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Accueil du site > Tribune Libre > Une « Main de Dieu » gouverne le monde et ce, jusqu’au dernier (...)

Une « Main de Dieu » gouverne le monde et ce, jusqu’au dernier dollar, dernier euro… dernier centime. Le sens de la crise actuelle ?

 Qu’en est-il de la politique d’austérité imposée à l’Europe depuis sept années ? Les pays émergents et pétroliers doivent-ils redouter une nouvelle crise financière mondiale ? La chute des cours pétroliers qui ont dévissé de plus 50% relève-t-elle réellement de la surabondance de l’offre sur les marchés pétroliers ? Et si ce n’est en réalité qu’un « premier tour de vis monétaire » opéré par le système financier mondial, largement dominé par l’Occident ? Que préfigure-t-il dans le court terme, à l’horizon de l’année 2016 ?

 

  1. Le « droit de seigneuriage » de l’Occident sauve l’économie mondiale

 Il faut rappeler qu’après la crise immobilière et financière de 2007- 2008 qui s’est suivie d’une récession généralisée en Occident en 2009, les pays développés avaient décidé de laisser filer les déficits publics en adoptant des plans de relance massifs.

 L’activité économique n’a commencé à se redresser qu’en 2010. Prenant le relais des banques privées qui se sont surendettées et dont les bilans étaient chargés de créances immobilières toxiques (subprimes), les pays occidentaux se sont surendettés. Les déficits publics ont fortement augmenté tant en Europe qu’aux États-Unis. En décembre 2010, ils s’élevaient à 4,1% du PIB pour l’Allemagne, 6,8%, pour la France, 4,2% pour l’Italie, 9,4% pour l’Espagne, 11,2% pour le Portugal, 11,1%, la Grèce, 32,5 % pour l’Irlande. La moyenne pour la zone euro était de 6,2%, alors que les critères de Maastricht stipulaient 60% du PIB pour la dette publique et 3% pour le déficit. Outre-Atlantique, les États-Unis enregistraient un déficit de 12,2% du PIB. (1)

 Cette explosion de déficits publics a engendré une augmentation des dettes publiques à un rythme inédit. La dette publique de l’Allemagne qui a faiblement évolué, et de 62,9 % du PIB en 2003 à 65,1% du PIB en 2008, passait à 80,5% en 2010, soit une augmentation de 15,4% du PIB. La dette publique de la France qui a évolué de 63,9% en 2003 à 68,1% en 2008, passait à 81,7% du PIB en 2010, soit 13,6% du PIB de plus. La dette publique de l’Espagne qui a diminué entre 47,6% en 2003 et 39,4% en 2008, explosait en 2010. Elle passe à 60,1% du PIB, la dette publique augmente de 20,7%. L’Italie de 100,4% en 2003 à 102,3% 2008 passe à 115,3% du PIB en 2010. La dette de la Grèce, de 108,8% en 2003 à 109,3% en 2008 passe à 146% PIB en 2010, elle augmente de 36,7%.

 La dette publique des États-Unis qui était de 58,8% en 2003 augmente de 19,3% du PIB en 2008. Elle passe à 78,1% du PIB. En décembre 2010, elle augmente de 23% et passe à 101,1% du PIB. « Soit une augmentation globale de la dette publique américaine de 42,3% en sept ans ». (1)

 Le journal français « Le Monde » fait état de 5000 milliards de dollars (3696 milliards d’euros) des déficits supplémentaires liés aux différents plans de relance et de sauvetage des banques entre 2009 et 2010. « Ils ont bel et bien sauvé l’économie mondiale de la récession » (2).

 Il était évident que pareille situation surtout en Europe n’était pas soutenable à terme. Par conséquent, cette évolution inquiétante de déficits et de dettes publiques commandait aux pays occidentaux « d’opérer un virage vers des politiques de rigueur ». D’autant plus que les États-Unis, la zone euro et le Royaume-Uni, qui ont bénéficié de ce mécanisme de soutien à leur financement, le doivent avant tout à leur « droit de seigneuriage » sur le reste du monde. Sans ce « droit de seigneuriage », ni l’Europe ni les États-Unis n’auraient pu mettre en œuvre ce soutien financier drastique à leurs économies. C’est précisément parce qu’ils détiennent les plus grandes monnaies du monde y compris le Japon que ces pays ont cette facilité d’augmenter les liquidités internationales pour sauver leurs économies, et par ricochet sauver les économies des pays du reste du monde. Les pays émergents et pétroliers qui ont toutes leurs monnaies ancrées au dollar, à l’euro, à la livre sterling et au yen ont grandement profité de ce soutien financier occidental puisqu’il a permis de doper leurs exportations. L’Occident étant leur premier client mondial.

