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Accueil du site > Tribune Libre > Lettre ouverte d’un éditeur au Président de la République

Lettre ouverte d’un éditeur au Président de la République

Une fois n'est pas coutume, je vais laisser mes mots derrière, je vais donner la parole à un éditeur indépendant : Jacques Flament. Il évoque son combat, ses rêves et surtout sa volonté acharnée de réaliser un monde meilleur. Il dit tout haut ce que nous pensons tout bas. Dans ce monde désenchanté, il propose de se relever les manches, d'avancer et de réussir un changement tant attendu... Ces mots sont ceux d'un homme qui tous les jours se bat, mettant en scène des artistes, des penseurs, des rêveurs. Mais il ne nous propose pas ici des utopies mais bien des possibilitès concrètes... 

Monsieur le Président de la République,

J'ai l'honneur de vous adresser cette lettre, souhaitant vous entretenir du sujet suivant : 

DU BONHEUR AU TRAVAIL…

… ou le bateau va couler si l'équipage ne colmate pas les brèches ! 

Vous me pardonnerez cette appellation quelque peu alarmiste et cavalière mais nécessaire puisque toute missive non titrée à l'attention du Président de la République n'est pas recevable.

Ces mesures protocolaires posées, voici donc…

Si j'ai pris aujourd'hui quelques heures de mon temps précieux d'artisan du livre pour vous écrire, ce n'est pas pour le simple plaisir de m'infliger un exercice de style mais parce que, en tant que citoyen responsable et se sentant concerné par son pays, je suis en droit et en devoir de le faire dès lors que je pense intimement pouvoir apporter ma pierre à un édifice branlant.

 

Et donc ces mots en préalable…

Je suis profondément déçu et affligé par le virage que prend notre société que vous êtes censé représenter, par l'inaction de nos dirigeants dont vous êtes le fer de lance, par les dérapages de nos soi-disant élites de quelque bord qu'ils soient ;

J'ai la certitude que vous, politiques professionnels, faites fausse route en campant sur vos positions obsolètes et votre incompréhension récurrente d'un monde nouveau à inventer de toutes pièces.

Je constate amèrement que parmi vous, qui avez pourtant été élus pour le faire, personne ne parvient à appréhender la nouvelle donne de notre société en pleine mutation.

Je sens, venant des profondeurs, monter une colère sourde, allant s'amplifiant, et ne vois poindre devant moi aucune solution efficace pour l'endiguer.

Vous mettez, Monsieur le Président de la République, comme priorité à votre quinquennat une croissance retrouvée, condition corollaire à la réduction du chômage. 

Voilà un objectif louable, même s'il existe d'autres voies alternatives, celle de la décroissance par exemple, tout à fait respectable mais que je ne développerai pas ici. Mon propos est plutôt de parler de l'absence caractérisée de dynamisme de l'équipe en place et de croissance solidaire et responsable. Mais rien n'en ne dit que les routes principales ne peuvent croiser les routes secondaires pour le bien commun de tous.

Mais restons dans votre raisonnement, qui touche en son coeur l'esprit d'entreprise, mon credo depuis près de quarante ans. 

Pas mal de personnes qui ont des velléités d'entreprendre pour se sortir de l'ornière (ou de jeunes qui sont en passe d'entrer dans la vie active à la fin de leurs études secondaires ou supérieures), trouvent que le pouvoir exécutif s'y prend décidément mal, très mal, définitivement mal. Trois fois mal, voilà donc une note très en dessous de la moyenne au risque de refroidir votre enthousiasme créé de toutes pièces par vos communicants mais qui ne trompe plus personne.

Pour réduire le chômage et pour créer les conditions pour ce faire, vous oubliez une notion fondamentale : donner aux individus laissés pour compte (par l'âge ou les circonstances de la vie), l'élan, l'envie, l'enthousiasme de retrouver du travail. Ils sont généralement des victimes d'un système et de ses aléas ou, plus grave, ils profitent à présent du système car rien ne les incite à faire autrement. Que faire dès lors pour leur inculquer ces notions de mouvement indispensables au retour de l'estime de soi.

