’exigeaient plusieurs organisations grecques et une partie de Syriza :

      « Le NPA salue la volonté du peuple grec d’en finir avec l’austérité permanente, qui ne sert qu’à remplir les coffres forts des banques et de la finance mondiale. En votant « NON » au référendum le peuple grec a confirmé son vote du 25 janvier 2015. Pour le NPA ce vote met à l’ordre du jour la mise en œuvre d’une politique anticapitaliste par l’annulation de la dette, l’expropriation des banques, la renationalisation des services publics privatisés, l’augmentation des salaires et des pensions de retraite en s’appuyant sur les mobilisations du monde du travail pour imposer la rupture des négociations biaisées avec la Troika et faire cesser la dictature de la BCE. »

      http://www.npa2009.org/communique/le-peuple-grec-dit-non-massivement-la-troika-imperialiste


      • Spartacus Lequidam Spartacus 15 juillet 2015 09:35

        Règle de base du libre arbitre :

        « Si tu veux garder le contrôle de ta destinée, il faut éviter de trop t’endetter. »

        Règle de base de démocratie :
        « Quand on vote pour un parti marxiste et ses illusions, il faut accepter que l’économie marxiste te mette sur la paille et mette fin à tes illusions ! »

        Encore et toujours, ces règles sont d’actualité.

        • samuel 15 juillet 2015 09:47

          @Spartacus

          Intéressant. Le « Libre Arbitre » a des règles... Est-ce toujours du libre arbitre ?

          Spartacus ou la philosophie pour les nuls (ou les esprits simplistes au choix).

        • Robert GIL Robert GIL 15 juillet 2015 11:16

          @Spartacus
          « le libre arbitre dans un systeme caoitaliste » ... trop fort ! Et pour essayer de gagner du temps ... tu arrete ta montre !


        • Robert GIL Robert GIL 15 juillet 2015 11:14

          La Commission pour la Vérité sur la Dette publique instituée par la présidente du Parlement grec a établi dans son rapport préliminaire rendu public les 17 et 18 juin 2015 que la dette réclamée par les actuels créanciers doit être considérée comme illégitime, illégale et odieuse. La Commission a également démontré que son remboursement est insoutenable. Sur la base d’arguments fondés sur le droit international et le droit interne, le gouvernement grec peut suspendre de manière souveraine le paiement de la dette afin que l’audit des dettes soit conduit à son terme. Une telle suspension de paiement est tout à fait possible. Depuis février 2015, la Grèce a remboursé 7 milliards d’euros aux créanciers sans que ceux-ci versent les 7,2 milliards qui devaient l’être dans le cadre du programme qui a pris fin au 30 juin 2015. D’autres sommes auraient dû être versées à la Grèce et ne l’ont pas été : les intérêts perçus par la BCE sur les titres grecs, le solde prévu pour la recapitalisation des banques, etc. En suspendant le paiement de la dette, les autorités grecques amèneraient les créanciers à faire des concessions. Une réduction radicale du montant de la dette pourrait en découler soit par la voie de la négociation, soit par celle de la répudiation.
          .
          voir : GRÉCE : Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à Bruxelles


          • bakerstreet bakerstreet 15 juillet 2015 11:28

            @Robert GIL


            La commission pour la vérité ?
            Comment ne pas rire, on se croirait en plein Orwell !

            A quand une commission des mensonges, et une autre des magouilles ?

          • Rensk Rensk 15 juillet 2015 13:06

            @bakerstreet
            Oh, il y a bien un ministère de la vérité... en Ukraine  smiley


          • MagicBuster 15 juillet 2015 11:37

            C’est la Criiiiiiiiiise (de Rire).
            Les politiques se réunissent pour parler argent / corruption / mensonge ...

            C’est comme si les alcooliques anonymes se rencontraient dans un bar à l’heure de l’apéro.


            • Laurent 47 15 juillet 2015 12:13

              J’aimerais qu’on nous explique quel est l’intérêt de la Grèce ( pas des Etats-Unis ni de la Communauté Européenne ), à rester au sein de cette Europe qui essaye de la mettre au tapis !