 Sans les formidables liquidités en dollar, en euro, en livre sterling et en yen qui sont venues irriguées le marché mondial, le monde entier aurait connu la pire crise de l’histoire. Pire que celle de 1929. On peut donc dire qu’il y a une certaine harmonie qui transcende l’homme dans le développement du monde. L’Occident domine certes monétairement le monde mais est aussi victime de sa panne de la productivité par rapport à l’Asie, l’Amérique du Sud et l’Afrique qui, dominés monétairement, certains se sont progressivement substitués technologiquement à l’Occident. Grâce à la technologie qui, dans ses heures de gloire, a fait la puissance de l’Occident, aujourd’hui elle le fait par le fait de l’Occident (délocalisations forcées pour gagner en compétitivité dans le commerce mondial) pour les pays émergents qui sont devenus un moteur pour croissance et le développement mondial. Mieux encore, « un Occident qui fait tourner la « planche à billet » pour nourrir le développement du reste du monde ».

 Que vaut le yuan chinois sur les marchés monétaires dans le monde sans les formidables réserves de change auxquelles il est adossé ? Que vaut le rouble russe sans ses réserves de change ? Le real brésilien ? Le dinar algérien, même si celui-ci n’est pas convertible à l’extérieur ? Sans leurs réserves de change, ces monnaies ne valent rien du tout, tout au plus à échanger par le troc et encore en référence aux prix internationaux des biens et services exprimés en dollars, en euros… Mais la distribution de la richesse du monde est ainsi instituée, par l’histoire même de l’évolution du monde. Le monde ainsi imbriqué économiquement, financièrement et monétairement fait « que l’Occident comme le reste du monde se trouvent tous dans un même bateau mondialisé, et n’ont d’échappatoire que de trouver un terrain d’entente, ce qui n’est pas donné – le G20 n’arrive pas à aplanir les difficultés et mener à un consensus – mais sera donné par les forces même de l’Histoire qui ont engendré ce paradigme nouveau de l’humanité ». 

 

  1. Les politiques monétaires expansionnistes en Europe pour lutter contre la crise financière

 Il demeure cependant que si le « droit de seigneuriage » octroie des privilèges considérables à ceux qui le détiennent, il n’est pas sans mal s’il n’est pas limité dans le temps. En effet, à force de financer les déficits publics par la « planche à billet », les pays occidentaux risquent de s’enfoncer dans une spirale dépressive et déflationniste de baisse de la demande, de l’offre et de l’emploi. Ce qui ne résoudrait pas la question de soutenabilité de leurs finances publiques à terme. Si la politique expansive américaine, européenne et japonaise est facilitée aujourd’hui par le statut de leurs monnaies, en tant que monnaies de réserve internationale, qui leur donne plus de marge pour se financer, elle prend cependant un autre risque qui est celui de la perte de confiance dans leurs monnaies, et surtout une remontée des taux d’intérêt, avec un « risque d’éclatement d’un krach obligataire mondial  » qui toucherait par extension le monde entier. 

 Cependant, malgré la facilité de financement au début de la crise, la zone euro qui n’était pas unifiée sur le plan budgétaire a éprouvé plus de difficultés que ses consœurs monétaires. En effet, les pays de la zone euro, malgré les aides financières octroyées par la Banque centrale européenne (BCE), continuaient de subir des taux d’intérêt à long terme très élevés, ils devaient par conséquent mettre en place de mesures budgétaires drastiques.

 En 2010, le taux des emprunts allemands à dix ans atteignait 3%. Celui de la France 3,3%, l’Italie 4,5%, l’Espagne 5,5%, le Portugal 7%, l’Irlande 9%, la Grèce plus de 12%. (3) Ces taux traduisaient la gravité de l’endettement de l’Europe. La remontée des taux d’emprunts rendait de plus en plus insoutenable le niveau de leurs dettes publiques. C’est ainsi que la crise des dettes des États européens prenant de l’ampleur, les pays de la périphérie comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal… avaient besoin d’une aide financière urgente. Le système bancaire espagnol, miné par l’explosion de la bulle immobilière, était proche de l’asphyxie, l’Italie endettée souffrait du manque de liquidité.