Pour résoudre un tel problème, selon vous celui qui décidera ou non de votre nouvelle présentation devant les suffrages des Français, ou encore le baromètre du bilan de votre quinquennat, il n'est qu'un recours : il faut changer l'état d'esprit de la victime du chômage (ou du nouvel arrivant dans le monde du travail), lui inculquer un besoin irrésistible de faire quelque chose plutôt que ne rien faire, réorienter sa vie avec du sens plutôt qu'avec une absence notoire de sens : un travail contraint qu'ils finira par accepter en désespoir de cause suite au flicage organisé de son inactivité, ou tout simplement parce qu'il devra bouffer ou faire bouffer les siens. Ce travail contraint est-il un objectif pour remplir une vie sereinement. Non, bien entendu. Faites-vous tout ce qu'il faut pour que cela change ? Non, définitivement non.

Car pour y arriver, une seule solution : introduire la notion de bonheur dans le travail, remettre de la lumière dans un environnement qui a une fâcheuse tendance à se noircir, placer définitivement en avant l'activité choisie plutôt que le travail subi. On n'entend de nos jours parler que de servitude, de labeur, de travail éprouvant, de liberté bridée, d'horaires limités, de travail avec des lignes jaunes à ne pas dépasser, de ras-le-bol général. Mais rarement, on entend prononcer le mot bonheur à propos du travail qui nous occupe une bonne partie de notre vie, comme si ces notions étaient contraires, contradictoires. C'est pourtant une notion fondamentale pour faire tomber les barrières et redonner du moral aux troupes.

Un peu de bon sens et de réflexion est suffisant pour comprendre que le chômage et son accroissement est déjà et continuera à être une fatalité tant que l'on ne changera pas la donne. Tout simplement parce que le chômage est conjoncturel. Parce que les nouvelles techniques et technologies (robotique, numérique) relègueront la main-d'oeuvre asservie, telle que nous l'entendions ces deux derniers siècles, à sa portion congrue, et les postes pénibles de l'industrie lourde, les tâches administratives fastidieuses et sans intérêt des grandes et moyennes entreprises se réduiront petit à petit, le temps passant, pour ces mêmes raisons conjoncturelles. C'est ainsi. Tous les grands discours hypocrites et larmoyants n'y changeront rien. Il est impossible de lutter contre le progrès et les révolutions, industrielle naguère, numérique de nos jours (quels que soient les secteurs envisagés), à moins de faire marche arrière, mais ce n'est ni le propos ni la direction choisie.

La solution pour que chacun ait un travail dans les années à venir est donc à chercher ailleurs, dans la joie de créer et d'exercer une activité plutôt que dans celle de travailler dans l'asservissement, dans la volonté affichée et librement choisie et la créativité des entrepreneurs individuels et des toutes petites entreprises plutôt que dans les grandes structures qui continueront à dégraisser par souci d'optimiser et d'engraisser leurs actionnaires. Pour combien de temps encore ?

 

Chaque personne qui se retrouve privée d'activité ou en passe de devoir entrer dans la vie active à la sortie des études, devrait pouvoir se prendre en main, faire table rase des idées qui prévalaient au siècle dernier et se demander ce qu'elle peut faire personnellement pour accéder à une activité qui la rendrait heureuse. Chaque personne est en mesure de le faire et le fera pour peu qu'on l'incite à le faire de façon intelligente et non coercitive. La notion d'activité, que je préfère à celle de travail trop connotée négativement) doit être totalement repensée en y incluant cette notion de bonheur, de motivation, d'envie. Chacun, pour s'en sortir, s'il ne fait pas partie des privilégiés qui trouveront par leurs compétences pointues un travail dans une filière classique demandeuse de main-d'œuvre, doit se retrouver dans cette idée que la vie est trop courte pour ne pas la perdre à la gagner. Gagner sa vie pour subsister dans un confort décent (et pourquoi ultérieurement de façon très confortable en cas de réussite méritée) doit se faire dans l'agrément, la satisfaction, la passion pour que soient abolis, désagrégés les freins intellectuels historiques qui découragent et font lâcher totalement prise les laissés sur le carreau ou en passe de l'être.

 

La solution au chômage à long terme viendra de là, de la racine, de la motivation. Du changement du cadre et de l'état d'esprit. 