              Le FMI vient de déclarer que la dette grecque était très nettement sur-évaluée, et on ne peut considérer que cet organisme raconte n’importe quoi !
              L’Allemagne ( vous savez, ce pays qui devait payer à la Grèce 1.000 milliards d’euros en réparation des dommages de guerre, dette qui a été annulée contrairement à celle de la Grèce ), s’acharne à mettre la Grèce en difficulté, dans la claire intention de l’éjecter de la zone euro.
              Chiche ! Que la Grèce remplace l’euro par la drachme et se retire de l’OTAN, n’est pas un problème insurmontable et lui permettra de réaliser de substantielles économies sur son budget de défense, celle-ci pouvant être assurée par la Russie qui s’est proposée en outre à l’aider à sortir de la crise ( Tsipras a rencontré Poutine à deux reprises à ce sujet ).
              Moscou peut très bien reprendre la dette grecque ( recalculée par le FMI ), et échelonner les remboursements sur une plus longue période, avec un taux fixe raisonnable.
              L’accord signé entre Athènes et Gazprom pour la réalisation du gazoduc Türkisk-stream serait une garantie suffisante pour inciter la Grèce à honorer ses échéances.
              La raison pour laquelle les Etats-Unis et la Communauté Européenne sont vent debout contre la sortie de la zone euro n’est pas économique ! Elle est uniquement géo-stratégique !
              Pas la peine de vous faire un dessin !

              • bakerstreet bakerstreet 15 juillet 2015 12:20

                C’est pas mal de remettre la dette de 18 sur la table, d’invitez les français traîtreusement de nouveau à exiger leur du aux allemands ( il ne dit pas encore « les boches » mais ça viendra, confiance)


                 Ce monsieur veut nous ramener aux années 30, et ce qui s’ensuivit, et rien que pour ça, je n’aurais pas assez de mépris en quelques mots, à lui envoyer, à moins d’être extrêmement vulgaire. 

                Je me suis pas fait chié à lire cette daube de chiffres instrumentalisés, sa logique minable qu’il tente de faire passer aux forceps, pour tenter de cliver, et de récolter les débris, la grande affaire des escrocs qui forcent les portes. 

                • Garibaldi2 15 juillet 2015 13:36

                  C’est un article intéressant, en particulier la partie chiffrant le poids théorique de la dette de certains pays par tête d’habitant desdits pays. 


                  Puisque vous semblez très en forme, il serait bon de nous faire savoir à quels taux ont été consentis les différents prêts à la Grèce dans les 10 dernières années.

                  Je suis tombé sur ce genre d’info dans Le Monde : ’’Les taux d’intérêt à long terme sur les emprunts d’Etat de la Grèce ont atteint mercredi 15 juin des niveaux record alors que la contestation monte dans le pays et que les Européens ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord sur les modalités d’un second plan d’aide au pays, jugé de plus en plus proche du défaut. A 18 h 30, ces taux à dix ans se tendaient à 17,439 % contre 17,156 % la veille au soir, après avoir atteint 17,68 % en séance, du jamais-vu.’’



                  En somme, le ’’marché’’ peut emprunter à la BCE à 1% puis prêter à la Grèce au taux du ’’revolving’’ et bien entendu aller chouiner en cas de non remboursement pour pourvoir refiler son papier à l’état, lequel prendra la perte à sa charge.

                  Les Grecs ont fait une grosse erreur, ils auraient dû faire défaut il y a plusieurs années.


                  Au fait, et les CDS dans tout ça ?!

                  • MagicBuster 15 juillet 2015 15:48

                    Tout le monde doit de l’argent à tout le monde et les banques sont ruinées.

                    On apprend que l’argent n’existe pas, c’est de l’intérêt de l’intérêt (de l’intérêt).
                    Personne n’a dépensé les sommes aujourd’hui appelée dettes.

                    Qui sont les créanciers à qui tout le monde doit de l’argent ?
                    Existent-ils vraiment ?

                    Si oui - ils ont des noms, qui c’est  ???


                    • J.MAY MAIBORODA 16 juillet 2015 09:53

                      @MagicBuster


                      Questions pertinentes ou ingénues ? That’s the question

                    • J.MAY MAIBORODA 16 juillet 2015 09:47

                      Je n’ai pas hésité à « cocher » EXCELLENT pour cet article exhaustif, que je reproduirais volontiers sur mon propre blog avec la permission de son auteur.
                      Cf. A ce propos :« La Grèce à l’heure allemande » - Blog « u zinu »

                      • chems eddine Chitour 16 juillet 2015 10:04

                        @ Maiboroda
                        Permission accordée et merci pour l’appréciation qui me met du baume au coeur si je devais la comparer à celles inélégantes faites surtout d’attaques ad hominem.

                        Pr.C.E. Chitour


                        • Le p’tit Charles 19 juillet 2015 12:39
                          Les dettes allemandes et la dette grecque...Déjà au XIXeme siècle la Grèce était virée de l’union Latine pour avoir triché sur la teneur de ses pièces en or et en argent...bis répétitas en 2000 et 2004 pour son adhésion à l’euro avec des chiffres fantaisistes (divisés par deux) sur son déficit public...(avec l’aide des USA et de l’UE cette fois ci.. ?...Au troisième plan d’aide (avec les précédents plus de 400 milliards d’euros..)...Les Athéniens s’éteignirent... !

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