 De nouveau le « droit de seigneuriage » de la zone euro eut à jouer son rôle crucial, et c’est tout naturellement que les Etats européens se sont tournés vers la Banque centrale européenne qui était prête à la manœuvre, pour soutenir les économies de la zone euro. Et malgré le frein allemand, surtout du ministre des finances Wolfgang Schäuble.

 En 2011, les économistes évoquaient déjà un « danger d’explosion de l’euro ». Bien que la menace d’explosion de la zone euro fût réelle, il n’en demeure pas moins que la BCE ne pouvait changer son fusil d’épaule et se devait d’accompagner les pays de la zone euro dans la lutte contre la crise. C’est ainsi qu’en tant qu’émanation des Dix-Neuf pays et mandatée en tant que prêteur en dernier ressort, l’institution de Frankfort, sur décision prise par les chefs d’Etat de la zone euro, procéda au renflouement du nouveau Fond européen de stabilité financière (FESF). Crée le 1er mai 2010, le mandat du FESF a été ratifié par les États de la zone euro en décembre 2010. Le FESF a le droit d'acheter de la dette primaire, c'est-à-dire nouvellement émise, des États, de racheter des obligations d’Etat sur le marché secondaire, de participer au sauvetage des banques en difficulté, prêter à des États en situation difficile. En septembre 2012, ce fonds est replacé par le Mécanisme européen de stabilité (MES).

 Fort de ces dispositifs et organes financiers, la zone euro enclenche la deuxième phase de financement. Deux méga-prêts appelés LTRO ou « Long term refinancing operations », représentant un total de 1100 milliards d’euros à taux très faible, sont octroyés, en décembre 2011 et en février 2012, aux établissements financiers de la zone euro sur trois ans. Ces programmes de grande ampleur de soutien aux banques et de rachats de titres d’Etat ont permis de « baisser les taux d’emprunts des États », et ce faisant, ont maintenu la zone euro à flot face au risque de faillite et de déflation.

 Officiellement la BCE ne contrevient pas aux traités si elle n’achète pas les obligations directement auprès des États, mais, en achetant sur le marché secondaire, la BCE ne sauve que les formes dans les rachats des dettes d’Etat puisque dans les faits elle rachète les dettes des États. Donc « le FESF ou le MES ne sont en réalité que des annexes de la Banque centrale européenne ». Elles reçoivent les ordres des poids lourds de la zone euro, principalement de l’Allemagne et la France. Constituant pratiquement 50% du PIB de la zone euro et environ 32% du capital de la BCE, ces deux poids lourds jouissent du « droit de prééminence » dans les prises de décisions communautaires sur les autres États-membres de la zone euro. Et même dans ce duo, l’Allemagne, détenant environ 20% du capital de la BCE et près de 30% du PIB de l’Eurozone, jouit pratiquement d’un droit de veto discrétionnaire sur toutes décisions relatives à la distribution des fonds communautaires de la zone euro.

 D’autre part, Mario Draghi, qui succède en novembre 2011 au Français Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, va changer les donnes. Il baisse en novembre-décembre le taux directeur de la BCE à 1% que Trichet a malencontreusement fait monter entre le 13 avril et le 13 juillet 2011 à 1,5%. Suscitant la confiance des marchés financiers car il montre une détermination sans faille à protéger l’euro, Draghi lance, en juillet 2012, lors d’un discours à Londres, une expression passée à la postérité  : « whatever it takes » signifiant que la BCE soutiendra la monnaie unique « quoi qu’il en coûte ». Après quatre baisses, il ramène le taux directeur de la BCE à 0,15%, le 11 juin 2014.

 Cette politique monétaire expansionniste marquée par des méga-prêts financiers a eu des effets salutaires sur les taux d’emprunts. Entre l’été 2012 et le début de 2013, les taux des obligations allemandes (Bunds) à 10 ans sont passés à un bas entre 2,05 % et 1,15 %. Les OAT françaises entre 3,1% et 2%. Les taux espagnols sont passés de 7,5 % 2012 à 5 % en janvier 2013. L’Irlande de 7,5% à 4,5 %, le Portugal de 17 % en mars 2012 à moins de 6 % en janvier 2013, l’Italie de 6,5 % fin juillet 2012 à 4,2 % début 2013. Pour la Grèce, le pays le plus touché par l’endettement, les taux des obligations d’Etat à 10 ans qui ont atteint un plus haut historique supérieur à 35% de rendement annuel en février 2012 a enregistré une baisse rapide dès l’automne 2012, pour se fixer légèrement au-dessus des 10% au début 2013.

