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USA : les effarantes réponses aux dettes étudiantes

Même The Economist dénonce le coût extravagant des études supérieures aux Etats-Unis, et ses effets pervers (sélection par l’argent, dépenses somptuaires). Les dettes étudiantes poussent les candidats aux élections présidentielles à se prononcer. Des idées aussi effarantes que révélatrices.

 
Du service public à la dette éternelle ?
 
Certains font des dettes étudiantes aux Etats-Unis (plus de 1200 milliards de dollars) les futurs subprimes. Il faut dire que leur montant a été multiplié par 6 en douze ans. Comme personne ne songe une seconde à remettre en cause le fonctionnement des universités privées, malgré toutes leurs errances, les candidats aux élections présidentielles commencent à prendre position. Leurs idées sont totalement extravagantes. Hillary Clinton propose ainsi de limiter le paiement des frais d’universités à un plafond de 10% des revenus sur 20 ans (soit la bagatelle de 100 000 dollars pour un revenu moyen de 50 000 dollars par an) avec une garantie publique au cas où cela ne couvre pas tous les frais. Mais The Economist craint que cela ne pousse pas les frais à la baisse et les étudiants à choisir avec sagesse leurs études.
 
La bible des élites globalisées se déclare donc plus intéressée par les idées de Marco Rubio, candidat aux primaires républicaines, qui reprend une idée avancée par Milton Friedman en 1955. L’idée va encore plus loin puisque les marchés pourraient financer les études supérieures de la jeunesse, contre une part de leurs revenus futurs. Pour The Economist, le marché permettrait de corriger les défauts de la solution d’Hillary Clinton puisque les investisseurs limiteraient le financement des études les moins rentables, ce qui pousserait à une réduction de leurs prix et de leurs coûts. Outre le caractère critiquable d’une forme de « dette éternelle », ces propositions semblent surtout être des recettes pour nourrir la hausse du coût des études en démultipliant les outils des étudiants pour les financer.
 
Toujours plus près du pire
 
En effet, on ne voit pas en quoi ces réformes corrigeraient les problèmes posés par le système éducatif étasunien, reconnus par The Economist. Bien sûr, cela permettrait théoriquement de limiter le fardeau qui pèse sur ceux qui financent leurs études à crédit. Encore que, si cela limite le poids du remboursement, cela étale le paiement sur une période potentiellement bien plus longue, et les étudiants pourraient en combiner plusieurs… Bref, ce genre de systèmes pourrait au contraire contribuer à entretenir la hausse du coût des études par la démultiplication des modes de financement, accentuant plus encore le rôle de l’argent dans le système éducatif des Etats-Unis, aggravant toujours plus les inégalités et la sélection par l’argent. On peut aussi voir dans ces idées une forme d’immense shéma de Ponzi.
 
Mais outre l’explosion du prix des études supérieures, on constate également une hausse plus sournoise des frais de scolarité. The Economist note que les collectivités territoriales, de plus en plus sous pression budgétaire depuis quelques années, renoncent fréquemment à financer les bus chargés du transport de la moitié des enfants pour aller à l’école. Une telle évolution pèse disproportionnellement sur les classes populaires, notamment pour les parents séparés ou les familles sans voiture, qui peinent à organiser le transport de leurs enfants. Cela rejoint l’évolution de la France, où les contraintes budgétaires poussent l’Etat à fortement augmenter le prix des activités périscolaires (jusqu’à 257% à Pézenas, soit 300 euros de plus par an et par enfant), un coût rédibitoire pour certains.
 
Le plus triste, c’est que la déconstruction du service public de l’éducation soit aussi polyforme. Sournoise quand cela touche les à côté (cantine, transports, activités périscolaires), et plus structurelle, quand le rôle du marché est étendu pour en assurer un financement qui devrait sans doute être public.
 

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10 réactions à cet article    


  • Laulau Laulau 14 septembre 2015 11:53

    L’économie des USA est construite sur une montagne de dettes. Les « économistes » ne parlent que des dettes de l’état (on leur enseigne que les dettes privées sont « neutres » sur l’activité économique) pourtant tout ceci ressemble de plus en plus à un gigantesque château de carte :
    L’immobilier, l’enseignement, le fameux gaz de schiste .... tout cela fonctionne par de la création monétaire à l’infini.