Il faut impérativement et urgemment mettre en place :

- l'espace, l'environnement, les moyens, les ambitions, l'envie pour que les chômeurs reprennent une activité ;

- une formation, un pragmatisme, un enthousiasme adapté aux plus jeunes pour soulever des vocations et valoriser l'entrée dans la vie active en tant qu'entrepreneur (et non créer de futurs chômeurs ou des frustrés dans le cercle vicieux du travail subi) ;

- les conditions pour inscrire individuellement et volontairement les uns et les autres dans la société en fonction de leurs qualités respectives ;

- les options adéquates pour la voie légère de l'activité choisie plutôt que celles tortueuses, lourdes et démotivantes à long terme de l'activité contrainte. 

 

Voilà des sentiers mille fois battus, me diront certains. 

Rien de nouveau sous le soleil !

Faux, archi-faux, car pour parvenir à ce changement radical, il manque la chose la plus importante : un cadre incitatif, un cadre à inventer qui ferait table rase des idées reçues et poserait les conditions favorables à l'initiative individuelle.

 

Pour cela, je propose une première idée, toute simple, déclinée en cinq points… 

  1.  La création du statut de primo-entrepreneur, soit issu du chômage, soit arrivé fraîchement dans la vie active (différent du statut d'auto-entrepreneur qui est parfois considéré comme une activité annexe et a beaucoup de défauts car sans parapet pour les prétendants).
  2. L'exonération totale des charges – l'esprit d'entreprise qu'on assassine – et de l'impôt sur le revenu pour ces primo-entrepreneurs individuels spécifiques durant une période à définir (trois ou quatre ans, par exemple) et ce, dans quelques secteurs porteurs privilégiés (voir 3°), le temps pour ceux qui ont le courage et la volonté d'entrer dans cette démarche de s'intégrer dans le circuit de la création d'entreprise sans être découragé et totalement étranglé à la base. Ainsi, l'état continuera certes à payer leurs charges sociales durant cette période et leur temps d'apprentissage en tant qu'entrepreneur (comme il l'aurait d'ailleurs fait s'ils étaient restés au chômage), mais n'aura plus l'indemnité proprement dite à régler et les coûts induits qui l'accompagne. Quand on sait qu'un chômeur coûte annuellement (en coût direct + coût induit) plus de 50 000 euros annuellement à l'état, cela donne à réfléchir. D'autre part, la majorité des chômeurs étant exonérés d'impôt sur le revenu, l'une des deux mesures envisagées n'aurait finalement aucun effet sur la viabilité fiscale de l'opération.
  3. L'affectation de ce dispositif à divers secteurs dont la quasi totalité des acteurs sont des entrepreneurs individuels ou de toutes petites entreprises : la culture dans toute sa diversité, les divers métiers dérivant directement du numérique, le tourisme, l'agriculture biologique, l'éducation alternative, la prestation de service en général (qu'elle soit intellectuelle, manuelle, à l'entreprise ou à la personne).
  4. Le transfert d'une partie du personnel de pôle emploi pour l'aide directe et gratuite aux entrepreneurs, sur le terrain, principalement à la phase de démarrage.
  5.  Le droit pour ceux qui s'engagent dans ce dispositif de se tromper (ce qui n'est pas le cas présentement, puisqu'un entrepreneur qui ne réussit pas dans son projet, se retrouve actuellement avec ses yeux pour pleurer, sans accès au chômage). Faire donc de l'adage « Il faut pouvoir rater pour réussir » une règle rassurante qui libérera à coup sûr les bonnes volontés encore résistantes.

Ne l'oublions pas, la plus grosse entreprise de France est celle qui regroupe les artisans et les entrepreneurs individuels. Dès lors, pourquoi avancer avec des œillères et ne pas se positionner radicalement sur ce créneau porteur. L'entreprenariat, dès lors qu'il est solidaire et responsable, peut aussi être une valeur de gauche tout à fait respectable.

Une deuxième idée, vieille comme le monde, pourtant viable économiquement, serait d'avoir le courage d'enfin réfléchir sérieusement au revenu universel de base qui, une fois pour toutes, éradiquerait le chômage par sa simple application, changerait de fond en comble les mentalités et libérerait l'esprit d'entreprise de nombre de prétendants à l'activité choisie, trop frileux encore pour s'y risquer sans garde-fou ! 