 De nouveau, le 22 janvier 2015, la BCE annonce qu’elle va lancer un quantitative easing (assouplissement quantitatif) pour la zone euro, au rythme de 60 milliards d’euros d’achats de dettes publiques sur les marchés, pour un montant de 1000 milliards d’euros jusqu’en septembre 2016. Elle a ajouté que les achats de « titres adossés à des actifs et des obligations sécurisées », commencés « en 2015 » seraient « poursuivis ».
 Que peut-on dire de ces financements massifs en Occident ? Au-delà des risques qui sont pourtant une réalité, les pays occidentaux pouvaient-il faire autrement ? N’étaient-ils pas forcés d’user de la « planche à billet » ? C’est une évidence que le mécanisme de soutien à leur financement dont il bénéficiait et les mesures budgétaires drastiques prises étaient nécessaires tant pour les pays occidentaux que pour le reste du monde. Il n’y avait pas de solution. Soit la « Planche à billet », soit la « pire récession de l’histoire » pour le monde.

 Ces mesures prises en Europe montrent l’importance du processus historique qui a permis le lancement de la monnaie unique, l’euro, en janvier 1999 et la création de la Banque centrale européenne dans la lutte contre la plus grave financière que l’Europe ait vécue après celle de 1929. Une crise dont « les conséquences aujourd’hui ne sont encore qu’un préliminaire compte tenu des événements à venir qui auront à changer la face du monde ». LA CRISE DE LA DETTE SOUVERAINE DE LA GRECE, PAR EXEMPLE, EST UN CAS D’ECOLE POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT.

 

  1. Les plans de soutien financier non conventionnel contre la crise aux États-Unis

 Aux États-Unis, le même processus a joué et en plus fort. La première opération de sauvetage des banques et soutien à l’économie, après l’éclatement de la crise financière, s’est déroulée de l’automne 2008 au printemps 2010. Cet assouplissement monétaire non conventionnel ou quantitative easing (QE1) en fin de programme a permis à la Banque centrale américaine (Fed) de racheter des titres publics et privés pour un montant de 1700 milliards de dollars.

  Les déficits publics enregistrés sont gigantesques. De -3,1% du PIB en 2006, le déficit public américain passe à -7,2% en 2008. En 2009, il est à -12,8%. En 2010 à -12,2%, en 2011 à -10,7%, en 2012 à -9%. (4)

 La dette publique américaine s’envole avec la crise financière de 2008. A 8950 milliards de dollars (64,3% du PIB) en 2007, la dette passe à 9986 milliards de dollars en 2008, à 11 875 milliards de dollars en 2009, à 13 528 milliards de dollars en 2010. Les exercices 2008 à 2010 ont fait augmenter la dette publique américaine de 4578 milliards de dollars. 

 La politique expansionniste américaine est facilitée par le statut du dollar dans le système monétaire international. Première monnaie internationale, le dollar jouit du « premier droit de seigneuriage » sur le monde. Combien même l’euro, la livre sterling et le yen jouissent du droit de seigneuriage, il demeure cependant que « leur droit reste vassal au droit de seigneuriage du dollar » qui lui dispose du double statut de monnaie de réserve et de compte (facturation) des matières premières dont le pétrole des pays du Moyen-Orient et du Maghreb.

 On comprend mieux pourquoi la première phase de soutien de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l’économie américaine et les opérations de sauvetage et de relance qu’elle a procédée entre l’éclatement de la crise financière en 2008 et 2010 dépasse celle de la zone euro.

 En novembre 2010, s’enclenche la deuxième phase de soutien financier pour l’économie américaine. A l’instar de l’Europe, un second assouplissement monétaire quantitatif, ou quantitative easing (QE2), est mis en place pour un montant de 600 milliards de dollars. La Fed a racheté des titres (bons de Trésor toutes maturités confondues) et des créances titrisées détenus par des institutions financières américaines pour favoriser l’accroissement de l’activité économique américaine. Ce qui a évité aux États-Unis les contraintes financières et donc un fort ralentissement économique. En juin 2011, le QE2 en fin de programme a atteint un montant de 1000 milliards de dollars. C’est dire que le taux directeur de la Fed proche de zéro et les QE1 et QE2 étaient nécessaires pour permettre de sauver l’économie de la crise de 2008 et à relancer l’économie. Il faut rappeler que le taux de chômage après la crise financière est passé de 4,5% en 2008 à 10% en 2009. Ce qui est un record pour la population active américaine. Le seul record dépassé depuis la fin du Deuxième Conflit mondial était celui de 1982 : le taux de chômage américain est passé de 7% en 1981 à près de 11% en 1982.