    • Blé 14 septembre 2015 12:01

      Les biens pensants français (les élites françaises) nous ont toujours présenté les U S A comme un pays démocratique en oubliant de préciser que ce pays est gouverné d’abord et avant tout par les banques. Je doute fort qu’un banquier fasse du social. Le bien être des populations n’est pas sa tasse de thé. Pour lui le but d’une vie est d’amasser de l’argent et de garder le pouvoir pour lui faciliter la vie. Combien de nos élites françaises sont passé par les universités et écoles américaines afin qu’ils fassent le bon choix quand ils seraient au pouvoir ?

      En France, après 45, le programme du C N R a été appliqué ce qui a permis aux français de croire durant deux ou trois décennies que nous étions dans un pays démocratique puisque nous copions « religieusement » tout ce qui était made in U S A , même en exigeant que la langue anglaise se substitue à la langue française.

      Bref, pas d’avenir sans le modèle étasunien que l’Allemagne a adopté sans broncher et dont nous voyons aujourd’hui les effets. Ce modèle est tellement formidable pour enrichir les riches qu’il n’est pas question de changer de modèle, Merkel et Schaüble y tienne.

      Aujourd’hui, les français ont compris que quelque soit l’ élu président, ce dernier n’a aucun pouvoir (tout eau moins c’est ce qu’il laisse croire). Il n’y a pas d’autre politique possible que l’austérité et la « Dette » à vie.


      • Spartacus Lequidam Spartacus 14 septembre 2015 12:50

        La branlette du cerveau avec des avis sur l’éducation des autres pays....

        La semaine prochaine des avis sur l’éducation en Corée du Nord ?

        C’est quoi déjà les résultats Pisa Français ?

        • Sarah 14 septembre 2015 12:57

          @Spartacus


          Oui. Que les Français commencent par balayer devant leur porte.

        • Laulau Laulau 14 septembre 2015 13:19

          @Spartacus
          Pour se branler le cerveau, il faut déjà en avoir un. Par exemple pour calculer que la seule dette étudiante représente près de 4000 dollars par citoyen américain. Les éternels mangeurs de fonctionnaires qui pleurent sur le coût de la fonction publique pourraient s’ils avaient un cerveau, mesurer ce que coûte l’enseignement supérieur privé et à crédit.


        • soi même 14 septembre 2015 14:29

          Si cela rendrait les étudiants moins con, cela pourrait être toujours cela de gagné, j’en suis même pas sur, à la sortie de leurs études, ils rêvent tous de la mains invisibles .


          • Laulau Laulau 14 septembre 2015 15:45

            Ce système de prêts étudiant est une affaire juteuse pour les banques, entre 2006 et 2013 les étudiants ont souscrit des emprunts privés à taux fixes (8,5%) et à taux variables jusqu’à 16%. Une véritable escroquerie quand la FED distribue des dollars à taux négatifs.
            Même les prêts fédéraux (85 % des prêts) sont prohibitifs (entre 5 et 7%). A noter que ce système permet à l’état fédéral de camoufler près de 1000 milliards de dettes puisque tout cet argent est une dette « étudiante » , même si elle est financée par l’état.
            https://www.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/publications/BDF197-4_dette.pdf


            • Radix Radix 14 septembre 2015 16:13

              Bonjour

              Les US n’arrêtent pas de régresser, ils sont revenus à l’endenture une pratique moyenâgeuse qui permettait aux seigneurs locaux de s’assurer le travail de leur serfs à vie !

              Radix


              • Pere Plexe Pere Plexe 14 septembre 2015 20:08

                Le comble de l’ironie est que ceux qui défendent ce système n’ont jamais de mots assez durs pour la dette de l’état.

                Savoureusement présentée comme étant un fardeau pour les générations à venir...

                • Mmarvinbear Mmarvinbear 15 septembre 2015 11:23

                  L’ Etat n’est pas responsable de la hausse des couts des activités scolaires.


                  Ce financement est du ressort des mairies qui pour beaucoup se défaussent de leurs responsabilités en rendant payant pour les parents ce qui était gratuit au lieu de financer le service par l’impôt.

                  L’excuse de la surprise ne peut pas non plus être retenue. Les maires en questions savaient à quoi ils devaient faire face mais pensant que la réforme allait couler, ils ne se sont pas fatigués.

                  Or la réforme est appliquée et les voici le bec dans l’eau.

                  S’ils avaient une forme de morale, ils lasseraient leur place à des personnes plus compétentes.

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