Malheureusement, une telle initiative demanderait un courage exceptionnel à celui qui déciderait de la mettre en branle et si la chose est évoquée depuis des lustres, personne n'a encore pris l'initiative de s'y attaquer de façon frontale, même si le problème du chômage conjoncturel évoqué plus haut est propice à cette initiative, à plus ou moins long terme.

Deux idées donc :

- l'une simple et applicable très rapidement pour peu qu'il y ait une volonté de changer les choses ;

- l'autre plus complexe et compliquée à mettre en œuvre, à initier à plus long terme, lorsque les politiques auront le courage de s'y attaquer. 

Et dans ces deux cadres spécifiques (et pourquoi pas successifs), un secteur, oublié par on ne sait quelle hérésie – en dépit de toutes les valeurs de la gauche –, relégué de façon incompréhensive dans les oubliettes, et donc à redorer de façon privilégiée : la culture, une culture aux ressources infinies, grande absente de tout débat politique, qu'il soit français ou européen. 

« Face à la catastrophe, on a besoin de culture. » (Martine Mairal) « La culture, c'est ce qui relie les savoirs et les féconde. (Edgard Morin). Deux phrases qui appuient là où ça fait mal, sur le manque criant d'une politique culturelle en France, forte et génératrice d'emploi, en ces temps troubles, où les mots perdent leur sens, les pensées dérivent dangereusement et les actes s'enlisent dans les tranchées boueuses de la déculturation galopante au profit du remplissage de temps de cerveau disponible. Une politique culturelle française (dans laquelle j'inclus le strict respect des notions élémentaires des droits de l'homme), enterrée par l'économie triomphante et ses dérives. Une politique culturelle qui est pourtant le fleuron évident, la richesse première pour redonner à notre pays son importance, son attrait et l'éclat qui était le sien naguère.

Chacun a en lui des ressources insoupçonnées qui peuvent déboucher sur une activité lucrative et épanouissante, qu'elle soit manuelle, intellectuelle, créative, et chacun a le pouvoir de se prendre en charge par sa propre volonté, à condition qu'on lui en donne les moyens.

En donnant à tous ceux qui le souhaitent la possibilité et le cadre incitatif spécifique pour s'exprimer, en leur offrant un cadre sécurisé (une simplification extrême et l'éradication des méandres administratifs propres à décourager les plus audacieux), en leur laissant le temps de trouver leurs repères (3 ou 4 ans d'une vie active), bon nombre de demandeurs d'emploi retrouveront le moral, l'envie de bouger, de s'activer, de se prendre en charge sans réticence, voire avec entrain, plutôt que de choisir l'inertie par lassitude et d'aller grossir inlassablement les chiffres du chômage, le visage en berne et le godillot pesant chez l'ami Pol Emploi. 

Le jeu n'en vaut-il pas la chandelle ? Si évidemment, car cela induirait des indemnités de chômage divisées par quatre au bas mot (plus d'indemnité, moins de coûts induits), un moral des troupes retrouvé, une paix sociale assurée et un pays optimiste et attractif, dans la lignée de certains de ses voisins, plus réalistes et volontaires.

La mutation du monde passe par cette nouvelle donne : le bonheur dans l'activité. C'est une évidence criante. Être heureux, motivé et créatif dans ce que nous faisons, dans ce que nous entreprenons, voilà la clef pour s'en sortir durablement. L'esprit d'entreprise a besoin de cette incitation radicale pour faire sauter les verrous et les craintes, et voir des centaines de milliers d'emploi se créer, naître et grandir. Communiquer sur cette nouvelle donne, mettre l'imagination au pouvoir, initier le déclic, réinviter l'optimisme, laisser les tâches avilissantes aux machines – ou à ceux qui souhaitent, par choix personnel, rester dans une logique contrainte et sécurisée –, offrir un terreau favorable à ceux qui veulent cultiver le bonheur et en vivre, à ceux qui veulent réellement se prendre en main plutôt que pleurer sur leurs misères et se fondre dans le découragement… voilà la solution, voilà les solutions.