 Après un plan de relance de 447 milliards de dollars annoncé par le président Obama le 9 septembre 2011, le président de la Fed Ben Bernanke à son tour annonce le 22 septembre 2011 une nouvelle opération du nom de code « Twist ». Il s'agit pour redynamiser la croissance de faire reculer les taux d'intérêt à long terme en jouant simplement sur les maturités du portefeuille obligataire américain. L’objectif poursuivi consiste de vendre des titres à court terme pour acheter des bons de Trésor ou hypothécaires à long terme, et par ses opérations croisées, d’anticiper des rendements à long terme plus bas que ceux que le QE2 a permis. D’autant plus que le Trésor a accru le montant de ses émissions de titres sur les maturités comprises entre 10 et 30 ans, et avec des taux d'emprunt plus bas, celui-ci peut se financer à moindre coût, comme d’ailleurs les entreprises et les investisseurs immobiliers américains. L’opération Twist a une portée globale sur l’économie et se fait sans création monétaire. Les opérations d'enchères inversées de rachats de dettes souveraines ont stérilisé les liquidités injectées par l’échange de titres à court terme contrairement aux deux phases de rachats d’actifs non stérilisés (QE1 et QE2).

 Le 21 juin 2012, la Fed annonce qu’elle prolonge jusqu’à la fin de l’année son programme d’échanges d’obligation du Trésor américain qui était censé s’achever le 30 juin. Notons toutefois qu’à cette date le taux de chômage aux États-Unis reste encore élevé (8,2%), et la Fed prévoit que la croissance économique américaine « restera modérée dans les trimestres à venir et qu'elle se redressera ensuite très progressivement ».

 Le 13 septembre 2012, le Comité de la politique monétaire de la Fed (FOMC) annonce un nouveau programme (QE3), de 85 milliards par mois d’achats d’actifs financiers, dont 45 milliards de dollars d’obligations du Trésor US. Contrairement aux QE1 et QE2, le QE3 n'a pas de date d'expiration précise. Il sera conditionné par la performance du marché du travail selon le FOMC. Si le marché du travail s'améliore substantiellement, ce programme sera terminé, si, au contraire, le marché du travail ne s'améliore pas, la Fed poursuivra et pourra même renforcer le QE3. La mise en œuvre du QE3 aura les mêmes effets que l’opération Twist, qui est d’abaisser encore les taux d’intérêt à long terme des obligations d’Etat et des créances hypothécaires (MBS) et d’entreprises, contribuant ainsi à la reprise du marché immobilier et à l’amélioration de l’économie américaine. Pour lOpération Twist, la Fed annonce qu’elle continuera jusqu'à la fin de l'année son programme de rallongement de la maturité moyenne des actifs détenus par la Réserve Fédérale. Ces actions devraient mettre la pression baissière sur les taux d'intérêt à long terme, et donc aider à rendre les conditions financières générales plus accommodantes.

 

  1. Une « main de Dieu gouverne le monde », et ce jusqu’au dernier dollar, dernier euro… dernier centime

 Ce programme américain ne devrait pas entraîner la hausse du taux d’inflation qui restera proche de l'objectif de la Fed de 2%. Une question cependant se pose à juste titre sur ces formidables liquidités émises par l’Occident depuis 2008. « Pourquoi il n’y a pas eu d’inflation en Occident ? » Ni d’inflation généralisée à l’ensemble du monde comme dans les années 1970.

 Une véritable énigme, devrons-nous dire ? La réponse en réalité peut être toute simple. Contrairement à la crise de 1929 où le monde a vécu la dépression des années 1930 avec des dizaines de millions de chômage par le monde, la crise de 2008 a fait irruption avec une humanité qui a complètement changé. Aujourd’hui, il existe un formidable gisement d’absorption. La décolonisation du monde a ouvert une nouvelle voie à l’humanité. Une humanité qui compte plus de 7 milliards d’êtres humains, alors que l’Occident de naguère en 1930 qui représentait moins de 500 millions régnait sur 1,5 milliard d’êtres humains. En 2015, ce rapport Occident/reste du monde s’est encore démultiplié. L’Occident compte pour moins de 14% de la population mondiale, soit environ un milliard d’êtres humains. Et demain dans les 50 prochaines années ou plus, avec le vieillissement et la chute de la natalité, l’Occident comptera probablement moins de 10%.