La richesse en ce monde n'est pas que matérielle, qu'une simple question de profit, de finance, de spéculation à tout prix, de droite et d'argent, elle peut être aussi une valeur sociétale de gauche ou apolitique qui se décline dans le bonheur que l'on peut trouver à exercer un occupation épanouissante le temps d'un bref passage sur terre, dans la capacité de donner du sens à une vie à travers une activité, dans l'espoir de s'ouvrir vers ses propres valeurs et capacités trop longtemps étouffées et la fierté personnelle d'y réussir. Tout cela est richesse potentielle et s'oppose au refuge trop facile consistant en un repli radical vers des valeurs complètement désuètes ou en passe de l'être, dignes de la fin du XIXe siècle. 

Pourquoi aucun politique ne prend-il en compte cet aspect sociétal du bonheur dans l'activité ? Sans doute parce que chacun de nos responsables, enferré dans ses certitudes et sa raideur suffisante, est trop occupé à poser des emplâtres sur des jambes de bois, à défendre son bout de gras et de pouvoir au détriment de l'action efficace et courageuse. Chacun fait sa petite politique politicienne qui n'intéresse plus personne dans un monde en détresse. Personne n'a le courage de dire les choses telles qu'elles sont, de remettre les acquis à plat, de repenser la notion et la fonction de l'entreprise et de ceux qui osent, qui ont la persévérance de s'y risquer. Personne n'a le courage de réfléchir de façon globale à une société au bord du gouffre dont le salut ne viendra que par l'imagination et la création permanente via des individus heureux et motivés.

Je ne veux, avec cette longue missive, en aucun cas me présenter comme un homme providentiel, je n'ai pas cette prétention et j'ai mon activité qui m'attend et que j'ai hâte de retrouver. Je suis juste un homme qui a toujours eu l'esprit d'entreprise et qui a conservé la fougue d'un jeune communiant, qui ne rechigne pas à travailler, comme vous, Monsieur le Président, 12 heures/jour et 7 jours/7, un homme pour qui le temps et le salaire horaire ne comptent pas (ou si peu). Ma rémunération principale est ma passion pour mon activité et ma déclinaison du bonheur est la fierté de créer et de pouvoir en vivre, tout simplement. C'est ainsi que je m'épanouis et donne du sens à ma vie, même si les conditions ne sont pas idéales et que je suis loin de rouler sur l'or. 

Et c'est ainsi que bon nombre d'entre nous devraient pouvoir appréhender la vie plutôt que dans la tristesse et l'ennui d'un travail contraint, morose et sans avenir. 

Je suis juste un migrant, qui ne vient pas de Syrie mais de Belgique, qui a demandé la nationalité française qui l'a obtenue depuis plus d'un an, après avoir été un simple résidant durant de longues années. Pourquoi me direz-vous ? Parce que comme ceux qui tentent de nos jours de la rejoindre (et que l'on dissuade parfois avec des discours lamentables), j'aime la France, je suis fier d'être à présent un Français. Et je tente depuis plus de vingt ans, comme l'ont fait des millions de migrants avant moi, d'œuvrer modestement à l'œuvre solidaire en exerçant une activité indépendante qui me rend heureux, avec des hauts et des bas certes, en payant mes impôts directs et indirects et en participant ainsi à la cagnotte collective. Et tout cela dans un pays qui a la forme d'un hexagone mais où je constate avec regret qu'on a pris l'habitude de tourner en rond et de se mordre lamentablement la queue.

Quand je vois l'apathie, le manque d'imagination de nos dirigeants que nous élisons, la faculté d'enlisement dans des discussions stériles plutôt que d'opérer cette mutation nécessaire dans un pays qui a de tels atouts culturels et historiques… je suis en colère. 

Je viens du peuple (un père ouvrier, une mère femme de ménage, donc sans aucune des cartes favorables en mains) et je suis en colère, car je sais qu'il faut peu de choses finalement pour déclencher une envie, un projet de vie, et rendre le sourire à ceux qui l'ont perdu, leur rendre leur dignité. 

Et quand je suis en colère, je m'indigne avec ma voix, mes mots, comme la démocratie et la liberté de parole me le permet, même si la seule voix d'un petit éditeur solitaire ne changera sans doute pas la conscience collective.