 De plus la situation économique d’aujourd’hui n’a rien à voir avec les années 1980. La Chine s’est reconvertie à l’économie de marché. Deux puissances économiques mondiales sont en train de monter en Asie, la Chine et l’Inde. L’Amérique du Sud a dépassé la situation d’endettement des années 1980, comme d’ailleurs la Russie, le Proche et le Moyen-Orient et l’Afrique. La situation d’endettement s’est inversée aujourd’hui, c’est l’Occident qui s’est endetté par la perte d’une partie de son industrie (délocalisations) et de compétivité donc dans le commerce mondial. 

 C’est dire que les dix mille milliards ou plus de dollars, d’euros, de livres sterling et de yens qui sont allés remplir les coffres des Banques centrales des 171 pays du reste du monde (excédents commerciaux), ont gonflé certes leurs réserves de change dont avaient besoin ces pays pour leur croissance, mais entrent aussi comme une conséquence due à la transformation à la fois démographique, politique et économique de ce monde. En d’autres termes, une croissance optimale mondiale relevant de l’historicité du monde.

 Et c’est cette ironie de l’histoire qui en fait n’est pas une ironie mais « un développement nécessaire du monde par les gisements même que ceux-ci offrent qui ont voulu cette inversion de la situation mondiale ». Les États-Unis, l’Europe des 28 et le Japon qui constituent 30 États et en 2015 cumulent seulement 962 millions d’habitants (320 pour les USA, 515 pour l’UE des 28 et 127 pour le Japon) émettent les principales monnaies de réserves du monde pour les 171 États que compte le reste du monde, d’une population d’environ 6 milliards d’être humains.

 N’est-ce pas naturel que les pays d’Occident se trouvent endettés et globalement débiteurs nets (mais en leurs monnaies) envers le reste du monde ? N’est-ce pas naturel que ces montants colossaux émis par l’Occident pour sauver son économie permettent aussi la croissance économique du reste du monde ? Sinon à quoi serviraient l’Occident et la détention des principales monnaies mondiales pour l’Humanité et l’Histoire du monde ? L’Occident a été sauvé mais des centaines de millions d’emplois ont été crées en Chine, en Inde, en Russie, au Brésil, en Algérie, au Maroc…, et dans tous les pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie. Les pays du BRICS ont pris de la vigueur, et non moins les pays arabes exportateurs de pétrole, parce que cela fait partie de la trajectoire historique de l’humanité. Et l’Occident aussi en a profité en soutenant son économie après la crise.

 Naguère l’Occident en son temps s’est déversé sur le monde, et encore de la manière la plus odieuse, par la colonisation, c’est-à-dire le fer et le sang. Qui doit-on dire incriminer aux « Yeux de l’Histoire ». La colonisation ? La libération ? La crise financière ? Le « droit de seigneuriage » de l’Occident ? Les délocalisations d’entreprises occidentales vers le reste du monde ? Le Progrès du reste du monde ? Mais ce qu’on ne peut oublier est qu’il y a une « loi du Progrès » constante dans le développement du monde. Et ce « Progrès qui a force de loi » est tout aussi nécessaire aujourd’hui qu’il l’a été hier.

 N’y a-t-il pas une harmonie dans le développement du monde ? Comme avant comme aujourd’hui ? Le processus économico-financier qui joue depuis au moins trois décennies entre dans un contexte évolutif naturel. La croissance hors-Occident a pris le relais de la croissance Occident qui se saturait économiquement, un processus non seulement naturel et auquel l’Occident n’y pouvait mais a été aussi complémentaire. Sans ce gisement que constituent ces 6 milliards d’êtres humains, l’Occident aurait dépéri comme il l’a été lors des années 1930.

 Donc, il y a une « main invisible » (Adam Smith), ou plus simplement une « Main de Dieu qui gouverne le monde », et ce jusqu’au dernier dollar, dernier euro… dernier centime. Que tous les QE1, 2, 3 et Twist ou SMT, LTRO, T-LTRO, etc., ne sont que des évènements contingents nécessaires à la bonne marche du monde. Des lois de la Nécessité qui font avancer l’humanité.
 

  1. Qu’en sera-t-il demain, en 1916… ?

 Le monde s’achemine vers des horizons incertains. Il y a aussi beaucoup d’incertitudes lorsque la Réserve fédérale américaine procèdera au relèvement de son taux d’intérêt directeur court ? Que se passera-t-il en 2016… ? N’y aura-t-il pas un « nouveau tour de vis monétaire » qui vient compléter celui déjà en cours – la chute des cours pétroliers ?

 Il est évident que la Banque centrale américaine est souveraine dans sa politique monétaire. Et tout fait penser que la nouvelle gouverneure Janet Yellen, et son comité directeur le FOMC, s’apprête à relever ce taux qui est presque au plancher à 0,25%, depuis le 16.12.2008, soit plus de six ans et demi. Et tout laisse penser qu’il commettra des préjudices graves pour l’économie mondiale, surtout pour les pays du reste du monde.

 En cet été 2015, les nouvelles venant de la Chine et de la politique monétaire américaine ne présagent rien de bon pour les pays hors Occident. Mais le problème évident est qu’en cas de relèvement d’intérêt soutenu de la Réserve fédérale américaine, il existe aussi un « risque d’un krach obligataire à l’échelle mondiale ». La Chine engrange 3 952,130 milliards de dollars (5) en 2014 et tous investis en placements en bons de Trésor aux États-Unis et en Europe. Et un krach obligataire s’il venait à éclater lui occasionnerait de lourdes pertes financières. Et cela entre dans les risques d’accumulation d’excédents en Chine qui doit évidemment penser à cette perspective, d’y parer aux pertes ou du moins à limiter le plus possible leur montant.

 Et ce que risque la Chine le risque également les autres pays émergents (Russie, Inde, Brésil...) et pétroliers. Ces derniers aura à affronter une « contrainte double, pétrolière et obligataire ». Qu’en est-il de ce compte à rebours qui s’est imposé par la force même des conjonctures économiques historiques ? Que les puissances occidentales que les pays émergents et en développement, pris dans la nasse de la mondialisation, ne peuvent réagir que selon qu’offrent les possibilités politiques et économiques à chaque acteur de l’économie mondiale. Aussi que peut-on dire sur ce compte à rebours ? Et le sens de la crise mondiale… ?

 Il appartient à ceux qui auront à lire cette analyse de réfléchir à cette « main invisible », qui, visible par ses effets, doit les inspirer pour dire ce qu’ils en pensent. Et ce pour enrichir le débat d’autant plus qu’il concerne « leur avenir, l’avenir du monde et l’avenir des peuples » A vous, messieurs les lecteurs, la parole ?

 

Note :

1. Les Echos Data. Source : Eurostat et OCDE. http://data.lesechos.fr/pays-indicateur&nbsp ;

2. Le Bilan mondial 2011 du journal français « Le Monde », page 5

 3. Ibid. page 28

4. Les Echos Data. États-Unis. http://data.lesechos.fr/pays-indicateur&nbsp ;:etats-unis

5. Echos Data. Chine. http://data.lesechos.fr/pays-indicateur&nbsp ;:Chine


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7 réactions à cet article    


  • howahkan Hotah 28 août 2015 12:51

    compétition entre humains = guerre..,c’est le voleur qui dirige depuis 2500 ans qui vous a fait croire cela ...point barre, le reste ,tout le reste n’est que le déroulement logique de ce choix dément...car c’est bien un choix pas du tout notre nature profonde,..je le sais ayant comme d’autres été touché par la nature profonde des humains qui est celle de L’Origine...

    le reste est auto excuse des bouchers qui dirigent et des voleurs qui volent......car eux savent que leur nature à EUX est mauvaise , le mauvais choix...d’où leur quête d’excuses permanentes ....

    la main invisible est la meme qui gère ma vie si je ne sais pas ce que je suis....et non pas qui je suis...cette main invisible est alors ma création.......je suis ce monde...si l’humain disparaît le malheur aussi
    sauf changement radical en profondeur...

    là on n’a plus le choix..