Je suis en colère et je vous dis que le temps presse.

Qu'il est plus que temps d'agir efficacement. Et avec un état d'esprit et des mesures autrement plus enthousiaste que ceux qui caractérisent l'instant présent.

 

J'espère que cette missive parviendra à l'homme d'action que j'avais pressenti en vous mais qui tarde décidément à opérer les changements indispensables pour inverser la tendance et à honorer les espoirs qui avaient inspiré plus de la moitié des Français. 

En attendant, j'aimerais la voir circuler, autant que faire se peut, sur les raisons sociaux, pour qu'elle constitue pourquoi pas un témoignage d'optimisme au milieu d'un océan de craintes et de pessimisme.

L'avenir sera de la couleur de la palette qui va vous inspirer prochainement, puisque vous avez la place décisionnaire dans l'œuvre qui nous attend : grise comme l'ardoise que vous nous ferez payer si rien ne bouge, multicolore et joyeuse si vous décidez de réveiller les consciences par les mesures appropriées.

Ayant confiance en votre bienveillance et en n'attendant rien d'autre que votre meilleure attention à ces propositions, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de ma très haute considération.

JACQUES FLAMENT (fondateur de Jacques Flament Editions)

Petit éditeur indépendant et allumeur de réverbères


Moyenne des avis sur cet article :  4.5/5   (8 votes)




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13 réactions à cet article    


  • non667 2 octobre 2015 10:05

    cette lettre au président risque de le faire mourir de rire !
    un sans dent qui veut donner des leçons de politique à lui qui est au plus haut sommet en france et 2° dans l’u.e.

    la seule chose qui ne ferait pas rire c’est que le fn monte et que marine lui prenne sa place !


    • Le p’tit Charles 2 octobre 2015 10:10

      J’me demande si « SIMPLET » est apte à lire cette lettre.. ?


      • foufouille foufouille 2 octobre 2015 10:23

        "Pour réduire le chômage et pour créer les conditions pour ce faire, vous oubliez une notion fondamentale : donner aux individus laissés pour compte (par l’âge ou les circonstances de la vie), l’élan, l’envie, l’enthousiasme de retrouver du travail. Ils sont généralement des victimes d’un système et de ses aléas ou, plus grave, ils profitent à présent du système car rien ne les incite à faire autrement. Que faire dès lors pour leur inculquer ces notions de mouvement indispensables au retour de l’estime de soi."
        article de pur libercaca.
        hyper nul de copier coller libertasplusrien.
        si tu veut pas de retraite ni de cotisations, quitte ton pays et va en somalie.


        • foufouille foufouille 2 octobre 2015 10:40

          "Je suis juste un homme qui a toujours eu l’esprit d’entreprise et qui a conservé la fougue d’un jeune communiant, qui ne rechigne pas à travailler, comme vous, Monsieur le Président, 12 heures/jour et 7 jours/7, un homme pour qui le temps et le salaire horaire ne comptent pas (ou si peu). Ma rémunération principale est ma passion pour mon activité et ma déclinaison du bonheur est la fierté de créer et de pouvoir en vivre, tout simplement. C’est ainsi que je m’épanouis et donne du sens à ma vie, même si les conditions ne sont pas idéales et que je suis loin de rouler sur l’or. "
          délire complet du larbin.


          • soi même 2 octobre 2015 12:58

            Très bien de se prendre pour un émule de Zola , encore il faut arrêtes de répéter l’assommoir !


            • Jacques Flament Jacques Flament 2 octobre 2015 13:42

              En tant qu’éditeur initial de cette missive, merci d’abord à Sonia Bressler de l’avoir relayée.

              Une réaction donc, et ce sera sans doute une des seules, car comme indiqué ci-dessus, je cours après le temps (mais sans pour autant le déplorer).

              Non, je ne suis pas un sans-dents, un larbin ou un bourgeois, et je ne m’adresse pas à un simplet, pensant écrire correctement (hormis sans doute l’une ou l’autre coquille inévitable sur un texte d’une telle longueur).