    • howahkan Hotah 28 août 2015 13:20

      @howahkan Hotah

      la crise,mais il n’y a pas de crise...celui qui se sert de sa mémoire là ou elle est utile sait cela..il y a un état permanent....

      je crois sincèrement que nous savons si peu de tout cela, de nous meme comme des implications guerrières de nos choix non réfléchis principaux pour etre sur de ne jamais vivre ensemble mais les uns contre les autres , que quelque part ce qui nous arrive et qui est de notre faute à tous , et bien , c’est un juste retours de bâton d’être si........mauvais...au propre comme au figuré...

      je suis le bourreau et l’exécuté...le maître et l’esclave...etc

      et bien que je le vois , je deviens alors aveugle à ce qui est vérité..pourquoi ? parce que ma vie est une grosse m...e, qui me fait souffrir et que je suis totalement perdu dans une non vie qui ne contient aucun sens car on l’ a perdu, là aussi de notre faute...

      c’est un désastre...non assumé...assumer le désastre qui est notre construction est deja le début vers un changement radical,ça commence tout prés de nous ,en chacun et de suite..

      il ne s’agit pas d’abord de proposer quoique ce soit mais de comprendre la racine du désastre humain,et là toi, moi, lui, eux ,nous etc nous allons tous etre concernés....

      comme on refuse ce chemin, le pire va alors augmenter......

      lui aussi sera notre création...


    • soi même 28 août 2015 14:32
      Une « Main de Dieu » gouverne le monde, et quel dieu Méphistophélès... 

      • hugo BOTOPO 28 août 2015 15:30

        Le droit de seigneuriage comme le droit de cuissage repose sur du matériel.
        La « planche à billets » a disparu : les écolos sont heureux car on n’abat plus les arbres pour faire du papier monnaie !
        Tout la monnaie est passée en virtuel, en songe, en surnaturel : main invisible du marché, main de dieu et surtout Dieu-Argent - celui-là bien réel dans les consciences-
        Les avoirs en devises nobles de la Chine et autres pays exportateurs et exploiteurs de leur main-d’oeuvre, (et créateurs de chômeurs chez nous) sont en grande partie recyclées dans les économies des clients et dans leurs bons du Trésor (l’autre partie permet l’achat de domaines viticoles, d’hôtels de luxe, et d’entreprises,...). Mais en parallèle la BPOC a transformé tous ces excédents en yuans pour payer les fournisseurs-exportateurs et les profits des millionnaires et milliardaires (ces derniers transformant une grosse part de leurs énormes profits dans le secteur immobilier, avec la formation d’une énorme bulle immobilière qui va exploser indépendamment de l’éventuelle disparition des avoirs de la BPOC sur l’Occident). La BPOC a donc fait marcher légalement « la planche à billets ». Ces billets servent également à la formation d’une bulle mobilière ou boursière !

        La création de monnaie par les banques centrales est une de leur prérogatives : certaines le font pour secourir l’économie du pays, pour financer le déficit budgétaire et souvent, comme pour la BCE pour soutenir son secteur bancaire et ses profits : le financement direct des déficits publics par la banque centrale étant interdit dans l’Eurogroupe, c’est une rente de situation pour les banques et un étranglement des économies nationales en période de stagnation ou de récession, avec le paiement d’un tribut aux banques ! Les ajustements par l’Austérité ne font qu’accroître le tribut alors que la richesse nationale (PIB) plonge : le Dieu-Argent n’est pas un Dieu d’Amour, de fraternité et de compassion, c’est un Méphistophélès vorace, coriace et sans humanité (ou humanisme).


        • La Voix De Ton Maître La Voix De Ton Maître 28 août 2015 16:53

          Article un peu bizzare, beaucoup de macro mais rien sur le verrouillage du crédit par les banques privées.

          La main invisible aurait dû mettre en faillite les banques en 2008, puis elle aurait dû guider la création d’un système plus saint. Point.

          La main invisible n’essaie pas de sauver les médiocres.


          • Francis, agnotologue JL 29 août 2015 08:11

            Je me suis arrêté là : « un Occident qui fait tourner la « planche à billet » pour nourrir le développement du reste du monde »


            C’est encore plus fort que le trop fameux ’’Donnes moi ta montre je te donnerai l’heure.’’

            • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 29 août 2015 12:28

              Bonjour,


              Il n’y a pas de main invisible, il n’y a que des fous supremasistes et racialistes qui en occident ont mît la main, privatisé, la création monétaire à leurs seul bénéfices, et de facto, mît à leurs services nos nations et leurs ressources, humaines, économiques politiques et militaires.

              Ils détruisent nos cultures, nos traditions, nos ressources naturelles, nos histoires, nos pays et l’avenir de tous les enfants enfants du monde, dans un seul but, la domination et la marchandisation du monde, du vivant, et de l’humanité dans son ensemble.

              Il est temps de nous réveiller, et de faire la peau, nous n’avons pas d’autre choix, de faire la peau ou d’enfermer jusqu’à ce que mort s’en suive, tous ces salops et leurs complices qui mêne l’humanité à sa destruction.

              Cordialement

              Franck

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