              Je suis juste un éditeur indépendant passionné par son boulot (vous savez ces gens qui continuent à publier des objets qu’on appelle communément des « livres ») et totalement impliqué dans cette activité qui me rend heureux. Et je bosse en effet 12h/jour et 7j/7, sans parler des nuits blanches qu’il m’arrive de passer pour lire des manuscrits en retard, n’en déplaise à certains de mes détracteurs.

              Oui, messieurs, mon métier est une passion, je suis addict aux mots ou aux oeuvres (publiant des essais, de la fiction, de la poésie ou des livres d’art). 

              Et pour appuyer là où cela vous fait mal, je dirais même que j’y suis 24 heures/24 car je vis, je pense et je rêve à cette passion, et regrette même que les journées ne fassent pas 48 heures pour pouvoir y consacrer plus de temps. Un peu comme le ferait un artiste, un comédien, un architecte, un designer, un cinéaste, un philosophe (ce ne sont que des exemples), enfin bref la plupart de ceux qui sont dans des métiers de création ou de réflexion. Mais apparemment, cette notion de bonheur dans une activité vous est, cher monsieur le « foufouilleur » le plus assidu, pour le moins étrangère, tout comme celle de création et de réflexion.

              Et quelle tristesse de voir ramener un commentaire d’un texte de quelque 23000 signes à un seul paragraphe. Asseyez-vous, prenez une tasse de café et relisez-le, posément, et vous verrez qu’il y est surtout question de culture, d’élan, d’envie, de bonheur, et de quelques solutions proposées parmi d’autres pour dynamiser un pays plus prompt à se complaire dans l’autoflagellation que dans l’action. Bref qui vous incite à réfléchir au changement de mentalité dans une période charnière de l’histoire.

              Cette mise au point étant faite, je vais replonger illico dans mon travail en vous souhaitant de tout coeur vous de épanouir un jour avec le vôtre. 

              Mais je vous souhaite surtout d’apprendre la tolérance avec ceux qui ne pensent pas comme vous, même si je l’admets, la provocation fait aussi partie du jeu de ce genre de publications. Il est vrai que « la tolérance est un exercice et une conquête sur soi » (exercice du bonheur, Albert Memmi) et nul doute que vous avez des lacunes et des efforts à faire dans ce domaine.


              • foufouille foufouille 2 octobre 2015 14:56

                @foufouille
                moi aussi je lis toute la journée.


              • soi même 2 octobre 2015 17:39

                @Jacques Flament ; méfiez vous de l’orgueil cela rend faussement modeste .. !


              • Jacques Flament Jacques Flament 2 octobre 2015 18:14

                @soi même
                Le courage de dire les choses en français correct serait-il de l’orgueil ? 

                Peut-être après tout avez-vous raison !… Je ne prétends pas avoir la vérité, et quand bien même je l’aurais, aucune vérité ne mérite de demeurer exemplaire, comme disait Breton. 
                Juste un peu de sincérité, peut-être, mais qui je le concède, n’est pas toujours bonne à dire ! 
                Bonne soirée.

              • soi même 2 octobre 2015 20:02

                @Jacques Flament, et en plus vexé et bien mon gros quand l’on fat la leçon aux autres , il est fortement conseiller d’avoir de l’humour !


              • Jacques Flament Jacques Flament 2 octobre 2015 20:34

                @soi même
                Ni gros, ni vexé, ni donneur de leçons. Simplement émetteur d’idées différentes dans une démocratie, où il est, il me semble, permis de le faire (au risque d’aller contre les idées reçues et rabâchées qui nous envoient droit dans le mur). Et surtout très poli, ayant le sens de l’humour et faisant preuve de courtoisie à l’égard de gens comme vous qui eux, apparemment, n’en ont guère. Amen et excellent week-end ensoleillé à vous-même.



              • soi même 2 octobre 2015 20:51

                @Jacques Flament , le faite que vous vous défendez c’est que vous avez encore beaucoup à perdre...


              • foufouille foufouille 2 octobre 2015 16:13

                pour faire concurrence avec les travailleurs détachés payés tu devras offrir tes services pour 3 ou 4€/h voire moins.
                1080€ hors charges.
                 smiley
                les aides de popolemploi pour la création d’entreprise ne dure pas 3 ou 4 ans, donc ça coutera plus cher que le chômage.
                 smiley

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